samedi 16 mai 2020

Maxime Leblanc - Réponse à Jean-Claude Dupuis sur la question des Classiques


Voici un article de M. Jean-Claude Dupuis auquel j’ai annoté (en rouge) quelque questionnement. Suite à un court échange avec M. Dupuis pour avoir des réponses à mes questions j’ai eu pour seule réponse un renvoi vers un article de l’abbé Athanase Sauget auquel La Voix des Francs numéro 25 avait déjà répondu. (Voir à la fin de l’article)


Suite à l’envoi de la réponse de La Voix des Francs j’ai reçu comme réponse : « Non, je n’ai pas eu le temps. […de lire l’article] »

Je m’interroge sur le sérieux du billet de M. Dupuis dépeignant Mgr Gaume comme un ésotériste, « apparemment » antilibéral, « traditionnaliste » condamné par Grégoire XVI ainsi que « des tendances gnostiques des modes médiévales contemporaines. »

Il n’a certainement rien compris de la question des classiques de Mgr Gaume mais il peut se rassurer, il n’est pas le premier.

Beaucoup l’ont condamné sans même avoir pris le temps de le lire et pourtant Pie IX l’a défendu à maintes reprises et aussi indirectement en défendant, en autre, Mgr d’Avanzo et le Cardinal Gousset pour ne nommer qu’eux.

« Mon éloge d’Antigone et de la culture classique en général a pu scandaliser les « gaumistes », en supposant qu’il s’en trouve encore.

Mgr Jean-Joseph Gaume (1802-1879) était un brillant polémiste contre-révolutionnaire français. Dans Le vers rongeur des sociétés modernes ou le paganisme dans l’éducation (1851), il soutenait que la Révolution française était le fruit des études littéraires gréco-latines. Les élites européennes s’étaient détournées de Dieu parce que les collèges classiques leur avaient inculqué le culte des héros de l’Antiquité païenne plutôt que celui des saints du Moyen Âge. Mgr Gaume suggérait de remplacer l’enseignement du latin classique de Cicéron par celui du bas-latin de saint Augustin. Une authentique civilisation chrétienne, disait-il, devait s’imprégner de la Bible et de la Patrologie plutôt que d’Homère et de Virgile. (Où Mgr Gaume a-t-il dit qu’il voudrait remplacer les auteurs classiques par celui du bas?!-latin de saint Augustin?)

La question des classiques païens a soulevé la controverse, en France et au Québec. L’abbé Alexis Pelletier (1837-1910) a propagé le gaumisme chez nous. Le clivage opposait généralement les catholiques ultramontains (gaumistes) aux catholiques libéraux (anti-gaumistes). Mais ce n’était pas toujours clair. Les jésuites, très ultramontains, défendaient néanmoins les études anciennes, qui formaient la base de leur ratio studiorum.

Le Saint-Siège n’a pas vraiment tranché le débat, car c’était une question pédagogique plutôt que théologique. Dans Inter multiplices (1853), Pie IX a dit que l’on pouvait étudier le latin « tant dans les ouvrages si remplis de sagesse des saints Pères de l’Église que chez les auteurs païens les plus célèbres, purifiés de toute souillure ». Le Souverain Pontife ne condamnait pas le gaumisme, mais il confirmait que la pédagogie humaniste n’avait pas fait fausse route en enseignant la littérature païenne. Il recommandait seulement de censurer les passages immoraux de certaines œuvres, ad usum Delphini. (Avez-vous seulement lu Mgr Gaume pour bien comprendre? Avez-vous bien discerné ce qu’il disait sur la question des classiques?)

L’Église catholique a toujours récupéré ce qu’il y avait de bon dans la culture non chrétienne. « Tout ce qui est vrai est mien, disait saint Augustin, car tout ce qui est vrai est chrétien. » Saint Thomas d’Aquin a complété, et non pas rejeté, la philosophie d’Aristote.

Certains protestants ont parfois eu tendance à condamner en bloc la culture profane sous prétexte que la Bible pouvait répondre à toutes les questions. Leur mentalité ressemble à celle du calife Omar, qui fit brûler la bibliothèque d’Alexandrie (643) en disant : « Le Coran suffit ! »

Le gaumisme se rattachait au christianisme romantique du XIXe siècle, qui dénonçait la prétendue « dérive rationaliste » de l’Église du Concile de Trente (1542-1563) au nom d’une religiosité sentimentale qui se réclamait d’un Moyen Âge imaginaire. En réalité, l’Église médiévale n’a jamais condamné la littérature gréco-latine. Les moines recopiaient fidèlement les œuvres païennes de l’Antiquité.

Mgr Gaume était apparemment antilibéral. Mais son rejet total de la culture antique visait à promouvoir une sorte de christianisme ésotérique. (Citation?) Il adhérait au « traditionalisme philosophique » de l’abbé Félicité de Lamennais (1782-1854), le père du catholicisme libéral français. (Preuve?) Dans son ouvrage Du catholicisme dans l’éducation (1835), Mgr Gaume fait l’éloge de Platon, mais il ne consacre qu’une demi-phrase à saint Thomas d’Aquin. Il va même jusqu’à soutenir que l’on devrait étudier le sanskrit plutôt que le grec et le latin. (Citation?) Cela dit tout.

Léon XIII écrivait dans Aeterni patris (1879) : « Il est dans l’ordre de la divine Providence que, pour rappeler les peuples à la foi et au salut, on recherche aussi le concours de la science humaine : procédé sage et louable, dont les pères de l’Église les plus illustres ont fait un usage fréquent, ainsi que l’attestent les monuments de l’Antiquité ».

J’admire le Moyen Âge, mais je me méfie des tendances gnostiques des modes médiévales contemporaines. »





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