mercredi 24 janvier 2018

Père Onésime Lacouture - 2-25 - Les deux étendards


VINGT-QUATRIÈME INSTRUCTION
LES DEUX ÉTENDARDS.

«N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde: si quelqu’un aime le monde, la charité du Père n’est point en lui.» I Jo.  2-15

Plan Remarque.  Fausse idée du plan divin.  (Il pousse à l’amour des richesses.  Stratégie de Satan : (Il pousse à la recherche des honneurs.  (Il pousse à l’orgueil de la vie.  Tactique de Jésus: Le contraire.

REMARQUE  Voici une méditation qui revient sur une idée déjà souvent donnée et qui peut ennuyer ceux qui cherchent du nouveau pour l’esprit plutôt que de la nourriture pour le coeur.  Quand on aime à manger du poulet, on ne trouve pas qu’il revient trop souvent sur la table!  Quand on songe que l’idée des deux Etendards contient le plan de Dieu dans l’usage des créatures et que la masse des prêtres et séculiers et réguliers, l’ignorent en pratique et se perdent avec une foule de fidèles sur une voie d’évitement comme ces vieux wagons qui pourrissent dans le champ.  Quand on a un peu de coeur et qu’on voit la masse du clergé dans le monde entier s’égarer loin de Dieu avec les fidèles qu’ils entraînent avec eux, on ne craint pas de répéter en quoi consiste le vrai plan de Dieu!  On voudrait le crier sur tous les toits!  On sait que S.  Ignace aime les répétitions et même des mêmes méditations mot-à-mot.  Eh bien!  nous avons ici une idée qui mérite plusieurs répétitions.  Je vais en profiter pour montrer comment plusieurs de ceux qui la donnent la rendent inutile par leurs explications.  Même les Jésuites en grande partie sont si loin de ce plan de Dieu qu’ils ne donnent plus les Deux Etendards, ou seulement d’une façon générale qui la rend à peu près inutile.  Qu’on me trouve un Jésuite américain par exemple, qui va la donner en entrant dans les détails et en faisant ressortir la véritable idée de cette méditation.  Aux Etats-Unis un supérieur m’a défendu de la prêcher et ce n’était pas à cause de mes idées, car je lui ai offert de la lire au peuple dans un de nos meilleurs auteurs.  Il m’a dit que cela ne valait pas pour notre siècle ni pour les Américains.  Ce qu’il a eu le front de dire, des milliers pensent comme lui.

Voilà donc ce que j’affirme et je sais ce que je dis!  La très grande majorité des prêtres du monde sont de travers avec S.  Ignace et donc avec l’Eglise qui l’a souvent approuvé, sur cette question de l’usage des créatures.  Par conséquent tous ceux qui me lisent ou qui m’entendent devraient me suivre pour leur plus grand profit spirituel et pour l’orientation de leur enseignement et de leur prédication.  Il faut que nous fassions une campagne systématique pour sortir le clergé de sa voie d’évitement et le mettre sur la bonne voie de l’usage des créatures comme Dieu le veut.  Si le monde est si païen, c’est donc que le clergé a failli à son devoir essentiel de préserver les fidèles de l’erreur dogmatique puisqu’il est: «le sel de la terre», et d’éclairer le monde puisqu’il est la «lumière», choisie par Jésus pour bien diriger les peuples selon le plan divin.

fausse notion du plan divin

Les prêtres et séculiers et réguliers sont responsables de ce que les fidèles en général sont de travers avec Dieu dans l’usage des créatures.  Cela vient de ce qu’ils n’ont pris que le point de vue philosophique de la religion, qui est de considérer les choses «in se» ou en elles-mêmes au lieu de les considérer en Dieu et donc en nous pour le salut des âmes.  Les créatures «in se» sont toutes bonnes, ayant été créées par Dieu pour représenter quelques-unes de ses perfections divines.  La conclusion logique est que nous pouvons donc en jouir tant que nous voulons pourvu que nous n’en abusions pas par le péché.  En pratique donc la seule règle de ce point de vue est donc d’éviter le péché.  Par le fait même toutes les créatures se trouvent à être divisées en deux groupes: celles qui sont permises et celles qui sont défendues.  C’est vrai.  Mais c’est faux que cette distinction vraie soit la règle de conduite dans l’usage des créatures!  C’est faux!  Or, la masse des prêtres du monde la prennent pour eux-mêmes et la donnent au peuple… comme la seule règle pratique de conduite.  Ce qui n’est pas vrai!  Ce n’est pas là le plan de Dieu dans l’usage des créatures pour nous.  Voyons maintenant le point de vue théologique, ou les créatures non plus «in se», mais en Dieu et dans notre coeur pour le salut de notre âme.  En d’autres termes quelle est la volonté de Dieu au sujet des créatures?  Jésus dit qu’elles sont l’argent pour acheter le ciel comme dans la parabole de la perle précieuse et dans celle du «trésor caché».  Pour se les procurer dit-il, on vend tout ce qu’on a et on l’achète.  Il ne dit pas de donner ou d’abandonner ce qui est défendu, mais tout ce qu’on a!  sans distinction de défendu ou de permis.  Ailleurs il dit que celui qui abandonne son père, sa mère, et tout ce qu’il avait aura le centuple en cette vie et la gloire éternelle.  Or toutes ces choses sont permises.  Dans les paraboles des invités, toutes les excuses données sont pour des choses parfaitement permises et cependant ces gens sont exclus du royaume des cieux.  Voilà le plan selon Jésus: toutes les créatures sans distinction de permises ou de défendues sont de l’argent pour acheter le ciel ou des «grains» pour le récolter.  Donc il faut sacrifier les bonnes choses permises comme les défendues.  Dès qu’un prêtre fait cette distinction entre permises et défendues, on peut être sûr que c’est un philosophe païen dans son raisonnement.  Il est de travers avec Jésus sur ce point.

Voilà donc la grande erreur pratique et concrète de la masse du clergé dans le monde entier.  Est-ce surprenant que les chrétiens ne se distinguent guère des protestants et des vrais païens à part quelques actes de religion extérieure.  Pour la mentalité, il n’y a pas de différence comme on peut le voir par les conversations des deux groupes; elles sont toutes des choses du monde et des plaisirs du monde; c’est donc cela qu’ils ont tous dans le coeur.  Or, Jésus dit aux chrétiens: «N’aime pas le monde ni ce qui est dans le monde; si quelqu’un aime le monde la charité du Père n’est point en lui.» Les chrétiens ne devraient donc pas se passionner pour les closes du monde, même pour les bonnes et les permises.  Elles captivent le coeur comme les défendues; elles excluent l’amour de Dieu comme les autres.  Voilà pourquoi tant de Jésuites et de prêtres séculiers à leur suite ne donnent plus les «Deux Etendards» ou leur doctrine dans toutes ses conséquences logiques et pratiques.  C’est la philosophie qu’ils ont apprise en Théologie qui en est responsable.  Ils n’ont pris que le point de vue philosophique et donc naturel et donc païen.  Il domine toute leur mentalité, tous leurs jugements donc sur les choses et sur la spiritualité: Ils enlèvent toute vie à la religion en ne la considérant que dans l’abstrait, «en soi», là au dehors de tout rapport avec Dieu et avec l’homme.  Quel aveuglément!  Comme les Philosophes n’ont qu’une seule règle de conduite; éviter le péché, la doctrine des «Deux Etendards» ne les touche pas.  Pour eux c’est du luxe en perfection pour ceux qui en sentent la dévotion.  St-Ignace ne parle pas de péché, mais seulement de piège et donc il parle des choses qui peuvent être bonnes mais dangereuses avec le temps comme sont toutes les créatures en général.  L’homme peut se passionner pour n’importe quelle créature et c’est autant d’amour pour Dieu de moins.  Vouloir simplement éviter le péché est donc la seule règle de l’infernal point de vue philosophique de la religion.  C’est de l’ivraie parce qu’il est vrai, utile et savant: il ressemble donc à la vraie science théologique.  Mais, comme l’ivraie, il est bon à rien pour nourrir les âmes… comme un jambon «en soi» ne me nourrit pas!  Ce n’est qu’en moi qu’il me nourrit.  Et bien!  cette maudite science de tête des «in se» ne nourrit pas du tout ni le coeur, ni la foi, ni le surnaturel, mais elle fait des orgueilleux, des égoïstes, des jouisseurs des créatures comme dessert et permet une vraie vie de païen dans la mentalité comme on le voit que trop dans la masse des prêtres, des religieux et des fidèles à leur suite.  Tous ceux donc qui suivent les «in se» ne sont donc pas dans le plan de Dieu pour l’usage des créatures, mais dans le plan tout à fait naturel que nous aurions eu si étions sur le chemin des limbes.  Dans ce cas les philosophes auraient raison.  Mais, maintenant que nous sommes sur le chemin du ciel, ils sont complètement de travers avec le plan divin.  Dans le plan actuel, nous nous en allons pas simplement voir Dieu mais participer à sa vie intime au sein de la Trinité.  Or, Dieu est amour et c’est cette question de l’amour qui détruit tout le plan des philosophes où il suffirait d’une justice naturelle; du moment qu’on n’offenserait pas Dieu et qu’on le servirait selon notre raison, nous irions aux limbes.  Mais, maintenant il s’agit de commencer à vivre cette vie intime de la Trinité dans la foi et par la grâce de Dieu.  Or, dans le ciel, non seulement nous éviterons le péché, mais nous ne mettrons pas notre bonheur dans les créatures, même bonnes, mais uniquement dans les perfections divines.  Voilà ce que les philosophes n’ont jamais rencontré dans leur système des «in se»: qu’il faut cesser d’aimer les créatures pour n’aimer que le Créateur!… comme au ciel!  Or, c’est justement ce dernier point que les deux étendards font ressortir.  Il faut que tout chrétien retire son amour même permis pour les créatures et le donne tout à Dieu.  Or, quand les démons… et les prêtres laissent ou poussent les gens aux amusements même permis… ils leur tendent des pièges et à cause de ces plaisirs permis auxquels ils donnent leur affection, ils seront damnés un jour ou au moins ils peuvent l’être.  Voilà ce que tout prêtre devrait expliquer au peuple, mais pas un philosophe ne peut le faire étant aveuglé par sa philosophie toute païenne des maudits «in se».  Les prêtres qui disent équivalemment aux gens: amusez vous mais ne péchez pas, sèment l’ivraie du diable à pleine bouche et eux-mêmes tendent des pièges comme les démons pour faire tomber les fidèles dans le péché… et c’est la très grande majorité du clergé du monde entier qui fait cela.  Est-ce surprenant que nos gens soient si païens de mentalité?  Que tant de chrétiens aient les mêmes affections que les païens comme leur conversations le montrent.  Ils parlent des choses du monde comme les païens.  Quand est-ce que les prêtres vont-ils se réveiller de leur paganisme mental?  Quand ils sortiront de leurs encore une fois maudits «in se».  Ils méritent ce terme de maudit, parce qu’ils font l’oeuvre des démons qui n’ont plus rien à faire.  Les prêtres font leur besogne admirablement avec leurs «in se». 

stratégie de satan

Il pousse à l’amour des richesses.  Les hommes n’ont pas besoin des démons pour aimer les richesses: ils naissent avec cet amour dans le coeur; mais les démons exercent leur influence dans le même sens.  Ils fournissent toutes sortes de sophismes aux chrétiens pour les empêcher de suivre les directives contraires de la foi.  Les chrétiens savent bien que la poursuite des biens terrestres est la source pour eux de toutes sortes de péchés, comme dit St-Paul: «la cupidité est la racine de tous les maux».  Alors c’est pour contrebalancer la doctrine de l’évangile qu’ils répandent par tous les moyens à leur disposition, des fausses maximes, qui sont vraies en partie mais fausses dans l’ensemble.  Les hommes voient d’abord ce qui est vrai, puis agissent même selon ce qui est faux dans ces principes du monde.  Par exemple, un chrétien aime les beaux habits: il s’en achète un très beau en se disant: «en soi» je puis l’acheter!  Puis il s’en achète un autre et un autre.  Il fait de même pour de beaux meubles, pour son automobile, pour sa maison, etc.  L’appétit de ces choses vient «en mangeant» et le voilà menant un grand train de vie où il met évidemment: «son amour».  Pour entretenir ce train de vie, il prendra même des moyens plus ou moins louches et avec le temps déshonnêtes et il tombera facilement dans des péchés mortels.  Même sans cela, il arrivera un temps où son coeur est tellement captivé pour ces bagatelles qu’il n’y a plus de place pour l’amour de Dieu.  Alors son péché n’est pas dans tel acte isolé mais dans toute sa vie et il sera damné comme le mauvais riche sans savoir exactement où était son péché mortel.

L’araignée est un bon échantillon du diable.  Quand elle jette un fil sur une mouche, elle n’est pas morte par le fait même, mais avec un autre fil et plusieurs autres, voilà que la mouche ne peut plus se défendre et l’araignée vient la darder et la tuer.  C’est exactement ce que font les démons avec la nature humaine qui agit tout naturellement comme le démon dans son affection pour le créé.  Un homme commence à fumer sa première cigarette; il n’y a pas de mal là!  Mais voici qu’il en fume une autre et une autre.  Graduellement et très vite même, il y prend goût et voilà qu’il fume du matin au soir.  Si quelqu’un lui suscite des scrupules pour cette affection, le démon lui souffle à l’oreille que «en soi» ce n’est pas péché de fumer… et il fume!  Voilà le premier fil qui attache cet homme à cette créature encore bien insignifiante.

Puis, il développera une affection pour les sports de la même manière.  Ce sera encore un coin du coeur où Dieu n’aura pas de place!  Puis, ce sera «des attraits» pour les plaisirs sensuels qui sont autrement forts que l’affection pour la cigarette et pour les sports.  Celui qui n’a pas pu résister aux premiers fils de l’araignée infernal, comment résistera-t-il à d’autres plus forts comme les tentations de la chair?  Cet homme tombera misérablement dans ce vice.  La raison, en plus de l’affection naturelle qui se fortifie, est dans la privation des grâces que Dieu refuse de donner en proportion qu’on a des affections naturelles pour ses rivales, les créatures même permises.  Elles captivent le coeur comme les défendues.  C’est ainsi que des époux se séparent.  Le mari, par exemple, rencontre une personne, badine un peu avec elle; ce n’est encore rien.  Mais au fond de son être il se sent attiré à elle; son souvenir ne le lâche pas, ils se rencontrent encore et encore.  Le voilà qu’il est amouraché d’elle.  Dès que sa femme s’en aperçoit, elle se choque, dispute, boude et donne de moins en moins de son amour; elle le retire de son mari dans la même mesure qu’il s’affectionne pour l’autre, et finalement, c’est la séparation.  Il en sera de même avec un homme qui cultive des attaches; c’est le divorce qui s’en vient avec Dieu!  Voici une remarque importante.  Le piège n’est pas dans le péché.  Quand on pèche on est pris dans le piège, mais le piège existait avant.  Le piège consiste à s’affectionner aux choses permises et où le péché n’apparaît pas du tout, comme de fumer, de se passionner pour les sports, d’aimer les bonnes boissons, de jouer aux cartes, de rechercher les riches et les grands, etc.  Aucun péché là, surtout dans les débuts.  Ce sont donc de vrais pièges parce qu’avec le temps on se passionne tellement pour toutes ces choses que l’on oublie les choses de Dieu et l’on est damné comme le «bon» riche a été damné, comme les invités au festin ont été damnés pour avoir préféré des choses permises aux noces et donc au royaume du ciel.  Ce sont là les épines qui étouffent la parole de Dieu dans l’âme, ce sont les chemins battus par toutes sortes de bagatelles où la parole de Dieu ne germe pas.  Donc les pièges sont dans les choses permises, ou plutôt, le piège est dans l’affection pour les choses permises.  Ce n’est pas une cigarette ou un verre de boisson ou une partie quelconque qui est le piège, mais c’est la passion pour ces choses.  C’est l’affection pour la créature qui est rivale de l’affection pour Dieu.  Ce sont donc les deux amours qui sont opposés l’un à l’autre.  Comme les philosophes ne considèrent les choses qu’en elles-mêmes, ils ne remarquent pas assez que pour nous, c’est l’affection pour les choses que nous condamnons.  Ils sont nos rivaux parce qu’ils pensent que ce sont les choses en elles-mêmes que nous condamnons et ils ne peuvent pas admettre cela et là ils ont raison.  C’est parce qu’ils considèrent les choses en elles-mêmes que les philosophes jugent aussi les actes isolés.  Pour le bien ou le mal cela suffit.  Je vole dix sous, c’est péché; je fume une cigarette, c’est une bonne action; cela suffit pour satisfaire la justice naturelle.  Mais l’amour agit autrement.  Ordinairement il se développe par toute une série d’actions où on ne verrait pas d’amour considéré une à une, mais à la longue ces actes en série développent et manifestent de l’amour.  C’est l’expérience de chaque jour.  Ceux donc qui connaissent la psychologie de l’amour savent que c’est dans les débuts que se trouvent les pièges de l’amour.  Une épouse s’objecte tout de suite à ce que son mari badine souvent avec une autre personne susceptible de gagner l’affection de son mari et elle a raison.  Des parents vraiment chrétiens ne laisseront pas leurs filles ou leurs fils fréquenter d’autres personnes sans surveiller ce qu’ils font.  Voilà donc ce que de bons chrétiens doivent faire dans l’usage des choses permises comme de celles qui sont défendues.

Il pousse à la recherche des honneurs.  Après qu’on a contenté son corps par des plaisirs sensibles de toutes sortes, c’est bien naturel de vouloir contenter son esprit aussi.  Pour lui, il se complaît dans l’admiration des autres et dans les louanges qu’ils lui donnent.  Il veut des «adorateurs» et cette passion est aussi néfaste et encore plus que la passion des choses sensibles.  Or comme le monde admire les richesses on voit tout de suite que ces deux passions s’entraident.  Plus on est riche et plus on a d’adorateurs et plus on a de flatteurs et plus on veut s’enrichir.  Que de courbettes on fera pour s’attirer des louanges!  Que de mensonges en paroles et en actes pour faire croire qu’on est encore plus riche qu’on est en réalité!  Que d’accrocs à la justice pour garder ses biens et pour les augmenter!  Mais là encore surveillons les commencements de cette passion.  Le religieux qui étudie, par exemple, au lieu de faire ses exercices spirituels, préfère donc son honneur au bon plaisir de Dieu!  C’est un piège déjà!  Le fidèle qui ne va pas communier par respect humain, préfère son honneur au bon plaisir de Dieu.  Tous ceux qui agissent par respect humain recherchent les honneurs.  Le piège là encore est dans les commencements où il n’y a pas de péché, au moins directement.  Tous ceux qui travaillent pour plaire aux hommes afin d’en recevoir des louanges cherchent les honneurs.  Quand ils auront un grand amour pour les honneurs, les démons les tenteront de façon à commettre des péchés pour se procurer des honneurs.  Puis à force de rechercher des honneurs pour eux-mêmes, ils ne se soucient guère d’en donner à Dieu.  Ils manquent alors à un devoir grave qui peut les damner.  La pratique du renoncement à soi-même préserverait de ce piège.  Au lieu de chercher son propre honneur on chercherait celui de Dieu et les démons manqueraient leur coup.

Il pousse à l’orgueil de la vie qui consiste dans l’estime de soi-même jusqu’à oublier Dieu.  On est tellement plein de soimême et de ses propres intérêts qu’il ne reste plus de place dans le coeur pour Dieu.  On usurpe pour soi-même les prérogatives de Dieu; on veut être loué, révéré et servi comme si on était Dieu.  C’est donc se poser en rival direct à Dieu pour recevoir les hommages du monde au lieu de les passer à Dieu.  Cet homme cultive les deux amours naturels qu’il a reçu par nature et par conséquent il ne fait pas de place pour l’amour de Dieu comme tout chrétien doit le faire pour arriver au ciel.  Il est tout occupé à son propre culte et les devoirs envers Dieu sont éliminés.  On voit que le rôle des démons est d’accentuer en nous les tendances naturelles que nous avons tous pour les créatures, pour les richesses et pour les honneurs de la vie, et que le résultat de tout cela est l’orgueil de la vie que Dieu a en abomination et à qui il refuse ses grâces de sorte que le salut est en grand danger si cet homme ne s’amende pas avant de mourir. 

tactique de jésus: le contraire. 

Défions-nous de voir les pièges seulement dans les grands péchés comme les pharisiens faisaient dans l’ancienne loi.  Mais Jésus les condamne dans le Sermon sur la montagne quand il dit: On vous a dit de ne pas commettre l’adultère, mais moi je vous dis: de ne pas même regarder une femme pour la convoiter.  Ainsi pour le meurtre, il ne veut pas même qu’on se mette en colère contre son frère ou qu’on le traite de fou.  Donc Jésus ne veut pas que nous commencions quoique ce soit qui mène au péché, donc pendant qu’il est encore bon, si par nature cela va conduire à une passion quelconque, il faut s’en détourner dès le commencement.  Evitons le premier fil de l’araignée infernale et elle ne pourra pas nous tuer.  Que les Pères qui donnent cette méditation ne passent donc pas tout de suite à l’extrême limite des pièges du démon, parce qu’alors nul n’est assez méchant de ceux qui les écoutent pour se reconnaître là.  Si on parle de l’orgueil qui montre le poing à Dieu en le défiant, personne n’a conscience de faire cela, alors ils ne prennent rien de la méditation pour eux.  Qu’on montre les pièges, dans les débuts, comme Jésus le fait dans le sermon sur la montagne.  Alors il y aura de la matière pour tout le monde, même les meilleurs religieux ou prêtres, et ils tireront tous du profit de cette méditation.  Voilà ce qui est important de remarquer dans cette méditation des deux Etendards de St-Ignace, que les philosophes ne peuvent pas comprendre et qu’ils laissent de côté ordinairement.  On la donne parfois aux religieux, mais de façon à ce qu’ils pensent qu’elle ne prêche la perfection que pour une élite.  Il faut surveiller les débuts des choses qui causent ordinairement des attaches.  Par exemple, un religieux fume une cigarette un jour de fête pour se réjouir avec les autres.  Ce n’est pas péché.  Voilà justement le piège.  Il n’y a pas de péché, mais le tabac de sa nature crée une passion très vite comme on devrait le savoir par l’expérience de tant de fumeurs qui ne peuvent plus s’en défaire.  Une autre fête arrive et notre religieux a hâte qu’on passe les cigarettes.  Il en fume encore; voilà les fils de l’araignée qui le relient de plus en plus à cet échantillon du ciel.  Puis les fêtes se multiplient et les cigarettes aussi… Il s’en fera des réserves pour entre les fêtes.  Il fumera longtemps sans permission et finalement il enverra son ultimatum au supérieur qu’il ne peut plus se passer de fumer et qu’il va fumer avec ou sans permission.  Pour éviter un plus grand mal le supérieur va lui permettre… et voilà un religieux relégué dans la médiocrité pour la vie, il ne pourra jamais plus prêcher la doctrine des «deux Etendards» qu’il évitera habilement.  Il n’aura plus le goût des choses divines et n’aura plus l’intelligence des choses de Dieu, comme disent les auteurs spirituels.  Il sait tout cela mais rien ne le fera broncher de ses liens tissés par l’araignée infernale et par sa propre sensualité.  Un autre c’est le jeu de cartes, on commence par une partie, une autre et une autre et voilà qu’on joue des veillées entières et même une bonne partie de la nuit.  On escamotera ses exercices spirituels, on se lèvera très tard et sans aucune prière on ira dire la messe et sans action de grâces on passera au déjeuner pour aller ensuite dormir une partie du jour.  La vie est l’envers du bon sens surnaturel… et les choses spirituelles n’ont plus de place dans ce casino!  Ainsi font les sports.  On commence par aller voir une partie, on s’y intéresse, on en parle, on en lit; puis on veut voir si notre équipe remporte la victoire dans une autre joute, puis une autre et nous voilà pris par la maladie du sport.  On suit dans les journaux les parties qu’on n’a pas pu suivre, ou à la radio, etc.  On est pris par les fils de l’araignée infernale.  Adieu les choses spirituelles, les visites prolongées devant le St-Sacrement, les livres spirituels et les méditations.

On devrait savoir que ces attaches, même sans péché, empêchent la lumière divine d’entrer dans l’âme et ferment la porte aux dons du St-Esprit qui restent paralysés en nous, même en état de grâce, comme le disent les meilleurs auteurs. 

Voilà où sont les pièges de Satan; dans ces mille petits riens qui s’ajoutent dans le coeur pour le tenir captif des échantillons; ces liens suffisent pour l’empêcher de prendre son essor vers l’amour de Dieu.  Ces gens restent médiocres avec une mentalité absolument païenne.  Comment, s’ils sont prêtres, pourront-ils éclairer le monde?  C’est impossible d’une façon efficace.  Ce sont nos philosophes qui permettent toutes ces «attaches» aux prêtres, aux religieux et aux fidèles.  Ces attaches ne sont contraires à la grâce sanctifiante directement.  Mais on sait qu’elles sont contraires à Dieu directement!  à son amour directement.  On sait aussi que le monde de l’amour divin est inconnu aux philosophes; rien de ce qui le blesse ne les intéresse à part du péché.  Ils ont la mentalité que nous pourrions avoir sur le chemin des limbes; c’est du paganisme tout pur et du véritable pharisaïsme aussi contraire à Jésus aujourd’hui que le vieux pharisaïsme des Juifs du temps de Jésus.  Aux jours de fête on devrait se contenter de ce qui ne cause pas d’attaches ordinairement, comme des bonbons, des fruits, des gâteaux, de la limonade, des liqueurs douces, etc.  Mais le tabac, les liqueurs enivrantes et les sports sont comme l’opium ou la morphine; ils développent une vraie passion très vite et des attaches qui ruinent la vie spirituelle.

Comme le plan divin exige que l’homme débarrasse son coeur des deux amours naturels qu’il apporte avec lui en venant au monde, l’amour des créatures et l’amour-propre afin de recevoir l’amour de Dieu, on comprend qu’il fasse tout le contraire de la nature et des démons.  Il refuse d’éloigner les hommes des créatures et d’eux-mêmes pour qu’ils se tournent vers Dieu.  Il les pousse donc justement en sens contraire.  Ainsi aussitôt après avoir reçu le baptême de Jean le St-Esprit le pousse au désert précisément pour mortifier les deux amours naturels, non pas qu’il en ait besoin pour lui, mais pour nous donner l’exemple de ce qu’un baptisé doit faire.  Tout Chrétien doit s’éloigner autant que possible des plaisirs de la terre puis se renoncer afin de recevoir le divin.  Les premiers chrétiens se privaient le plus possible des plaisirs même permis.  Les premiers Pères disaient que les païens les persécutaient et les tuaient parce qu’ils avaient abjuré les plaisirs.  C’est un point sur lequel les Témoins de Jéhovah ont parfaitement raison; ils ne fument pas, ne dansent pas, ne boivent pas, ne vont pas au théâtre, ne se passionnent pas pour les sports et tout le temps qu’ils épargnent ainsi ils le consacrent à lire la Bible.  Les premiers chrétiens faisaient de même.  Evidemment tous les hérétiques ont gardé un peu de vérité, mais les Témoins de Jéhovah sont contre la doctrine de Jésus sur une foule de points.  Toute la doctrine de Jésus nous pousse à détruire en nous les deux amours naturels que nous avons tous afin de leur substituer l’amour de Dieu que nous n’avons pas par nature, mais par grâce.  Voilà pourquoi il prêche contre l’amour des créatures mêmes permises et contre l’amour de soi par le renoncement à soi-même.  Remarquons que Jésus ne prêche pas ce renoncement seulement aux prêtres et aux religieux, mais à tout le monde sans exception.  Quand les religieux vont-ils cesser de présenter le renoncement et le mépris du monde à leurs religieux comme une obligation de la vie religieuse?  Ce n’est pas vrai!  Ils sont tous tenus à ce mépris et à ce renoncement en tant que chrétiens et le fait qu’ils sont religieux ne fait que urger ou doubler cette obligation qui existait déjà quand ils étaient dans le monde.  Autrement ces religieux n’oseront pas demander ces choses aux gens du monde, croyant que c’est trop leur demander.  Jésus sait bien qu’il vient nous préparer au bonheur du ciel qui sera uniquement dans les perfections divines et pas du tout dans les échantillons.  Voilà pourquoi il nous prêche tant le mépris des créatures et de soi-même.  On peut voir ce qu’était sa doctrine par sa propre vie.  Il s’est privé de tout pour l’amour de Dieu, regardant toutes choses comme du fumier, comme St-Paul le dira lui-même.  Jésus ne s’est donc pas privé seulement des choses défendues, mais des permises aussi.  Pourquoi nos philosophes ne l’ont-ils par remarqué?  Pourquoi ne prêchent-ils pas ce que Jésus a pratiqué si bien?  Cette constatation leur aiderait à mieux comprendre sa doctrine sur le mépris de toutes les créatures.  Alors quand un prédicateur prêcherait contre les choses permises, on en verrait moins se lever pour l’attaquer comme hérétique et le faire bâillonner!


La conclusion est qu’on ne devrait jamais diviser les créatures entre permises et défendues; cette distinction est utile seulement dans l’ordre naturel.  Elle n’est pas une règle de conduite pratique.  Mais c’est la division entre toutes les créatures et le Créateur qui sert.  Nous devons préférer le Créateur à toutes les créatures: Voilà le plan de Dieu et c’est la doctrine «des deux Etendards» que tous les prêtres devraient prêcher au peuple et descendre jusque dans les plus petits détails de la vie.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire