samedi 15 février 2014

Monseigneur Williamson et l'Infaillibilité

 
Suite aux nombreux Kyrie Eleison de Monseigneur Williamson sur le dogme de l’Infaillibilité, ce blogue ne partage aucunement cette nouvelle définition. Nous ne pouvons croire que celle-ci est d’Église. «L'Église enseignante est infaillible; elle ne peut se tromper ni nous tromper; elle est immédiatement assistée de Dieu. » comme le dit Mgr de Ségur.
 
Sans sourciller, Mgr Williamson nous rapporte que l’on doit se rapporter à la tradition vis-à-vis d’une doctrine d’un Pape. Nous aimerions bien retrouver les théologiens qui auraient pu affirmer une telle chose.
Tout ceci est du nouveau. La tradition ne peut être en opposition avec un Pape. Certainement qu’un Évêque tel que Mgr Williamson a beaucoup plus d’autorité que de simple fidèle alors recourons à l’aide de l’Église qui elle a plus d’autorité que ce dernier. Nous devons tous être soumis aux définitions de l’Église si nous voulons nous sauver.
Tel qui a été définit dans la première constitution dogmatique du Concile du Vatican, Dei Filius, Chapitre III, de fide : « On doit croire de foi divine et catholique, toutes les vérités qui sont contenus dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et que l’Église propose à croire comme divinement révélés, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel. »
Dans cette citation nous voyons clairement qu’un Pape n’est pas en contradiction avec la tradition, mais plutôt le défenseur de la tradition. Tous les fidèles doivent se mettre sous la protection du Pape et croire les doctrines sortant de celui-ci, car il est doué du charisme de l’Infaillibilité.
« Le Saint-Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine, mais pour qu’avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la Révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi. » Constitution Pastor Æternus du Concile du Vatican.
En tant que catholique, les nouveautés doctrinales doivent toujours nous répugner, car le dépôt de la foi s’est terminé avec la mort de Saint Jean l’Apôtre.
Voici encore une nouveauté que le Pape serait infaillible que très rarement. Le Pape Pie XI dans son encyclique Mortalium animos viendra à notre secours. « Le magistère de l’Église, établi ici-bas d’après le dessin de Dieu pour garder perpétuellement intact le dépôt des vérités révélées et en assure facilement et sûrement la connaissance aux hommes, s’exerce chaque jour par le Pontife romain et les évêques en communion avec lui »…
S’il entend que nous devons croire seulement aux définitions ex cathedra comme nous lisons souvent chez beaucoup d’auteurs modernes alors nous allons-nous référés à un grand théologien du nom de Dom Paul Nau : « On comprend aisément comment a pu s’introduire ce glissement de perspective : depuis 1870, les manuels de théologie ont pris pour énoncés de leurs thèses mêmes du concile. Aucun de ceux-ci ne traitant in recto de l’enseignement ordinaire du seul souverain Pontife, celui-ci a été peu à peu perdu de vue et tout l’enseignement pontifical a paru se réduire aux seules définitions ex cathedra. De plus l’attention étant entièrement attirée sur celles-ci on s’est habitué à ne plus considérer les interventions doctrinales du Saint-Siège que dans la seule perspective du jugement solennel : celle d’un jugement qui doit à lui seul apporter à la doctrine toutes les garanties requises. Dans cette perspective il était impossible de saisir la vraie nature du magistère ordinaire. Elle demeure pourtant celle de plus d’un auteur. »
Nous pouvons lire que le Pape Saint Libère aurait failli, cette erreur historique a été inventée par les ennemis de l’Église et repris par certains qui sont à l’intérieur de l’Église. C’est totalement faux et absurde. Plusieurs bons livres ont été écrits sur le sujet que vous pouvez retrouver sur la bibliothèque Saint Libère : http://www.liberius.net/theme.php?id_theme=31
Vous pourrez lire aussi : « La primauté et l’infaillibilité des souverains pontifes » écrit par l’abbé Louis Nazaire Bégin, devenu par la suite Cardinal de Québec. Dans ce livre, il nous prouve qu’aucun Pape n’a failli dans toute l’histoire de l’Église. Il a écrit ce livre en 1873. Le Cardinal Bégin était dans un passé ennemi de l’infaillibilité papale et après avoir cherché attentivement l’histoire des papes, il a été un des plus grands défenseurs de l’infaillibilité.
Nous aurions pu prendre plusieurs autres citations, mais nous nous bornerons, en pensant que les fidèles catholiques verront que l’Infaillibilité de Mgr Williamson ne définit pas celle du dogme catholique.

vendredi 14 février 2014

Saint Pie X - Tra le sollecitudini

Parmi les sollicitudes de la charge pastorale, non seulement de cette Chaire suprême que, par une insondable disposition de la Providence, Nous occupons bien qu'indigne, mais encore de chaque Eglise particulière, une des principales sans nul doute est de maintenir et de promouvoir la dignité de la maison de Dieu, où se célèbrent les augustes mystères de la religion, et où le peuple chrétien se rassemble pour recevoir la grâce des Sacrements, assister au Saint Sacrifice de l'autel, adorer le très auguste sacrement du Corps du Seigneur, s'unir à la prière commune de l'Eglise dans la célébration publique et solennelle des offices liturgiques.
 
Rien donc ne doit se présenter dans le temple qui trouble ou même seulement diminue la piété et la dévotion des fidèles, rien qui suscite un motif raisonnable de dégoût ou de scandale, rien surtout qui offense directement l'honneur et la sainteté des fonctions sacrées et qui, par suite, soit indigne de la maison de prière, de la majesté de Dieu.

Nous ne parlons pas de chacun des abus qui peuvent se produire en cette matière.


Aujourd'hui, Notre attention se porte sur l'un des plus communs, des plus difficiles à déraciner et qu'il y a lieu de déplorer parfois là même où tout le reste mérite les plus grands éloges: beauté et luxe du temple, splendeur et ordre parfait des cérémonies, concours du clergé, gravité et piété des ministres à l'autel. C'est l'abus dans tout ce qui concerne le chant et la musique sacrée. Nous le constatons, soit par la nature de cet art, par lui-même flottant et variable, soit par suite de l'altération successive du goût et des habitudes dans le cour des temps, soit par la funeste influence qu'exerce sur l'art sacré l'art profane et théâtral, soit par le plaisir que la musique produit directement, et que l'on ne parvient pas toujours à contenir dans de justes limites, soit enfin par suite de nombreux préjugés qui s'insinuent facilement en pareille matière et se maintiennent ensuite avec ténacité même chez des personnes autorisées et pieuses, il existe une continuelle tendance à dévier de la droite règle, fixée d'après la fin pour laquelle l'art est admis au service du culte et très clairement indiquée dans les Canons ecclésiastiques, dans les ordonnances des Conciles généraux et provinciaux, dans les prescriptions émanées à plusieurs reprises des Sacrées Congrégations romaines et des Souverains Pontifes, Nos prédécesseurs.


Nous reconnaissons avec joie et satisfaction tout le bien qui s'est opéré en cette matière au cours de ces dix dernières années, même dans Notre auguste ville de Rome et dans beaucoup d'églises, de Notre patrie, mais d'une façon plus particulière chez certaines nations. Là, des hommes remarquables et zélés pour le culte de Dieu, avec l'approbation du Saint-Siège et sous la direction des évêques, ont formé, en se groupant, des Sociétés florissantes et ont pleinement remis en honneur la musique sacrée presque dans chacune de leurs églises et chapelles.

Ce progrès, toutefois, est encore très loin d'être commun à tous. Si donc Nous consultons Notre propre expérience et tenons compte des plaintes sans nombre qui, de toutes parts, nous sont parvenues en ce court laps de temps écoulé depuis qu'il a plu au Seigneur d'élever Notre humble personne au faîte suprême du Pontificat romain, Nous estimons que Notre premier devoir est d'élever la voix sans différer davantage pour réprouver et condamner tout ce qui, dans les fonctions du culte et la célébration des offices de l'Eglise, s'écarte de la droite règle indiquée. Notre plus vif désir étant, en effet, que le véritable esprit chrétien refleurisse de toute façon et se maintienne chez tous les fidèles, il est nécessaire de pourvoir avant tout à la sainteté et à la dignité du temple où les fidèles se réunissent précisément pour puiser cet esprit à sa source première et indispensable: la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l'Eglise. Car c'est en vain que nous espérons voir descendre sur nous, à cette fin, l'abondance des bénédictions du ciel si notre hommage au Très-Haut, au lieu de monter en odeur de suavité, remet au contraire dans la main du Seigneur les fouets avec lesquels le divin Rédempteur chassa autrefois du Temple ses indignes profanateurs.


Dans ce but, afin que nul ne puisse prétexter dorénavant l'ignorance de son devoir, pour écarter toute équivoque dans l'interprétation de certaines décisions antérieures. Nous avons jugé à propos d'indiquer brièvement les principes qui règlent la musique sacrée dans les fonctions du culte et de réunir en un tableau général les principales prescriptions de l'Eglise contre les abus les plus répandus en cette matière. C'est pourquoi, de Notre propre mouvement et en toute connaissance de cause, Nous publions Notre présente instruction; elle sera le code juridique de la musique sacrée ; et, en vertu de la plénitude de Notre autorité apostolique, Nous voulons qu'il lui soit donné force de loi et Nous en imposons à tous, par le présent acte, la plus scrupuleuse observation.

Instruction sur la musique sacrée

I - PRINCIPES GÉNÉRAUX -
 

1. La musique sacrée, en tant que partie intégrale de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale: la gloire de Dieu, la sanctification et l'édification des fidèles. Elle concourt à accroître la dignité et l'éclat des cérémonies ecclésiastiques ; et de même que son rôle principal est de revêtir de mélodies appropriées le texte liturgique proposé à l'intelligence des fidèles, sa fin propre est d'ajouter une efficacité plus grande au texte lui-même, et, par ce moyen, d'exciter plus facilement les fidèles à la dévotion et de les mieux disposer à recueillir les fruits de grâces que procure la célébration des Saints Mystères.


2. La musique sacrée doit donc posséder au plus haut point les qualités propres a la liturgie : la sainteté, l'excellence des formes d'où naît spontanément son autre caractère: l'universalité.
Elle doit être sainte, et par suite exclure tout ce qui la rend profane, non seulement en elle-même, mais encore dans la façon dont les exécutants la présentent.
Elle doit être un art véritable; S'il en était autrement, elle ne pourrait avoir sur l'esprit des auditeurs l'influence heureuse que l'Eglise entend exercer en l'admettant dans sa liturgie.
Mais elle doit aussi être universelle, en ce sens que s'il est permis à chaque nation d'adopter dans les compositions ecclésiastiques les formes particulières qui constituent d'une certaine façon le caractère propre de sa musique, ces formes seront néanmoins subordonnées aux caractères généraux de la musique sacrée, de manière à ce que personne d'une autre nation ne puisse, à leur audition, éprouver une impression fâcheuse.


II - GENRES DE MUSIQUE SACRÉE -


3. Ces qualités, le chant grégorien les possède au suprême degré; pour cette raison, il est le chant propre de l'Eglise romaine, le seul chant dont elle a hérité des anciens Pères, celui que dans le cours des siècles elle a gardé avec un soin jaloux dans ses livres liturgiques, qu'elle présente directement comme sien aux fidèles, qu'elle prescrit exclusivement dans certaines parties de la liturgie, et dont de récentes études ont si heureusement rétabli l'intégrité et la pureté.

Pour ces motifs, le chant grégorien a toujours été considéré comme le plus parfait modèle de la musique sacrée, car on peut établir à bon droit la règle générale suivante: Une composition musicale ecclésiastique est d'autant plus sacrée et liturgique que, par l'allure, par l'inspiration et par le goût, elle se rapproche davantage de la mélodie grégorienne, et elle est d'autant moins digne de l'Eglise qu'elle s'écarte davantage de ce suprême modèle.

L'antique chant grégorien traditionnel devra donc être largement rétabli dans les fonctions du culte, tous devant tenir pour certain qu'un office religieux ne perd rien de sa solennité quand il n'est accompagné d'aucune autre musique que de celle-là.

Que l'on ait un soin tout particulier à rétablir l'usage du chant grégorien parmi le peuple, afin que de nouveau les fidèles prennent, comme autrefois, une part plus active dans la célébration des offices.

4. Les qualités susdites, la polyphonie classique les possède, elle aussi, a un degré éminent, spécialement celle de l'école romaine, qui, au XVIème siècle, atteignit l'apogée de sa perfection grâce à l'œuvre de Pierluigi de Palestrina, et continua dans la suite à produire encore des compositions excellentes au point de vue liturgique et musical.

La polyphonie classique se rapproche beaucoup du chant grégorien, modèle parfait de toute musique sacrée; aussi a-t-elle mérité de lui être associée dans les « fonctions » les plus solennelles de l'Eglise, comme sont celles de la Chapelle pontificale. Il y a donc lieu de la rétablir largement, elle aussi, dans les cérémonies ecclésiastiques, spécialement dans les plus insignes basiliques, dans les églises cathédrales, dans celles des Séminaires et autres Instituts ecclésiastiques qui disposent d'ordinaire de tous les moyens nécessaires.


5. L'Eglise à toujours reconnu et favorisé le progrès des arts, en admettant au service du culte tout ce que le génie a trouvé de bon et de beau dans le cours des siècles, sans toutefois violer jamais les lois de la liturgie. C'est pourquoi la musique plus moderne est aussi admise dans l'église, car elle fournit, elle aussi, des compositions dont la valeur, le sérieux, la gravité les rendent en tous points dignes des fonctions liturgiques.

Néanmoins, par suite de l'usage profane auquel la musique moderne est principalement destinée, il y aurait lieu de veiller avec grand soin sur les compositions musicales de style moderne; l'on n'admettra dans l'église que celles qui ne contiennent rien de profane, ne renferment aucune réminiscence de motifs usités au théâtre, et ne reproduisent pas, même dans leurs formes extérieures, l'allure des morceaux profanes.


6. Parmi les divers genres de musique moderne, il en est un qui semble moins propre à accompagner les fonctions du culte, c'est le style théâtral, qui obtint une si grande vogue au siècle dernier, surtout en Italie. Par sa nature même, il présente un opposition complète avec le chant grégorien, la polyphonie classique, partant avec la règle capitale de toute bonne musique sacrée. En outre, la structure intime, le rythme, et ce qu'on appelle le conventionalisme de ce style ne se plient que malaisément aux exigences de la véritable musique liturgique.


III - TEXTE LITURGIQUE -


7. La langue propre de l'Eglise romaine est la langue latine. Il est donc interdit de chanter quoi que ce soit en langue vulgaire pendant les fonctions solennelles de la liturgie; et, plus encore, de chanter en langue vulgaire les parties variantes ou communes de la messe et de l'office.


8. Pour chacune des fonctions de la liturgie, les textes qui peuvent être chantés en musique et l'ordre à suivre dans ces chants étant fixés, il n'est permis ni de changer cet ordre, ni de remplacer les textes prescrits par des paroles de son choix, ni de les omettre en entier ou même en partie dans les cas où les rubriques n'autorisent pas de suppléer par l'orgue quelques versets du texte pendant que ceux-ci sont simplement récités au chœur.

Il est seulement permis, suivant la coutume de l'Eglise romaine, de chanter un motet au Très Saint-Sacrement après le Benedictus de la messe solennelle. Il est encore permis, après le chant de l'Offertoire prescrit de la messe, d'exécuter, pendant le temps qui reste, un court motet composé sur des paroles approuvées par l'Eglise.

Le texte liturgique doit être chanté tel qu'il est dans les livres, sans altération ni transposition de paroles, sans répétitions indues, sans suppression de syllabes, toujours intelligible aux fidèles qui l'écoutent.


IV - FORME ESTÉRIEURE DES COMPOSITIONS SACRÉES -


10. Chacune des parties de la messe et de l'ensemble des fonctions sacrées doit conserver, même au point de vue musical, le cachet et la forme que la tradition ecclésiastique leur a donnée et qui se trouvent parfaitement reproduits dans le chant grégorien. Différente est donc la manière de composer un introït, un graduel, une antienne, un psaume, une hymne, un Gloria in excelsis, etc.


11. L'on observera en particulier les règles suivantes:

a) Le Kyrie, le Gloria, le Credo, etc., de la messe doivent garder l'unité de composition propre à leur texte. Il n'est donc pas permis de les composer en morceaux séparés, de façon à ce que chacune de ces parties forme une composition musicale complète et puisse se détacher du reste et être remplacée par une autre,


b) Dans l'office des Vêpres, l'on doit en général observer les règles du cérémonial des évêques; Il prescrit le chant grégorien pour la psalmodie et permet la musique figurée pour les versets du Gloria Patri et pour l'hymne. Il sera permis néanmoins, dans les grandes solennités, d'alterner le chant grégorien du chœur avec çe qu'on appelle les faux bourdons ou des versets de même genre convenablement composés. L'on pourra même accorder de temps à autre que les divers psaumes soient entièrement chantés en musique, pourvu que ces compositions musicales respectent la forme propre à la psalmodie, c'est-à-dire pourvu que les, chantres imitent entre eux la psalmodie, soit avec des motifs nouveaux, soit avec ceux qui sont empruntés ou imités du chant grégorien. Sont donc définitivement exclus et prohibés les psaumes appelés di concerto (de concert),

c) Les hymnes de l'Eglise doivent conserver la forme traditionnelle de l'hymne. Il n'est donc pas permis de composer, par exemple, le Tantum Ergo de façon à faire de la première strophe une romance, une cavatine, un adagio, et du Genitori un allegro,


d) Les antiennes des Vêpres doivent d'ordinaire conserver dans le chant la mélodie grégorienne qui leur est propre. Si pourtant, dans quelque cas particulier, on les chante en musique, on ne devra jamais leur donner ni la forme d'une mélodie de concert ni l'ampleur d'un motet ou d'une cantate.


V - CHANTRES -

12. Les chants réservés au célébrant à l'autel et aux ministres doivent toujours et exclusivement être en chant grégorien, sans aucun accompagnement d'orgue; tous les autres, chants liturgiques appartiennent au chœur des lévites, c'est pourquoi les chantres de l'Eglise, même séculiers, remplissent véritablement le rôle de chœur ecclésiastique. Par conséquent, la musique qu'ils chantent doit conserver, au moins dans sa majeure partie, le caractère d'une musique de chœur. Ce n'est pas qu'il faille par le fait exclure tout solo, mais celui ci ne doit jamais prédominer dans la cérémonie de telle façon que la plus grande partie du texte liturgique soit exécutée de cette manière ; il doit plutôt avoir le caractère d'un simple signal ou d'un trait mélodique, et demeurer strictement lié au reste de la composition en forme de chœur.


13. En vertu du même principe, les chantres remplissent dans l'église un véritable office liturgique ; partant, les femmes étant incapables de cet office, ne peuvent être admises à faire partie du chœur ou de la maîtrise. Si donc on veut employer les voix aiguës de soprani et de contralti on devra les demander à des enfants, suivant le très antique usage de l'Eglise.


14. Enfin, on n'admettra à faire partie de la maîtrise de l'église que des hommes d'une piété et d'une probité de vie reconnues, qui, par leur maintien modeste et pieux durant les fonctions liturgiques se montrent dignes de l'office qu'ils remplissent. De même, il conviendra que les chantres revêtent, pour chanter à l'église, l'habit ecclésiastique et la cotta et, s'ils sont dans des tribunes trop exposées aux regards du public, qu'ils soient protégés par des grilles.


VI - ORGUE ET INSTRUMENTS -


15. Quoique la musique propre de l'Eglise soit la musique purement vocale, cependant l'on permet aussi la musique avec l'accompagnement d'orgue. En certains cas particuliers, l'on admettra aussi d'autres instruments, dans de justes limites et avec les précautions convenables, mais jamais sans une autorisation spéciale de l'Ordinaire, selon la prescription du cérémonial des évêques.


16. Comme le chant doit toujours primer, l'orgue et les instruments doivent simplement le soutenir, et ne le dominer jamais.


17. Il n'est pas permis de faire précéder le chant de longs préludes ou de l'interrompre par des morceaux d'intermèdes.


18. Le son de l'orgue dans l'accompagnement du chant, dans les préludes, intermèdes et autres morceaux semblables, doit non seulement conserver le cachet propre à cet instrument, mais encore participer à toutes les qualités de la vraie musique sacrée, qualités précédemment énumérées.


19. L'usage du piano dans l'église est interdit, comme aussi celui des instruments bruyants ou légers, tels que le tambour, la grosse caisse, les cymbales, les clochettes, etc.


20. Il est rigoureusement interdit à ce qu'on appelle fanfare de jouer dans l'église; l'on pourra seulement, en une circonstance spéciale et avec la permission de l'Ordinaire, admettre dans les instruments à vent un choix limité, judicieux et proportionné à la grandeur de l'édifice, pourvu toutefois que la composition et l'accompagnement à exécuter soient d'un style grave, convenable, et semblable en tout point au style propre à l'orgue.


L'Ordinaire peut autoriser la fanfare dans les processions qui se font hors de l'église, mais celle-ci doit s'abstenir de jouer tout morceau profane. Il serait à désirer, en ces occasions, que le concert musical se bornât à accompagner quelque cantique religieux en latin ou en langue vulgaire exécuté par les chantres ou par les pieuses Congrégations qui prennent part à la procession.


VII - DURÉE DE LA MUSIQUE LITURGIQUE -


22. Il n'est pas permis, sous prétexte de chant ou de musique, de faire attendre le prêtre à l'autel plus que ne le comporte la cérémonie liturgique. Suivant les prescriptions ecclésiastiques, le Sanctus de la messe doit être achevé avant l'Elévation, et par suite le célébrant doit avoir, lui aussi, sur ce point égard aux chantres. Le Gloria et le Credo, selon la tradition grégorienne, doivent être relativement courts.


23. En général, il faut condamner comme un abus très grave la tendance à faire paraître, dans les fonctions ecclésiastiques, la liturgie au second rang et pour ainsi dire au service de la musique, alors que celle-ci est une simple partie de la liturgie et son humble servante.


VIII - MOYENS PRINCIPAUX -


24. Pour assurer la parfaite exécution de tout ce qui vient d'être établi ici, que les évêques instituent dans leurs diocèses, s'ils ne l'ont déjà fait, une Commission spéciale composée de personnes vraiment compétentes en matière de musique sacrée; qu'ils lui confient de la manière qu'ils jugeront plus opportune le soin de surveiller la musique exécutée dans leurs églises; qu'ils ne veillent pas seulement a ce que la musique soit bonne en elle-même, mais encore a ce qu'elle soit en rapport avec la capacité des chantres, et toujours bien exécutée.


25. Conformément aux prescriptions du Concile de Trente, que tous les membres des Séminaires, du clergé et des Instituts ecclésiastiques étudient avec soin et amour le chant grégorien traditionnel ci-dessus loué; que les supérieurs n'épargnent à cet égard ni l'encouragement, ni l'éloge à leurs jeunes subordonnés. De même, partout ou faire se pourra, que l'on établisse parmi les clercs une Schola cantorum en vue de l'exécution de la polyphonie sacrée et de la bonne musique liturgique.


26. Dans les leçons ordinaires de liturgie, de morale, de droit canon données aux élèves en théologie, qu'on ne néglige pas de traiter les points qui regardent plus particulièrement les principe et les lois de musique sacrée, et qu'on cherche à en perfectionner la doctrine par des détails particuliers touchant l'esthétique de l'art sacré afin que les clercs ne quittent pas le Séminaire dépourvus de toutes ces notions, nécessaires aussi à la parfaite culture ecclésiastique.


27. Qu'on ait soin de rétablir, au moins dans les églises principales, les anciennes Scholœ cantorum; cela s'est réalisé déjà, avec les meilleurs fruits, dans un bon nombre d'endroits. Il n'est pas difficile au clergé zélé d'établir ces Schola jusque dans les moindres églises et dans celles de la campagne; il y trouve même un moyen très aisé de grouper autour de lui les enfants et les adultes, pour leur propre profit et l'édification du peuple.


28. Qu'on ait soin de soutenir et de favoriser le mieux possible les écoles supérieures de musique sacrée là où elles existent déjà, de concourir à les fonder là où il ne s'en trouve pas encore. Il est extrêmement important que l'Eglise veille elle-même à l'instruction de ses maîtres de chapelle, de ses organistes et de ses chantres, suivant les vrais principes de l'art sacré.


IX - CONCLUSION -


29. Enfin, l'on recommande aux maîtres de chapelle, aux chantres, aux membres du clergé, aux supérieurs des Séminaires, des Instituts ecclésiastiques et des communautés religieuses, aux curés et recteurs des églises, aux chanoines des collégiales et des cathédrales, et surtout aux Ordinaires diocésains, de favoriser avec un grand zèle ces sages réformes depuis longtemps désirées et que tous, d'un commun accord, demandaient, afin de ne pas exposer au mépris l'autorité même de l'Eglise qui, à plusieurs reprises, les a établies et les impose de nouveau aujourd'hui.

Donné de notre palais apostolique du Vatican, le jour de la vierge et martyre sainte Cécile, 22 novembre 1903, l'année première de notre Pontificat.

PIE X PAPE

mercredi 12 février 2014

Lettre de Marc Winckler à Jean Vaquié

« Cher Monsieur,
 
C’est bien volontiers que je réponds à votre demande. La plupart des prêtres auxquels j’ai fait part de mon témoignage m’ont aimablement répondu qu’ils ne me croyaient pas. Tant pis pour eux.
J’étais interprète à l’État-Major [du Maréchal] Juin en Italie (1944-1945) et avais été invité à me joindre au « groupe d’amitié du patriarcat romain » dont l’aumônier, Mgr Sergio Pignedoli (fait cardinal par Paul VI et un moment en balance avec Luciani, après la mort du dit Paul VI)  travaillait à préparer les esprits des princes à un changement d’orientation. De fait quelques-uns devinrent francs-maçons, tel Giulio Sacchi actuellement gouverneur de la Cité du Vatican. Mon nom m’ayant fait passer pour juif (car plusieurs familles juives l’ont adopté pour passer  inaperçues) j’ai été invité à assister à la 1° réunion d’après-fascisme de la « haute juiverie » romaine. Après quoi les marranes du Vatican m’ont présenté à Montini, juif par sa mère  convertie à l’occasion de son mariage, et aussi par sa famille paternelle (cf. « Livre d’Or » de la noblesse italienne)). Pignedoli, intime de Montini (il devint son coadjuteur à Milan) fut chargé par lui de me sonder et de me préparer à devenir son correspondant à Paris. C’est le 2 janvier 45 à l’occasion d’une réception que je fus présenté par Pignedoli au Prince di Napoli-Rampolla, petit-neveu du Cardinal et vénérable de la loge maçonnique Rampolla, filiale de la loge de Zurich de l’ « Ordo Templi Orientis » à laquelle appartenaient tant le Cardinal Rampolla que son successeur Gasparri. Montini que tout prédisposait à être pris en main par la maçonnerie, non seulement par sa famille, mais par ses mœurs spéciales (nombreux scandales étouffés), entra au Secrétariat d’État sous Gasparri. Son affiliation à la loge Rampolla m’a été clairement affirmée par Pignedoli, qui en était membre et souhaitait que j’y sois initié. La future élection de Montini, le changement d’orientation de l’Église, l’ouverture au monde, la démocratisation et la soviétisation des structures, l’œcuménisme, tout cela m’a été dit, d’une voix un peu altérée, mais sans trop de détours, tandis que nous nous rendions à pied chez le Prince de Naples, dignitaire d’autre part de l’Ordre de Malte où les FM se sont infiltrés nombreux depuis le XVIII siècle.
 
Il y aurait encore beaucoup à dire sur Montini, mais l’essentiel est là. Ce nouvel « Anaclet II » n’ayant pas eu de St Bernard pour le dénoncer, ni de Chrétienté pour le combattre, a pu appliquer impunément (ici-bas) le plan de l’Antéchrist. Je vous certifie ce témoignage au pied du tabernacle (la chapelle est au-dessus de mon bureau) pour l’honneur de la Vérité ; et je vous prie de croire, cher monsieur, à mon meilleur dévouement ».
 
Marco Winckler (24 avril 1982)
PS : N’ayant pas donné suite aux propositions de Montini et de Pignedoli, Montini chargea Maritain, alors ambassadeur auprès du Saint-Siège (grâce au misérable G. Bidault) d’intervenir auprès de mon général (Le Coulteux de Caumont) pour me renvoyer en France…
 
Source : La voix des Francs Catholiques, n°21, juillet 2011

Lettre de Marc Winckler à Mgr. Guérard des Lauriers o.p.

«Mon Révérend Père,

Vous m'avez demandé de mettre par écrit le récit de quelques souvenirs romains vieux de trente ans. Les hasards de la guerre m'avaient conduit en Italie après diverses aventures et mésaventures dont plusieurs arrestations par les Allemands, notamment après un article
de journal, paru en 1942, qui me désignait comme Juif. Et voilà un catholique mis d'abord aux abois, puis à toutes sortes de caresses et d'honneurs lorsque la roue eut enfin tourné. Elle commença à tourner en ce qui me concerne dans la joie spirituelle, jusqu'au
jour où elle tourna mal.

Jouissant du privilège immense à l'époque de la Poste aux Armées, qui permettait d'acheminer vers la France et vice-versa la correspondance des nombreux Monseigneurs, Révérends et Révérendes de toute couleur (d'habit) résidant à Rome, j'avais fait la connaissance de beaucoup de monde et appris bien des choses, car la Cour Pontificale était encore une Cour. A mi-chemin entre l'Orient et l'Occident, entre hier et demain, elle était pleine de survivances et de saveurs qu'on ne connaît plus depuis que les Chefs d'Etats sont des gens bardés de dix sortes de polices armées, et véhiculés à une allure folle dans des sortes de trains de catafalques blindés.

Officier interprète d'italien, je me consacrais aux tâches habituelles dans les Etats-Majors. Il me restait du loisir.

Mes nouveaux amis m'en avaient fait un portrait enthousiaste, en ajoutant : «Il est des nôtres (Mgr Montini)». Comprenne qui pourra. Je garde un souvenir ébloui de ces messes et de ces homélies, dans l'extraordinaire chapelle baroque de la Sapienza, une chapelle pour contes de fées, où l'assemblée chaleureuse créait une sorte d'ambiance et comme une grâce sensible, sans que je sache trop à quoi l'attribuer. Je m'en veux de n'avoir conservé aucun souvenir précis d'aucun passage de ces homélies ; c'était chatoyant, il y avait des mots qui jouaient comme la lumière dans un haut vitrail.

Nous étions contents et lui aussi. Au demeurant, la mode était à l'éloquence. Le Souverain Pontife régnant avait involontairement imposé son style et chacun s'essayait à être svelte, à être ascète, à être mystique, à avoir de longues mains (je ne sais pas si l'on allait jusqu'à dormir par terre). Dans son bureau, Mgr MONTINI était actif, direct et précis. Il aurait souhaité que je pousse, à Paris, à la création d'une association semblable à la sienne. Les diplômés parisiens n'ont pas eu besoin de moi ; quant aux étudiants ils ont su montrer, en 1968, de quoi ils sont capables une fois bien imprégnés et chauffés à point.

(Mgr Montini était à cette époque l’aumônier de l'Association des diplômés d'Université à Rome. Il était alors Substitut au Secrétariat d'Etat.)

Le lobby qui avait cru au début du siècle réussir son coup avec le Cardinal RAMPOLLA, c'est-à-dire hisser l'un des siens au sommet de l'Eglise pour la remodeler à sa propre image, ce groupe de pression n'avait pas désarmé. Et l'espoir de la victoire était d'autant plus vif, l'impatience d'autant plus grande, que les circonstances avaient joué en sa faveur depuis la mort de S.S. PIE X.

La révolution avait assis sa puissance sur un système financier prodigieux, sur «la victoire des démocraties», sur un empire soviétique fortifié, sur de nouveaux moyens mondiaux de propagande et de pression, et sur le discrédit, en raison de l'effondrement hitlérien, de tout ce qui ressemblait à l'anticommunisme ; et dans l'Eglise, sur la peur, pour beaucoup d'évêques, de religieux et de séculiers, de passer pour des vaincus ou des attardés.

Je me rappelle encore les distinctions établies par PIE XII dans son discours de Noël 1944 au sujet du mot «démocratie». Cela, comme on dit, ne passa pas la rampe. Et je me rappelle la confidence désolée du Cardinal SUHARD qui avait suivi le conseil du Nonce de se rallier au Gouvernement de Vichy, dont la «légitimité» n'était pas reconnue par celui de la France «Libre». Le bon Cardinal ne se remettait pas de la poignée de main manquée. Quant au Cardinal TISSERANT, il ruminait ce qui est devenu, lors du Concile, le point de départ du décret sur la liberté religieuse. Il était, quant à lui, le chef incontesté du «parti gaulliste en soutane», et il avait l'œil - si l'on peut dire - sur tous les évêques de France. Qui me contredira si j'avance que RONCALLI et MONTINI lui doivent leur élection ?

Mais qui, en revanche, a préparé de longue main la possibilité de ces élections dont l'une a rendu possible la suivante ? Il est facile de répondre, mais veuillez enregistrer qu'il est dangereux de s'aventurer sur ce terrain. Je comprends parfaitement l'attitude prudente de ceux qui préfèrent croire que c'est l'Esprit Saint qui a Lui-même manifesté Son choix. Peut-être l'avait-Il manifesté autrement, peut-être n'en a-t-on pas tenu compte, seul le Bon Dieu pourrait nous le dire puisque les Cardinaux, paraît-il, s'engagent au secret...

Quoi qu'il en soit, depuis l'arrivée de Jacques MARITAIN comme ambassadeur auprès du Saint Siège, cadeau bête et méchant de Georges BIDAULT, j'avais cessé de servir la messe à Mgr MONTINI. Car en cette conjoncture, les membres de l'association ne se gênèrent plus pour affirmer leur progressisme. Mes amis, disons le mot, étaient franchement modernistes. MARITAIN avait envahi le groupe MONTINI, et il n'y en
avait plus que pour l'humanisme intégral. J'avais fui.

Mais puisque c'est un témoignage que vous me demandez, j'affirme qu'il y avait à Rome précisément ce que vous cherchez à savoir, et que vous me permettrez d'appeler le lobby montinien, ou le groupe Rampolla, et qu'un actif Monseigneur, ayant beaucoup d'entregent, que je rencontrais souvent et pour qui j'avais une sincère amitié, apprenant que j'avais été présenté à Mgr MONTINI, que je l'admirais et que j'avais l'air de le suivre, me crut sans doute assez mûr pour faire un pas décisif dans la voie de l'efficacité.

Je me rappelle le ton mystérieux qu'il prit - Mgr PIGNEDOLI, c'est de lui qu'il s'agit - pour me parler de la grande revanche qu'on préparait. Il me fit le récit tout au long du veto de l'Autriche, dont le résultat, pour lui, fut de replonger l'Eglise pendant un demi-siècle dans l'obscurantisme et l'isolement du Moyen-Age ; il insista sur la nécessité d'une ouverture et d'une adaptation de l'Eglise ; enfin il me fit entrevoir une ère nouvelle, et pour très bientôt, et avec un succès certain, grâce à celui qui réussirait là ou le Cardinal RAMPOLLA eut le malheur d'échouer.

Je le regardai avec de grands yeux. Il crut que cela signifiait : «Mais qui est-ce ?» ; il répondit sans parabole : «Vous lui servez la Messe tous les jeudis».

J'avoue que je devais avoir l'air bête ; et je l'étais, car j'étais à cent lieues de me douter de ce qu'on attendait de moi pour le succès de MONTINI, le nouveau désiré des collines temporelles et des nations (unies).

Il fallut pourtant bien que je reprenne mes esprits. C'était sérieux. Le sympathique Mgr PICNEDOLI était fort lié avec MONTINI, puisqu'il le suivit dans son «honorable» éloignement milanais ; il est actuellement cardinal chargé de missions délicates (comme d'engager les Catholiques du Viêtnam à accueillir pour l'honneur de Dieu et pour la paix les troupes communistes du Viêtcong).

Nous étions le 2 janvier 1945, le soir tombait ; il y avait réception chez le vénérable prince E. de NAPLES RAMPOLLA, et mon cher Monseigneur m'avait fait inviter. C'était dans un palais cossu, de style 1880 ; les salons étaient brillants, les lustres rutilants, les hôtes, les invités respiraient l'aisance ; les parfums des jeunes filles et des femmes, l'odeur des alcools, des cigarettes blondes, toute cette ambiance à la fois somptueuse et mondaine me changeait des papalini, ces patriciens qui, depuis la prise de Rome, avaient condamné la porte principale de leur palais en signe de protestation et dès lors n'avaient point bénéficié des faveurs de la Maison de Savoie.

Vous le savez déjà, mon cher Père, je n'ai pas répondu aux avances du «Vénérable» prince qui était pour ainsi dire le miroir aux alouettes du fameux lo (là aussi, «vous m'avez compris»). Je pensais, en sortant de cette réception, au titre d'un petit livre italien que je lisais dans mon enfance: «Le cose più grande di lui» (Les choses qui le dépassent) ; et je pensais davantage encore au fameux « Santo » de Fogazzaro...

Sans doute y a-t-il eu, y aura-t-il encore des caractères d'une trempe particulière, capables, au mépris des larmes et du sang, de dire : «Je m'arrangerai pour...» et «Je ferai en sorte que...», mais pousser la fourberie au degré de perfection où nous la voyons aujourd'hui, cela tient du mysterium iniquitatis, mystère si puissant qu'il va jusqu'à rendre aveugles et sourds même les meilleurs, sans oublier les «saints» prêtres disciples de S. Timoré... Ils n'ont, par exemple, jamais entendu parler des maladies et de la mort étrange de PIE XII ; et quand on leur donne des preuves, ils s'empressent de les récuser ou de faire le silence. Ce sont des silencieux de l'Eglise, des bons toutous muets.

Heureusement, il existe encore quelques «Domini canes» !

Je vous prie d'agréer, etc.»

Le 11 février 1977.

Marc WINCKLER. »

mardi 11 février 2014

Le prêtre fantôme

Le R.P. Dom Gaspar Lefebvre, O.S.B., écrivait ses souvenirs sur le Canada catholique qu’il vient de visiter, les termine par cette légende, après son départ de Québec pour l’Europe (Bulletin paroissial liturgique de Saint-André, 10 et 17 avril 1932).
 
…Tandis que nous nous approchions de l’Océan, je croisai par la pensée les vaillants missionnaires qui arrivèrent, il y a quelques siècles, par ce même chemin mouvant et apportèrent à ce pays le Dieu de l’eucharistie et la foi catholique.
Je me plongeai alors dans la lecture des jolies légendes qui restent encore accrochées aux rives du Saint-Laurent et je m’attardai à ce dernier récit qui renferme une si belle leçon :
On voyait jadis sur la petite île du Pas, près de Sorel, une chapelle modeste bâtie sur un terrain foulé autrefois par le pied de l’Iroquois. Or, les voisins constatèrent un soir que la pieuse petite lampe du sanctuaire n’était plus seule à y briller, sur le coup de minuit, mais qu’une autre lumière, plus vive encore, s’y reflétait dans la nuit.
Après bien des hésitations un groupe de paroissiens se décidèrent à aller voir et s’approchèrent de l’une des fenêtres de la petite église. Or, que virent-ils au pied de l’autel, sinon un prêtre revêtu des ornements sacerdotaux, immobile et semblant prier, la tête penchée devant le tabernacle? Nos explorateurs n’en voulurent pas savoir davantage ce soir-là et réintégrèrent à toutes jambes leurs foyers respectifs.
Cependant l’un deux, Jacques Valois, homme de courage et d’une grande piété, résolut de pénétrer de nuit dans l’église en invoquant le secours de Dieu pour éclaircir ce mystère.
-Je verrai bien, dit-il, si ce prêtre est vivant ou trépassé, et si, parfois, il aurait besoin de prières.
Qui fut dit fut fait. Valois entra un soir dans la chapelle, pria dévotement et attendit les événements.
Il n’eut pas bien longtemps à attendre, car à minuit la porte de la sacristie s’ouvrit et laissa passer un prêtre en soutane qui vient allumer un cierge de chaque côté de l’autel et préparer celui-ci pour célébrer la messe. Puis il retourna dans la sacristie, tandis que Valois, guère rassuré, égrenait son chapelet avec confiance et curiosité. Puis le prêtre revint, revêtu de la chasuble et portant avec respect le calice qu’il déposa sur l’autel. Jacques Valois s’approcha et se prépara à répondre aux prières de la messe. Et celle-ci commença et se déroula selon tous les rites de la liturgie.
Puis le servant de messe vivant suivant à la sacristie le prêtre fantôme qu’il venait d’assister. Celui-ci déposa ses ornements, s’inclina devant le Crucifix et se tourna vers Valois, qui n’avait presque plus peur.
-Depuis plusieurs années, dit le prêtre d’une voix lointaine, je suis venu ici chaque nuit pour reprendre une messe que j’avais eu le malheur, un jour, de dire trop vite. J’étais condamné à cette pénitence pour aussi longtemps qu’il ne viendrait pas une personne courageuse pour me la servir. Ma pénitence est terminée. Je vous laisse ma bénédiction.
Et ce fantôme disparut à jamais…
Dom Gaspar LEFEBVRE, O.S.B.
N.D.L.R. – Pour avoir un jour, dit une Messe trop vite, a dit ce prêtre fantôme! Alors, combien de prêtres fantômes seraient-ils obligés d’accomplir cette même pénitence, avec toutes les Messes (des temps modernes) qui sont expédiées (garrochées) au bout de quinze ou vingt minutes?

jeudi 6 février 2014

À l'école de Dom Bernard Maréchaux

Jesu, rex patriarcharum,
Jesu, magister apostolorum,
Jesu, doctor evangelistarum,
Miserere nobis.
 
Jésus, roi des patriarches,
Jésus, maître des apôtres,
Jésus, docteur des évangélistes,
Ayez pitié de nous.

 

L’apôtre saint Paul nous représente les apôtres et les prophètes comme les fondements de l’Église, les uns et les autres reposant sur la pierre fondamentale, sur la pierre angulaire qui est Jésus-Christ. Annoncé dans le Testament ancien, révélé dans le nouveau, le Verbe incarné est la clef de l’un et de l’autre.


Il est appelé le roi des patriarches. La note de sa royauté est très saillante dans l’ancienne loi. Par sa nature humaine, il descend des patriarches; par sa nature divine, il est leur roi.

 

Les patriarches et les prophètes, puis les apôtres, sont les sommets de l’humanité; les uns et les autres se rattachent à cette cime unique et divine qui est Jésus. Elle domine d’une incommensurable hauteur les deux versants qui constituent les annales humaines.


Jésus est roi des deux côtés : en lui se concentrent les dignités royale, sacerdotale et prophétique, qui caractérisent les oints du Seigneur : son onction à lui est incomparablement plus excellente. Il est LE CHRIST.


Roi partout, roi toujours, il déploie, dans les temps de la nouvelle alliance, les splendeurs de sa doctrine : il est le maître des apôtres, il est le docteur des évangélistes.


«Vous n’avez qu’un maître, dit-il lui-même à ses apôtres, et c’est le Christ (Mat. XXIII, 10).» Maître issu du Père, maître infaillible, il parle, et dans le son de sa voix paraît une assurance divine, une autorité que les pharisiens n’ont pas. Il dit : « Je suis la Vérité… Je suis la Lumière. » Et personne n’ose lui dire : Vous n’êtes pas la Vérité.


Il dépose en ses apôtres les semences de toutes les vérités qu’il veut porter à la connaissance du monde; puis, par le Saint-Esprit, il les fait entrer en la pleine intelligence de toutes ces vérités sans lesquelles il n’y a pas de salut possible. Il se montre ainsi le maître intérieur comme il est le maître extérieur. Des maîtres extérieurs, il en prend et il en emploie pour semer sa doctrine; mais il reste l’unique maître intérieur. Et c’est en ce sens qu’il dit à ses apôtres, ces maîtres des nations : « Ne prenez pas le nom de maîtres, l’unique maître pour vous c’est le Christ. »

 
Tout spécialement il s’empare de l’esprit des évangélistes, et leur dicte l’expression exacte, impeccable, qui rend la physionomie de ses divins enseignements. Il est leur docteur; et sa doctrine est strictement une, bien que diversifiée en quatre sources qui ont chacune leur caractère, bien que déversée en quatre fleuves qui prennent chacun pour ainsi dire leur direction.


Ô Jésus, roi des patriarches, gouvernez l’humanité; ô Jésus, maître des apôtres, enseignez-nous intérieurement toutes les vérités qui découlent de la tradition apostolique par les lèvres de votre Église; ô Jésus, docteur des évangélistes, donnez-nous l’intelligence et l’amour des paroles de vie qui sont contenues dans les saints évangiles.

 
Dom Bernard Maréchaux – Les Litanies du Saint-Nom de Jésus, p. 100-102

mardi 4 février 2014

Monseigneur Lefebvre embarrassant



Ce sermon un peu poussiéreux que nous mettons à votre disposition est d’une époque qu’on aimerait oublier à Menzingen ou tout le moins cacher. On s’amuse à faire un Mgr Lefebvre comme il nous plaie tel un Jacques-Régis du Cray alias Ennemond alias Côme de Pévigny. Ce triste personnage est repris régulièrement sur tradinews qui sont censés faire un visage de ladite tradition, mais qui dirige le monde vers un rallierisme avec des textes bien choisis. L’institut du Bon Pasteur, la Fraternité Saint-Pierre et autres ne peuvent faire partie de la Tradition puisqu’ils ont intégré une secte qui n’est pas catholique.
 Très rarement ils passent quelques textes vraiment catholiques pour pouvoir endormir les éternels naïfs. Il faut savoir que la vérité ne se mélange pas avec l’erreur. On n'attrape pas des mouches avec du vinaigre. Avec cette prudence, nous reconnaîtrons les traditionalistes face aux modernistes et aux libéraux.
Nous n'utiliserons pas la méthode de plusieurs de prendre des textes et couper pour choisir les bouts qui feront notre affaire pour amener les fidèles vers une nouvelle pensée et par ceci faire le jeu du diable de l'hypocrisie.
Après cette petite précision, laissons Mgr Lefebvre nous poser certaines questions tout à fait légitimes en ces temps et que plusieurs évitent comme la peste.


Homélie Monseigneur
Pâques
30 mars 1986
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Permettez-moi, avant d’évoquer quelques considérations sur cette belle fête de Pâques, sur les sentiments qui doivent nous animer en ce beau jour, de compléter — surtout pour vous, mes chers séminaristes, qui allez dans quelques instants prendre le chemin des vacances — vous allez rencontrer vos parents, vos amis, et je ne voudrais pas que ce que je vous ai dit jeudi dernier à l’occasion de la messe chrismale, soit mal interprété par vous.
Nous le savons tous, mes bien chers frères, mes bien chers amis, nous savons tous que nous sommes actuellement devant une situation dans l’Église qui est de plus en plus inquiétante. Ce n’est pas depuis aujourd’hui que le problème se pose. Le problème se pose depuis le concile particulièrement et depuis l’application des réformes du concile.
Or, nous assistons à une espèce d’escalade de l’œcuménisme pratiqué par le pape et par les évêques. Ce n’est pas un mystère ; c’est vu et su par tout le monde ; c’est présenté à la télévision, par tous les moyens de communication sociale. Tout le monde est bien au courant de cet œcuménisme qui est pratiqué aujourd’hui par les autorités de l’Église.
Alors cet œcuménisme nous pose – à vous j’en suis certain – chers fidèles, chers amis, un grave problème de conscience. Pour nous, nous voulons et nous avons décidé – et je ne pense pas que nous ayons l’intention de changer : nous voulons rester catholiques. Et le catholicisme pour nous, signifie : garder la foi, les sacrements, le Saint Sacrifice de la messe, le catéchisme que l’Église a enseigné, a légué, comme un héritage précieux pendant dix-neuf siècles, à des générations et des générations de catholiques. Nous-mêmes nous avons reçu dans notre enfance, dans notre jeunesse, dans notre adolescence, notre âge mûr, nous avons reçu ce précieux héritage et nous y sommes attachés comme à la prunelle de nos yeux, en pensant que cette foi qui nous a été léguée et tous les moyens de garder la foi qui nous ont été légués, d’entretenir la grâce en nous, sont un moyen nécessaire, absolument indispensable pour sauver nos âmes, pour aller au Ciel. Ce n’est pas pour autre chose que nous voulons demeurer catholiques : pour sauver nos âmes.
Alors, lorsque j’avais l’occasion de vous dire jeudi dernier, mes chers amis, que nous avons l’impression de nous éloigner toujours davantage de ceux qui pratiquent cet œcuménisme insensé, contraire à la foi catholique — je devrais dire plutôt, que demeurant catholiques et décidant de demeurer catholiques jusqu’à la fin de nos jours — ce sont eux que nous voyons s’éloigner de nous, parce que nous demeurons catholiques et qu’ils s’éloignent toujours un peu plus de la profession de cette foi catholique qui est le premier précepte qui est celui d’un baptisé, de professer sa foi.
Ce n’est pas pour rien que nos parrain et marraine ont prononcé le Credo le jour de notre baptême – et que nous-mêmes ensuite – à la confirmation que nous avons reçue, nous avons répété par nous-mêmes, ce Credo, qui nous attache définitivement à la foi catholique.
Or, c’est un fait certain, connu désormais de tout le monde, depuis surtout le voyage du pape au Maroc, au Togo, dans les Indes, et dans les communiqués que le Saint-Siège officiellement a fait paraître encore ces jours derniers, pour dire que le pape avait l’intention de se rendre chez les juifs, pour prier avec eux, que le pape avait l’intention de se rendre à Taizé pour prier avec les protestants et qu’il avait l’intention – il l’a dit lui-même publiquement à Saint-Paul-hors-les-murs – de faire une cérémonie qui réunirait toutes les religions du monde pour prier avec elles, à Assise, pour la paix – à l’occasion de l’Année de la paix qui a été proclamée par l’O.N.U. et qui pour l’O.N.U. doit avoir lieu le 24 octobre. Voilà les faits. Vous les avez lus dans les journaux ; vous les avez entendus à la télévision, pour ceux qui ont la télévision.
Que pensons-nous ? Quelle est la réaction de notre foi catholique ? C’est cela qui compte, ce n’est pas notre sentiment personnel, une espèce d’impression ou une constatation quelconque. Il s’agit de savoir ce qu’en pense l’Église catholique ; ce que l’on nous a enseigné ; ce que notre foi nous dit devant ces faits.
C’est pourquoi je me permets de vous lire quelques mots très courts que j’ai recueillis dans le Dictionnaire de Droit canonique, du chanoine Naz, qui est officiellement le commentaire du Droit canon qui est la loi de l’Église depuis les premiers temps de l’Église. Le Droit canon édité et publié sur l’ordre du pape Pie X et publié par Benoît XV, le Droit canon est l’expression de la loi de l’Église qui a été la sienne pendant dix-neuf siècles.
Que dit-il à propos de ce que l’on appelle la communicatio in sacris, c’est-à-dire la participation à un culte a-catholique, participation d’un culte non catholique ? Je crois que c’est bien ce qui nous occupe ; c’est bien ce que nous voyons : la participation du pape et des évêques à des cultes non catholiques.
Qu’est-ce qu’en dit l’Église ?
La communicatio in sacris, comme le dit l’Église en latin : Elle est interdite avec les non-catholiques par le canon 1258, paragraphe 1, qui dit : “Il est absolument interdit aux fidèles d’assister ou de prendre part activement aux cultes des a-catholiques de quelque manière que ce soit”. De quelque manière que ce soit.
Et voici comment il l’explique — et cela je ne fais que copier ce qui se trouve dans le commentaire officiel de la doctrine de l’Église — :
« La participation est active et formelle quand un catholique participe à un culte hétérodoxe, c’est-à-dire non catholique, avec l’intention d’honorer Dieu par ce moyen, à la manière des non-catholiques ».
Je répète... (Monseigneur relit le paragraphe).
C’est exactement ce devant quoi nous nous trouvons. Je pense réellement que les évêques et que le pape ont l’intention d’honorer Dieu, par le culte non catholique, auquel ils participent. Je ne pense pas me tromper.
« Une telle participation est interdite, sous n’importe quelle forme – quo vis modo – parce qu’elle implique profession d’une fausse religion et par conséquent le reniement de la foi catholique.
« Il n’est permis ni de prier, ni de chanter, ni de jouer de l’orgue dans un temple hérétique ou schismatique en s’associant aux fidèles qui célèbrent leur culte, même si les termes du chant et des prières sont orthodoxes ».
Ce n’est pas moi qui ai écrit cela. C’est écrit en toutes lettres dans le Dictionnaire de Droit canonique par le chanoine Naz, qui fait pièce officielle, qui a toujours été considérée dans l’Église comme un commentaire tout à fait officiel et valable.
« Ceux qui participent ainsi activement et formellement au culte des non-catholiques sont présumés adhérer aux croyances de ces derniers. C’est pourquoi le canon 2316 les déclare suspects d’hérésie et s’ils persévèrent ils sont considérés comme réellement hérétiques. »
Ce n’est pas moi qui le dis, encore une fois. Pourquoi cette législation de l’Église ? Pour nous aider à pratiquer le premier commandement que nous avons de professer notre foi catholique.
Si nous professons notre foi catholique, il nous est impossible, inconcevable de professer une autre foi, un autre culte. Parce qu’en priant dans un autre culte nous faisons profession d’honorer le dieu qui est invoqué par ce culte, par le culte d’une fausse religion. Une fausse religion, c’est honorer un faux dieu ; un dieu qui est une construction de l’esprit ou qui est une idole quelconque, mais qui n’est pas le vrai Dieu.
Comment voulez-vous que les juifs prient le vrai Dieu ? Ils sont formellement, essentiellement contre Notre Seigneur Jésus-Christ, depuis précisément le jour de la Résurrection de Notre Seigneur. Et même avant, puisqu’ils L’ont crucifié.
Mais d’une manière quasi officielle, après la Résurrection de Notre Seigneur. Et ils se sont mis immédiatement à persécuter les disciples de Notre Seigneur et cela pendant des siècles. Comment peut-on prier le vrai Dieu avec les juifs ? Qui est Notre Seigneur Jésus-Christ ? Le Verbe de Dieu. Il est Dieu. Nous n’avons qu’un seul Dieu : Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et qu’un seul Seigneur : Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ce sont les évangélistes qui nous rappellent cela à satiété. Si donc on s’oppose à Notre Seigneur
Jésus-Christ, comme le dit explicitement saint Jean dans ses Lettres : “Qui n’a pas le Fils, n’a pas le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père.”
C’est normal, il n’y a qu’un seul Dieu en trois Personnes. Si l’une des Personnes est déshonorée, est refusée, on ne peut pas honorer les autres Personnes, c’est impossible. C’est détruire la Sainte Trinité. Par conséquent, en déshonorant Notre Seigneur Jésus-Christ, les juifs déshonorent la Sainte Trinité. Comment peuvent-ils prier le vrai Dieu ? Il n’y a pas d’autre Dieu au Ciel, que nous connaissions, qui nous ait été enseigné par notre foi catholique.
Voilà la situation devant laquelle nous nous trouvons. Je ne l’invente pas. Ce n’est pas moi qui le veux, je voudrais mourir pour qu’elle n’existe pas cette situation. Je voudrais donner ma vie. Mais nous nous trouvons devant cette situation. Comment la juger selon notre foi, suivant la doctrine de l’Église ? Nous nous trouvons vraiment devant un dilemme grave, excessivement grave, qui, je crois, n’a jamais existé dans l’Église : Que celui qui est assis sur le siège de Pierre, participe à des cultes de faux dieux. Je ne pense pas que ce ne soit jamais arrivé dans l’Histoire de l’Église.
Quelle conclusion devra nous tirer, peut-être dans quelques mois, devant ces actes répétés de communication à des faux cultes ? Je ne sais pas. Je me le demande. Mais il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape.
Car il semble à première vue — je ne veux pas encore le dire d’une manière solennelle et formelle — mais il semble à première vue — qu’il soit impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement.
Notre Seigneur lui a promis (au successeur de Pierre) d’être avec lui, de garder sa foi, de le garder dans la foi. Comment celui auquel Notre Seigneur a promis de le garder dans la foi définitivement et sans qu’il puisse errer dans la foi, peut-il en même temps être hérétique publiquement et quasi apostasier ?
Voici un problème qui vous concerne tous, qui ne concerne pas moi seulement.
Si l’on nous a persécutés, si maintenant on nous traite comme des gens qui sont presque hors de l’Église, pourquoi ? Parce que nous sommes restés catholiques. Parce que nous avons voulu rester catholiques. Et alors nous constatons que demeurant catholiques, ces personnes s’éloignent toujours davantage de la doctrine catholique et par conséquent s’éloignent de nous. Que voulez-vous que l’on y fasse ? Absolument comme les juifs se sont éloignés de Notre Seigneur. Ils se sont éloignés de Lui toujours davantage, jusqu’à devenir des ennemis jurés de Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors qu’ils auraient dû tous se réunir à Notre Seigneur ; alors qu’ils auraient dû tous suivre la très Sainte Vierge Marie et les apôtres – à l’exception faite de Judas bien sûr – mais tous les disciples de Notre Seigneur, juifs, qui se sont convertis à Notre Seigneur et qui ont suivi Notre Seigneur. Notre religion chrétienne a commencé avec des juifs, des juifs convertis. Pourquoi y en a-t-il un certain nombre qui ont refusé de se convertir malgré toute l’évidence des miracles de Notre Seigneur, l’évidence de sa Résurrection ? Puisque les soldats qui étaient présents ont couru, effrayés, après l’apparition de l’ange et les tremblements de terre qui avaient eu lieu ; effrayés ils sont partis voir les Princes des prêtres pour dire ce qui était arrivé. C’est-à-dire que Notre Seigneur n’était plus là ; qu’il était ressuscité ; qu’il n’y avait plus rien dans le tombeau et qu’ils avaient entendu un tremblement de terre effrayant. Ils venaient apporter leurs constatations, leur témoignage.
Qu’est-ce qu’ont dit les Princes des prêtres ? Au lieu de dire : Ah, vraiment, nous faisons amende honorable ; nous nous sommes trompés ; nous adorons Notre Seigneur Jésus-Christ s’il est ressuscité. Comment ne pas L’adorer ? Comment ne pas Le suivre ? – Non – Qu’ont-t-ils dit aux soldats ? : “Voilà une forte somme d’argent et allez dire dans tout Jérusalem que pendant que vous dormiez, les apôtres sont venus prendre le Corps de Notre Seigneur”.
Alors, comme le dit très bien saint Augustin, en souriant je pense, il dit : “Mais comment ont-ils pu dire que les apôtres ont enlevé le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, comment les ont-ils vus puisqu’ils dormaient ?” Ils n’ont pas pu voir. Ils disaient même que pendant qu’ils dormaient les apôtres sont venus enlever le Corps de Notre Seigneur, donc ils ne les ont pas vus. Mensonge, mensonge, mensonge. C’est le démon qui les a inspirés ; ils sont restés sous l’influence du démon.
Que faire, mes bien chers frères, mes bien chers amis ? Prier. Devant cette situation de l’Église, nous devrions prier matin et soir, jour et nuit, prier la très Sainte Vierge Marie de venir au secours de son Église.
Car c’est un scandale considérable – au vrai terme de scandale – scandale, c’est poussé au péché. Eh bien par ce scandale de l’œcuménisme, par ce scandale de la participation aux cultes de fausses religions, les chrétiens perdent la foi. Les catholiques perdent la foi ; ils n’ont plus la foi dans l’Église catholique. Ils ne croient plus qu’il n’y a qu’une seule religion vraie ; qu’il n’y a qu’un seul Dieu, la Trinité Sainte et Notre Seigneur Jésus-Christ. La foi disparaît.
Quand l’exemple et le scandale viennent de si haut, que celui qui est sur le siège de Pierre et que presque tous les évêques... alors pauvres chrétiens, qui sont livrés à eux-mêmes ; qui n’ont pas suffisamment de formation chrétienne, pour maintenir leur foi catholique malgré tout, ou qui n’ont pas à côté d’eux des prêtres qui les aident à garder cette foi, ils sont complètement désemparés.
Ou ils perdent la foi, ne pratiquent plus, ne prient plus, ou ils s’engagent dans des sectes quelconques. Alors nous devons beaucoup prier, réfléchir, demander au Bon Dieu de nous garder dans la foi catholique, quoi qu’il arrive.
Ces événements ne dépendent pas de nous, encore une fois. C’est comme un film de cinéma qui se déroule devant nos yeux. Depuis le concile, nous voyons la situation s’aggraver, d’année en année, toujours plus grave, toujours plus grave. Le synode a encore marqué un point d’orgue – je dirai encore plus grave que les autres – parce qu’ils ont dit : Nous continuons, nous continuons, malgré toutes les difficultés ; le concile a été l’œuvre du Saint-Esprit, a été une Pentecôte extraordinaire, il faut continuer. Continuons dans l’esprit du concile. Pas de restrictions, pas de réprimandes, pas de retour à la Tradition.
Et nous voyons maintenant que le fait que le synode ait dit : Il faut continuer dans l’esprit du concile, eh bien nous voyons les étapes, maintenant se précipiter, aller encore plus vite. Forcément puisqu’il n’y a pas eu d’objection à ces vingt années d’esprit du concile mis en pratique. Maintenant, désormais, tous ceux qui sont d’accord avec ces transformations dans l’Église, disent il n’y a pas de raison de ne pas continuer plus rapidement encore. On en arrive à la destruction totale de l’Église.
Mais je ne voudrais pas ne pas évoquer quelques considérations sur la belle fête de Pâques que nous avons et qui, justement, encouragent notre foi. Car voyez-vous l’Église catholique est la seule, en définitive, qui nous parle de l’au-delà d’une manière certaine.
Oh, comme nous devons remercier le Bon Dieu d’avoir la foi catholique. Pauvres âmes qui n’ont pas la foi et qui errent – je dirai – dans l’aveuglement ; qui ne pensent qu’aux choses d’ici-bas et qui lorsqu’elles pensent ou qu’elles ont l’occasion de penser aux choses de l’avenir, ce qu’il en sera après la mort, préfèrent plutôt fermer les yeux, fermer les oreilles, ne pas évoquer ces choses-là, pour ne pas avoir à y penser.
Pauvres gens qui dans leur aveuglement et dans leur attachement aux choses de ce monde, ferment les yeux sur les choses les plus belles qui nous attendent là-haut.
Aujourd’hui disent nos offices, Notre Seigneur a ouvert la porte du Ciel. Mais regardons donc vers le Ciel. Il nous ouvre les portes du Ciel, pourquoi ? Mais pour nous y amener tous, bien sûr !
Pour que tous les hommes Le suivent. Lui, puisqu’il a ouvert cette porte et qu’il est Lui-même LA
Porte. Ego sum ostium : Je suis la Porte du Ciel. Mais regardons Jésus-Christ, regardons sa Résurrection, regardons toutes les Âmes saintes qui L’entourent ; regardons tous ces justes de l’Ancien Testament, qui vont bientôt monter avec Lui au Ciel et former déjà le corps des Élus au Ciel.
Alors que nous enseigne l’Église sur cet au-delà qui nous attend tous ? Cette vie (sur terre) est courte, est brève.
L’Église nous dit qu’il y a quatre possibilités pour les âmes, quatre lieux dans lesquels elles peuvent être placées, dont trois définitifs et un provisoire.
Les lieux définitifs sont : le Ciel, les Limbes et l’Enfer.
Le lieu provisoire, c’est le Purgatoire.
Voilà ce que nous enseigne l’Église. Il n’y a pas d’autres lieux. Ou c’est le bonheur éternel, immédiatement acquis, ou c’est le bonheur éternel acquis par l’intermédiaire d’un séjour plus ou moins prolongé au Purgatoire pour purifier nos âmes de nos péchés véniels, des peines dues aux péchés que nous avons commis.
Ou ce sont les Limbes pour les âmes de ceux qui n’ont pas péché personnellement et qui sont
morts avec le péché originel, comme tous ces enfants qui meurent... hélas — quand on pense à tous ces avortements, tous ces enfants sont privés de la grâce sanctifiante, privés du bonheur éternel du Ciel — ils ne sont pas malheureux, mais ils sont tout de même dans cette privation invraisemblable d’un bonheur ineffable, dont nous n’avons aucune idée ici-bas. Cela ce sont les Limbes.
Et puis enfin l’Enfer.
Et saint Thomas donne une comparaison, très moderne je dirai, parce qu’il dit : “Nos âmes lorsqu’elles quitteront nos corps, ici-bas, iront chacune à leur place, comme les astres qui ont été projetés dans le ciel par le Bon Dieu”. Chacun a pris sa place selon sa gravité, suivant les lois de la gravitation, suivant son importance, il a pris sa place. Comme nous dirions aujourd’hui pour les satellites. Nous lançons des satellites qui, suivant leur poids, suivant leur grandeur, suivant leur vitesse, prennent leur place sur orbite et tournent autour de la terre.
Eh bien les âmes aussi – d’une certaine manière – prendront chacune leur place. Par rapport à quoi ? Par rapport à leur relation avec Notre Seigneur Jésus-Christ.
Sommes-nous vraiment des fidèles de Notre Seigneur Jésus-Christ ? L’aimons-nous de tout notre cœur ? Mourrons-nous dans cet amour en disant : J’offre ma vie tout entière ; j’offre tout, j’offre mes souffrances ; j’offre ma mort pour Notre Seigneur Jésus-Christ ; pour être uni à Notre
Seigneur Jésus-Christ ; pour réparer les fautes, par amour pour Notre Seigneur.
Alors, si vraiment nous faisons un acte de charité parfaite avant de mourir, nos âmes tout naturellement partiront dans le Ciel et se placeront dans le Ciel suivant notre degré de charité ; plus ou moins près de Notre Seigneur, automatiquement, le Bon Dieu n’aura même pas à nous juger. C’est nous-mêmes qui nous jugeons par la charité que nous avons pour le Bon Dieu, pour Notre Seigneur et nous aurons le bonheur éternel.
Si au contraire nous avons des peines à expier, ce sera le Purgatoire. Et dans le Purgatoire, nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes. N’oublions pas cela, mes bien chers frères. N’oublions pas que dans le Purgatoire, les âmes du Purgatoire ne peuvent rien faire par elles-mêmes ; elles ne peuvent pas mériter ; elles sont fixées dans ce qu’elles sont, simplement qu’elles ont un temps de peine à expier. Mais ce temps peut être abrégé par nous, par les fidèles qui sont encore sur la terre. Nous pouvons prier justement, il faut prier pour les âmes du Purgatoire. C’est une grande raison de prier pour les âmes du Purgatoire. Parce que nous, nous pouvons mériter pour elles, par nos prières, par nos sacrifices ; en offrant nos sacrifices pour les âmes du Purgatoire, pour les âmes de nos parents, de nos amis, de tous ceux qui souffrent au Purgatoire. Nous pouvons soulager leurs peines. Elles ne peuvent plus pour elles-mêmes ; elles attendent la fin de cette purification, de ce Purgatoire et elles souhaitent que ceux qui sont sur la terre, leurs amis, leurs parents, prient pour elles afin de les délivrer le plus vite possible de ces peines et qu’elles aillent rejoindre les élus au Ciel.
Par contre, inutile de prier pour les élus du Ciel ; inutile de prier pour ceux qui sont dans les
Limbes ; inutile de prier pour ceux qui sont en Enfer, parce que dans ces trois lieux, l’état est définitif.
Mais comme nous ne le savons pas, nous ne savons pas parmi nos parents, nos amis, ceux qui meurent, sont-ils au Ciel ? Sont-ils au Purgatoire ? Hélas sont-ils en Enfer ? Nous ne savons pas.
Alors nous devons prier pour eux et le Bon Dieu se sert de ces prières pour ceux qui peuvent recevoir les mérites de ces prières, si les personnes pour lesquelles nous prions ne sont plus susceptibles de changer d’état ou de modifier leur état.
Par contre, ceux qui sont au Ciel, peuvent prier pour nous. Et c’est pourquoi nous devons souvent invoquer les saints du Ciel, invoquer particulièrement bien sûr Notre Seigneur, la très Sainte Vierge Marie, les saints les plus puissants, ceux pour lesquels nous avons une dévotion particulière, notre saint Patron, notre sainte Patronne, pour leur demander de venir à notre secours. Eux peuvent intercéder auprès de Notre Seigneur Jésus-Christ pour nous, pour nos âmes ; afin que nous progressions dans la perfection ; afin que nous nous préparions à ce moment si important, le moment le plus important de notre vie qui est notre mort. Pour que nous soyons prêts à aller les rejoindre là-haut dans l’éternité.
Voilà ce que nous enseigne la Sainte Église. Au moins les choses sont claires, simples, naturelles, bonnes pour nous, qui nous encouragent à marcher dans le chemin de la perfection. Et c’est pourquoi il est si profitable et je félicite tous ceux qui ici on déjà fréquenté les exercices spirituels de saint Ignace, qui ont fait des retraites, pour méditer sur nos fins dernières ; pour méditer sur ces magnifiques horizons que le Bon Dieu nous présente à l’occasion de sa Résurrection.
Tout ce que nous connaissons ici-bas n’est rien en comparaison de ce que nous connaîtrons si le Bon Dieu nous accueille dans son Paradis. C’est Saint Paul qui le dit : “Il n’y a aucune proportion entre ce que nous sommes ici et ce qu’il y a dans le Ciel”.
Alors, méditons ces choses et efforçons-nous de pouvoir être accueillis – je dirai – par les anges, comme les saintes Femmes ont été accueillies.
Voyez-vous la différence qu’il y a eu entre les gardiens du tombeau de Notre Seigneur et les saintes Femmes qui sont venues pour voir Notre Seigneur, les saints Anges eux-mêmes leur ont dit : “Vous, approchez, parce ce que nous savons que vous cherchez Jésus-Christ qui a été crucifié. Nous le savons. Alors, venez, venez voir là où il a été déposé”.
Les femmes étaient effrayées, le tremblement de terre, l’ange qui descend du Ciel, resplendissant de lumière et de splendeur, elles sont épouvantées ; elles se seraient bien enfuies aussi, comme les gardiens qui eux se sont enfuis, ont pris la fuite. Non, à elles, les anges ont dit : “non, nous savons que vous, vous cherchez Notre Seigneur Jésus-Christ”.
Puissions-nous aussi entendre : “Nous savons que vous, vous recherchez Notre Seigneur Jésus-
Christ”. Que nos saints Anges gardiens nous disent cela, lorsque nous arriverons à notre dernier moment. Lorsque le Bon Dieu nous appellera, puissions-nous être reçus comme cela par les anges et non pas nous enfuir et aller avec ceux qui sont avec le Prince du mensonge, comme l’ont fait ces pauvres soldats en allant trouver les Princes des prêtres.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous guider au cours de notre vie, pour qu’un jour nous puissions aller partager son bonheur dans le Ciel.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.