jeudi 24 mars 2016

Abbé Migne - Jeudi-Saint



Du grec κοινός, repas commun, Cæna en latin, dérive ce nom français de Cène, par lequel on désigne, en Liturgie, le dernier repas que fit Notre-Seigneur avec ses apôtres, la veille de sa passion. Les protestants ont donné fort improprement ce nom à l’Eucharistie, car ce n’est point durant la Cène ou repas que Jésus-Christ institua ce sacrement, mais après le repas. L’évangéliste saint Luc s’exprime à cet égard d’une manière précise; il en est de même dans la première Epître de saint Paul aux Corinthiens, chap. II. Bergier a fait cette remarque. Néanmoins les autres évangélistes disent formellement que Jésus-Christ prit le pain et la coupe, pendant le souper. Ceci du reste n’est pas d’une haute importance. Il existait en Afrique, du temps de saint Augustin, qui en parle, un usage qui était destiné à rappeler la Cène eucharistique. Le jour du Jeudi saint on disait la Messe, le soir immédiatement après le souper. Le Concile de Carthage réforma cette coutume. En France, le même usage a dû exister, puisqu’un Concile de Mâcon le proscrivit. On appelait cela faire la Cène dominicale.

Comme il s’agit ici de l’institution du plus auguste des sacrements, nous croyons devoir présenter quelques développements que nous puisons dans le Traité des Fêtes, par Benoît XIV. Il est certain d’abord que les Hébreux ne s’asseyaient pas sur des sièges, mais qu’ils se couchaient sur des lits, et que, s’appuyant sur le coude, ils prenaient leurs repas. Notre-Seigneur et les apôtres durent donc se conformer à cette coutume. On ne pourrait d’ailleurs expliquer le véritable sens des paroles de saint Luc, lorsqu’il parle de la sainte femme qui se tenait derrière Jésus-Christ, si le Sauveur eût été assis à table comme nous. Ainsi donc, Notre-Seigneur étant couché sur le lit, avait la tête tournée vers la table, et les pieds, que la sainte femme arrosait de ses larmes, étaient étendus en dehors. Comment d’ailleurs saint Jean aurait-il pu reposer sa tête sur la poitrine de Jésus-Christ, si celui-ci eût été assis. En cette posture, il fut facile au disciple bien-aimé de se coucher ainsi, ce qui eût été impossible si notre usage eût été habituel, en ce temps-là. Nos peintres devraient donc ainsi représenter la Cène, et la vraisemblance ne serait pas choquée, quand ils dépeignent saint Jean se reposant sur la poitrine du Sauveur. Le même pape fait mention d’anciennes représentations de la Cène qui corroborent, si cela était nécessaire, un sentiment fondé sur des connaissances positives et rationnelles.

Avant le repas, Jésus lava les pieds des apôtres ; pour cela il se dépouilla de son vêtement et se ceignit d'un linge avec lequel il devait les essuyer. Celle dernière circonstance prouve surtout la grande humilité de Jésus-Christ, car c'était les esclaves seuls qui se ceignaient de la sorte. On raconte que certains moines venus de Jérusalem au mont Cassin, y apportèrent une portion de ce linge ; pour éprouver si c'était bien réellement celui-là, ils le jetèrent au feu, et après l'y avoir vu entièrement s'enflammer, ils écartèrent les charbons et le linge fut trouvé dans son intégrité. Léon d'Ostie rapporte ce fait et Jean Chifflet le confirme. Il y a diversité d'opinions sur le moment précis où Notre-Seigneur lava les pieds des apôtres. Les uns prétendent que c'est après la Cène, se fondant sur ces paroles : et Cæna facta. D'autres adhèrent au premier sentiment. Il faut remarquer avec les interprètes, qu'il y eut en cette circonstance au moins deux Cènes. La première est la Cène légale dans laquelle Jésus-Christ mangea l'agneau pascal, la seconde est la Cène eucharistique. C’est entre ces deux Cènes que Notre-Seigneur lava les pieds des apôtres, selon l’opinion la plus commune ; c'était pour leur apprendre avec quelle pureté l'on doit approcher de l'Eucharistie. La première Cène, qui n'était qu'une figure, n'avait pas besoin d'être précédée de celte lotion allégorique.

Plusieurs actions de Jésus-Christ doivent être considérées dans l'institution de l'Eucharistie. Il prit d'abord du pain, rendît grâces à son Père, rompit ce pain et le distribua à ses apôtres en leur adressant les paroles « Prenez et mangez; ceci est mon corps. » il prit la coupe, rendit pareillement grâces à son Père, la présenta à ses apôtres en leur disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang du Nouveau Testament, qui sera répandu pour plusieurs en rémission des péchés. » On demande si celte double consécration fut simultanée et s'il n'y eut pas un intervalle pendant lequel Notre-Seigneur fit quelque autre chose. Benoit XIV dit que selon le sentiment le plus généralement adopté, cette double consécration ne fut point interrompue.  Il n'adopte donc pas l'opinion de ceux qui prétendent que d'abord il consacra le pain et que ensuite, après le repas, il consacra le vin. L'institution du sacrement et du sacrifice eucharistique devait donc avoir lieu en même temps. Jésus-Christ consacra-t-il du pain azyme? Le savant pape dit qu'on n'en peut douter, car la Cène eut lieu au premier jour des azymes, pendant lequel temps il était défendu aux Juifs d'avoir en leur maison du pain fermenté. Néanmoins l'Eglise n'a jamais défini que la Consécration n'était valide qu'avec du pain sans levain. Les Grecs consacrent validement avec du pain levé, selon la déclaration du Concile tenu, en 1439, à Florence, pour la réunion des deux Eglises.

Judas reçut-il le corps et le sang de Jésus-Christ? Celle question a été l'objet d'une grande controverse entre les théologiens et les interprètes des livres saints. Les trois saints évangélistes Matthieu, Marc et Luc disent bien que Notre-Seigneur mangea l'agneau pascal avec ses douze apôtres, mais il n'est pas aussi clair que les douze assis tassent au second repas et encore moins à la Cène eucharistique. Les uns pensent que Judas n'assista point à cette dernière, et qu'ayant été signalé comme traître, il se retira. Les autres disent qu'il n'assista pas jusqu'à la fin du second repas après lequel Jésus-Christ institua l'Eucharistie. D'autres enfin disent que Judas reçut comme les autres apôtres le pain que son Maître lui présenta, mais qu'en ce moment Jésus-Christ ôta la Consécration au pain eucharistique donné au traître. Benoit XIV rejette toutes ces opinions, cl prouve que Judas fil bien réellement la communion. Il s'appuie sur l'autorité des anciens Pères de l'Eglise et de la très-majeure partie des théologiens. L'Eglise semble d'ailleurs approuver exclusivement cette opinion lorsqu'elle chante avec saint Thomas d'Aquin: Quem in sacræ mensa Cænæ, turbæ fratrum duodenæ, datum non ambigitur. Si l'Eucharistie fut reçue par les douze apôtres, sans nul doute Judas y participa.

II.

Aujourd'hui le nom de Cène est donné au lavement des pieds que le pape, les évêques etc., et môme quelques rois ou princes souverains ont coutume de pratiquer le Jeudi saint. Cet usage est d'une très-haute antiquité. Le Concile de Tolède, en 694, en fait une prescription sévère aux évêques et condamne ceux qui la violeraient à être privés de la communion pendant deux mois. Ceci prouve qu'il y avait eu du relâchement dans l'observation de celte pieuse pratique ; or, comme on sait, le relâchement ne s'introduit jamais qu'au bout de plusieurs siècles d'usage bien suivi. A Rome ce cérémonial a été observé depuis les époques les plus reculées, non point sans certaines variations ou modifications que la succession des temps amène toujours. Il y a sur ce point une singularité qui mérite d'être expliquée. En plusieurs Eglises, on lave les pieds à douze pauvres. A Rome, selon les anciens ordres, le pape lavait les pieds à douze diacres, ou, à leur défaut, à douze chapelains. Mais dans les Ordres plus récents, il est dit que le pape doit laver les pieds de treize pauvres revêtus d'une tunique blanche. Depuis longtemps, on est dans l'usage à Rome de laver les pieds de treize prêtres que l'on prend de plusieurs nations. On demande la raison pour laquelle on ne s'est point borné au nombre de douze, qui était celui des apôtres? Les sentiments sont partagés à cet égard. On voit dans ce treizième l'apôtre saint Paul, qui, quoiqu'il n'ait pas assisté à la Cène dominicale, puis qu'il n'était pas au nombre des apôtres, a mérité qu'on lui consacrât ce souvenir. On veut y voir Matthias qui remplaça Judas. On y voit le père de famille dont il est parlé dans l'Evangile, et dans la maison duquel Jésus-Christ fit la Cène. Enfin on prétend que c'est pour rappeler un prodige arrivé du temps de saint Grégoire, et l'on dit qu'au moment où ce pape lavait les pieds de douze pauvres, il en vit un treizième qui était un ange. Ce miracle est peint sur les murs de l'église de saint Grégoire, à Rome, avec cette inscription :

Bissenos hic Gregorius pascebat egentes
Angelus el decimus terlius accubuit.

« Grégoire servait ici à manger à douze pauvres, lorsqu'un ange vint se mettre à table et compta pour le treizième. »

Aujourd'hui, comme très-anciennement, le pape sert à manger aux treize pauvres auxquels il a lavé les pieds. Ce sont maintenant toujours des prêtres. On leur donne aussi une pièce d'or el une pièce d'argent. Pendant la cérémonie du lavement des pieds, la musique pontificale chante l'Antienne : Mandatum novum, qui fait donner à toute la cérémonie le nom de mandat. Selon le Rite romain, on chante pendant la cérémonie du lavement des pieds une longue série d'Antiennes dont quelques-unes sont répétées et d'autres sont suivies, comme l'Introït, d'un Verset de Psaume. A la fin, on récite le Pater accompagné de plusieurs Versets et d'une Oraison. Le Rite parisien ne diffère du premier qu'en ce qu'il n'y a point un aussi grand nombre d'Antiennes. Mais celle suppression considérable imprime au Rite parisien une sécheresse qui ne devrait point se trouver dans un cérémonial aussi touchant. Quant à l'ordre lui-même du cérémonial, il est très-simple. Celui qui doit y présider est en aube, sur laquelle il met l'étole et la chape de couleur violette. Le diacre et le sous-diacre sont en dalmatique et tunique blanches, comme à la Messe. Le premier chante l'Evangile : Ante diem festum Paschæ, selon le Rite ordinaire ; puis le célébrant ôte la chape, se ceint d'un linge, et pendant que le sous-diacre prend le pied droit de chaque pauvre, le célébrant lave ce pied, l'essuie et le baise. Le lavement des pieds a lieu après le dépouillement des autels. Le Rite parisien, après cette cérémonie , procède à la Bénédiction du pain et du vin qui sont distribués à ceux qui ont été l'objet de la cérémonie. Pendant cette distribution, un lecteur chante sur le ton des Leçons, le discours que le divin Sauveur adressa à ses apôtres après le lavement des pieds. On le prend au vingtième verset du chapitre XIII, selon saint Jean, et il se termine avec la fin du chapitre XIV. C'est un souvenir de la Cène eucharistique, car c'est après ce discours que Jésus-Christ institua le sacrement. Nous regrettons dans le Rite parisien l'absence de l'Evangile : Ante diem où le même Apôtre retrace le lavement des pieds par le divin Sauveur.

Cette édifiante commémoration de l'humilité de celui qui a dit : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, est pratiquée, avons-nous dit, par d'autres personnes en dignité, à l'égard de douze pauvres. Au christianisme seul appartiennent ces actes empreints d'un sentiment religieux d'égalité dont la philosophie mondaine s'est contentée de préconiser la théorie.

III.
VARIÉTÉS.

Le lavement des pieds se pratique chez les Grecs, mais avec des particularités qui tiennent bien du génie de cette nation. C'est une véritable commémoration dramatique du lavement fait par Notre-Seigneur. Judas y est représenté par un prêtre à barbe rousse, parce qu'un préjugé populaire attribue à ce traître disciple une barbe de cette couleur.

Chez les Arméniens, le soir du même jour, l'évêque ou le premier dignitaire de chaque église lave les pieds, d'abord aux prêtres, ensuite à tous les hommes présents, en imprimant sur leurs pieds un signe de croix avec une huile qui a été bénite à cet effet.

L'auteur des Voyages liturgiques fait remarquer une singularité particulière à l'Eglise d'Angers : c'est que de son temps le bourreau était chargé de maintenir le bon ordre pendant que l'évêque procédait au lavement des pieds.


Le roi de France faisait autrefois la Cène. Un sermon précédait la cérémonie. Un évêque faisait ensuite l'absoute, et enfin le roi, environné des princes et des grands officiers, lavait et baisait les pieds de douze pauvres, les servait à table et leur faisait une aumône. La reine en faisait de même a l'égard de douze pauvres filles.

Abbé Migne - Origine et raison de la liturgie catholique en forme de dictionnaire, p. 259-263

mardi 15 mars 2016

Père Onésime Lacouture - 2-13 - Jésus retrouvé dans le temple


DOUZIÈME INSTRUCTION
JÉSUS RETROUVÉ DANS LE TEMPLE.

«Pourquoi me cherchiez-vous?  Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux choses de mon Père?» L.  2-49.

Plan Remarque.  (Douleur de Marie.  Jésus perdu: (Modèle d’amour.  Jésus retrouvé dans le Temple: (Joie de Marie.  (Le surnaturel.  (La gloire de Dieu.  Motifs de Jésus: (Affirmer 4 principes fondamentaux: (Le Souverain Domaine de Dieu.  (La folie de la croix.  (Servir d’exemple aux jeunes.  (Donner une leçon aux parents.  Ils ne comprirent pas!

REMARQUE Dans ce mystère Jésus fait entendre sa seule parole publique durant les trente années de sa vie cachée.  Il le fait avec des circonstances si pénibles pour ses parents qu’évidemment il veut que la leçon ait un grand retentissement dans le monde chrétien.  Il aurait été si facile de leur éviter cette angoisse en les avertissant de ce qu’il voulait faire.  Il voulait donc cette douleur pour sa Mère et son père adoptif et que le fait soit transmis à tous les chrétiens pour leur instruction.  Ce mystère mérite donc notre sérieuse considération.

JESUS PERDU.

Chaque année, la sainte Famille allait pieusement à Jérusalem pour adorer Dieu selon la loi de Moïse, Ex.  34-18: «Tu observeras la fête des Azymes; pendant sept jours tu mangeras des pains sans levain, comme je te l’ai prescrit, au temps fixé du mois d’abib, car c’est dans ce mois que tu es sorti d’Egypte.» A l’âge de douze ans les jeunes juifs étaient considérés comme émancipés et ils pouvaient choisir le genre de vie qu’ils voulaient.  A douze ans donc Jésus alla avec ses parents à Jérusalem pour la fête de Pâque.  C’est pendant qu’ils revenaient de cette fête que Jésus s’esquiva pour rester seul à Jérusalem… et montrer au monde quel genre de vocation il choisissait.  On explique qu’il ait pu faire cela à l’insu de ses parents parce que les enfants voyageaient avec les hommes ou avec les femmes, alors Marie le pensait avec les hommes et Joseph le croyait avec les femmes.  Le soir arrivé, les voyageurs se réunissaient et c’est alors seulement qu’ils s’aperçurent que Jésus n’était pas là.  Tout de suite ils rebroussent chemin et retournent à Jérusalem chercher Jésus.  Douleur de Marie.  Jusque là elle avait eu bien des appréhensions au sujet de Jésus, mais elle avait toujours réussi à garder son trésor.  Cette fois l’unique objet de son amour était perdu dans la grande ville remplie d’étrangers.  Comme on a voulu le tuer tout jeune, elle craint qu’on ait pu mettre la main sur lui enfin pour le faire disparaître.  Que d’angoisses et que d’appréhensions étreignaient son cœur  dans cette longue marche de nuit vers Jérusalem!  C’est le glaive qui entre dans son cœur … et c’est son Jésus qui en est la cause!  Nous savons qu’il l’a fait exprès!… L’incertitude de ce qui peut lui être arrivé ajoute considérablement à son tourment.  N’essayons pas de spéculer sur sa douleur.  Il est certain qu’elle souffre terriblement et nous ne pouvons rien pour la consoler durant cette nuit sans son Jésus.  Prenons une leçon pour nous-mêmes.  Quand Dieu nous enlève un grand bien que nous estimions beaucoup et qu’il semble que Dieu aurait pu nous épargner cette douleur, sachons l’endurer quand même.  Si Dieu a pu torturer le cœur  de sa Mère ainsi, il est capable de le faire pour nous les vrais pécheurs, et il a le droit de le faire.  C’est inutile là aussi de spéculer et de se demander cinquante questions au sujet de la perte que nous faisons.  C’est Dieu qui l’a voulue pour notre plus grand bien comme il l’a voulue pour Marie.  Faisons sa sainte volonté sans murmurer, peu importe que le cœur saigne.  Dieu veut de l’expiation pour nous ou pour d’autres; c’est normal, c’est juste et c’est un grand bien qu’il nous veut.  Souffrons en silence et sans amertume parce que ces épreuves viennent de Dieu qui nous aime tant!  Au ciel, nous comprendrons tout l’amour de Dieu dans cette fanion d’agir.  Modèle d’amour pour tous ceux qui ont perdu Jésus.  Cela peut arriver et arrive à tout le monde de différentes manières qu’il est bon d’examiner, afin de savoir comment agir.

On peut perdre Jésus par sa très grande faute, comme par le péché mortel.  En proportion qu’on aimait Jésus avant, on le cherchera.  Quand il n’y a pas d’amour dans la vie et qu’on pèche mortellement, comme cela arrive infailliblement dans ce cas… on n’a pas d’entrain pour chercher Jésus.  On voit ces pécheurs rester des semaines, des mois et des années sans se confesser.  Ces gens n’ont aucun amour pour Dieu.  Ils auraient perdu leur chien qu’ils le chercheraient; ils ont perdu leur Dieu et ils ne le cherchent pas.  Il n’y a aucune espérance de salut pour eux tant qu’ils restent dans ces tristes dispositions.  S’ils aimaient Dieu avant et que leur péché mortel est une faute de surprise ou de faiblesse et très rare dans leur vie, ces gens ordinairement ont de gros remords de conscience que produit leur amour pour Dieu qui existe réellement.  Ces pécheurs n’aiment pas à rester dans leur péché et ils vont se confesser au plus vite.  Ils peuvent espérer retrouver leur Dieu et d’opérer leur salut.  On peut raisonner un peu de la même façon pour les péchés véniels; plus ils sont légers et plus ils sont rares, plus on a d’amour pour faire oublier à Jésus les peines qu’on lui fait par ces péchés.  Maintenant il y a les bonnes âmes qui disent souvent qu’elles ont perdu Jésus.  Mais c’est le sentiment de la présence de Jésus qu’elles n’ont plus et pour lequel elles se désolent.  C’est une imperfection, très fréquente dans la vie spirituelle.  Ces âmes s’attachent non pas à Dieu autant qu’à ses consolations qu’il leur donne.  Au début de la vie spirituelle Dieu en donne pour les attirer à lui comme on donne des bonbons aux enfants pour les gagner.  Mais ensuite il veut les faire avancer dans son amour pour lui-même plutôt que pour ses chocolats.  Il les supprime tout simplement.  Alors pour les commençants ce sont des jérémiades d’enfants pour les bonbons qu’ils n’ont plus.  Dieu laisse pleurer ces enfants pour les sauver en les sevrant de ces douceurs qui viennent de Dieu, mais qui ne sont pas Dieu.

Très peu sont assez avancés dans l’amour de Dieu pour ne plus s’arrêter à cette suppression des chocolats spirituels.  Il faut être bien virils pour servir Dieu uniquement pour lui seul et pouvoir se passer des consolations surnaturelles.  Mais il faut tendre à cette perfection avec la grâce de Dieu sollicitée dans la prière fervente et continuelle.

JÉSUS RETROUVÉ DANS LE TEMPLE.

En ce monde personne ne goûtera la présence continuelle de Dieu; c’est le temps de l’épreuve et des semailles; il faut donc faire le sacrifice des jouissances mêmes les plus légitimes et même surnaturelles, dans ce sens qu’il ne faut pas s’y attacher.  C’est donc normal que pour une minute de consolation nous restions des mois et des années sans ces consolations.  Comme Jésus n’a fait qu’effleurer ce monde et qu’il reste caché dans son éternité, ainsi Dieu ne fait qu’effleurer l’âme de ses touches divines et il disparaît précisément pour nous empêcher de manger notre grain de blé ici-bas et perdre la récolte éternelle.  Quand on comprend bien le plan divin, c’est assez facile de se passer de consolations divines par l’espérance des jouissances éternelles que l’on sait être d’autant plus grandes que nous en avons eu peu sur la terre.  Après ses semailles le cultivateur attend bien trois ou quatre mois pour ses récoltes.  Est-ce si long d’attendre cinquante ou soixante ans pour une récolte éternelle?  Qu’on cesse de se troubler pour la perte des consolations de Jésus.  Mais que nous ayons une véritable douleur de le perdre ou de l’éloigner par le péché mortel ou véniel.  Gardons-nous bien de faire la moindre chose d’une façon réfléchie qui soit contre lui, qui l’offense tant soit peu.  Quand on a de l’amour pour Jésus c’est ainsi qu’on agit.

Joie de Marie.  Après l’avoir cherché à travers les rues de Jérusalem, chez leurs amis et sur les places publiques, ils vont au temple et enfin le trouvent là au milieu des docteurs, les questionnant sur les choses religieuses de la Loi.  C’est la dernière place où l’on irait pour trouver des enfants égarés?  Y a-t-il des enfants qui déserteraient la maison pour aller à une église?  pour aller trouver un prêtre afin d’avoir des enseignements au sujet de la religion?  Combien de parents penseraient à aller chercher un enfant dans l’église?  De nos jours les enfants désertent la famille ou l’école pour aller aux vues, à un cirque ou à un spectacle quelconque; ils veulent s’amuser, contenter leurs sens dans des jouissances sensibles.  On ne peut pas dire qu’ils sont aux choses de leur Père céleste!  Cette recherche de Jésus par Marie est un bon échantillon de ce que nous devrions tous faire dans notre course à travers le monde: nous devrions demander à toutes les créatures si elles peuvent nous donner Jésus, si non, on file à d’autres ne voulant pas nous attarder à ce qui n’est pas divin et à ce qui ne peut le donner.  Peut-on enfin imaginer la joie de Marie quand elle aperçoit Jésus au milieu des docteurs de la Loi: il n’est pas mort!  Que Dieu soit béni!  a dû être le cri de son âme!  Il est là bien vivant devant elle; son trésor et son Dieu et son Fils!

On croirait qu’il se jetterait dans ses bras en pleurant de joie avec sa Mère; mais, non, il reste là debout, calme et solennel.  Mais Marie a tellement souffert qu’elle lui fait un doux reproche: «Pourquoi as-tu agi ainsi?  Voilà que ton père et moi, nous te cherchions.» Pourquoi?  Elle va le savoir et tout le monde aussi!  Alors devant les représentants officiels de la Loi de Moïse, dans le temple de Dieu, en face de sa Mère, il répond: «Pourquoi me cherchiez-vous?  Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux choses de mon Père?» Voilà sa vocation officielle, son programme de vie: s’occuper des choses de Dieu seul!… et de façon à montrer que les devoirs divins priment les devoirs humains!  Il a fait pleurer sa Mère selon la chair pour satisfaire son Père selon la divinité.  Les choses du ciel doivent avoir la priorité sur les choses de la terre.  Voilà la leçon qu’il donne à tout le monde jusqu’à la fin des temps.  Pour comprendre une conduite si étrange pour des humains il est important d’essayer de connaître les motifs de Jésus pour agir de la sorte.  On sait qu’il vient pour nous mériter et pour nous donner une participation à l’activité trinitaire en nous unissant à son humanité d’abord et par elle à toute la divinité trinitaire.  Suivons l’ordre de l’intention divine.  Dieu veut nous unir à sa propre vie divine attribuée au Père, puis à sa gloire attribuée au Fils, à son amour attribué au StEsprit, que nous montrons en nous soumettant à lui ou en reconnaissant son souverain domaine et enfin pour participer à tout ce divin trinitaire il faut nous renoncer en pratiquant la folie de la croix, comme l’humanité de Jésus a fait.  Voilà donc les quatre motifs que tout chrétien doit avoir selon le plan divin pour s’unir à Dieu et donc que Jésus avait sûrement aussi.  motifs de jésus Affirmer 4 principes fondamentaux.
Le surnaturel exige que nous agissions comme des enfants de Dieu et donc que nous ayons sa vie et que nous vivions selon cette vie divine.  Elle exige que nous nous élevions audessus de la vie humaine et donc que nous méprisions cette dernière et il faut se compromettre clairement et devant Dieu et devant le monde: la gloire de Dieu l’exige.  Jésus veut montrer cette opposition entre le naturel et le surnaturel, non pas «en soi», mais dans le cœur  et dans la façon d’agir.  Jésus affirme en acte qu’il doit vivre uniquement pour les intérêts de son Père céleste et donc pas du tout pour les intérêts de la nature représentée dans sa Mère.  Pourtant il n’y avait aucun péché en Marie et donc rien de désordonné à agir pour une créature si parfaite et si pure, ce qui prouve qu’il y a opposition entre ces deux natures non pas à cause du péché, mais simplement parce que l’une n’est qu’humaine et l’autre divine.  Alors pour diviniser notre vie, il faut cesser de suivre les tendances naturelles, quelques bonnes qu’elles soient en elles-mêmes, comme dans ce cas pour la Sainte Vierge.

Il est grand temps que les prêtres comprennent que l’opposition entre le naturel et le surnaturel des motifs ou des intentions ne vient pas du péché ni de la nature déchue, quoique ces deux choses accentuent cette opposition, mais qu’elle vient du fait que Dieu nous appelle à sa vie divine et donc qu’il nous faut cesser d’agir selon le naturel pour agir selon le surnaturel.  «In se» il y a opposition entre le péché et le divin, c’est clair, il n’y en a pas entre un bon motif naturel et un motif surnaturel.  Mais, en nous, ou dans le cœur  et en amour, il y a de l’opposition entre ces deux motifs.  C’est ce que Jésus montre en acte: il fait de la peine à sa Mère pour faire plaisir à son Père céleste!  Il y a donc de l’opposition.  Il montre qu’on ne peut pas être aux choses de Dieu et aux choses de la terre… pour ce qui regarde les intentions ou les motifs.  On peut et il faut bien travailler dans les choses de ce monde mais avec un esprit de l’autre monde et donc avec des motifs purement surnaturels.  Comme dit St.  Paul: si je prêche pour plaire aux hommes, je ne puis plaire à Dieu.  Comme Jésus n’a pas consulté sa Mère pour se donner aux choses de son Père, nous ne devons pas consulter le naturel pour faire quelque chose de surnaturel.  Par exemple, si je veux communier demain matin, je ne dois pas consulter mon païen ou mes parents ou mes amis autour de moi; car il est sur que je vais rencontrer quelque opposition de leur part.  Ils vont me trouver toutes sortes de raisons très sages selon l’humain pour remettre ma communion à plus tard.  Je ne dis pas qu’il ne faille jamais consulter le naturel physique.  Si je n’ai pas les forces de me rendre à l’église, il est clair que je dois remettre ma communion à plus tard, et cela dans l’ordre de l’exécution.  De même pour suivre sa vocation religieuse, il ne faut consulter ni ses parents ni ses amis.  Quand il s’agit des intérêts surnaturels de son âme ou de Dieu, il ne faut pas consulter les tendances naturelles, ni les goûts naturels, mais uniquement la volonté de Dieu une fois qu’elle est bien manifestée.  Surtout pour se donner à la sainteté, il ne faut pas sonder l’opinion publique ou les goûts de son entourage; ils seront ordinairement tous contre la poursuite d’une sainteté pratique et concrète.

C’est le grand mal général, et dans le clergé et chez les fidèles, de vouloir combiner les exigences du surnaturel avec celles du naturel; on aime à rationaliser le christianisme; on veut bien servir Dieu, mais sans qu’il en coûte à la nature.  Que de prêtres même vont jusqu’à vouloir faire servir le bon naturel intentionnel à aider le surnaturel.  C’est l’ivraie la plus perfide dans l’Eglise et comme elle est répandue partout!  Très peu de prêtres arrivent devant le monde avec cette idée bien arrêtée qu’il faut soulever les fidèles au-dessus de la vie naturelle pour leur faire vivre une vie toute surnaturelle dans l’orientation des intentions ou des motifs.  Ils n’ont dans l’esprit que de les sortir du péché… et c’est tout ce qu’ils ont à faire.  Pour eux le naturel et le surnaturel vont bien ensemble pour les sauver.  Ils vont ensemble au point de vue physique, mais ce n’est pas vrai au point de vue des intentions, ce qui constitue la partie libre et méritoire ou non pour le ciel, et ce qui devrait constituer la matière ordinaire de la prédication.  On voit que c’est bien en vain que Jésus ait montré l’opposition entre le naturel et le surnaturel dans leur orientation pour la plupart des prêtres.  C’est pour cela aussi qu’on ne voit presque plus de différence entre les catholiques et les protestants ou les païens quant à la mentalité.  Est-ce que Jésus ne dit pas clairement: «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même;» Il y a donc du naturel bon «en soi» auquel il faut renoncer sous peine de ne pas suivre Jésus.  Où sont les prêtres qui prêchent cela systématiquement et constamment, car il faut suivre Jésus tous les jours?  Qu’ils sont rares encore une fois les prêtres qui prêchent le renoncement à soi même d’une façon concrète!  Ils se contentent de faire renoncer au péché, ce n’est pas renoncer à soi-même cela.  La personnalité morale à laquelle il faut renoncer n’est pas un péché, et c’est à elle que Jésus veut que nous renoncions… ce que les prêtres ne prêchent pratiquement plus.

LA GLOIRE DE DIEU.

Nous avons déjà vu que le Verbe ne changeait pas de rôle en s’incarnant.  Or son essence est de manifester le Père, c’est encore ce qu’il va faire sur la terre, voilà pourquoi il dit qu’il doit être aux choses de son Père.  A la fin de sa vie il dira à son Père: «J’ai accompli l’oeuvre que vous m’avez donné de faire: je vous ai glorifié, j’ai fait connaître Votre nom aux hommes.» De plus par leur péché nos premiers parents avaient méprisé le commandement du Père; il faut que Jésus, dans la rédemption, fasse tout le contraire et qu’il ramène au Père toutes choses, c’est le plan de toute sa vie.
Or cette gloire de Dieu doit être une affaire d’amour divin.  Il faut y mettre tout son cœur, il n’en reste donc pas pour le naturel.  Voilà pourquoi Jésus néglige l’amour humain pour nous montrer que ces deux amours sont contraires et que l’un vit aux dépens de l’autre.  C’est pour inculquer cette vérité qu’il lui donne un si grand retentissement dans le temple et en face des docteurs de la loi et qu’il fait écrire l’événement par les Evangélistes.  C’est incompréhensible que tant de prêtres essaient de concilier ces deux amours naturel et surnaturel, pour les opposer tous les deux au péché seulement.  Ce n’est pas là le plan de Dieu!  Or la vie de Jésus doit être celle de tout chrétien.  Or combien pourraient dire qu’ils sont tous aux choses de Dieu?  C’est le tout petit nombre, même parmi les prêtres et les religieux.  Combien se sont compromis devant le monde en étant tout aux choses de la religion?  On les reconnaît à leurs conversations toute imprégnées des choses de Dieu, car la bouche parle de l’abondance du cœur, dit Jésus lui-même.  Où sont même ces prêtres et ces religieux qui ne sont intéressés qu’aux choses de Dieu et qui en parlent constamment?  On va peut-être dire qu’on ne peut pas toujours parler du bon Dieu.  Je réponds: Est-ce que les choses de Dieu ne sont pas aussi importantes et infiniment plus que les choses du monde?  Eh bien, est-ce que tous ces gens ne trouvent pas toujours quelque chose à dire au sujet des choses du monde?  Comme ils en ont la bouche pleine!  C’est donc qu’ils en ont le cœur  plein.  Si on ne trouve rien à dire au sujet de Dieu, c’est donc qu’on ne l’aime pas, il n’est pas dans le cœur.  S’il n’est pas dans le cœur, comment espère-t-on être sauvé?  Le premier commandement fait un devoir de l’aimer de toutes nos puissances; ces gens manquent à ce premier commandement; ils risquent donc leur salut.  Ceux qui ont le monde dans le cœur  avec ses amusements et ses vanités trouvent toujours de quoi dire.  Entendez deux prêtres ou deux religieux qui se rencontrent, tout de suite ils parlent de sport ou d’argent et ils sont intarissables sur ces sujets profanes.  Ces gens ne suivent pas Jésus!  Voyez-les dévorer la page des sports dans les journaux, ou les suivre à la radio!  Leur cœur  n’est pas en Dieu, ni Dieu dans leur cœur !  Est-ce surprenant que nos fidèles soient païens de mentalité avec des prêtres et des religieux aussi païens de cœur ?  Demandons à la Sainte Vierge de remettre devant le clergé les leçons divines des mystères de la vie de Jésus.

Le cœur  suit l’esprit, voilà pourquoi les prêtres, les religieux et les fidèles devraient tourner leur esprit aux choses de Dieu, en lisant la Bible assidûment, les Pères de l’Eglise, les auteurs spirituels, en s’habituant à aller visiter et prier Jésus dans le tabernacle où il nous attend pour nous enseigner les voies de Dieu.  Comme ils ont été pris par les choses mondaines à force de les lire et de s’y intéresser, qu’ils fassent de même pour les choses de Dieu et ils finiront par les aimer.

Le Souverain domaine de Dieu, considéré en nous, c’est la soumission totale à Dieu, c’est faire sa volonté sur la terre comme elle est faite au ciel.  Pour cela il faut mener une vie céleste et donc cesser de vivre naturellement.  Cette transformation, de notre activité naturelle en activité surnaturelle est le travail du St-Esprit et suppose notre amour de préférence pour Dieu sur les choses du monde, Jésus affirme que son Maître est le Père éternel et qu’il travaille uniquement pour lui.  Voilà ce que tout chrétien doit faire; il appartient à Dieu seul et donc doit travailler pour lui seul.  Si Paul est au service de Pierre, il n’a pas le droit de travailler pour Jean.  Quand même Jean lui dirait: ce n’est pas péché de travailler pour moi, Paul devrait répondre: ce n’est pas la question, c’est que je suis engagé par Pierre et je dois travailler uniquement pour lui.  Eh bien, quand des gens nous demandent de faire quelque chose pour le monde, nous devrions répondre de même: je suis engagé par Dieu pour travailler pour lui seul.  Peu importe que ce ne soit pas péché ce que vous me demandez, je suis engagé pour Dieu et par Dieu et il reste mon unique Maître: je ne puis travailler pour le monde.  Comme lorsqu’on demande aux mondains de faire quelque chose pour Dieu, ils disent toujours qu’ils n’ont pas le temps, parce que leur cœur  est tout au monde, de même quand les mondains nous demandent de prendre part à leurs amusements, nous devrions répondre que nous n’avons pas le temps.  Des amis demandent à un prêtre d’aller jouer au golf, mais il répond qu’il n’a pas le temps.  Ils insistent: il faut qu’un prêtre ait quelque délassement, il répond qu’il a beaucoup de malades à visiter et une foule de pécheurs à essayer de gagner de sorte qu’il n’a pas le temps de courir après une petite balle comme un enfant. 

Alors ils lui demandent de jouer aux cartes pour se reposer les jambes; il dit qu’il se repose suffisamment en faisant son heure de méditation devant le T.S.S.  et en plus une heure d’adoration par jour.  Chacun trouve son repos dans l’objet de son amour.  Il y a toujours moyen de se reposer dans les choses de Dieu quand on sait les varier.  Les païens trouvent leur repos dans les créatures, les chrétiens doivent le trouver dans leur Créateur.  Il y a incomparablement plus à faire dans les choses de Dieu que dans les choses du monde.  Mathélés, un des premiers Pères de l’Eglise, dit que les païens mettaient à mort les chrétiens parce que ceux-ci avaient renoncé à tous les plaisirs du monde.
La folie de la croix enseigne à semer l’humain pour récolter le divin; c’est ce que Jésus fait ici, et pas parce que il est méchant en lui-même, mais simplement comme humain.  Sa Mère n’avait jamais péché et il lui fait de la peine pour affirmer ses relations plus importantes avec son Père céleste.  Les saints enseignent aussi que chaque chrétien doit se dépouiller de l’affection naturelle qu’il a pour ses parents afin de la convertir en affection surnaturelle en ne les aimant que pour Dieu.  Cette leçon est bien nécessaire au monde.  Dès qu’on veut se donner sérieusement à Dieu il y a toujours des parents et des amis pour plaider en faveur de la nature.  Pourquoi quittez-vous nos réunions?  Pourquoi ne faites-vous pas comme les autres?  Il n’y a pas de mal à faire comme tout le monde?  etc.  Ils iront jusqu’aux larmes pour nous attendrir.  Il faut un grand courage et la grâce de Dieu pour résister à ces pièges de l’amour humain.  Il faut être bien décidé de rester à Dieu pour ne pas se faire prendre.  Quand ces arguments viennent des prêtres ou des religieux cette épreuve est très dangereuse parce qu’on a confiance en leur bonté et qu’on les croit tout aux choses de Dieu et qu’on les estime.  Ils vont nous prendre par l’humilité en nous accusant d’orgueil de vouloir faire autrement que les autres prêtres ou religieux, de vouloir nous singulariser pour attirer les regards sur nous.  Est-ce que les autres prêtres ou religieux ne vous valent pas et ils prennent des distractions et des récréations honnêtes, etc.?  On aurait pu apporter ces mêmes arguments contre Jésus.  Est-ce que sa Mère n’était pas assez bonne pour lui?  Est-ce qu’elle ne valait pas les docteurs de la Loi?  Est-ce qu’il n’aurait pas pu servir Dieu en restant avec elle, etc.?  Pourquoi lui faire cette peine terrible?  Pourquoi se singulariser, pour un enfant de douze ans faire son petit docteur dans le temple?  Ce n’est pas une question de raison, c’est une question de préférence du surnaturel sur le naturel.  Il faut le montrer en acte dans sa vie!…

Servir d’exemple aux jeunes.  Comme ils sont tout aux choses de la terre!  Quelle rage pour les vues, pour les amusements et pour les satisfactions des sens!  Quelle différence avec la mentalité des vrais païens?  Les choses visibles seules les attirent et les satisfont.  Tandis que les choses invisibles de la foi les laissent indifférents.  Les prêtres formés à la philosophie de la théologie et qui n’ont que des «in se» à donner au peuple sentent bien qu’ils ne sont pas capables de surnaturaliser les enfants; alors ils jettent le blâme sur leur légèreté d’esprit, sur l’emprise des vues animées et sur les occasions de jouir qui s’offrent à eux partout.  C’est vrai que leur philosophie n’est pas capable de sortir le monde du paganisme puisqu’elle n’est elle-même que paganisme.  Elle prend le point de vue de la raison au sujet des choses de la religion; elle la paganise encore.  Mais Jésus dit que notre victoire sur le monde viendra de notre foi.  Que les prêtres se pénètrent du plan divin selon la foi et selon la vraie théologie comme on l’a expliqué tant de fois et ils auront de l’influence sur les jeunes.  La foi est capable de vaincre leurs tendances naturelles du moment que les prêtres expliqueront la folie de la croix, la question des échantillons et le mépris des créatures fumier.  Mais tant que les prêtres ne donneront que le péché à éviter, les jeunes resteront païens comme ils sont nés, dans la mentalité.

Que de prêtres perdent leur temps à vouloir simplement distraire les jeunes pour les préserver du péché.  Quel triste idéal!  Jésus n’a pas pris cet idéal, ni ce programme de vie.  Mais il est tout aux choses de Dieu!  Quand est-ce que les prêtres vont comprendre que c’est là le programme qu’ils doivent donner aux jeunes?  Ils n’arriveront jamais à les lancer dans les choses de Dieu par les sports.  Les Américains l’ont essayé depuis des années et qu’ont-ils obtenu de la jeunesse?  Elle est païenne comme celle de la Chine ou du Japon.  C’est absurde de croire qu’on va leur enlever les affections pour les créatures en leur en fournissant d’autres.  Ce n’est que par les choses de la foi, dit Jésus.  Les prêtres pensent-ils de le faire mentir??

DONNER UNE LEÇON AUX PARENTS.


C’est la contrepartie du point précédent: si les jeunes ont un devoir de se donner tout aux choses de Dieu, c’est un devoir aussi pour les parents de n’y pas mettre d’obstacles.  Combien ont peur que les enfants aillent communier trop, aillent à la messe sur semaine, ou lisent trop de bons livres, enfin qu’ils restent trop à la maison; ils aiment à les voir se produire dans le monde par snobisme et par orgueil.  Comme les mères sont contentes que leurs filles soient de toutes les soirées, soient recherchées, etc.  Elles vont dans la mauvaise direction et en sens opposé à Jésus.  Elles risquent leur salut,  ils ne comprirent pas!  Quel mystère que cette parole de l’Evangile.  Qui aurait jamais osé le dire, si ce n’était pas écrit là?  La seule chose qu’un chrétien doit faire, le seul programme de Jésus, et enfin une parole si évidente: «Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon Père?» Et les deux plus saints personnages au monde ne comprirent pas cette parole!  C’est qu’ils devaient comme les Apôtres attendre la descente du Saint-Esprit pour avoir l’intelligence des choses de Dieu dans toute leur ampleur et leur signification.  Aussi Dieu voulait les tenir dans la foi pure.  Personne ne devait avoir une foi plus parfaite que Marie.  Or la foi est l’adhésion à la vérité révélée et acceptée à cause du témoignage de Dieu.  Plus on comprend, comme dit Saint Paul, et moins il y a de foi.  Voilà pourquoi Dieu ne permit pas qu’elle comprît cette parole de Jésus.  Prenons-la pour modèle de foi.  Croyons sans comprendre: là est le mérite de la foi.  « heureux ceux qui croiront sans avoir vu.»

mercredi 9 mars 2016

Une vidéo sur le "sédévacantisme" non catholique

Voici une vidéo de 1min17...
Derrière cette vidéo, l'auteur avait probablement une bonne intention malheureusement cette définition de l'Infaillibilité n'est pas catholique.
D'abord, regardons ce qu'en dit le Concile du Vatican :
« On doit croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités qui se trouvent contenues dans la parole de Dieu écrite ou traditionnelle et que l'Eglise propose à notre foi comme divinement révélées, qu'elle fasse cette proposition par un jugement solennel ou par son magistère ordinaire et universel. » (Const. Dei Filius)
Il ne faut surtout pas oublier qu'il y a deux modes d'enseignement, l'enseignement pontifical extraordinaire et l'enseignement ordinaire.
Extraordinaire c'est-à-dire une définition solennelle faite en grande pompe telle qu'une bulle ou un concile. Il est tout autant infaillible dans son magistère ordinaire tel que les brefs, discours, encycliques, etc.
En conclusion, il n'est pas infaillible seulement ex cathedra.
« Dès que se fait entendre la voix du magistère de l'Eglise, tant ordinaire qu'extraordinaire, recueillez-la, cette voix, d'une oreille attentive et d'un esprit docile. » (Pie XII aux membres de l'Angelicum, 14 janvier 1958)
« On ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les lettres encycliques n'exige pas de soi l'assentiment, sous le prétexte que les papes n'y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur magistère. C'est bien, en effet, du magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce magistère vaut aussi la parole [du Christ aux Apôtres] : « Qui vous écoute, m'écoute » (Luc X, 16), et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les encycliques appartient depuis longtemps d'ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs actes, les souverains pontifes portent à dessein un jugement sur une question jusqu'alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l'esprit et à la volonté de ces mêmes pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens » (Encyclique Humani generis, 12 août 1950)
Un peu plus loin dans le vidéo nous pouvons y lire : « Le corps des évêques jouit également de ce privilège, soit qu'il s'agisse des évêques dispersés dans tout l'univers, lorsqu'ils sont unanimes à admettre et enseigner la même vérité, soit lorsqu'ils sont réunis en concile général. »
« Ces vérités, l’Église les enseigne quotidiennement, tant principalement par le pape, que par chacun des évêques en communion avec lui. Tous, et le pape et les évêques, dans cet enseignement ordinaire, sont infaillibles de l'infaillibilité même de l'Église. Ils diffèrent seulement en ceci : les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes, mais ont besoin de la communion avec le pape qui les confirme, mais le pape, lui n'a besoin de rien d'autre que de l'assistance du Saint-Esprit, qui lui a été promis. Ainsi il enseigne et n'est pas enseigné, il confirme et n'est pas, confirmé. »

Pour ce qui d'un concile, le concile ne peut être catholique sans l'accord du pape. Car seulement lui seul a eu la promesse du Christ lui-même de paître, "paie mes brebis" paie mes agneaux. Un concile sans pape est sujet a l'erreur. Dans le canon 227 du code droit canonique de 1917 du Chanoine Raoul Naz  nous pouvons y lire : « Les décrets du concile n'ont force obligatoire qu'après avoir été confirmés par le Pontife Romain et promulgué sur son ordre. »
Nous voulons aussi profiter de cette occasion pour rappeler à ceux qui croient que le pape n'est pas Infaillible quand il parle comme docteur privé. Ce qui est entièrement faux. « Il est probable et on peut le croire pieusement, que le souverain pontife, non seulement ne peut pas errer en tant que pape, mais aussi qu'il ne pourra point être hérétique ou croire avec pertinacité une quelconque erreur dans la foi en tant que simple particulier (particularem personam). Cela se prouve premièrement parce que cela est requis par la suave disposition de la providence de Dieu. Car le pontife non seulement ne doit pas et ne peut pas prêcher l'hérésie, mais aussi il doit toujours enseigner la vérité, et sans doute le fera-t-il, étant donné que Notre Seigneur lui a ordonné d'affermir ses frères [...]. Cependant, je le demande, comment un pape hérétique affermirait-t-il ses Frères dans la foi et leur prêcherait-il toujours la vraie foi ? Dieu pourrait, sans doute, arracher d'un coeur hérétique une confession de vraie foi, comme en un autre temps, Il a fait parler l'ânesse de Balaam. Mais cela serait plutôt de la violence et nullement conforme avec la manière d'agir de la divine providence, laquelle dispose toutes choses avec douceur. Cela se prouve deuxièmement de par l'événement, car jusqu'à ce jour, nul n’a été hérétique [...] ; donc c'est un signe que cela ne peut pas arriver. Pour plus d'informations consulter le manuel de théologie réalisé par Pighius" (Saint Robert Bellarmin : De romano pontifice).

Imaginez-vous un évêque qui rencontre le Pape en privé, seul à seul, et lui poserait une question sur un point doctrinal en particulier et ce pape lui répondrait une hérésie. Cet évêque répéterait l'hérésie parmi son entourage, en autre, ses curés. Les curés propageront la même hérésie aux fidèles. Le grand pourfendeur de l'hérésie serait le pape lui-même. Le pape devra combattre sa propre hérésie?
Etant catholique, dès qu'il accepte le pontificat, l'Esprit-Saint le protège contre toute hérésie, penser le contraire serait absurde.