I.
— Edit de César Auguste
S.
ALPHONSE DE LIGUORI. — « Dieu avait
décrété que son Divin Fils ne viendrait pas au monde dans la maison de Joseph,
niais dans une grotte, dans une étable, demeure des animaux, de la manière la
plus pauvre et la plus pénible, dont puisse naître un enfant. C'est pour cela
qu'Il disposa César à publier le fameux édit qui obligeait tous ses sujets à
aller chacun s'inscrire dans le propre lieu de sa naissance. » Méditations pour la neuvaine de Noël, 9e
Médit.
VÉN.
BÈDE. — « De même que le Fils de Dieu venant dans sa Chair naquit d'une Vierge
pour montrer que l'éclat de la virginité Lui était très agréable, de même, en
venant au monde dans un temps de paix, Il enseigne à chercher la paix en
daignant visiter ceux qui aiment la paix. Il ne pouvait y avoir de plus grand
signe de paix que ce dénombrement de tout l'univers sous l'Empereur Auguste,
qï5, vers le temps de la Naissance du Sauveur, régna pendant douze ans d'une
paix si profonde que, toutes les guerres étant apaisées, il parut vérifier à la
lettre l'oracle du Prophète Isaïe : « Ils
feront de leurs glaives des charrues, et des faux de leurs lances ; aucune
Nation ne tirera le glaive et ne s'exercera plus au combat. »
«
Or, il arriva qu'en ces jours il parut un
édit de César Auguste, pour le dénombrement des habitants de toute la terre.
» Luc, II, 1. Le Christ naquit lorsqu'il n'y eut plus de Prince Juif et que
l'Empire fut transporté aux Princes Romains. Ainsi s'accomplit la prophétie qui
annonçait que le sceptre ne sortirait point de Juda ni le Chef de sa race;
jusqu'à ce que viendrait Celui qui devait être envoyé. Donc, la
quarante-deuxième année de son règne, César Auguste publia un édit de faire « le dénombrement de tout l'univers, »
pour payer le tribut ; César confia ce dénombrement à Cyrinus, qu'il établit
gouverneur de Judée et de Syrie ; « ce
premier dénombrement fut fait par Cyrinus, gouverneur de Syrie. » 2. Il
veut dire que ce dénombrement fut le premier qui comprit tout l'univers, car on
lit que plusieurs parties de la terre ont été souvent dénombrées ; ou bien,
qu'il commença lorsque Cyrinus fut envoyé en Syrie.
«
C'est par une disposition céleste que l'inscription du cens fut faite de manière
qu'on ordonnait à chacun d'aller dans son pays : « Et tous allaient se faire inscrire, chacun en sa ville. » 3. Ce qui
arriva afin que le Seigneur, conçu dans un lieu et né dans un autre, échappât à
la fureur de l'astucieux Hérode. » Hom.
in Evang. Luc, II.
S.
GRÉGOIRE. — « Joseph aussi monta de
Nazareth, ville de Galilée, et vint en Judée dans la cité de David, qui est
appelée Bethléem, parce qu'il était de la Maison et de la Famille de David. »
4. Il ajoute la cité de David, pour annoncer que la promesse faite à David, que
le Roi perpétuel sortirait de sa race, est maintenant accomplie. Par là même
que Joseph était de la Famille de David, l'Evangéliste a voulu dire que la
Vierge était aussi Elle-même de la Famille de David, puisque la Loi divine
ordonnait que les unions conjugales fussent contractées dans la même famille.
«
Pour être inscrit avec Marie, son Epouse,
qui était enceinte. » 5. Il dit son épouse insinuant qu'ils n'étaient que
fiancés au moment de la conception ; car la Sainte Vierge n'a point conçu avec la coopération
d'un homme.
«
Mystiquement, le dénombrement du monde se fait pour le Seigneur qui va naître ;
car Il apparaissait dans la chair pour instruire ses élus dans l'éternité. » In homil. 8, in Evang.
VEN.
BÈDE. « De même que sous l'Empire d'Auguste et le gouvernement de Cyrinus,
chacun allait dans sa ville se déclarer pour le cens, de même, sous l'Empire du
Christ par les Docteurs, Gouverneurs de l’Église, nous devons nous déclarer
pour le cens de la justice.
«
Notre ville et notre patrie sont le repos bienheureux vers lequel nous devons
marcher chaque jour par l'accroissement des vertus. Chaque jour la sainte Eglise,
entourée de ses Docteurs, quittant le tour- .billon de la conversation
mondaine, monte à la ville de Juda, c'est-à-dire de la confession de la
louange, pour payer au Roi éternel le tribut de sa dévotion Vierge, elle nous a
conçus dans l'Esprit à l'exemple de la Bienheureuse Vierge Marie ; Epouse d'un autre,
elle est fécondée par Lui ; unie au Pontife son Chef, elle est comblée de
l'invisible vertu de l'Esprit ; son nom lui-même nous montre que le zèle du
Maître qui parle ne sert de rien, à moins que, pour l'entendre, elle n'ait reçu
l'assistance de la grâce céleste. » Hom. in Evang. Luc, II.
II
— Voyage de Marie et de Joseph ; leur arrivée à Bethléem.
LUDOLPHE
LE CHARTREUX. — « Or, le terme de la grossesse de Marie approchait ; Joseph
partit comme les autres. De Nazareth à Jérusalem il y a trente-cinq milles ; et
de Jérusalem à Bethléem, cinq milles environ. Et Cependant Marie ne se
ressentait pas de cette longue route, parce que, dit saint Augustin, l'Enfant
qu'Elle avait dans son sein n'appesantissait pas son corps ; bien qu'enceinte,
Elle était toujours Vierge, et recevait de la Lumière par excellence qu'Elle
portait dans ses entrailles, cette beauté, cette légèreté qui La faisait voler
de Provinces en Provinces. Arrivée à Bethléem, comme ils étaient pauvres, et
que l'affluence était très considérable, ils ne purent trouver de place à
l'hôtellerie. » La grande Vie de
Jésus-Christ, ch. IX.
MGR.
GAY. — « Que dans les jours où son enfantement devenait proche, Marie se vît
obligée de quitter Nazareth pour se rendre à Bethléem, ce ne fut sans doute ni
une surprise pour son esprit, ni un souci pénible pour son cœur. Outre que son
invincible confiance en la sainte Providence et son parfait abandon à tous les
bons plaisirs de Dieu eussent toujours empêché le trouble d'effleurer même son
âme, Elle savait par les Prophètes où devait naître ce Messie qu'Elle portait
dans son sein. Si les Prêtres de Jérusalem, interrogés bientôt par Hérode,
allaient répondre sans hésiter que Bethléem de Juda était le lieu divinement
marqué pour cette Naissance bénie, combien plus la Mère du Sauveur en
avait-Elle une connaissance explicite et certaine ! Mais que, arrivé à
Bethléem, on trouvât toutes les maisons pleines, et que, par le fait de la
nécessite ou du mauvais vouloir, il n'y eût point de gîte possible pour les
Saints Voyageurs, ce dut être vraisemblablement une épreuve très sensible à la
foi et à la tendresse de Marie : à sa foi, car c'était une contradiction
apparente à la lettre de la prophétie ; à sa tendresse, parce que, s'il y a
dans le cœur des mères un sentiment vif et impérieux, c'est bien le désir
d'assurer à l'enfant qu'elles attendent un accueil doux, facile et convenable.
«
Joseph fut certainement encore plus peiné qu'Elle; d'autant que c'était à lui
qu'incombait la douce charge d'être la Providence visible de son Epouse et de
lui procurer un abri. Il finit par en trouver un, hors de la ville, dans une
grotte ouverte qui servait, durant la nuit, d'étable publique aux animaux. » Élévations sur la Vie et la Doctrine de
N.-S. J.-C. 14e Elév.
DOM
GUÉRANGER. — « Approchons-nous avec un saint respect, et contemplons l'humble
asile que le Fils de l'Eternel descendu du Ciel a choisi pour sa première
résidence. Cette étable, creusée dans le roc est située hors la ville ; Elle a
environ quarante pieds de longueur sur douze de largeur. Le bœuf et l'âne
annoncés par le Prophète sont là près de la Crèche, muets témoins du divin
Mystère que la demeure de l'homme a refusé d'abriter.
«
Joseph et Marie sont descendus dans cette humble retraite ; le silence et la
nuit les environnent mais leur cœur s'épanche en louanges et en adorations
envers le Dieu qui daigne réparer si complétement l'orgueil de l'homme. La très
pure Marie dispose les langes qui doivent enveloppez les membres du Céleste
Enfant, et attend avec une ineffable patience l'instant où ses yeux verront
enfin le Fruit béni de ses chastes entrailles, où Elle pourra Le couvrir de ses
baisers et de ses caresses, L'allaiter de son lait virginal.
«
Cependant, le Divin Sauveur, près de franchir la barrière du sein maternel, et
de faire son entrée visible en ce monde de péché, s'incline devant son Père Céleste,
et, suivant la Révélation du Psalmiste expliquée par le grand Apôtre dans
l'Epître aux Hébreux, Il dit : « O mon
Père ! vous ne voulez plus des hosties grossières que l'on vous offre selon la
Loi ; ces oblations vaines n'ont point apaisé votre Justice ; mais vous m'avez
donné un Corps ; me voici, je viens m'offrir; je viens accomplir votre Volonté.
» Hébr., x, 7. Année liturgique, Le saint
Jour de Noël.
S.
BERNARD — « Demandez-vous quel est Celui qui vient, pourquoi Il vient, quand
Il vient et par où Il vient. C'est là une curiosité louable et salutaire. En
premier lieu, considérez avec le même étonnement et la même admiration que
l'Apôtre, quel est Celui qui vient. C'est, dit l'Ange Gabriel, le Fils même du
Très- Haut, Très-Haut Lui-même par conséquent. Car on ne saurait sans crime
penser que Dieu a un Fils dégénéré ; il faut donc Le proclamer l'Egal de son Père
en grandeur et en dignité. Qui ne sait en effet, que les enfants des Princes
sont eux-mêmes Princes et que les fils de Rois sont Rois ?
«
Vous venez d'entendre, mes frères, quel est Celui qui vient, écoutez maintenant
d'où et où Il vient. Or, Il vient du sein de son Père dans celui d'une Vierge-Mère
; Il vient du haut des cieux dans ces basses régions de la terre Il est
descendu non seulement sur la terre, mais encore jusque dans les enfers, non
comme un coupable chargé de liens, mais libre au milieu des morts, comme la
lumière qui descend dans les ténèbres, mais que les ténèbres n'ont point comprise…
«
Quand nous nous Sommes demandé quel est Celui qui vient, nous avons trouvé que c'est
un Hôte d'une grande et ineffable Majesté ; et, lorsque nous avons recherché
d'où il vient, il s'est trouvé que nous avons vu se dérouler à nos yeux une
route d'une longueur immense, selon ce qu'avait dit le Prophète sous
l'inspiration de l'Esprit : « Voilà la
Majesté du Seigneur qui vient de loin. » Is., XXX, 27. Enfin à cette
question: Où vient-il ? nous avons reconnu l'honneur inestimable et presque
incompréhensible qu'Il daigne nous faire en descendant de si haut dans
l'horrible séjour de notre prison.
«
Le motif qui a déterminé le Verbe à descendre de si loin dans un séjour si peu
digne de Lui, est tout à fait grand, car ce n'est rien moins qu'une grande
miséricorde, une grande compassion et une immense charité. En effet, pourquoi
devons-nous croire qu'Il est venu ? C'est le point que nous avons maintenant à
éclaircir. Nous n'avons pas besoin de nous donner beaucoup de mal pour cela,
puisque ses paroles et ses actes nous crient bien haut le motif de sa Venue. En
effet, c'est pour chercher la centième brebis qui était perdue et errante qu'Il
est descendu en toute hâte des montagnes célestes ; c'est pour que ses
miséricordes fissent comprendre mieux encore le Seigneur et que ses merveilles
montrassent plus clairement aux hommes que c'est pour nous qu'Il est venu.
«
Combien grand est l'honneur que nous fait le Dieu qui nous vient chercher. Mais
combien aussi est grande la dignité de l'homme que Dieu recherche ainsi !
Assurément s'il veut se glorifier de cela ce ne sera point à lui une folie de
le faire, non pas qu'il paraisse être quelque chose de son propre fonds, mais
parce que Celui qui l'a fait l'estime Lui-même à un si haut prix. Car ce ne
sont point toutes les richesses du monde, ni toute la gloire d'ici-bas, ni rien
de ce qui peut flatter nos désirs sur la terre qui fait notre grandeur, tout
cela n'est même absolument rien en comparaison de l'homme lui-même. Seigneur,
qu'est-ce donc que l'homme pour que vous le combliez de tant de gloire et
pourquoi votre cœur est-Il porté en sa faveur ?
«
Néanmoins je me demande pourquoi au lieu de venir à nous, ce n'est point nous
qui sommes allés à Lui ; car outre que c'est notre intérêt qui est en question,
ce n'est pas l'habitude que les riches aillent trouver les pauvres, même quand
ils ont le désir de leur faire du bien. Il est vrai, mes frères, c'était bien à
nous à aller vers Lui, mais nous étions doublement empêchés ; d'abord nos yeux
étaient bien malades or, Il habite une lumière inaccessible. Et puis, nous
étions paralysés et gisant sur notre grabat, nous ne pouvions donc nous élever
jusqu'à Dieu qui demeure si haut. Voilà pourquoi le bon Sauveur et doux Médecin
de nos âmes est descendu de là-Haut où Il habite et a voilé l'éclat de sa lumière
pour nos yeux malades, » 1er Sermon pour
l'Avent de N.-S.
Le mystère de Jésus-Christ, Extraits de la Sainte Ecriture, des écrits des Saints Pères et des meilleurs Auteurs Ecclésiastiques, Tome II
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