mercredi 31 janvier 2018

Père Onésime Lacouture - 2-27 - Les apôtres


VINGT-SIXIÈME INSTRUCTION
LES APÔTRES.

«Allez donc enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du St-Esprit; leur apprenant tout ce que je vous ai commandé, Et voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles.» Mt.  28-10
Plan Remarque.  (Ignorants.  (Leurs défauts… (Timides.  (Ambitieux.  Leur personne: (Droits.  (Leurs qualités… (Actifs.  (Endurants.  (Compagnons de Jésus.  (Son but ……… (Fonder l’Eglise.  (Salut du monde.  Leur vocation: (Promptitude.  (Ses conditions… (Détachement.  (Charité.  (Guérir.  (Sa fin………… (Prêcher.  (Glorifier Dieu.  Leur mission: (Pauvreté.  (Ses caractères… (Epreuves.  (Confiance en Dieu.
REMARQUE  Nous venons de considérer le bon Pasteur, l’idéal par excellence du prêtre et de l’Apôtre; il peut être utile maintenant de considérer les meilleurs disciples de Jésus, ceux qu’il a formés lui-même pendant trois ans de vie commune et d’enseignement continu au sujet des choses de Dieu.  Ceux-là étaient exactement comme nous; de la même masse déchue, avec les mêmes défauts que nous, les mêmes faiblesses et la même mentalité païenne.  Leur transformation en véritables apôtres mérite d’être étudiée par tous les prêtres et même par les fidèles qui doivent tous devenir des apôtres de l’action catholique selon la volonté de Dieu et des papes.  Ce que Jésus a fait pour eux il peut le faire pour nous si nous n’y mettons pas d’obstacles et si nous nous disposons à recevoir sa grâce d’après les exigences du surnaturel.  Comme les Apôtres nous devons continuer l’œuvre de Jésus à travers le monde et par conséquent nous avons besoin de la même formation, par les mêmes moyens et pour les mêmes motifs: le salut des âmes et la gloire de Dieu.  En voyant ce qu’étaient les Apôtres et ce que Jésus en a fait tout prêtre devrait avoir confiance que Jésus veut la même transformation pour lui et qu’il peut devenir un véritable apôtre selon le cœur de Notre-Seigneur.  Qu’il fasse sa part d’abord et Jésus fera la sienne aussi.  Qu’il commence par tout quitter comme les Apôtres et qu’il se donne tout aux choses de Dieu pendant quelques années.  Même s’il ne comprend rien, qu’il n’a aucun goût et qu’il ignore où tout cela aboutit, qu’il tienne bon comme les Apôtres pendant trois ans.  Ces pauvres hommes n’avaient pas encore reçu le St-Esprit et ne comprenaient rien aux voies de Dieu ni même à l’enseignement de Jésus pourtant si clair et si simple.  Mais le jour de la pentecôte ils sont abondamment récompensés pour leur longue attente.  Le voile du paganisme tombe et la lumière divine les inonde de sorte qu’ils voient le plan divin et les moyens pour le réaliser.  Eh bien, il en sera de même pour nous.  Commençons par nous donner tout aux choses de Dieu en quittant les attaches de toutes sortes même permises.  Les Apôtres ont abandonné leurs filets et leurs barques et quelques-uns leur femme: toutes choses permises, pour suivre Jésus.  Eh bien!  faisons de même.  Puis quand même nous ne goûterions pas les choses divines pendant des années; soyons fidèles à les cultiver le mieux que nous pourrons à travers le vide et l’ignorance ou le dégoût et l’ennui; notre pentecôte viendra, non pas subitement, mais graduellement.  Dieu récompensera sûrement notre fidélité à le suivre.  Mais il faut le suivre assez longtemps pour lui prouver que nous le préférons à tout au monde.  Ce n’est qu’alors qu’il se découvrira à notre âme émerveillée afin de saisir le plan divin pour notre salut éternel.  N’oublions pas que Dieu fait payer le divin par beaucoup d’humain, comme il est juste qu’il fasse.  Après Jésus nous avons là nos meilleurs modèles; étudions-les donc dans cette méditation. 

leur personne.

Ne soyons pas surpris que Jésus choisisse de bien pauvres instruments pour le salut du monde.  Il nous dit clairement que sans lui nous ne pouvons rien.  Dans le monde surnaturel surtout toute activité est divine et appartient donc à Dieu seul.  Alors l’efficacité du divin ressort encore plus quand les instruments dont il se sert ne valent rien ou très peu.  Plus ces instruments sont imparfaits et plus est grande la gloire de Dieu dans ce qu’ils accomplissent.  C’est donc normal pour Dieu d’affectionner des hommes imparfaits pour les instruments de sa gloire.  Quel encouragement pour la plupart d’entre nous!  Voyons d’abord leurs défauts puis ensuite leurs qualités.  Leurs défauts: Ignorants, timides, ambitieux.  Ignorants.  Les Actes le disent: «Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, sachant que c’étaient des hommes du peuple, sans instruction, ils furent étonnés: ils les reconnurent en même temps pour avoir été avec Jésus.» 4-13.  Jésus leur reproche souvent leur peu d’intelligence, évidemment pour les obliger à faire plus attention à ce qu’il leur dit.  Mt.  15-16: «Vous aussi, vous êtes donc sans intelligence; vous ne comprenez pas.  Mt.  16-9: «Pourquoi ne comprenez-vous pas?» Mc.  6-52: «Les Apôtres n’avaient pas compris.» L.  16-24: «Ils ne comprirent rien à cela.» Jo.  16-18: «Que signifie ce qu’il nous dit?  Nous ne savons de quoi il parle.»
Ils sont donc ignorants et en plus lents à comprendre même les choses qui nous apparaissent les plus simples au monde.  Dans le monde surnaturel ils n’y comprennent rien avant d’avoir reçu le Saint-Esprit à la Pentecôte.  Mais au moins après cela ils comprennent tout et sont tout aux choses de Dieu.  Ils prêchent les vérités les plus renversantes pour la nature humaine comme le mépris des créatures et le renoncement à soi-même.  Eh bien, où en sont les prêtres au sujet de la doctrine de Jésus?  Après des années de séminaire ou de formation religieuse où ils ont appris une foule de choses qui sert peu à la conversion des âmes, ils ignorent les idées fondamentales de la doctrine de Jésus que St-Paul appelle: la sagesse et la force de Dieu.  Ce sont donc les idées principales du plan divin qui produisent vraiment des résultats merveilleux quand on les donne.  Ce sont le mépris des créatures et le mépris de soi-même ou le renoncement à soi-même.  Ce sont les deux idées opposées aux deux amours naturels qui empêchent l’amour de Dieu de venir en nous.  Elles sont donc essentielles à la transformation des chrétiens ou enfants de Dieu, non seulement par la grâce sanctifiante, mais aussi par la mentalité comme l’exige St-Paul, Rom.  8-14.  «Sont enfants de Dieu ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu.» Les prêtres ignorent tellement ces deux idées essentielles au christianisme que dès qu’un prêtre essaie de les prêcher il est persécuté comme un hérétique par la masse des prêtres qui appellent ces deux idées une doctrine étrange et contraire aux traditions de l’Eglise.  Et cela non seulement après la Pentecôte, mais après l9 siècles de christianisme!  Comme il faut être aveugle pour ignorer ces choses!  Ils connaissent bien les textes qui les enseignent, mais cela reste dans l’abstrait pour nos philosophes.  Ils n’ont rien compris dans le concret de cette doctrine.  Ils le montrent bien par leurs attaques acerbes contre tout prédicateur qui essaie de les faire vivre par le peuple et par les prêtres.  La masse des prêtres ignore donc «la force de Dieu et la sagesse de Dieu» d’une façon concrète et ne s’en servent pas en général.  S’ils ont le Saint-Esprit, ses dons sont liés en eux par leurs attaches à différentes choses créées et permises.  Alors ils comprennent matériellement comme s’ils n’avaient pas du tout le Saint-Esprit.  On ne peut pas assez le répéter ce que dit StJean de la Croix: «Ceux qui ont une attache n’auront pas l’intelligence des choses de Dieu.» Voilà un des tristes résultats de la philosophie de la religion; elle permet les attaches et ainsi ferme le coeur aux dons du St-Esprit, de sorte que la plupart des prêtres ignorent les points essentiels de l’Evangile dans la vie pratique.  Ils n’ont pas le don de sagesse pour goûter la moelle de l’Evangile.  Très peu agissent selon ces dons du Saint-Esprit; c’est un très grand malheur pour l’Eglise que ses prêtres soient mus surtout par la raison purement humaine.  Et dire que cette ignorance des dons justement nécessaires pour la sainteté de vie existe après 19 siècles de christianisme, quand tout le monde sait lire et que cette doctrine est imprimée et publiée par le monde!  C’est incompréhensible, mais c’est l’effet des diaboliques «in se» de la philosophie de la religion.
Ils sont timides parce qu’ils vivent de naturel; tous les païens sont peureux devant les effets d’une force surhumaine.  Ainsi quand les Apôtres voient Jésus marcher sur les eaux, ils sont remplis d’une grande frayeur; quand ils sont dans la barque avec lui pendant une tempête, ils ont peur.  Jésus leur dit souvent: «Pourquoi êtes-vous craintifs, hommes de peu de foi?» C’est donc ce manque de foi qui est au fond de la peur.  Tout naturel a peur des sacrifices, puisque c’est la mort du naturel dans la même proportion.  C’est l’instinct de la préservation que tout le monde a.  Tant que le point de vue naturel n’est pas remplacé par le point de vue surnaturel, on a peur de tout sacrifice.  Après la Pentecôte, les Apôtres n’ont plus peur de rien excepté de Dieu.  Il n’y a pas de tourment qui les effraie, absolument rien ne peut les séparer de la charité de Dieu.  Voilà ce que vivre de foi fait pour l’âme; cette vie la trempe comme de l’acier, rien ne peut la faire broncher dans le devoir.  Eh bien, comparons les prêtres aux apôtres afin de mieux voir ce qui nous manque devant Dieu.  Combien de prêtres agissent comme les Apôtres encore païens de mentalité!  Comme les prêtres juifs ils ont peur que les Romains viennent prendre leur ville, ou leur paroisse, ou leur diocèse, ou leur position avantageuse devant le monde.  Combien évitent la prédication du mépris du monde et du renoncement à soi-même pour ne pas être critiqué par les fidèles, pour ne pas avoir d’affaires avec les supérieurs, pour ne pas être dénoncés comme des Jansénistes, des exagérés, des novateurs, etc.  Comme on est habile pour cacher le vide de sa vie et de sa doctrine derrière les «in se».  Cette exposition purement théorique est vraie et manifeste une certaine science qui satisfait l’esprit païen et qui permet toutes sortes d’attaches aux jouissances de la terre et pour les prêtres et pour les fidèles.  Tous sont satisfaits de ce régime naturel qui préserve de toute persécution et du monde et des démons et le bon Dieu n’a qu’à attendre la dernière maladie où on aura bien le temps de l’amadouer avec un acte de contrition parfaite ou une Extrême-onction… et on aura joui du monde at on jouira du ciel! 
Combien ont peur des supérieurs majeurs afin d’être bien vus pour les promotions possibles et si souvent enviées!  Et les chrétiens sont-ils plus braves?  Pas du tout.  Sont-ils nombreux ceux qui résistent au respect humain?  Par exemple, pour suivre la mode?  pour ne pas manger de la viande quand les autres en mangent?  pour aller communier quand les autres n’y vont pas?  pour ne pas voler le gouvernement ou les grosses compagnies quand les autres les volent?  pour avoir des enfants quand les autres n’en ont pas?  Combien ont peur de pratiquer l’Evangile intégral?  Ils ont peur de paraîtres trop dévots.  Enfin peur de tout, excepté de Dieu!  L’amour des créatures et l’amour de soi sont au fond de la peur; on a peur de perdre quelque chose qu’on a ou qu’on est.  Mais quand on a mis dehors au moins une bonne partie et que l’amour de Dieu commence à prendre la place, la peur disparaît dans la même proportion, parce qu’on n’a plus peur de perdre rien de ces deux choses; du monde et de soi-même.
Ils sont ambitieux comme tous ceux qui jugent selon les sens et qui sont affectionnés aux choses de la terre et à eux-mêmes.  On veut tout ce qui apporte des jouissances, des louanges; c’est l’égoïsme du païen qui veut accaparer le plus possible parce qu’il a mis son bonheur dans les créatures de ce monde.  Ainsi les Apôtres ont des querelles de préséance assez souvent.  Au moment le plus solennel de la vie de Jésus, à la dernière Cène, ils ont une contestation pour savoir qui était le plus grand parmi eux.  Quelle cause de trouble dans l’Eglise que cette question de préséance!  Que d’ecclésiastiques sont blessés au vif par un manque quelconque d’égard à leur dignité!  Ils ont beau se cacher sous l’honneur de l’Eglise qu’ils représentent, il est clair que c’est du paganisme tout pur avec son orgueil égoïste.  Jésus s’est soumis non seulement aux manques d’égards envers lui, mais à toutes les plus grandes humiliations sans craindre le déshonneur pour la Divinité qu’il avait et qu’il représentait.  Rien de plus glorieux pour l’Eglise fondée par un Chef couronné d’épines que des prêtres et des évêques humiliés et résignés dans leurs humiliations!  Quand allons-nous voir ce phénomène si rare que des ecclésiastiques qui imitent leur divin Maître?  Que d’ambition chez les prêtres et chez les religieux!  Comme on est habile pour plaire aux hommes afin d’avoir leurs suffrages pour monter en charge!  Que de supérieurs sacrifient les règles et la doctrine même qui embarrasse le naturel des motifs, par exemple, afin que les inférieurs n’écrivent pas contre eux aux supérieurs majeurs!  C’est une des grandes causes de décadence dans la vie religieuse et dans le clergé.  Qu’un supérieur tienne simplement aux règles et aux exigences de la vie religieuse que les religieux ont tous voué de garder… et de suite il est dénoncé aux supérieurs majeurs comme un tyran qui rend la vie amère aux confrères et les supérieurs majeurs pour les mêmes raisons lui ordonnent de mettre de l’eau dans son vin, d’être charitable pour ces chers religieux qui se lèvent quand ils veulent, vont où ils veulent et font ce qu’ils veulent!  Si les plaintes continuent on le dépose tout simplement comme inapte à gouverner Tous essaient de sauver les apparences au moins et encore…!  Quelle politique et diplomatie!  Quel camouflage chez des hommes voués au travail de la perfection!  Que d’humain là et de paganisme!  Comme pour les apôtres le jour de la Pentecôte il n’y a que les dons du St-Esprit pour détruire ces défauts qui gâtent la vie chrétienne.  Tous ceux qui ont la grâce sanctifiante ont les dons, mais ils sont ordinairement paralysés par toutes sortes d’attaches même aux choses permises.  Ainsi les fumeurs n’agissent pas selon les dons; ils n’en manifestent aucun.  Ni les amateurs de sports, ni les coureurs de grands salons, ou de vues, ou des chemins dans leurs superbes automobiles, ni les joueurs de cartes, ou d’argent, etc.  etc.  Tous ces prêtres, religieux ou laïcs, qui ont de telles attaches, ne sont pas conduits par les dons du St-Esprit.  Voilà pourquoi ils manifestent tous ces défauts des Apôtres avant qu’ils eussent reçu le St-Esprit.  Guerre donc à toutes ces attaches permises par la philosophie païenne des diaboliques «in se», mais absolument condamnées par la vraie théologie de Jésus et des Saints… et de ceux qui veulent les suivre.  Leurs qualités sont très grandes: la simplicité de leur vie les a protégés contre l’hypocrisie, la diplomatie et une foule de défauts des gens qui vivent en ville en général.  Voyons quelques qualités qui appartiennent à la vie de l’Apôtre: ils sont francs, actifs, endurants.  Ils sont francs: ils parlent comme ils pensent et n’agissent jamais sournoisement.  Cette franchise plaît beaucoup à Jésus et l’on s’attend à cette vertu dans les disciples de Jésus.  Comme on aimerait à voir cette belle franchise chez tous nos fidèles et chez les prêtres réguliers et séculiers!  Est-ce qu’il ne faut pas prendre des garanties quand on traite avec les prêtres et les religieux comme avec n’importe quel Juif?  On trouve des supérieurs qui accordent et refusent une permission en même temps.  Si elle cause des inconvénients, ils se glorifient de l’avoir refusée; si elle tourne au bien, ils se vantent de l’avoir accordée.  Ils ont dit: oui et non!  Alors arrive que pourra, leur réputation est sauve.  Plusieurs ont appris à mentir avec nos fameuses restrictions mentales, permises par la morale.  «In se», c’est possible, mais dans le concret on ne devrait jamais s’en servir.  Car les gens finissent toujours par savoir la vérité et ils sont scandalisés de ce mensonge du prêtre.  Nous ne devrions jamais l’employer à cause du scandale qui en résulte ordinairement.  Et qui sait exactement les limites entre les restrictions mentales et les mensonges?
Ils sont actifs.  Leur pauvreté les a obligés à travailler fort pour vivre; aussi, ils ne regimbent jamais au travail; ils ne se plaignent jamais de leur travail et pourtant leur vie avec Jésus était sûrement pénible, l’accompagnant partout sur les routes rocailleuses de la Palestine, au soleil brûlant, et, jamais chez eux, mais couchant n’importe où et mangeant dehors ce qu’ils pouvaient trouver.  Plus tard dans leurs missions apostoliques, ils ont parcouru des pays entiers prêchant sans mesurer ni leur repos ni leurs sueurs.  Ils se sont jetés corps et âme dans leur apostolat pour l’amour de Jésus et des âmes.  Le travail est une loi de Dieu qui oblige tout homme à faire valoir les talents que Dieu lui a donnés.  Tout prêtre devrait être actif d’une façon ou d’une autre pour les âmes et pour la gloire de Dieu, à l’exemple de Jésus, son Maître.  Mais qu’il le soit uniquement dans les choses de Dieu.  Combien perdent leur temps dans toutes sortes d’organisations profanes comme jeux, bazars, parties de cartes, vues animées et soirées.  Que d’énergie perdue chez les prêtres pour toutes sortes de bagatelles païennes sous prétexte de garder leurs gens dans la paroisse, ou de les préserver du péché… et le meilleur de leur vie y passe… et les choses de Dieu sont négligées et pour eux-mêmes et pour les fidèles.  Tout cela s’adresse aux fidèles aussi.
Ils sont endurants.  Ils sont habitués à la vie dure de pêcheurs à attendre le poisson souvent la nuit comme le jour avec toutes les intempéries des saisons.  Avec Jésus il arrive qu’ils n’ont pas de quoi manger ou le temps de manger et ils ne se plaignent pas.  Une fois ils marchèrent de Jéricho à Jérusalem dans une journée, ce qui demandait des forces peu ordinaires.  Combien d’autres courses ne sont pas mentionnées par les évangélistes!  Les Saints ont tous été endurants parce qu’ils voulaient d’abord expier leurs propres péchés, puis ceux des autres.  De plus ils voyaient à la lumière de la foi tout le bien qu’il y avait à faire et le peu d’hommes capables de le faire.  Alors ils se dévouaient de toutes leurs forces, sachant qu’ils travaillaient pour Dieu qu’ils aimaient grandement.  Prions le St-Esprit qu’il nous forme des prêtres des deux clergés endurants dans leurs travaux pour le salut des âmes.  Combien acquièrent vite après la prêtrise l’art de ne rien faire ou de paraître travailler sans rien produire, qui laissent aux confrères les corvées et qui vont se balader aux amusements de toutes sortes ou courir les routes en automobile.  Comme il y en a qui se trouvent des malaises devant un travail quelconque!  Mais qui peuvent passer des heures au froid pour suivre une partie de gouret, ou de balle, ou autre amusement de leur choix.  Combien se plaignent d’un sermon ou d’une séance de confessions, ou d’une course aux malades, mais qui vont passer une partie de la nuit à jouer aux cartes, ou faire des centaines de milles en automobile pour aller à une fête, ou à une partie! 
Quand on travaille pour le bon Dieu on ne se plaint pas.  Les plaignards sont ceux qui font l’œuvre de Dieu «à la diable» et dont le cœur est aux choses du monde, à leurs propres satisfactions et pour leurs propres intérêts.  Ils estiment les choses du monde et de leur personne.  Tout ce qui enlève quelque chose l’est intolérable pour leur païen.  Ils mesurent leurs pas quand ils vont aux choses de Dieu, mais ils ne comptent rien quand ils vont à leurs plaisirs favoris.  Eh bien, demandons au St- Esprit la grâce de tout voir aux yeux de la foi et de nous laisser conduire par ses dons divins.  Pour cela que chacun retranche au plus vite les attaches qui l’empêchent d’agir… voilà du bon travail pour un chrétien!  leur vocation Dès les débuts de sa vie publique Jésus se choisit quelques disciples stables qu’il voulait former pour continuer son oeuvre quand il serait retourné au ciel.  Il en choisit douze qu’il nomma Apôtres: leurs noms sont bien connus, avec Pierre leur chef.  Comme nous sommes les continuateurs de l’oeuvre des Apôtres nous pouvons tirer profit en méditant sur la grandeur de cette vocation.  D’abord… Son but.
Etre compagnons de Jésus; dans sa vie quotidienne, témoins de ses actions, manger avec lui, travailler avec lui, dormir à ses côtés, enfin être ses amis intimes.  Il leur expliquerait dans le détail tout le plan divin pour le salut du monde et les voies de Dieu en général.  Plus tard ils pourront témoigner comme St-Jean l’affirme, I Jo.  l-l: «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons considéré, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.» Nous sommes tous appelés à cette même familiarité avec Jésus, par les Stes Ecritures, et par la foi en sa divinité.  De plus dans l’Eucharistie, il est avec nous corps et âme et divinité comme il était avec les Apôtres.  Il nous assure que si quelqu’un croit en lui et observe ses commandements la Trinité viendra en lui et se manifestera à lui.  Mais comme les Apôtres sont devenus ses familiers en abandonnant tout ce qu’ils avaient même de permis, ainsi, Jésus répète sur tous les tons qu’il se communique aux hommes en proportion qu’ils se défont de l’amour des créatures et de l’amour d’eux-mêmes.  Pour pratiquer le premier mépris il faut se défaire de tout motif naturel qui jaillit des affections naturelles pour les créatures et pour pratiquer le second il faut se renoncer; donc accepter tout ce qui contrarie le jugement et la volonté.  Tout chrétien, prêtre ou religieux, qui ne fait pas la guerre à ces deux amours en lui de la sorte ne goûtera jamais la familiarité de Jésus; il restera étranger à Jésus quel que soit son genre de vie, sa vocation, qu’il soit prêtre, religieux ou laïque.  On ne peut pas aimer le monde, aimer soi-même et aimer Dieu! 
C’est Jésus qui le dit en toutes lettres dans le sermon sur la montagne.
La preuve que le clergé ne cultive pas cette familiarité avec Jésus est dans ce fait que peu de prêtres étudient St-Jean de la Croix, le Docteur par excellence de l’union avec Jésus; ils l’évitent comme un mauvais livre, car le païen flaire là l’ennemi acharné de ses attaches, de ses jouissances dans sa vie de bourgeois, de ses affections pour le créé qui fait si bien son affaire… et qui n’est pas défendu «in se».  Partout dans le monde on rencontre cette opposition du clergé à St-Jean de la Croix et aux mystiques en général; les spécialistes de la pratique de l’amour de Dieu!  Il faut donc qu’il y ait quelque chose de foncièrement faux dans la formation des prêtres et des religieux!  Nous l’avons souvent dit: c’est qu’ils ne reçoivent que de la philosophie de la religion, ils l’apprennent seulement dans leurs infernal «in se» ou simplement au point de vue naturel ou païen.  On comprend que nos spécialistes puissent étudier sans remords de conscience Jésus-Christ dans les savants athées et allemands et juifs ou anglais ou américains; ils passent le meilleur de leur temps à fouiller dans ces athées pour connaître Jésus-Christ!  Quelle pitié!  Aussi quel fiasco pour la formation de nos prêtres et de nos religieux!  Fonder l’Eglise d’abord sur Pierre comme chef: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise.» Puis il les envoie tous enseigner aux nations tout ce qu’il leur a enseigné lui-même et il leur promet de rester avec eux jusqu’à la fin des temps.  Au temps des Apôtres les premiers fidèles se dépouillaient de leurs biens, comme de leurs maisons et de leurs fermes pour en donner le prix aux pauvres; c’est donc que les Apôtres ne prêchaient pas seulement de sacrifier les choses défendues comme les prêtres de nos jours; mais aussi les choses permises.  Quand allons-nous revenir à cette doctrine apostolique?  Quand nous nous serons débarrassés de nos Philosophes de la théologie, de nos docteurs aux «in se» païens qui permettent toutes les affections aux choses permises et donc qui font l’œuvre des démons en conservant l’amour naturel pour les choses créées et pour soi-même.  Revenons au plus vite à la vraie théologie où l’on considère les choses au point de vue du salut de l’âme et pas seulement «in se», mais en nous.
Le salut du monde est sûrement la plus belle œuvre possible.  Passer sa vie à envoyer des âmes au ciel et à faire connaître Dieu, que peut-on imaginer de plus grand pour de simples mortels.  Eh bien, les Apôtres se donnent corps et âme à cette œuvre et jour et nuit.  Ils ne se mettent pas à organiser des clubs de jeunesse ou des bazars, ou des amusements.  Même ils n’ont pas voulu perdre leur temps à distribuer des aumônes.  Quand celles-ci devinrent abondantes, le St-Esprit leur fit savoir qu’ils ne devaient pas perdre leur temps à ce «ministère» comme l’appelle St-Paul, mais ils choisirent des laïques qu’ils ordonnèrent diacres pour ce travail… réservant tout leur temps pour la prière et la prédication.  Les prêtres ont-ils jamais lu ce passage dans les Actes?  Comment cet enseignement du St-Esprit ne les a-t-il pas frappés?  Le St-Esprit trouve indigne de ses prêtres le «ministère» de distribuer des aumônes aux pauvres.  Que ne dirait-il pas à tant de prêtres qui organisent des jeux, même le dimanche, qui font danser les gens, qui passent leurs veillées dans des salles de pool ou de vues animées à bourrer les fidèles de jouissances sensibles quand ils ont été choisis justement pour les sevrer de ces jouissances!  Comme ces prêtres sont loin de l’esprit de Jésus-Christ et des Apôtres!  Ses conditions.
La Promptitude est exigée par Jésus parce qu’elle est le signe de l’amour qu’il veut toujours dans les siens.  Si on offrait un million à un homme, dirait-il qu’il est trop pressé, qu’il le prendra un autre jour?  Eh bien, Jésus nous offre plus qu’un million.  Si on offrait la guérison à un malade, dirait-il: il n’y a pas de presse, c’est aussi bien plus tard?  Eh bien, le ciel est encore plus que tous ces biens terrestres.  Il veut donc de l’empressement dans ceux qui veulent le suivre.  Un jour on lui demande le temps d’aller enterrer son père, Jésus répond: «Laissez les morts enterrer les morts».  Mt.  8-21.  Un autre lui dit: «Souffrez que j’aille faire mes adieux à ma famille.» Jésus répond: «Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au royaume de Dieu»… Plus on vit selon la foi et plus on obéit vite à Dieu.  Le Détachement des choses créées et de soi-même a déjà été suffisamment expliqué un peu partout.  On comprend sa nécessité; il faut vider le coeur des deux amours naturels pour que Dieu donne.  La charité qui prend la place des deux autres amours dans la proportion qu’on les rejette du cœur.  C’est ce que les Apôtres ont fait et que nous devons tous faire pour aimer Jésus comme il l’exige. 
leur mission.  Sa fin. 
Jésus les envoie pour guérir, prêcher et glorifier Dieu par le salut des âmes.  Guérir les corps d’abord comme Jésus a fait pour gagner la confiance des gens.  Comme on le voit par la parabole du bon Samaritain.  Jésus tient à ce que les prêtres s’occupent de guérir les maladies et les infirmités quand ils le peuvent, pas nécessairement par eux-mêmes, mais par des organisations qu’ils peuvent confier à des laïques comme les Apôtres ont fait pour les diacres.  Quand les malades demandent aux prêtres de les guérir, ils doivent volontiers accéder à leur demande en leur donnant une bénédiction et en priant pour eux.  C’est un ordre que Jésus donne à ses Apôtres: guérissez les malades!  C’est une humilité mal placée qui refuse de les guérir.  Est-ce que s’ils étaient plus parfaits, ils feraient des miracles?  Parfaits ou imparfaits, c’est toujours Dieu seul qui guérit et un prêtre devrait le savoir.  Alors inutile de refuser sous prétexte qu’on est imparfait.
Prêcher.  Que le prêtre se rappelle que Jésus dit: «… leur apprenant à observer tout ce que je vous ai dit.» Donc pas une partie seulement de l’Evangile, pas un choix selon le naturel, pas ce qui flatte les fidèles; rien de tout cela, mais tout ce que Jésus nous donne dans l’Evangile et uniquement parce que c’est Jésus qui nous le donne, peu importe ce que les fidèles en pensent ou ce qu’on aime soi-même.  On donne la doctrine intégrale de Jésus telle qu’il l’a donnée lui-même.  Ce n’est pas de la philosophie que Jésus a prêchée, mais sa propre vie et les vérités non pas «in se», mais en nous et en Dieu, ou pour notre salut éternel.  Jésus n’est pas une science abstraite, mais une vie à vivre tout de suite dans le concret des actions.  Qu’on étudie les Epîtres et l’on verra comment les Apôtres étaient concrets et comme ils exigeaient la pratique de ce qu’ils enseignaient. 
Jamais ils ne parlent selon le «in se», des païens, mais toujours des vérités vécues en nous.  Que Dieu nous délivre de la diabolique philosophie des prêtres et qu’il nous donne la théologie des Apôtres et des Saints.  Glorifier Dieu, c’est mettre en avant le Père en tout ce qu’on fait, c’est attribuer tout le bien qu’on fait à Dieu et c’est prêcher de façon à donner Dieu aux fidèles, en se faisant oublier soi-même.  Ce n’est pas avoir derrière la tête des motifs de sa propre louange et pour s’attirer des compliments du monde, mais c’est avoir uniquement sur Dieu les yeux tournés et s’effacer soi-même parfaitement.  Voici un bon signe qu’on travaille uniquement pour Dieu; c’est quand on est aussi content du bien que les autres font que celui qu’on fait soi-même et aussi content des louanges que les autres reçoivent que de celles qu’on nous donne.  Ceux qui sont jaloux ou envieux du bien des autres montrent clairement que leur point de vue est purement païen et égoïste.  Car s’ils travaillaient pour Dieu seul, ils devraient savoir que les autres en font autant et alors ils devraient donner à Dieu sa gloire dans ce que les autres font comme dans ce qu’ils font eux-mêmes pour Dieu.  Mais comme c’est rare de voir cet esprit de foi!  Que de jalousie cachée au fond du cœur!  Si on veut s’amuser qu’on loue un prêtre en présence d’un confrère et qu’on surveille les réactions de ce confrère.  Comme il perd vite la parole!  Comme un besoin pressant le prend pour s’esquiver ou comme il va compenser par des critiques contre ce prêtre!  C’est du naturel tout pur!  Ses caractères peuvent être divins par l’œuvre qu’ils ont à accomplir: ils doivent détruire les deux amours naturels dans le coeur des hommes: l’amour des richesses et l’amour de soi.  Donc Jésus va exiger d’eux la pauvreté, les épreuves et alors viendra l’amour de Dieu avec la confiance en Dieu.
La Pauvreté doit reluire dans celui qui vient montrer la nécessité de se débarrasser de l’attache aux biens terrestres.  Il faut qu’il en ait le cœur net pour demander aux autres cette pureté de coeur qui n’est souillé par aucune affection aux choses créées.  Que l’apôtre montre son amour pour la pauvreté dans ses habits, dans sa manière de manger, dans sa chambre et enfin en tout où il peut montrer son mépris pratique ces jouissances terrestres.  Combien sont extrêmement exigeants à la table.  Quelle honte pour un prêtre de parler beaucoup de nourriture, critiquant ce qu’il n’aime pas et vantant ce qu’il aime afin que les gens le lui servent.  Les Curés qui nous reçoivent sont si bons et généreux que nous devons faire attention pour ne pas nous laisser aller à la gourmandise et à prendre l’habitude de si bien manger qu’on devienne ensuite difficile.

Les Epreuves: elles sont inévitables pour les véritables apôtres.  Dès qu’on prêche Jésus-Christ comme une vie à vivre, tout de suite l’enfer suscite des tempêtes de persécutions et de dénonciations très pénibles surtout dans les débuts.  Mais c’est normal pour un prédicateur de la Théologie Catholique.  Il n’est pas plus que son Maître.  Ce que les Pharisiens, les philosophes de l’ancien Testament ont fait à Jésus, les pharisiens modernes le feront aussi sûrement et aussi bien que les anciens, pour tuer votre Jésus que vous prêchez si bien que l’enfer enrage.  C’est alors qu’il faut la prudence du serpent et la douceur de la colombe.  On ne peut pas préparer son plan de campagne d’avance.  Le St-Esprit inspirera la tactique pour le moment présent et à la grâce de Dieu pour le reste.  Peu importe ce qui arrivera, il faut le prendre en union avec Jésus qui a reçu toutes ces mêmes épreuves avant nous.  Qu’on se garde bien d’en vouloir aux instruments immédiats de Satan et de Dieu pour des raisons différentes.  C’est l’émondage normal de tous ceux qui portent des fruits et le bon Dieu se sert des philosophes comme d’instruments aveugles pour la sanctification des apôtres de la théologie véritable; c’est à peu près le seul bien qu’ils font dans leur vie quoique à leur insu!  La confiance en Dieu est absolument nécessaire à l’apôtre, précisément à cause de ces persécutions et aussi à cause de la doctrine divine qu’il prêche.  S’il comptait tant soit peu sur ses propres forces et ses propres talents, Dieu lui retirerait son secours et seul il ne ferait rien de bon.  Quand on voit la majorité des prêtres contre soi et ses meilleurs amis aussi, il faut une bonne dose de confiance en Dieu pour continuer quand même dans la même voie.  Si on écoutait le monde et son propre cœur, comme il serait facile d’aiguiller un tout petit peu vers les «in se» et tous les démons iraient se coucher et nous aurions la paix comme les docteurs en Israël l’ont.  Jésus, lui, donne la paix dans le cœur avec la conscience du devoir accompli même aux dépens de sa réputation, mais c’est la guerre avec le monde et les démons à l’extérieur.  «Parce que vous m’appartenez, le monde vous hait comme il m’a haï et il vous persécute comme il m’a persécuté; mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde».  Examinons notre confiance; quand elle est en nous les fiascos se succèdent; quand elle est en Dieu, c’est le succès dans les choses de Dieu.

Père Onésime Lacouture - 2-26 - Le Bon Pasteur


VINGT-CINQUIÈME INSTRUCTION
LE BON PASTEUR.

«Je suis le bon Pasteur: le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.» Jo.  10-11

Plan La vie du berger.  Par son exemple.  Il nous nourrit.  Par sa doctrine.  Par sa grâce.  Contre les démons.  Jésus est pasteur: Il nous défend.  Contre le monde.  Contre nous-mêmes.  Il nous aime.
Le mercenaire: Se nourrit.  Se défend.  S’aime lui-même.  Le vrai pasteur imite Jésus.

LA VIE DU BERGER.  Jésus venait d’avoir une des plus fortes discussions avec les Juifs au sujet de la guérison de l’aveugle-né.  Celui-ci les condamne par son témoignage en disant: «Jamais on a ouï dire que personne ait ouvert les yeux à un aveugle-né; si cet homme n’était pas Dieu il ne pourrait rien faire de semblable.» Alors Jésus montre la mauvaise volonté des Juifs qui n’écoutent pas la parole de Jésus parce qu’ils ne sont pas de Dieu et il leur donne la parabole du Bon Pasteur.  La vie du berger avec ses brebis est le meilleur échantillon de la vie du prêtre qui a charge d’âmes.  Un troupeau de moutons est incapable de se protéger contre ses ennemis et si un va d’un coté tous les autres suivent aveuglément.  Les brebis n’entendent que la voix de leur propre berger et ne suivent que lui.  C’est très intéressant de voir les bergers à Jérusalem ramener leurs troupeaux en ville vers le coucher du soleil.  Ils se rencontrent, se croisent, se mélangent dans les bazars ou dans les carrefours de la ville, mais les moutons finissent toujours par retrouver leur propre berger en distinguant sa voix de celle des autres.  On a beau essayer d’imiter la voix du berger, pas un mouton n’y fait attention.  Quelle parfaite confiance en leur berger!  Quelle union avec lui!  Quel abandon absolu au berger!

Le berger connaît toutes ses brebis parfaitement, si une retarde à paraître avec les autres, il reste là sur place et l’appelle tant qu’elle ne revient pas; j’en ai vu passer en sens inverse des troupeaux sans s’occuper d’eux, mais suivant de loin la voix du berger qui l’appelait.  C’est une vie isolée du monde; les pâturages ne sont pas dans les villes, mais dans la campagne, loin des habitations.  En visitant la Palestine, on en voit partout dans les solitudes mêmes les plus affreuses.  Je n’oublierai jamais le désert autour de Corozaïn, tout couvert de cailloux de toutes les grosseurs au monde; on ne peut pas mettre le pied sur de la terre, mais sur des roches.  Il y a cependant un peu d’herbe autour des cailloux.  Eh bien, il y avait des troupeaux de moutons avec leurs bergers.  J’ai failli en mourir de cette course à Corozaïn, dans une journée… et eux passent leur vie dans ces déserts maudits par Jésus!… Leur vie est très pénible; ils sont obligés de subir les intempéries des saisons.  Le soleil est brûlant et dès qu’il se cache on gèle.  C’est que la Palestine est très élevée et l’air raréfié de sorte qu’il ne se réchauffe pas au soleil et ne garde pas sa chaleur.  Peu importe la température ou le temps, il faut que les moutons mangent.  Alors les bergers sont obligés de les conduire au pâturage quand même.  C’est l’unique souci des bergers; leurs propres fatigues n’entrent pas en ligne de compte, ni leurs ennuis, ni leur isolement.  Ils sont tout au service de leurs brebis et se sacrifient pour elles.  C’est une merveilleuse vie s’ils ont la foi; ils sont loin des folies du monde et de ses vains bruits; ils peuvent contempler à la journée le beau ciel bleu de Palestine et les lointains horizons qui leur parlent de l’immensité de Dieu.  Aucune attache ne peut retenir leur esprit à la terre, car ils sont bien pauvres et ne peuvent apporter grand chose dans le désert.  Ils n’ont rien pour les distraire de leur union avec Dieu, étant toujours seuls; ils ont l’avantage de pouvoir écouter la voix de Dieu au fond du cœur s’ils veulent s’en donner la peine.  On sait que plusieurs se sont sanctifiés en gardant les moutons, comme le Curé d’Ars, Bernadette, Jeanne d’Arc, et une foule d’autres.  Tout est favorable à entretenir l’union de l’âme avec Dieu.  C’est une vie de pauvreté nécessairement.  Ils n’ont rien avec eux dans la solitude et le soir ils sont tellement fatigués qu’ils se couchent de bonne heure et par conséquent ils ne peuvent prendre part aux amusements ordinaires des gens des villes ou même des villages.  Isolement, privations et souffrances résument la vie du berger.  Voilà l’échantillon que Dieu nous donne de la vie des chrétiens qui vivent vraiment la vie de Jésus. 

jésus est pasteur

Jésus a toujours affectionné la vie des bergers.  Il s’est fait annoncer par les prophètes comme le futur berger de son peuple.  Jer.  23-3: «Et moi je rassemblerai le reste de mes brebis de tous les pays d’où je les aurai chassées et je les rassemblerai dans leurs pâturages; elles croîtront et se multiplieront.  Et je susciterai sur elle des pasteurs qui les paîtront; elles n’auront plus ni craintes ni terreur et il n’en manquera plus.» Eze.  34-12: «Comme un pasteur passe en revue son troupeau au jour où il se trouve au milieu de son troupeau épars, ainsi je passerai mes brebis en revue et je les retirerai de tous les lieux où elles ont été dispersées.  Je sauverai mes brebis.  Je leur susciterai un seul pasteur et il les fera paître, mon serviteur David; c’est lui qui les paîtra et c’est lui qui sera pour elles un pasteur.» On sait que Jésus a passé son titre de pasteur avec sa fonction à l’Eglise dans la personne de Pierre quand il lui donna les clefs du paradis en lui disant: pais mes agneaux, pais mes brebis.  A son tour Pierre et les Papes ses successeurs ont transmis leurs pouvoirs aux Evêques et aux prêtres.  Dans les premiers siècles de l’Eglise cette idée du Pasteur était très en vogue parmi les chrétiens et les Pères de L’Eglise s’en servent souvent.  Cette idée du bon Pasteur devrait être étudiée par tous les prêtres du monde, car elle contient un splendide résumé de leurs devoirs et de leurs fonctions envers les fidèles qui sont comme de vrais moutons.  Ils suivent leurs prêtres aveuglément, aussi s’ils sont païens de mentalité, les paroissiens le seront aussi; s’ils sont des sports, les paroissiens le seront aussi; s’ils ne les voient jamais faire de visites au T.S.S., ils n’en feront pas non plus, s’ils ne les entendent jamais parler des choses de Dieu, mais des bagatelles de la terre, ils les imiteront; ce sont moutons!  Les prêtres devraient le savoir et se conduire en conséquence.  Puisque Jésus tient tant à son titre de pasteur, c’est donc qu’il contient l’essence de sa vie et de sa doctrine, il vaut donc la peine d’être étudié à ce point de vue.  Un bon pasteur nourrit, défend et aime ses brebis.  Voyons ces trois qualités dans Jésus avec la volonté de l’imiter en ces trois points.  Jésus nous nourrit.  Le principal but qu’a un berger, c’est de trouver des pâturages abondants pour son troupeau; c’est sa principale préoccupation comme la vie du troupeau est essentielle.  Quand même ces pâturages sont loin ou difficiles d’accès, il se donne la peine de les trouver et d’y conduire son troupeau.  C’est un échantillon de ce que Jésus fait pour nous.  D’abord on sait qu’il est venu pour nous donner la vie surnaturelle de la grâce afin de nous rendre semblables à Lui.  C’est cette vie qu’il veut entretenir en nous de trois façons par ses exemples, par sa doctrine, par sa grâce.  Par ses exemples.  Comme cette grâce est une vie, elle se nourrit par l’exercice ou par la pratique et donc des actes de cette vie.  Eh bien, il nous montre par toutes ses actions comment exercer cette vie.  Ce qu’il dit au lavement des pieds: Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez ce que vous m’avez vu faire, s’applique à toute sa vie, en autant que nous pouvons l’imiter avec le secours de sa grâce.

Les premiers chrétiens étudiaient la vie de Jésus.  Les ermites allaient dans le désert pour ne pas être dérangés par les affaires du monde et ils se livraient uniquement à l’étude de la Bible pour mieux connaître et mieux imiter la vie de Jésus.  De la crèche à la croix ils trouvaient toutes sortes de vertus à imiter, comme sa pauvreté, son humilité, sa bonté, son esprit de prière, etc.  En faisant entrer ces actions de Jésus dans leur propre vie, ils se trouvaient à reproduire la vie de Jésus; leur vie se développait selon celle de Jésus.  L’exemple sera toujours la meilleure forme de prédication.  L’homme doué de sensibilité est affecté beaucoup par ce qu’il voit, qu’il entend et qu’il touche; c’est là surtout qu’il est «mouton».  Les prêtres, les supérieurs de religieux et les évêques devraient savoir qu’ils sont le point de mire des inférieurs qui vont les imiter en tout. 

Ils ont beau cacher leurs attaches ou leurs défauts, ils sont toujours découverts avec le temps… et les inférieurs feront comme eux.  D’abord c’est un scandale pour eux, puis avant longtemps, le démon aidant, ils se trouvent des raisons pour les imiter.  Même si leurs sermons donnent la vraie doctrine, les fidèles et les inférieurs suivent surtout les exemples.  Qu’un prêtre fumeur aille donc essayer de dire aux gens de ne pas avoir cette attache et donner la doctrine des Saints sur les attaches, tout est absolument perdu dès qu’ils le verront fumer son cigare.  «Lui fume bien!» fera le tour de la paroisse bien vite.  Les prêtres le savent bien, aussi ils n’iront jamais conseiller aux autres des choses qu’ils ne pratiquent pas euxmêmes.  Jamais un fumeur ne donnera la doctrine de Jésus sur les attaches.  Voilà pourquoi tous les fumeurs préfèrent la philosophie de la religion où il n’est jamais question ni de la mentalité ni des attaches aux créatures permises.  Il en est ainsi pour tous ceux qui ont des attaches quelconques.  Voilà pourquoi tant de prêtres expliquent les choses «in se» ou «en soi» comme de vrais païens qu’ils sont dans la mentalité.  Cette philosophie n’attaque jamais «l’amour» des choses créées permises ni «l’amour» de soi-même, les deux pires ennemis de l’amour de Dieu dans l’âme.  Comme Jésus a vécu sa doctrine, que les évêques et les prêtres vivent aussi le christianisme dans toute leur vie.  En dehors des offices de l’Eglise où la gloire de Dieu peut permettre du luxe, qu’ils vivent le mépris des choses créées dans leurs maisons, leurs voyages, dans leurs habits et dans leurs conversations.  Nous devons prêcher une religion austère, contraire à l’amour des créatures, alors montrons-le dans notre façon de vivre.  Quelle belle prédication si les Curés avaient des presbytères pauvres comme les parloirs des Carmélites, des Trappistes et des plus pauvres religieux! 

Pourquoi tiennent-ils tant à imiter le luxe du monde au lieu d’imiter la pauvreté de Jésus?  Est-ce que c’est le monde qu’ils doivent prêcher ou Jésus?  Alors qu’ils vivent comme celui qu’ils doivent reproduire dans leur propre vie et dans la doctrine.  Les convenances avec Jésus sont aussi obligatoires que les convenances avec le monde que tout chrétien doit mépriser comme du fumier!  Tandis que Dieu nous commande d’aimer Jésus de toutes nos forces; alors les convenances de notre amour pour Jésus sont autrement importantes que les convenances avec le monde que nous devons haïr.  Mais est-ce que la façon de vivre de beaucoup d’ecclésiastiques n’indique pas le contraire; qu’ils sont amants du monde à la folie et qu’ils sont indifférents pour Dieu?  Si leur coeur est avec Jésus, qu’ils le montrent en l’imitant dans son mépris concret pour les échantillons et dans le renoncement à soi-même et donc par l’humilité pratique.

Qu’ils vivent aussi sa charité pour le monde en étant patients avec les gens souvent ignorants, ennuyeux et importuns.  Or comme les prêtres sont souvent impatients!  Comme ils ne sont pas capables de supporter les contrariétés!  Chacun doit porter sa croix tous les jours, dit Jésus.  Eh bien, les prêtres aussi donc!  Voilà une doctrine qu’on aimerait à leur voir vivre dans le concret, afin que les fidèles apprennent la patience des prêtres.  Comme ils sont rares ceux qui peuvent donner cet exemple aux fidèles!  c’est normal pour nous d’être importunés, d’être méprisés, d’être contrariés.  Est-ce que Jésus ne l’a pas été habituellement?  St-Pierre ne dit-il pas que lorsqu’on insultait Jésus, qu’on le maltraitait, il ne répondait pas par des injures, mais il s’abandonnait à celui qui le jugeait injustement.  Eh bien, quand verrons-nous des prêtres, des religieux et des évêques capables de supporter des affronts en imitant la patience de Jésus?  Ils ont toujours comme prétexte qu’il faut sauver leur dignité.  Mais est-ce que Jésus n’avait pas autant de dignité à sauver que n’importe quel évêque ou prêtre?  Chacun se cache derrière sa dignité pour repousser les humiliations de la vie; ce n’est pas ainsi que Jésus a agi.  Il nous donne l’exemple de toutes les vertus pénibles à pratiquer et contre nature; nous tous nous devons l’imiter en cela.  Supposons qu’un prêtre est rudoyé ou insulté, qu’il se taise, qu’il remercie son insulteur et qu’il lui fasse du bien.  Cette douceur dans un prêtre fera plus pour faire connaître Jésus que plusieurs de ses sermons auraient pu faire… Les gens diront: c’est un saint!  Alors ils écouteront ce saint quand il leur parlera de Jésus.  Jésus n’allait pas aux amusements; que tout chrétien et à plus forte raison tout prêtre et tout religieux s’abstienne d’y aller.  Et quand il va dans une maison, que tout le monde sache que c’est toujours pour une raison de ministère, jamais pour banqueter, pour fumer de gros cigares et boire de bonnes liqueurs avec les riches.  Ces sorties pour jouir ne se rencontrent pas dans la vie de Jésus et ne devraient pas se rencontrer dans la vie d’un chrétien, encore moins dans celle d’un prêtre ou d’un religieux.  N’oubliez pas que vos «moutons» vous surveillent et feront comme vous!

Jésus nous nourrit aussi de sa doctrine.  «L’homme ne vit pas seulement de pain, comme dit Jésus à Satan au désert, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.» Ce qu’est le pain pour le corps, la parole de Dieu, reçue avec foi, l’est pour l’âme.  C’est la foi en cette parole qui alimente notre vie divine.  La parole et par suite la prédication est d’une importance capitale dans notre religion, c’est elle qui tient ensemble les fidèles comme la voix du berger tient ensemble les brebis.  Mais il faut qu’elle soit la parole de Jésus et donc la doctrine intégrale de Jésus, pas simplement ce qui va avec le naturel en l’homme, ou ce qui est agréable à la nature, mais aussi le mépris du monde et la folie de la croix avec le renoncement à soi-même.  Voilà ce qui est la sagesse de Dieu et la force de Dieu, comme dit St-Paul, Or, c’est justement la partie que les prêtres en général laissent de côté.  Comme Jésus prêchait tout ce que son Père lui avait commandé de prêcher, ainsi, les prêtres doivent prêcher tout ce que Jésus leur a commandé de prêcher.  Or quand il envoie ses Apôtres, à son Ascension, il dit bien clairement: «Allez, enseignez aux nations tout ce que je vous ai appris.» Ce n’est donc pas aux prêtres de faire un choix selon le naturel ou selon le goût du public, mais ils sont tenus de donner absolument toute la doctrine de Jésus telle qu’il la donnait lui-même.  Trop de prêtres tendent l’oreille à l’opinion du peuple pour lui donner ce qu’il veut; ils ont peur de le contrarier pour ne pas être critiqués ni persécutés.  Aussi comme ils sont habiles pour aiguiller la prédication sur la simple philosophie de la religion.  Leurs explications des «in se» ne dérange pas un démon en enfer ni un fidèle sur la terre… et ils ont la paix comme le monde la donne, mais non comme Jésus la donne.  C’est la raison fondamentale de la platitude de la plupart des sermons.  Ces prédicateurs débitent ce qu’ils savent de la religion simplement pour se débarrasser de leur sermon qu’ils sont bien obligés de donner.  Mais rien ne vient de leur coeur, même quand ils font gronder leur tonnerre sans éclair pour mieux couvrir le vide de leur doctrine.  On comprend qu’ils aient conscience d’ennuyer les gens et qu’ils le sont eux-mêmes.  Aussi ils abrègent leurs sermons.  Mais là n’est pas le remède: ce n’est pas la quantité qui embête ordinairement, c’est la qualité.  Cinq minutes «d’in se» est aussi indigeste qu’une pincée de brin-de-scie pour nous.  Jésus n’a jamais donné un seul «in se», mais il était toujours concret et pratique; c’était de la vie vécue qu’il leur donnait.  Il ne dit pas «Bienheureuse la pauvreté», en parlant dans l’abstrait, mais «bienheureux les pauvres.» Il ne parle pas de la filiation divine, il dit que nous sommes les enfants de Dieu.  Il se sert constamment de la petite vie insignifiante et journalière des gens qui l’entourent pour illustrer sa doctrine céleste.  De même les prêtres devraient être plus concrets; qu’ils sortent donc de leur stratosphère de l’abstrait qui embête tout le monde et qui ne fait aucun bien.  Pour cela il faudrait donner sa propre vie ou prêcher selon ce qu’on a dans le coeur et malheureusement ils sont bien rares ceux qui vivent dans l’amour la vie de Jésus; voilà pourquoi il y a tant «d’acteurs» dans la chaire de nos églises, mais peu d’apôtres, peu de prêtres qui sont capables de donner la vie de Jésus telle qu’ils la vivent eux-mêmes.  Il n’y a aucun artifice d’éloquence qui peut remplacer le don de Dieu et les gens ne s’y trompent pas.  Dès qu’un prêtre ne donne pas le Jésus qu’il vit, ils n’écoutent plus sa parole, pas plus que des «moutons» n’écoutent la voix d’un berger étranger.  Avis à ceux qui se plaignent que les fidèles n’écoutent pas bien leurs sermons; c’est qu’ils ne prêchent pas la parole du Maître, mais qu’ils font de la philosophie abstraite et insipide pour le coeur des fidèles.

Dès que l’on prêche le Jésus que l’on vit dans le coeur, on goûte un grand plaisir à le prêcher et l’on prend toutes les occasions possibles pour le faire.  Ainsi Jésus prêchait du matin au soir, dans les synagogues, dans les maisons privées, sur le bord du lac, dans les champs, et partout où la foule se trouvait.  Il avait à coeur de faire connaître son Père et le royaume de Dieu.  Il voulait sauver le plus d’âmes possibles; c’était là l’aiguillon qui le faisait marcher.  Que Dieu nous donne des prêtres de cette trempe surnaturelle.  Jésus nous nourrit aussi par sa grâce, qui est une participation créée à sa propre vie divine et par laquelle nous devenons les véritables enfants de Dieu.  C’est surtout par l’Eucharistie qu’il nous donne sa grâce comme nourriture.  «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle en lui…» Et encore: «Je suis le pain descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je lui donnerai c’est ma chair pour le salut du monde…» Et il ajoute: «Celui qui ne mange pas de ce pain n’aura pas la vie éternelle.  «Les bergers se contentent de trouver des pâturages pour leurs brebis, mais Jésus le bon Pasteur se donne à manger à ses brebis!  On ne peut pas faire plus pour elles.  Jésus se donne encore dans toutes les grâces actuelles qu’il nous offre au jour le jour.  En résumé Jésus nous nourrit par ses exemples, par sa doctrine et par sa grâce.  Il se donne donc lui-même avec ses dons.  Tout pour son troupeau!  Combien de prêtres pourraient se rendre ce témoignage que toute leur vie est aux fidèles exclusivement?

Jésus nous défend.  Contre nos ennemis qui sont les démons, le monde et nous-mêmes.

Contre les démons. 

D’abord Jésus par ses mérites a brisé l’empire que les démons exerçaient sur le monde de sorte que ceux qui s’appuient sur Jésus peuvent les vaincre avec sa grâce.  Mais comme les démons continuent de nous tenter, toute notre vie, là encore Jésus par sa grâce vient à notre secours si nous le prions avec foi et amour.  St-Paul avait cette doctrine dans l’esprit quand il écrit aux Ephésiens, 6: «Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa vertu toute-puissante.  Revêtez-vous de l’armure de Dieu afin de pouvoir résister aux embûches du diable.  Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres contre les esprits mauvais répandus dans l’air.  C’est pourquoi, prenez l’armure de Dieu afin de pouvoir résister au jour mauvais et après avoir tout surmonté, rester debout.»
C’est   donc    bien     certain             que      les       démons           sont continuellement à nous tendre des embûches pour nous faire tomber dans le péché après nous avoir aveuglés sur la doctrine et sur le plan de Dieu.  D’ordinaire ils laissent tranquilles les prêtres philosophes et les fidèles à mentalité païenne, dans ce sens qu’ils ne les font pas persécuter, mais ils les poussent au péché quand même.  Mais quand on veut vivre Jésus-Christ et le donner au monde, alors ils suscitent des persécutions pour faire cesser cette prédication qui ruine leur emprise sur les hommes.  «Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ souffriront persécution.» Il ne faut pas en avoir peur; nous serons avec notre Maître qui a bien été crucifié pour l’amour de nous.  Jésus nous enseigne le jeûne comme le meilleur moyen de résister au démon.  Joint à la prière, il est très efficace contre les démons.  Voilà pourquoi les premiers chrétiens jeûnaient tant et priaient beaucoup à l’exemple de Jésus.  Aussi ils vivaient purs de tout péché et étaient capables d’aller au martyre pour leur foi.  Jésus nous enseigne comment éviter la stratégie du démon par la mortification de nos deux amours naturels pour les créatures et pour nous-mêmes.  Mais surtout en nous donnant la vie divine et avec les moyens pour nous sanctifier nous avons là tout ce qu!  il nous faut pour résister aux démons.

Les prêtres devraient tenir compte de l’action des démons contre les chrétiens; plusieurs n’y attachent aucune importance comme si les démons n’existaient pas.  On comprend que les philosophes aient cette mentalité puisque leur philosophie ne fait aucun tort aux démons, mais ils s’en vont avec leurs fidèles à la dérive sur le courant d’un grand paganisme mental qui suffit pour tenir les masses loin de Dieu.  St-Paul appelle les démons les princes de ce monde, les puissances, les principautés.  Ephé.  6; c’est donc qu’ils agissent comme s’ils étaient les maîtres du monde naturel.  Jésus les appelle les dieux de ce siècle.  Voilà pourquoi ils essaient de tenir les hommes dans le naturel de vie et des motifs, car là ils en font ce qu’ils veulent.  tandis que lorsqu’un homme monte dans le surnaturel pour sa vie et ses motifs, il échappe au contrôle du démon.  Voilà pourquoi le démon fait du tapage seulement quand on veut sortir du monde naturel pour se diviniser soit dans l’âme par la grâce sanctifiante soit dans la mentalité par les motifs surnaturels.  On voit pourquoi maintenant les philosophes ne sont jamais molestés par les démons; ils sont païens de mentalité et ils y restent avec leur philosophie de sorte qu’ils se trouvent à être contre lui, comme dit Jésus: «Celui qui n’est pas avec moi est contre moi.» Contre le monde.  Jésus, par ses exemples, sa doctrine et sa grâce, nous préserve de sa contagion païenne.  Celui qui suit ces trois choses évite l’esprit du monde et ses pièges, comme les premiers chrétiens faisaient.  On peut reconnaître les esclaves du monde par le respect humain.  Ceux qui ont une peur bleue de lui déplaire le reconnaissent évidemment comme leur prince, comme leur dieu.  C’est la très grande majorité des chrétiens.  Combien se livrent à toutes sortes d’attaches pour faire comme les autres.  Prenons l’exemple du tabac.  On commence à fumer pour faire son homme, pour faire comme les autres.  On fait ainsi pour toutes les attaches au monde.  Ces gens ne se demandent jamais ce que Dieu pense de telle jouissance ou de telle attache, mais toujours ce qu’on va dire autour d’eux; ils scrutent l’horizon et écoutent l’opinion du monde pour agir en conséquence.  Eh bien, Jésus par sa vie et son enseignement nous délivre de cet esclavage.  Il nous ramène sous notre véritable maître: Dieu.  Ceux qui le suivent ont toujours les yeux fixés sur lui pour voir ce qu’il veut, et ils agissent selon sa volonté.  Il est leur maître comme il doit l’être de tous les hommes et ils vivent uniquement pour lui comme tout chrétien doit faire.  Voilà donc ce que nous devons faire à l’avenir: être tout à Jésus, notre unique Maître et souverain Seigneur du ciel et de la terre.

Contre nous-mêmes, c’est-à-dire contre nos tendances naturelles qui nous attirent aux créatures.  En nous protégeant contre les démons et contre le monde, il supprime ce qui alimente nos tendances naturelles et ainsi les mortifie.  Il nous protège contre de mauvaises rencontres où nous l’offenserions sûrement, il nous donne de bons conseils par les prêtres, nos parents et nos amis, par des inspirations de sa grâce et par une foule de moyens qui seraient trop long d’énumérer et que l’on connaît bien.  Les prêtres devraient essayer de faire de même pour les âmes qui leur sont confiées; qu’ils réfléchissent souvent comment leur venir en aide et comment les protéger de la contagion du monde, des pièges du démon et de leur amourpropre.  Pour cela on voit que les prêtres doivent étudier la vie ascétique et mystique et connaître les voies de Dieu et des démons pour suivre les premières et éviter les secondes.  Jamais des fumeurs, des sports, des joueurs de cartes, des coureurs de grands chemins, des amateurs de bonne chère se livreront à ces études et encore moins à ces pratiques.  On voit pourquoi nos chrétiens sont si païens de mentalité.  Jésus nous aime.  Si Dieu s’est donné tout entier au salut des hommes c’est qu’il les aimait profondément, il les a créés, il les a rachetés et il veut les sanctifier pour les avoir avec lui au ciel.  Voilà le ressort qui le fait agir dans toute sa vie terrestre.  Pour nous, prêtres, comment arriver à aimer les hommes que Dieu met sur notre chemin de la même façon?  Eh bien, ce n’est qu’en passant par Jésus-Christ.  A mesure qu’il sera formé en nous, nous prendrons ses idées et son amour.  C’est en devenant une seule chose avec lui par la sainteté de vie, en pratiquant tout ce que nous savons être utile pour cette fin.  Remarquons, que Dieu nous a aimés lorsque nous étions pécheurs et qu’il s’est livré pour nous racheter.  Eh bien, que les prêtres essaient donc d’aimer leurs pécheurs de l’amour de Jésus pour nous et qu’ils se donnent corps et âme pour leur salut.  Enfin cet amour de Jésus pour nous est trop évident pour que nous nous y arrêtions plus longtemps.  le mercenaire.  Il s’occupe de son troupeau surtout pour ses propres intérêts à lui; il fait tout le contraire du bon pasteur; il se nourrit lui-même, il se défend et il s’aime luimême.  Il prend le plus possible du troupeau et lui donne le moins possible.  Il leur donne un semblant de doctrine mais vide de toute substance pour l’âme.  Ezéchiel écrit un chapitre contre les mercenaires que tout prêtre devrait méditer parfois.  «Ainsi parle Yahweh: “Malheur aux pasteurs d’Israël qui n’ont fait que se paître eux-mêmes”.  N’est-ce pas le troupeau que les pasteurs devaient paître?  Vous mangiez la graisse, vous vous revêtiez de la laine, vous tuiez ce qui était gras, vous ne paissiez pas le troupeau.  Vous n’avez pas fortifié les brebis débiles, vous n’avez pas soigné celles qui étaient malades, vous n’avez pas pansé celles qui étaient blessées, vous n’avez pas ramené celles qui s’étaient égarées, vous n’avez pas cherché celles qui étaient perdues, mais vous avez dominé sur elles avec violence et cruauté et elles se sont dispersées faute de pasteurs et elles sont devenues la proie des bêtes de tous les champs.  Voici que je viens aux pasteurs, je redemanderai à leurs mains mes brebis et je ne leur laisserai plus de troupeau à paître et les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes.» c.  34.

Comme ces paroles s’appliquent à une foule immense de prêtres qui le sont pour vivre richement!  On les reconnaît en les entendant comparer les paroisses entre elles.  Quand le font-ils au point de vue de la sainteté?  C’est ordinairement selon les revenus.  On estime les paroisses en fonction des piastres, pas des âmes à donner à Jésus!  Que ces prêtres méditent le 34e chapitre d’Ezéchiel très souvent!  On les reconnaît au luxe de leurs presbytères et à leur table somptueuse, aux satisfactions de toutes sortes qu’ils se donnent par-dessus le marché!  C’est inutile d’énumérer les abus de toutes sortes qu’on peut voir; c’est trop triste et humiliant pour notre religion.  Que ceux qui vivent comme le «bon» riche de l’Evangile craignent son sort en enfer, simplement pour avoir mis son bonheur dans les jouissances permises de ce monde comme la masse des prêtres font et les religieux de même.  Ce qui étonne c’est le manque de scrupule dans ces viveurs des choses permises.  Evidemment ils n’ont que leur philosophie pour se conduire et elle permet tout excepté le péché.  Il me semble que les bons prêtres, même formés à la philosophie devraient ouvrir les yeux quand ils voient les excès de tant de confrères, qui n’ont que leur doctrine philosophique.  Qu’ils sortent donc de cette religion abstraite, de leurs diaboliques «in se», qui est du pur paganisme.  Que tout prêtre prenne pour lui ses paroles de StPierre: «J’exhorte les pasteurs à paître leur troupeau non dans un intérêt sordide, mais par dévouement.» I P.  5-1 Jésus a prêché contre les deux amours naturels que nous avons tous par nature; que les prêtres fassent de même et ils auront la note juste en tout et le St-Esprit coopérera avec eux pour le salut des âmes.  C’est l’amour des créatures et l’amour de soi qui empêchent l’amour de Dieu dans nos coeurs.  Ce n’est pas seulement le péché dans tel acte, mais ces deux amours naturels.  Le monde en est plein, il est clair, et où sont les prêtres qui peuvent les attaquer systématiquement?  Pas un philosophe de la théologie ne peut le faire.  Eh bien, c’est en étudiant la vie de Jésus qu’on vient à se saturer de son esprit pour le prêcher au monde.  Il était plein de l’amour de Dieu et voulait le donner au monde; c’est pourquoi il a tant prêché contre ces deux amours païens que nous avons tous et que si peu de prêtres peuvent et savent comment attaquer.  Les prêtres qui ont les paroisses des riches et des grands sont en grand danger de se perdre parce qu’ils ont une peur bleue de déplaire à ces grands mondains.  Comme on surveille les sermons dans ces paroisses fashionables pour ne pas troubler ces riches païens!  Pensez-vous qu’on laisserait prêcher la folie de la croix et le mépris du monde à la paroisse de Hollywood?  Jamais de la vie!  Pas un mot non plus de l’enfer ni des rigueurs de la justice divine.  Ce n’est que la miséricorde et ses étoiles filantes, en bloc, n’ont qu’à se laisser faire pour arriver au ciel!  Allez donc parler contre l’empêchement de famille à la haute société!  On se ferait bâillonner vite.  On prêche de jolis beaux petits sermons parfumés à l’eau de rose avec des nuages d’encens aux «braves chrétiens» qui sont là et qui font un si grand honneur à Dieu de condescendre à venir l’adorer dans son Eglise.  Il faut dire à l’honneur des fidèles de ce genre qu’ils ne sont pas à blâmer, mais bien les prêtres qui renient Jésus pour satisfaire ce monde, qui ont plus souci de plaire aux hommes que de plaire à Jésus.  Car ces gens sont contents qu’on leur prêche toute la vérité évangélique dans toute son austérité et Jésus-Christ crucifié.  Souvent ils sont scandalisés de voir les prêtres s’abaisser à eux au lieu de les monter à Jésus-Christ tel qu’il est sur la croix.


Le vrai pasteur imite Jésus Que le bon pasteur fasse tout ce que Dieu reproche aux pasteurs d’Israël de ne pas avoir fait, comme de ne pas aller chercher les pécheurs, de ne pas aller visiter les malades, de ne pas soulager les faibles, de ne pas instruire les ignorants, etc.  Comme Jésus cultivait les pécheurs, les pauvres et les infirmes, ainsi les prêtres doivent porter secours à tous ceux qui en ont besoin dans n’importe quel ordre et autant qu’il le peut.  Comme une foule de prêtres expédient vite leurs visites aux malades; à peine une parole banale et vite ils s’en vont et reviennent quand on va les chercher.  Mais comme ces mêmes prêtres ont du temps pour cinquante niaiseries frivoles, causeront des heures de temps avec des confrères en fumant, ou assisteront à des parties pendant des heures, etc.  Il faut qu’ils soient tout aux choses de Dieu et alors ils trouveront bien le temps de s’occuper de leurs fidèles par eux-mêmes et par leurs vicaires.  Si leur paroisse est trop grande ils demanderont à l’évêque de la diviser, se souciant peu de la diminution des revenus.  Comme le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis, que les bons prêtres au moins donnent leur temps, le meilleur de leur activité, leurs aises et toutes les lumières que Dieu leur donne pour le salut du monde.  Qu’ils soient heureux de se fatiguer dans ce travail divin, de donner leur santé et tout leur cœur.  Quand ils mourront ils seront contents de trouver place à côté de leur modèle divin le bon Pasteur notre Seigneur Jésus-Christ!  Demandons au St-Esprit ses dons pour être dociles aux inspirations divines pour nous faire ressembler au bon Pasteur!

jeudi 25 janvier 2018

Editions saints Martyrs canadiens

Nous vous présentons le site des Editions saints Martyrs canadiens qui aura pour tâche de reproduire des livres catholiques antilibéraux à prix modiques tout en gardant la qualité. Des livres inédits prendront place à la boutique du site.
Vos suggestions et vos idées sont les bienvenues. 

Un premier livre sera en vente dès le 9 avril 2018 sur les Œuvres de l'abbé Alexis Pelletier. 

mercredi 24 janvier 2018

Père Onésime Lacouture - 2-25 - Les deux étendards


VINGT-QUATRIÈME INSTRUCTION
LES DEUX ÉTENDARDS.

«N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde: si quelqu’un aime le monde, la charité du Père n’est point en lui.» I Jo.  2-15

Plan Remarque.  Fausse idée du plan divin.  (Il pousse à l’amour des richesses.  Stratégie de Satan : (Il pousse à la recherche des honneurs.  (Il pousse à l’orgueil de la vie.  Tactique de Jésus: Le contraire.

REMARQUE  Voici une méditation qui revient sur une idée déjà souvent donnée et qui peut ennuyer ceux qui cherchent du nouveau pour l’esprit plutôt que de la nourriture pour le coeur.  Quand on aime à manger du poulet, on ne trouve pas qu’il revient trop souvent sur la table!  Quand on songe que l’idée des deux Etendards contient le plan de Dieu dans l’usage des créatures et que la masse des prêtres et séculiers et réguliers, l’ignorent en pratique et se perdent avec une foule de fidèles sur une voie d’évitement comme ces vieux wagons qui pourrissent dans le champ.  Quand on a un peu de coeur et qu’on voit la masse du clergé dans le monde entier s’égarer loin de Dieu avec les fidèles qu’ils entraînent avec eux, on ne craint pas de répéter en quoi consiste le vrai plan de Dieu!  On voudrait le crier sur tous les toits!  On sait que S.  Ignace aime les répétitions et même des mêmes méditations mot-à-mot.  Eh bien!  nous avons ici une idée qui mérite plusieurs répétitions.  Je vais en profiter pour montrer comment plusieurs de ceux qui la donnent la rendent inutile par leurs explications.  Même les Jésuites en grande partie sont si loin de ce plan de Dieu qu’ils ne donnent plus les Deux Etendards, ou seulement d’une façon générale qui la rend à peu près inutile.  Qu’on me trouve un Jésuite américain par exemple, qui va la donner en entrant dans les détails et en faisant ressortir la véritable idée de cette méditation.  Aux Etats-Unis un supérieur m’a défendu de la prêcher et ce n’était pas à cause de mes idées, car je lui ai offert de la lire au peuple dans un de nos meilleurs auteurs.  Il m’a dit que cela ne valait pas pour notre siècle ni pour les Américains.  Ce qu’il a eu le front de dire, des milliers pensent comme lui.

Voilà donc ce que j’affirme et je sais ce que je dis!  La très grande majorité des prêtres du monde sont de travers avec S.  Ignace et donc avec l’Eglise qui l’a souvent approuvé, sur cette question de l’usage des créatures.  Par conséquent tous ceux qui me lisent ou qui m’entendent devraient me suivre pour leur plus grand profit spirituel et pour l’orientation de leur enseignement et de leur prédication.  Il faut que nous fassions une campagne systématique pour sortir le clergé de sa voie d’évitement et le mettre sur la bonne voie de l’usage des créatures comme Dieu le veut.  Si le monde est si païen, c’est donc que le clergé a failli à son devoir essentiel de préserver les fidèles de l’erreur dogmatique puisqu’il est: «le sel de la terre», et d’éclairer le monde puisqu’il est la «lumière», choisie par Jésus pour bien diriger les peuples selon le plan divin.

fausse notion du plan divin

Les prêtres et séculiers et réguliers sont responsables de ce que les fidèles en général sont de travers avec Dieu dans l’usage des créatures.  Cela vient de ce qu’ils n’ont pris que le point de vue philosophique de la religion, qui est de considérer les choses «in se» ou en elles-mêmes au lieu de les considérer en Dieu et donc en nous pour le salut des âmes.  Les créatures «in se» sont toutes bonnes, ayant été créées par Dieu pour représenter quelques-unes de ses perfections divines.  La conclusion logique est que nous pouvons donc en jouir tant que nous voulons pourvu que nous n’en abusions pas par le péché.  En pratique donc la seule règle de ce point de vue est donc d’éviter le péché.  Par le fait même toutes les créatures se trouvent à être divisées en deux groupes: celles qui sont permises et celles qui sont défendues.  C’est vrai.  Mais c’est faux que cette distinction vraie soit la règle de conduite dans l’usage des créatures!  C’est faux!  Or, la masse des prêtres du monde la prennent pour eux-mêmes et la donnent au peuple… comme la seule règle pratique de conduite.  Ce qui n’est pas vrai!  Ce n’est pas là le plan de Dieu dans l’usage des créatures pour nous.  Voyons maintenant le point de vue théologique, ou les créatures non plus «in se», mais en Dieu et dans notre coeur pour le salut de notre âme.  En d’autres termes quelle est la volonté de Dieu au sujet des créatures?  Jésus dit qu’elles sont l’argent pour acheter le ciel comme dans la parabole de la perle précieuse et dans celle du «trésor caché».  Pour se les procurer dit-il, on vend tout ce qu’on a et on l’achète.  Il ne dit pas de donner ou d’abandonner ce qui est défendu, mais tout ce qu’on a!  sans distinction de défendu ou de permis.  Ailleurs il dit que celui qui abandonne son père, sa mère, et tout ce qu’il avait aura le centuple en cette vie et la gloire éternelle.  Or toutes ces choses sont permises.  Dans les paraboles des invités, toutes les excuses données sont pour des choses parfaitement permises et cependant ces gens sont exclus du royaume des cieux.  Voilà le plan selon Jésus: toutes les créatures sans distinction de permises ou de défendues sont de l’argent pour acheter le ciel ou des «grains» pour le récolter.  Donc il faut sacrifier les bonnes choses permises comme les défendues.  Dès qu’un prêtre fait cette distinction entre permises et défendues, on peut être sûr que c’est un philosophe païen dans son raisonnement.  Il est de travers avec Jésus sur ce point.

Voilà donc la grande erreur pratique et concrète de la masse du clergé dans le monde entier.  Est-ce surprenant que les chrétiens ne se distinguent guère des protestants et des vrais païens à part quelques actes de religion extérieure.  Pour la mentalité, il n’y a pas de différence comme on peut le voir par les conversations des deux groupes; elles sont toutes des choses du monde et des plaisirs du monde; c’est donc cela qu’ils ont tous dans le coeur.  Or, Jésus dit aux chrétiens: «N’aime pas le monde ni ce qui est dans le monde; si quelqu’un aime le monde la charité du Père n’est point en lui.» Les chrétiens ne devraient donc pas se passionner pour les closes du monde, même pour les bonnes et les permises.  Elles captivent le coeur comme les défendues; elles excluent l’amour de Dieu comme les autres.  Voilà pourquoi tant de Jésuites et de prêtres séculiers à leur suite ne donnent plus les «Deux Etendards» ou leur doctrine dans toutes ses conséquences logiques et pratiques.  C’est la philosophie qu’ils ont apprise en Théologie qui en est responsable.  Ils n’ont pris que le point de vue philosophique et donc naturel et donc païen.  Il domine toute leur mentalité, tous leurs jugements donc sur les choses et sur la spiritualité: Ils enlèvent toute vie à la religion en ne la considérant que dans l’abstrait, «en soi», là au dehors de tout rapport avec Dieu et avec l’homme.  Quel aveuglément!  Comme les Philosophes n’ont qu’une seule règle de conduite; éviter le péché, la doctrine des «Deux Etendards» ne les touche pas.  Pour eux c’est du luxe en perfection pour ceux qui en sentent la dévotion.  St-Ignace ne parle pas de péché, mais seulement de piège et donc il parle des choses qui peuvent être bonnes mais dangereuses avec le temps comme sont toutes les créatures en général.  L’homme peut se passionner pour n’importe quelle créature et c’est autant d’amour pour Dieu de moins.  Vouloir simplement éviter le péché est donc la seule règle de l’infernal point de vue philosophique de la religion.  C’est de l’ivraie parce qu’il est vrai, utile et savant: il ressemble donc à la vraie science théologique.  Mais, comme l’ivraie, il est bon à rien pour nourrir les âmes… comme un jambon «en soi» ne me nourrit pas!  Ce n’est qu’en moi qu’il me nourrit.  Et bien!  cette maudite science de tête des «in se» ne nourrit pas du tout ni le coeur, ni la foi, ni le surnaturel, mais elle fait des orgueilleux, des égoïstes, des jouisseurs des créatures comme dessert et permet une vraie vie de païen dans la mentalité comme on le voit que trop dans la masse des prêtres, des religieux et des fidèles à leur suite.  Tous ceux donc qui suivent les «in se» ne sont donc pas dans le plan de Dieu pour l’usage des créatures, mais dans le plan tout à fait naturel que nous aurions eu si étions sur le chemin des limbes.  Dans ce cas les philosophes auraient raison.  Mais, maintenant que nous sommes sur le chemin du ciel, ils sont complètement de travers avec le plan divin.  Dans le plan actuel, nous nous en allons pas simplement voir Dieu mais participer à sa vie intime au sein de la Trinité.  Or, Dieu est amour et c’est cette question de l’amour qui détruit tout le plan des philosophes où il suffirait d’une justice naturelle; du moment qu’on n’offenserait pas Dieu et qu’on le servirait selon notre raison, nous irions aux limbes.  Mais, maintenant il s’agit de commencer à vivre cette vie intime de la Trinité dans la foi et par la grâce de Dieu.  Or, dans le ciel, non seulement nous éviterons le péché, mais nous ne mettrons pas notre bonheur dans les créatures, même bonnes, mais uniquement dans les perfections divines.  Voilà ce que les philosophes n’ont jamais rencontré dans leur système des «in se»: qu’il faut cesser d’aimer les créatures pour n’aimer que le Créateur!… comme au ciel!  Or, c’est justement ce dernier point que les deux étendards font ressortir.  Il faut que tout chrétien retire son amour même permis pour les créatures et le donne tout à Dieu.  Or, quand les démons… et les prêtres laissent ou poussent les gens aux amusements même permis… ils leur tendent des pièges et à cause de ces plaisirs permis auxquels ils donnent leur affection, ils seront damnés un jour ou au moins ils peuvent l’être.  Voilà ce que tout prêtre devrait expliquer au peuple, mais pas un philosophe ne peut le faire étant aveuglé par sa philosophie toute païenne des maudits «in se».  Les prêtres qui disent équivalemment aux gens: amusez vous mais ne péchez pas, sèment l’ivraie du diable à pleine bouche et eux-mêmes tendent des pièges comme les démons pour faire tomber les fidèles dans le péché… et c’est la très grande majorité du clergé du monde entier qui fait cela.  Est-ce surprenant que nos gens soient si païens de mentalité?  Que tant de chrétiens aient les mêmes affections que les païens comme leur conversations le montrent.  Ils parlent des choses du monde comme les païens.  Quand est-ce que les prêtres vont-ils se réveiller de leur paganisme mental?  Quand ils sortiront de leurs encore une fois maudits «in se».  Ils méritent ce terme de maudit, parce qu’ils font l’oeuvre des démons qui n’ont plus rien à faire.  Les prêtres font leur besogne admirablement avec leurs «in se». 

stratégie de satan

Il pousse à l’amour des richesses.  Les hommes n’ont pas besoin des démons pour aimer les richesses: ils naissent avec cet amour dans le coeur; mais les démons exercent leur influence dans le même sens.  Ils fournissent toutes sortes de sophismes aux chrétiens pour les empêcher de suivre les directives contraires de la foi.  Les chrétiens savent bien que la poursuite des biens terrestres est la source pour eux de toutes sortes de péchés, comme dit St-Paul: «la cupidité est la racine de tous les maux».  Alors c’est pour contrebalancer la doctrine de l’évangile qu’ils répandent par tous les moyens à leur disposition, des fausses maximes, qui sont vraies en partie mais fausses dans l’ensemble.  Les hommes voient d’abord ce qui est vrai, puis agissent même selon ce qui est faux dans ces principes du monde.  Par exemple, un chrétien aime les beaux habits: il s’en achète un très beau en se disant: «en soi» je puis l’acheter!  Puis il s’en achète un autre et un autre.  Il fait de même pour de beaux meubles, pour son automobile, pour sa maison, etc.  L’appétit de ces choses vient «en mangeant» et le voilà menant un grand train de vie où il met évidemment: «son amour».  Pour entretenir ce train de vie, il prendra même des moyens plus ou moins louches et avec le temps déshonnêtes et il tombera facilement dans des péchés mortels.  Même sans cela, il arrivera un temps où son coeur est tellement captivé pour ces bagatelles qu’il n’y a plus de place pour l’amour de Dieu.  Alors son péché n’est pas dans tel acte isolé mais dans toute sa vie et il sera damné comme le mauvais riche sans savoir exactement où était son péché mortel.

L’araignée est un bon échantillon du diable.  Quand elle jette un fil sur une mouche, elle n’est pas morte par le fait même, mais avec un autre fil et plusieurs autres, voilà que la mouche ne peut plus se défendre et l’araignée vient la darder et la tuer.  C’est exactement ce que font les démons avec la nature humaine qui agit tout naturellement comme le démon dans son affection pour le créé.  Un homme commence à fumer sa première cigarette; il n’y a pas de mal là!  Mais voici qu’il en fume une autre et une autre.  Graduellement et très vite même, il y prend goût et voilà qu’il fume du matin au soir.  Si quelqu’un lui suscite des scrupules pour cette affection, le démon lui souffle à l’oreille que «en soi» ce n’est pas péché de fumer… et il fume!  Voilà le premier fil qui attache cet homme à cette créature encore bien insignifiante.

Puis, il développera une affection pour les sports de la même manière.  Ce sera encore un coin du coeur où Dieu n’aura pas de place!  Puis, ce sera «des attraits» pour les plaisirs sensuels qui sont autrement forts que l’affection pour la cigarette et pour les sports.  Celui qui n’a pas pu résister aux premiers fils de l’araignée infernal, comment résistera-t-il à d’autres plus forts comme les tentations de la chair?  Cet homme tombera misérablement dans ce vice.  La raison, en plus de l’affection naturelle qui se fortifie, est dans la privation des grâces que Dieu refuse de donner en proportion qu’on a des affections naturelles pour ses rivales, les créatures même permises.  Elles captivent le coeur comme les défendues.  C’est ainsi que des époux se séparent.  Le mari, par exemple, rencontre une personne, badine un peu avec elle; ce n’est encore rien.  Mais au fond de son être il se sent attiré à elle; son souvenir ne le lâche pas, ils se rencontrent encore et encore.  Le voilà qu’il est amouraché d’elle.  Dès que sa femme s’en aperçoit, elle se choque, dispute, boude et donne de moins en moins de son amour; elle le retire de son mari dans la même mesure qu’il s’affectionne pour l’autre, et finalement, c’est la séparation.  Il en sera de même avec un homme qui cultive des attaches; c’est le divorce qui s’en vient avec Dieu!  Voici une remarque importante.  Le piège n’est pas dans le péché.  Quand on pèche on est pris dans le piège, mais le piège existait avant.  Le piège consiste à s’affectionner aux choses permises et où le péché n’apparaît pas du tout, comme de fumer, de se passionner pour les sports, d’aimer les bonnes boissons, de jouer aux cartes, de rechercher les riches et les grands, etc.  Aucun péché là, surtout dans les débuts.  Ce sont donc de vrais pièges parce qu’avec le temps on se passionne tellement pour toutes ces choses que l’on oublie les choses de Dieu et l’on est damné comme le «bon» riche a été damné, comme les invités au festin ont été damnés pour avoir préféré des choses permises aux noces et donc au royaume du ciel.  Ce sont là les épines qui étouffent la parole de Dieu dans l’âme, ce sont les chemins battus par toutes sortes de bagatelles où la parole de Dieu ne germe pas.  Donc les pièges sont dans les choses permises, ou plutôt, le piège est dans l’affection pour les choses permises.  Ce n’est pas une cigarette ou un verre de boisson ou une partie quelconque qui est le piège, mais c’est la passion pour ces choses.  C’est l’affection pour la créature qui est rivale de l’affection pour Dieu.  Ce sont donc les deux amours qui sont opposés l’un à l’autre.  Comme les philosophes ne considèrent les choses qu’en elles-mêmes, ils ne remarquent pas assez que pour nous, c’est l’affection pour les choses que nous condamnons.  Ils sont nos rivaux parce qu’ils pensent que ce sont les choses en elles-mêmes que nous condamnons et ils ne peuvent pas admettre cela et là ils ont raison.  C’est parce qu’ils considèrent les choses en elles-mêmes que les philosophes jugent aussi les actes isolés.  Pour le bien ou le mal cela suffit.  Je vole dix sous, c’est péché; je fume une cigarette, c’est une bonne action; cela suffit pour satisfaire la justice naturelle.  Mais l’amour agit autrement.  Ordinairement il se développe par toute une série d’actions où on ne verrait pas d’amour considéré une à une, mais à la longue ces actes en série développent et manifestent de l’amour.  C’est l’expérience de chaque jour.  Ceux donc qui connaissent la psychologie de l’amour savent que c’est dans les débuts que se trouvent les pièges de l’amour.  Une épouse s’objecte tout de suite à ce que son mari badine souvent avec une autre personne susceptible de gagner l’affection de son mari et elle a raison.  Des parents vraiment chrétiens ne laisseront pas leurs filles ou leurs fils fréquenter d’autres personnes sans surveiller ce qu’ils font.  Voilà donc ce que de bons chrétiens doivent faire dans l’usage des choses permises comme de celles qui sont défendues.

Il pousse à la recherche des honneurs.  Après qu’on a contenté son corps par des plaisirs sensibles de toutes sortes, c’est bien naturel de vouloir contenter son esprit aussi.  Pour lui, il se complaît dans l’admiration des autres et dans les louanges qu’ils lui donnent.  Il veut des «adorateurs» et cette passion est aussi néfaste et encore plus que la passion des choses sensibles.  Or comme le monde admire les richesses on voit tout de suite que ces deux passions s’entraident.  Plus on est riche et plus on a d’adorateurs et plus on a de flatteurs et plus on veut s’enrichir.  Que de courbettes on fera pour s’attirer des louanges!  Que de mensonges en paroles et en actes pour faire croire qu’on est encore plus riche qu’on est en réalité!  Que d’accrocs à la justice pour garder ses biens et pour les augmenter!  Mais là encore surveillons les commencements de cette passion.  Le religieux qui étudie, par exemple, au lieu de faire ses exercices spirituels, préfère donc son honneur au bon plaisir de Dieu!  C’est un piège déjà!  Le fidèle qui ne va pas communier par respect humain, préfère son honneur au bon plaisir de Dieu.  Tous ceux qui agissent par respect humain recherchent les honneurs.  Le piège là encore est dans les commencements où il n’y a pas de péché, au moins directement.  Tous ceux qui travaillent pour plaire aux hommes afin d’en recevoir des louanges cherchent les honneurs.  Quand ils auront un grand amour pour les honneurs, les démons les tenteront de façon à commettre des péchés pour se procurer des honneurs.  Puis à force de rechercher des honneurs pour eux-mêmes, ils ne se soucient guère d’en donner à Dieu.  Ils manquent alors à un devoir grave qui peut les damner.  La pratique du renoncement à soi-même préserverait de ce piège.  Au lieu de chercher son propre honneur on chercherait celui de Dieu et les démons manqueraient leur coup.

Il pousse à l’orgueil de la vie qui consiste dans l’estime de soi-même jusqu’à oublier Dieu.  On est tellement plein de soimême et de ses propres intérêts qu’il ne reste plus de place dans le coeur pour Dieu.  On usurpe pour soi-même les prérogatives de Dieu; on veut être loué, révéré et servi comme si on était Dieu.  C’est donc se poser en rival direct à Dieu pour recevoir les hommages du monde au lieu de les passer à Dieu.  Cet homme cultive les deux amours naturels qu’il a reçu par nature et par conséquent il ne fait pas de place pour l’amour de Dieu comme tout chrétien doit le faire pour arriver au ciel.  Il est tout occupé à son propre culte et les devoirs envers Dieu sont éliminés.  On voit que le rôle des démons est d’accentuer en nous les tendances naturelles que nous avons tous pour les créatures, pour les richesses et pour les honneurs de la vie, et que le résultat de tout cela est l’orgueil de la vie que Dieu a en abomination et à qui il refuse ses grâces de sorte que le salut est en grand danger si cet homme ne s’amende pas avant de mourir. 

tactique de jésus: le contraire. 

Défions-nous de voir les pièges seulement dans les grands péchés comme les pharisiens faisaient dans l’ancienne loi.  Mais Jésus les condamne dans le Sermon sur la montagne quand il dit: On vous a dit de ne pas commettre l’adultère, mais moi je vous dis: de ne pas même regarder une femme pour la convoiter.  Ainsi pour le meurtre, il ne veut pas même qu’on se mette en colère contre son frère ou qu’on le traite de fou.  Donc Jésus ne veut pas que nous commencions quoique ce soit qui mène au péché, donc pendant qu’il est encore bon, si par nature cela va conduire à une passion quelconque, il faut s’en détourner dès le commencement.  Evitons le premier fil de l’araignée infernale et elle ne pourra pas nous tuer.  Que les Pères qui donnent cette méditation ne passent donc pas tout de suite à l’extrême limite des pièges du démon, parce qu’alors nul n’est assez méchant de ceux qui les écoutent pour se reconnaître là.  Si on parle de l’orgueil qui montre le poing à Dieu en le défiant, personne n’a conscience de faire cela, alors ils ne prennent rien de la méditation pour eux.  Qu’on montre les pièges, dans les débuts, comme Jésus le fait dans le sermon sur la montagne.  Alors il y aura de la matière pour tout le monde, même les meilleurs religieux ou prêtres, et ils tireront tous du profit de cette méditation.  Voilà ce qui est important de remarquer dans cette méditation des deux Etendards de St-Ignace, que les philosophes ne peuvent pas comprendre et qu’ils laissent de côté ordinairement.  On la donne parfois aux religieux, mais de façon à ce qu’ils pensent qu’elle ne prêche la perfection que pour une élite.  Il faut surveiller les débuts des choses qui causent ordinairement des attaches.  Par exemple, un religieux fume une cigarette un jour de fête pour se réjouir avec les autres.  Ce n’est pas péché.  Voilà justement le piège.  Il n’y a pas de péché, mais le tabac de sa nature crée une passion très vite comme on devrait le savoir par l’expérience de tant de fumeurs qui ne peuvent plus s’en défaire.  Une autre fête arrive et notre religieux a hâte qu’on passe les cigarettes.  Il en fume encore; voilà les fils de l’araignée qui le relient de plus en plus à cet échantillon du ciel.  Puis les fêtes se multiplient et les cigarettes aussi… Il s’en fera des réserves pour entre les fêtes.  Il fumera longtemps sans permission et finalement il enverra son ultimatum au supérieur qu’il ne peut plus se passer de fumer et qu’il va fumer avec ou sans permission.  Pour éviter un plus grand mal le supérieur va lui permettre… et voilà un religieux relégué dans la médiocrité pour la vie, il ne pourra jamais plus prêcher la doctrine des «deux Etendards» qu’il évitera habilement.  Il n’aura plus le goût des choses divines et n’aura plus l’intelligence des choses de Dieu, comme disent les auteurs spirituels.  Il sait tout cela mais rien ne le fera broncher de ses liens tissés par l’araignée infernale et par sa propre sensualité.  Un autre c’est le jeu de cartes, on commence par une partie, une autre et une autre et voilà qu’on joue des veillées entières et même une bonne partie de la nuit.  On escamotera ses exercices spirituels, on se lèvera très tard et sans aucune prière on ira dire la messe et sans action de grâces on passera au déjeuner pour aller ensuite dormir une partie du jour.  La vie est l’envers du bon sens surnaturel… et les choses spirituelles n’ont plus de place dans ce casino!  Ainsi font les sports.  On commence par aller voir une partie, on s’y intéresse, on en parle, on en lit; puis on veut voir si notre équipe remporte la victoire dans une autre joute, puis une autre et nous voilà pris par la maladie du sport.  On suit dans les journaux les parties qu’on n’a pas pu suivre, ou à la radio, etc.  On est pris par les fils de l’araignée infernale.  Adieu les choses spirituelles, les visites prolongées devant le St-Sacrement, les livres spirituels et les méditations.

On devrait savoir que ces attaches, même sans péché, empêchent la lumière divine d’entrer dans l’âme et ferment la porte aux dons du St-Esprit qui restent paralysés en nous, même en état de grâce, comme le disent les meilleurs auteurs. 

Voilà où sont les pièges de Satan; dans ces mille petits riens qui s’ajoutent dans le coeur pour le tenir captif des échantillons; ces liens suffisent pour l’empêcher de prendre son essor vers l’amour de Dieu.  Ces gens restent médiocres avec une mentalité absolument païenne.  Comment, s’ils sont prêtres, pourront-ils éclairer le monde?  C’est impossible d’une façon efficace.  Ce sont nos philosophes qui permettent toutes ces «attaches» aux prêtres, aux religieux et aux fidèles.  Ces attaches ne sont contraires à la grâce sanctifiante directement.  Mais on sait qu’elles sont contraires à Dieu directement!  à son amour directement.  On sait aussi que le monde de l’amour divin est inconnu aux philosophes; rien de ce qui le blesse ne les intéresse à part du péché.  Ils ont la mentalité que nous pourrions avoir sur le chemin des limbes; c’est du paganisme tout pur et du véritable pharisaïsme aussi contraire à Jésus aujourd’hui que le vieux pharisaïsme des Juifs du temps de Jésus.  Aux jours de fête on devrait se contenter de ce qui ne cause pas d’attaches ordinairement, comme des bonbons, des fruits, des gâteaux, de la limonade, des liqueurs douces, etc.  Mais le tabac, les liqueurs enivrantes et les sports sont comme l’opium ou la morphine; ils développent une vraie passion très vite et des attaches qui ruinent la vie spirituelle.

Comme le plan divin exige que l’homme débarrasse son coeur des deux amours naturels qu’il apporte avec lui en venant au monde, l’amour des créatures et l’amour-propre afin de recevoir l’amour de Dieu, on comprend qu’il fasse tout le contraire de la nature et des démons.  Il refuse d’éloigner les hommes des créatures et d’eux-mêmes pour qu’ils se tournent vers Dieu.  Il les pousse donc justement en sens contraire.  Ainsi aussitôt après avoir reçu le baptême de Jean le St-Esprit le pousse au désert précisément pour mortifier les deux amours naturels, non pas qu’il en ait besoin pour lui, mais pour nous donner l’exemple de ce qu’un baptisé doit faire.  Tout Chrétien doit s’éloigner autant que possible des plaisirs de la terre puis se renoncer afin de recevoir le divin.  Les premiers chrétiens se privaient le plus possible des plaisirs même permis.  Les premiers Pères disaient que les païens les persécutaient et les tuaient parce qu’ils avaient abjuré les plaisirs.  C’est un point sur lequel les Témoins de Jéhovah ont parfaitement raison; ils ne fument pas, ne dansent pas, ne boivent pas, ne vont pas au théâtre, ne se passionnent pas pour les sports et tout le temps qu’ils épargnent ainsi ils le consacrent à lire la Bible.  Les premiers chrétiens faisaient de même.  Evidemment tous les hérétiques ont gardé un peu de vérité, mais les Témoins de Jéhovah sont contre la doctrine de Jésus sur une foule de points.  Toute la doctrine de Jésus nous pousse à détruire en nous les deux amours naturels que nous avons tous afin de leur substituer l’amour de Dieu que nous n’avons pas par nature, mais par grâce.  Voilà pourquoi il prêche contre l’amour des créatures mêmes permises et contre l’amour de soi par le renoncement à soi-même.  Remarquons que Jésus ne prêche pas ce renoncement seulement aux prêtres et aux religieux, mais à tout le monde sans exception.  Quand les religieux vont-ils cesser de présenter le renoncement et le mépris du monde à leurs religieux comme une obligation de la vie religieuse?  Ce n’est pas vrai!  Ils sont tous tenus à ce mépris et à ce renoncement en tant que chrétiens et le fait qu’ils sont religieux ne fait que urger ou doubler cette obligation qui existait déjà quand ils étaient dans le monde.  Autrement ces religieux n’oseront pas demander ces choses aux gens du monde, croyant que c’est trop leur demander.  Jésus sait bien qu’il vient nous préparer au bonheur du ciel qui sera uniquement dans les perfections divines et pas du tout dans les échantillons.  Voilà pourquoi il nous prêche tant le mépris des créatures et de soi-même.  On peut voir ce qu’était sa doctrine par sa propre vie.  Il s’est privé de tout pour l’amour de Dieu, regardant toutes choses comme du fumier, comme St-Paul le dira lui-même.  Jésus ne s’est donc pas privé seulement des choses défendues, mais des permises aussi.  Pourquoi nos philosophes ne l’ont-ils par remarqué?  Pourquoi ne prêchent-ils pas ce que Jésus a pratiqué si bien?  Cette constatation leur aiderait à mieux comprendre sa doctrine sur le mépris de toutes les créatures.  Alors quand un prédicateur prêcherait contre les choses permises, on en verrait moins se lever pour l’attaquer comme hérétique et le faire bâillonner!


La conclusion est qu’on ne devrait jamais diviser les créatures entre permises et défendues; cette distinction est utile seulement dans l’ordre naturel.  Elle n’est pas une règle de conduite pratique.  Mais c’est la division entre toutes les créatures et le Créateur qui sert.  Nous devons préférer le Créateur à toutes les créatures: Voilà le plan de Dieu et c’est la doctrine «des deux Etendards» que tous les prêtres devraient prêcher au peuple et descendre jusque dans les plus petits détails de la vie.