samedi 14 avril 2018

Père Onésime Lacouture - 3-3 - La Résurrection



DEUXIÈME INSTRUCTION LA RÉSURRECTION.

L’Ange dit aux femmes: «Ne craignez point, vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié; il est ressuscité, il n’est plus ici; voici le lieu où on l’avait mis». Marc, 16-5.

PLAN

Remarque.

JÉSUS ANNONCE SA RÉSURRECTION
TÉMOIGNAGES DES ANGES. Preuves:
PAR SES APPARITIONS, TÉMOIGNAGES DES APÔTRES, LE FONDEMENT DE NOTRE FOI.
Elle est: LE GAGE DE NOTRE ESPÉRANCE, LE STIMULANT DE NOTRE AMOUR.

REMARQUE

Pour suivre Jésus dans le monde surnaturel de la foi qui nous dépasse complètement et qui exige de nous pratiquement le sacrifice de toute notre vie naturelle, il nous faut être bien convaincus de sa divinité. Or, notre grande preuve est dans sa mort volontaire et dans sa résurrection. Car, comme dit Saint Paul, si J.-C. n’est pas ressuscité, notre religion est vaine. C’est que Jésus se montre le Maître absolu de la vie et de la mort, ce qui n’appartient qu’à Dieu seul.

En proportion que nous sommes bien déterminés à faire tous les sacrifices que la foi nous demande, nous sentons le besoin de nous convaincre que Jésus est bien Dieu. Quand on veut sincèrement renoncer à soi-même et au monde, on veut des preuves que Jésus est bien Dieu. Or la pratique de la doctrine donnée dans les instructions de cette troisième série requiert le renoncement à soi-même et le mépris souverain des créatures. Personne ne peut faire ces grands sacrifices, s’il n’est pas absolument convaincu de la divinité de J.-C.

Evidemment, cette foi en Jésus ne vient pas de la tête mais d’une grâce particulière de Dieu. Lorsque Pierre fait sa profession de foi en disant à Jésus: «Vous êtes le Fils de Dieu vivant», N.S. lui dit: «Ce n’est pas la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans le ciel». C’est donc surtout par la prière et la sainteté de la vie qu’on peut obtenir cette grâce ineffable de la foi vive.

C’est ce que nous voulons faire en parcourant ces instructions sur l’activité du St-Esprit dans les âmes. Après avoir suivi la vie de J.-C. du mieux que nous pouvions, nous espérons que le St-Esprit nous rappellera toutes ces choses dans l’esprit et surtout dans le cœur comme lui seul peut le faire. Qu’il fasse pour nous ce qu’il a fait pour les Apôtres, quand il descendit sur eux le jour de la Pentecôte. Qu’il nous transforme complètement en véritables enfants de Dieu pour non seulement avoir la grâce sanctifiante, mais aussi pour nous laisser guider à l’avenir uniquement par l’Esprit Saint. Il ne suffit pas d’être enfant de Dieu, il faut aussi agir en enfant de Dieu. Que Dieu nous accorde cette immense grâce par les mérites de Jésus et l’intercession de Marie médiatrice de toute grâce.

SES PREUVES

Nous n’avons pas l’intention de démontrer rigoureusement, comme on fait en classe de théologie, la résurrection de N.S. Dans une retraite, il suffit de repasser brièvement quelques-unes des principales preuves simplement pour stimuler notre foi et la rendre plus pratique et plus concrète pour que nous vivions plus selon ses exigences. Nous visons surtout à alimenter le cœur plutôt que l’esprit pour croître en amour de Dieu.

JÉSUS ANNONCE SA RÉSURRECTION. 
C’est une chose inouïe qu’un homme annonce plusieurs fois sa mort quand il le voudra et qu’il se ressuscitera lui-même par son propre pouvoir trois jours après sa mort. Il donne sa résurrection comme un signe de sa divinité et de la vérité de sa doctrine. Les Juifs ont bien compris ses paroles, puisqu’ils demandent à Pilate des gardes pour surveiller le tombeau de peur que ses disciples ne viennent enlever les corps et ne disent ensuite qu’il est ressuscité. Voici quelques-unes des prophéties à ce sujet.

Mt. 12-40: «Une génération maligne et adultère demande un signe et ce signe ne lui sera donné hormis le signe de Jonas, le prophète. Car tout ainsi que Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le cœur de la terre trois jours et trois nuits».

On voit que Jésus ne parle pas «strictement parlant» comme nos philosophes. Ces trois jours et ces trois nuits sont pris au sens moral. Il a été en terre vendredi en partie, samedi et une partie de dimanche. Jamais Jésus ne coupe les cheveux en quatre; il n’était pas philosophe du tout. Il avait trop de jugement pour l’être!

Jo. 2-17: «Jésus vient de chasser les vendeurs du temple et les Juifs lui demandent de quel droit il le fait: «Quel signe nous montres-tu pour agir de la sorte?» Jésus leur dit: «Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai». Là-dessus les Juifs dirent: «Il a fallu 46 ans pour bâtir ce temple et toi, en trois jours, tu le relèveras?». Mais lui, parlait du temple de son corps. Quand donc il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela et ils crurent à l’Ecriture et à la parole qu’avait dite Jésus».

Sur le Calvaire, les Juifs se montrent bien qu’ils avaient compris que Jésus parlait de son corps, d’après ce que dit Mt. 27-39: «Et ceux qui passaient là, le bafouaient, branlant la tête et disant: «Toi qui détruis le temple et en trois jours le réédifies, sauve-toi! Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi, descends de la croix!».

Jo. 10-17: «C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je quitte ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit, mais c’est de moi-même que je la quitte; j’ai le pouvoir de la quitter et j’ai le pouvoir de la reprendre». Dieu seul est capable de cela.

Mc 8-31: «Il se mit en même temps à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, qu’il fût rejeté par les Anciens, par les Princes des prêtres et par les scribes, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât trois jours après». Jamais aucun homme n’avait parlé ainsi de sa mort et de sa future résurrection, surtout par son propre pouvoir. Il faut être Dieu pour parler de la sorte.

TÉMOIGNAGES DES ANGES. 
Saint Mathieu dit: «La nuit du sabbat, à l’aurore du premier jour qui suit le sabbat, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre. Et, tout à coup, il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint renverser la pierre et s’assit dessus. Son visage était brillant comme un éclair et ses vêtements blancs comme la neige. Les gardes furent tellement saisis de frayeur qu’ils devinrent comme morts. Mais l’ange s’adressant aux femmes leur dit: «Venez et voyez où le Seigneur a été déposé».

Saint Luc dit que lorsque les femmes entrèrent dans le sépulcre, elles virent deux anges tout éclatants de lumière et comme elles étaient saisies de frayeur, n’osant pas même lever les yeux, les anges leur dirent: «Pourquoi cherchez vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n’est point ici, il est ressuscité. Souvenez-vous qu’étant encore en Galilée, il vous disait: «Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour». Elles se souvinrent des paroles de Jésus et étant revenues du sépulcre avec une crainte mêlée de joie, elles racontèrent aux Apôtres tout ce qu’elles avaient vu et entendu».

Saint Luc dit que ces femmes étaient Marie-Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques et les autres qui étaient avec elles. Nous avons donc cinq ou six femmes qui ont vu et entendu ces deux anges leur annoncer que Jésus était bien ressuscité. Dieu veut les préparer un peu pour voir Jésus lui-même.

Il convenait que des anges fussent les premiers à annoncer la résurrection de N.S. Ils vinrent du monde surnaturel où Jésus est maintenant; ils peuvent parler en connaissance de cause! Ils sont du ciel que Jésus vient nous ouvrir et ils jettent une belle lumière céleste dans le tombeau comme une aurore qui annonce le Soleil de justice. On aime à les suivre dans leur monde invisible, mais bien réel comme leur présence l’atteste. C’est là que s’en va Jésus nous préparer une place dans les demeures éternelles. Ils ne sont que les messagers du Christ-Roi, encore un instant et les saintes femmes verront le Roi lui-même!

Remercions Dieu de nous avoir donné deux si bons témoins de la résurrection. Ils ne peuvent pas s’illusionner; ils disent ce qu’ils savent parfaitement et ce qu’ils ont vu eux-mêmes. Il est impossible que cinq ou six femmes se soient illusionnées sur ce point, surtout-quand elles ne s’attendaient pas du tout à la résurrection. Nous avons donc là de bien bons témoins pour notre foi.

PAR SES APPARITIONS. 
Ce sont elles qui constituent la plus forte preuve de ce miracle. Pendant quarante jours il apparaît à plusieurs personnes, individuellement et en groupes, en différents temps et différents lieux. Il entre sans passer ni par les portes ni par les fenêtres, toutes bien fermées et barricadées par peur des Juifs et il disparaît de la même façon, après leur avoir parlé, avoir mangé avec eux… jusqu’à même aller à la pêche avec eux! et leur faire prendre même miraculeusement beaucoup de poissons… tout en restant sur le rivage du lac. Il se montre assez souvent pour les convaincre tous qu’il est vraiment vivant dans un autre monde.

Ce qui est frappant est que pas un disciple n’est disposé à croire à la résurrection. Pas un n’a voulu la croire avant de s’en être rendu compte par lui-même. Pas un n’a pris le témoignage des autres quelque nombreux qu’ils fussent. Ils voient le tombeau vide, les femmes disent que des anges affirment qu’il est ressuscité, les uns qui le voient lui-même arrivent et le disent aux autres, mais pas un seul ne les croit! Personne n’a le droit de dire qu’ils ont été crédules.

Malgré tout ce que Jésus leur avait dit, cette idée ne leur était pas du tout entrée dans la tête. Ils ne pouvaient donc pas se suggestionner sur le fait de la résurrection. Saint Jean lui-même dit après avoir vu le tombeau vide et avoir entendu tout ce que les saintes femmes lui ont dit: «Les disciples ne savaient pas encore les Ecritures qui prédisent sa résurrection».

Tous s’en sont convaincus par eux-mêmes, si bien qu’ils la prêcheront avec force dans le monde et subiront le martyre pour leur foi en elle. Ils prêchaient ce que leurs yeux avaient vu et ce que leurs mains avaient touché du Verbe de vie. Leur incrédulité fonde notre foi en la résurrection de Jésus. Remercions Dieu de nous avoir donné tant de preuves.

Ce n’est pas pour rien que Jésus apparaît ainsi pendant quarante jours; il nous fallait tout cela pour appuyer notre foi sur celle des Apôtres. Ils s’en sont convaincus jusqu’au fond de l’âme. C’était bien nécessaire pour nous qui devions croire sans avoir vu. Notre foi repose sur la leur; elle devait donc être bien solide. «Heureux ceux qui croiront sans avoir vu».

Ces témoins sont très nombreux. Ainsi le jour de son Ascension, ils étaient cinq cents qui l’ont accompagné jusque sur le mont des Oliviers pour le voir monter au ciel. Des centaines de ces témoins ont subi le martyre pour attester leur foi en la divinité de Jésus parce qu’ils l’avaient vu ressuscité.

On peut se demander pourquoi Jésus apparaît d’abord aux femmes. Il semble bien que c’est parce qu’elles montrent plus d’amour pour lui; ce sont elles qui sont restées au pied de la croix, qui l’ont embaumé et qui l’ont accompagné jusqu’à son tombeau. Après le sabbat, ce sont encore elles qui retournent au tombeau pour compléter l’embaumement incomplet de la veille. Les Apôtres, à part Jean, s’en sont allés chez eux et ne se sont plus occupés du corps. Même quand les femmes leur disent ce qu’elles ont vu et entendu, deux seulement, Pierre et Jean, se dérangent pour aller vérifier les dires des femmes. Quelle apathie! On ne dira pas qu’ils attendaient la résurrection et qu’ils se sont suggestionnés! Elle ne leur entrait même pas dans l’idée après le témoignage des femmes.

Pourquoi Jésus permit-il aux femmes de le toucher et qu’il ne le permet pas à Marie-Madeleine à qui il lui apparaît seule? Une bonne réponse, je crois, est qu’il voulait les saintes femmes comme témoins de son humanité et Marie-Madeleine comme témoin de sa divinité.

D’après l’Evangile, c’est à Marie-Madeleine qu’il apparaît le premier, à cette grande pécheresse. Quel abîme de miséricorde! Mais aussi on sait combien elle s’était humiliée et avait pleuré ses péchés et quel amour ardent elle eut pour Jésus. «Beaucoup de péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé», dit Jésus à Simon. Quel encouragement pour tous les pécheurs! Nous pouvons tous être admis à la familiarité de Jésus si nous pouvons l’aimer ardemment et regretter sincèrement nos péchés. Jésus aura encore pour nous des grâces de choix et il déversera dans nos âmes des flots de doctrine céleste comme en Marie-Madeleine.

•TÉMOIGNAGES DES APÔTRES. 
D’abord ils affirment qu’il est bien mort, crucifié sur la croix. Ils décrivent tous les détails de son procès apparent, de sa condamnation à mort et de son exécution. Ils donnent tous les détails du crucifiement et comment Pilate s’informe si Jésus est bien mort et il envoie des soldats achever les suppliciés. Ils cassent les jambes des deux larrons, mais comme ils trouvent Jésus déjà mort, ils ne les lui cassent pas. Mais un soldat transperce son cœur d un travers à l’autre et il sort de la plaie de l’eau et du sang. Ce seul coup suffisait pour le tuer s’il n’était pas mort. Puis les soldats surveillent son sépulcre pendant le temps qu’il est dans le tombeau. Sa mort ne peut donc faire aucun doute.

Or, après cette mort bien certaine, Jésus se manifeste bien vivant à ses disciples pendant quarante jours de telle sorte qu’il les convainc parfaitement de sa résurrection. C’est elle qui va faire le fond de leur prédication, car il est évident que la preuve de sa divinité se trouve surtout là, où un mort se ressuscite par sa propre puissance comme il l’avait prédit plusieurs fois et la donnant comme preuve de sa divinité. S’il n’était pas le Fils de Dieu, Dieu était tenu d’empêcher ce miracle pour que nous ne soyons pas trompés par Jésus-Christ.

Actes, 1-22: «Quand les Apôtres choisissent un remplaçant de Judas, ils disent: «Il faut donc que parmi les hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a été avec nous… il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection». Il faut qu’il sache qu’il est ressuscité s’il doit prêcher J.-C.!».

Actes, 4-33: «Avec beaucoup de force les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Sauveur Jésus et une grande grâce était avec eux».

Actes, 26-30: «Paul dit à Festus: «Par l’assistance de Dieu, j’ai subsisté jusqu’à ce jour, rendant témoignage de Jésus aux grands et aux petits et ne disant autre chose que ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver: que le Christ souffrirait, qu’il serait le premier dans la résurrection des morts et qu’il annoncerait la lumière au peuple et aux petits».

1 Cor., 15: «Je vous ai transmis en premier lieu ce que moi-même j’ai reçu: que le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, et qu’il a été enseveli et qu’il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures et qu’il est apparu à Céphas, ensuite aux douze, ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères en une fois, desquels la plupart vivent encore en ce jour, mais quelques-uns sont morts. Ensuite il est apparu à Jacques, ensuite à tous les Apôtres et enfin il est apparu à moi aussi, comme avorton, car moi je suis le dernier des Apôtres, indigne d’être appelé apôtre, puisque j’ai persécuté l’Eglise de Dieu».

Les disciples ont été transformés radicalement par la foi en la résurrection de J.-C. Ces hommes découragés, désillusionnés et abattus par la mort de leur Maître, devinrent ses témoins dévoués jusqu’au martyre, tant ils sont inébranlables dans leur foi en sa divinité à cause de sa résurrection.

Une remarque importante pour nous tous: les Apôtres ne prêchaient pas simplement le fait de la résurrection comme nos philosophes font de nos jours, mais ils déduisaient tout de suite les conséquences pratiques pour notre vie spirituelle. Ils exhortaient les fidèles à le suivre dans la mort et dans les souffrances, afin de le suivre dans la vie surnaturelle de la résurrection. Ils prêchaient contre nos deux amours naturels qui constituent notre vie naturelle qu’il faut tuer à tout prix pour que Jésus vienne vivre en nous. Si nous ne mourons pas à nous-mêmes en tuant ces deux amours naturels, nous ne pouvons pas ressusciter avec J.-C. Saint Paul est plein de cette idée: qu’il faut mourir à soi et au monde pour vivre en J.-C. et ainsi le suivre dans sa résurrection. On comprend que nos philosophes du clergé séculier et régulier ne soient pas zélés pour étudier Saint Paul. Il les condamne dans tout ce qu’il dit. La guerre à mort à nos deux amours naturels fait le fond de sa doctrine… et l’affection et la protection de ces deux amours fait le fond de la mentalité de nos prêtres philosophes; ils sont donc aux antipodes de la doctrine de Saint Paul et donc de J.-C.

Cette vérité est le pivot de la vie chrétienne des premiers siècles de l’Eglise. Le sachant vivant, les chrétiens mettaient en lui toute leur espérance en cette vie divine à laquelle ils aspiraient de tout leur cœur. Convaincu que son Sauveur, homme comme lui, était déjà rendu au ciel pour aller lui préparer une place, tout chrétien était enflammé du désir de le suivre jusque-là et il prenait les moyens les plus sûrs pour y arriver.

Quel dommage que les prêtres ne sachent pas tirer parti de ce dogme fondamental de notre religion pour faire des saints de beaucoup de chrétiens! Au lieu de toujours parler du péché même à éviter, combien plus efficace la prédication qui montre la perfection d’un Dieu à imiter pour aller participer à son bonheur infini au ciel! Que Dieu ouvre les yeux à tous nos prêtres sur ce point capital!

LA RÉSURRECTION EST…

LE FONDEMENT DE NOTRE FOI, non pas seulement de l’acte de foi par lequel nous croyons en J.-C., mais surtout de la vie de foi. Si l’on croit qu’il est Dieu, il faut pratiquer toute sa doctrine. Or, elle est tellement contraire à la vie naturelle que les hommes vivent ordinairement, qu’il faut être bien convaincu que Jésus est vraiment Dieu. Or, ce point se prouve surtout par sa résurrection.

La difficulté pour nous, vient non pas de la résurrection, mais de ce qu’elle suppose. Si je crois en la résurrection de J.-C., je dois vouloir ressusciter comme lui et avec lui pour aller au ciel un jour avec lui. Or, pour ma résurrection, il me faut ma mort mystique et donc ma véritable passion par le renoncement à mes deux amours naturels qui font toute ma vie de païen ou naturelle. Alors c’est cette vie de sacrifices continuels qui m’est si pénible qu’il me faut croire bien fermement en la divinité de Jésus et donc en sa résurrection.

Remarquons que ces sacrifices sont surtout dans les motifs naturels. Comme Jésus a mangé, a bu, a parlé avec les hommes après sa résurrection, nous pouvons et nous devons continuer de travailler, de manger, de dormir et ainsi de suite. Mais ce qui change, ce sont les motifs: un être divinisé doit avoir des motifs purement surnaturels exactement comme s’il était déjà dans le ciel.

Tout chrétien doit s’exercer continuellement à la vie qu’il mènera au ciel. Dieu nous laisse sur la terre précisément pour nous donner une chance de vivre librement et donc avec mérite la vie divine du ciel. Nous avons la foi et la grâce pour nous aider à le faire. Dans le ciel, nous aimerons Dieu comme le premier commandement l’exige, de toutes nos forces. Nous devons commencer tout de suite à le faire. Donc à vivre uniquement pour les choses de Dieu. Ce changement de vie radical est toute une question d’amour. C’est le cœur qui doit opérer cette transformation. Tout en vivant dans le monde et en usant du monde, nous ne devons jamais lui donner un brin de notre amour, mais le garder tout pour Dieu. En effet, Jésus est venu nous appeler au monde surnaturel de la grâce qui est une participation réelle à la vie de la Sainte Trinité. Nous ne sommes donc plus par l’amour dans le monde naturel, mais totalement dans le monde divin. Agissons donc en conséquence. Voilà ce que les Apôtres prêchaient aux premiers chrétiens. Ecoutons Saint Paul aux Col., 3: «Si donc vous êtes ressuscités avec J.-C., recherchez les choses du ciel, où J.-C. est assis à la droite de Dieu; n’ayez de goût que pour les choses du ciel et non pour celles de la terre, car vous êtes morts et votre vie est cachée en Dieu avec J.-C.».

Dieu est amour et ceux qui veulent demeurer dans Dieu doivent demeurer dans son amour. Tout est une question d’amour! Il ne s’agit pas de cesser de manger, mais il s’agit de cesser de manger par amour des mets qu’on nous sert. Il ne s’agit pas de cesser de se récréer, mais de ne pas le faire par amour de récréations, mais par utilité ou nécessité.

Comme Saint Paul l’enseigne, il ne veut pas que nous ayons du goût pour les choses naturelles de la terre! Pas de goût! Pas d’affection! Pas d’affection! Pas d’amour! Pas d’amour! pour les choses de la terre, mais uniquement pour celles du ciel! Il n’en faisait pas une question de péché ou non péché, comme tous nos philosophes du clergé. Le ciel n’est pas une question de simple rectitude dans les actions, c’est une question d’amour de préférence de Dieu sur les créatures! Quand est-ce que nos prêtres vont prêcher cette doctrine et nous laisser la paix avec leurs péchés!

Mais l’on voit que cette mentalité de Saint Paul vient du fait qu’il a approfondi les conséquences de la résurrection de J.-C., surtout avec son idée que nous faisons une seule chose avec J.-C., que nous mourons au monde avec lui, que nous souffrons avec lui, et donc que nous vivons divinement avec lui! Il ne suffit pas de viser à l’absence de péché comme nos philosophes font, mais viser à reproduire la vie divine de J.-C. Il y a un abîme entre la vie d’un bon païen sans péché et la vie divine de Jésus. C’est cette dernière qu’il nous faut à tout prix.

Est-ce qu’un mort rejette simplement les choses défendues? Il n’est plus de ce monde et donc il n’a pas plus les permises que les défendues! Eh bien! La position ou la condition d’un véritable chrétien qui veut suivre J.-C.: Il est mort à toutes les créatures sans distinction de bonnes ou mauvaises. Où sont les prêtres qui prêchent cette doctrine bien authentique de Jésus comme Saint Paul en fait foi dans tous ses écrits. Ne suivons plus les philosophes, mais Jésus, les Apôtres et les Saints.

C’est l’idée de notre résurrection avec Jésus qui inspire aux Apôtres toute leur prédication sur notre mort au monde. Nous devons ressusciter avec Jésus, autrement pas de ciel pour nous. Or, pour ressusciter avec lui, il faut mourir avec lui. Si on veut la fin, il faut vouloir l’unique moyen pour y arriver. C’est la mort au monde selon l’amour, pas selon l’usage. Ils prêchaient donc avec une grande force la nécessité absolue de tuer nos deux amours naturels: l’amour de soi et l’amour des créatures. On trouve cette idée partout dans les Epîtres. Ce qui montre que c’est bien la doctrine de J.-C. Quand Saint Ignace nous demande d’avoir une aversion entière pour tout ce que le monde aime et embrasse, il a bien la mentalité des Apôtres.

La conclusion est que nous devons nous renoncer assez pour affaiblir le plus possible notre amour-propre et nous mortifier assez pour cesser d’aimer le monde. Refusez tous les plaisirs jusqu’à ce que vous n’ayez aucun amour pour eux! et que vous le preniez comme un remède pour votre santé. Dès qu’on a de l’affection pour une chose créée, notre «païen» reprend vie, il s’éloigne de la mort mystique et donc de la résurrection avec Jésus. Quelle folie que de perdre des biens éternels pour un plaisir passager!

Evidemment, on trouve cela dur au début. Saint Paul dit qu’il est crucifié au monde et le monde crucifié pour lui. C’était dur pour lui aussi! Il montre donc son aversion entière pour le monde. Mais quand on pense à l’éternité bienheureuse, qu’est-ce que cela fait de souffrir un peu sur la terre; ces souffrances nous donnent un poids éternel de gloire. On sait combien les premiers chrétiens étaient mortifiés et détachés. Ils donnaient leurs biens aux pauvres pour avoir des trésors célestes en compagnie de Jésus ressuscité.

La doctrine de Jésus ne change pas avec les siècles. Ceux du XXe siècle, qui veulent ressusciter avec Jésus, doivent tuer leurs deux amours naturels en les sevrant de toute jouissance pour la jouissance, ou de toute affection pour elle. C’est pourquoi avec cette doctrine, on ne fait pas de distinction entre jouissance permise et jouissance défendue. Personne n’a le droit d’en prendre par affection ou par amour. Presque toute la prédication des philosophes tombe par le fait même! Jamais ils n’en font une question d’amour, mais simplement de rectitude. Ils permettent l’affection pour les plaisirs permis, ce que Jésus, les Apôtres et tous les Saints condamnent fortement. «N’aimez pas le monde ni ce qu’il y a dans le monde; si quelqu’un aime le monde, la charité du Père n’est pas en lui». Les prêtres divisent le monde en choses permises et choses défendues et ils permettent à tous les chrétiens d’aimer les choses permises; ils sont donc de travers avec l’Apôtre sur cette partie. Il n’y a pas un texte dans l’Evangile qui permet qu’on aime une créature pour elle-même et donc qui permet des attaches comme les prêtres philosophes le permettent.

Par exemple, on vous invite à une soirée, même bonne; si vous pouvez le sacrifier, faites-le. On vous offre un verre de bière, dites que vous n’en prenez pas. On veut vous amener à une partie intéressante, dites qu’elle ne vous intéresse pas. On vous invite à une danse, dites que vous ne dansez pas, etc… Les prêtres ne jugent ces plaisirs qu’en fonction du péché; donc s’il n’y a pas de péché, ils nous permettent d’aimer ces plaisirs. Ils sont donc contre le premier commandement de Dieu, qui mobilise absolument toutes nos capacités pour l’amour de Dieu. Il n’en reste plus pour aucune créature quelque bonne qu’elle soit!…

LE GAGE DE NOTRE ESPÉRANCE. 
Dans notre transformation en divin, le sacrifice de l’humain nous est extrêmement pénible et, pour l’endurer, il nous faut une grande assurance que nous aurons les biens célestes en récompense. Or, pour aller au ciel, en jouir, il nous faut ressusciter avec J.C. C’est cette résurrection qui nous donnera le courage de souffrir avec Jésus. Citons encore Saint Paul qui a toute cette belle doctrine que nous entendons si rarement expliquer par les prêtres philosophes avec leur religion spéculative.

11 Cor. 4-8: «En toute chose nous souffrons la tribulation, mais nous ne sommes pas accablés… Nous sommes persécutés, mais non délaissés, portant toujours et partout en notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre corps. Car, nous qui vivons, nous sommes livrés à la mort pour Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle… Sachant que Celui qui a ressuscité Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus et nous fera paraître devant lui avec vous… C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, mais quoique notre homme extérieur en nous se détruise, néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos tribulations présentes qui ne durent qu’un moment et qui sont si légères nous produisent un poids éternel de gloire sublime et incomparable».

Quel dommage que nos prêtres ne parlent pas plus souvent des conséquences pour nous du dogme de la résurrection! Comme nos catholiques seraient autrement patients et charitables envers les autres! Comme ils béniraient même le ciel de leur donner des moyens si sûrs d’arriver avec J.-C. au ciel? S’ils savaient que ce sont justement toutes leurs épreuves qui constituent la mort mystique qui leur donne droit à la résurrection avec Jésus.
Voilà l’idée qui a soutenu le courage des martyrs et qui soutient le courage de tous les saints qui souffrent pour l’amour de J.-C. On peut voir combien nos chrétiens ignorent cette idée par le nombre immense de ceux qui s’impatientent, qui s’énervent et qui disputent à tout propos dans la vie! Ils ne pensent donc pas à la résurrection, puisqu’ils ne veulent pas mourir mystiquement. Ils veulent garder et choyer leur deux amours naturels qui constituent la vie de leur païen, dans la même mesure ils s’éloignent de la résurrection avec Jésus. Tous ceux qui pèchent aussi ne vivent pas de cette idée du tout; ils préfèrent un plaisir éphémère aux joies du ciel; ils contentent leur païen, il est donc bien en vie!
Que tous ceux dont les conversations roulent sur les choses de la terre sachent bien qu’ils sont encore loin de la mort nécessaire pour ressusciter avec Jésus. Puisqu’ils aiment le monde, ils ne sont donc pas moins au monde et, par conséquent, ils ne peuvent pas encore espérer ressusciter avec Jésus. Qu’ils se hâtent de mourir à tout au monde et à eux-mêmes!

Tandis que ceux qui souffrent en combattant leurs deux amours naturels peuvent espérer de recevoir la vie de Jésus dans l’éternité. Pas un jour de Pâques sans Vendredi saint! Or, notre Vendredi saint dure toute la vie pour nous en général. Nous sommes tellement délicats que Dieu nous donne des échantillons de la croix de Jésus à petite dose et donc il faut que ce traitement dure plus longtemps. Suivons donc Jésus sur la croix pour le suivre dans sa résurrection!

LE STIMULANT DE NOTRE AMOUR. 
C’est la conséquence des deux points précédents: l’amour découle de la foi et de l’espérance. Plus l’esprit est rempli de l’idée des biens célestes et plus la volonté les voudra. Ce n’est pas une espérance vaine que nous avons, car puisque le corps humain de Jésus est ressuscité et qu’il est déjà au ciel, il est certain que nous aussi nous ressusciterons comme lui et avec lui, si nous mourons à nous-mêmes et au monde avant notre mort réelle. Nous pourrons donc jouir avec Jésus des joies ineffables de la Trinité en union avec Jésus.

Rien comme cette certitude de posséder un jour le bonheur céleste dans notre propre corps ressuscité pour nous faire aimer les choses de Dieu. Les disciples ont conçu un immense amour quand ils le virent ressuscité. Ils ne vivent plus que pour lui. Comme dit Saint Paul: «J.-C. est ma vie; ce n’est plus Paul qui vit, c’est Jésus qui vit en lui».

C’est parce qu’ils ont tant aimé N.S. que le Saint-Esprit faisait tant de merveilles de conversion à l’occasion de leur prédication Le Saint-Esprit suit J.-C.: en proportion que nous l’avons dans le cœur, le Saint-Esprit nous sanctifie. On va dire que c’est le Saint-Esprit qui forme Jésus en nous. C’est vrai, mais il faut le vouloir, le désirer, et c’est cet amour de volonté qui attire le Saint-Esprit à produire réellement dans l’âme une augmentation de la présence surnaturelle de J.-C. en nous, qui à son tour stimule la volonté à en vouloir encore plus.

Saint Paul aux Héb., 12, nous donne Jésus comme modèle de victime. Parce qu’il s’est mis devant les yeux l’état de joie qui lui était offert, après sa résurrection, il a soutenu le tourment sans broncher. Eh bien! C’est donc dans la mesure que nous aurons devant les yeux de la foi la vie éternelle qui nous est réservée à cause de la résurrection de J.C. et de la nôtre qui suivra, que nous aurons le courage de souffrir en nous-mêmes ce qui manque à la passion de Jésus.

Au lieu de nous plaindre, nous aurons la force d’endurer les échantillons de la passion que Dieu juge bon pour nous faire participer au bonheur de J.-C. au ciel. Quelle force dans les martyrs! C’est qu’ils aimaient tellement Jésus qu’ils voulaient être avec lui au ciel. Ils croyaient donc à sa résurrection et à la leur un jour.

Demandons instamment la grâce d’être tellement remplis de Jésus assis à la droite de son Père, que nous soyons enflammés de son amour pour tout faire, afin d’aller avec lui après notre mort. Commençons donc de vivre avec lui tout de suite sur la terre dans la foi par la grâce de Dieu. Que le Saint-Esprit nous ouvre les yeux du cœur sur ce qui nous attend au ciel, afin que nous souffrions volontiers les peines que Dieu nous envoie pour participer au calice de Jésus, afin de participer à son bonheur céleste. Que la Sainte Vierge, Marie médiatrice de toute grâce, nous obtienne cette faveur! 


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