DEUXIÈME
INSTRUCTION LA RÉSURRECTION.
L’Ange
dit aux femmes: «Ne craignez point, vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été
crucifié; il est ressuscité, il n’est plus ici; voici le lieu où on l’avait
mis». Marc, 16-5.
PLAN
Remarque.
JÉSUS ANNONCE SA
RÉSURRECTION
TÉMOIGNAGES DES ANGES.
Preuves:
PAR SES APPARITIONS,
TÉMOIGNAGES DES APÔTRES, LE FONDEMENT DE NOTRE FOI.
Elle est: LE GAGE DE
NOTRE ESPÉRANCE, LE STIMULANT DE NOTRE
AMOUR.
REMARQUE
Pour suivre Jésus dans le
monde surnaturel de la foi qui nous dépasse complètement et qui exige de nous
pratiquement le sacrifice de toute notre vie naturelle, il nous faut être bien
convaincus de sa divinité. Or, notre grande preuve est dans sa mort volontaire
et dans sa résurrection. Car, comme dit Saint Paul, si J.-C. n’est pas
ressuscité, notre religion est vaine. C’est que Jésus se montre le Maître
absolu de la vie et de la mort, ce qui n’appartient qu’à Dieu seul.
En proportion que nous
sommes bien déterminés à faire tous les sacrifices que la foi nous demande,
nous sentons le besoin de nous convaincre que Jésus est bien Dieu. Quand on
veut sincèrement renoncer à soi-même et au monde, on veut des preuves que Jésus
est bien Dieu. Or la pratique de la doctrine donnée dans les instructions de
cette troisième série requiert le renoncement à soi-même et le mépris souverain
des créatures. Personne ne peut faire ces grands sacrifices, s’il n’est pas
absolument convaincu de la divinité de J.-C.
Evidemment, cette foi en
Jésus ne vient pas de la tête mais d’une grâce particulière de Dieu. Lorsque
Pierre fait sa profession de foi en disant à Jésus: «Vous êtes le Fils de Dieu
vivant», N.S. lui dit: «Ce n’est pas la chair ni le sang qui te l’ont révélé,
mais mon Père qui est dans le ciel». C’est donc surtout par la prière et la
sainteté de la vie qu’on peut obtenir cette grâce ineffable de la foi vive.
C’est ce que nous voulons
faire en parcourant ces instructions sur l’activité du St-Esprit dans les âmes.
Après avoir suivi la vie de J.-C. du mieux que nous pouvions, nous espérons que
le St-Esprit nous rappellera toutes ces choses dans l’esprit et surtout dans le
cœur comme lui seul peut le faire. Qu’il fasse pour nous ce qu’il a fait pour
les Apôtres, quand il descendit sur eux le jour de la Pentecôte. Qu’il nous
transforme complètement en véritables enfants de Dieu pour non seulement avoir
la grâce sanctifiante, mais aussi pour nous laisser guider à l’avenir
uniquement par l’Esprit Saint. Il ne suffit pas d’être enfant de Dieu, il faut
aussi agir en enfant de Dieu. Que Dieu nous accorde cette immense grâce par les
mérites de Jésus et l’intercession de Marie médiatrice de toute grâce.
SES PREUVES
Nous n’avons pas
l’intention de démontrer rigoureusement, comme on fait en classe de théologie,
la résurrection de N.S. Dans une retraite, il suffit de repasser brièvement
quelques-unes des principales preuves simplement pour stimuler notre foi et la
rendre plus pratique et plus concrète pour que nous vivions plus selon ses
exigences. Nous visons surtout à alimenter le cœur plutôt que l’esprit pour croître
en amour de Dieu.
JÉSUS ANNONCE SA
RÉSURRECTION.
C’est une chose inouïe qu’un homme annonce plusieurs fois sa mort
quand il le voudra et qu’il se ressuscitera lui-même par son propre pouvoir
trois jours après sa mort. Il donne sa résurrection comme un signe de sa
divinité et de la vérité de sa doctrine. Les Juifs ont bien compris ses
paroles, puisqu’ils demandent à Pilate des gardes pour surveiller le tombeau de
peur que ses disciples ne viennent enlever les corps et ne disent ensuite qu’il
est ressuscité. Voici quelques-unes des prophéties à ce sujet.
Mt. 12-40: «Une
génération maligne et adultère demande un signe et ce signe ne lui sera donné
hormis le signe de Jonas, le prophète. Car tout ainsi que Jonas fut dans le
ventre du poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera
dans le cœur de la terre trois jours et trois nuits».
On voit que Jésus ne
parle pas «strictement parlant» comme nos philosophes. Ces trois jours et ces
trois nuits sont pris au sens moral. Il a été en terre vendredi en partie,
samedi et une partie de dimanche. Jamais Jésus ne coupe les cheveux en quatre;
il n’était pas philosophe du tout. Il avait trop de jugement pour l’être!
Jo. 2-17: «Jésus vient de
chasser les vendeurs du temple et les Juifs lui demandent de quel droit il le
fait: «Quel signe nous montres-tu pour agir de la sorte?» Jésus leur dit:
«Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai». Là-dessus les Juifs
dirent: «Il a fallu 46 ans pour bâtir ce temple et toi, en trois jours, tu le
relèveras?». Mais lui, parlait du temple de son corps. Quand donc il fut
ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela et ils
crurent à l’Ecriture et à la parole qu’avait dite Jésus».
Sur le Calvaire, les
Juifs se montrent bien qu’ils avaient compris que Jésus parlait de son corps,
d’après ce que dit Mt. 27-39: «Et ceux qui passaient là, le bafouaient,
branlant la tête et disant: «Toi qui détruis le temple et en trois jours le
réédifies, sauve-toi! Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi, descends de la
croix!».
Jo. 10-17: «C’est pour
cela que mon Père m’aime, parce que je quitte ma vie pour la reprendre.
Personne ne me la ravit, mais c’est de moi-même que je la quitte; j’ai le
pouvoir de la quitter et j’ai le pouvoir de la reprendre». Dieu seul est
capable de cela.
Mc 8-31: «Il se mit en
même temps à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît
beaucoup, qu’il fût rejeté par les Anciens, par les Princes des prêtres et par
les scribes, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât trois jours après».
Jamais aucun homme n’avait parlé ainsi de sa mort et de sa future résurrection,
surtout par son propre pouvoir. Il faut être Dieu pour parler de la sorte.
TÉMOIGNAGES DES ANGES.
Saint Mathieu dit: «La nuit du sabbat, à l’aurore du premier jour qui suit le
sabbat, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre. Et, tout à
coup, il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur
descendit du ciel, vint renverser la pierre et s’assit dessus. Son visage était
brillant comme un éclair et ses vêtements blancs comme la neige. Les gardes
furent tellement saisis de frayeur qu’ils devinrent comme morts. Mais l’ange
s’adressant aux femmes leur dit: «Venez et voyez où le Seigneur a été déposé».
Saint Luc dit que lorsque
les femmes entrèrent dans le sépulcre, elles virent deux anges tout éclatants
de lumière et comme elles étaient saisies de frayeur, n’osant pas même lever
les yeux, les anges leur dirent: «Pourquoi cherchez vous parmi les morts celui
qui est vivant? Il n’est point ici, il est ressuscité. Souvenez-vous qu’étant
encore en Galilée, il vous disait: «Il faut que le Fils de l’homme soit livré
entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le
troisième jour». Elles se souvinrent des paroles de Jésus et étant revenues du
sépulcre avec une crainte mêlée de joie, elles racontèrent aux Apôtres tout ce
qu’elles avaient vu et entendu».
Saint Luc dit que ces
femmes étaient Marie-Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques et les autres
qui étaient avec elles. Nous avons donc cinq ou six femmes qui ont vu et
entendu ces deux anges leur annoncer que Jésus était bien ressuscité. Dieu veut
les préparer un peu pour voir Jésus lui-même.
Il convenait que des
anges fussent les premiers à annoncer la résurrection de N.S. Ils vinrent du
monde surnaturel où Jésus est maintenant; ils peuvent parler en connaissance de
cause! Ils sont du ciel que Jésus vient nous ouvrir et ils jettent une belle
lumière céleste dans le tombeau comme une aurore qui annonce le Soleil de
justice. On aime à les suivre dans leur monde invisible, mais bien réel comme
leur présence l’atteste. C’est là que s’en va Jésus nous préparer une place
dans les demeures éternelles. Ils ne sont que les messagers du Christ-Roi,
encore un instant et les saintes femmes verront le Roi lui-même!
Remercions Dieu de nous
avoir donné deux si bons témoins de la résurrection. Ils ne peuvent pas
s’illusionner; ils disent ce qu’ils savent parfaitement et ce qu’ils ont vu
eux-mêmes. Il est impossible que cinq ou six femmes se soient illusionnées sur
ce point, surtout-quand elles ne s’attendaient pas du tout à la résurrection.
Nous avons donc là de bien bons témoins pour notre foi.
PAR SES APPARITIONS.
Ce
sont elles qui constituent la plus forte preuve de ce miracle. Pendant quarante
jours il apparaît à plusieurs personnes, individuellement et en groupes, en
différents temps et différents lieux. Il entre sans passer ni par les portes ni
par les fenêtres, toutes bien fermées et barricadées par peur des Juifs et il
disparaît de la même façon, après leur avoir parlé, avoir mangé avec eux…
jusqu’à même aller à la pêche avec eux! et leur faire prendre même
miraculeusement beaucoup de poissons… tout en restant sur le rivage du lac. Il
se montre assez souvent pour les convaincre tous qu’il est vraiment vivant dans
un autre monde.
Ce qui est frappant est
que pas un disciple n’est disposé à croire à la résurrection. Pas un n’a voulu
la croire avant de s’en être rendu compte par lui-même. Pas un n’a pris le
témoignage des autres quelque nombreux qu’ils fussent. Ils voient le tombeau
vide, les femmes disent que des anges affirment qu’il est ressuscité, les uns
qui le voient lui-même arrivent et le disent aux autres, mais pas un seul ne
les croit! Personne n’a le droit de dire qu’ils ont été crédules.
Malgré tout ce que Jésus
leur avait dit, cette idée ne leur était pas du tout entrée dans la tête. Ils
ne pouvaient donc pas se suggestionner sur le fait de la résurrection. Saint
Jean lui-même dit après avoir vu le tombeau vide et avoir entendu tout ce que les
saintes femmes lui ont dit: «Les disciples ne savaient pas encore les Ecritures
qui prédisent sa résurrection».
Tous s’en sont convaincus
par eux-mêmes, si bien qu’ils la prêcheront avec force dans le monde et
subiront le martyre pour leur foi en elle. Ils prêchaient ce que leurs yeux
avaient vu et ce que leurs mains avaient touché du Verbe de vie. Leur
incrédulité fonde notre foi en la résurrection de Jésus. Remercions Dieu de
nous avoir donné tant de preuves.
Ce n’est pas pour rien
que Jésus apparaît ainsi pendant quarante jours; il nous fallait tout cela pour
appuyer notre foi sur celle des Apôtres. Ils s’en sont convaincus jusqu’au fond
de l’âme. C’était bien nécessaire pour nous qui devions croire sans avoir vu.
Notre foi repose sur la leur; elle devait donc être bien solide. «Heureux ceux
qui croiront sans avoir vu».
Ces témoins sont très
nombreux. Ainsi le jour de son Ascension, ils étaient cinq cents qui l’ont
accompagné jusque sur le mont des Oliviers pour le voir monter au ciel. Des centaines
de ces témoins ont subi le martyre pour attester leur foi en la divinité de
Jésus parce qu’ils l’avaient vu ressuscité.
On peut se demander
pourquoi Jésus apparaît d’abord aux femmes. Il semble bien que c’est parce
qu’elles montrent plus d’amour pour lui; ce sont elles qui sont restées au pied
de la croix, qui l’ont embaumé et qui l’ont accompagné jusqu’à son tombeau.
Après le sabbat, ce sont encore elles qui retournent au tombeau pour compléter
l’embaumement incomplet de la veille. Les Apôtres, à part Jean, s’en sont allés
chez eux et ne se sont plus occupés du corps. Même quand les femmes leur disent
ce qu’elles ont vu et entendu, deux seulement, Pierre et Jean, se dérangent
pour aller vérifier les dires des femmes. Quelle apathie! On ne dira pas qu’ils
attendaient la résurrection et qu’ils se sont suggestionnés! Elle ne leur
entrait même pas dans l’idée après le témoignage des femmes.
Pourquoi Jésus permit-il
aux femmes de le toucher et qu’il ne le permet pas à Marie-Madeleine à qui il
lui apparaît seule? Une bonne réponse, je crois, est qu’il voulait les saintes
femmes comme témoins de son humanité et Marie-Madeleine comme témoin de sa
divinité.
D’après l’Evangile, c’est
à Marie-Madeleine qu’il apparaît le premier, à cette grande pécheresse. Quel
abîme de miséricorde! Mais aussi on sait combien elle s’était humiliée et avait
pleuré ses péchés et quel amour ardent elle eut pour Jésus. «Beaucoup de péchés
lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé», dit Jésus à Simon. Quel
encouragement pour tous les pécheurs! Nous pouvons tous être admis à la
familiarité de Jésus si nous pouvons l’aimer ardemment et regretter sincèrement
nos péchés. Jésus aura encore pour nous des grâces de choix et il déversera
dans nos âmes des flots de doctrine céleste comme en Marie-Madeleine.
•TÉMOIGNAGES DES APÔTRES.
D’abord ils affirment qu’il est bien mort, crucifié sur la croix. Ils décrivent
tous les détails de son procès apparent, de sa condamnation à mort et de son
exécution. Ils donnent tous les détails du crucifiement et comment Pilate
s’informe si Jésus est bien mort et il envoie des soldats achever les
suppliciés. Ils cassent les jambes des deux larrons, mais comme ils trouvent
Jésus déjà mort, ils ne les lui cassent pas. Mais un soldat transperce son cœur
d un travers à l’autre et il sort de la plaie de l’eau et du sang. Ce seul coup
suffisait pour le tuer s’il n’était pas mort. Puis les soldats surveillent son
sépulcre pendant le temps qu’il est dans le tombeau. Sa mort ne peut donc faire
aucun doute.
Or, après cette mort bien
certaine, Jésus se manifeste bien vivant à ses disciples pendant quarante jours
de telle sorte qu’il les convainc parfaitement de sa résurrection. C’est elle
qui va faire le fond de leur prédication, car il est évident que la preuve de
sa divinité se trouve surtout là, où un mort se ressuscite par sa propre
puissance comme il l’avait prédit plusieurs fois et la donnant comme preuve de
sa divinité. S’il n’était pas le Fils de Dieu, Dieu était tenu d’empêcher ce
miracle pour que nous ne soyons pas trompés par Jésus-Christ.
Actes, 1-22: «Quand les
Apôtres choisissent un remplaçant de Judas, ils disent: «Il faut donc que parmi
les hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a été
avec nous… il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection». Il
faut qu’il sache qu’il est ressuscité s’il doit prêcher J.-C.!».
Actes, 4-33: «Avec
beaucoup de force les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du
Sauveur Jésus et une grande grâce était avec eux».
Actes, 26-30: «Paul dit à
Festus: «Par l’assistance de Dieu, j’ai subsisté jusqu’à ce jour, rendant
témoignage de Jésus aux grands et aux petits et ne disant autre chose que ce
que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver: que le Christ
souffrirait, qu’il serait le premier dans la résurrection des morts et qu’il
annoncerait la lumière au peuple et aux petits».
1 Cor., 15: «Je vous ai
transmis en premier lieu ce que moi-même j’ai reçu: que le Christ est mort pour
nos péchés conformément aux Ecritures, et qu’il a été enseveli et qu’il est
ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures et qu’il est apparu à
Céphas, ensuite aux douze, ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères en
une fois, desquels la plupart vivent encore en ce jour, mais quelques-uns sont
morts. Ensuite il est apparu à Jacques, ensuite à tous les Apôtres et enfin il
est apparu à moi aussi, comme avorton, car moi je suis le dernier des Apôtres,
indigne d’être appelé apôtre, puisque j’ai persécuté l’Eglise de Dieu».
Les disciples ont été
transformés radicalement par la foi en la résurrection de J.-C. Ces hommes
découragés, désillusionnés et abattus par la mort de leur Maître, devinrent ses
témoins dévoués jusqu’au martyre, tant ils sont inébranlables dans leur foi en
sa divinité à cause de sa résurrection.
Une remarque importante
pour nous tous: les Apôtres ne prêchaient pas simplement le fait de la
résurrection comme nos philosophes font de nos jours, mais ils déduisaient tout
de suite les conséquences pratiques pour notre vie spirituelle. Ils exhortaient
les fidèles à le suivre dans la mort et dans les souffrances, afin de le suivre
dans la vie surnaturelle de la résurrection. Ils prêchaient contre nos deux
amours naturels qui constituent notre vie naturelle qu’il faut tuer à tout prix
pour que Jésus vienne vivre en nous. Si nous ne mourons pas à nous-mêmes en
tuant ces deux amours naturels, nous ne pouvons pas ressusciter avec J.-C.
Saint Paul est plein de cette idée: qu’il faut mourir à soi et au monde pour
vivre en J.-C. et ainsi le suivre dans sa résurrection. On comprend que nos
philosophes du clergé séculier et régulier ne soient pas zélés pour étudier
Saint Paul. Il les condamne dans tout ce qu’il dit. La guerre à mort à nos deux
amours naturels fait le fond de sa doctrine… et l’affection et la protection de
ces deux amours fait le fond de la mentalité de nos prêtres philosophes; ils
sont donc aux antipodes de la doctrine de Saint Paul et donc de J.-C.
Cette vérité est le pivot
de la vie chrétienne des premiers siècles de l’Eglise. Le sachant vivant, les
chrétiens mettaient en lui toute leur espérance en cette vie divine à laquelle
ils aspiraient de tout leur cœur. Convaincu que son Sauveur, homme comme lui,
était déjà rendu au ciel pour aller lui préparer une place, tout chrétien était
enflammé du désir de le suivre jusque-là et il prenait les moyens les plus sûrs
pour y arriver.
Quel dommage que les
prêtres ne sachent pas tirer parti de ce dogme fondamental de notre religion
pour faire des saints de beaucoup de chrétiens! Au lieu de toujours parler du
péché même à éviter, combien plus efficace la prédication qui montre la
perfection d’un Dieu à imiter pour aller participer à son bonheur infini au
ciel! Que Dieu ouvre les yeux à tous nos prêtres sur ce point capital!
LA RÉSURRECTION EST…
LE FONDEMENT DE NOTRE
FOI, non pas seulement de l’acte de foi par lequel nous croyons en J.-C., mais
surtout de la vie de foi. Si l’on croit qu’il est Dieu, il faut pratiquer toute
sa doctrine. Or, elle est tellement contraire à la vie naturelle que les hommes
vivent ordinairement, qu’il faut être bien convaincu que Jésus est vraiment
Dieu. Or, ce point se prouve surtout par sa résurrection.
La difficulté pour nous,
vient non pas de la résurrection, mais de ce qu’elle suppose. Si je crois en la
résurrection de J.-C., je dois vouloir ressusciter comme lui et avec lui pour
aller au ciel un jour avec lui. Or, pour ma résurrection, il me faut ma mort
mystique et donc ma véritable passion par le renoncement à mes deux amours
naturels qui font toute ma vie de païen ou naturelle. Alors c’est cette vie de
sacrifices continuels qui m’est si pénible qu’il me faut croire bien fermement
en la divinité de Jésus et donc en sa résurrection.
Remarquons que ces
sacrifices sont surtout dans les motifs naturels. Comme Jésus a mangé, a bu, a
parlé avec les hommes après sa résurrection, nous pouvons et nous devons
continuer de travailler, de manger, de dormir et ainsi de suite. Mais ce qui
change, ce sont les motifs: un être divinisé doit avoir des motifs purement
surnaturels exactement comme s’il était déjà dans le ciel.
Tout chrétien doit
s’exercer continuellement à la vie qu’il mènera au ciel. Dieu nous laisse sur
la terre précisément pour nous donner une chance de vivre librement et donc
avec mérite la vie divine du ciel. Nous avons la foi et la grâce pour nous
aider à le faire. Dans le ciel, nous aimerons Dieu comme le premier
commandement l’exige, de toutes nos forces. Nous devons commencer tout de suite
à le faire. Donc à vivre uniquement pour les choses de Dieu. Ce changement de
vie radical est toute une question d’amour. C’est le cœur qui doit opérer cette
transformation. Tout en vivant dans le monde et en usant du monde, nous ne
devons jamais lui donner un brin de notre amour, mais le garder tout pour Dieu.
En effet, Jésus est venu nous appeler au monde surnaturel de la grâce qui est
une participation réelle à la vie de la Sainte Trinité. Nous ne sommes donc
plus par l’amour dans le monde naturel, mais totalement dans le monde divin.
Agissons donc en conséquence. Voilà ce que les Apôtres prêchaient aux premiers
chrétiens. Ecoutons Saint Paul aux Col., 3: «Si donc vous êtes ressuscités avec
J.-C., recherchez les choses du ciel, où J.-C. est assis à la droite de Dieu;
n’ayez de goût que pour les choses du ciel et non pour celles de la terre, car
vous êtes morts et votre vie est cachée en Dieu avec J.-C.».
Dieu est amour et ceux
qui veulent demeurer dans Dieu doivent demeurer dans son amour. Tout est une question
d’amour! Il ne s’agit pas de cesser de manger, mais il s’agit de cesser de
manger par amour des mets qu’on nous sert. Il ne s’agit pas de cesser de se
récréer, mais de ne pas le faire par amour de récréations, mais par utilité ou
nécessité.
Comme Saint Paul
l’enseigne, il ne veut pas que nous ayons du goût pour les choses naturelles de
la terre! Pas de goût! Pas d’affection! Pas d’affection! Pas d’amour! Pas
d’amour! pour les choses de la terre, mais uniquement pour celles du ciel! Il
n’en faisait pas une question de péché ou non péché, comme tous nos philosophes
du clergé. Le ciel n’est pas une question de simple rectitude dans les actions,
c’est une question d’amour de préférence de Dieu sur les créatures! Quand est-ce
que nos prêtres vont prêcher cette doctrine et nous laisser la paix avec leurs
péchés!
Mais l’on voit que cette
mentalité de Saint Paul vient du fait qu’il a approfondi les conséquences de la
résurrection de J.-C., surtout avec son idée que nous faisons une seule chose
avec J.-C., que nous mourons au monde avec lui, que nous souffrons avec lui, et
donc que nous vivons divinement avec lui! Il ne suffit pas de viser à l’absence
de péché comme nos philosophes font, mais viser à reproduire la vie divine de
J.-C. Il y a un abîme entre la vie d’un bon païen sans péché et la vie divine
de Jésus. C’est cette dernière qu’il nous faut à tout prix.
Est-ce qu’un mort rejette
simplement les choses défendues? Il n’est plus de ce monde et donc il n’a pas
plus les permises que les défendues! Eh bien! La position ou la condition d’un
véritable chrétien qui veut suivre J.-C.: Il est mort à toutes les créatures
sans distinction de bonnes ou mauvaises. Où sont les prêtres qui prêchent cette
doctrine bien authentique de Jésus comme Saint Paul en fait foi dans tous ses
écrits. Ne suivons plus les philosophes, mais Jésus, les Apôtres et les Saints.
C’est l’idée de notre
résurrection avec Jésus qui inspire aux Apôtres toute leur prédication sur
notre mort au monde. Nous devons ressusciter avec Jésus, autrement pas de ciel
pour nous. Or, pour ressusciter avec lui, il faut mourir avec lui. Si on veut
la fin, il faut vouloir l’unique moyen pour y arriver. C’est la mort au monde
selon l’amour, pas selon l’usage. Ils prêchaient donc avec une grande force la
nécessité absolue de tuer nos deux amours naturels: l’amour de soi et l’amour
des créatures. On trouve cette idée partout dans les Epîtres. Ce qui montre que
c’est bien la doctrine de J.-C. Quand Saint Ignace nous demande d’avoir une
aversion entière pour tout ce que le monde aime et embrasse, il a bien la
mentalité des Apôtres.
La conclusion est que
nous devons nous renoncer assez pour affaiblir le plus possible notre
amour-propre et nous mortifier assez pour cesser d’aimer le monde. Refusez tous
les plaisirs jusqu’à ce que vous n’ayez aucun amour pour eux! et que vous le
preniez comme un remède pour votre santé. Dès qu’on a de l’affection pour une
chose créée, notre «païen» reprend vie, il s’éloigne de la mort mystique et
donc de la résurrection avec Jésus. Quelle folie que de perdre des biens
éternels pour un plaisir passager!
Evidemment, on trouve
cela dur au début. Saint Paul dit qu’il est crucifié au monde et le monde
crucifié pour lui. C’était dur pour lui aussi! Il montre donc son aversion
entière pour le monde. Mais quand on pense à l’éternité bienheureuse, qu’est-ce
que cela fait de souffrir un peu sur la terre; ces souffrances nous donnent un
poids éternel de gloire. On sait combien les premiers chrétiens étaient
mortifiés et détachés. Ils donnaient leurs biens aux pauvres pour avoir des
trésors célestes en compagnie de Jésus ressuscité.
La doctrine de Jésus ne
change pas avec les siècles. Ceux du XXe siècle, qui veulent ressusciter avec
Jésus, doivent tuer leurs deux amours naturels en les sevrant de toute
jouissance pour la jouissance, ou de toute affection pour elle. C’est pourquoi
avec cette doctrine, on ne fait pas de distinction entre jouissance permise et
jouissance défendue. Personne n’a le droit d’en prendre par affection ou par
amour. Presque toute la prédication des philosophes tombe par le fait même!
Jamais ils n’en font une question d’amour, mais simplement de rectitude. Ils
permettent l’affection pour les plaisirs permis, ce que Jésus, les Apôtres et
tous les Saints condamnent fortement. «N’aimez pas le monde ni ce qu’il y a
dans le monde; si quelqu’un aime le monde, la charité du Père n’est pas en
lui». Les prêtres divisent le monde en choses permises et choses défendues et
ils permettent à tous les chrétiens d’aimer les choses permises; ils sont donc
de travers avec l’Apôtre sur cette partie. Il n’y a pas un texte dans
l’Evangile qui permet qu’on aime une créature pour elle-même et donc qui permet
des attaches comme les prêtres philosophes le permettent.
Par exemple, on vous
invite à une soirée, même bonne; si vous pouvez le sacrifier, faites-le. On
vous offre un verre de bière, dites que vous n’en prenez pas. On veut vous
amener à une partie intéressante, dites qu’elle ne vous intéresse pas. On vous
invite à une danse, dites que vous ne dansez pas, etc… Les prêtres ne jugent
ces plaisirs qu’en fonction du péché; donc s’il n’y a pas de péché, ils nous
permettent d’aimer ces plaisirs. Ils sont donc contre le premier commandement
de Dieu, qui mobilise absolument toutes nos capacités pour l’amour de Dieu. Il
n’en reste plus pour aucune créature quelque bonne qu’elle soit!…
LE GAGE DE NOTRE
ESPÉRANCE.
Dans notre transformation en divin, le sacrifice de l’humain nous
est extrêmement pénible et, pour l’endurer, il nous faut une grande assurance
que nous aurons les biens célestes en récompense. Or, pour aller au ciel, en
jouir, il nous faut ressusciter avec J.C. C’est cette résurrection qui nous
donnera le courage de souffrir avec Jésus. Citons encore Saint Paul qui a toute
cette belle doctrine que nous entendons si rarement expliquer par les prêtres
philosophes avec leur religion spéculative.
11 Cor. 4-8: «En toute
chose nous souffrons la tribulation, mais nous ne sommes pas accablés… Nous
sommes persécutés, mais non délaissés, portant toujours et partout en notre
corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre
corps. Car, nous qui vivons, nous sommes livrés à la mort pour Jésus, afin que
la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle… Sachant que Celui
qui a ressuscité Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus et nous fera paraître
devant lui avec vous… C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, mais quoique
notre homme extérieur en nous se détruise, néanmoins l’homme intérieur se
renouvelle de jour en jour. Car nos tribulations présentes qui ne durent qu’un
moment et qui sont si légères nous produisent un poids éternel de gloire
sublime et incomparable».
Quel dommage que nos
prêtres ne parlent pas plus souvent des conséquences pour nous du dogme de la
résurrection! Comme nos catholiques seraient autrement patients et charitables
envers les autres! Comme ils béniraient même le ciel de leur donner des moyens
si sûrs d’arriver avec J.-C. au ciel? S’ils savaient que ce sont justement
toutes leurs épreuves qui constituent la mort mystique qui leur donne droit à
la résurrection avec Jésus.
Voilà l’idée qui a
soutenu le courage des martyrs et qui soutient le courage de tous les saints
qui souffrent pour l’amour de J.-C. On peut voir combien nos chrétiens ignorent
cette idée par le nombre immense de ceux qui s’impatientent, qui s’énervent et
qui disputent à tout propos dans la vie! Ils ne pensent donc pas à la
résurrection, puisqu’ils ne veulent pas mourir mystiquement. Ils veulent garder
et choyer leur deux amours naturels qui constituent la vie de leur païen, dans
la même mesure ils s’éloignent de la résurrection avec Jésus. Tous ceux qui
pèchent aussi ne vivent pas de cette idée du tout; ils préfèrent un plaisir
éphémère aux joies du ciel; ils contentent leur païen, il est donc bien en vie!
Que tous ceux dont les conversations
roulent sur les choses de la terre sachent bien qu’ils sont encore loin de la
mort nécessaire pour ressusciter avec Jésus. Puisqu’ils aiment le monde, ils ne
sont donc pas moins au monde et, par conséquent, ils ne peuvent pas encore
espérer ressusciter avec Jésus. Qu’ils se hâtent de mourir à tout au monde et à
eux-mêmes!
Tandis que ceux qui
souffrent en combattant leurs deux amours naturels peuvent espérer de recevoir
la vie de Jésus dans l’éternité. Pas un jour de Pâques sans Vendredi saint! Or,
notre Vendredi saint dure toute la vie pour nous en général. Nous sommes
tellement délicats que Dieu nous donne des échantillons de la croix de Jésus à
petite dose et donc il faut que ce traitement dure plus longtemps. Suivons donc
Jésus sur la croix pour le suivre dans sa résurrection!
LE STIMULANT DE NOTRE
AMOUR.
C’est la conséquence des deux points précédents: l’amour découle de la
foi et de l’espérance. Plus l’esprit est rempli de l’idée des biens célestes et
plus la volonté les voudra. Ce n’est pas une espérance vaine que nous avons,
car puisque le corps humain de Jésus est ressuscité et qu’il est déjà au ciel,
il est certain que nous aussi nous ressusciterons comme lui et avec lui, si
nous mourons à nous-mêmes et au monde avant notre mort réelle. Nous pourrons
donc jouir avec Jésus des joies ineffables de la Trinité en union avec Jésus.
Rien comme cette
certitude de posséder un jour le bonheur céleste dans notre propre corps
ressuscité pour nous faire aimer les choses de Dieu. Les disciples ont conçu un
immense amour quand ils le virent ressuscité. Ils ne vivent plus que pour lui.
Comme dit Saint Paul: «J.-C. est ma vie; ce n’est plus Paul qui vit, c’est
Jésus qui vit en lui».
C’est parce qu’ils ont
tant aimé N.S. que le Saint-Esprit faisait tant de merveilles de conversion à
l’occasion de leur prédication Le Saint-Esprit suit J.-C.: en proportion que
nous l’avons dans le cœur, le Saint-Esprit nous sanctifie. On va dire que c’est
le Saint-Esprit qui forme Jésus en nous. C’est vrai, mais il faut le vouloir,
le désirer, et c’est cet amour de volonté qui attire le Saint-Esprit à produire
réellement dans l’âme une augmentation de la présence surnaturelle de J.-C. en
nous, qui à son tour stimule la volonté à en vouloir encore plus.
Saint Paul aux Héb., 12,
nous donne Jésus comme modèle de victime. Parce qu’il s’est mis devant les yeux
l’état de joie qui lui était offert, après sa résurrection, il a soutenu le
tourment sans broncher. Eh bien! C’est donc dans la mesure que nous aurons
devant les yeux de la foi la vie éternelle qui nous est réservée à cause de la
résurrection de J.C. et de la nôtre qui suivra, que nous aurons le courage de
souffrir en nous-mêmes ce qui manque à la passion de Jésus.
Au lieu de nous plaindre,
nous aurons la force d’endurer les échantillons de la passion que Dieu juge bon
pour nous faire participer au bonheur de J.-C. au ciel. Quelle force dans les
martyrs! C’est qu’ils aimaient tellement Jésus qu’ils voulaient être avec lui
au ciel. Ils croyaient donc à sa résurrection et à la leur un jour.
Demandons instamment la
grâce d’être tellement remplis de Jésus assis à la droite de son Père, que nous
soyons enflammés de son amour pour tout faire, afin d’aller avec lui après
notre mort. Commençons donc de vivre avec lui tout de suite sur la terre dans
la foi par la grâce de Dieu. Que le Saint-Esprit nous ouvre les yeux du cœur
sur ce qui nous attend au ciel, afin que nous souffrions volontiers les peines
que Dieu nous envoie pour participer au calice de Jésus, afin de participer à
son bonheur céleste. Que la Sainte Vierge, Marie médiatrice de toute grâce,
nous obtienne cette faveur!
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