Voici un article de M. Jean-Claude
Dupuis auquel j’ai annoté (en rouge) quelque questionnement. Suite à un court
échange avec M. Dupuis pour avoir des réponses à mes questions j’ai eu pour
seule réponse un renvoi vers un article de l’abbé Athanase Sauget auquel La
Voix des Francs numéro 25 avait déjà répondu. (Voir à la fin de l’article)
Suite à l’envoi de la réponse de La
Voix des Francs j’ai reçu comme réponse : « Non, je n’ai pas eu le temps. […de
lire l’article] »
Je m’interroge sur le sérieux du
billet de M. Dupuis dépeignant Mgr Gaume comme un ésotériste, « apparemment »
antilibéral, « traditionnaliste » condamné par Grégoire XVI ainsi que « des
tendances gnostiques des modes médiévales contemporaines. »
Il n’a certainement rien compris de
la question des classiques de Mgr Gaume mais il peut se rassurer, il n’est pas
le premier.
Beaucoup l’ont condamné sans même
avoir pris le temps de le lire et pourtant Pie IX l’a défendu à maintes
reprises et aussi indirectement en défendant, en autre, Mgr d’Avanzo et le
Cardinal Gousset pour ne nommer qu’eux.
« Mon
éloge d’Antigone et de la culture classique en général a pu scandaliser les
« gaumistes », en supposant qu’il s’en trouve encore.
Mgr
Jean-Joseph Gaume (1802-1879) était un brillant polémiste contre-révolutionnaire
français. Dans Le vers rongeur des sociétés modernes ou le paganisme dans
l’éducation (1851), il soutenait que la Révolution française était le fruit des
études littéraires gréco-latines. Les élites européennes s’étaient détournées
de Dieu parce que les collèges classiques leur avaient inculqué le culte des
héros de l’Antiquité païenne plutôt que celui des saints du Moyen Âge. Mgr
Gaume suggérait de remplacer l’enseignement du latin classique de Cicéron par
celui du bas-latin de saint Augustin. Une authentique civilisation chrétienne,
disait-il, devait s’imprégner de la Bible et de la Patrologie plutôt que
d’Homère et de Virgile. (Où Mgr Gaume a-t-il dit qu’il voudrait remplacer les
auteurs classiques par celui du bas?!-latin de saint Augustin?)
La
question des classiques païens a soulevé la controverse, en France et au
Québec. L’abbé Alexis Pelletier (1837-1910) a propagé le gaumisme chez nous. Le
clivage opposait généralement les catholiques ultramontains (gaumistes) aux
catholiques libéraux (anti-gaumistes). Mais ce n’était pas toujours clair. Les
jésuites, très ultramontains, défendaient néanmoins les études anciennes, qui
formaient la base de leur ratio studiorum.
Le
Saint-Siège n’a pas vraiment tranché le débat, car c’était une question
pédagogique plutôt que théologique. Dans Inter multiplices (1853), Pie IX a dit
que l’on pouvait étudier le latin « tant dans les ouvrages si remplis de
sagesse des saints Pères de l’Église que chez les auteurs païens les plus
célèbres, purifiés de toute souillure ». Le Souverain Pontife ne condamnait pas
le gaumisme, mais il confirmait que la pédagogie humaniste n’avait pas fait
fausse route en enseignant la littérature païenne. Il recommandait seulement de
censurer les passages immoraux de certaines œuvres, ad usum Delphini.
(Avez-vous seulement lu Mgr Gaume pour bien comprendre? Avez-vous bien discerné
ce qu’il disait sur la question des classiques?)
L’Église
catholique a toujours récupéré ce qu’il y avait de bon dans la culture non
chrétienne. « Tout ce qui est vrai est mien, disait saint Augustin, car tout ce
qui est vrai est chrétien. » Saint Thomas d’Aquin a complété, et non pas
rejeté, la philosophie d’Aristote.
Certains
protestants ont parfois eu tendance à condamner en bloc la culture profane sous
prétexte que la Bible pouvait répondre à toutes les questions. Leur mentalité
ressemble à celle du calife Omar, qui fit brûler la bibliothèque d’Alexandrie
(643) en disant : « Le Coran suffit ! »
Le
gaumisme se rattachait au christianisme romantique du XIXe siècle, qui
dénonçait la prétendue « dérive rationaliste » de l’Église du Concile de Trente
(1542-1563) au nom d’une religiosité sentimentale qui se réclamait d’un Moyen
Âge imaginaire. En réalité, l’Église médiévale n’a jamais condamné la
littérature gréco-latine. Les moines recopiaient fidèlement les œuvres païennes
de l’Antiquité.
Mgr
Gaume était apparemment antilibéral. Mais son rejet total de la culture antique
visait à promouvoir une sorte de christianisme ésotérique. (Citation?) Il
adhérait au « traditionalisme philosophique » de l’abbé Félicité de Lamennais
(1782-1854), le père du catholicisme libéral français. (Preuve?) Dans son
ouvrage Du catholicisme dans l’éducation (1835), Mgr Gaume fait l’éloge de
Platon, mais il ne consacre qu’une demi-phrase à saint Thomas d’Aquin. Il va
même jusqu’à soutenir que l’on devrait étudier le sanskrit plutôt que le grec
et le latin. (Citation?) Cela dit tout.
Léon
XIII écrivait dans Aeterni patris (1879) : « Il est dans l’ordre de la divine
Providence que, pour rappeler les peuples à la foi et au salut, on recherche
aussi le concours de la science humaine : procédé sage et louable, dont les
pères de l’Église les plus illustres ont fait un usage fréquent, ainsi que
l’attestent les monuments de l’Antiquité ».
J’admire
le Moyen Âge, mais je me méfie des tendances gnostiques des modes médiévales
contemporaines. »
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