VINGT-QUATRIÈME INSTRUCTION
LES DEUX ÉTENDARDS.
«N’aimez
pas le monde ni ce qui est dans le monde: si quelqu’un aime le monde, la
charité du Père n’est point en lui.» I Jo.
2-15
Plan
Remarque. Fausse idée du plan
divin. (Il pousse à l’amour des
richesses. Stratégie de Satan : (Il
pousse à la recherche des honneurs. (Il
pousse à l’orgueil de la vie. Tactique
de Jésus: Le contraire.
REMARQUE Voici une méditation qui revient sur une idée
déjà souvent donnée et qui peut ennuyer ceux qui cherchent du nouveau pour
l’esprit plutôt que de la nourriture pour le coeur. Quand on aime à manger du poulet, on ne
trouve pas qu’il revient trop souvent sur la table! Quand on songe que l’idée des deux Etendards
contient le plan de Dieu dans l’usage des créatures et que la masse des prêtres
et séculiers et réguliers, l’ignorent en pratique et se perdent avec une foule
de fidèles sur une voie d’évitement comme ces vieux wagons qui pourrissent dans
le champ. Quand on a un peu de coeur et
qu’on voit la masse du clergé dans le monde entier s’égarer loin de Dieu avec
les fidèles qu’ils entraînent avec eux, on ne craint pas de répéter en quoi
consiste le vrai plan de Dieu! On
voudrait le crier sur tous les toits! On
sait que S. Ignace aime les répétitions
et même des mêmes méditations mot-à-mot.
Eh bien! nous avons ici une idée
qui mérite plusieurs répétitions. Je
vais en profiter pour montrer comment plusieurs de ceux qui la donnent la
rendent inutile par leurs explications.
Même les Jésuites en grande partie sont si loin de ce plan de Dieu
qu’ils ne donnent plus les Deux Etendards, ou seulement d’une façon générale
qui la rend à peu près inutile. Qu’on me
trouve un Jésuite américain par exemple, qui va la donner en entrant dans les
détails et en faisant ressortir la véritable idée de cette méditation. Aux Etats-Unis un supérieur m’a défendu de la
prêcher et ce n’était pas à cause de mes idées, car je lui ai offert de la lire
au peuple dans un de nos meilleurs auteurs.
Il m’a dit que cela ne valait pas pour notre siècle ni pour les
Américains. Ce qu’il a eu le front de
dire, des milliers pensent comme lui.
Voilà
donc ce que j’affirme et je sais ce que je dis!
La très grande majorité des prêtres du monde sont de travers avec
S. Ignace et donc avec l’Eglise qui l’a
souvent approuvé, sur cette question de l’usage des créatures. Par conséquent tous ceux qui me lisent ou qui
m’entendent devraient me suivre pour leur plus grand profit spirituel et pour
l’orientation de leur enseignement et de leur prédication. Il faut que nous fassions une campagne
systématique pour sortir le clergé de sa voie d’évitement et le mettre sur la
bonne voie de l’usage des créatures comme Dieu le veut. Si le monde est si païen, c’est donc que le
clergé a failli à son devoir essentiel de préserver les fidèles de l’erreur
dogmatique puisqu’il est: «le sel de la terre», et d’éclairer le monde
puisqu’il est la «lumière», choisie par Jésus pour bien diriger les peuples
selon le plan divin.
fausse
notion du plan divin
Les
prêtres et séculiers et réguliers sont responsables de ce que les fidèles en
général sont de travers avec Dieu dans l’usage des créatures. Cela vient de ce qu’ils n’ont pris que le
point de vue philosophique de la religion, qui est de considérer les choses «in
se» ou en elles-mêmes au lieu de les considérer en Dieu et donc en nous pour le
salut des âmes. Les créatures «in se»
sont toutes bonnes, ayant été créées par Dieu pour représenter quelques-unes de
ses perfections divines. La conclusion
logique est que nous pouvons donc en jouir tant que nous voulons pourvu que
nous n’en abusions pas par le péché. En
pratique donc la seule règle de ce point de vue est donc d’éviter le
péché. Par le fait même toutes les
créatures se trouvent à être divisées en deux groupes: celles qui sont permises
et celles qui sont défendues. C’est
vrai. Mais c’est faux que cette
distinction vraie soit la règle de conduite dans l’usage des créatures! C’est faux!
Or, la masse des prêtres du monde la prennent pour eux-mêmes et la
donnent au peuple… comme la seule règle pratique de conduite. Ce qui n’est pas vrai! Ce n’est pas là le plan de Dieu dans l’usage
des créatures pour nous. Voyons
maintenant le point de vue théologique, ou les créatures non plus «in se», mais
en Dieu et dans notre coeur pour le salut de notre âme. En d’autres termes quelle est la volonté de
Dieu au sujet des créatures? Jésus dit
qu’elles sont l’argent pour acheter le ciel comme dans la parabole de la perle
précieuse et dans celle du «trésor caché».
Pour se les procurer dit-il, on vend tout ce qu’on a et on
l’achète. Il ne dit pas de donner ou
d’abandonner ce qui est défendu, mais tout ce qu’on a! sans distinction de défendu ou de
permis. Ailleurs il dit que celui qui
abandonne son père, sa mère, et tout ce qu’il avait aura le centuple en cette
vie et la gloire éternelle. Or toutes
ces choses sont permises. Dans les
paraboles des invités, toutes les excuses données sont pour des choses
parfaitement permises et cependant ces gens sont exclus du royaume des
cieux. Voilà le plan selon Jésus: toutes
les créatures sans distinction de permises ou de défendues sont de l’argent
pour acheter le ciel ou des «grains» pour le récolter. Donc il faut sacrifier les bonnes choses
permises comme les défendues. Dès qu’un
prêtre fait cette distinction entre permises et défendues, on peut être sûr que
c’est un philosophe païen dans son raisonnement. Il est de travers avec Jésus sur ce point.
Voilà
donc la grande erreur pratique et concrète de la masse du clergé dans le monde
entier. Est-ce surprenant que les
chrétiens ne se distinguent guère des protestants et des vrais païens à part
quelques actes de religion extérieure.
Pour la mentalité, il n’y a pas de différence comme on peut le voir par
les conversations des deux groupes; elles sont toutes des choses du monde et
des plaisirs du monde; c’est donc cela qu’ils ont tous dans le coeur. Or, Jésus dit aux chrétiens: «N’aime pas le
monde ni ce qui est dans le monde; si quelqu’un aime le monde la charité du
Père n’est point en lui.» Les chrétiens ne devraient donc pas se passionner
pour les closes du monde, même pour les bonnes et les permises. Elles captivent le coeur comme les défendues;
elles excluent l’amour de Dieu comme les autres. Voilà pourquoi tant de Jésuites et de prêtres
séculiers à leur suite ne donnent plus les «Deux Etendards» ou leur doctrine
dans toutes ses conséquences logiques et pratiques. C’est la philosophie qu’ils ont apprise en
Théologie qui en est responsable. Ils
n’ont pris que le point de vue philosophique et donc naturel et donc païen. Il domine toute leur mentalité, tous leurs
jugements donc sur les choses et sur la spiritualité: Ils enlèvent toute vie à
la religion en ne la considérant que dans l’abstrait, «en soi», là au dehors de
tout rapport avec Dieu et avec l’homme.
Quel aveuglément! Comme les
Philosophes n’ont qu’une seule règle de conduite; éviter le péché, la doctrine
des «Deux Etendards» ne les touche pas.
Pour eux c’est du luxe en perfection pour ceux qui en sentent la
dévotion. St-Ignace ne parle pas de
péché, mais seulement de piège et donc il parle des choses qui peuvent être
bonnes mais dangereuses avec le temps comme sont toutes les créatures en
général. L’homme peut se passionner pour
n’importe quelle créature et c’est autant d’amour pour Dieu de moins. Vouloir simplement éviter le péché est donc
la seule règle de l’infernal point de vue philosophique de la religion. C’est de l’ivraie parce qu’il est vrai, utile
et savant: il ressemble donc à la vraie science théologique. Mais, comme l’ivraie, il est bon à rien pour
nourrir les âmes… comme un jambon «en soi» ne me nourrit pas! Ce n’est qu’en moi qu’il me nourrit. Et bien!
cette maudite science de tête des «in se» ne nourrit pas du tout ni le
coeur, ni la foi, ni le surnaturel, mais elle fait des orgueilleux, des
égoïstes, des jouisseurs des créatures comme dessert et permet une vraie vie de
païen dans la mentalité comme on le voit que trop dans la masse des prêtres,
des religieux et des fidèles à leur suite.
Tous ceux donc qui suivent les «in se» ne sont donc pas dans le plan de
Dieu pour l’usage des créatures, mais dans le plan tout à fait naturel que nous
aurions eu si étions sur le chemin des limbes.
Dans ce cas les philosophes auraient raison. Mais, maintenant que nous sommes sur le
chemin du ciel, ils sont complètement de travers avec le plan divin. Dans le plan actuel, nous nous en allons pas
simplement voir Dieu mais participer à sa vie intime au sein de la
Trinité. Or, Dieu est amour et c’est
cette question de l’amour qui détruit tout le plan des philosophes où il
suffirait d’une justice naturelle; du moment qu’on n’offenserait pas Dieu et
qu’on le servirait selon notre raison, nous irions aux limbes. Mais, maintenant il s’agit de commencer à
vivre cette vie intime de la Trinité dans la foi et par la grâce de Dieu. Or, dans le ciel, non seulement nous
éviterons le péché, mais nous ne mettrons pas notre bonheur dans les créatures,
même bonnes, mais uniquement dans les perfections divines. Voilà ce que les philosophes n’ont jamais
rencontré dans leur système des «in se»: qu’il faut cesser d’aimer les
créatures pour n’aimer que le Créateur!… comme au ciel! Or, c’est justement ce dernier point que les
deux étendards font ressortir. Il faut
que tout chrétien retire son amour même permis pour les créatures et le donne
tout à Dieu. Or, quand les démons… et
les prêtres laissent ou poussent les gens aux amusements même permis… ils leur
tendent des pièges et à cause de ces plaisirs permis auxquels ils donnent leur
affection, ils seront damnés un jour ou au moins ils peuvent l’être. Voilà ce que tout prêtre devrait expliquer au
peuple, mais pas un philosophe ne peut le faire étant aveuglé par sa
philosophie toute païenne des maudits «in se».
Les prêtres qui disent équivalemment aux gens: amusez vous mais ne
péchez pas, sèment l’ivraie du diable à pleine bouche et eux-mêmes tendent des
pièges comme les démons pour faire tomber les fidèles dans le péché… et c’est
la très grande majorité du clergé du monde entier qui fait cela. Est-ce surprenant que nos gens soient si
païens de mentalité? Que tant de
chrétiens aient les mêmes affections que les païens comme leur conversations le
montrent. Ils parlent des choses du
monde comme les païens. Quand est-ce que
les prêtres vont-ils se réveiller de leur paganisme mental? Quand ils sortiront de leurs encore une fois
maudits «in se». Ils méritent ce terme
de maudit, parce qu’ils font l’oeuvre des démons qui n’ont plus rien à
faire. Les prêtres font leur besogne
admirablement avec leurs «in se».
stratégie
de satan
Il
pousse à l’amour des richesses. Les
hommes n’ont pas besoin des démons pour aimer les richesses: ils naissent avec
cet amour dans le coeur; mais les démons exercent leur influence dans le même
sens. Ils fournissent toutes sortes de
sophismes aux chrétiens pour les empêcher de suivre les directives contraires
de la foi. Les chrétiens savent bien que
la poursuite des biens terrestres est la source pour eux de toutes sortes de
péchés, comme dit St-Paul: «la cupidité est la racine de tous les maux». Alors c’est pour contrebalancer la doctrine
de l’évangile qu’ils répandent par tous les moyens à leur disposition, des
fausses maximes, qui sont vraies en partie mais fausses dans l’ensemble. Les hommes voient d’abord ce qui est vrai,
puis agissent même selon ce qui est faux dans ces principes du monde. Par exemple, un chrétien aime les beaux
habits: il s’en achète un très beau en se disant: «en soi» je puis
l’acheter! Puis il s’en achète un autre
et un autre. Il fait de même pour de
beaux meubles, pour son automobile, pour sa maison, etc. L’appétit de ces choses vient «en mangeant»
et le voilà menant un grand train de vie où il met évidemment: «son
amour». Pour entretenir ce train de vie,
il prendra même des moyens plus ou moins louches et avec le temps déshonnêtes
et il tombera facilement dans des péchés mortels. Même sans cela, il arrivera un temps où son
coeur est tellement captivé pour ces bagatelles qu’il n’y a plus de place pour
l’amour de Dieu. Alors son péché n’est
pas dans tel acte isolé mais dans toute sa vie et il sera damné comme le
mauvais riche sans savoir exactement où était son péché mortel.
L’araignée
est un bon échantillon du diable. Quand
elle jette un fil sur une mouche, elle n’est pas morte par le fait même, mais
avec un autre fil et plusieurs autres, voilà que la mouche ne peut plus se
défendre et l’araignée vient la darder et la tuer. C’est exactement ce que font les démons avec
la nature humaine qui agit tout naturellement comme le démon dans son affection
pour le créé. Un homme commence à fumer
sa première cigarette; il n’y a pas de mal là!
Mais voici qu’il en fume une autre et une autre. Graduellement et très vite même, il y prend
goût et voilà qu’il fume du matin au soir.
Si quelqu’un lui suscite des scrupules pour cette affection, le démon
lui souffle à l’oreille que «en soi» ce n’est pas péché de fumer… et il
fume! Voilà le premier fil qui attache
cet homme à cette créature encore bien insignifiante.
Puis,
il développera une affection pour les sports de la même manière. Ce sera encore un coin du coeur où Dieu
n’aura pas de place! Puis, ce sera «des
attraits» pour les plaisirs sensuels qui sont autrement forts que l’affection
pour la cigarette et pour les sports.
Celui qui n’a pas pu résister aux premiers fils de l’araignée infernal,
comment résistera-t-il à d’autres plus forts comme les tentations de la
chair? Cet homme tombera misérablement
dans ce vice. La raison, en plus de
l’affection naturelle qui se fortifie, est dans la privation des grâces que
Dieu refuse de donner en proportion qu’on a des affections naturelles pour ses
rivales, les créatures même permises.
Elles captivent le coeur comme les défendues. C’est ainsi que des époux se séparent. Le mari, par exemple, rencontre une personne,
badine un peu avec elle; ce n’est encore rien.
Mais au fond de son être il se sent attiré à elle; son souvenir ne le
lâche pas, ils se rencontrent encore et encore.
Le voilà qu’il est amouraché d’elle.
Dès que sa femme s’en aperçoit, elle se choque, dispute, boude et donne
de moins en moins de son amour; elle le retire de son mari dans la même mesure
qu’il s’affectionne pour l’autre, et finalement, c’est la séparation. Il en sera de même avec un homme qui cultive
des attaches; c’est le divorce qui s’en vient avec Dieu! Voici une remarque importante. Le piège n’est pas dans le péché. Quand on pèche on est pris dans le piège, mais
le piège existait avant. Le piège
consiste à s’affectionner aux choses permises et où le péché n’apparaît pas du
tout, comme de fumer, de se passionner pour les sports, d’aimer les bonnes
boissons, de jouer aux cartes, de rechercher les riches et les grands,
etc. Aucun péché là, surtout dans les
débuts. Ce sont donc de vrais pièges
parce qu’avec le temps on se passionne tellement pour toutes ces choses que
l’on oublie les choses de Dieu et l’on est damné comme le «bon» riche a été
damné, comme les invités au festin ont été damnés pour avoir préféré des choses
permises aux noces et donc au royaume du ciel.
Ce sont là les épines qui étouffent la parole de Dieu dans l’âme, ce
sont les chemins battus par toutes sortes de bagatelles où la parole de Dieu ne
germe pas. Donc les pièges sont dans les
choses permises, ou plutôt, le piège est dans l’affection pour les choses
permises. Ce n’est pas une cigarette ou
un verre de boisson ou une partie quelconque qui est le piège, mais c’est la
passion pour ces choses. C’est
l’affection pour la créature qui est rivale de l’affection pour Dieu. Ce sont donc les deux amours qui sont opposés
l’un à l’autre. Comme les philosophes ne
considèrent les choses qu’en elles-mêmes, ils ne remarquent pas assez que pour
nous, c’est l’affection pour les choses que nous condamnons. Ils sont nos rivaux parce qu’ils pensent que
ce sont les choses en elles-mêmes que nous condamnons et ils ne peuvent pas
admettre cela et là ils ont raison.
C’est parce qu’ils considèrent les choses en elles-mêmes que les
philosophes jugent aussi les actes isolés.
Pour le bien ou le mal cela suffit.
Je vole dix sous, c’est péché; je fume une cigarette, c’est une bonne
action; cela suffit pour satisfaire la justice naturelle. Mais l’amour agit autrement. Ordinairement il se développe par toute une
série d’actions où on ne verrait pas d’amour considéré une à une, mais à la
longue ces actes en série développent et manifestent de l’amour. C’est l’expérience de chaque jour. Ceux donc qui connaissent la psychologie de
l’amour savent que c’est dans les débuts que se trouvent les pièges de
l’amour. Une épouse s’objecte tout de
suite à ce que son mari badine souvent avec une autre personne susceptible de
gagner l’affection de son mari et elle a raison. Des parents vraiment chrétiens ne laisseront
pas leurs filles ou leurs fils fréquenter d’autres personnes sans surveiller ce
qu’ils font. Voilà donc ce que de bons
chrétiens doivent faire dans l’usage des choses permises comme de celles qui
sont défendues.
Il
pousse à la recherche des honneurs.
Après qu’on a contenté son corps par des plaisirs sensibles de toutes
sortes, c’est bien naturel de vouloir contenter son esprit aussi. Pour lui, il se complaît dans l’admiration
des autres et dans les louanges qu’ils lui donnent. Il veut des «adorateurs» et cette passion est
aussi néfaste et encore plus que la passion des choses sensibles. Or comme le monde admire les richesses on
voit tout de suite que ces deux passions s’entraident. Plus on est riche et plus on a d’adorateurs
et plus on a de flatteurs et plus on veut s’enrichir. Que de courbettes on fera pour s’attirer des
louanges! Que de mensonges en paroles et
en actes pour faire croire qu’on est encore plus riche qu’on est en
réalité! Que d’accrocs à la justice pour
garder ses biens et pour les augmenter!
Mais là encore surveillons les commencements de cette passion. Le religieux qui étudie, par exemple, au lieu
de faire ses exercices spirituels, préfère donc son honneur au bon plaisir de
Dieu! C’est un piège déjà! Le fidèle qui ne va pas communier par respect
humain, préfère son honneur au bon plaisir de Dieu. Tous ceux qui agissent par respect humain
recherchent les honneurs. Le piège là
encore est dans les commencements où il n’y a pas de péché, au moins directement. Tous ceux qui travaillent pour plaire aux
hommes afin d’en recevoir des louanges cherchent les honneurs. Quand ils auront un grand amour pour les
honneurs, les démons les tenteront de façon à commettre des péchés pour se
procurer des honneurs. Puis à force de
rechercher des honneurs pour eux-mêmes, ils ne se soucient guère d’en donner à
Dieu. Ils manquent alors à un devoir
grave qui peut les damner. La pratique
du renoncement à soi-même préserverait de ce piège. Au lieu de chercher son propre honneur on
chercherait celui de Dieu et les démons manqueraient leur coup.
Il
pousse à l’orgueil de la vie qui consiste dans l’estime de soi-même jusqu’à
oublier Dieu. On est tellement plein de
soimême et de ses propres intérêts qu’il ne reste plus de place dans le coeur
pour Dieu. On usurpe pour soi-même les
prérogatives de Dieu; on veut être loué, révéré et servi comme si on était
Dieu. C’est donc se poser en rival
direct à Dieu pour recevoir les hommages du monde au lieu de les passer à
Dieu. Cet homme cultive les deux amours
naturels qu’il a reçu par nature et par conséquent il ne fait pas de place pour
l’amour de Dieu comme tout chrétien doit le faire pour arriver au ciel. Il est tout occupé à son propre culte et les
devoirs envers Dieu sont éliminés. On
voit que le rôle des démons est d’accentuer en nous les tendances naturelles
que nous avons tous pour les créatures, pour les richesses et pour les honneurs
de la vie, et que le résultat de tout cela est l’orgueil de la vie que Dieu a
en abomination et à qui il refuse ses grâces de sorte que le salut est en grand
danger si cet homme ne s’amende pas avant de mourir.
tactique
de jésus: le contraire.
Défions-nous
de voir les pièges seulement dans les grands péchés comme les pharisiens
faisaient dans l’ancienne loi. Mais
Jésus les condamne dans le Sermon sur la montagne quand il dit: On vous a dit
de ne pas commettre l’adultère, mais moi je vous dis: de ne pas même regarder
une femme pour la convoiter. Ainsi pour
le meurtre, il ne veut pas même qu’on se mette en colère contre son frère ou
qu’on le traite de fou. Donc Jésus ne
veut pas que nous commencions quoique ce soit qui mène au péché, donc pendant
qu’il est encore bon, si par nature cela va conduire à une passion quelconque,
il faut s’en détourner dès le commencement.
Evitons le premier fil de l’araignée infernale et elle ne pourra pas
nous tuer. Que les Pères qui donnent
cette méditation ne passent donc pas tout de suite à l’extrême limite des
pièges du démon, parce qu’alors nul n’est assez méchant de ceux qui les
écoutent pour se reconnaître là. Si on
parle de l’orgueil qui montre le poing à Dieu en le défiant, personne n’a
conscience de faire cela, alors ils ne prennent rien de la méditation pour
eux. Qu’on montre les pièges, dans les
débuts, comme Jésus le fait dans le sermon sur la montagne. Alors il y aura de la matière pour tout le
monde, même les meilleurs religieux ou prêtres, et ils tireront tous du profit
de cette méditation. Voilà ce qui est
important de remarquer dans cette méditation des deux Etendards de St-Ignace,
que les philosophes ne peuvent pas comprendre et qu’ils laissent de côté
ordinairement. On la donne parfois aux
religieux, mais de façon à ce qu’ils pensent qu’elle ne prêche la perfection
que pour une élite. Il faut surveiller
les débuts des choses qui causent ordinairement des attaches. Par exemple, un religieux fume une cigarette
un jour de fête pour se réjouir avec les autres. Ce n’est pas péché. Voilà justement le piège. Il n’y a pas de péché, mais le tabac de sa
nature crée une passion très vite comme on devrait le savoir par l’expérience
de tant de fumeurs qui ne peuvent plus s’en défaire. Une autre fête arrive et notre religieux a
hâte qu’on passe les cigarettes. Il en
fume encore; voilà les fils de l’araignée qui le relient de plus en plus à cet
échantillon du ciel. Puis les fêtes se
multiplient et les cigarettes aussi… Il s’en fera des réserves pour entre les
fêtes. Il fumera longtemps sans
permission et finalement il enverra son ultimatum au supérieur qu’il ne peut
plus se passer de fumer et qu’il va fumer avec ou sans permission. Pour éviter un plus grand mal le supérieur va
lui permettre… et voilà un religieux relégué dans la médiocrité pour la vie, il
ne pourra jamais plus prêcher la doctrine des «deux Etendards» qu’il évitera
habilement. Il n’aura plus le goût des
choses divines et n’aura plus l’intelligence des choses de Dieu, comme disent
les auteurs spirituels. Il sait tout
cela mais rien ne le fera broncher de ses liens tissés par l’araignée infernale
et par sa propre sensualité. Un autre
c’est le jeu de cartes, on commence par une partie, une autre et une autre et
voilà qu’on joue des veillées entières et même une bonne partie de la nuit. On escamotera ses exercices spirituels, on se
lèvera très tard et sans aucune prière on ira dire la messe et sans action de
grâces on passera au déjeuner pour aller ensuite dormir une partie du
jour. La vie est l’envers du bon sens
surnaturel… et les choses spirituelles n’ont plus de place dans ce casino! Ainsi font les sports. On commence par aller voir une partie, on s’y
intéresse, on en parle, on en lit; puis on veut voir si notre équipe remporte
la victoire dans une autre joute, puis une autre et nous voilà pris par la
maladie du sport. On suit dans les
journaux les parties qu’on n’a pas pu suivre, ou à la radio, etc. On est pris par les fils de l’araignée
infernale. Adieu les choses
spirituelles, les visites prolongées devant le St-Sacrement, les livres
spirituels et les méditations.
On
devrait savoir que ces attaches, même sans péché, empêchent la lumière divine
d’entrer dans l’âme et ferment la porte aux dons du St-Esprit qui restent
paralysés en nous, même en état de grâce, comme le disent les meilleurs
auteurs.
Voilà
où sont les pièges de Satan; dans ces mille petits riens qui s’ajoutent dans le
coeur pour le tenir captif des échantillons; ces liens suffisent pour
l’empêcher de prendre son essor vers l’amour de Dieu. Ces gens restent médiocres avec une mentalité
absolument païenne. Comment, s’ils sont
prêtres, pourront-ils éclairer le monde?
C’est impossible d’une façon efficace.
Ce sont nos philosophes qui permettent toutes ces «attaches» aux
prêtres, aux religieux et aux fidèles.
Ces attaches ne sont contraires à la grâce sanctifiante
directement. Mais on sait qu’elles sont
contraires à Dieu directement! à son
amour directement. On sait aussi que le
monde de l’amour divin est inconnu aux philosophes; rien de ce qui le blesse ne
les intéresse à part du péché. Ils ont la
mentalité que nous pourrions avoir sur le chemin des limbes; c’est du paganisme
tout pur et du véritable pharisaïsme aussi contraire à Jésus aujourd’hui que le
vieux pharisaïsme des Juifs du temps de Jésus.
Aux jours de fête on devrait se contenter de ce qui ne cause pas
d’attaches ordinairement, comme des bonbons, des fruits, des gâteaux, de la
limonade, des liqueurs douces, etc. Mais
le tabac, les liqueurs enivrantes et les sports sont comme l’opium ou la morphine;
ils développent une vraie passion très vite et des attaches qui ruinent la vie
spirituelle.
Comme
le plan divin exige que l’homme débarrasse son coeur des deux amours naturels
qu’il apporte avec lui en venant au monde, l’amour des créatures et
l’amour-propre afin de recevoir l’amour de Dieu, on comprend qu’il fasse tout
le contraire de la nature et des démons.
Il refuse d’éloigner les hommes des créatures et d’eux-mêmes pour qu’ils
se tournent vers Dieu. Il les pousse
donc justement en sens contraire. Ainsi
aussitôt après avoir reçu le baptême de Jean le St-Esprit le pousse au désert
précisément pour mortifier les deux amours naturels, non pas qu’il en ait
besoin pour lui, mais pour nous donner l’exemple de ce qu’un baptisé doit
faire. Tout Chrétien doit s’éloigner
autant que possible des plaisirs de la terre puis se renoncer afin de recevoir
le divin. Les premiers chrétiens se
privaient le plus possible des plaisirs même permis. Les premiers Pères disaient que les païens
les persécutaient et les tuaient parce qu’ils avaient abjuré les plaisirs. C’est un point sur lequel les Témoins de
Jéhovah ont parfaitement raison; ils ne fument pas, ne dansent pas, ne boivent
pas, ne vont pas au théâtre, ne se passionnent pas pour les sports et tout le
temps qu’ils épargnent ainsi ils le consacrent à lire la Bible. Les premiers chrétiens faisaient de
même. Evidemment tous les hérétiques ont
gardé un peu de vérité, mais les Témoins de Jéhovah sont contre la doctrine de
Jésus sur une foule de points. Toute la
doctrine de Jésus nous pousse à détruire en nous les deux amours naturels que
nous avons tous afin de leur substituer l’amour de Dieu que nous n’avons pas
par nature, mais par grâce. Voilà
pourquoi il prêche contre l’amour des créatures mêmes permises et contre
l’amour de soi par le renoncement à soi-même.
Remarquons que Jésus ne prêche pas ce renoncement seulement aux prêtres
et aux religieux, mais à tout le monde sans exception. Quand les religieux vont-ils cesser de
présenter le renoncement et le mépris du monde à leurs religieux comme une obligation
de la vie religieuse? Ce n’est pas
vrai! Ils sont tous tenus à ce mépris et
à ce renoncement en tant que chrétiens et le fait qu’ils sont religieux ne fait
que urger ou doubler cette obligation qui existait déjà quand ils étaient dans
le monde. Autrement ces religieux
n’oseront pas demander ces choses aux gens du monde, croyant que c’est trop
leur demander. Jésus sait bien qu’il
vient nous préparer au bonheur du ciel qui sera uniquement dans les perfections
divines et pas du tout dans les échantillons.
Voilà pourquoi il nous prêche tant le mépris des créatures et de soi-même. On peut voir ce qu’était sa doctrine par sa
propre vie. Il s’est privé de tout pour
l’amour de Dieu, regardant toutes choses comme du fumier, comme St-Paul le dira
lui-même. Jésus ne s’est donc pas privé
seulement des choses défendues, mais des permises aussi. Pourquoi nos philosophes ne l’ont-ils par
remarqué? Pourquoi ne prêchent-ils pas
ce que Jésus a pratiqué si bien? Cette
constatation leur aiderait à mieux comprendre sa doctrine sur le mépris de
toutes les créatures. Alors quand un
prédicateur prêcherait contre les choses permises, on en verrait moins se lever
pour l’attaquer comme hérétique et le faire bâillonner!
La
conclusion est qu’on ne devrait jamais diviser les créatures entre permises et
défendues; cette distinction est utile seulement dans l’ordre naturel. Elle n’est pas une règle de conduite
pratique. Mais c’est la division entre
toutes les créatures et le Créateur qui sert.
Nous devons préférer le Créateur à toutes les créatures: Voilà le plan
de Dieu et c’est la doctrine «des deux Etendards» que tous les prêtres
devraient prêcher au peuple et descendre jusque dans les plus petits détails de
la vie.
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