dimanche 22 avril 2018

Père Onésime Lacouture - 3-7- Apparition au bord du lac de Génésareth



SIXIÈME INSTRUCTION
APPARITION AU BORD DU LAC DE GÉNÉSARETH.

« Jésus leur dit: « Enfants, n’avez-vous rien à manger? » Ils lui répondirent: « Non». Il leur dit: « Jetez le filet à droite de la barque et vous en trouverez ». Ils le jetèrent aussitôt et ils ne pouvaient plus le tirer à cause du grand nombre de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: « C’est le Seigneur! ». Jo. 21-5.

PLAN
Remarque.

PÉNIBLE. Le travail selon la foi est: OBSCUR, INGRAT, LUMINEUX.

Fait par obéissance, il est: FACILE, RÉCOMPENSÉ.

CONDUITE DE JEAN ET DE PIERRE.


LE REPAS EN COMMUN, AVEC JÉSUS.
JÉSUS QUESTIONNE PIERRE SUR SON AMOUR.

REMARQUE

Voici encore une apparition pleine de leçons excellentes pour notre vie spirituelle. Le lac représente le monde toujours agité où nous travaillons dans la nuit de la foi pour notre mérite éternel, représenté par les poissons. Jésus reste sur le rivage pour montrer qu’il n’est plus de ce monde, mais que de son éternité, il surveille nos travaux et leur donne leur efficacité.

Cette vie de foi est complètement au-dessus de la vie naturelle de l’homme, et, par conséquent, il doit faire un effort constant pour s’y maintenir, mais cet effort doit compter uniquement sur le secours divin de la grâce. Cependant il nous faut faire notre part comme les Apôtres qui ont jeté leur filet à la mer pour prendre les poissons que Jésus avait mis à leur portée. Comme tout ce travail des Apôtres est l’image de notre travail dans l’Eglise pour sauver les âmes, il est bon de l’étudier dans le détail pour en faire notre profit spirituel.

Un jour, Simon Pierre dit à Nathanaël, Jacques, Jean, Thomas et à deux autres disciples: «Je vais à la pêche». Ils lui dirent: «Nous y allons avec toi». Ils travaillèrent toute la nuit sans rien prendre. Le matin venu, Jésus parut sur le rivage, etc…

LE TRAVAIL SELON LA FOI

EST OBSCUR car travailler dans la foi, c’est organiser sa vie selon un monde que nous ne connaissions pas, si ce n’est par la révélation que Dieu nous en a faite. Il dépasse les sens complètement et même nos facultés spirituelles. La foi ne vient pas d’elles quoique faite à elles. Notre intelligence ne voit rien dans ce monde divin; elle doit accepter ce que Jésus nous en dit, mais sans en avoir la connaissance intrinsèque.

Celui qui se dévoue pour le salut des âmes ne voit jamais le bien qu’il fait. Les bons résultats qu’il obtient peuvent venir des prières et des sacrifices des autres que Dieu applique à son travail. Il ne saura donc jamais en ce monde si ces résultats viennent de lui ou d’autres. Il travaille donc dans la foi, dans la nuit…

Jésus ne nous enseigne pas seulement par sa parole, mais aussi par ses exemples, comme dans ses apparitions. Ce qu’il a fait visiblement là, il le fait visiblement par sa grâce dans le monde de la foi. Ce n’est donc pas de l’imagination que nous faisons quand nous tirons des leçons de ses actes pour notre vie spirituelle; c’est du solide! Quand l’Evangile nous montre ces sept Apôtres pêchant toute la nuit sans rien prendre, c’est nous dire que nous devons faire comme eux: travailler toute la vie dans la nuit de la foi et sans jamais voir le résultat dans les âmes des fidèles…Voilà ce qui demande du courage et de la science surnaturelle. Eh bien! prenons-le ici tout de suite.

Le prêtre ne devrait jamais essayer de calculer le bien qu’il fait ou compter les âmes qu’il convertit; jamais s’attribuer tel succès, jamais se décourager parce qu’il ne voit pas de fruits apparents de son ministère. Il ne le saura jamais en ce monde! Eh bien! qu’une fois pour toutes, il ne s’occupe plus jamais de mesurer le bien qu’il fait ou ne fait pas. Ce n’est pas de ses affaires! Sa part est de travailler comme si tout dépendait de lui, et ensuite laisser tout à Dieu comme si rien ne venait de lui-même. Donc cette doctrine sûre coupe court à toute jalousie ou envie entre les ouvriers du Seigneur. Comme il y en a parmi les prêtres et tous ceux qui travaillent d’une façon ou d’une autre au bien des âmes! Tous ces gens ne travaillent pas dans l’obscurité de la foi mais dans la lumière aveugle du bon sens humain qui ne voit pas plus loin que les apparences.

Cette leçon est bien pratique pour les prêtres qui essaient de convertir les hommes aux choses de Dieu. Que de coups de filet pour rien! Que de démarches sans aucun résultat tangible! Comme il est difficile d’arracher les hommes à leurs passions de toutes sortes! Que de prêtres se découragent vite et cessent tout effort! S’ils avaient su que leur mérite est dans leurs efforts et non dans leurs effets, ils continueraient de se dévouer malgré les fiascos réels ou apparents. Puisque le mérite n’est pas dans les effets, mais dans les efforts, ne nous occupons plus jamais de compter ou de mesurer les effets. Cette partie nous regarde pas!

De même, ces prêtres qui apprécient les paroisses selon les revenus ou selon la culture des gens ou selon la richesse des fidèles, ou leur caractère, ces prêtres ne travaillent pas dans l’obscurité de la foi, mais selon leur petit fanal de bon sens humain. Bien mince sera leur récompense, s’ils en ont une!

Ceux qui vivent de foi, ne s’occupent que de leur travail le plus consciencieusement possible et le mieux orienté possible vers la gloire de Dieu et le bien des âmes… et tout le reste les laisse parfaitement indifférents… puisque ce n’est pas de leurs affaires! Mais de Dieu seul! Ils surveillent uniquement ce qui dépend d’eux: leurs intentions. Ils s’assurent d’avoir le plus parfaitement possible les motifs surnaturels les plus purs. Voilà des fidèles et des prêtres qui travaillent dans la foi et de la foi.

Tant que les Apôtres jetaient le filet où ils voulaient et donc qu’ils suivaient leurs facultés spirituelles, ils n’ont absolument rien pris. Mais dès qu’ils le jetèrent selon la volonté de Jésus, ils prirent beaucoup de poissons. Tant qu’un prêtre travaille pour des motifs naturels, il ne fait aucun bien surnaturel, ni mérite pour lui-même. Mais dès qu’il travaille pour Dieu seul, il est béni de Dieu et fait un grand bien surnaturel.

Ainsi les disciples ont jeté le filet à droite de la barque uniquement parce que Jésus le leur disait. Peu importe qu’ils ne l’aient pas encore reconnu comme tel. La leçon vaut pour nous quand même, car nous savons, nous, que c’était Jésus. Ils avaient dû le jeter là bien des fois durant la nuit, ça n’avait donc pas de bon sens de le jeter là encore. Mais cette fois, la différence est énorme! Jésus avait mis du poisson là, ce qu’il n’avait pas fait auparavant. Quand Jésus donne la grâce d’agir pour un motif surnaturel, il met notre mérite dans la ligne de l’obéissance.

Que de chrétiens perdent leur mérite éternel parce qu’ils suivent leur raison au lieu de suivre la foi. Par exemple, ceux qui limitent le nombre de leurs enfants tout en usant du mariage, sortent de la volonté de Dieu, et donc n’auront aucun mérite et, de plus, ils vont contre la volonté divine, donc ils pèchent mortellement et se damnent pour jouir un peu plus de la vie naturelle. Il est évident que le bon sens humain peut leur fournir une foule de bonnes raisons humaines pour empêcher la famille; mais quelle folie de penser arriver au ciel en suivant sa raison contre la foi.

Notre leçon vaut aussi pour les parents qui travaillent pour améliorer leurs enfants et qui ne semblent pas réussir. Que d’exhortations sont sans résultat! Que de reproches ne font aucune impression sur les enfants! Que de coups de filet pour sauver leurs enfants et en vain! Qu’ils fassent leur devoir quand même… pourvu que ce soit uniquement pour des motifs surnaturels! Et, à la mort, ils verront qu’ils ont fait du bien à leurs enfants et ils seront récompensés par Dieu.

Si nous étions destinés aux limbes, la raison serait la lumière souveraine pour nous; mais maintenant que nous sommes élevés à l’ordre surnaturel, nous devons suivre la lumière surnaturelle de la foi; c’est la seule qui nous conduit à Dieu. Dieu nous a donné la raison comme échantillon de sa sagesse: pour récolter la lumière divine, il faut semer notre raison, la sacrifier pour suivre la foi et ainsi arriver au ciel. Pour être enfant de Dieu comme il le faut pour arriver au ciel, il faut être conduit par l’Esprit de Dieu. Saint Paul ne dit pas par la raison! quoiqu’il faille s’en servir pour suivre l’Esprit de Dieu comme pour agir selon la foi.

On voit bien ceux qui suivent la foi dans leur travail, quand Dieu les arrête pour une raison ou pour une autre, ils sont parfaitement heureux, ne se plaignent pas d’être immobilisés, sachant que leur mérite vient de leurs motifs surnaturels, comme lorsqu’ils travaillaient. Leur union avec Dieu est aussi méritoire dans l’inactivité que dans le travail, puisqu’elle est la même.

TRAVAIL PÉNIBLE, parce que contre nature! Il faut constamment renoncer à son jugement et sacrifier sa volonté pour suivre la lumière divine et la volonté divine. C’est donc une lutte continuelle avec soi-même. La foi demande le sacrifice de tout l’humain intentionnel; c’est donc très dur. La preuve est que très peu de catholiques suivent ainsi la foi fidèlement. Que de fois ils préfèrent suivre leur petit bon sens humain plutôt que la lumière divine de la foi. Car le plan surnaturel de Dieu est de faire mourir le païen en nous ou l’homme naturel qui se trouve surtout dans ses facultés spirituelles où se trouve la liberté.

Dans les débuts surtout, c’est très dur d’aller contre sa nature toujours, car il faut que le vieil homme périsse et c’est justement celui-là qui aime à suivre la raison et à faire sa volonté propre. Dès que l’on veut vraiment se renoncer, Dieu semble en profiter pour nous envoyer toutes sortes de contrariétés et d’épreuves pour nous aider à agir contre nos deux amours naturels et uniquement pour l’amour de lui.
On a un bon exemple de ce que Dieu fait quand il veut nous faire vivre de foi. Pendant quarante ans il a conduit les Juifs à travers le désert où tout était contraire au bon sens humain. Imaginez un million de personnes au moins, qu’il promène pendant si longtemps où il n’y a rien à manger ni à boire! Eh bien! Dieu les soutient à force de miracles. C’est exactement ce qu’il veut faire avec nous tous en nous demandant tant de choses contraires à la nature justement pour que nous ayons confiance en lui et qu’il nous soutienne par ses interventions surnaturelles de la grâce qui dépassent le naturel et donc que l’on peut regarder comme des espèces de miracles.

Eh bien! Que font la plupart des chrétiens? Comme les Juifs dans le désert, ils murmurent dès que Dieu leur demande quelque chose un peu au-dessus du naturel. Malgré tout ce qu’il a déjà fait pour eux, ils se défient toujours de lui. Ils voudraient que Dieu agisse toujours selon l’ordre naturel quand nous sommes dans l’ordre surnaturel. Quelle folie et quelle tête dure ont les hommes!

Evidemment, nos prêtres philosophes en sont bien responsables. Avec leur religion abstraite selon la raison, c’est une religion toute naturelle qu’ils prêchent; c’est uniquement la raison qu’ils suivent partout et toujours. Le monde de la foi au point de vue pratique est inconnu pour la plupart et la preuve est qu’ils n’expliquent à peu près jamais aux fidèles comment agir pour vivre de foi.

Ainsi la foi nous commande d’aimer nos ennemis et de leur faire du bien. Qui peut le faire? Comme tous trouvent cela pénible! Si peu le font. La foi nous commande de mépriser les plaisirs du monde, comme tous trouvent pénible de le faire! Si peu le font!

C’est donc bien dur de passer sa vie à travailler sans jamais voir les résultats de son travail, sans savoir si Dieu est content ou non. Dieu le fait exprès pour que nous nous abandonnions uniquement à sa bonté.

TRAVAIL INGRAT

Parce que la gloire de Dieu exige le sacrifice de tout ce que nous aimons naturellement. S’il secondait nos efforts humains tout de suite, nous nous attribuerions le succès. Il est donc obligé souvent de faire tout le contraire du naturel. Nos œuvres prendront le chemin du grain de blé en terre et seront ruinées d’une façon ou d’une autre. Nos meilleurs amis se tourneront contre nous, ceux pour qui nous avons travaillé deviendront nos ennemis. Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas reçu, doit se vérifier pour nous aussi. Est-ce que toute l’œuvre de Jésus n’est pas descendue dans le tombeau avec lui? Le disciple n’est pas plus grand que le maître! Il verra son œuvre détruite devant ses yeux; tout le fruit de sa vie perdu! Il ne faut donc pas travailler pour s’enrichir sur la terre même des bonnes œuvres. Tout chrétien avec tout ce qu’il a fait devra prendre le chemin du tombeau, afin que dans le monde surnaturel toute la gloire en soit uniquement pour Dieu.

Comme Jésus laisse les Apôtres travailler toute la nuit sans rien prendre, rien leur donner, ainsi il peut faire pour tout catholique…

Combien de prêtres et de laïques vont travailler longtemps dans une famille, une paroisse, une mission ou dans n’importe quel travail de dévouement pour le bien des âmes, sans aucun succès apparent! Nous sommes tellement pleins de nous-mêmes qu’il nous faut une foule d’humiliations pour arriver à la vraie humilité devant Dieu. Qu’on aie confiance et l’on verra dans l’éternité le résultat de nos efforts faits pour des motifs surnaturels.

LE TRAVAIL FAIT PAR OBÉISSANCE

EST LUMINEUX.

Un aveugle conduit par un voyant reste aveugle, mais il marche dans la même lumière que le voyant. Ainsi un catholique qui suit la foi, marche dans la même lumière que Dieu: sa vie est donc lumineuse devant Dieu quoique obscure devant les hommes. Ainsi les Apôtres ne voyaient pas les poissons à côté de la barque, mais Jésus les voyait et quand ils ont jeté le filet selon la parole de Jésus, c’est comme s’ils avaient vu les poissons comme Jésus… et ils les ont pris!

Tant que les Apôtres suivaient leur raison, ils n’ont rien pris, mais dès qu’ils écoutent la voix de Jésus, ils en prennent un grand nombre. Ainsi, peu importe que l’on voie le bien que Dieu veut nous donner par l’obéissance, si on obéit, on agit selon la lumière divine qui montre ce bien et on le reçoit.
Quand Dieu met dans la tête d’un supérieur de demander tel travail à un inférieur, c’est parce qu’il a mis là du «poisson» ou du mérite. Peu importe par quel raisonnement le supérieur est arrivé à sa décision.

C’est Dieu en personne qui veut ce travail de cet inférieur, pour lui donner telle somme de mérite, qu’il a mis de côté près de ce travail pour l’inférieur. Celui qui obéit, agit comme s’il voyait ce que Dieu y voit: son mérite!

CE TRAVAIL EST FACILE.

Est-ce que ce n’est pas un fait d’expérience que Dieu coopère avec ceux qui suivent ses lois? C’est quand un cultivateur suit les lois de l’agriculture qu’il trouve facile de cultiver; c’est quand on suit les exigences de l’estomac qu’on digère bien, etc.
Eh bien! Puisque Dieu nous a mis dans l’ordre surnaturel, il bénira ceux qui suivent ses exigences et il sera contre ceux qui ne les suivent pas. Dans l’Ancien Testament, on voit que Dieu a puni des rois qui sont allés consulter des païens au lieu de consulter les prophètes de Dieu. On a un bel exemple dans David et Goliath. Ce dernier se fiait à sa force physique, mais David ne comptait que sur Dieu et de fait Dieu lui donna la victoire sur ce géant.

De grandes difficultés dans le travail viennent souvent des préjugés contre tel genre de travail ou de l’imagination qui grossit les obstacles ou des goûts ou des répugnances pour autre chose qu’on préférerait ou dégoût pour ce qu’on a à faire. Mais quand on vit de foi, toutes ces difficultés tombent automatiquement. On ne s’occupe de rien autre chose que des motifs surnaturels et alors tout va bien.

CE TRAVAIL EST RÉCOMPENSÉ. 

Après avoir travaillé toute la nuit en vain, du moment qu’ils obéissent à la voix de Jésus, ils prennent cent cinquante-trois gros poissons. C’est évidemment une figure de notre récompense au ciel après avoir travaillé dans la nuit de la foi selon la volonté de Dieu, qui récompense ce qu’on a fait pour lui.
Remarquons que Jésus récompense le travail des Apôtres et non leur science… qu’ils n’ont pas du tout! Au jugement, Dieu récompensera nos œuvres, pas nos idées ni notre science. Avis aux savants qui peuvent en imposer au monde par leur grand savoir, mais Dieu scrute les cœurs et juge les actions faites ou omises. Il les juge selon leur motifs, il ne récompense pas ce que est fait pour des motifs naturels, mais seulement ce qu’on fait pour lui par des motifs surnaturels.

Ceux qui objecteront qu’il y a là une opinion probable que les bonnes actions faites pour des motifs naturels peuvent être méritoires devant Dieu doivent se rappeler qu’ils n’ont pas le droit de suivre une opinion probable au sujet du mérite ou du salut éternel. Ils doivent suivre en pratique l’opinion la plus sûre et donc tout faire avec des motifs surnaturels.
CONDUITE DE PIERRE ET DE JEAN
Il est bon de comparer la manière d’agir de ces deux amants de Jésus pour mieux régler nos jugements sur les personnes et ne pas les condamner parce qu’elles agissent autrement que nous. Pourquoi Jean, qui est le premier à reconnaître Jésus, reste-t-il à sa place, tandis que Pierre s’élance de toute son ardeur, même à la nage, pour arriver plus vite près de Jésus? Il agit pas mal selon ses qualités naturelles qui ne montrent pas plus d’amour que Jean. Est-ce que Jésus ne pourrait dire à Pierre ce qu’il avait dit à Marthe: «Tu t’énerves beaucoup! L’amour est dans le cœur, pas dans les membres du corps». Jean imite plus Marie; il est calme et a plus de foi que Pierre. Il sait qu’il aime autant Jésus dans la barque qu’à la nage! La distance ne compte pour rien dans l’amour surnaturel. Son cœur est autant à Jésus dans la barque qu’à terre! Il agit mieux selon la foi, quoique les deux soient très bons.

Avis aux ardents! Parce qu’ils se jettent à la nage dans le travail et qu’ils s’exténuent dans leur zèle ardent, qu’ils ne méprisent pas ceux qui restent calmes, qui mènent plutôt une vie contemplative. Si tous avaient fait comme Pierre, ils auraient perdu leur filet avec tous leurs poissons que Jésus leur avait donnés miraculeusement!

Ils auraient manqué de nourriture pour leur repas sur le rivage. Il est bon qu’il y ait des gens calmes pour penser à tout! C’est l’union surnaturelle dans la foi avec Dieu qui compte le plus et non l’union physique selon les sens. Combien sont bien proches de Jésus dans la sainte communion et qui reçoivent bien peu de grâces comparées à ceux qui vivent unis à Jésus dans l’amour surnaturel de la foi. Cultivons cette union d’amour du cœur dans la foi pour Dieu; elle est la plus précieuse pour nous.

LE REPAS EN COMMUN AVEC JÉSUS

Quand les Apôtres arrivent avec leur filet et les poissons, Jésus leur dit d’en apporter et il le fait cuire, avec le sien qui était déjà sur le feu préparé par Dieu lui-même! Quelle scène inoubliable de voir Jésus mangeant un repas de poisson avec ses sept Apôtres sur le bord du superbe lac de Génésareth! Figure du banquet éternel où Jésus dit qu’il fera asseoir les élus et les servira lui-même à manger et à boire dans son royaume éternel! Personne n’osait lui demander, dit Saint Jean, qui êtesvous, car tous savaient que c’était le Seigneur!

Le poisson représente le mérite: on voit bien ici comment il vient tout de Jésus. La part des Apôtres n’est que matérielle dans le travail qu’ils ont fait pour jeter le filet à la mer. Mais c’est Jésus qui avait mis là ces poissons et qui en avait déjà un à lui qui rôtissait sur les charbons. On comprend cette parole de Saint Augustin que lorsque Dieu récompense notre mérite, il couronne ses propres dons. Ainsi, les Apôtres ont pris ces poissons, mais parce que Jésus les leur a donnés à prendre.

Voilà une idée fondamentale dans l’humilité; tout nous vient de Dieu. Notre part est bien insignifiante. Elle consiste seulement a étendre la main pour prendre ou à consentir par la volonté à accepter.

Remarquons que Jésus bénit le pain et ensuite bénit le poisson rôti et leur en offre à manger. Tout chrétien devrait prendre l’habitude de dire son Bénédicité avant et ses Grâces après les repas pour remercier Dieu de ses bienfaits. Jésus l’a fait et le faisait habituellement; imitons-le donc à tous nos repas sans fausse honte de païen. Tous savent que nous sommes chrétiens; agissons comme tels, même quand nous mangeons en compagnie de non catholiques. S’ils sont intelligents ils seront édifiés; sinon nous ne leur devons rien! Je n’approuve pas du tout la conduite des prêtres qui avec l’habit religieux et le col romain dissimulent leurs signes de croix avant et après les repas. Disons nos prières debout et en faisant ostensiblement notre signe de croix. Ils se fichent bien de nous en ne priant pas! Pourquoi ne pas nous ficher d’eux en faisant notre prière!

JÉSUS QUESTIONNE PIERRE SUR SON AMOUR!

Après qu’ils eurent dîné Jésus demande à Pierre: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci? ». Il répondit: «Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime». Jésus lui dit: « Paissez mes agneaux». Il lui demanda encore une fois: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu?». Pierre répondit: «Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime». Jésus lui dit: «Paissez mes agneaux». Il lui demanda pour la troisième fois: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? ». Pierre, affligé de ce que trois fois il lui faisait la même demande, repartit: « Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez que je vous aime ». Jésus lui dit: « Paissez mes brebis ».

Evidemment, Jésus veut lui donner une chance de réparer son triple reniement. Que tous ceux qui ont péché apprennent de là la nécessité de compenser par l’amour le déplaisir qu’ils ont donné à Dieu. Jésus ne s’est pas contenté de donner l’absolution à Pierre pour ainsi dire, mais il exige des protestations sérieuses d’amour vrai et solide, pas simplement en l’air comme Pierre avait fait avant sa chute. Il ne veut pas de l’amour pour rire! Il le veut des plus sérieux.

Alors il lui confie la garde de toute son Eglise: les agneaux signifient les fidèles et les brebis, les pasteurs.

Ensuite Jésus prédit à Pierre qu’il sera crucifié un jour; puis il lui dit: « Suis-moi ». Pierre se retournant vit Jean qui venait après eux. Pierre demanda à Jésus: « Que ferez-vous de celui-ci? ». Jésus lui répondit poliment: « Ce n’est pas de tes affaires. Toi, suis-moi… Occupons-nous donc de nous-mêmes et laissons les autres à Dieu!». Voilà ce que Jésus veut nous enseigner dans ces paroles à Pierre. Obéissons-lui!

Remarquons une parole de Saint Jean: il dit que Jésus lui prédisait le genre de mort que Pierre devait souffrir pour glorifier Dieu. Or le crucifiement est une mort absolument honteuse devant les hommes. Cela nous enseigne que plus nous imitons les souffrances de Jésus et plus nous glorifions Dieu. Indépendamment de tout péché, l’homme veut être maître de toute son activité et de toute sa vie. Or, notre destinée surnaturelle exige que nous soyons transformés totalement en divin pour être dignes et aptes à jouir du bonheur divin au ciel. Or, nous tenons mordicus à tout notre être; il faut donc que Dieu use de violence pour détruire notre «païen», afin de le diviniser entièrement. Par conséquent, plus nous souffrons et plus notre vieil homme dépérit et plus le divin augmente en nous. Voilà comment il se fait que les souffrances donnent de la gloire à Dieu.

Mais en plus nous sommes tous pécheurs d’une façon ou d’une autre. Alors la justice divine a le droit de se payer pour nos offenses et de nous punir. C’est ce qu’elle fait par toutes les souffrances qu’elle nous envoie dans le cours de la vie.

On dirait bien que N.S. veut nous enseigner que pour travailler au salut des âmes des autres, il faut être pur de tout péché et vivre dans un grand amour de Dieu. Il oblige Pierre à rétracter ses trois reniements et, en même temps, il lui fait faire trois actes d’amour de Dieu. Et évidemment il fait dépendre le soin des brebis de l’amour que Pierre manifeste.

Quel dommage que tous les curés et les autres prêtres du ministère ne réparent pas mieux leurs péchés passés par la pénitence et par une augmentation sérieuse d’amour de Dieu!

Ce n’est pas pour rien que Jésus dit devant tous les autres à Saint Pierre: « Viens et suis-moi ». Evidemment il veut montrer que le pasteur des pasteurs doit suivre de bien près J.-C. et dans la même proportion tous les pasteurs doivent suivre d’une façon particulière J.-C. Car les brebis suivront les pasteurs; il faut donc que celui-ci suive bien Jésus pour entraîner tout le troupeau à Jésus. 

Si tous les prêtres suivaient Jésus, on en verrait moins courir les Arénas pour suivre le sport, ou perdre leur temps dans les cinémas et maintenant à suivre la télévision pour suivre avec amour toutes les sottises des païens. Jésus a montré son mépris pour les vanités du monde; il nous commande de haïr le monde et tout ce qui est dans le monde. Les prêtres qui font tout le contraire s’en vont dans la direction opposée à Jésus. Ils prennent un gros risque pour leur salut éternel. Que Dieu nous éclaire tous de sa lumière surnaturelle de la foi, afin de ne rechercher que les choses du ciel et jamais celles de la terre. Voilà un moyen sûr d’arriver au ciel.


samedi 14 avril 2018

Père Onésime Lacouture - 3-6 - Apparition aux apôtres dans le Cénacle


CINQUIÈME INSTRUCTION
APPARITION AUX APÔTRES DANS LE CÉNACLE.

Pendant qu’ils s’entretenaient ainsi sur le soir de ce même jour, qui était le premier de la semaine, et que les portes du lieu où ils étaient assemblés étaient fermées dans la crainte des Juifs, Jésus vint et, debout au milieu d’eux, il leur dit: «La paix soit avec vous. C’est moi, n’ayez pas peur!».

PLAN
REMARQUE.
LES APÔTRES ONT PEUR.
JÉSUS LEUR PROUVE SA RÉSURRECTION.
JÉSUS LEUR OUVRE L’ESPRIT AUX ECRITURES.
IL INSTITUE LE SACREMENT DE PÉNITENCE.
IL LEUR REPROCHE LEUR INCRÉDULITÉ.
LE CAS DE SAINT THOMAS.
REMARQUES

Comme nous n’avons pas le temps de parler de chaque apparition, nous allons en fusionner quelques-unes pour fournir plus de matière aux considérations. Aux deux disciples, Jésus leur reproche de n’avoir pas cru aux Ecritures qui décrivaient sa passion et sa mort; dans celle-ci, Jésus reproche aux Apôtres de ne pas avoir cru ceux qui l’avaient vu ressuscité. Il veut donc que nous croyions aux Ecritures et aux témoins de sa résurrection. Les Ecritures prophétisent la passion et la mort de Jésus et les témoins montrent l’accomplissement de ces prophéties. Rien donc ne peut être plus certain tout en laissant une certaine liberté à l’assentiment de la foi.

Nous devons surveiller les fondements de notre foi, car toute notre vie dépend de la qualité de notre foi. Si elle est faible, notre vie sera bien fade et vide de surnaturel; si elle est forte, notre vie sera surnaturelle et fructueuse en bonnes œuvres. C’est elle qui nous préserve du péché. «Votre victoire sur le monde viendra de votre foi». Tous ceux donc qui pèchent manquent de foi sûrement; ils vivent ordinairement selon la raison humaine et là, le démon peut tout dans cet ordre naturel.

C’est le plan divin de donner le ciel à ceux qui le préfèrent à tout le monde. Voilà pourquoi Dieu enverra de formidables tentations à ceuxlà, par exemple, une forte passion pour tel plaisir qu’on préférerait à tout l’univers. Or, Dieu le lui défend sous peine de perdre le ciel et d’aller brûler en enfer. C’est alors qu’il faut une foi solide et éclairée pour tout comparer à ces deux alternatives et connaître les bons moyens pour éviter de succomber dans cette tentation;

Demandons donc une foi solide dans la divinité de Jésus, afin de tout faire pour lui plaire et ainsi mériter sa grâce pour ne jamais l’offenser. C’est dans ce but que nous repassons ces apparitions de Jésus ressuscité.

LES APÔTRES ONT PEUR…

Ils avaient barricadé les portes et les fenêtres par crainte des Juifs qui venaient de crucifier leur Maître et ils en voulaient sûrement aussi à ses disciples comme pouvant propager sa doctrine. Dieu permit ces précautions pour fortifier notre foi, car Jésus entre quand même; son corps ressuscité n’est plus soumis aux conditions matérielles de nos corps de la terre.

Arrêtons-nous à cette peur qu’ont les disciples. Elle est bien naturelle et générale chez les hommes de mentalité païenne. Ils sont tellement habitués à juger de tout selon les sens que tout ce qui les dépasse leur fait peur. Ils tiennent si bien à leur moi païen que tout ce qui pourrait lui nuire leur inspire une crainte excessive.

Or, comme c’est le plan divin de détruire en nous ce moi égoïste, il a ordonné sa Providence pour le tuer! Mais tout être a l’instinct de sa préservation. Tout ce qui dépasse les forces de la nature fait peur aux hommes qui s’aiment tant eux-mêmes. Ils craignent de perdre ce en quoi ils ont mis leur bonheur: les créatures.

Ils ont peur de perdre leur réputation: aussi quelle force dans leur respect humain! Que de mensonges pour la garder, la défendre et l’augmenter! Ils ont mis leur cœur dans les biens de ce monde: aussi quelle peur de les perdre! Ils sont capables de tous les crimes pour la garder. Ils tiennent tant aux jouissances sensibles qu’ils peuvent commettre tous les péchés pour se les procurer. Les femmes et les filles suivent la mode aveuglement dans toutes ses folies et ses excentricités par peur des critiques des autres. Que de jeunes font les fanfarons, parlent mal, font mal, négligent leurs devoirs religieux de peur de faire rire d’eux. Toute cette peur se trouve chez les prêtres et les religieux en proportion qu’ils vivent une mentalité païenne. Ils ont peur de prêcher la folie de la croix et le mépris des créatures pour ne pas se faire critiquer par les philosophes. Combien de religieux ont peur d’être tout aux choses de Dieu parce qu’ils feraient rire d’eux par leurs confrères à mentalité païenne! Les filles et les femmes suivent la mode sottement parce qu’elles ont peur de faire rire d’elles par celles qui aiment le monde à la folie.

Ces peurs diminuent en proportion qu’on tue son païen. On n’a plus peur de ce qui peut produire ce résultat; c’est ce qu’on veut: un mort n’a plus peur de rien perdre, il n’existe plus et ne possède rien. Avec ce critère, on peut se faire une idée du nombre de «morts» parmi nos catholiques. Comme ils sont rares dans le clergé, les religieux et les laïques! A tout instant et à toute occasion, leur païen tremble: ils ont peur de tout. Voilà pourquoi il y a si peu de «ressuscités» parmi les catholiques: leur païen est bien vivant puisqu’il a peur de tout ce qui pourrait le faire mourir!

Après la Pentecôte, les Apôtres n’ont plus peur de rien, excepté de déplaire à Dieu. Puisque Dieu remplace notre moi païen, nous n’avons plus peur pour nous-mêmes, mais uniquement de perdre Dieu qui est toute notre vie et notre bonheur. Plus on vit de foi et moins on a peur. Car la foi nous montre uniquement les biens célestes de l’ordre surnaturel que rien au monde ne peut nous faire perdre, si ce n’est le péché. Alors, la peur d’offenser Dieu est la seule qui reste dans la foi.

Ce que nous venons de dire ne s’applique pas à la peur filiale des bons amis de Dieu, qui est un effet de leur amour. Cette peur augmente avec la sainteté et n’est pas du tout pénible; au contraire, elle contribue au bonheur du chrétien, qui voit un Père en Dieu qu’il aime tendrement.

Il y a une autre peur qui est bonne et qu’il faut garder: c’est celle de perdre son âme. Quelque saint qu’on soit, il faut toujours craindre le péché mortel qui nous précipiterait en enfer. Même Saint Paul après avoir été ravi au troisième ciel, a peur d’être réprouvé.

JÉSUS LEUR PROUVE SA RÉSURRECTION

Le souper était fini; ceux qui avaient vu Jésus étaient débordants de joie, mais les autres étaient tristes et absolument incroyants. Voici que les deux disciples d’Emmaüs surviennent et racontent avec un enthousiasme débordant tout ce qui vient de leur arriver. Encore là ceux qui l’ont vu se réjouissent avec les disciples, mais les autres ne bronchent pas dans leur incrédulité.

Tout à coup Jésus se trouve au milieu d’eux sans être passé ni par les portes ni par les fenêtres, barricadées par peur des Juifs. Il leur donne son salut ordinaire: «Que la paix soit avec vous!»; et il ajoute: «C’est moi, ne craignez point». Mais ils sont saisis d’une grande frayeur croyant voir un esprit. Alors Jésus leur dit: «Pourquoi vous troublez-vous et pourquoi ces pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs, regardez mes mains et mes pieds, c’est moi-même; touchez et voyez: un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai…». Après avoir dit cela, il leur montre ses mains et ses pieds. On peut s’imaginer les voir venir à tour de rôle, chacun pour son propre compte, toucher ses mains, ses pieds et la plaie de son côté.

Avec de si bonnes preuves, il nous semble que nous serions tombés à genoux pour l’adorer comme Dieu. Mais, non, ces têtes dures ne croient pas encore, dit Saint Luc, quoique très contents de le voir. Remercions Dieu de cette dureté à croire, c’est une force de plus pour notre propre foi! Jésus les a donc bien convaincus quand ils ont finalement accepté sa résurrection!

Pour mieux les convaincre, Jésus leur demande à manger! Ils lui présentent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Il en mange devant eux et pour montrer qu’il avait bien mangé comme eux, il leur donna les restes; c’était donc la même nourriture pour eux comme pour lui. Il avait donc réellement mangé et il était sûrement vivant! Ce n’était pas un fantôme, mais un homme vraiment vivant comme les disciples.

Que pouvait-il faire de plus pour leur prouver qu’il était ressuscité? Ils ont tous touché ses plaies. Ils l’ont entendu parler, ils l’ont vu manger la même sorte de nourriture qu’eux. Cela doit nous suffire pour croire en lui. Voilà donc les saintes femmes, Marie-Madeleine, Pierre et maintenant les onze qui se sont convaincus que J.-C. est vraiment ressuscité.

Mais toutes ces preuves matérielles ne suffisent pas pour leur faire voir la portée de la résurrection de Jésus; il leur manque encore l’action du Saint-Esprit dans leur âme pour leur faire voir le plan divin pour nous avoir dans le surnaturel. C’est pourquoi Jésus dit:

JÉSUS LEUR OUVRE L’ESPRIT AUX ÉCRITURES

«C’est là ce que je vous disais, étant encore avec vous, qu’il fallait que tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes, s’accomplît». Alors il leur ouvrit l’esprit pour comprendre les Ecritures.

On voit là un bon exemple de l’absolue incapacité de l’esprit humain de saisir le sens surnaturel des Ecritures. Ces disciples avaient été avec lui pendant trois ans; il leur avait dit plusieurs fois qu’il devait être crucifié et qu’il ressusciterait le troisième jour… et ils n’y comprennent rien! Il vient à eux une fois ressuscité, ils le touchent, ils le voient manger la même nourriture qu’eux… et ils ne vont pas plus loin, ils ne comprennent rien aux Ecritures.

Il leur faut donc une intervention spéciale de Dieu pour éclairer leur esprit, afin de comprendre le sens profond, surnaturel et réel des Ecritures. Pourtant, ils étaient dans les meilleures dispositions et conditions pour comprendre. Mais rien n’entre dans leur cœur sans une intervention particulière de Jésus.

Quel dommage que tous nos prêtres ne soient pas convaincus de cette vérité! Combien pensent qu’il leur suffit de lire les Ecritures, de lire des commentaires et d’en avoir une connaissance de tête pour faire du ministère auprès des âmes. Le Saint-Esprit ne se contente pas de ce travail matériel pour ainsi dire. Si les prêtres sont satisfaits de cette connaissance, le Saint-Esprit n’agit pas, ni dans les prêtres ni dans les fidèles. On le voit bien par l’expérience; ces prêtres n’acquièrent pas le goût des Ecritures et ils n’arrivent pas à donner aux fidèles ce qu’ils n’ont pas eux-mêmes. Où sont les prêtres ou les fidèles qui vivent des Ecritures? Ils ne guident pas leur vie d’après elles du tout. Quand est-ce qu’on entend des catholiques appuyer leur conduite sur des textes de l’Ecriture?

Or, le Saint-Esprit a ses exigences pour agir dans nos cœurs et tous les prêtres et les religieux devraient le savoir! Il ne produit pas cette connaissance surnaturelle qui va au cœur pour ceux qui ont des attaches, comme les fumeurs, les priseurs, les passionnés du sport, des vues, de la mode, etc. Or, comme il est bien rare de voir des prêtres sans attaches, il est bien rare aussi d’en voir qui ont la connaissance surnaturelle des Ecritures. Dieu n’attirera pas à lui un chrétien qui trouve déjà son amour dans une créature quelconque, même permise en soi. Voilà pourquoi la masse des prêtres, des religieux et des laïques sont pratiquement comme les disciples de Jésus avant de recevoir le Saint-Esprit; ils sont épais et bouchés sur les choses surnaturelles.

En veut-on la preuve? Quand est-ce que les fidèles ont entendu la doctrine d’une foule de textes qui condamnent nos deux amours naturels avec toutes leurs conséquences dans la vie pratique? Ce sont justement ces textes que Saint Paul appelle: la force de Dieu et la sagesse de Dieu. Il veut dire que Dieu nous aide puissamment quand nous essayons de les pratiquer.

Où sont les fidèles qui ont entendu nos philosophes du clergé expliquer le texte où Saint Paul appelle les choses créées du fumier comparées à l’amour de J.-C.? Où est le prédicateur ou le missionnaire qui a jamais dit aux fidèles que son attache pour le tabac, pour le sport, les vues, etc. était du vrai fumier comparé à l’amour de Dieu?

Où sont les chrétiens qui ont jamais entendu ce texte de Saint Paul qui traite d’illégitimes tous ces chrétiens qui ne veulent pas endurer la persécution ou les épreuves tous les jours de leur vie?

Où sont ces chrétiens qui ont jamais entendu parler de ces textes de Saint Pierre où il dit que c’est notre vocation de souffrir toutes sortes de mauvais traitements injustement comme Jésus? C’est notre vocation, ce n’est donc pas des exceptions quand les autres nous font souffrir. C’est donc normal d’être maltraité comme Jésus l’a été. Où sont les catholiques qui ont jamais entendu cette doctrine?

Où sont les fidèles qui ont jamais entendu dire que Dieu choisit tout ce qui est fou, faible, pauvre pour nous sauver et donc pour nous sanctifier dans la vie ordinaire de chaque jour? Comme tout le monde se révolte quand ces moyens divins nous sont appliqués par la divine Providence! Combien savent que lorsque Dieu voudra sanctifier une personne, il l’abandonnera à des imbéciles, à des ignorants, à des méchants réellement ou apparemment? Comme tout le monde se révolte contre ces moyens bien indiqués par Dieu dans les Ecritures!

C’est donc que les prêtres n’y comprennent rien, puisqu’ils ne prêchent jamais ces textes systématiques. Or, ils sont tous essentiels pour tuer notre païen, pour mépriser les créatures et pour nous sanctifier… et les prêtres n’en savent rien! Voilà une conséquence désastreuse des attaches même aux choses permises en soi, comme de fumer, de suivre les sports, les cinémas, etc, etc. Le Saint-Esprit n’agit pas dans ces «païens» de mentalité qui sont assez épais pour chercher leur bonheur dans les échantillons de Dieu plutôt qu’en Dieu lui-même.

Nos philosophes prêtres sont donc bien de la race des pharisiens d’autrefois qui n’ont pas voulu des textes qui enseignaient la passion, la mort et la résurrection de J.-C. Nos philosophes s’opposent aussi à ces textes qui donneraient Jésus dans le cœur pour nous le faire vivre dans l’amour.

La preuve de ce que nous venons de dire est dans ce fait que tous nos philosophes persécutent n’importe quel prêtre qui prêcherait ces textes si contraires à leur propre vie et à leurs idées païennes des «in se». Comme les pharisiens étaient contre la doctrine de Jésus, ainsi nos prêtres philosophes dans tous les rangs de la société ecclésiastique sont contre tous ces textes qui nous donneraient Jésus dans le cœur.

Que chaque catholique se débarrasse donc de toutes ses attaches pour mériter cette action du Saint-Esprit qui lui ouvrirait l’esprit à la connaissance des Ecritures. Evidemment, les prêtres et les religieux en ont encore un plus grand besoin puisqu’ils doivent les prêcher au monde. Guerre aux attaches partout!

IL INSTITUE LE SACREMENT DE PÉNITENCE

Après avoir mangé, Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous. Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie». Or son Père l’a envoyé dans le monde pour le racheter par le sacrifice de sa vie et la prédication de sa doctrine. Or, pour racheter le monde, il fallait du sang, dit Saint Paul, Jésus a donné tout le sien dans sa passion douloureuse et dans sa mort ignominieuse sur la croix. Voilà donc ce à quoi Jésus envoie ses disciples. Pour racheter le monde, il faut mourir à soi pour ne plus vivre qu’en Dieu et de Dieu. Tout Apôtre doit donc faire la guerre à sa personnalité morale pour que Jésus seul vive en lui. Il doit renoncer à l’amour de toutes les créatures quelque bonnes qu’elles soient en elles-mêmes.

La vie de l’apôtre doit donc ressembler à celle de Jésus: ne pas être de la terre, mais toute du ciel et pour le ciel. Il doit être tout aux choses de Dieu comme Jésus l’était. Il doit enseigner le mépris du monde et l’amour exclusif de Dieu. Jésus n’envoie donc pas ses apôtres, ses prêtres séculiers ou réguliers, exploiter les fidèles le plus possible pour faire une vie de millionnaire! pour courir les amusements, se promener en beau char et faire bonne chère. Ces mercenaires auront un compte formidable à rendre à Dieu!

Ayant dit ces mots, il souffla sur eux et leur dit: «Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez». C’est là qu’il a donné aux prêtres le pouvoir de pardonner les péchés ou de les retenir. Or, pour qu’ils puissent exercer ce pouvoir, il faut bien que les fidèles leur confessent leurs péchés. Il les constitue juges des consciences; il faut que les fidèles les leur découvrent. Quand un gouvernement nomme un juge, il ne dit pas aux gens d’aller plaider leur cause devant lui; c’est une affaire entendue. C’est la réponse aux hérétiques qui soutiennent que nul texte n’enseigne d’aller dire ses péchés à un prêtre; c’est vrai, mais notre texte rend clairement les prêtres juges des péchés, donc cela suppose que les fidèles vont se confesser à eux.

Pour les grands prédicateurs de la seule miséricorde de Dieu et les prêtres qui ne retiennent jamais les péchés, ils ont la moitié de ce texte contre eux. A quoi bon nous donner le pouvoir de retenir les péchés si on ne refuse jamais l’absolution? Jésus supposait donc qu’il y aurait de bonnes raisons pour refuser l’absolution dans certains cas dont le confesseur doit être juge.

IL LEUR REPROCHE LEUR INCRÉDULITÉ

Saint Marc dit que Jésus se montra aux onze pendant qu’ils étaient à table; il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur de n’avoir pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

Il n’y a aucun mérite à croire parce qu’on a vu; ce n’est plus de la foi, mais de la vision et c’est bien naturel de se fier à sa vue et à ses autres sens. Or, la gloire de Dieu exige que dans le surnaturel nous acceptions tout de Dieu seul. Dans le ciel, notre raison suivra sa lumière divine et notre volonté voudra tout ce que Dieu voudra. Dieu obtient ce résultat en nous obligeant à croire son témoignage sans voir ni toucher. Par exemple, si je crois qu’il est ressuscité sur le témoignage de témoins véridiques, j’agis comme dans le ciel: j’accepte la lumière qui vient de lui et qui m’arrive indirectement, donc sans le secours de mes facultés naturelles, quoique ce soient elles qui reçoivent ce témoignage. Je crois donc sans voir ni comprendre: je me fie à Dieu et c’est là sa gloire et mon mérite.

Evidemment, j’ai le droit de m’assurer que mes témoins sont bien instruits et bien convaincus, ce qui se fait pour nous par le récit des évangélistes prouvé bien authentique et véridique. On peut le voir par le récit de ces apparitions si nombreuses et si bien prouvées et par un bon nombre de témoins qui ne se sont pas montrés crédules du tout, mais bien durs à croire, ce qui est de nature à fortifier notre foi dans leur témoignage.

Quand on lit l’histoire de l’Eglise et qu’on voyage par le monde, on constate combien toutes les générations méritent de reproches du Maître. La plupart des chrétiens n’ont qu’une idée vague de la divinité de J.-C. et ils n’ont jamais pris la peine de scruter les preuves des Ecritures pour s’en convaincre personnellement. Ils l’ont accepté trop vite de tête seulement sans en peser les conséquences pratiques dans la vie. Ils se disent catholiques et vivent exactement comme ceux qui ne le sont pas. Ce manque de foi solide se montre dans la façon de traiter les choses saintes.

Que de prêtres disent la messe comme s’ils n’y croyaient pas! Comme J.-C. dans l’Eucharistie ne les intéresse pas! Leur prédication est surtout spéculative et toute de tête et bien peu pour l’amour du cœur. Justement la doctrine qui nous dépaganiserait et nous diviniserait ne les intéresse pas non plus! Ils ne prêchent pas ou trop peu la folie de la croix et le mépris des choses créées. La raison est qu’ils cultivent des attaches qui empêchent l’action du Saint-Esprit dans leur cœur. Ils n’ont donc pas l’intelligence surnaturelle des vérités de la foi. Alors il est évident que les fidèles vont les suivre en général.

Ceux qui ont une foi solide en la résurrection de N. S. veulent le suivre dans sa vie divine des choses surnaturelles. Or, ils savent que pour cela il faut d’abord le suivre dans sa vie de renoncement et dans son crucifiement en mortifiant leur païen de toutes les façons possibles avec la grâce de Dieu. Saint Paul dit qu’il faut être crucifié au monde et le monde pour nous. Voilà la conséquence de la foi en la résurrection de N. S. Il fait mourir comme lui à soi et au monde pour ressusciter avec lui et comme lui à soi et au monde. Ne prenons pas seulement l’idée abstraite de cette doctrine, mais descendons dans le détail de la vie.

Un mort ne jouit pas du tout quand on lui offre un plaisir terrestre, eh bien! un chrétien doit en refuser le plus possible pour mourir à ce monde et vivre en celui de Dieu.

Être crucifié, c’est refuser une cigarette quand on pourrait et qu’on aimerait à la fumer. C’est refuser un verre de bière, de vin, c’est refuser d’aller au cinéma, d’aller à une joute quelconque, c’est ne pas écouter la radio, ni suivre la télévision, etc., etc. Ce sont ceux enfin qui veulent mourir à eux-mêmes qui espèrent en la résurrection de N. S. Il faut mourir pour ressusciter.

Par conséquent, tous ceux qui ne sont pas mortifiés ne croient pas aux Ecritures qui disent qu’il nous faut mourir à nous-mêmes pour ressusciter avec J.-C.; tous ceux-là méritent le reproche de Jésus qu’il adressait à ses disciples après sa résurrection.

Pauvre peuple, comment aura-t-il jamais ces textes qui enseignent qu’il faut nous mortifier de toutes les façons pour vivre la vie ressuscitée de Jésus? Les prêtres philosophes n’y croient pas et n’en parlent jamais ou trop peu. Cette mort mystique ne se rencontre pas dans la religion abstraite des «in se»; alors ils ne la prêchent jamais au peuple. Eh bien! que chaque chrétien les cherche par lui-même, ces textes, dans la Bible, surtout dans les Evangiles et les Apôtres!

Saint Luc dit que Jésus ajouta ensuite qu’on devait prêcher la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations. Il venait de dire qu’il fallait que le Christ souffrît comme il a souffert pour entrer dans sa gloire. Or, il n’a pas souffert seulement dans les mots, mais dans sa chair. Les premiers chrétiens faisaient pénitence pour tout de bon, pas par farce comme nos philosophes l’enseignent. Ils ont inventé de si subtiles distinctions qu’ils font sauter toute souffrance dans la pénitence.

Ils distinguent entre pénitence effective et affective, tantôt condamnant l’une, tantôt l’autre et finalement les gens ne savent plus à quoi s’en tenir et ils ne font plus rien. Comme pour le jeûne, ils ont réussi à enlever tout ce qu’il y a de pénible: il suffit de manger un peu moins et l’essence du jeûne est sauvé! Ils sont arrivés à pousser les fidèles à se mortifier seulement en évitant les choses défendues. Ce n’est pas vrai que Jésus et les Apôtres n’ont prêché que cette pénitence de païen! Car Jésus veut que nous tuions nos deux amours naturels; or, ce n’est pas vrai qu’on les détruit en ne se privant que des choses défendues. Il y tant de choses permises qui peuvent les alimenter parfaitement toute notre vie et cela s’enseigne par les prêtres philosophes.

N’écoutons pas les philosophes avec leur pénitence seulement dans les mots ou toute de tête, mais rien dans le corps! Comme toute leur religion qui n’est faite que de mots et de «strictement parlant» et d’abstractions. Jésus et les Apôtres et les saints n’ont pas été martyrs seulement en paroles, mais en fait; suivons-les plutôt que les philosophes du clergé qui sont de vrais païens de mentalité.

LE CAS DE SAINT THOMAS

Quand les disciples lui dirent qu’ils avaient tous vu Jésus ressuscité, Thomas leur dit: «Si je ne vois dans ses mains la marque des clous et si je ne mets mon doigt dans le trou des clous et ma main dans son côté, je ne croirai pas».

Or, huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées et debout au milieu d’eux, il leur dit: «La paix soit avec vous». Il dit ensuite à Thomas: «Enfonce ici ton doigt et regarde mes mains; approche ta main et mets-la dans mon côté et ne sois plus incrédule, mais croyant». Thomas répondit et dit: «Mon Seigneur et mon Dieu». Jésus lui dit: «Tu as cru, Thomas, parce que tu as vu; heureux ceux qui qui n’ont point vu et qui ont cru».

Remercions Dieu d’avoir permis cet entêtement chez Thomas; cela prouve qu’ils ont cru quand ils se sont tous bien assurés de la résurrection de J.-C. Ils s’en sont si parfaitement convaincus tous comme on le voit qu’ils l’ont prêché toute leur vie et qu’ils sont morts martyrs pour l’attester de leur sang.

Voilà ceux que Jésus veut que nous croyions pour avoir une foi véritablement surnaturelle avec la grâce de Dieu. Voilà notre mérite si nous croyons fermement la divinité de J.-C., à cause de sa résurrection surtout. Que notre vie montre la solidité de notre foi dans ce monde surnaturel si bien illustré dans la glorieuse vie de J.-C. et durant les quarante jours de ses apparitions à ses disciples. Pratiquons donc les textes qui enseignent la nécessité de mourir à nous-mêmes et au monde! Et que ce soit sans distinction de philosophe qui réduirait tout à des mots ou des idées. Jésus a souffert dans sa chair! Faisons comme lui, souffrons dans notre chair!