lundi 19 janvier 2015

Monseigneur Jean-Joseph Gaume - Louis-Hubert Remy


 
MONSEIGNEUR JEAN-JOSEPH GAUME

Né en 1802 en Franche-Comté, mort à Paris en odeur de sainteté en 1879(1), Mgr Gaume a profondément marqué son siècle par ses nombreux travaux. Louis Veuillot s’étant marié à sa cousine, lui fera présider sa table, qui deviendra le point de rencontre régulier des ultramontains, c’est-à-dire des catholiques irréductibles, seuls vrais catholiques. Mgr Gaume est un personnage clef du combat catholique au XIXè. Avec le Cardinal Gousset(2), son maître, avec le Cardinal Pie,(3) son ami, avec Louis Veuillot, son parent, avec Mgr Delassus(4), son continuateur, nous avons les cinq grands noms français catholiques qui ont permis de faire de leur siècle, le siècle de la réflexion, de l’étude et de la réaction. Ces apôtres marquèrent l’élite catholique de leur temps, faisant de l’école antilibérale (qui commence à Mirari Vos en 1832, et finit à la mort de saint Pie X en 1914), la phalange la plus croyante, la plus fidèle aux enseignements de Pie IX et de saint Pie X, la plus combattante pour le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ et la plus efficace contre les ennemis de l’Eglise.

Depuis, persécutés, enterrés(5), oubliés, ces auteurs sortent du tombeau. La crise conciliaire nous a obligé à chercher les causes de l’effondrement commencé il y a environ 40 ans. Tout cela ne s’est pas fait tout seul, sans personne et sans doctrine. Les travaux de la Société Barruel nous ont été d’un grand secours. Ce fut chez ces auteurs(6) que l’on découvrit que tout avait été annoncé, prophétisé, analysé.

S’ils ont su examiner profondément les vraies causes de tous nos maux, seuls ils ont enseigné les vrais remèdes. Vous comprenez pourquoi on nous les cache et pourquoi on promeut de nombreux auteurs dont la réflexion stérile ou insuffisante fabrique, depuis de nombreuses générations, des élites médiocres, courtes dans leurs connaissances et limitées dans leur courage. Nos auteurs sont les anti-faux maîtres. S’ils sont connus et redoutés par nos ennemis qui les craignent, malheureusement nos troupes les ignorent. Ce fut un châtiment de les avoir perdus.

Une excellente(7) et très détaillée biographie, disponible, a été écrite récemment. Son auteur, l’abbé Daniel Moulinet ayant soutenu, le 14 mars 1992, une thèse de doctorat conjoint histoire des religions-sciences théologiques (Paris-IV-Sorbonne – Institut Catholique de Paris, directeurs : MM Jean-Marie Mayeur et Bernard Plongeron) a résumé dans son livre Les classiques païens dans les collèges catholiques ?, (près de 500 pages, éditions du Cerf, collection Histoire Religieuse de la France), ses différents travaux. Il sait faire partager aux lecteurs la vie passionnante de ce Maître unique.

On a limité Jean Joseph Gaume au combat des classiques païens. Il est permis de penser que ce ne fut pas innocent, essayant de le ridiculiser. Avec une telle caricature on a réussi à enterrer un saint prêtre qui fut surtout un catéchiste, LE CATÉCHISTE DES TEMPS MODERNES.

L’ayant redécouvert il y a plus de vingt ans, nous n’avons eu de cesse de rechercher tous ses livres, travail ingrat et obstiné, récompensé par l’admiration passionnée suscitée par chaque ouvrage, par chaque page.

Bien qu’ayant abordé de multiples sujets, Mgr Gaume est toujours un maître sûr, d’une culture classique et religieuse unique, d’une foi digne des apôtres, grand pédagogue, grand historien, ayant des vues prophétiques qui se sont avérées très justes, homme de méditation, d’une perspicacité rare, homme de courage et de combat, à la réflexion et au jugement toujours justes, et surtout, éducateur, L’ÉDUCATEUR(8)

 La Foi catholique est d’une nature telle qu’on ne peut rien lui ajouter, rien lui retrancher ; ou on la possède tout entière, ou on ne la possède pas du tout. Telle est la foi catholique : quiconque n’y adhère pas avec FERMETÉ ne pourrait être sauvé. (Symbole de saint Athanase). Pour refaire une chrétienté il faut refaire des chrétiens et c’est à son contact, à son enseignement que l’on comprendra, si nous savons le lire, méditer, appliquer ce qu’il enseigne, que l’on pourra changer nos formes de pensée et ensuite nos formes de vie. Il s’adresse à tous, clercs, laïcs, jeunes, adultes, vieillards, élites, responsables, cultivés, simples, modestes, époux, épouses, …à tous. A la charnière de deux mondes, l’un qui disparaît, le monde chrétien, l’autre qui revient, le monde païen, il apprend l’ordre, l’ordre en tout, cet ordre qui permet la paix entre tous, paix dans les familles, paix dans les communautés, paix dans la vie sociale…

Loué par tous les Papes contemporains, il est l’auteur qui a reçu, au cours du XIXè, le plus de Brefs de félicitations et d’encouragements. C’est dire combien sa doctrine est fidèle et exemplaire. La conspiration du silence, arme favorite de nos ennemis, prouve combien il est craint. Que tout cela vous fasse réfléchir et vous amène à partager notre passion pour ce prélat.

Commencez par une petite brochure (à beaucoup diffuser), CREDO. Continuez par le TRAITÉ DU SAINT ESPRIT, ouvrage unique, qui vous permettra de comprendre le combat entre Notre-Seigneur et Satan : leurs buts, leurs pouvoirs, leurs troupes, leurs camps, leurs moyens. Ensuite les Catéchismes(9), la biographie du Bon Larron, les remarquables Biographies Évangéliques, La Révolution (en 12 tomes, la Somme sur le sujet), L’évangélisation Apostolique du globe, Où allons-nous ?, La vie n’est pas la Vie, La Situation, Les Trois Rome, etc., etc. Comme beaucoup vous finirez par tout lire car vous serez émerveillés par l’enseignement de la Vérité(10). Un conseil : ne lisez Le ver rongeur, son livre le plus connu et pourtant le moins diffusé(11), qu’après avoir lu Pie IX et les études classiques, et surtout l’important Du Catholicisme dans l’éducation.

Dans Le Testament de Pierre le Grand, Mgr Gaume nous annonce que : …l’Europe reverra donc Attila, Genséric, Alaric... Quand tout ce qui doit aller au glaive sera allé au glaive... sur les ruines de tout ce qui devait périr, apparaîtront debout, puissants comme le grain de sable contre les fureurs de l'Océan, les missionnaires de l'avenir. Il y aura des Geneviève, des Léon, des Remy, devant qui s'arrêteront tout à coup les flots tumultueux des Barbares... Alors l'Église recommencera son œuvre. Elle se mettra à faire ce qu’elle fit autrefois, à tailler ces blocs de granit... pour en tirer des enfants d'Abraham… Ces nations… recommenceront, comme nos pères, un nouveau peuple de Dieu, une nouvelle société chrétienne (Moulinet p. 405).

A l’effondrement prochain (Je vomirai les tièdes) succédera le Règne du Sacré-Cœur, si souvent promis (Je régnerai malgré Mes ennemis), et pour ce Règne grandiose, il faut de grands chrétiens, qui ne seront formés que par ces grands maîtres. A l’heure de Dieu, leur redécouverte est miraculeuse et essentielle.

UN CLERGÉ SAINT FAIT UN PEUPLE PIEUX, UN CLERGÉ PIEUX FAIT UN PEUPLE HONNÊTE, UN CLERGÉ HONNÊTE FAIT UN PEUPLE IMPIE, écrivait Blanc de Saint-Bonnet. Avec Mgr Gaume, vous avez la possibilité de devenir vraiment pieux, de vivre dans la vraie Foi et de savoir transmettre cette Foi, au moment où trouver la vérité et un bon prêtre devient difficile.

QUE VOUS PROCURE LA FOI ? – LA VIE ÉTERNELLE. Ce doit être notre seul but : si nous avons gagné le Ciel, nous avons tout gagné, si nous avons perdu le Ciel, nous avons tout perdu.

Puissions-nous tous nous retrouver en compagnie de notre Reine, la Vierge Marie, Reine de France, à adorer et contempler la Très Sainte Trinité, à louer et remercier notre Divin Rédempteur, le Christ Roi de France ! Nous y retrouverons Mgr Gaume et pourrons le remercier pour ses travaux et l’aide qu’il nous a apportée pour le rejoindre dans la Céleste Patrie.

CREDO

Louis-Hubert REMY, Lecture et Tradition, n° 291, mai 2001

 

(1) Mgr Gaume mourut le 19 novembre, après une longue et cruelle maladie, durant laquelle il ne cessait de prier et de répéter : «Mon Dieu, ayez pitié de la France ; mon Dieu, ayez pitié de l'Église ; mon Dieu, ayez pitié de nous !» Il redisait aussi sans cesse la parole du Sauveur agonisant : Non mea voluntas, sed tua ! Elle lui était si familière qu'il la répétait encore quand la violence de la fièvre le tenait sous l'influence du délire. Au moment où il allait expirer, il sembla soudain reprendre un peu de force et s'écria : «Marie !» ses yeux s’illuminèrent, une sorte de sourire effleura ses lèvres et il essaya de se soulever comme pour contempler une vision. «Ah ! c'est elle», ajouta le vénérable mourant et sa tête retomba sur son oreiller. Son âme s'en alla avec la divine Mère, fidèle à celui qui s'était si pleinement confié à elle. La mort du vénéré prélat était une véritable perte non seulement pour ses amis, mais pour l'Eglise de France.

(2) Biographie par Mgr Fèvre, disponible aux Ed Saint-Rémi.

(3) Biographie, 2 vol., par Mgr Baunard, disponible aux Ed. Saint-Rémi.

(4) Tous les ouvrages de Mgr Delassus sont disponibles aux Ed. Saint-Rémi.

(5) L’abrégé du Catéchisme de Mgr Gaume a été édité à 900 000 exemplaires. On en trouve très rarement.

(6) Et les 200 autres, plus ou moins importants, plus ou moins féconds, mais jamais médiocres, qui constituent l’école antilibérale. Cette école dont on commence juste à parler, est peu connue, peu étudiée, les livres ayant pratiquement complètement disparus. L’équipe qui essaie de la sortir du tombeau, et qui se passionne à chaque découverte, est tellement imprégnée de cet antilibéralisme qu’elle reconnaît de suite les vrais des faux antilibéraux. Les vrais sont très peu nombreux et profondément agacés d’entendre et de lire de vrais libéraux, qui se croient et veulent faire croire, qu’ils sont anti-libéraux parce qu’ils ont trouvé quelques ouvrages que bien souvent ils n’ont pas lu ou mal lu.

Puisse une jeune génération travailler sérieusement sur ces grands auteurs, s‘en imprégner et continuer le travail commencé, qui est de savoir, de méditer, de vivre antilibéral, et ensuite de combattre tous les faux maîtres qui ont pollué les intelligences de nos contemporains.

Être antilibéral, c’est d’abord bien analyser le réel. Ensuite, être antilibéral ce n’est pas seulement enseigner la vérité, c’est aussi combattre l’erreur, c’est ne jamais composer, pactiser avec quelque erreur, aussi petite soit-elle, c’est ne jamais transiger avec la vérité. C’est AVOIR UN JUGEMENT SÛR, C’EST RÉPONDRE AUX QUES-TIONS : EST-CE VRAI ? EST-CE FAUX ? OÙ EST LA VÉRITÉ ? OÙ EST L’ERREUR ? L’erreur se transforme vite en mensonge (parler avec l’intention de tromper) et le mensonge engendre aussi sûrement la mort que la Vérité amène à la Vie. On le voit tous les jours dans le combat de la Foi.

(7) Il est évident que nous n’aurions pas écrit certaines lignes, que le lecteur saura rectifier, mais qui aurait été capable de faire ce travail aussi honnête et d’une telle qualité ? Le sujet a du inspirer l’auteur qui doit être félicité et encouragé. Puisse-t-il devenir antilibéral ! Remercions-le en priant pour lui que la Divine Providence, par les mérites de Mgr Gaume, en fasse un digne successeur dans l’enseignement et le combat de la vérité.

(8) Le sacerdoce catholique est l’extension du sacerdoce unique de Jésus-Christ. Mais l’acte essentiel après le sacrifice de la Croix est la prédication évangélique, a écrit un autre grand antilibéral, l’abbé Aubry, dans Contre le Modernisme, L’étude de la Tradition, le sens catholique et l’Esprit des Pères, Éd. Saint-Rémi, disponible. Ouvrage remarquable et merveilleux comme les autres ouvrages de ce même auteur, réédités par les mêmes éditeurs.

(9) L’abrégé ou surtout le Catéchisme de Persévérance (la Somme Théologique, lue par Mgr Gaume dès 1830, est citée 64 fois, Moulinet p. 50), que l’on étudiait à 15 et 16 ans. Certains prêtres, malheureusement, en savent moins. Vous comprenez pourquoi ils sont opposés à Mgr Gaume.

(10) Il est utile de savoir qu’il conseillait ses deux frères éditeurs qui ont publié 330 titres religieux, toujours excellents, dont la première édition de la Somme Théologique en français (8 vol.), rééditée par les Ed. Saint-Rémi.

(11) Édité à 2000 exemplaires il en restait encore à sa mort (Moulinet p. 446). Sur 100 personnes qui en ont parlé, il y en a 98 qui ne le connaissent que par ouï-dire : manière honorable de juger un ouvrage !
Source: http://www.a-c-r-f.com/documents/LHR_LT2001_Mgr-JJ-Gaume.pdf

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