Ce
précepte si difficile à pratique, le Saint, dont nous célébrons aujourd’hui la
mémoire, l’a accompli à la lettre. Saint Etienne, pour prix de son zèle et de
sa charité envers les Juifs, en fut assailli d’une grêle de pierres; et que
faisait-il pendant qu’on le lapidait? Il ne fit paraître aucun ressentiment contre ceux qui le
traitaient si cruellement; au contraire, s’étant mis à genoux, il s’écria à
haute voix : Seigneur, ne leur imputez pas ce péché. (Act. VII, 59.)
L’amour
des ennemis, le pardon des injures, voilà une des plus importantes obligations
des chrétiens. Nous devons aimer nos ennemis et leur pardonner, parce que
Jésus-Christ nous l’ordonne, parce que notre pardon est attaché au pardon que
nous leur accorderons.
Rendre
le mal pour le mal, tirer vengeance d’une injure reçue, voilà ce que prescrit
le monde : et moi, dit Jésus-Christ, qui suis votre maître et votre Dieu,
je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent,
priez pour ceux qui vous font du mal ( Mat. V. 44.).
Au
troisième siècle de l’Eglise, le préfet Vénustien, ayant ordonné inutilement à
l’évêque Sabin de renoncer à la foi, lui fit couper les deux mains. Quelque
temps après, Dieu punit cet impie; Vénustien devint presque aveugle. En vain la
médecine emploie-t-elle tous les secrets de son art pour guérir le malade, ses
efforts sont inutiles. Au défaut de toute autre ressource, on lui conseille de s’adresser
à l’évêque Sabin. Mais, dit-il, comment pourrais-je espérer un si grand service
d’un homme que j’ai traité avec de tant de cruauté? Ah! Lui répond-on, vous ne
connaissez pas les chrétiens, ils ne savent se venger du mal qu’on leur a fait,
qu’en comblant de biens ceux qui en ont été les auteurs.
Le
préfet envoie chercher l’évêque : celui-ci met les deux bouts de ses bras
mutilés sur les yeux de Vénustien, qui recouvrant tout à la fois la vue du
corps et celle de l’âme, renonce au paganisme avec toute sa famille, et
devient, d’un précurseur qu’il était, un fervent chrétien et un martyr.
Ah!
chrétiens, quelle consolation, quel doux témoignage à la mort pour un cœur généreux
Nous le voyons dans la personne de saint Etienne, comme il pardonnait à ses
bourreaux, les cieux s’ouvrirent sur sa tête, Jésus-Christ se fit voir à lui,
assis à la droite de son Père, qui lui préparait la couronne de gloire. Dans ce
délicieux transport, il rendit le dernier soupir, et alla puiser dans le sein
de Dieu même la récompense de sa charité.
Glorieux
saint! obtenez-nous la même charité, afin que nous ayons la même récompense;
que nous pardonnions sincèrement toutes les offenses qu’on nous a faites, afin
que Dieu nous ayant aussi pardonné nos péchés, nous le possédions dans l’éternité
bienheureuse. Ainsi soit-il
Abbé Parel - La voix du Bon Pasteur Tome II, pp.9-10
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