dimanche 7 juin 2015

Père Onésime Lacouture - 2-2 - La connaissance de Jésus

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PREMIÈRE INSTRUCTION
LA CONNAISSANCE DE JÉSUS.

«La vie éternelle est qu’ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ.» Jean-XVII, 3.

Plan     (Une vie extérieure trop absorbante. Sa difficulté:(Jésus contrarie notre façon de vivre.(Jésus n’est pas de ce monde.(Le plan du Père dans la Création.  Sa nécessité:(Le plan du Fils dans la Rédemption.(Le plan du StEsprit dans la Sanctification.(La nature humaine de Jésus.  Son objet:(La nature divine de Jésus.(La doctrine de Jésus.(La méditation des mystères de sa Vie.  Nos moyens:(La pureté du coeur.(La prière.  

SA DIFFICULTÉ : Dans cette deuxième série, nous étudions nos rapports essentiels avec notre Rédempteur, ce qui doit développer la vertu d’Espérance.  Elle doit nous arracher aux affections des choses crées, pour nous faire aimer uniquement les biens éternels que Jésus va nous mériter par sa vie et par sa passion.  Il est la Voie, la Vérité et la Vie pour nous conduire à la possession de ces biens célestes.  Nous devons l’étudier dans tous les détails de sa vie et de sa doctrine afin de marcher sur ses traces dans le concret de notre propre vie quotidienne.  Celui que nous allons étudier, est la splendeur du Père et le reflet de sa substance; c’est en lui que le Père trouve toutes ses complaisances; c’est lui que les anges et les élus adorent et c’est en lui qu’ils trouvent leur bonheur éternel.  Il nous a tellement aimés que pour nous avoir avec lui dans son ciel, il s’est fait homme afin de pouvoir expier nos péchés par sa passion et par sa mort.  Ce devrait être assez pour nous décider à entrer dans cette série de méditations sur la vie de Jésus avec un désir ardent de mieux le connaître afin de mieux l’aimer et mieux le servir.

Cependant, il est bon d’avouer dès le début de cette étude, qu’elle n’est pas facile.  Il y a de sérieux obstacles en notre façon de vivre et d’autres qui viennent de la nature même de Jésus.  Mieux vaut les examiner tout de suite afin de savoir où faire porter nos efforts pour les atténuer autant que possible, au moins ceux qui viennent de nous.  La preuve que ces causes sont sérieuses est dans ce fait que si peu de chrétiens s’adonnent à l’étude de la vie de Jésus, tout en admettant qu’il est leur Dieu.  Les principales causes peuvent se résumer dans les trois suivantes:

1) UNE VIE EXTÉRIEURE TROP ABSORBANTE.

Nous n’avons qu’un esprit bien limité pour nous occuper des créatures et du créateur, qu’un seul coeur pour aimer: s’il est pris par l’affection des choses créées, il ne peut pas aimer Dieu, comme Jésus le dit en toute lettre, dans les Sermons sur la Montagne: «Vous ne pouvez aimer Dieu et le monde; vous aimerez l’un et vous n’aimerez pas l’autre.» Par nature nous avons été organisés pour jouir des créatures; c’est bien naturel que tout homme s’y livre de tout coeur comme on voit, de fait, chez tous les peuples laissés à eux-mêmes.  Ce n’est que par la prédication de l’Evangile que les hommes apprennent à se détourner de cette destinée par nature pour s’orienter selon leur destinée surnaturelle par grâce.  Mais comme nous avons déjà vu, cet enseignement de l’Evangile [est fait] si pauvrement et avec de si grandes lacunes que peu d’hommes arrivent à comprendre la nécessité de s’arracher à l’ensorcellement des créatures pour se donner tout aux choses de Dieu.  L’expérience le montre clairement.  Les chrétiens comme les païens en général, mettent toute leur ardeur à se procurer les biens de ce monde, tout leur temps y passe, de sorte qu’ils ne leur en reste plus pour s’occuper des choses de la religion.  Même le dimanche, ce jour sacré que Dieu s’est réservé par un commandement spécial, afin qu’au moins en ce jour l’homme puisse se donner tout aux choses de Dieu, les chrétiens en volent la plus grande partie pour des fins profanes.  C’est un jour d’amusements à la façon païenne, au lieu d’en faire un saint repos pour le corps tout en alimentant l’âme par de saintes lectures et des actes religieux, ou en chantant des cantiques de louanges et en entretenant de pieuses conversations dans la famille, comme le demande Saint Paul.  Quelle terrible responsabilité pour ces prêtres qui ont le front d’organiser des sports, ce jour-là surtout, souvent même payants.  C’est sûrement violer la sainteté de ce jour.  Ils devraient au contraire organiser des exercices religieux pour le dimanche après-midi, comme les vêpres, la bénédiction du Saint Sacrement, le chemin de la Croix, et même catéchismes pour le peuple, et des instructions simples.  C’est le temps de pousser à la lecture de la Bible de l’expliquer au long, au peuple qui viendrait sûrement si le prêtre préparait ces cours de religion durant la semaine.  au lieu d’être aux choses profanes et aux sports la plupart du temps!

Non seulement, notre nature nous pousse aux choses créées, mais le démon aussi se met de la partie.  C’est lui qui nous encourage à nous livrer à tous les amusements possibles: les permis comme les défendus.  Les deux absorbent l’esprit et captivent le coeur et donc nous tiennent éloignés des choses de Dieu.  C’est tout ce que le démon veut.  Avec cela, il perd des milliers d’hommes qui n’arrivent jamais à l’amour de Dieu nécessaire pour être sauvés.  C’est un péché mortel d’omission à la longue, et combien y tombent!  Voilà donc un grand obstacle à l’étude de Jésus.  À chacun d’y voir au plus vite!

2) JÉSUS CONTRARIE NOTRE FAÇON DE VIVRE.

S’il arrive que quelqu’un se mette à vouloir connaître Jésus, il se butte à un autre sérieux obstacle: ce Jésus est tout le contraire de la vie ordinaire des hommes!  Il affectionne la pauvreté.  Il se tient à l’écart des plaisirs du monde, il passe son temps à prier, à s’isoler des foules, il travaille à la sueur de son front juste pour gagner le strict nécessaire, et refuse la richesse, la royauté et les honneurs qui font les délices de tout le monde!  On n’y comprend plus rien!  Si on examine sa doctrine, elle confirme sa vie parfaitement!  Il enseigne le mépris des créatures, le renoncement à soi-même et les sacrifices de toutes sortes, la folie de la croix ou le contraire de la sagesse humaine semble faire le fond de sa doctrine.  Il veut que nous aimions nos ennemis et que nous leur fassions du bien!  C’est l’antipode des idées du monde qu’il vient contrarier comme le dit Siméon: il sera un signe de contradiction pour tout le monde.  Comme tout être a l’instinct de sa préservation, notre païen flaire en Jésus, un ennemi mortel à tout ce qu’il estime dans le monde.  Il est donc porté à s’en éloigner.  Peu osent dire qu’ils ne veulent pas de lui, mais beaucoup le montrent par leur vie.  Les choses de Jésus ne les intéressent pas ou peu.  Comme il est difficile de trouver quelqu’un pour parler des choses de la religion!  C’est donc qu’ils ne l’ont pas dans le coeur, puisqu’ils n’en parlent jamais, car Jésus lui-même dit que la bouche parle de l’abondance du coeur!

3) JÉSUS N’EST PAS DE CE MONDE.

Pour le trouver, il nous faut sortir de notre façon ordinaire d’agir selon les sens et la raison; il nous faut aller dans le monde de la foi qui nous est manifesté par le témoignage d’un autre qu’on n’a jamais vu en personne, mais qui est contenu dans les Ecritures et dans la Tradition.  Il faut du courage pour s’intéresser à ce Jésus invisible pour nous et qui n’est pas de ce monde mais du monde divin qui nous dépasse infiniment.  C’est très difficile au point de vue naturel: il nous faut le secours de la foi.  Mais, même cette lumière divine est audessus de nos forces.  Il faut que Dieu nous la donne directement et qu’Il nous la conserve une fois donnée.  Pour agir selon la foi et pour la développer, il faut encore la grâce de Dieu, de sorte que tout nous dépasse dans ce sujet.  De plus, Jésus est un être extrêmement compliqué: l’homme l’est déjà trop pour nous!  Or Jésus, est Dieu en plus d’être homme.  Par conséquent c’est clair qu’il est difficile d’étudier Jésus-Christ et encore plus de le connaître.  Mais ce qui est difficile à l’homme, est facile à Dieu.  Or, il a pris la peine de venir en ce monde pour nous montrer comment l’étudier pour le connaître et pour l’aimer.  Il s’est fait homme pour se mettre à notre portée, à notre niveau.  À travers cet homme, Dieu manifestait et sa divinité et ses voies.  Il est vrai que nous, des temps présents, ne l’avons pas vu, mais Dieu a pris soin de faire écrire par des hommes tout-à-fait dignes de croyance tout ce qui nous était nécessaire et même utile, pour bien connaître Jésus afin de l’aimer assez pour être sauvés.  De plus actuellement pour nous tous, en proportion que nous nous disposons selon ses directives contenues dans les évangiles, Dieu nous éclaire intérieurement d’une façon merveilleuse pour arriver à saisir la mentalité de Jésus et l’économie de son plan pour notre salut.  On a vu des ignorants connaître d’une façon merveilleuse tout ce qui concerne Jésus-Christ.  Ils avaient appris tout cela au pied de leur crucifix et dans leur méditation de Jésus.  À cause de la pureté de leur vie et leur désir de mieux connaître Jésus, Dieu les avait éclairés surnaturellement.

Eh bien!  Dieu veut faire cela pour nous tous dans la mesure de notre volonté d’avancer dans cette connaissance surnaturelle de Jésus.  Prions beaucoup et insistons auprès de Dieu, pour avoir ses lumières afin de mieux connaître et mieux aimer Jésus!

SA NÉCESSITÉ.

1) Le Plan du Père dans la Création.

Ce plan l’exige, car en nous créant, il nous a élevés à l’ordre surnaturel en vue de la vision béatifique au ciel, qui est une participation à la vie intime de la Trinité.  Or, pour entrer dans la Trinité, il faut passer par le Verbe, un peu comme pour connaître la vie intime d’un homme, il faut qu’il la manifeste par ses pensées exprimées au dehors par des paroles.  Eh bien!  le Verbe est l’expression de la pensée du Père et sa pensée même.  Il faut donc passer par lui, pour arriver au Père.  Le fait que le Verbe s’est incarné ne change rien à son rôle essentiel au sein de la Trinité.  Pour nous, sur terre, il nous faut étudier son humanité dans sa vie terrestre et dans sa doctrine, afin d’arriver à sa divinité, et de là, au Père.  C’est l’enseignement de Jésus dans plusieurs passages de l’Evangile.  Jean I, 18: «Nul n’a jamais vu Dieu, mais le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître.» Jean XIV, 6: «Je suis la voie, la vérité, et la vie; personne ne vient au Père que par moi.» Jean XIV, 8: «Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ignore ce que fait son maître, mais je vous ai appelés mes amis parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père!» Jésus est donc comme la porte d’entrée dans la Trinité: il faut donc le connaître: notre degré de pénétration au sein de la Trinité en dépend!

2) Le plan du Fils dans la Rédemption.

Ce plan l’exige.  En effet, ce n’est que par notre union avec Jésus-Christ que nous pouvons être agréables au Père.  Dieu n’accepte au ciel que Jésus, et ceux qui lui ressemblent.  Il nous faut donc penser comme Lui, parler comme Lui, et agir comme Lui: notre vie doit être la continuation de la sienne, cela exige absolument que nous ayons Sa mentalité, ce qui demande une longue étude dans la méditation du texte de l’Evangile et l’étude de la théologie en autant que possible.  Jean XVII, 21: «Afin qu’ils soient tous une seule chose, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, et qu’ils soient de même une seule chose en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé!» Jésus s’incarne non seulement pour nous racheter, mais de plus, il reste une trentaine d’années sur terre précisément pour nous permettre de l’imiter en tout avec sa grâce.  Comme Saint Jean veut que nous marchions comme Jésus a marché, ou que nous vivions comme Jésus a vécu.  Ce que Jésus dit à ses Apôtres au lavement des pieds, s’applique à toutes les autres actions de sa vie: «Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez comme vous m’avez vu faire.» «Nous régnerons avec lui pourvu que nous souffrions avec lui.» Comment souffrir avec lui si nous ne le connaissons - Pour pratiquer la folie de la Croix et le mépris du monde comme Jésus, il faut connaître sa mentalité et l’aimer.  Bref, puisqu’il nous faut reproduire la vie de Jésus, il nous faut donc le connaître parfaitement.

3) Le Plan du St-Esprit pour nous sanctifier.

Ce plan l’exige, comme dans la Trinité, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, ainsi dans notre sanctification qui est une participation à l’activité trinitaire, notre amour de Dieu qui constitue la sainteté procède de la vie divine en nous qui vient du Père par la grâce sanctifiante, et de la mentalité de Jésus.  C’est en proportion qu’un chrétien possède Jésus dans sa vie, qu’il aura l’amour de Dieu qui le sanctifie.

Quand le St-Esprit est descendu sur les Apôtres, il leur a rappelé tout ce qui concernait Jésus: de même, il viendra en nous en proportion que nous connaissons Jésus.  Cette connaissance ne doit pas être simplement une connaissance de tête, mais une connaissance du coeur aussi bien selon le sens biblique de connaître avec amour, comprenant le don de sagesse ce qui exige une connaissance qui passe dans la vie des actes.  Ce n’est donc pas la science des philosophes de la théologie, mais celle des vrais théologiens toute orientée à la vie pratique.  Il ne s’agit pas de connaître Jésus dans ce qui cadre avec notre vie humaine ou naturelle, mais tout Jésus faisant le bien aux autres et qui vantent sa bonté et sa miséricorde pour l’admirer seulement dans ce qui flatte la nature ne connaissant pas Jésus.  Il faut donc connaître Jésus dans toute son oeuvre, la rédemption, et donc Jésus attaché à la croix et nous prêchant le renoncement et la mortification par ses actes, selon cette parole de Saint-Paul I Cor.  II, 2: «Je n’ai point prétendu savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ et Jésus Crucifié.» Et aux Phil.  III, 8: «Tout me semble perte au prix de l’éminente science de Jésus-Christ mon Sauveur, pour l’amour duquel je me suis privé de toutes choses, les regardant comme du fumier, afin de gagner Jésus-Christ… afin que je connaisse Jésus-Christ, la vertu de sa résurrection et la participation de ses souffrances étant rendu conforme à sa mort, pour que je puisse parvenir de quelque manière à la résurrection des morts.» Voilà la connaissance dont il s’agit ici: celle qui attire le coeur et toute la vie à Jésus et qui fait mépriser tout le reste.  Pour Saint Paul, connaître Jésus et le reproduire dans sa vie, c’est la même chose.  Voilà ce que tous les chrétiens doivent vouloir dans la connaissance de JésusChrist: «Devenir d’autres Christs»!

Tous les chrétiens sont donc tenus d’essayer de connaître de plus en plus leur Sauveur afin de reproduire plus fidèlement sa vie dans la leur.  Pour cela, ils doivent lire assidûment la Bible et surtout le Nouveau Testament.  Les Saints ont puisé dans l’étude des Ecritures leur connaissance de Jésus.  Les Prêtres devraient en faire autant, comme simples chrétiens, et davantage comme prêtres.  Ils sont tenus d’expliquer la Bible au peuple.  Tous y gagneraient énormément dans leur prédication s’ils s’attachaient plus au texte de la Bible.  C’est bien lamentable que les démons soient arrivés à donner une peur bleue à tout le monde, de la Bible, le seul livre qui contient ce qui concerne Jésus-Christ.  Chaque famille devrait avoir sa Bible et s’en servir un peu tous les jours.  Qu’on la mette à la portée de tout le monde et que tous les prêtres l’expliquent au peuple.  Le dimanche après-midi est tout désigné pour ces explications de la Bible… du mot à mot, du texte même!  Il faudra qu’ils se préparent: eh bien!  qu’ils le fassent!  Ils n’ont pas de devoirs plus urgents que de faire connaître Jésus-Christ et son oeuvre.  Plusieurs diront qu’ils n’ont pas le temps, surtout parmi les laïques: Eh bien!  comme les prêtres, qu’ils retranchent une foule de bagatelles où ils perdent leur temps, comme à la radio, aux joutes de toutes sortes, aux conversations inutiles et souvent nuisibles, aux vues animées, aux théâtres, et dans des soirées mondaines, tout aux choses de l’animal!  Qu’ils taillent en tout cela pour avoir du temps à consacrer à l’étude de Celui qui a bien voulu venir les sauver de l’enfer pour leur donner le ciel.  Qu’ils fassent leur part aussi!

SON OBJET 

1) La nature humaine de Jésus.

La nature humaine de Jésus est ce par quoi nous pouvons arriver à sa divinité, elle est le miroir où se reflète pour nous les manifestations de la divinité; il faut donc commencer par elle.  D’abord arrêtons nous à son corps.  Son corps est comme les espèces sensibles de l’hostie consacrée; c’est ce qui frappe nos yeux quoique nous ne l’ayons jamais vu.  Nous savons qu’il était homme comme nous, et donc doué d’un corps de chair comme le nôtre.  St.  Paul dit: «semblable à nous en tout, excepté le péché.» Il devait avoir quelque chose de bien attrayant parce que les foules couraient après lui, captivées par ses charmes.  Son regard avait une force extraordinaire.  Plusieurs fois, les évangélistes signalent son regard comme une chose fort remarquable.  Il n’avait aucune infirmité et ne fut jamais malade.

Il avait une grande vigueur pour faire le travail ardu qu’il accomplissait dans ses nombreuses et longues courses à travers ce pays rocailleux, extrêmement chaud en été et très froid en hiver.  Il passait ses jours à prêcher et souvent à discuter avec les pharisiens.  Ce devait être très pénible: Il avait besoin d’une santé très robuste pour mener une telle vie.

Pourquoi Jésus ne nous a-t-il pas laissé son portrait?  c’est qu’il ne veut pas que nous nous arrêtions trop à son corps mortel.  Trop d’âmes plus ou moins sensuelles auraient perdu leur temps à le contempler dans la chair sans aller à sa divinité.  C’est pour la même raison que l’Eglise ne favorise pas le culte des différentes parties du corps de Jésus; il y aurait des inconvénients pour plusieurs.  Le portrait qu’on peut pieusement croire qu’il nous a laissé sur le suaire de Turin est plein de majesté, noble, et son corps tout couvert de plaies n’affecte pas notre sensibilité.  Sa démarche devait être pleine de majesté, comme toutes ses paroles si bien contrôlées.  Nous devrions tous essayer de l’imiter dans son corps et dans sa tenue pleine de réserve et tout de même bien accueillante.  Nous devons gagner le prochain à Dieu: il faut d’abord se le gagner par nos bonnes manières pleines de bonté.  Nous savons par plusieurs textes qu’il ne ménageait pas son corps.  D’abord il commença sa vie publique par un jeûne de quarante jours.  St.  Marc - I, 55: «Et le matin de bonne heure, il se leva et vint dans un endroit désert pour y prier».  St.  Luc - VI, 13: «Dès l’aurore, il appela ses disciples autour de lui, et en choisit douze parmi eux.» Le verset le dit: «En ce temps-là, Jésus alla sur une montagne pour prier, et il y passa la nuit à prier Dieu.»

St.  Marc - VI, 46: «Après qu’il l’eut congédié, il alla prier sur une montagne.  Le soir venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre.  Et voyant que ses disciples avaient peine à ramer, parce que le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit, il vint à eux marchant sur la mer.» St.  Mathieu - VIII, 19: «Alors, un scribe s’approchant lui dit: Maître, je vous suivrai en quelque lieu que vous alliez.  Jésus lui répondit: Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel, des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête!» Voilà comment Jésus a traité son corps pour l’amour de nous!  Il nous enseigne comment expier nos péchés, et comment les éviter à l’avenir: Le travail constant, les veilles, les jeûnes et la prière!  Toutes choses que le corps ne goûte guère.  Mais il faut imiter notre divin sauveur dans sa vie mortelle pour le suivre dans sa vie éternelle au ciel.  Tous ceux qui sont courageux et travaillants sont aimés des hommes: eh bien!  donnons notre amour à Jésus qui se dépense sans compter pour nous instruire et nous sauver.  Son âme est la plus parfaite création de Dieu qui a dû aller à la limite du créable pour donner au verbe incarné une âme digne de sa propre divinité.  En plus elle reçut la plus parfaite grâce sanctifiante possible de sorte que la perfection de l’âme de Jésus dépasse tout ce que les anges et les élus peuvent concevoir en fait de perfection.  Pour estimer cette âme, il faut avoir commencé un peu à travailler à acquérir la perfection.  Car ceux qui sont tout aux choses des sens ne sont pas capables même d’essayer de la considérer.  Elle est parfaitement divinisée dans tout son être aussi parfaitement que possible et cela dès la première minute de sa création; cela est au point de vue de la grâce sanctifiante.  Mais ensuite, elle continue de mériter toute sa vie terrestre comme il est dit que Jésus croissait en grâce devant Dieu.  Comme son intelligence connaît tout par l’illumination du Verbe, Jésus n’hésite jamais: il va droit au but qu’il veut atteindre sans tâtonnement.  Il agit d’une façon bien tranchée et parle avec autorité, comme le maître absolu de tout.  Les Juifs disaient: personne n’a jamais parlé comme lui.  Marc XII, 14: Il vient de Dieu et retourne à Dieu: aussi il est tout aux choses de Dieu.  Son âme est tellement saturée de divin, qu’elle agit pratiquement comme au ciel.  Voilà la source de sa stabilité en tout ce que Jésus fait.

Si un homme manifeste tant soit peu de sagesse, comme nous l’estimons et comme nous voulons le cultiver et le fréquenter!  Eh bien!  Jésus est la source de toute sagesse: il est la Sagesse incarnée et son intelligence baigne dans cette sagesse divine.  Ce devrait être assez pour que nous étudions sa sagesse qu’il a manifestée dans les Ecritures.  Ce qu’il y a là suffit pour ouvrir des horizons merveilleux à notre pauvre esprit et le ravir d’admiration pour la vie.  Elle suffit, cette sagesse, pour nous rendre participants tout de suite d’un bon échantillon du calme de la vie et du bonheur du ciel.  Ceux qui en vivent sont solides comme le roc parce que leurs regards se portent sur des choses éternelles que cette sagesse leur montre.  En proportion qu’on étudie l’âme de Jésus, on devient semblable à elle.  Sa volonté participe à toutes les qualités de son intelligence, puisqu’en Jésus comme en nous-mêmes, la volonté prend son objet dans l’intelligence.  Aussi quelle fermeté dans le bien!  Comme elle est fixée dans le divin!  Il n’y a rien de créé pour la faire broncher dans ses décisions. 

Jésus parle et agit avec une conviction et une sincérité remarquables.  Comme il est consciencieux en tout!  Quel beau modèle pour nous tous!  Les hommes sont volages comme la paille au vent; ils hésitent, reculent à la première difficulté, manquent à leur devoir si souvent et pour des riens.  C’est que leur esprit et leur volonté sont tout aux choses créées qui changent comme le vent; voilà pourquoi leurs dispositions sont si instables.  Comme nous gagnerions tous à cultiver l’âme de Jésus, à l’étudier pour l’imiter, pour conformer notre activité à la sienne parfaitement soumise à celle de Dieu dans le Verbe.  Vivons donc de foi; cette lumière divine nous donne justement quelque chose des qualités de l’âme de Jésus; elle nous oriente de ce côté si nous sommes fidèles à suivre ses directives.  L’âme de Jésus suivait la lumière divine du Verbe: l’âme chrétienne qui suit la foi suit la même lumière divine, de sorte que dans la même proportion elle s’approchera des qualités de l’âme de Jésus-Christ.  Tout chrétien devrait travailler dans ce but.

2) La Nature Divine de Jésus.

La nature divine de Jésus est le terme de notre étude: le reste n’est que le moyen pour arriver là.  Cette idée que Jésus est Dieu dont la connaissance sera la vie éternelle, devrait nous inciter fortement à nous livrer avec ardeur à cette étude de Jésus.  Il est notre fin dernière, notre Rédempteur et notre bonheur éternel; que peut-on trouver de mieux pour nous? Pour mieux la comprendre, il faut méditer l’Evangile à tête reposée, et le coeur plein de désirs de pénétrer davantage dans cette activité divine de la Trinité.  C’est elle-même qui doit se révéler à nous.  Or elle le fera en proportion que nous vivons selon l’Evangile que nous a apporté Jésus.  Celui qui vivra ce qu’il sait déjà de la vie de Jésus, sera éclairé par Jésus pour aller plus avant dans cette science de Jésus.  Jésus nous avertit qu’il se manifestera à nous dans la mesure que nous gardons ses commandements et donc que nous l’aimons.  Cette pratique de ce que nous savons déjà vaut plus pour attirer les lumières divines que bien des années d’étude: c’est l’amour qui attire les lumières de Dieu.  Or l’amour, c’est une vie!  Voilà ce qui compte devant Dieu.  Quel bonheur de toujours essayer d’approfondir ces trésors infinis de science et de sagesse divines!  Le chrétien qui le fait sérieusement participe un peu aux délices du Père qui trouve toutes ses complaisances en son Fils unique.  Plus les saints pénétraient dans cette connaissance et plus ils étaient heureux.  Pourquoi n’aurions-nous pas le même bonheur à poursuivre la même connaissance?  Jésus nous fait dire par la Sagesse, XV, 3: «Une vertu consommée est de vous connaître, connaître votre justice et vos excellences: c’est la racine de l’immortalité.»

Pour continuer cette étude, il faut de l’amour, car Jésus est amour et il ne se manifeste qu’à l’amour.  Si nous cherchons avec amour, nous découvrirons sûrement des merveilles de connaissance en la divinité de Jésus.  Les textes de l’évangile prendront un sens bien plus profond à mesure que nous aimerons plus.  C’est le Saint Esprit qui agit avec ses dons pour nous éclairer dans le divin.  Plusieurs se contentent de connaître quelque chose de l’humanité de Jésus: c’est rester à la porte des splendeurs du ciel.  Pourquoi ne pas vouloir aller plus loin dans la Trinité!  Elle est la source de toutes les merveilles de sagesse et de sainteté: il faut vouloir pénétrer davantage dans cette activité Trinitaire qui fera notre bonheur pendant l’éternité.

3) La doctrine de Jésus.

La doctrine de Jésus est aussi profonde que Jésus lui-même puisqu’elle nous donne l’essentiel de la vie de Jésus et de sa mentalité.  Dieu a tout disposé pour que celui qui avance dans la connaissance de Jésus avance aussi dans la science de sa doctrine.  Comme dit Saint Augustin, les textes ont plusieurs sens superposés et qui sont compris selon la lumière de chacun.  Les uns en voient seulement le premier sens ou les premiers sens, tandis que d’autres plus éclairés par le Saint Esprit, en découvrent d’autres beaucoup plus profonds et qui éclairent bien mieux leur chemin du ciel ou leur travail de la perfection.  Les textes par exemple de S.  Paul sur la folie de la Croix et sur le mépris des choses créées, sont des abîmes de science divine.  De même ce qu’il dit de la mort mystique contient des lumières merveilleuses sur notre divinisation ou la mort de notre vieil homme.  Mourir à soi-même semble ne pas avoir de limite en cette vie: Il reste toujours quelque chose de l’humain à détruire et donc quelque chose de divin à acquérir.  Mais on voit ces choses qu’à mesure qu’on les pratique.  On ne peut pas assez insister sur cette pratique.  Qu’on se défie bien du Savoir; ce n’est que la Vie qui compte devant Dieu.  Comme un rayon de soleil donne une bonne idée du soleil, quoique incomparablement plus petit, ainsi, les rayons de sagesse divine que nous voyons dans l’Ecriture suffisent pour nous donner une bonne entrée aux trésors célestes de la science divine.  Ces rayons suffisent pour nous faire goûter Jésus et nous donner le désir de l’approfondir davantage.  Au moins ils suffisent pour nous exciter à prier pour le connaître plus.  Une fois le goût, le désir et la prière entrés dans notre vie, la Sagesse éternelle qui est Jésus se dévoilera de plus en plus à nous, en proportion de ces désirs et de cette prière.  Là le champ est infini de sorte que les quelques courtes années qui nous sont allouées devraient être employées à soupirer après cette sagesse divine incarnée en Jésus.

On trouve tout cela dans la doctrine révélée par Jésus. 

C’est pourquoi nous devons essayer constamment de la mieux connaître.  C’est ce que les Apôtres prêchaient après leur Maître: «Croissez dans la grâce et dans la connaissance de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.» II Pierre, III, 18.  S.  Pierre dit: «Dans la grâce d’abord.» Il faut donc vivre ce que nous savons déjà de Jésus pour augmenter en sa connaissance.  S.  Paul qui avait appris Jésus par révélation, s’écrie: «Ô profondeur et immensité de la sagesse de Dieu»!  c’est donc qu’il ne voyait pas de limites à la science de Jésus après avoir reçu une merveilleuse connaissance de Jésus.

Mais il faut insister que c’est surtout la connaissance de la folie de la croix et le mépris du monde prêchés par Jésus qu’il faut surtout étudier.  Car Saint Paul dit que c’est là que se trouve la force de Dieu et la sagesse de Dieu.  C’est donc là qu’il faut prendre le goût de la doctrine de Jésus.  Le don de la sagesse est celui qui nous donne le goût des choses divines.  Or, St.  Paul dit que c’est là que nous trouverons la force et la sagesse de Dieu.  Voilà pourquoi tant de prêtres et de religieux n’ont pas le goût ni de Jésus ni des choses divines.  Ils n’ont pas été formés, malheureusement, à la folie de la croix et au mépris des créatures.  Cette sagesse divine ne se trouve pas du tout dans la philosophie de la théologie, qui est à peu près le seul point de vue qui est donné dans les séminaires et dans les scolasticats.  Ceux que cette assertion fait enrager sont justement de la bande de ces philosophes.  S’ils avaient un grain de sagesse divine, ils remercieraient Dieu à deux genoux de ce qu’on leur montre leur lacune lamentable dans leurs études de la théologie.  La preuve est faite par nos retraitants qui se sont si bien donnés aux choses divines que nous avons été accusé de diviniser le clergé!  Ce qui est parfaitement vrai, mais c’est une division comme les premiers chrétiens faisaient avec les autres qui restaient païens.  Ils ne se comprenaient plus parce que les uns étaient tout aux choses de Dieu, et les autres tout aux choses du monde.  Que tous reviennent donc à l’étude surtout de la folie de la croix et du mépris des créatures… et la mentalité du clergé sera changée pour le mieux.  Il faut que tous les prêtres au monde arrivent à penser comme Saint Paul au sujet de Jésus.  «Car je n’ai point prétendu savoir autre chose, parmi vous, que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié»!  Or, on parle de ce qu’on sait.  Eh bien!  Sont-ils nombreux les prêtres ou les religieux qui aiment à parler de la Passion de Jésus, ou de Jésus-Crucifié?  Il faudrait aimer à se renoncer, à souffrir comme Jésus.  Comme ils sont rares!  C’est donc vrai ce que nous disons: qu’ils ont été formés seulement à la philosophie de la théologie, qui consiste à savoir une chose pour la savoir, pour elle-même et en elle-même, pas du tout pour en vivre en nous-mêmes.  Voilà pourquoi tant de prêtres et de religieuses ignorent Jésus-Crucifié, et donc ils ne sont pas capables ni d’en parler ni d’en vivre.  Comme les fidèles sont à plaindre avec ces «flambeaux éteints.» nos moyens.  

1) La méditation des mystères de sa vie.

C’est en gardant un objet devant l’esprit qu’on arrive à s’en passionner, comme on peut le voir par les gens qui se passionnent pour les amusements les plus insignifiants.  Les journaux en sont pleins de sorte que les gens se mettent à en parler constamment et finalement, voilà que tout le monde en veut.  Eh bien!  Si on se passionne pour ces échantillons que Dieu nous défend d’aimer, combien plus nous devrions nous passionner pour les choses de Jésus que Dieu nous commande d’étudier et d’aimer.

Il faut un certain degré d’amour pour méditer facilement sur Jésus.  Quand un homme veut devenir riche, il médite constamment sur son commerce, quand un autre est épris d’amour pour une personne, c’est très facile pour lui de méditer sur l’objet de son amour, comme les «sports», méditent facilement sur les amusements!  Du matin au soir, ils en sont et en parlent constamment parce qu’ils les aiment.  Eh bien!  Que chacun se décide sérieusement à vouloir Jésus et il arrivera à méditer sur Jésus facilement.  La première chose est de sacrifier son affection pour les créatures, rejeter toute attache.  Ce n’est qu’après cela que Jésus commencera à se manifester.  Est-ce qu’une personne ouvre son coeur et manifeste son amour à quelqu’un qu’elle sait amouraché d’un autre?  Jamais.  Eh bien!  Jésus ne s’ouvrira pas à celui qui aime le monde, le rival de Dieu à notre affection pour Lui.  Si on a des attaches on ne goûte pas Jésus ni les choses de Jésus; Voilà pourquoi on voit si peu de prêtres et de religieux intéressés aux choses de Dieu.

Ceux donc qui n’ont pas commencé à pratiquer la doctrine de la première série sur le renoncement, ne pourront jamais goûter cette deuxième série, toute sur Jésus.  Pour eux, il restera fermé.  Ils vont apprendre à leurs dépens ce que c’est que d’aimer autre chose que Jésus.  Leur ennui n’est qu’un échantillon de leur éternel ennui dans l’autre monde, s’ils ne se détachent pas de leurs affections particulières en celui-ci.  Si Jésus ne leur suffit pas en ce monde, il ne leur suffira pas plus dans l’autre, car la mort ne fait qu’immortaliser ce qu’elle trouve dans l’âme.

C’est donc en méditant souvent les mystères de la vie de Jésus que nous arriverons à saisir sa mentalité et son amour pour nous.  Nous avons l’exemple de ceux qui se sont sanctifiés: ils étudiaient Jésus dans les évangiles et à force de le fréquenter, ils apprirent à l’aimer.  Un point important est d’aborder ces mystères plutôt avec le coeur qu’avec l’esprit, c’est-à-dire avec le désir surtout de mieux aimer Jésus plutôt que de découvrir des idées nouvelles.  Défions-nous de la curiosité d’esprit.  En proportion qu’on recherche du nouveau, Jésus se cache.  L’amour ne se manifeste qu’à l’amour. 

Faisons comme la Sainte Vierge, qui gardait dans son coeur ce qu’elle entendait dire de Jésus.  Eh bien!  Gardons dans notre coeur ce que nous lisons de Jésus et alors le Saint-Esprit nous découvrira les merveilles de l’amour de Jésus avec les trésors de sa science et de sa sagesse.

2) La Pureté du coeur.

Elle est une condition nécessaire à la connaissance de Jésus, au moins à cette connaissance amoureuse dont il est ici question.  D’abord il faut être purifié des péchés.  L’Ecriture l’enseigne dans Sag.  I, 4: «La sagesse n’entre pas dans une âme qui médite mal et n’habite pas dans un corps esclave du péché.  L’Esprit-Saint, éducateur des hommes, fuit l’astuce; il s’éloigne des pensées dépourvues d’intelligence, et se retire quand approche l’iniquité.» S.  Paul aux Hébreux X, 22: «Approchons-nous de lui avec un coeur sincère, dans la plénitude de la foi; le coeur purifié des souillures de la mauvaise conscience par une aspersion intérieure, et le corps lavé par une eau pure.»

Il faut aussi se purifier des attaches, même non coupables.  Les gens du monde sont tellement habitués à ne vouloir éviter que le péché, qu’ils sont toujours surpris quand ils nous entendent leur dire de se défaire aussi de n’importe quelle attache ou affection particulière dans le sens souvent donné dans la première série, d’aimer une chose pour elle-même et non pas pour Dieu.

Dans la vie des saints, on voit que Dieu leur envoie souvent des épreuves justement pour les détacher de quelque affection particulière avant de leur faire des faveurs.  Dieu ne peut pas supporter l’amour des choses crées avec son amour: c’est l’un ou l’autre!  L’amour est autrement exigeant que la raison.  Il est offensé non seulement par le péché, mais aussi par tout autre amour rival, comme sont les attaches même aux choses permises selon la raison, mais jamais par l’amour.  Le premier commandement défend toute attache aux choses créées en accaparant tout notre amour pour Dieu seul.

S.  Jean de la Croix dit que la moindre attache met un mur infranchissable entre Dieu et l’âme.  Elle est comme un grain de sable dans l’oeil qui empêche de voir les autres choses.  Ceux qui veulent avancer dans la connaissance de Jésus, sont donc tenus de s’éloigner de l’affection des choses crées même bonnes «en soi».  Autrement Jésus ne se manifestera pas à eux.  Or, comme la masse des fidèles et du clergé a des attaches de toutes sortes, on comprend pourquoi tant de chrétiens ne sont pas intéressés aux choses de Jésus.  Comme ils sont rares ceux qui en parlent volontiers!  C’est donc que leur coeur est vide de Jésus, car d’après Jésus même, la bouche parle de l’abondance du coeur!  La conclusion s’impose: que tout chrétien, prêtre ou religieuse, s’efforce de purifier son coeur de toute attache à quoi que ce soit.  Quelque bonne qu’elle soit en elle-même, elle est toujours un obstacle à l’amour de Jésus et donc à la manifestation de Jésus.

3) La prière.

La prière est un moyen indispensable pour approcher Jésus.  Sa gloire l’exige pour nous obliger de reconnaître l’abîme infini qu’il y a entre nous et lui.  Elle est notre aveu que nous dépendons de lui totalement et que sans lui, nous ne pouvons rien, surtout dans l’ordre surnaturel.  Cette humilité attire les faveurs divines en lui donnant une grande gloire.  Jésus nous a donné l’exemple de la prière pendant sa vie terrestre et il ne cesse de nous la recommander.  «Demandez et vous recevrez, cherchez, et vous trouverez!» Demandons à Dieu ce que recommandait St.  Paul, aux Ephésiens: I, 18: «Qu’il éclaire les yeux de votre coeur afin que vous sachiez quelle est l’espérance à laquelle il vous a appelés, quelles sont les richesses et la gloire de l’héritage qu’il destine aux saints.»

Quand on sait que Jésus est son Dieu et son bonheur pour l’éternité, on devrait être tout feu et flamme pour mieux le connaître et mieux l’aimer.  Car notre bonheur éternel dépend de ce que nous obtenons de lui pendant notre pèlerinage terrestre: c’est pendant cette vie que nous pouvons mériter le ciel en le glorifiant.  Voilà pourquoi il faut prier longtemps et souvent et de toute son âme pour obtenir plus de lumière et plus d’amour de Jésus.  Il est la sagesse infinie et la source pour nous de tous les biens en ce monde et en l’autre: ce devrait être assez pour alimenter nos prières!  Demandons à la Sainte Vierge de nous aider par sa puissante intercession à désirer tellement Jésus qu’il soit l’objet unique de toute notre vie et de toutes nos prières!


Nous savons que le Verbe de Dieu est la sagesse de Dieu ou son Intelligence ou encore sa Pensée infinie.  Or, il n’a subi aucun changement en devenant homme.  Donc vouloir connaître Jésus c’est vouloir entrer dans la Sagesse infinie de Dieu avec notre pauvre petite intelligence qui n’est qu’une étincelle de ce soleil infini.  C’est pourquoi, il faut prendre toute sa vie pour progresser dans cette connaissance de Jésus, qui contient tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu.  Nous sommes si avides de science profane, qui n’est qu’un faible échantillon de la science de Dieu: pourquoi ne pas consacrer tout notre temps à acquérir la source infinie de toute science.  Il faut commencer tout de suite en étudiant la Bible le plus possible selon l’enseignement catholique, pas selon sa propre interprétation, comme les protestants.  C’est là que sont cachés les trésors de la Sagesse infinie, qui est notre fin dernière.  Essayons d’aimer Jésus qui a présidé à toute la création, qui a fait le bonheur du Père pendant l’éternité avant toute créature, qui est la lumière du ciel et la splendeur de la Trinité en qui Dieu trouve toutes ses complaisances et qui fait le bonheur des anges et des élus.  Dès qu’on le goûte, on a encore faim de lui et dès qu’on s’abreuve à sa sagesse, on a encore soif.  Et alors, on la cherche toujours de plus en plus, cette sagesse divine; dans la même proportion le dégoût des échantillons entre dans l’âme.  Elle ne veut plus des reflets, mais elle veut les perfections divines en elles-mêmes.  Le chrétien alors se détache des choses terrestres et prend son essor vers les choses du ciel.  C’est son ascension mystique qui suit l’ascension réelle et corporelle de Jésus vers les demeures éternelles.  C’est là que commence le bonheur réel de servir Dieu; l’homme fait face à la course de tout bonheur et il avance à pas rapides vers sa possession complète au ciel.  Son espérance alors est ferme et le met déjà en possession des biens éternels par la grâce et dans la foi en attendant leur révélation dans la gloire du ciel.  Quel dommage que tant de chrétiens n’aient pas eu la chance de goûter ainsi à l’amour de Jésus!  Il a pris la peine de leur écrire toutes sortes de lettres d’amour dans la Bible et personne ne veut les lire, ou trop peu.  Comment peuvent-ils aimer Jésus et ne pas vouloir s’intéresser aux lettres d’amour qu’il leur a écrites?  Ils verraient là les recommandations de toutes sortes de l’aimer, les soupirs ardents de Jésus pour être aimé, les promesses magnifiques qu’il fait à ceux qui voudront bien l’aimer… et les menaces terribles pour ceux qui négligent de l’aimer!  Toute la Bible est la pratique du premier commandement que Dieu veut pour tous les hommes.  Il aime ceux qui l’aiment et quiconque le cherche diligemment le trouve et avec lui l’abondance de tous les biens en ce monde dans la foi et dans la vie éternelle dans la gloire du ciel.  Jésus est facile d’accès et il se laisse facilement trouver par ceux qui l’aiment; il va même au devant des hommes pour les inviter, pour les presser de venir à lui.  Se tenant debout dans le temple, Jésus cria d’une voix forte: «Que celui qui a soif vienne à moi et de son sein couleront des fleuves d’eau vive!» «Si tu savais le don de Dieu et quel est celui qui te parle, tu lui aurais demandé à boire, et il te donnerait de l’eau qui jaillit jusque dans la vie éternelle!» Quand allons-nous commencer à nous orienter pour de bon vers cette source unique de science, de vie, et de bonheur éternels?  Prions tout de suite pour obtenir cette merveilleuse grâce de mieux connaître Jésus afin de mieux l’aimer et de mieux le servir.  Demandons à notre bonne Mère de nous conduire par sa puissante intercession à son Divin Fils qu’elle a si bien connu et tant aimé.

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