VINGT-SIXIÈME INSTRUCTION
LES APÔTRES.
«Allez donc enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père
et du Fils et du St-Esprit; leur apprenant tout ce que je vous ai commandé, Et
voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles.» Mt. 28-10
Plan
Remarque. (Ignorants. (Leurs défauts… (Timides. (Ambitieux.
Leur personne: (Droits. (Leurs
qualités… (Actifs. (Endurants. (Compagnons de Jésus. (Son but ……… (Fonder l’Eglise. (Salut du monde. Leur vocation: (Promptitude. (Ses conditions… (Détachement. (Charité.
(Guérir. (Sa fin…………
(Prêcher. (Glorifier Dieu. Leur mission: (Pauvreté. (Ses caractères… (Epreuves. (Confiance en Dieu.
REMARQUE Nous
venons de considérer le bon Pasteur, l’idéal par excellence du prêtre et de
l’Apôtre; il peut être utile maintenant de considérer les meilleurs disciples
de Jésus, ceux qu’il a formés lui-même pendant trois ans de vie commune et
d’enseignement continu au sujet des choses de Dieu. Ceux-là étaient exactement comme nous; de la
même masse déchue, avec les mêmes défauts que nous, les mêmes faiblesses et la
même mentalité païenne. Leur transformation
en véritables apôtres mérite d’être étudiée par tous les prêtres et même par
les fidèles qui doivent tous devenir des apôtres de l’action catholique selon
la volonté de Dieu et des papes. Ce que
Jésus a fait pour eux il peut le faire pour nous si nous n’y mettons pas
d’obstacles et si nous nous disposons à recevoir sa grâce d’après les exigences
du surnaturel. Comme les Apôtres nous
devons continuer l’œuvre de Jésus à travers le monde et par conséquent nous
avons besoin de la même formation, par les mêmes moyens et pour les mêmes
motifs: le salut des âmes et la gloire de Dieu.
En voyant ce qu’étaient les Apôtres et ce que Jésus en a fait tout
prêtre devrait avoir confiance que Jésus veut la même transformation pour lui
et qu’il peut devenir un véritable apôtre selon le cœur de Notre-Seigneur. Qu’il fasse sa part d’abord et Jésus fera la
sienne aussi. Qu’il commence par tout
quitter comme les Apôtres et qu’il se donne tout aux choses de Dieu pendant
quelques années. Même s’il ne comprend
rien, qu’il n’a aucun goût et qu’il ignore où tout cela aboutit, qu’il tienne
bon comme les Apôtres pendant trois ans.
Ces pauvres hommes n’avaient pas encore reçu le St-Esprit et ne
comprenaient rien aux voies de Dieu ni même à l’enseignement de Jésus pourtant
si clair et si simple. Mais le jour de
la pentecôte ils sont abondamment récompensés pour leur longue attente. Le voile du paganisme tombe et la lumière
divine les inonde de sorte qu’ils voient le plan divin et les moyens pour le
réaliser. Eh bien, il en sera de même
pour nous. Commençons par nous donner
tout aux choses de Dieu en quittant les attaches de toutes sortes même
permises. Les Apôtres ont abandonné
leurs filets et leurs barques et quelques-uns leur femme: toutes choses
permises, pour suivre Jésus. Eh
bien! faisons de même. Puis quand même nous ne goûterions pas les
choses divines pendant des années; soyons fidèles à les cultiver le mieux que
nous pourrons à travers le vide et l’ignorance ou le dégoût et l’ennui; notre
pentecôte viendra, non pas subitement, mais graduellement. Dieu récompensera sûrement notre fidélité à
le suivre. Mais il faut le suivre assez
longtemps pour lui prouver que nous le préférons à tout au monde. Ce n’est qu’alors qu’il se découvrira à notre
âme émerveillée afin de saisir le plan divin pour notre salut éternel. N’oublions pas que Dieu fait payer le divin
par beaucoup d’humain, comme il est juste qu’il fasse. Après Jésus nous avons là nos meilleurs
modèles; étudions-les donc dans cette méditation.
leur personne.
Ne
soyons pas surpris que Jésus choisisse de bien pauvres instruments pour le
salut du monde. Il nous dit clairement
que sans lui nous ne pouvons rien. Dans
le monde surnaturel surtout toute activité est divine et appartient donc à Dieu
seul. Alors l’efficacité du divin
ressort encore plus quand les instruments dont il se sert ne valent rien ou
très peu. Plus ces instruments sont
imparfaits et plus est grande la gloire de Dieu dans ce qu’ils accomplissent. C’est donc normal pour Dieu d’affectionner
des hommes imparfaits pour les instruments de sa gloire. Quel encouragement pour la plupart d’entre
nous! Voyons d’abord leurs défauts puis
ensuite leurs qualités. Leurs défauts:
Ignorants, timides, ambitieux.
Ignorants. Les Actes le disent:
«Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, sachant que c’étaient des
hommes du peuple, sans instruction, ils furent étonnés: ils les reconnurent en
même temps pour avoir été avec Jésus.» 4-13.
Jésus leur reproche souvent leur peu d’intelligence, évidemment pour les
obliger à faire plus attention à ce qu’il leur dit. Mt.
15-16: «Vous aussi, vous êtes donc sans intelligence; vous ne comprenez
pas. Mt.
16-9: «Pourquoi ne comprenez-vous pas?» Mc. 6-52: «Les Apôtres n’avaient pas compris.»
L. 16-24: «Ils ne comprirent rien à
cela.» Jo. 16-18: «Que signifie ce qu’il
nous dit? Nous ne savons de quoi il
parle.»
Ils
sont donc ignorants et en plus lents à comprendre même les choses qui nous
apparaissent les plus simples au monde.
Dans le monde surnaturel ils n’y comprennent rien avant d’avoir reçu le
Saint-Esprit à la Pentecôte. Mais au
moins après cela ils comprennent tout et sont tout aux choses de Dieu. Ils prêchent les vérités les plus
renversantes pour la nature humaine comme le mépris des créatures et le
renoncement à soi-même. Eh bien, où en
sont les prêtres au sujet de la doctrine de Jésus? Après des années de séminaire ou de formation
religieuse où ils ont appris une foule de choses qui sert peu à la conversion
des âmes, ils ignorent les idées fondamentales de la doctrine de Jésus que
St-Paul appelle: la sagesse et la force de Dieu. Ce sont donc les idées principales du plan
divin qui produisent vraiment des résultats merveilleux quand on les donne. Ce sont le mépris des créatures et le mépris
de soi-même ou le renoncement à soi-même.
Ce sont les deux idées opposées aux deux amours naturels qui empêchent
l’amour de Dieu de venir en nous. Elles
sont donc essentielles à la transformation des chrétiens ou enfants de Dieu,
non seulement par la grâce sanctifiante, mais aussi par la mentalité comme
l’exige St-Paul, Rom. 8-14. «Sont enfants de Dieu ceux qui sont conduits
par l’Esprit de Dieu.» Les prêtres ignorent tellement ces deux idées
essentielles au christianisme que dès qu’un prêtre essaie de les prêcher il est
persécuté comme un hérétique par la masse des prêtres qui appellent ces deux
idées une doctrine étrange et contraire aux traditions de l’Eglise. Et cela non seulement après la Pentecôte, mais
après l9 siècles de christianisme! Comme
il faut être aveugle pour ignorer ces choses!
Ils connaissent bien les textes qui les enseignent, mais cela reste dans
l’abstrait pour nos philosophes. Ils
n’ont rien compris dans le concret de cette doctrine. Ils le montrent bien par leurs attaques
acerbes contre tout prédicateur qui essaie de les faire vivre par le peuple et
par les prêtres. La masse des prêtres
ignore donc «la force de Dieu et la sagesse de Dieu» d’une façon concrète et ne
s’en servent pas en général. S’ils ont
le Saint-Esprit, ses dons sont liés en eux par leurs attaches à différentes
choses créées et permises. Alors ils
comprennent matériellement comme s’ils n’avaient pas du tout le
Saint-Esprit. On ne peut pas assez le
répéter ce que dit StJean de la Croix: «Ceux qui ont une attache n’auront pas
l’intelligence des choses de Dieu.» Voilà un des tristes résultats de la
philosophie de la religion; elle permet les attaches et ainsi ferme le coeur
aux dons du St-Esprit, de sorte que la plupart des prêtres ignorent les points
essentiels de l’Evangile dans la vie pratique.
Ils n’ont pas le don de sagesse pour goûter la moelle de
l’Evangile. Très peu agissent selon ces
dons du Saint-Esprit; c’est un très grand malheur pour l’Eglise que ses prêtres
soient mus surtout par la raison purement humaine. Et dire que cette ignorance des dons
justement nécessaires pour la sainteté de vie existe après 19 siècles de
christianisme, quand tout le monde sait lire et que cette doctrine est imprimée
et publiée par le monde! C’est
incompréhensible, mais c’est l’effet des diaboliques «in se» de la philosophie
de la religion.
Ils
sont timides parce qu’ils vivent de naturel; tous les païens sont peureux
devant les effets d’une force surhumaine.
Ainsi quand les Apôtres voient Jésus marcher sur les eaux, ils sont
remplis d’une grande frayeur; quand ils sont dans la barque avec lui pendant
une tempête, ils ont peur. Jésus leur
dit souvent: «Pourquoi êtes-vous craintifs, hommes de peu de foi?» C’est donc
ce manque de foi qui est au fond de la peur.
Tout naturel a peur des sacrifices, puisque c’est la mort du naturel
dans la même proportion. C’est
l’instinct de la préservation que tout le monde a. Tant que le point de vue naturel n’est pas
remplacé par le point de vue surnaturel, on a peur de tout sacrifice. Après la Pentecôte, les Apôtres n’ont plus
peur de rien excepté de Dieu. Il n’y a
pas de tourment qui les effraie, absolument rien ne peut les séparer de la
charité de Dieu. Voilà ce que vivre de
foi fait pour l’âme; cette vie la trempe comme de l’acier, rien ne peut la
faire broncher dans le devoir. Eh bien,
comparons les prêtres aux apôtres afin de mieux voir ce qui nous manque devant
Dieu. Combien de prêtres agissent comme
les Apôtres encore païens de mentalité!
Comme les prêtres juifs ils ont peur que les Romains viennent prendre
leur ville, ou leur paroisse, ou leur diocèse, ou leur position avantageuse
devant le monde. Combien évitent la
prédication du mépris du monde et du renoncement à soi-même pour ne pas être
critiqué par les fidèles, pour ne pas avoir d’affaires avec les supérieurs,
pour ne pas être dénoncés comme des Jansénistes, des exagérés, des novateurs,
etc. Comme on est habile pour cacher le
vide de sa vie et de sa doctrine derrière les «in se». Cette exposition purement théorique est vraie
et manifeste une certaine science qui satisfait l’esprit païen et qui permet
toutes sortes d’attaches aux jouissances de la terre et pour les prêtres et
pour les fidèles. Tous sont satisfaits
de ce régime naturel qui préserve de toute persécution et du monde et des
démons et le bon Dieu n’a qu’à attendre la dernière maladie où on aura bien le
temps de l’amadouer avec un acte de contrition parfaite ou une Extrême-onction…
et on aura joui du monde at on jouira du ciel!
Combien
ont peur des supérieurs majeurs afin d’être bien vus pour les promotions
possibles et si souvent enviées! Et les
chrétiens sont-ils plus braves? Pas du
tout. Sont-ils nombreux ceux qui
résistent au respect humain? Par
exemple, pour suivre la mode? pour ne
pas manger de la viande quand les autres en mangent? pour aller communier quand les autres n’y
vont pas? pour ne pas voler le
gouvernement ou les grosses compagnies quand les autres les volent? pour avoir des enfants quand les autres n’en
ont pas? Combien ont peur de pratiquer
l’Evangile intégral? Ils ont peur de paraîtres
trop dévots. Enfin peur de tout, excepté
de Dieu! L’amour des créatures et
l’amour de soi sont au fond de la peur; on a peur de perdre quelque chose qu’on
a ou qu’on est. Mais quand on a mis dehors
au moins une bonne partie et que l’amour de Dieu commence à prendre la place,
la peur disparaît dans la même proportion, parce qu’on n’a plus peur de perdre
rien de ces deux choses; du monde et de soi-même.
Ils
sont ambitieux comme tous ceux qui jugent selon les sens et qui sont
affectionnés aux choses de la terre et à eux-mêmes. On veut tout ce qui apporte des jouissances,
des louanges; c’est l’égoïsme du païen qui veut accaparer le plus possible
parce qu’il a mis son bonheur dans les créatures de ce monde. Ainsi les Apôtres ont des querelles de
préséance assez souvent. Au moment le
plus solennel de la vie de Jésus, à la dernière Cène, ils ont une contestation
pour savoir qui était le plus grand parmi eux.
Quelle cause de trouble dans l’Eglise que cette question de préséance! Que d’ecclésiastiques sont blessés au vif par
un manque quelconque d’égard à leur dignité!
Ils ont beau se cacher sous l’honneur de l’Eglise qu’ils représentent,
il est clair que c’est du paganisme tout pur avec son orgueil égoïste. Jésus s’est soumis non seulement aux manques
d’égards envers lui, mais à toutes les plus grandes humiliations sans craindre
le déshonneur pour la Divinité qu’il avait et qu’il représentait. Rien de plus glorieux pour l’Eglise fondée
par un Chef couronné d’épines que des prêtres et des évêques humiliés et
résignés dans leurs humiliations! Quand
allons-nous voir ce phénomène si rare que des ecclésiastiques qui imitent leur
divin Maître? Que d’ambition chez les
prêtres et chez les religieux! Comme on
est habile pour plaire aux hommes afin d’avoir leurs suffrages pour monter en
charge! Que de supérieurs sacrifient les
règles et la doctrine même qui embarrasse le naturel des motifs, par exemple,
afin que les inférieurs n’écrivent pas contre eux aux supérieurs majeurs! C’est une des grandes causes de décadence
dans la vie religieuse et dans le clergé.
Qu’un supérieur tienne simplement aux règles et aux exigences de la vie
religieuse que les religieux ont tous voué de garder… et de suite il est
dénoncé aux supérieurs majeurs comme un tyran qui rend la vie amère aux
confrères et les supérieurs majeurs pour les mêmes raisons lui ordonnent de
mettre de l’eau dans son vin, d’être charitable pour ces chers religieux qui se
lèvent quand ils veulent, vont où ils veulent et font ce qu’ils veulent! Si les plaintes continuent on le dépose tout
simplement comme inapte à gouverner Tous essaient de sauver les apparences au
moins et encore…! Quelle politique et
diplomatie! Quel camouflage chez des
hommes voués au travail de la perfection!
Que d’humain là et de paganisme!
Comme pour les apôtres le jour de la Pentecôte il n’y a que les dons du
St-Esprit pour détruire ces défauts qui gâtent la vie chrétienne. Tous ceux qui ont la grâce sanctifiante ont
les dons, mais ils sont ordinairement paralysés par toutes sortes d’attaches
même aux choses permises. Ainsi les
fumeurs n’agissent pas selon les dons; ils n’en manifestent aucun. Ni les amateurs de sports, ni les coureurs de
grands salons, ou de vues, ou des chemins dans leurs superbes automobiles, ni
les joueurs de cartes, ou d’argent, etc.
etc. Tous ces prêtres, religieux
ou laïcs, qui ont de telles attaches, ne sont pas conduits par les dons du
St-Esprit. Voilà pourquoi ils
manifestent tous ces défauts des Apôtres avant qu’ils eussent reçu le
St-Esprit. Guerre donc à toutes ces attaches
permises par la philosophie païenne des diaboliques «in se», mais absolument
condamnées par la vraie théologie de Jésus et des Saints… et de ceux qui
veulent les suivre. Leurs qualités sont
très grandes: la simplicité de leur vie les a protégés contre l’hypocrisie, la
diplomatie et une foule de défauts des gens qui vivent en ville en
général. Voyons quelques qualités qui
appartiennent à la vie de l’Apôtre: ils sont francs, actifs, endurants. Ils sont francs: ils parlent comme ils
pensent et n’agissent jamais sournoisement.
Cette franchise plaît beaucoup à Jésus et l’on s’attend à cette vertu
dans les disciples de Jésus. Comme on
aimerait à voir cette belle franchise chez tous nos fidèles et chez les prêtres
réguliers et séculiers! Est-ce qu’il ne faut
pas prendre des garanties quand on traite avec les prêtres et les religieux
comme avec n’importe quel Juif? On
trouve des supérieurs qui accordent et refusent une permission en même temps. Si elle cause des inconvénients, ils se
glorifient de l’avoir refusée; si elle tourne au bien, ils se vantent de
l’avoir accordée. Ils ont dit: oui et
non! Alors arrive que pourra, leur
réputation est sauve. Plusieurs ont
appris à mentir avec nos fameuses restrictions mentales, permises par la
morale. «In se», c’est possible, mais
dans le concret on ne devrait jamais s’en servir. Car les gens finissent toujours par savoir la
vérité et ils sont scandalisés de ce mensonge du prêtre. Nous ne devrions jamais l’employer à cause du
scandale qui en résulte ordinairement.
Et qui sait exactement les limites entre les restrictions mentales et
les mensonges?
Ils
sont actifs. Leur pauvreté les a obligés
à travailler fort pour vivre; aussi, ils ne regimbent jamais au travail; ils ne
se plaignent jamais de leur travail et pourtant leur vie avec Jésus était
sûrement pénible, l’accompagnant partout sur les routes rocailleuses de la
Palestine, au soleil brûlant, et, jamais chez eux, mais couchant n’importe où
et mangeant dehors ce qu’ils pouvaient trouver.
Plus tard dans leurs missions apostoliques, ils ont parcouru des pays
entiers prêchant sans mesurer ni leur repos ni leurs sueurs. Ils se sont jetés corps et âme dans leur
apostolat pour l’amour de Jésus et des âmes.
Le travail est une loi de Dieu qui oblige tout homme à faire valoir les
talents que Dieu lui a donnés. Tout
prêtre devrait être actif d’une façon ou d’une autre pour les âmes et pour la
gloire de Dieu, à l’exemple de Jésus, son Maître. Mais qu’il le soit uniquement dans les choses
de Dieu. Combien perdent leur temps dans
toutes sortes d’organisations profanes comme jeux, bazars, parties de cartes,
vues animées et soirées. Que d’énergie
perdue chez les prêtres pour toutes sortes de bagatelles païennes sous prétexte
de garder leurs gens dans la paroisse, ou de les préserver du péché… et le
meilleur de leur vie y passe… et les choses de Dieu sont négligées et pour
eux-mêmes et pour les fidèles. Tout cela
s’adresse aux fidèles aussi.
Ils
sont endurants. Ils sont habitués à la
vie dure de pêcheurs à attendre le poisson souvent la nuit comme le jour avec
toutes les intempéries des saisons. Avec
Jésus il arrive qu’ils n’ont pas de quoi manger ou le temps de manger et ils ne
se plaignent pas. Une fois ils
marchèrent de Jéricho à Jérusalem dans une journée, ce qui demandait des forces
peu ordinaires. Combien d’autres courses
ne sont pas mentionnées par les évangélistes!
Les Saints ont tous été endurants parce qu’ils voulaient d’abord expier
leurs propres péchés, puis ceux des autres.
De plus ils voyaient à la lumière de la foi tout le bien qu’il y avait à
faire et le peu d’hommes capables de le faire.
Alors ils se dévouaient de toutes leurs forces, sachant qu’ils
travaillaient pour Dieu qu’ils aimaient grandement. Prions le St-Esprit qu’il nous forme des
prêtres des deux clergés endurants dans leurs travaux pour le salut des
âmes. Combien acquièrent vite après la
prêtrise l’art de ne rien faire ou de paraître travailler sans rien produire,
qui laissent aux confrères les corvées et qui vont se balader aux amusements de
toutes sortes ou courir les routes en automobile. Comme il y en a qui se trouvent des malaises
devant un travail quelconque! Mais qui
peuvent passer des heures au froid pour suivre une partie de gouret, ou de
balle, ou autre amusement de leur choix.
Combien se plaignent d’un sermon ou d’une séance de confessions, ou
d’une course aux malades, mais qui vont passer une partie de la nuit à jouer
aux cartes, ou faire des centaines de milles en automobile pour aller à une
fête, ou à une partie!
Quand
on travaille pour le bon Dieu on ne se plaint pas. Les plaignards sont ceux qui font l’œuvre de
Dieu «à la diable» et dont le cœur est aux choses du monde, à leurs propres
satisfactions et pour leurs propres intérêts.
Ils estiment les choses du monde et de leur personne. Tout ce qui enlève quelque chose l’est
intolérable pour leur païen. Ils
mesurent leurs pas quand ils vont aux choses de Dieu, mais ils ne comptent rien
quand ils vont à leurs plaisirs favoris.
Eh bien, demandons au St- Esprit la grâce de tout voir aux yeux de la
foi et de nous laisser conduire par ses dons divins. Pour cela que chacun retranche au plus vite
les attaches qui l’empêchent d’agir… voilà du bon travail pour un chrétien! leur vocation Dès les débuts de sa vie publique
Jésus se choisit quelques disciples stables qu’il voulait former pour continuer
son oeuvre quand il serait retourné au ciel.
Il en choisit douze qu’il nomma Apôtres: leurs noms sont bien connus,
avec Pierre leur chef. Comme nous sommes
les continuateurs de l’oeuvre des Apôtres nous pouvons tirer profit en méditant
sur la grandeur de cette vocation.
D’abord… Son but.
Etre
compagnons de Jésus; dans sa vie quotidienne, témoins de ses actions, manger
avec lui, travailler avec lui, dormir à ses côtés, enfin être ses amis
intimes. Il leur expliquerait dans le
détail tout le plan divin pour le salut du monde et les voies de Dieu en
général. Plus tard ils pourront
témoigner comme St-Jean l’affirme, I Jo.
l-l: «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce
que nous avons considéré, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous
vous l’annonçons afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous et que
notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.» Nous sommes
tous appelés à cette même familiarité avec Jésus, par les Stes Ecritures, et
par la foi en sa divinité. De plus dans
l’Eucharistie, il est avec nous corps et âme et divinité comme il était avec
les Apôtres. Il nous assure que si
quelqu’un croit en lui et observe ses commandements la Trinité viendra en lui
et se manifestera à lui. Mais comme les
Apôtres sont devenus ses familiers en abandonnant tout ce qu’ils avaient même
de permis, ainsi, Jésus répète sur tous les tons qu’il se communique aux hommes
en proportion qu’ils se défont de l’amour des créatures et de l’amour
d’eux-mêmes. Pour pratiquer le premier
mépris il faut se défaire de tout motif naturel qui jaillit des affections
naturelles pour les créatures et pour pratiquer le second il faut se renoncer;
donc accepter tout ce qui contrarie le jugement et la volonté. Tout chrétien, prêtre ou religieux, qui ne
fait pas la guerre à ces deux amours en lui de la sorte ne goûtera jamais la
familiarité de Jésus; il restera étranger à Jésus quel que soit son genre de
vie, sa vocation, qu’il soit prêtre, religieux ou laïque. On ne peut pas aimer le monde, aimer soi-même
et aimer Dieu!
C’est
Jésus qui le dit en toutes lettres dans le sermon sur la montagne.
La
preuve que le clergé ne cultive pas cette familiarité avec Jésus est dans ce
fait que peu de prêtres étudient St-Jean de la Croix, le Docteur par excellence
de l’union avec Jésus; ils l’évitent comme un mauvais livre, car le païen
flaire là l’ennemi acharné de ses attaches, de ses jouissances dans sa vie de bourgeois,
de ses affections pour le créé qui fait si bien son affaire… et qui n’est pas
défendu «in se». Partout dans le monde
on rencontre cette opposition du clergé à St-Jean de la Croix et aux mystiques
en général; les spécialistes de la pratique de l’amour de Dieu! Il faut donc qu’il y ait quelque chose de
foncièrement faux dans la formation des prêtres et des religieux! Nous l’avons souvent dit: c’est qu’ils ne
reçoivent que de la philosophie de la religion, ils l’apprennent seulement dans
leurs infernal «in se» ou simplement au point de vue naturel ou païen. On comprend que nos spécialistes puissent
étudier sans remords de conscience Jésus-Christ dans les savants athées et
allemands et juifs ou anglais ou américains; ils passent le meilleur de leur temps
à fouiller dans ces athées pour connaître Jésus-Christ! Quelle pitié!
Aussi quel fiasco pour la formation de nos prêtres et de nos religieux! Fonder l’Eglise d’abord sur Pierre comme
chef: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise.» Puis il les
envoie tous enseigner aux nations tout ce qu’il leur a enseigné lui-même et il
leur promet de rester avec eux jusqu’à la fin des temps. Au temps des Apôtres les premiers fidèles se
dépouillaient de leurs biens, comme de leurs maisons et de leurs fermes pour en
donner le prix aux pauvres; c’est donc que les Apôtres ne prêchaient pas
seulement de sacrifier les choses défendues comme les prêtres de nos jours;
mais aussi les choses permises. Quand
allons-nous revenir à cette doctrine apostolique? Quand nous nous serons débarrassés de nos
Philosophes de la théologie, de nos docteurs aux «in se» païens qui permettent
toutes les affections aux choses permises et donc qui font l’œuvre des démons
en conservant l’amour naturel pour les choses créées et pour soi-même. Revenons au plus vite à la vraie théologie où
l’on considère les choses au point de vue du salut de l’âme et pas seulement
«in se», mais en nous.
Le
salut du monde est sûrement la plus belle œuvre possible. Passer sa vie à envoyer des âmes au ciel et à
faire connaître Dieu, que peut-on imaginer de plus grand pour de simples
mortels. Eh bien, les Apôtres se donnent
corps et âme à cette œuvre et jour et nuit.
Ils ne se mettent pas à organiser des clubs de jeunesse ou des bazars,
ou des amusements. Même ils n’ont pas
voulu perdre leur temps à distribuer des aumônes. Quand celles-ci devinrent abondantes, le
St-Esprit leur fit savoir qu’ils ne devaient pas perdre leur temps à ce
«ministère» comme l’appelle St-Paul, mais ils choisirent des laïques qu’ils
ordonnèrent diacres pour ce travail… réservant tout leur temps pour la prière
et la prédication. Les prêtres ont-ils
jamais lu ce passage dans les Actes?
Comment cet enseignement du St-Esprit ne les a-t-il pas frappés? Le St-Esprit trouve indigne de ses prêtres le
«ministère» de distribuer des aumônes aux pauvres. Que ne dirait-il pas à tant de prêtres qui
organisent des jeux, même le dimanche, qui font danser les gens, qui passent
leurs veillées dans des salles de pool ou de vues animées à bourrer les fidèles
de jouissances sensibles quand ils ont été choisis justement pour les sevrer de
ces jouissances! Comme ces prêtres sont
loin de l’esprit de Jésus-Christ et des Apôtres! Ses conditions.
La
Promptitude est exigée par Jésus parce qu’elle est le signe de l’amour qu’il
veut toujours dans les siens. Si on
offrait un million à un homme, dirait-il qu’il est trop pressé, qu’il le
prendra un autre jour? Eh bien, Jésus
nous offre plus qu’un million. Si on
offrait la guérison à un malade, dirait-il: il n’y a pas de presse, c’est aussi
bien plus tard? Eh bien, le ciel est
encore plus que tous ces biens terrestres.
Il veut donc de l’empressement dans ceux qui veulent le suivre. Un jour on lui demande le temps d’aller
enterrer son père, Jésus répond: «Laissez les morts enterrer les morts». Mt.
8-21. Un autre lui dit: «Souffrez
que j’aille faire mes adieux à ma famille.» Jésus répond: «Celui qui met la
main à la charrue et regarde en arrière est impropre au royaume de Dieu»… Plus
on vit selon la foi et plus on obéit vite à Dieu. Le Détachement des choses créées et de
soi-même a déjà été suffisamment expliqué un peu partout. On comprend sa nécessité; il faut vider le
coeur des deux amours naturels pour que Dieu donne. La charité qui prend la place des deux autres
amours dans la proportion qu’on les rejette du cœur. C’est ce que les Apôtres ont fait et que nous
devons tous faire pour aimer Jésus comme il l’exige.
leur
mission. Sa fin.
Jésus
les envoie pour guérir, prêcher et glorifier Dieu par le salut des âmes. Guérir les corps d’abord comme Jésus a fait
pour gagner la confiance des gens. Comme
on le voit par la parabole du bon Samaritain.
Jésus tient à ce que les prêtres s’occupent de guérir les maladies et
les infirmités quand ils le peuvent, pas nécessairement par eux-mêmes, mais par
des organisations qu’ils peuvent confier à des laïques comme les Apôtres ont
fait pour les diacres. Quand les malades
demandent aux prêtres de les guérir, ils doivent volontiers accéder à leur
demande en leur donnant une bénédiction et en priant pour eux. C’est un ordre que Jésus donne à ses Apôtres:
guérissez les malades! C’est une
humilité mal placée qui refuse de les guérir.
Est-ce que s’ils étaient plus parfaits, ils feraient des miracles? Parfaits ou imparfaits, c’est toujours Dieu
seul qui guérit et un prêtre devrait le savoir.
Alors inutile de refuser sous prétexte qu’on est imparfait.
Prêcher. Que le prêtre se rappelle que Jésus dit: «…
leur apprenant à observer tout ce que je vous ai dit.» Donc pas une partie
seulement de l’Evangile, pas un choix selon le naturel, pas ce qui flatte les
fidèles; rien de tout cela, mais tout ce que Jésus nous donne dans l’Evangile
et uniquement parce que c’est Jésus qui nous le donne, peu importe ce que les fidèles
en pensent ou ce qu’on aime soi-même. On
donne la doctrine intégrale de Jésus telle qu’il l’a donnée lui-même. Ce n’est pas de la philosophie que Jésus a
prêchée, mais sa propre vie et les vérités non pas «in se», mais en nous et en
Dieu, ou pour notre salut éternel. Jésus
n’est pas une science abstraite, mais une vie à vivre tout de suite dans le
concret des actions. Qu’on étudie les
Epîtres et l’on verra comment les Apôtres étaient concrets et comme ils
exigeaient la pratique de ce qu’ils enseignaient.
Jamais
ils ne parlent selon le «in se», des païens, mais toujours des vérités vécues
en nous. Que Dieu nous délivre de la
diabolique philosophie des prêtres et qu’il nous donne la théologie des Apôtres
et des Saints. Glorifier Dieu, c’est
mettre en avant le Père en tout ce qu’on fait, c’est attribuer tout le bien
qu’on fait à Dieu et c’est prêcher de façon à donner Dieu aux fidèles, en se
faisant oublier soi-même. Ce n’est pas
avoir derrière la tête des motifs de sa propre louange et pour s’attirer des
compliments du monde, mais c’est avoir uniquement sur Dieu les yeux tournés et
s’effacer soi-même parfaitement. Voici
un bon signe qu’on travaille uniquement pour Dieu; c’est quand on est aussi
content du bien que les autres font que celui qu’on fait soi-même et aussi
content des louanges que les autres reçoivent que de celles qu’on nous
donne. Ceux qui sont jaloux ou envieux
du bien des autres montrent clairement que leur point de vue est purement païen
et égoïste. Car s’ils travaillaient pour
Dieu seul, ils devraient savoir que les autres en font autant et alors ils
devraient donner à Dieu sa gloire dans ce que les autres font comme dans ce
qu’ils font eux-mêmes pour Dieu. Mais
comme c’est rare de voir cet esprit de foi!
Que de jalousie cachée au fond du cœur!
Si on veut s’amuser qu’on loue un prêtre en présence d’un confrère et
qu’on surveille les réactions de ce confrère.
Comme il perd vite la parole!
Comme un besoin pressant le prend pour s’esquiver ou comme il va
compenser par des critiques contre ce prêtre!
C’est du naturel tout pur! Ses
caractères peuvent être divins par l’œuvre qu’ils ont à accomplir: ils doivent
détruire les deux amours naturels dans le coeur des hommes: l’amour des
richesses et l’amour de soi. Donc Jésus
va exiger d’eux la pauvreté, les épreuves et alors viendra l’amour de Dieu avec
la confiance en Dieu.
La
Pauvreté doit reluire dans celui qui vient montrer la nécessité de se
débarrasser de l’attache aux biens terrestres.
Il faut qu’il en ait le cœur net pour demander aux autres cette pureté
de coeur qui n’est souillé par aucune affection aux choses créées. Que l’apôtre montre son amour pour la
pauvreté dans ses habits, dans sa manière de manger, dans sa chambre et enfin
en tout où il peut montrer son mépris pratique ces jouissances terrestres. Combien sont extrêmement exigeants à la
table. Quelle honte pour un prêtre de
parler beaucoup de nourriture, critiquant ce qu’il n’aime pas et vantant ce
qu’il aime afin que les gens le lui servent.
Les Curés qui nous reçoivent sont si bons et généreux que nous devons
faire attention pour ne pas nous laisser aller à la gourmandise et à prendre
l’habitude de si bien manger qu’on devienne ensuite difficile.
Les
Epreuves: elles sont inévitables pour les véritables apôtres. Dès qu’on prêche Jésus-Christ comme une vie à
vivre, tout de suite l’enfer suscite des tempêtes de persécutions et de
dénonciations très pénibles surtout dans les débuts. Mais c’est normal pour un prédicateur de la
Théologie Catholique. Il n’est pas plus
que son Maître. Ce que les Pharisiens,
les philosophes de l’ancien Testament ont fait à Jésus, les pharisiens modernes
le feront aussi sûrement et aussi bien que les anciens, pour tuer votre Jésus
que vous prêchez si bien que l’enfer enrage.
C’est alors qu’il faut la prudence du serpent et la douceur de la
colombe. On ne peut pas préparer son
plan de campagne d’avance. Le St-Esprit
inspirera la tactique pour le moment présent et à la grâce de Dieu pour le
reste. Peu importe ce qui arrivera, il
faut le prendre en union avec Jésus qui a reçu toutes ces mêmes épreuves avant
nous. Qu’on se garde bien d’en vouloir
aux instruments immédiats de Satan et de Dieu pour des raisons différentes. C’est l’émondage normal de tous ceux qui
portent des fruits et le bon Dieu se sert des philosophes comme d’instruments
aveugles pour la sanctification des apôtres de la théologie véritable; c’est à
peu près le seul bien qu’ils font dans leur vie quoique à leur insu! La confiance en Dieu est absolument
nécessaire à l’apôtre, précisément à cause de ces persécutions et aussi à cause
de la doctrine divine qu’il prêche. S’il
comptait tant soit peu sur ses propres forces et ses propres talents, Dieu lui
retirerait son secours et seul il ne ferait rien de bon. Quand on voit la majorité des prêtres contre
soi et ses meilleurs amis aussi, il faut une bonne dose de confiance en Dieu
pour continuer quand même dans la même voie.
Si on écoutait le monde et son propre cœur, comme il serait facile
d’aiguiller un tout petit peu vers les «in se» et tous les démons iraient se
coucher et nous aurions la paix comme les docteurs en Israël l’ont. Jésus, lui, donne la paix dans le cœur avec
la conscience du devoir accompli même aux dépens de sa réputation, mais c’est
la guerre avec le monde et les démons à l’extérieur. «Parce que vous m’appartenez, le monde vous
hait comme il m’a haï et il vous persécute comme il m’a persécuté; mais ayez
confiance, j’ai vaincu le monde».
Examinons notre confiance; quand elle est en nous les fiascos se
succèdent; quand elle est en Dieu, c’est le succès dans les choses de Dieu.
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