dimanche 29 mars 2015

Bibliothèque de combat (2)

Bibliothèque de combat nous dit via Facebook : « Les auteurs de ce site n'ont rien compris à notre position. Nous ne fondons aucun espoir politico-spirituel dans le FN, nous souhaitons juste que sa montée populaire fasse enfin tomber le masque de l'hydre maçonnico-gauchiste et gaullo-communiste au pouvoir depuis 1944. Ensuite, on avisera. »
 
Que votre oui soit oui, que votre non soit non. Vous êtes pour la démocratie ou contre la démocratie, vous êtes pour le FN ou contre le FN. Ce qui dérange le plus c’est le « mais… » On semble entendre de Bibliothèque de combat « nous sommes contre la démocratie, MAIS nous espérons que le FN gagne. » Nous pourrions entendre aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ que ce « mais » vient du diable.
Lisez cette phrase de la bible dans Matthieu 5:37 : « Que votre langage soit : Oui, oui : Non, non; car ce qui est de plus, vient du mal. »
Espérer et souhaiter, ce sont des synonymes. Donc, dans la même phrase vous vous contredisez.

Ils ne feront jamais tomber aucun masque, car dans ce parti, c’est rempli de maçons. Tout de même, ce parti ne se tirera pas dans le pied.
Vous croyez que l’hydre maçonnique et tout le tralala sont là que depuis 1944! Nous sommes peut-être de l’autre côté de l’océan, mais nous savons que la franc-maçonnerie était là bien avant. Faut-il vous rappeler votre propre histoire? Dont une grande partie de cette histoire fait partie de la nôtre, en Canada.
Il ne faut pas espérer ou souhaiter qu’un parti puisse gagner ou encore voter pour le moins pire, la vraie France a besoin d’un roi et non de la démocratie.
Tout ce qui n’est pas DIEU n’est rien et doit être compté pour rien. (Imitation de Jésus-Christ, III, ch. 31, 2)

http://ledoctrinaire.blogspot.com/2015/03/maurras-tournons-la-page-louis-hubert.html

samedi 28 mars 2015

Père Onésime Lacouture - 1-30 - La patience

http://www.gloria.tv/media/WfikwdCDD99

VINGT-HUITIÈME INSTRUCTION LA PATIENCE.

«Vous posséderez vos âmes dans la patience.» Luc 21-19.

Plan Sa nature.  (pour expier le passé Sa nécessité: (pour rester sans péché (pour mériter le ciel (l’ancien Testament Enseignée par: (Jésus Christ (les Saints (la foi Ses motifs sont: (l’espérance (la charité

SA NATURE La patience est une vertu de la volonté surtout qui nous empêche de nous laisser aller à la tristesse quand les épreuves fondent sur nous.  Elle nous aide à endurer les souffrances de toutes sortes qui sont inévitables dans la vie du chrétien.  Il est inutile de nous arrêter ici à la patience naturelle: nous ne parlerons que de la patience surnaturelle, la seule qui compte devant Dieu pour notre mérite.  Il faut bien le dire, c’est une vertu qui n’est pas en honneur parmi la masse des chrétiens.  Comme il y en a peu qui sont patients dans les contrariétés et dans les souffrances si communes dans toute vie humaine!  Comme les gens maugréent facilement contre les personnes et les événements!  Que de plaintes dans les maladies, dans les infirmités!  Personne ne veut souffrir le moindrement.  Cette révolte contre tout ce qui fait souffrir l’homme est bien naturelle, c’est certain.  Comme elle est bien générale, il faut conclure que les gens vivent bien dans le naturel et du naturel.  Pour arriver à la vertu surnaturelle de patience il faut toute une éducation que tous les chrétiens devraient recevoir tôt ou tard dans la vie.  Il faut réfléchir beaucoup pour comprendre le plan divin qui est sûrement de nous faire souffrir beaucoup en ce monde.  Car pour arriver à dominer cette révolte de la nature contre toute souffrance, il faut connaître la nécessité et les avantages des souffrances et les motifs de la pratiquer.

Cette vertu consiste à endurer pour l’amour de Dieu et donc sans se plaindre les souffrances et les contrariétés de la vie.  La volonté se fixe sur la douleur et la tient pour ainsi dire parce que Dieu le veut.  On comprend que la patience doit croître avec la durée de la souffrance.  Il est facile d’endurer un mal quelques minutes, mais comme il faut de la patience pour l’endurer des heures et des jours!  N.  S.  dit que c’est par la patience que nous posséderons nos âmes, parce que elle seule chasse et fait taire toutes les passions qui se révoltent et qui crient contre la douleur et qui mettent l’âme comme hors d’elle-même.  Tandis qu’avec la patience, elle les domine toutes et reste maîtresse d’elle-même: c’est la volonté qui mène comme elle doit le faire.  Il lui faut une grande puissance pour exercer ce contrôle sur ses passions de toutes sortes qui se révoltent contre la douleur.  Il est évident qu’il faut ajouter la prière à la réflexion pour obtenir cette grâce, une des plus importantes pour la vie spirituelle, puisque pour avoir du mérite de nos souffrances, il faut avoir de la patience surnaturelle. sa nécessité Pour expier le passé.  Nous avons tous commis des péchés dans le passé qui constituent une forte dette envers la justice divine.  Elle doit se payer avant la mort ou après.  Trop facilement nous croyons que tout est absolument pardonné par les confessions superficielles que la plupart font.  Nos prêtres philosophes, habitués à tout juger selon la seule pensée ou dans l’ordre spéculatif, nous exonèrent bien vite de toute dette envers Dieu après l’absolution reçue.  Mais comme ils vivent aussi habituellement en dehors du monde de l’amour de Dieu, ils sont de tristes juges des exigences de cet amour, comme on peut le voir par leur morale large en toutes choses «strictement parlant», mais qui ne peuvent pas satisfaire l’amour divin.

En tout cas, on sait par l’Écriture sainte que même après avoir pardonné des péchés, Dieu a imposé des châtiments encore bien pénibles à ces pécheurs, comme par exemple à David pourtant bien repentant.  L’existence du purgatoire suffit pour établir cette vérité; tous ces gens ont été pardonnés, mais il leur reste une peine temporelle à expier.  Or que sont les souffrances de cette vie comparées aux souffrances du purgatoire?

C’est donc un effet de la bonté de Dieu de nous faire payer en ce monde autant que possible notre dette envers lui-même après qu’il nous a pardonné nos péchés.  Il ne viendra pas nous avertir chaque fois que c’est pour tel péché; c’est à nous d’accepter toutes les épreuves qui nous arrivent en esprit de foi pour cette intention générale.  Quand on s’y attend le moins on peut être victime d’une grande injustice à tel moment, quand on est absolument innocent.  Combien vont se révolter contre cette injustice criante à ce moment.  Mais Dieu nous l’envoie pour nous faire expier un péché déjà vieux et pas suffisamment expié.  Où sont ceux qui font pénitence pour leurs péchés passés?  Comme elle est rare chez les fidèles et même chez les prêtres et les religieux!  Le jeûne disparaît un peu partout; les petites privations que l’on s’impose méritent à peine ce nom.  Alors la peine temporelle demeure pour la plupart qui ont obtenu le pardon.  Maintenant combien n’ont pas même obtenu ce pardon?  La justice de Dieu doit se payer et sévèrement.  De plus, il ne faut pas oublier que nous sommes solidaires les uns des autres comme dans le péché originel et dans la rédemption.  Alors, même si nos péchés sont complètement effacés, Dieu peut nous faire souffrir pour expier les péchés des autres, pour ensuite nous dédommager de lui avoir servi de victimes dans les immenses joies du ciel!  Voilà une des raisons de ce déluge de souffrances de toutes sortes qui inonde le monde en tout temps et en tout lieu.  Comme chaque individu doit souffrir longtemps parfois de bien pénibles infirmités ou des privations sérieuses d’une foule de biens nécessaires à leur bonheur!  Les guerres surtout font souffrir des milliers de personnes de tant de façons différentes, comme on l’a vu dans les deux dernières guerres mondiales.  Après deux ans de paix, il y a encore des millions de prisonniers de guerre gardés par les Alliés.  Que de souffrances pour ces pauvres gens!  Que de misères pour les familles!  Pour comprendre la sévérité de la justice divine, il faut bien penser à la sublimité du bonheur éternel auquel il nous appelle; son propre bonheur au sein de la Trinité!  Ceux qui refusent cette félicité pour des plaisirs passagers d’animaux encourent sa colère contre des pécheurs assez insensés et assez méchants pour le mépriser pour ses échantillons.  Ajoutons à cela le sacrifice de J-C.  pour nous avoir avec lui, que ces pécheurs méprisent, en plus du bonheur du ciel et de l’amour infini de Dieu pour les hommes.  Si nous réfléchissions plus sur ce qu’est Dieu et sur ce qu’il a fait pour nous sauver, nous serions moins surpris de la sévérité de ses châtiments.  Remarquons bien que la durée de la souffrance qui ne lâche pas donne une idée de la souffrance de l’enfer éternel.  Prenons seulement un gros mal de tête qui dure une nuit par exemple; comme elle semble interminable!  Comme les heures sont longues!  Qu’on se dise bien que cette durée de la douleur n’est qu’un échantillon de la durée éternelle des supplices de l’enfer.  On peut donc dire que les épreuves sont des choses normales et ordinaires dans la vie des hommes sur la terre.  Par conséquent, qu’il leur faut une patience correspondant à ces épreuves, pratiquement continuelle, d’une façon ou d’une autre.  Il ne s’agit pas seulement de l’admettre d’esprit mais il faut l’admettre de coeur et, de fait, la pratiquer à l’avenir.  Qu’on cesse de se plaindre; on a mérité tout ce qu’on a dans ce genre; on peut en être bien sûr.  De plus tout ce que nous refusons en ce monde nous est réservé pour l’autre où il n’y aura plus même de miséricorde pour nous.  C’est une habitude à prendre par la répétition des actes.  Qu’on s’exerce dans les petites épreuves pour mériter la grâce d’endurer les plus grandes avec patience.  Nous avons des signes bien évidents de toutes les chances de pratiquer la patience que nous avons manquées dans tout acte ou parole d’impatience.  À l’avenir qu’on demande bien pardon de ces impatiences et qu’on s’en corrige au plus tôt, en s’imposant quelque pénitence pour ce manque de patience.  Disons-nous que Dieu connaît son affaire: puisqu’il se paie, c’est donc que nous lui devons encore!  Laissons-le faire en ce monde; c’est plus facile encore qu’en l’autre.

Pour rester sans péché.  Rappelons-nous que Dieu peut et de fait demande le martyre à tous ceux qu’il veut au ciel au moins parmi les adultes.  Jésus nous en avertit quand il dit:

Celui qui aime sa parenté et même sa vie plus que moi est indigne de moi, ou du ciel.  Or il n’y a pas seulement ceux qui ont subi une mort violente pour l’amour de Dieu qui sont martyres de la souffrance.  Les philosophes diraient qu’au sens «strict» ils sont les seuls martyres et c’est vrai, mais quant à la souffrance, il y en a beaucoup qui ont souffert autant et même plus que les martyres.  Les fidèles et même les prêtres, comme les religieux, ne sont pas nombreux qui soient martyres; mais pourquoi?  C’est que lorsqu’ils sont trop éprouvés à leur sens, ils pèchent pour éviter cette épreuve au lieu de l’endurer.  Ils n’ont pas conscience alors de sa dureté.  Que chacun examine sa vie, qu’il sache que tous ses péchés sont des actes de lâcheté devant un commencement de martyre.  Il y a aussi un bon nombre qui ne sont pratiquement plus éprouvés par Dieu parce qu’ils ont si mal pris les épreuves que Dieu leur envoyait pour leur salut qu’ils sont abandonnés par Dieu à leur sort éternel. 

Mais celui qui veut à tout prix éviter le péché et qui le montre par ses victoires sur ses passions peut être éprouvé bien durement par Dieu par une série de souffrances ou d’épreuves qui constitueront un vrai martyre pour lui.  Combien sont affreusement tentés contre la chair et cependant ils ne trouvent pas à se marier pour une raison ou pour une autre.  Des années de temps à lutter contre cette passion quand les occasions les environnent par centaines!  Un autre est marié mais sa femme le laisse encore relativement jeune et il faut qu’il reste chaste absolument des années et jusqu’à la mort parfois!  Lui aussi pourrait si facilement céder à la tentation qui le sollicite de tous côtés.  Quel martyre pour ce chrétien qui ne veut pas offenser Dieu pour aucune raison!  Quelle vertu de patience celui-là doit exercer pour persévérer dans le bien!  Un autre souffrira toutes sortes de privations parce qu’il est bien pauvre et voici qu’on lui offre un poste lucratif où il pourra vivre convenablement… mais à la condition de voler la compagnie ou le gouvernement.  Il doit refuser ce poste et continuer de rester pauvre!  Combien peu sont capables de faire pareils sacrifices!  Dans la communauté comme il est dur de vouloir obéir à tout prix!  On aura des supérieurs des années de temps pour nous contrarier en tout et nous faire subir une véritable persécution.  On n’aurait qu’à se révolter quelques fois et ils nous laisseraient tranquilles ensuite.  Mais quand on se soumet, comme ils peuvent être tyranniques, quand le bon Dieu le veut, pour nous casser.  Nous en avons rencontrés exaspérés à la dernière limite de la patience.  Combien de ceux-là sortent pour ne plus endurer leurs supérieurs qu’ils trouvent tous insensés et méchants!  S’il y en a qui doutent de la vérité de ce que nous disons ici, qu’ils prennent la ferme résolution de ne plus pécher du tout en aucune façon et ils sauront combien de patience il faut pour endurer tout ce qui va leur arriver de la part des choses et des personnes.  C’est uniquement quand on est déterminé de la sorte que la nécessité de la patience nous apparaît clairement.

Pour mériter le ciel.  Indépendamment de tout péché, l’homme le plus pur au monde, pour arriver à la vision béatifique, aurait besoin d’une grande vertu de patience.  Parce que notre destinée surnaturelle à la vie intime de la Trinité exige un changement radical dans toute la vie de l’homme.  Il lui faudrait pratiquer dans toute sa rigueur cette parole de N.S: «Si quelqu’un veut venir après moi…» Remarquons bien que Jésus ne met pas de limite à ce renoncement: «qu’il se renonce lui-même!» C’est donc tout l’être qu’il faut sacrifier.  Les anges n’avaient pas encore péché et Dieu leur demanda le sacrifice de leur être total: de leur intelligence et de leur volonté, tout ce qui constitue un ange.  Comme ils sont de purs esprits, un seul acte a suffi.  Mais pour nous qui sommes des animaux quoique raisonnables et que les éléments de notre connaissance doivent nous venir des sens qui sont lents à agir, Dieu a réparti notre épreuve sur toute la vie plus ou moins.  Donc en dehors de tout péché, il faut que chacun abandonne sa vie naturelle dans ses orientations pour ne suivre que les exigences de la vie divine.  Cela veut dire, par exemple, que tout chrétien doit combattre en lui-même toutes les attaches même aux choses permises, qu’il doit renoncer aux affections naturelles pour les transformer en affections exclusivement surnaturelles.  En plus, il faut qu’il méprise les créatures qu’il aime tant par nature et qu’il aime ce qui le contrarie comme, par exemple, ses ennemis, leur faire du bien, par conséquent, réagir contre ses répugnances naturelles pour eux et les traiter comme ses meilleurs amis.  Que de patience il lui faudra pour agir de la sorte!  La Ste Vierge n’avait aucun péché et comme sa vie était contre nature!

Notre destinée surnaturelle exige que nous agissions tout de suite comme des dieux et donc que nous cessions d’être humains dans notre façon d’agir.  Cette transformation continuelle de toute la vie exige une très grande patience.  Or comme Dieu veut ce changement pour nous tous il veut donc que nous ayons la patience pour subir cette mort mystique de notre païen pour le diviniser.  Les prêtres devraient bien expliquer aux fidèles la nécessité de ce changement radical de leur vie même quand ils n’ont plus de péché à expier!  Le premier travail est de nettoyer le païen tout gangrené par ses péchés, puis une fois qu’il est propre, il reste à le transformer en divin pour être acceptable à Dieu.  Quand on a tué, plumé, nettoyé et vidé un dindon, on le met au four pour le cuire et le rendre digérable pour les humains.  C’est ce que Dieu doit faire avec nous!  Pour nous donner une idée de ce qu’il fait, nous pouvons repasser ce qu’il a fait pour conduire les Juifs en Terre sainte.  Après avoir délivré ce peuple de son esclavage des Pharaons pour signifier notre délivrance de l’esclavage du péché, il va essayer de les faire se renoncer à eux-mêmes en leur demandant une foule d’actes de foi, d’espérance et de charité surnaturels et donc contre nature.  Il les avertit qu’il va les conduire lui-même.  Puis il les mène droit à la mer et les fait prendre là par les Égyptiens qui les poursuivaient.  Ils sont pris entre la mort et la mer sans issue possible.  Leur jugement ne voit plus rien!  C’est justement ce qu’il veut afin de les obliger à mettre toute leur confiance uniquement en Dieu… pour agir comme des dieux et non des hommes.  Parce qu’ils se jettent dans le surnaturel, Dieu est chez lui là et il agit en Dieu et ouvre la mer pour eux.  Ainsi il les conduit dans le désert précisément pour qu’ils n’aient absolument rien à manger ni à boire.  C’est absolument contre le bon sens.  Comme ils prient et mettent leur espoir en Dieu, il agit en Dieu et fait tomber du pain du ciel pendant 40 ans, à tous les matins, et fait jaillir l’eau des rochers.  Nous n’avons qu’à parcourir ainsi toute l’histoire du pèlerinage des Juifs vers la Terre Promise et nous avons là exactement ce que Dieu veut faire pour chaque chrétien afin de l’obliger à ne plus se fier aux moyens humains, mais uniquement aux moyens surnaturels.

Que chacun surveille à l’avenir les choses contradictoires et pratiquement impossibles que Dieu lui demande et qu’il se rappelle alors que Dieu ne veut pas sa mort, mais la mort de son païen ou de l’homme naturel en lui afin qu’il se jette aveuglément dans les bras de Dieu et qu’il attende son salut dans telle difficulté uniquement d’une intervention surnaturelle… et Dieu agira en sa faveur comme par des miracles.  Un médecin dira à une mère de famille que si elle a encore un enfant c’est la mort pour elle.  Elle se trouve prise entre la mort naturelle et le péché mortel et donc les démons.  Il n’y a plus de bon sens qui tienne ici!  Il faut qu’elle évite tout péché à tout prix.  Alors, qu’elle s’abandonne à Dieu et qu’elle lui demande de la protéger comme il voudra.  Que de fois nous avons vu Dieu faire mentir bien des médecins et ces mères qui devaient mourir ne mouraient pas et avaient leurs enfants.  Tout chrétien doit être toujours prêt à sacrifier même sa vie plutôt que de pécher… et Dieu viendra à son secours d’une façon inattendue.  Et s’il faut mourir, qu’il meure en faisant la volonté de Dieu et alors c’est le ciel à la place de la terre!  Tout chrétien est né pour le ciel!  Quel inconvénient qu’il y aille plus vite qu’il ne pensait!  la patience est enseignée…

Dans l’Ancien Testament surtout par la vie des patriarches, des prophètes et des saints de ce temps-là.  Tous ont été longuement éprouvés de toutes façons.  Quand on pense que le bon Dieu a tenu tout le peuple en esclavage sous le règne des Pharaons pendant 400 ans!  Et les Égyptiens avaient ordre de leur rendre la vie aussi amère que possible!  Que de patience il leur fallait pour endurer cette oppression sans murmurer!  Évidemment la plupart se plaignaient amèrement; très peu avaient assez de foi en Dieu pour l’accepter en esprit de soumission à Dieu.  Joseph qui les avait fait venir là a eu sa part d’épreuves pendant de longues années, lui aussi pratiquement en esclavage et en prison.  Puis que de patience il fallait à Moïse pour être à la tête d’un si grand peuple si éprouvé dans le désert pendant 40 ans!  Il devait passer son temps à les calmer, à les encourager, à les instruire et c’était toujours à recommencer!  On peut difficilement s’imaginer combien pénible était la vie des prophètes.  Ils étaient obligés de reprendre constamment le peuple et les rois de leurs péchés, de les menacer des châtiments de Dieu qui souvent se vérifiaient pendant la vie des prophètes; ce qui choquait le peuple, et il persécutait les prophètes.  Puis Dieu les obligeait à faire des choses ridicules et pénibles devant le peuple, comme lorsqu’il obligea Élie à se promener à travers le pays nu et la corde au cou pour signifier d’une façon concrète que le peuple serait conduit en captivité à Babylone.  Jérémie trouve sa vie si dure qu’il boude Dieu et veut mourir plutôt que de continuer sa vie de prophète.  Plusieurs ont subi le martyre après une vie de martyre.  On peut résumer cet enseignement dans la personne de Job dont la vie illustre bien ce que nous disons ici.  Après lui avoir donné des biens, Dieu les lui enlève tous sans exception, à part sa femme qu’il lui laisse pour ajouter à ses souffrances par ses moqueries et sa mentalité païenne.  Il représente bien ce qui se passe ordinairement dans toute vie de chrétien.  Dieu donne des biens puis les enlève, puis les redonne pour les enlever encore: tout cela pour exercer l’esprit de foi des hommes.  Il veut qu’ils apprennent à bénir Dieu dans les biens et à le bénir dans les maux.  Les biens sont pour nous faire penser aux choses du ciel, puis il les enlève, ce que nous appelons des maux, pour nous faire mériter le ciel.

Job exhale sa douleur et se plaint amèrement de ses maux: le bon Dieu ne s’offense pas des cris de la nature qui souffre pourvu que la volonté soit unie à la sienne dans ces épreuves.  Job ne doit pas être notre modèle dans ses plaintes: on y perd beaucoup de mérites.  À mesure que la foi augmente ces gémissements doivent diminuer puisque la foi nous montre des biens éternels pour des maux temporels.  Après avoir été dans l’opulence, il fallait beaucoup de patience pour endurer toutes ces souffrances et tous ces malheurs qui ruinent toute sa famille.  Essayons de voir l’intention de Dieu dans ces maux nécessaires pour nous purifier afin de devenir dignes de participer à la vie divine.  Dieu n’aime pas nos murmures puisqu’il fait tout pour notre bien éternel.  Quelle sottise que de maugréer contre notre Chirurgien céleste!  Nous devrions le payer par des remerciements du fond du coeur de daigner nous purifier de ce qui nous empêcherait d’aller avec lui dans l’éternité.  Il a puni sévèrement les Juifs qui avaient murmuré dans le désert.  Terminons ce point par les belles paroles de Judith, 8-24: «Ceux qui n’ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du Seigneur et qui ont donné cours à leur impatience et à d’injurieux murmures contre le Seigneur, ceux-là l’exterminateur les a frappés de mort et les serpents les ont fait mourir.  Ne nous laissons pas aller à l’impatience à cause des maux que nous souffrons.  Mais estimons que ces tourments, moindres que nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs, pour nous amender.» Demandons assez de patience pour endurer n’importe quelle épreuve que Dieu nous enverra dans l’avenir, Il connaît son affaire.  Ayons confiance en sa bonté et en sa sagesse et laissons-le faire ce qu’il veut et endurons!  ce qui revient au même: plutôt mourir que de commettre un seul péché!  Nous sommes des habitants du ciel: nous ne pouvons plus pécher du tout!  Alors il ne reste qu’à demander la patience pour endurer les épreuves et les tentations que Dieu doit nous envoyer pour nous donner une chance de lui montrer notre amour de préférence sur toutes les créatures du monde.  Voilà une vertu qu’il faudra mettre dans toutes nos prières à l’avenir.  Au lieu de toujours demander de nous enlever les maux, qu’on change donc de corde à l’avenir pour demander la patience pour les endurer.  Ce sera autrement sage et méritoire!

La patience enseignée par J-C.  D’abord par sa propre vie, si contraire à la façon ordinaire de vivre des hommes.  Quand on sait qu’il aurait pu éblouir le monde par sa doctrine et qu’il passe trente ans dans son métier de charpentier si insignifiant alors dans un pays si pauvre où il n’y a presque rien en bois.  Puis ensuite pendant sa vie publique il est critiqué et persécuté par les prêtres du temps et finalement on sait ce qu’il endura dans sa passion si affreuse.  Comme dit St Pierre, quand on le maudissait, il ne menaçait pas; quand on le maltraitait, il s’abandonnait à celui qui le jugeait injustement.  Il s’est laissé conduire à la boucherie comme un agneau, sans se plaindre.  Chacun pourrait repasser ses souffrances pour apprendre à souffrir sous la main de Dieu.  S.  Cyprien (De bono patientiae) dit: «Tous ses actes, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, ont eu pour compagne la patience.» C’est surtout dans le sermon sur la montagne que Jésus enseigne la patience.  Le mot n’y est pas, mais toute la doctrine pour le devenir est donnée.  On s’impatiente contre ce ou ceux qui nous enlèvent quelque bien à nous ou en nous.  Or là Jésus veut qu’on soit si détaché de tout le créé que n’importe quelle perte ne nous trouble aucunement.  Après avoir donné la doctrine du détachement absolu dans les béatitudes, il descend dans la pratique qui va rendre les chrétiens parfaitement patients.

Sa dernière béatitude veut que nous nous réjouissions quand les hommes nous persécuteront, qu’ils diront faussement toute sorte de mal contre nous et qu’ils nous maudiront.  Celui qui comprend les choses de la sorte sera sûrement patient.  C’est tout ce qu’il y a de plus dur à supporter au monde.  Si on est patient là, on le sera bien partout ailleurs.

Puis Jésus coupe dans la racine toutes les causes d’impatience.  Si quelqu’un nous enlève notre robe, donnonslui aussi notre manteau!  Voilà pour les biens extérieurs.  Si quelqu’un veut vous contraindre à faire mille pas, faites-en deux mille autres.  Voilà pour les forces physiques et donc pour le corps.  Si quelqu’un vous frappe sur une joue, présentez l’autre!  Puis aimez vos ennemis, faites-leur du bien et priez pour eux!  Jésus nous enseigne donc à regarder comme des bienfaits tout ce que les hommes ont coutume de considérer comme des maux; alors, il ne reste plus de causes d’impatiences!  Comme il est pratique!  Quel dommage que nos bons ligueurs ne donnent pas cette doctrine dans leur campagne contre le blasphème; ce serait autrement efficace que leurs pancartes contre le blasphème!  Mais cette doctrine n’entre pas encore dans la théologie de nos philosophes qui les instruisent ordinairement.  Espérons qu’ils la trouveront un jour!  On voit par le sermon sur la montagne qu’il n’y a que la doctrine de la folie de la croix avec le mépris des choses créées qui peuvent donner vraiment la patience aux chrétiens.  Les béatitudes enseignent comment cesser d’agir comme un homme pour agir comme un Dieu en autant que notre condition humaine et naturelle le permet.  Il faut vivre déjà dans le ciel par le coeur pour les pratiquer avec le reste de ce sermon.  Ce que les hommes peuvent nous enlever ne sont que les choses de ce monde qui alimentent les jouissances sensibles, mais quand le coeur n’est plus là du tout ou si peu, on n’est pas affecté par ces pertes et l’on garde donc sa patience.

D’où il suit que la patience surnaturelle ne peut nous venir que de la vie de foi.  Voilà comment la patience montre qu’on vit dans l’autre monde et l’impatience que nous sommes encore bien dans ce monde, d’esprit et de coeur.  Or pour aller au ciel, il faut sortir de ce monde par l’amour avant d’en sortir par le corps par la mort réelle.  Hâtons-nous donc!… Les Apôtres ont souvent exhorté les fidèles à la patience à l’exemple de Jésus qui nous annonce des croix.  Luc, 21-17: «Vous serez haïs de tout le monde à cause de mon nom, cependant pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.  Par votre patience vous posséderez vos âmes.» Héb.  10-35: «La patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis.» Jac.  1-2: «Mes frères, regardez comme le plus grand sujet de joie les diverses afflictions qui vous arrivent, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.  La patience rend les œuvres parfaites de manière que vous soyez vous-mêmes parfaits et accomplis sans que rien ne vous manque.»

C’est bien ce que Jésus enseigne dans le sermon sur la montagne.  Si on regarde comme un sujet de joie les épreuves, on a fini de s’impatienter.  Cet Apôtre insiste beaucoup sur la patience.  Jac.  5-7: «Vous, mes frères, persévérez dans la patience jusqu’à l’avènement du Seigneur.  Vous voyez que le laboureur, dans l’espérance de recueillir le fruit précieux de la terre, attend patiemment jusqu’à ce qu’il reçoive les pluies de la première et de l’arrière-saison.  Vous aussi, soyez patients et affermissez vos coeurs, car l’avènement du Christ est proche.  Ne faites pas, mes frères, de plaintes les uns contre les autres afin que vous ne soyez pas condamnés; voilà que le juge est à la porte.  Prenez, mes frères, pour exemple de patience, dans les mauvais succès et dans les travaux, les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.  Vous voyez que nous les appelons Bienheureux, parce qu’ils ont souffert.  Vous avez entendu parler de la patience de Job…» Nous sommes donc bien avertis de la nécessité de la patience et St Jacques nous donne tous les plus beaux motifs surnaturels pour la pratiquer.

Les Saints ont progressé en sainteté en proportion qu’ils se sont soumis aux épreuves de toutes sortes que Dieu leur envoyait pour les purifier et ensuite ou en même temps, les diviniser.  Car dès qu’on veut s’approcher de Dieu par l’amour, il aiguille ses amis vers la croix.  Il leur met souvent dans l’esprit cette parole de J-C.  à la mère de Jean et de Jacques, qui demandait les premières places au ciel pour ses fils: Pourront ils boire mon calice?  Donc le rang au ciel dépend de la quantité du calice de Jésus que nous buvons sur la terre!  Alors dès que nous voulons pénétrer davantage dans l’union intime de la Trinité, elle nous dirige tout de suite sur la passion de Jésus, à prendre à notre compte.  Voilà pourquoi les épreuves augmentent avec le degré de sainteté ou vice versa.

Combien arrêtent là en face de ce calice!  Ils voudraient bien trouver un substitut pour aller au ciel, mais Dieu pousse toujours ce calice devant les yeux de l’esprit, c’est à prendre ou à laisser!  Mais le rang au ciel dépend de la quantité de ce calice qu’on boit sur la terre!  La conclusion s’impose par elle-même: commence par prendre avec patience les épreuves actuelles et journalières que Dieu met sur ton chemin.  Le crucifiement total ne viendra pas sans beaucoup de leçons préliminaires.  Le démon nous met tout de suite le sacrifice total devant les yeux pour nous épeurer.  Mais laissons cela à la bonté de Dieu.  Il saura bien nous préparer doucement à accepter le crucifiement quand il nous l’imposera pour tout de bon par quelque grand sacrifice très douloureux.

Voilà donc comment il nous faut à tout prix la patience à mesure qu’on veut se sanctifier.  Cette vertu est donc bien nécessaire d’après la façon ordinaire de Dieu de sanctifier les saints.  Or tous sont appelés à la sainteté; donc tous doivent cultiver la patience.  Inutile de citer des textes des saints sur cette vertu; il y en a partout dans leurs écrits qui ont tous été approuvés par l’Église.  la patience: ses motifs… Dans la pratique des vertus c’est surtout le motif qui compte.  Or, on sait que Dieu ne récompense que ce qu’on fait pour lui; il nous faut donner des motifs surnaturels dans la pratique de la patience comme pour les autres vertus.  Nous allons nous arrêter aux trois motifs des vertus théologales: foi, espérance et charité.

La foi nous indique le plan divin pour être transformés en êtres divins afin d’être capables de participer à sa vie intime trinitaire.  Elle nous fait comprendre la nécessité de sacrifier toutes nos affections naturelles et comment Dieu a organisé toute sa providence pour nous aider à nous débarrasser de ces obstacles à son union divine.  Alors, on regarde comme un bien ce qu’on croyait un mal ou vice versa.  Elle nous montre Dieu infiniment bon, ne voulant que du bien à l’homme et l’aimant bien plus qu’il ne s’aime lui-même, comme il le montre en nous donnant tout ce qu’il y a de meilleur au ciel: son Fils unique.  Il est donc bien certain que les épreuves qu’il nous envoie sont pour notre grand bonheur éternel.  Cela devrait nous aider à les endurer non seulement avec patience, mais même avec joie dans la partie supérieure de l’âme.

Dieu est infiniment sage: il connaît mieux que nous ce qui est pour notre plus grand bien.  Lui seul connaît les ravages que le péché a faits dans notre âme et les outrages à sa sainteté: tout cela doit se réparer et lui seul connaît les meilleurs remèdes: laissons-le donc faire comme il veut cette réparation et soyons patients sous ses traitements.  Dieu est infiniment puissant: il peut tirer le bien du mal, le bonheur du malheur.  Ainsi, de nos tribulations bien éphémères, il peut tirer notre bonheur éternel avec lui au ciel, comme il sort 50 grains de blé vivants d’un grain de blé mort.  C’est assez pour nous rendre patients.

L’espérance des biens célestes en récompense des souffrances sur terre doit nous donner la patience.  Comme le commerçant dans l’espérance de profits matériels risque sa vie dans toutes sortes de courses sur les mers et sur terre, à travers bien des dangers et avec beaucoup de fatigues, ainsi, la vue du ciel devrait nous donner la patience dans les épreuves qui nous assure le bonheur du ciel.  L’Écriture est remplie de textes qui nous encouragent à souffrir afin de mériter le ciel.  Sag.  3: «Alors, même que devant les hommes ils ont subi des châtiments, leur espérance est pleine d’immortalité.  Après une légère peine, ils recevront une grande récompense, car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui.  Il les a essayés comme de l’or dans la fournaise et les a agréés comme un parfait holocauste.  Au temps de la récompense, ils brilleront comme des étincelles, ils courront à travers le chaume, ils jugeront les nations et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais.» Ps.  125: «Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans l’allégresse.  Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence et ils reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leurs moissons.»

2 Cor.  4-16: «C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, mais quoiqu’en nous l’homme extérieur se détruit, néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.  Car nos tribulations présentes qui ne durent qu’un instant et qui sont si légères nous produisent un poids éternel de sublime et incomparable gloire.» La charité pour Dieu doit nous pousser à vouloir lui ressembler par la sainteté de vie.  Or ce sont les épreuves qui opèrent cette purification qui nous rend semblables à Dieu.  Comme un enfant, parce qu’il aime sa mère, lui laisse enlever une écharde qu’il a au doigt, malgré la douleur, ainsi, nous, les enfants de Dieu, nous devons l’aimer assez pour le laisser enlever toutes les saletés qui souillent notre âme et la rendent indigne de sa vue.

Jésus disait un jour à Ste Thérèse: «Penses-tu que le mérite consiste à jouir?  Non, ma fille, mais à travailler, à souffrir, à aimer.  Les âmes les plus chéries de mon Père sont celles qu’il éprouve le plus et la grandeur de leurs épreuves est la mesure de son amour.» Il faut aussi que la charité pour le prochain nous aide à supporter les épreuves qui viennent de lui; il est l’instrument aveugle dans les mains de Dieu pour notre sanctification.  Comme il faut l’aimer comme Dieu pour l’amour de Dieu, c’est un bon motif pour mieux recevoir les épreuves qui nous viennent de lui.  St Paul enseigne cette doctrine: Gal.  6-2: «Portez les fardeaux les uns des autres par amour pour Dieu et de cette manière vous accomplirez la loi de J-C.» Donc la pratique des trois vertus théologales nous fournira de bons motifs pour être patients dans les souffrances de la vie.

mercredi 25 mars 2015

Pie IX - Qui pluribus (sur la franc-maçonnerie*)

(*Note hors texte : bien que cette encyclique ne mentionne pas explicitement la franc-maçonnerie, Pie IX la cite comme faisant partie intégrante des enseignements des papes sur la franc-maçonnerie, dans sa propre encyclique Quamquam dolores du 29 mai 1873)

Nous qui, depuis un nombre d’années assez considérable, Nous livrions comme Vous, selon toute la mesure de Nos forces, à l’accomplissement de cette charge épiscopale si pleine de travaux et de sollicitude de tout genre ; Nous, qui Nous efforcions de diriger et de conduire sur les monts d’Israël, aux bords des eaux vives, dans les pâturages les plus féconds, la portion du troupeau du Seigneur confiée à Nos soins ; Nous voici, par la mort de Grégoire XVI, notre très illustre prédécesseur, et dont la postérité, saisie d’admiration pour sa mémoire, lira les glorieux actes inscrits en lettres d’or dans les fastes de l’Église ; Nous voici porté au faîte du Suprême Pontificat, par un dessein secret de la divine Providence, non seulement contre toute prévision et toute attente de Notre part, mais au contraire avec l’effroi et la perturbation extrêmes qui alors saisirent Notre âme. Si, en effet, et à toutes les époques, le fardeau du ministère apostolique a été et doit être toujours justement considéré comme extrêmement difficile et périlleux, c’est bien certainement de nos jours et de notre temps, si remplis de difficultés pour l’administration de la république chrétienne, qu’on doit le regarder comme extrêmement redoutable. Aussi, bien pénétré de Notre propre faiblesse, au premier et seul aspect des imposants devoirs de l’Apostolat suprême, surtout dans la conjoncture si difficile des circonstances présentes, Nous nous serions abandonné entièrement aux larmes et à la plus profonde tristesse, si Nous n’avions promptement fixé toute Notre espérance en Dieu. notre salut, qui ne laisse jamais défaillir ceux qui espèrent en Lui, et qui, d’ailleurs, jaloux de montrer de temps à autre sa toute puissance, se plaît à choisir pour gouverner son Église les instruments les plus faibles, afin que de plus en plus tous les esprits soient amenés à reconnaître que c’est Dieu Lui-même, par son admirable Providence, qui gouverne et défend son Église. D’ailleurs, ce qui Nous console et soutient aussi considérablement notre courage, Vénérables Frères, c’est que, en travaillant au salut des âmes, Nous pouvons Vous compter comme Nos associés et Nos coadjuteurs, Vous qui, par vocation, partagez Notre sollicitude, et Vous efforcez, par Votre zèle et Vos soins sans mesure, de remplir Votre saint ministère et de soutenir le bon combat.

Assis, malgré Notre peu de mérite, sur ce siège suprême du prince des apôtres, à peine avons Nous reçu en héritage, dans la personne du bienheureux apôtre Pierre, cette charge si auguste et si grave, divinement accordée par le prince éternel au souverain de tous les pasteurs, de paître et de gouverner, non seulement les agneaux, c’est-à-dire tout le peuple chrétien, mais aussi les brebis, c’est-à-dire les chefs du troupeau eux-mêmes ; non, rien certainement n’a plus vivement excité Nos vœux et Nos désirs les plus pressants, que de Vous adresser les paroles qui Nous sont suggérées par les plus intimes sentiments de notre affection.

C’est pourquoi, venant à peine de prendre possession du suprême pontificat dans notre basilique de Latran, selon l’usage et l’institution de nos prédécesseurs, sur le champ Nous Vous adressons les présentes lettres dans le but d’exciter encore Votre piété, déjà si éminente ; et afin que, par un surcroît de promptitude, de vigilance et d’effort, Vous souteniez les veilles de la nuit autour du troupeau confié à vos soins, et que, déployant la vigueur et la fermeté épiscopales dans le combat contre le plus terrible ennemi du genre humain, vous soyez pour la maison d’Israël cet infranchissable rempart qu’offrent seuls les valeureux soldats de Jésus Christ.

Personne d’entre vous n’ignore, Vénérables Frères, dans notre époque déplorable, cette guerre si terrible et si acharnée qu’à machinée contre l’édifice de la foi catholique cette race d’hommes qui unis entre eux par une criminelle association, ne pouvant supporter la saine doctrine, fermant l’oreille à la vérité, ne craignent pas d’exhumer du sein des ténèbres, où elles étaient ensevelies, les opinions les plus monstrueuses, qu’ils entassent d’abord de toutes leurs forces, qu’ils étalent ensuite et répandent dans tous les esprits à la faveur de la plus funeste publicité. Notre âme est saisie d’horreur, et Notre cœur succombe de douleur, lorsque Nous nous rappelons seulement à la pensée toutes ces monstruosités d’erreurs, toute la variété de ces innombrables moyens de procurer le mal ; toutes ces embûches et ces machinations par lesquelles ces esprits ennemis de la lumière se montrent artistes si habiles à étouffer dans toutes les âmes le saint amour de la piété, de la justice et de l’honnêteté ; comment ils parviennent si promptement à corrompre les mœurs, à confondre ou à effacer les droits divins et humains, à saper les bases de la société civile, à les ébranler, et, s’ils pouvaient arriver jusque là, à les détruire de fond en comble.

Car, Vous le savez bien, Vénérables Frères, ces implacables ennemis du nom chrétien, tristement entraînés par on ne sait quelle fureur d’impiété en délire, ont poussé l’excès de leurs opinions téméraires à ce point d’audace, jusque là inouï, qu’ils n’ouvrent leur bouche que pour vomir contre Dieu des blasphèmes ; qu’ouvertement et par toutes les voix de la publicité, ils ne rougissent pas d’enseigner que les sacrés mystères de notre religion sont des fables et des inventions humaines, que la doctrine de l’Église catholique est contraire au bien et aux intérêts de la société. Ils vont plus loin encore : ils ne redoutent pas de nier le Christ et jusqu’à Dieu Lui-même. Pour fasciner encore plus aisément les peuples, pour tromper surtout les esprits imprévoyants et les ignorants, et les entraîner avec eux dans les abîmes de l’erreur, ils osent se vanter d’être les seuls en possession de la connaissance des véritables sources de la prospérité ; ils n’hésitent pas à s’arroger le nom de philosophes, comme si la philosophie, dont l’objet est de rechercher et d’étudier la vérité de l’ordre naturel, devait rejeter avec dédain tout ce que le Dieu suprême et très clément, l’auteur de toute la nature, par un effet spécial de sa bonté et de sa miséricorde, a daigné manifester aux hommes pour leur véritable bonheur et pour leur salut.

C’est pour cela qu’employant une manière de raisonner déplacée et trompeuse, ils ne cessent d’exalter la force et l’excellence de la raison humaine, de vanter sa supériorité sur la foi très sainte en Jésus Christ, et qu’ils déclarent audacieusement que cette foi est contraire à la raison humaine. Non, rien ne saurait être imaginé ou supposé de plus insensé, de plus impie et de plus contraire à la raison elle-même.

Car, bien que la foi soit au-dessus de la raison, jamais on ne pourra découvrir qu’il y ait opposition et contradiction entre elles deux; parce que l’une et l’autre émanent de ce Dieu très excellent et très grand, qui est la source de la vérité éternelle. Elles se prêtent bien plutôt un tel secours mutuel que c’est toujours à la droite raison que la vérité de la foi emprunte sa démonstration, sa défense et son soutien les plus sûrs ; que la foi, de son côté, délivre la raison des erreurs qui l’assiègent, qu’elle l’illumine merveilleusement par la connaissance des choses divines, la confirme et la perfectionne dans cette connaissance.

Les ennemis de la révélation divine, Vénérables Frères, n’ont pas recours à des moyens de tromperie moins funestes lorsque, par des louanges extrêmes, ils portent jusqu’aux nues les progrès de l’humanité. Ils voudraient, dans leur audace sacrilège, introduire ce progrès jusque dans l’Église catholique : comme si la religion était l’ouvrage non de Dieu, mais des hommes, une espèce d’invention philosophique à laquelle les moyens humains peuvent surajouter un nouveau degré de perfectionnement.

Jamais hommes si déplorablement en délire ne méritèrent mieux le reproche que Tertullien adressait aux philosophes de son temps : « Le christianisme que vous mettez en avant, n’est autre que celui des stoïciens, des platoniciens et des dialecticiens ».

En effet, notre très sainte religion n’ayant pas été inventée par la raison, mais directement manifestée aux hommes par Dieu, tout le monde comprend aisément que cette religion, empruntant toute sa force et sa vertu de l’autorité de la Parole de Dieu Lui-même, n’a pu être produite et ne saurait être perfectionnée par la simple raison. Donc, pour que la raison humaine ne se trompe ni ne s’égare dans une affaire aussi grave et de cette importance, il faut qu’elle s’enquière soigneusement du fait de la révélation, afin qu’il lui soit démontré, d’une manière certaine, que Dieu a parlé, et qu’en conséquence, selon le très sage enseignement de l’apôtre, elle lui doit une soumission raisonnable. Mais qui donc ignore ou peut ignorer que, lorsque Dieu parle, on lui doit une foi entière, et qu’il n’y a rien de plus conforme à la raison elle-même, que de donner son assentiment et de s’attacher fortement aux vérités incontestablement révélées par Dieu, qui ne peut ni tromper ni se tromper ?
Et combien nombreuses, combien admirables, combien splendides sont les preuves par lesquelles la raison humaine doit être amenée à cette conviction profonde : que la religion de Jésus Christ est divine, et qu’elle a reçu du Dieu du ciel la racine et le principe de tous ses dogmes, et que par conséquent il n’y a rien au monde de plus certain que notre foi, rien de plus sûr ni de plus vénérable et qui s’appuie sur des principes solides. C’est cette foi qui est la maîtresse de la vie, le guide du salut, le destructeur de tous les vices, la mère et la nourrice féconde de toutes les vertus ; consolidée par la naissance, la vie, la mort, la résurrection, la sagesse, les prodiges et les prophéties de son divin auteur et consommateur, Jésus Christ; répandant de tous côtés l’éclat de sa doctrine surnaturelle, enrichie des trésors inépuisables et vraiment célestes de tant de prophéties inspirées à ses prophètes, du resplendissant éclat de ses miracles, de la constance de tant de martyrs, de la gloire de tant de saints personnages. De plus en plus insigne et remarquable, elle porte partout les lois salutaires de Jésus Christ ; et de jour en jour acquérant et puisant sans cesse de nouvelles forces dans les persécutions les plus cruelles, armée du seul étendard de la croix, elle conquiert l’univers entier, et la terre et la mer, depuis le levant jusqu’au couchant ; et, après avoir renversé les trompeuses idoles, dissipé les ténèbres épaisses de l’erreur, triomphé des ennemis de toute espèce, elle a répandu les bienfaisants rayons de sa lumière sur tous les peuples, sur toutes les nations et sur tous les pays, quel que fût le degré de férocité de leurs mœurs, de leur naturel et de leur caractère barbare, les courbant sous le joug si suave de Jésus Christ, et annonçant à tous la paix et le bonheur.

Certes, toutes ces magnificences resplendissent assez de toute part de l’éclat de la puissance et de la sagesse divine, pour que toute pensée et toute intelligence puissent saisir promptement et comprendre facilement que la foi chrétienne est l’œuvre de Dieu.

Donc, d’après ces splendides et inattaquables démonstrations, la raison humaine est amenée à ce point qui l’oblige à reconnaître clairement et manifestement que Dieu est l’auteur de cette même foi ; la raison humaine ne saurait s’avancer au-delà ; mais, rejetant et écartant toute difficulté et tout doute, elle doit à cette même foi une soumission sans réserve, puisqu’elle est elle-même assurée que tout ce que la foi propose aux hommes de croire et de pratiquer, tout cela vient de Dieu.

On voit donc manifestement dans quelle erreur profonde se roulent ces esprits qui, abusant de la raison et regardant les oracles divins comme des produits de l’homme, osent les soumettre à l’arbitrage de leur interprétation particulière et téméraire. Puisque Dieu Lui-même a établi une autorité vivante, laquelle devait fixer et enseigner le véritable et légitime sens de sa révélation céleste, et mettrait fin, par son jugement infaillible, à toutes les controverses soit en matière de foi, soit en matière de mœurs, et tout cela afin que les fidèles ne fussent pas entraînés à tout vent dans les fausses doctrines, ni enveloppés dans les immenses filets de la malice et des aberrations humaines. Cette autorité vivante et infaillible n’est en vigueur que dans cette seule Église que Jésus Christ a établie sur Pierre, le chef, le prince et le pasteur de toute l’Église, auquel il a promis que sa foi ne serait jamais en défaillance ; l’Église constituée de manière qu’elle a toujours à sa tête et dans sa chaire immuable ses Pontifes légitimes, lesquels remontent, par une succession non interrompue, jusqu’à l’apôtre Pierre, et jouissent comme lui du même héritage de doctrine, de dignité, d’honneur et de puissance sans rivale. Et comme là où est Pierre, là est l’Église ; comme Pierre parle par la bouche du Pontife romain, qu’il est toujours vivant dans ses successeurs, qu’il exerce le même jugement, et transmet la vérité de la foi à ceux qui la demandent, il s’ensuit que les divins enseignements doivent être acceptés dans le même sens qu’y attache et y a toujours attaché cette Chaire romaine, Siège du bienheureux Pierre, la mère et la maîtresse de toutes les Églises, qui a toujours conservé inviolable et entière la foi donnée par le Seigneur Jésus Christ ; qui l’a toujours enseignée aux fidèles, leur montrant à tous le chemin du salut et l’incorruptible doctrine de la Vérité.

Cette Église est donc l’Église principale où l’unité sacerdotale a pris son origine, elle est la métropole de la piété, et dans laquelle reste toujours entière et parfaite la solidité de la religion chrétienne ; toujours on y a vu florissant le Principat de la Chaire apostolique vers laquelle toute l’Église, c’est-à-dire tous les fidèles répandus sur la terre doivent nécessairement accourir, à raison de sa principauté suréminente, Église sans laquelle quiconque ne recueille pas, disperse.

Nous donc qui avons été placé, par un impénétrable jugement de Dieu, sur cette Chaire de Vérité, nous venons exciter très vivement dans le Seigneur votre piété si remarquable, Vénérables Frères, afin que Vous renouveliez tous vos efforts, Votre sollicitude et Vos soins, avertissant et exhortant continuellement tous les fidèles confiés à Votre vigilance, que chacun d’eux, fermement attaché à ces principes, ne se laisse jamais tromper ni attirer par l’erreur de ces hommes abominables dans leurs recherches, qui ne s’appliquent, en cette étude et dans la poursuite du progrès humain, qu’à la destruction de la foi, qui ne veulent, dans leurs efforts impies, que soumettre cette foi à la raison de l’homme, et ne reculent pas devant l’audace de faire injure à Dieu Lui-même, après qu’Il a daigné, dans sa clémence et par Sa divine religion, pourvoir au bien et au salut des hommes.

Mais Vous connaissez encore aussi bien, Vénérables Frères, les autres monstruosités de fraudes et d’erreurs par lesquelles les enfants de ce siècle s’efforcent chaque jour de combattre avec acharnement la religion catholique et la divine autorité de l’Église, ses lois non moins vénérables ; comment ils voudraient fouler également aux pieds les droits de la puissance sacrée et de l’autorité civile. C’est à ce but que tendent ces criminels complots, contre cette Église romaine, siège du bienheureux Pierre, et dans laquelle Jésus Christ a placé l’indestructible fondement de toute son Église. Là tendent toutes ces sociétés secrètes sorties du fond des ténèbres pour ne faire régner partout, dans l’ordre sacré et profane, que les ravages et la mort ; sociétés clandestines si souvent foudroyées par l’anathème des Pontifes romains nos prédécesseurs dans leurs Lettres apostoliques, lesquelles Nous voulons en ce moment même confirmer et très exactement recommander à l’observation par la plénitude de Notre puissance apostolique.

C’est encore le but que se proposent ces perfides sociétés bibliques, lesquelles, renouvelant les artifices odieux des anciens hérétiques, ne cessent de produire contre les règles si sages de l’Église, et de répandre parmi les fidèles les moins instruits les livres des saintes Écritures traduits en toute espèce de langues vulgaires, et souvent expliquées dans un sens pervers, consacrant à la distribution de ces milliers d’exemplaires des sommes incalculables, les répandant partout gratuitement, afin qu’après avoir rejeté la tradition, la doctrine des Pères et l’autorité de l’Église catholique, chacun interprète les oracles divins selon son jugement propre et particulier, et tombe ainsi dans l’abîme des plus effroyables erreurs. Animé d’une juste émulation du zèle et des saints exemples de ses prédécesseurs, Grégoire XVI, de sainte mémoire, et dont Nous avons été constitué le successeur, malgré l’infériorité de Notre mérite, a condamné par ses Lettres apostoliques les mêmes sociétés secrètes que Nous entendons aussi déclarer condamnées et flétries par Nous.

C’est encore au même but que tend cet horrible système de l’indifférence en matière de religion, système qui répugne le plus à la seule lumière naturelle de la raison. C’est par ce système, en effet, que ces subtils artisans de mensonge, cherchent à enlever toute distinction entre le vice et la vertu, entre la vérité et l’erreur, entre l’honneur et la turpitude, et prétendent que les hommes de tout culte et de toute religion peuvent arriver au salut éternel : comme si jamais il pouvait y avoir accord entre la justice et l’iniquité, entre la lumière et les ténèbres, entre Jésus Christ et Bélial.

C’est à ce même but encore que tend cette honteuse conjuration qui s’est formée nouvellement contre le célibat sacré des membres du clergé, conspiration qui compte, ô douleur ! parmi ses fauteurs quelques membres de l’ordre ecclésiastique, lesquels, oubliant misérablement leur propre dignité, se laissent vaincre et séduire par les honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté. C’est là que tend ce mode pervers d’enseignement, spécialement celui qui traite des sciences philosophiques, et par lequel, d’une manière si déplorable, on trompe et l’on corrompt une imprévoyante jeunesse, lui versant le fiel du dragon dans la coupe de Babylone. à ce même but tend cette exécrable doctrine destructrice même du droit naturel et qu’on appelle le communisme, laquelle, une fois admise, ferait bientôt disparaître entièrement les droits, les intérêts, les propriétés et jusqu’à la société humaine ; là tendent aussi les embûches profondément ténébreuses de ceux qui cachent la rapacité du loup sous la peau de la brebis, s’insinuent adroitement dans les esprits, les séduisent par les dehors d’une piété plus élevée, d’une vertu plus sévère ; les liens qu’ils imposent sont à peine sensibles, et c’est dans l’ombre qu’ils donnent la mort ; ils détournent les hommes de toute pratique du culte ; quand ils ont égorgé les brebis du Seigneur, ils en déchirent les membres.

C’est là enfin, pour ne point énumérer ici tous les maux qui Vous sont si bien connus, c’est à ce but funeste que tend cette contagion exécrable de petits livres et de volumes qui pleuvent de toutes parts, enseignant la pratique du mal ; composés avec art, pleins d’artifice et de tromperie, répandus à grands frais dans tous les lieux de la terre, pour la perte du peuple chrétien, ils jettent partout les semences des funestes doctrines, font pénétrer la corruption, surtout dans les âmes des ignorants, et causent à la religion les pertes les plus funestes. Par suite de cet effroyable débordement d’erreurs partout répandues, et aussi par cette licence effrénée de tout penser, de tout dire, et de tout imprimer, les mœurs publiques sont descendues à un effroyable degré de malice ; la très sainte religion de Jésus Christ est méprisée ; l’auguste majesté du culte divin dédaignée ; l’autorité du saint Siège apostolique renversée ; le pouvoir de l’Église sans cesse attaqué et réduit aux proportions d’une humiliante servitude ; les droits de évêques foulés aux pieds, la sainteté du mariage violée, l’administration de l’une et de l’autre puissance universellement ébranlée ; tels sont entre autres, Vénérables Frères, les maux qui dévorent la société civile et religieuse, et que Nous sommes obligé de déplorer aujourd’hui en mêlant Nos larmes avec les Vôtres.

Au milieu donc de ces grandes vicissitudes de la religion, des événements et des temps, vivement préoccupé du salut de tout le troupeau divinement confié à Nos soins, dans l’accomplissement de la charge de Notre ministère apostolique, soyez assurés que Nous n’omettrons ni tentatives, ni efforts pour assurer le bien spirituel de la famille entière des chrétiens. Nous venons cependant exciter aussi dans le Seigneur toute l’ardeur de Votre piété, déjà si remarquable, toute Votre vertu et toute Votre prudence.

Comme Nous, appuyés sur le secours d’en haut, défendez avec Nous et valeureusement, Vénérables Frères, la cause de l’Église, fermes au poste qui Vous est confié, et soutenant la dignité qui Vous distingue. Vous comprenez que la combat sera rude, car Vous n’ignorez point le nombre et la profondeur des blessures qui accablent l’Épouse Immaculée de Jésus Christ, et quelles dévastations terribles ses ennemis acharnés lui font éprouver.

Or, Vous savez parfaitement que le premier devoir de Votre charge est d’employer Votre force épiscopale à protéger et à défendre la foi catholique, à veiller avec le soin le plus extrême à ce que le troupeau qui Vous est confié demeure ferme et inébranlable dans la foi, sans la conservation entière et inviolable de laquelle il périrait certainement pour l’éternité. Ainsi ayez donc le soin le plus grand de défendre et de conserver cette foi selon Votre sollicitude pastorale, et ne cessez jamais d’en instruire tous ceux qui Vous sont confiés, de confirmer les esprits chancelants, de confondre les contradicteurs, de fortifier les faibles, ne dissimulant ou ne souffrant rien qui puisse paraître, le moins du monde, blesser la pureté de cette foi. Avec le même courage et la même fermeté, Vous devez favoriser l’union et l’attachement de tous les cœurs à cette Église catholique, hors de laquelle il n’y a point de salut ; la soumission à cette Chaire de Pierre sur laquelle repose, comme sur le plus inébranlable fondement, tout le majestueux édifice de notre très sainte religion. Employez la même constance à veiller à la conservation des très saintes lois de l’Église, par lesquelles vivent et fleurissent parfaitement la vertu, la religion et la piété.

Mais comme c’est une preuve incontestable de grande pitié que de signaler les ténébreux repères des impies et de vaincre en eux le démon, leur maître, Nous Vous en conjurons, employez toutes les ressources de Votre Zèle et de Vos travaux à découvrir aux yeux du peuple fidèle toutes les embûches, toutes les tromperies, toutes les erreurs, toutes les fraudes et toutes les manœuvres des impies ; détournez avec grand soin ce même peuple de la lecture de tant de livres empoisonnés, et enfin exhortez assidûment le peuple fidèle à fuir, comme à l’aspect du serpent, les réunions et les sociétés impies, afin qu’il parvienne ainsi à se préserver très soigneusement du contact de tout ce qui est contraire à la foi, à la religion et aux bonnes mœurs.

Pour obtenir de tels résultats, gardez Vous bien de cesser un instant de prêcher le Saint Évangile ; car c’est une telle instruction qui fait croître le peuple chrétien dans la science de Dieu et dans la pratique de plus en plus parfaite de la très sainte loi du christianisme ; par là, il sera détourné du mal et marchera dans les voies du Seigneur.

Et puisque Vous savez que Vous remplissez la charge de Jésus Christ, lequel se déclara doux et humble de cœur, qui vint sur la terre, non pour appeler les justes, mais les pécheurs, nous laissant son exemple, afin que nous imitions sa vie et marchions sur ses pas ; ne négligez jamais, toutes les fois que Vous découvrirez quelques délinquants dans la voie des préceptes du Seigneur, et lorsque Vous les verrez s’éloigner du sentier de la justice et de la vérité, ne négligez jamais d’employer auprès d’eux les avertissements de la tendresse et de la mansuétude d’un père ; et, afin de les corriger, reprenez les par de salutaires conseils ; dans vos instances, comme dans vos reproches, employez toujours les officieuses ressources de la bonté, de la patience et de la doctrine ; car il est démontré que, pour corriger et réformer les hommes, la bonté a souvent plus de puissance que la sévérité, l’exhortation l’emporte sur la menace, et la charité va plus loin que la puissance.

Joignez encore tous Vos efforts, Vénérables Frères, pour obtenir un autre résultat important, savoir, que les fidèles aiment la charité, fassent régner la paix entre eux et pratiquent avec soin tout ce qui sert à l’entretien de cette charité et de cette paix. Par là, il n’y aura plus de dissensions, d’inimitiés ni de rivalités, mais tous se chériront dans une mutuelle tendresse ; ils seront parfaitement unanimes dans le même sentiment et la même vérité, la même parole, le même goût en Jésus Christ Notre Seigneur.

Appliquez Vous à inculquer au peuple chrétien le devoir de la soumission et de l’obéissance vis-à-vis des princes et des gouvernements ; enseignez lui, selon le précepte de l’Apôtre, que toute puissance vient de Dieu ; que ceux-là résistent à l’ordre divin et méritent d’être condamnés, qui résistent à la puissance, et que ce précepte d’obéissance vis-à-vis du pouvoir ne peut jamais être violé sans mériter de châtiment, excepté toutefois lorsqu’il exige quelque chose de contraire aux lois de Dieu et de l’Église.

Cependant, comme rien n’est plus propre à disposer continuellement les âmes à la pratique de la piété et au culte de Dieu, que la vie et les actes exemplaires de ceux qui se sont consacrés au ministère divin, et que tels sont les prêtres, tels sont ordinairement les peuples, Vous comprenez dans Votre éminente sagesse, Vénérables Frères, que Vous devez employer tous Vos soins à ce que chaque membre de Votre clergé brille par la gravité des mœurs, par la sainteté et l’intégrité de la vie, et par la doctrine ; et à ce que les prescriptions des saints canons et de la discipline ecclésiastique soient exactement gardées, et que là où la discipline a succombé, on lui rende son antique splendeur.

À cet effet, ainsi que Vous le savez très bien, Vous devez éviter avec le plus grand soin d’imposer les mains à aucun aspirant, avec trop de précipitation, et contre l’avis de l’Apôtre ; mais Vous n’admettrez à l’initiation des ordres sacrés, et Vous n’élèverez à la puissance redoutable de consacrer les saints mystères, que les lévites auparavant éprouvés et examinés scrupuleusement, que ceux qui se distingueront par l’ornement de toutes les vertus, et qui auront mérité la juste louange d’une sagesse intacte ; de telle sorte qu’ils puissent être d’utiles ouvriers, et la gloire de l’Église, dans chacun de Vos diocèses, et enfin ceux qui, s’éloignant soigneusement de tout ce qui est contraire à la vie cléricale, s’adonnant plutôt à l’étude, à la prédication, et à la connaissance approfondie de la doctrine, sont, en effet, le parfait exemple des fidèles, dans leur parole, dans leur conduite, dans la charité, dans la foi, dans la chasteté ; de telle sorte qu’à leur approche tous éprouvent le sentiment d’une vénération méritée ; que par eux, de plus en plus, le peuple chrétien se forme, s’excite et s’enflamme à l’amour de notre divine religion. Car il est mille fois préférable, selon l’avis si parfaitement sage de Benoît XIV, l’un de Nos prédécesseurs d’immortelle mémoire, qu’il y ait un nombre restreint de prêtres, pourvu qu’ils se montrent excellents, capables et utiles, plutôt que d’en avoir un grand nombre, incapables de toute manière de procurer l’édification du corps de Jésus Christ, qui est l’Église. Vous n’ignorez pas non plus qu’il faut examiner avec le plus grand soin quelles sont spécialement les mœurs et la science de ceux à qui sont confiées la charge et la conduite des âmes, afin que, ministres fidèles et dispensateurs des diverses formes de la grâce de Dieu, dans l’administration des sacrements auprès du peuple qui leur est confié, ils sachent le nourrir et l’encourager par la prédication de la parole divine et le soutien continuel du bon exemple ; qu’ils sachent le former à tous les enseignements et à toutes les pratiques de la religion, et le maintenir dans le chemin du salut. Vous savez parfaitement que c’est à l’ignorance des pasteurs ou à la négligence des devoirs de leur charge qu’il faut attribuer perpétuellement le relâchement des mœurs parmi les fidèles, la violation de la discipline chrétienne, l’abandon, puis la destruction totale des pratiques et du culte religieux, enfin le débordement de tous les vices et des corruptions qui pénètrent alors facilement dans l’Église. Voulez-Vous que la parole de Dieu, qui est toujours vivante et efficace et plus pénétrante qu’un glaive à deux tranchants, établie pour le salut des âmes, ne s’en retourne pas inutile et impuissante par la faute de ses ministres ; ne cessez jamais, Vénérables Frères, d’inculquer dans l’âme des prédicateurs cette parole divine, et de leur recommander la méditation spirituelle, profonde, des devoirs de cette auguste et si grave fonction ; dites leur qu’ils ne doivent point employer dans le ministère évangélique cet apparat et cet artifice que l’habileté mondaine enseigne pour persuader sa fausse sagesse, non plus que ces vaines pompes et ces charmes ambitieux qui caractérisent l’éloquence profane, mais qu’ils s’exercent plutôt et très religieusement dans la démonstration de l’esprit et de la vertu de Dieu. Traitant ainsi convenablement la parole de vérité, ne se prêchant pas eux-mêmes, mais Jésus Christ crucifié, qu’ils annoncent aux peuples simplement et clairement les dogmes de notre sainte religion selon la doctrine de l’Église catholique, d’après l’enseignement des Pères, et en une élocution toujours grave et majestueuse ; qu’ils expliquent exactement les devoirs particuliers et spéciaux de chacun ; qu’ils inspirent à tous l’horreur du vice et une vive ardeur pour la piété afin que les fidèles, salutairement imbus et nourris de la parole divine, fuyant tous les vices, pratiquant toutes les vertus, et évitant ainsi les peines éternelles, puissent arriver à la gloire du ciel.

Selon les devoirs de Votre charge pastorale, et d’après les inspirations de Votre prudence, avertissez sans cesse tous les ecclésiastiques placés sous Vos ordres, excitez les à réfléchir sérieusement à l’auguste ministère qu’ils ont reçu de Dieu ; que tous soient exacts à remplir avec la plus grande diligence la part de fonction qui leur est échue ; que, pénétrés des sentiments les plus intimes d’une véritable piété, ils ne cessent leurs prières et leurs supplications au Seigneur ; que, dans cet esprit, ils accomplissent le précepte ecclésiastique de la récitation des heures canoniales, afin de pouvoir obtenir pour eux-mêmes les divins secours si nécessaires pour s’acquitter des devoirs si graves de leur charge, et rendre le Seigneur toujours apaisé et favorable à tout le peuple chrétien.

Toutefois, Vénérables Frères, que Votre sagesse ne l’oublie pas, on ne peut obtenir d’excellents ministres de l’Église qu’en les formant dans les meilleurs instituts cléricaux ; le reste de leur vie sacerdotale se ressent ainsi de la forte impulsion dans la voie du bien qu’ils ont reçue dans ces pieux asiles. Continuez donc à porter toute l’énergie de Votre Zèle vers cette exacte préparation des jeunes clercs ; que par Vos soins on leur inspire, même dés l’âge le plus tendre, le goût de la piété et d’une vertu solide ; qu’ils soient initiés sous Vos yeux à l’étude des lettres, à la pratique d’une forte discipline, mais principalement à la connaissance des sciences sacrées. C’est pour cela que rien ne doit Vous être plus à cœur, ni Vous paraître plus digne de tous Vos soins et de toute Votre industrie que d’accomplir l’ordre des Pères du saint Concile de Trente, s’il n’est déjà exécuté, en instituant des séminaires pour les clercs ; que d’augmenter, s’il le faut, le nombre de ces institutions pieuses, d’y placer des maîtres et des directeurs excellents et capables, de veiller sans repos, et avec une ardeur toujours ferme, à ce que dans ces saints asiles les jeunes clercs soient constamment formés dans la crainte du Seigneur, à l’étude, et surtout dans la science sacrée, toujours conformément à l’enseignement catholique, sans le moindre contact avec l’erreur, de quelque espèce que ce soit, selon les traditions ecclésiastiques et les écrits des Pères ; qu’ils y soient exercés très soigneusement aux cérémonies et aux rites sacrés, afin que plus tard Vous trouviez en eux des coopérateurs pieux et capables, doués de l’esprit ecclésiastique, sagement fortifiés par la science, et qu’ils puissent dans l’avenir travailler avec fruit le champ de Jésus Christ et combattre vaillamment les combats du Seigneur.

Or, comme Vous êtes Vous-mêmes très convaincus que, pour conserver et maintenir la dignité et la sainte pureté de tout le sacerdoce ecclésiastique, rien n’est plus efficace que l’institution des pieux exercices spirituels ; d’après les impulsions de Votre zèle et de Votre charité épiscopale, ne cessez point d’exhorter, d’engager, de presser même très vivement tous Vos prêtres à s’adonner à la pratique d’une œuvre aussi salutaire ; que fréquemment, tous ceux qui sont engagés dans la sainte milice sachent choisir une solitude favorable à l’accomplissement de ces saints exercices ; que là, séparés absolument de toute espèce de préoccupation extérieure, uniquement absorbés par la redoutable considération des vérités éternelles, et par la profonde méditation des choses divines, ils puissent ainsi s’épurer des taches qu’auront pu laisser sur leur âme sacerdotale la poussière et le contact des affaires du monde, se renouveler dans l’esprit ecclésiastique, et que, se dépouillant entièrement du vieil homme et de tous ses actes, ils se revêtent de l’éclatante pureté de l’homme nouveau qui fut créé dans la sainteté et la justice. Ne Vous plaignez point si Nous avons si longuement insisté sur cette nécessité de l’institution et de la discipline cléricale.

Car Vous ne pouvez ignorer qu’il y a à notre époque un grand nombre d’esprits qui, fatigués à la vue de l’innombrable variété, de l’inconsistance et du mouvement désordonné de l’erreur, éprouvent intérieurement la nécessité de croire à notre sainte religion, et qui seront enfin, par le secours de la grâce divine, amenés d’autant plus facilement à embrasser la pratique de la doctrine et des prescriptions de cette religion divine, qu’ils verront le clergé briller au-dessus des autres par plus de piété, de pureté, de sagesse et de vertu.
Enfin, Frères bien aimés, Nous ne pouvons douter que Vous-mêmes ne soyez animés d’une ardente charité envers Dieu et pour tous les hommes, enflammés de l’amour le plus vif pour tous les intérêts de l’Église, munis de vertus presqu’angéliques, armés et fortifiés du courage et de la prudence si nécessaires à l’épiscopat, pénétrés par le même désir de la volonté divine, marchant d’un pas constant sur les traces des pas des apôtres, et imitant, comme il sied à des pontifes, l’exemplaire divin des pasteurs, le Seigneur Jésus Christ, dont Vous représentez la personne ; devenus, par le zèle et par les sentiments les plus unanimes, les types spirituels du troupeau fidèle ; par l’éclat resplendissant de la sainteté de Votre vie, illuminant à la fois le clergé et le peuple et ayant acquis des entrailles de miséricorde, Vous sachiez toujours, compatissant aux misères de l’ignorance et de l’erreur, à l’exemple du Pasteur de l’Évangile, courir avec tendresse après les brebis perdues ; malgré leurs égarements, les chercher longtemps jusqu’à ce que Vous les rencontriez et, paternellement émus quand Vous les avez retrouvées, les placer affectueusement sur Vos épaules et les rapporter au bercail. N’omettez jamais ni soins, ni réflexions, ni travaux de tout genre pour arriver à l’exact et religieux accomplissement de tous les devoirs de Votre charge pastorale ; et après avoir défendu des attaques, des embûches et de la fureur des loups ravisseurs toutes les brebis si chères au cœur de Jésus Christ, puisqu’Il les a rachetées au prix inestimable de son sang divin ; après les avoir gardées dans les saints pâturages, soigneusement éloignées de la contagion, Vous puissiez, et par Vos paroles, et par Vos actions, et par Vos exemples, les ramener toutes ensemble au port du salut éternel.

Travaillez donc courageusement, Vénérables Frères, à procurer la plus grande gloire de Dieu ; et, par un déploiement extraordinaire de sollicitude et de vigilance, comme par un même effort, faites en sorte d’arriver à ce qu’après l’entière destruction des erreurs et l’extirpation absolue des vices, la foi, la piété, la vertu acquièrent de jour en jour, et par toute la terre, un admirable accroissement ; que tous les fidèles, repoussant avec dédain les œuvres de ténèbres, marchent dignement comme des fils de la lumière céleste sous les yeux de Dieu, auquel leurs actions sont toujours agréables ; et, dans les angoisses, les difficultés et les périls extrêmes, qui sont inséparables, aujourd’hui principalement, de l’accomplissement de Vos si graves fonctions du ministère épiscopal, gardez Vous bien de jamais succomber à la craintive ; mais plutôt fortifiez Vous dans le Seigneur, et fiez Vous à la puissance de Celui qui, nous considérant du haut du ciel, engagés dans la lutte que nous soutenons pour son nom sacré, encourage ceux qui s’enrôlent, soutient les combattants et couronne les vainqueurs.

Mais comme rien ne saurait être pour Nous plus agréable, plus doux à Notre cœur, plus désirable pour le bien de l’Église, que de Vous aider tous, ô Vous que Nous chérissons tendrement dans les entrailles de Jésus Christ, et que Nous désirons environner de Notre amour, de Nos conseils, que de pouvoir travailler de concert à la défense et à la propagation de la gloire de Dieu et de la foi catholique, et que même Nous sommes prêt, pour le salut des âmes, à donner s’il le faut, Notre propre vie, ô Nos Frères, venez, Nous Vous en prions et supplions, approchez Vous avec grand cœur et en toute confiance de cette Chaire du bienheureux prince des Apôtres, de ce centre de l’unité catholique, ce sommet suprême de l’Épiscopat, d’où découle toute l’autorité de ce nom ; accourez donc auprès de Nous toutes les fois que Vous éprouverez la nécessité d’avoir recours à l’aide, au soutien et à la force que renferme pour Vous l’autorité de ce Siège apostolique.

Or, Nous aimons à espérer que Nos très chers fils en Jésus Christ, les princes, guidés par leurs sentiments de piété et de religion, auront toujours présente à leur mémoire cette vérité : que l’autorité suprême ne leur a pas seulement été donnée pour le gouvernement des affaires du monde, mais principalement pour la défense de l’Église ; et Nous-même, qu’en donnant tous Nos soins à la cause de l’Église, Nous travaillons paisiblement au bonheur de leur règne, à leur propre conservation et à l’exercice de leurs droits ; Nous aimons à espérer, disons Nous, que tous les princes sauront favoriser, par l’appui de leur autorité et le secours de leur puissance, des vœux, des desseins et des dispositions ardentes au bien de tous, et que Nous avons en commun avec eux. Qu’ils défendent donc et protègent la liberté et l’entière plénitude de vie de cette Église catholique, afin que l’empire de Jésus Christ soit défendu par leur puissante main.

Pour que tous ces projets arrivent à des résultats heureux et prospères, recourons avec confiance, Vénérables Frères, au trône de la grâce ; et tous ensemble, par un concert unanime et persévérant de ferventes prières, avec toute l’humilité dont notre cœur sera capable, supplions le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, afin que, par les mérites de Son Fils unique, Il daigne répandre sur notre faiblesse, l’ineffable abondance de toutes les faveurs célestes ; que par la vertu de sa toute puissance, il repousse Lui-même ceux qui s’opposent à Nous ; qu’Il répande et augmente partout la foi, la piété, la dévotion, la paix ; par où la sainte Église, après avoir été délivrée des adversités et de toutes les erreurs qui l’assiègent, puisse jouir enfin du calme désirable et nécessaire, et qu’il n’y ait plus désormais qu’un seul bercail et un seul pasteur. Mais, pour que le Seigneur très clément incline plus efficacement son oreille divine vers nos prières, et accueille plus favorablement nos vœux, ayons toujours auprès de Lui, comme intercession et intermédiaire puissante, la très sainte et très immaculée Mère de Dieu, qui est toujours notre plus douce Mère, notre médiatrice, notre avocate, notre espérance et notre confiance la plus parfaite et dont le patronage maternel est ce qu’il y a auprès de Dieu de plus fort et de plus efficace.

Invoquons aussi le prince des Apôtres, auquel Jésus Christ lui-même a confié les clés du royaume des cieux, qu’il a constitué lui-même la pierre fondamentale de l’Église, contre laquelle les portes de l’enfer ne pourront jamais prévaloir. Invoquons saint Paul, le compagnon de son apostolat ; tous les saints du ciel, qui possèdent déjà la palme et la couronne, afin que tous nous aident à obtenir, pour l’universalité du peuple chrétien, l’abondance si désirable de la divine miséricorde.

Enfin, Vénérables Frères, comme gage de tous les dons célestes et surtout comme un témoignage de Notre ardente charité pour Vous, recevez Notre bénédiction apostolique que Nous Vous accordons du fond intime de Notre âme, ainsi qu’à tous les membres du clergé et à tous les fidèles laïques confiés à Vos soins.


Donné à Rome, près Sainte Marie Majeure, le 9 novembre de l’année 1846 et l’an premier de Notre pontificat.