DOUZIÈME
INSTRUCTION
JÉSUS
RETROUVÉ DANS LE TEMPLE.
«Pourquoi
me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas
qu’il faut que je sois aux choses de mon Père?» L. 2-49.
Plan
Remarque. (Douleur de Marie. Jésus perdu: (Modèle d’amour. Jésus retrouvé dans le Temple: (Joie de
Marie. (Le surnaturel. (La gloire de Dieu. Motifs de Jésus: (Affirmer 4 principes
fondamentaux: (Le Souverain Domaine de Dieu.
(La folie de la croix. (Servir
d’exemple aux jeunes. (Donner une leçon
aux parents. Ils ne comprirent pas!
REMARQUE
Dans ce mystère Jésus fait entendre sa seule parole publique durant les trente
années de sa vie cachée. Il le fait avec
des circonstances si pénibles pour ses parents qu’évidemment il veut que la
leçon ait un grand retentissement dans le monde chrétien. Il aurait été si facile de leur éviter cette
angoisse en les avertissant de ce qu’il voulait faire. Il voulait donc cette douleur pour sa Mère et
son père adoptif et que le fait soit transmis à tous les chrétiens pour leur
instruction. Ce mystère mérite donc
notre sérieuse considération.
JESUS
PERDU.
Chaque
année, la sainte Famille allait pieusement à Jérusalem pour adorer Dieu selon
la loi de Moïse, Ex. 34-18: «Tu
observeras la fête des Azymes; pendant sept jours tu mangeras des pains sans
levain, comme je te l’ai prescrit, au temps fixé du mois d’abib, car c’est dans
ce mois que tu es sorti d’Egypte.» A l’âge de douze ans les jeunes juifs
étaient considérés comme émancipés et ils pouvaient choisir le genre de vie
qu’ils voulaient. A douze ans donc Jésus
alla avec ses parents à Jérusalem pour la fête de Pâque. C’est pendant qu’ils revenaient de cette fête
que Jésus s’esquiva pour rester seul à Jérusalem… et montrer au monde quel
genre de vocation il choisissait. On
explique qu’il ait pu faire cela à l’insu de ses parents parce que les enfants
voyageaient avec les hommes ou avec les femmes, alors Marie le pensait avec les
hommes et Joseph le croyait avec les femmes.
Le soir arrivé, les voyageurs se réunissaient et c’est alors seulement
qu’ils s’aperçurent que Jésus n’était pas là.
Tout de suite ils rebroussent chemin et retournent à Jérusalem chercher
Jésus. Douleur de Marie. Jusque là elle avait eu bien des
appréhensions au sujet de Jésus, mais elle avait toujours réussi à garder son
trésor. Cette fois l’unique objet de son
amour était perdu dans la grande ville remplie d’étrangers. Comme on a voulu le tuer tout jeune, elle
craint qu’on ait pu mettre la main sur lui enfin pour le faire
disparaître. Que d’angoisses et que
d’appréhensions étreignaient son cœur dans cette longue marche de nuit vers
Jérusalem! C’est le glaive qui entre
dans son cœur … et c’est son Jésus qui en est la cause! Nous savons qu’il l’a fait exprès!…
L’incertitude de ce qui peut lui être arrivé ajoute considérablement à son
tourment. N’essayons pas de spéculer sur
sa douleur. Il est certain qu’elle
souffre terriblement et nous ne pouvons rien pour la consoler durant cette nuit
sans son Jésus. Prenons une leçon pour
nous-mêmes. Quand Dieu nous enlève un
grand bien que nous estimions beaucoup et qu’il semble que Dieu aurait pu nous
épargner cette douleur, sachons l’endurer quand même. Si Dieu a pu torturer le cœur de sa Mère ainsi, il est capable de le faire
pour nous les vrais pécheurs, et il a le droit de le faire. C’est inutile là aussi de spéculer et de se
demander cinquante questions au sujet de la perte que nous faisons. C’est Dieu qui l’a voulue pour notre plus grand
bien comme il l’a voulue pour Marie.
Faisons sa sainte volonté sans murmurer, peu importe que le cœur
saigne. Dieu veut de l’expiation pour
nous ou pour d’autres; c’est normal, c’est juste et c’est un grand bien qu’il
nous veut. Souffrons en silence et sans
amertume parce que ces épreuves viennent de Dieu qui nous aime tant! Au ciel, nous comprendrons tout l’amour de
Dieu dans cette fanion d’agir. Modèle
d’amour pour tous ceux qui ont perdu Jésus.
Cela peut arriver et arrive à tout le monde de différentes manières
qu’il est bon d’examiner, afin de savoir comment agir.
On
peut perdre Jésus par sa très grande faute, comme par le péché mortel. En proportion qu’on aimait Jésus avant, on le
cherchera. Quand il n’y a pas d’amour
dans la vie et qu’on pèche mortellement, comme cela arrive infailliblement dans
ce cas… on n’a pas d’entrain pour chercher Jésus. On voit ces pécheurs rester des semaines, des
mois et des années sans se confesser.
Ces gens n’ont aucun amour pour Dieu.
Ils auraient perdu leur chien qu’ils le chercheraient; ils ont perdu
leur Dieu et ils ne le cherchent pas. Il
n’y a aucune espérance de salut pour eux tant qu’ils restent dans ces tristes
dispositions. S’ils aimaient Dieu avant
et que leur péché mortel est une faute de surprise ou de faiblesse et très rare
dans leur vie, ces gens ordinairement ont de gros remords de conscience que
produit leur amour pour Dieu qui existe réellement. Ces pécheurs n’aiment pas à rester dans leur
péché et ils vont se confesser au plus vite.
Ils peuvent espérer retrouver leur Dieu et d’opérer leur salut. On peut raisonner un peu de la même façon
pour les péchés véniels; plus ils sont légers et plus ils sont rares, plus on a
d’amour pour faire oublier à Jésus les peines qu’on lui fait par ces péchés. Maintenant il y a les bonnes âmes qui disent
souvent qu’elles ont perdu Jésus. Mais
c’est le sentiment de la présence de Jésus qu’elles n’ont plus et pour lequel
elles se désolent. C’est une
imperfection, très fréquente dans la vie spirituelle. Ces âmes s’attachent non pas à Dieu autant
qu’à ses consolations qu’il leur donne.
Au début de la vie spirituelle Dieu en donne pour les attirer à lui
comme on donne des bonbons aux enfants pour les gagner. Mais ensuite il veut les faire avancer dans
son amour pour lui-même plutôt que pour ses chocolats. Il les supprime tout simplement. Alors pour les commençants ce sont des
jérémiades d’enfants pour les bonbons qu’ils n’ont plus. Dieu laisse pleurer ces enfants pour les
sauver en les sevrant de ces douceurs qui viennent de Dieu, mais qui ne sont
pas Dieu.
Très
peu sont assez avancés dans l’amour de Dieu pour ne plus s’arrêter à cette
suppression des chocolats spirituels. Il
faut être bien virils pour servir Dieu uniquement pour lui seul et pouvoir se passer
des consolations surnaturelles. Mais il
faut tendre à cette perfection avec la grâce de Dieu sollicitée dans la prière
fervente et continuelle.
JÉSUS
RETROUVÉ DANS LE TEMPLE.
En
ce monde personne ne goûtera la présence continuelle de Dieu; c’est le temps de
l’épreuve et des semailles; il faut donc faire le sacrifice des jouissances
mêmes les plus légitimes et même surnaturelles, dans ce sens qu’il ne faut pas
s’y attacher. C’est donc normal que pour
une minute de consolation nous restions des mois et des années sans ces
consolations. Comme Jésus n’a fait
qu’effleurer ce monde et qu’il reste caché dans son éternité, ainsi Dieu ne
fait qu’effleurer l’âme de ses touches divines et il disparaît précisément pour
nous empêcher de manger notre grain de blé ici-bas et perdre la récolte
éternelle. Quand on comprend bien le
plan divin, c’est assez facile de se passer de consolations divines par
l’espérance des jouissances éternelles que l’on sait être d’autant plus grandes
que nous en avons eu peu sur la terre.
Après ses semailles le cultivateur attend bien trois ou quatre mois pour
ses récoltes. Est-ce si long d’attendre
cinquante ou soixante ans pour une récolte éternelle? Qu’on cesse de se troubler pour la perte des
consolations de Jésus. Mais que nous
ayons une véritable douleur de le perdre ou de l’éloigner par le péché mortel
ou véniel. Gardons-nous bien de faire la
moindre chose d’une façon réfléchie qui soit contre lui, qui l’offense tant
soit peu. Quand on a de l’amour pour
Jésus c’est ainsi qu’on agit.
Joie
de Marie. Après l’avoir cherché à
travers les rues de Jérusalem, chez leurs amis et sur les places publiques, ils
vont au temple et enfin le trouvent là au milieu des docteurs, les questionnant
sur les choses religieuses de la Loi.
C’est la dernière place où l’on irait pour trouver des enfants
égarés? Y a-t-il des enfants qui
déserteraient la maison pour aller à une église? pour aller trouver un prêtre afin d’avoir des
enseignements au sujet de la religion?
Combien de parents penseraient à aller chercher un enfant dans
l’église? De nos jours les enfants
désertent la famille ou l’école pour aller aux vues, à un cirque ou à un
spectacle quelconque; ils veulent s’amuser, contenter leurs sens dans des
jouissances sensibles. On ne peut pas dire
qu’ils sont aux choses de leur Père céleste!
Cette recherche de Jésus par Marie est un bon échantillon de ce que nous
devrions tous faire dans notre course à travers le monde: nous devrions
demander à toutes les créatures si elles peuvent nous donner Jésus, si non, on
file à d’autres ne voulant pas nous attarder à ce qui n’est pas divin et à ce
qui ne peut le donner. Peut-on enfin
imaginer la joie de Marie quand elle aperçoit Jésus au milieu des docteurs de
la Loi: il n’est pas mort! Que Dieu soit
béni! a dû être le cri de son âme! Il est là bien vivant devant elle; son trésor
et son Dieu et son Fils!
On
croirait qu’il se jetterait dans ses bras en pleurant de joie avec sa Mère;
mais, non, il reste là debout, calme et solennel. Mais Marie a tellement souffert qu’elle lui
fait un doux reproche: «Pourquoi as-tu agi ainsi? Voilà que ton père et moi, nous te
cherchions.» Pourquoi? Elle va le savoir
et tout le monde aussi! Alors devant les
représentants officiels de la Loi de Moïse, dans le temple de Dieu, en face de
sa Mère, il répond: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux
choses de mon Père?» Voilà sa vocation officielle, son programme de vie:
s’occuper des choses de Dieu seul!… et de façon à montrer que les devoirs
divins priment les devoirs humains! Il a
fait pleurer sa Mère selon la chair pour satisfaire son Père selon la
divinité. Les choses du ciel doivent
avoir la priorité sur les choses de la terre.
Voilà la leçon qu’il donne à tout le monde jusqu’à la fin des
temps. Pour comprendre une conduite si
étrange pour des humains il est important d’essayer de connaître les motifs de
Jésus pour agir de la sorte. On sait
qu’il vient pour nous mériter et pour nous donner une participation à
l’activité trinitaire en nous unissant à son humanité d’abord et par elle à
toute la divinité trinitaire. Suivons
l’ordre de l’intention divine. Dieu veut
nous unir à sa propre vie divine attribuée au Père, puis à sa gloire attribuée
au Fils, à son amour attribué au StEsprit, que nous montrons en nous soumettant
à lui ou en reconnaissant son souverain domaine et enfin pour participer à tout
ce divin trinitaire il faut nous renoncer en pratiquant la folie de la croix,
comme l’humanité de Jésus a fait. Voilà
donc les quatre motifs que tout chrétien doit avoir selon le plan divin pour
s’unir à Dieu et donc que Jésus avait sûrement aussi. motifs de jésus Affirmer 4 principes
fondamentaux.
Le
surnaturel exige que nous agissions comme des enfants de Dieu et donc que nous
ayons sa vie et que nous vivions selon cette vie divine. Elle exige que nous nous élevions audessus de
la vie humaine et donc que nous méprisions cette dernière et il faut se
compromettre clairement et devant Dieu et devant le monde: la gloire de Dieu
l’exige. Jésus veut montrer cette
opposition entre le naturel et le surnaturel, non pas «en soi», mais dans le cœur
et dans la façon d’agir. Jésus affirme en acte qu’il doit vivre
uniquement pour les intérêts de son Père céleste et donc pas du tout pour les
intérêts de la nature représentée dans sa Mère.
Pourtant il n’y avait aucun péché en Marie et donc rien de désordonné à
agir pour une créature si parfaite et si pure, ce qui prouve qu’il y a
opposition entre ces deux natures non pas à cause du péché, mais simplement
parce que l’une n’est qu’humaine et l’autre divine. Alors pour diviniser notre vie, il faut
cesser de suivre les tendances naturelles, quelques bonnes qu’elles soient en
elles-mêmes, comme dans ce cas pour la Sainte Vierge.
Il
est grand temps que les prêtres comprennent que l’opposition entre le naturel
et le surnaturel des motifs ou des intentions ne vient pas du péché ni de la
nature déchue, quoique ces deux choses accentuent cette opposition, mais
qu’elle vient du fait que Dieu nous appelle à sa vie divine et donc qu’il nous
faut cesser d’agir selon le naturel pour agir selon le surnaturel. «In se» il y a opposition entre le péché et
le divin, c’est clair, il n’y en a pas entre un bon motif naturel et un motif
surnaturel. Mais, en nous, ou dans le cœur
et en amour, il y a de l’opposition
entre ces deux motifs. C’est ce que
Jésus montre en acte: il fait de la peine à sa Mère pour faire plaisir à son
Père céleste! Il y a donc de
l’opposition. Il montre qu’on ne peut
pas être aux choses de Dieu et aux choses de la terre… pour ce qui regarde les
intentions ou les motifs. On peut et il
faut bien travailler dans les choses de ce monde mais avec un esprit de l’autre
monde et donc avec des motifs purement surnaturels. Comme dit St.
Paul: si je prêche pour plaire aux hommes, je ne puis plaire à
Dieu. Comme Jésus n’a pas consulté sa
Mère pour se donner aux choses de son Père, nous ne devons pas consulter le
naturel pour faire quelque chose de surnaturel.
Par exemple, si je veux communier demain matin, je ne dois pas consulter
mon païen ou mes parents ou mes amis autour de moi; car il est sur que je vais
rencontrer quelque opposition de leur part.
Ils vont me trouver toutes sortes de raisons très sages selon l’humain
pour remettre ma communion à plus tard.
Je ne dis pas qu’il ne faille jamais consulter le naturel physique. Si je n’ai pas les forces de me rendre à
l’église, il est clair que je dois remettre ma communion à plus tard, et cela
dans l’ordre de l’exécution. De même
pour suivre sa vocation religieuse, il ne faut consulter ni ses parents ni ses
amis. Quand il s’agit des intérêts
surnaturels de son âme ou de Dieu, il ne faut pas consulter les tendances
naturelles, ni les goûts naturels, mais uniquement la volonté de Dieu une fois
qu’elle est bien manifestée. Surtout
pour se donner à la sainteté, il ne faut pas sonder l’opinion publique ou les
goûts de son entourage; ils seront ordinairement tous contre la poursuite d’une
sainteté pratique et concrète.
C’est
le grand mal général, et dans le clergé et chez les fidèles, de vouloir
combiner les exigences du surnaturel avec celles du naturel; on aime à
rationaliser le christianisme; on veut bien servir Dieu, mais sans qu’il en
coûte à la nature. Que de prêtres même
vont jusqu’à vouloir faire servir le bon naturel intentionnel à aider le
surnaturel. C’est l’ivraie la plus
perfide dans l’Eglise et comme elle est répandue partout! Très peu de prêtres arrivent devant le monde
avec cette idée bien arrêtée qu’il faut soulever les fidèles au-dessus de la
vie naturelle pour leur faire vivre une vie toute surnaturelle dans
l’orientation des intentions ou des motifs.
Ils n’ont dans l’esprit que de les sortir du péché… et c’est tout ce
qu’ils ont à faire. Pour eux le naturel
et le surnaturel vont bien ensemble pour les sauver. Ils vont ensemble au point de vue physique,
mais ce n’est pas vrai au point de vue des intentions, ce qui constitue la
partie libre et méritoire ou non pour le ciel, et ce qui devrait constituer la
matière ordinaire de la prédication. On
voit que c’est bien en vain que Jésus ait montré l’opposition entre le naturel
et le surnaturel dans leur orientation pour la plupart des prêtres. C’est pour cela aussi qu’on ne voit presque
plus de différence entre les catholiques et les protestants ou les païens quant
à la mentalité. Est-ce que Jésus ne dit
pas clairement: «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même;»
Il y a donc du naturel bon «en soi» auquel il faut renoncer sous peine de ne
pas suivre Jésus. Où sont les prêtres
qui prêchent cela systématiquement et constamment, car il faut suivre Jésus
tous les jours? Qu’ils sont rares encore
une fois les prêtres qui prêchent le renoncement à soi même d’une façon
concrète! Ils se contentent de faire
renoncer au péché, ce n’est pas renoncer à soi-même cela. La personnalité morale à laquelle il faut
renoncer n’est pas un péché, et c’est à elle que Jésus veut que nous
renoncions… ce que les prêtres ne prêchent pratiquement plus.
LA
GLOIRE DE DIEU.
Nous
avons déjà vu que le Verbe ne changeait pas de rôle en s’incarnant. Or son essence est de manifester le Père,
c’est encore ce qu’il va faire sur la terre, voilà pourquoi il dit qu’il doit
être aux choses de son Père. A la fin de
sa vie il dira à son Père: «J’ai accompli l’oeuvre que vous m’avez donné de
faire: je vous ai glorifié, j’ai fait connaître Votre nom aux hommes.» De plus
par leur péché nos premiers parents avaient méprisé le commandement du Père; il
faut que Jésus, dans la rédemption, fasse tout le contraire et qu’il ramène au
Père toutes choses, c’est le plan de toute sa vie.
Or
cette gloire de Dieu doit être une affaire d’amour divin. Il faut y mettre tout son cœur, il n’en reste
donc pas pour le naturel. Voilà pourquoi
Jésus néglige l’amour humain pour nous montrer que ces deux amours sont
contraires et que l’un vit aux dépens de l’autre. C’est pour inculquer cette vérité qu’il lui
donne un si grand retentissement dans le temple et en face des docteurs de la
loi et qu’il fait écrire l’événement par les Evangélistes. C’est incompréhensible que tant de prêtres
essaient de concilier ces deux amours naturel et surnaturel, pour les opposer
tous les deux au péché seulement. Ce
n’est pas là le plan de Dieu! Or la vie
de Jésus doit être celle de tout chrétien.
Or combien pourraient dire qu’ils sont tous aux choses de Dieu? C’est le tout petit nombre, même parmi les
prêtres et les religieux. Combien se
sont compromis devant le monde en étant tout aux choses de la religion? On les reconnaît à leurs conversations toute
imprégnées des choses de Dieu, car la bouche parle de l’abondance du cœur, dit
Jésus lui-même. Où sont même ces prêtres
et ces religieux qui ne sont intéressés qu’aux choses de Dieu et qui en parlent
constamment? On va peut-être dire qu’on
ne peut pas toujours parler du bon Dieu.
Je réponds: Est-ce que les choses de Dieu ne sont pas aussi importantes
et infiniment plus que les choses du monde?
Eh bien, est-ce que tous ces gens ne trouvent pas toujours quelque chose
à dire au sujet des choses du monde?
Comme ils en ont la bouche pleine!
C’est donc qu’ils en ont le cœur plein.
Si on ne trouve rien à dire au sujet de Dieu, c’est donc qu’on ne l’aime
pas, il n’est pas dans le cœur. S’il
n’est pas dans le cœur, comment espère-t-on être sauvé? Le premier commandement fait un devoir de
l’aimer de toutes nos puissances; ces gens manquent à ce premier commandement;
ils risquent donc leur salut. Ceux qui
ont le monde dans le cœur avec ses
amusements et ses vanités trouvent toujours de quoi dire. Entendez deux prêtres ou deux religieux qui
se rencontrent, tout de suite ils parlent de sport ou d’argent et ils sont
intarissables sur ces sujets profanes.
Ces gens ne suivent pas Jésus!
Voyez-les dévorer la page des sports dans les journaux, ou les suivre à
la radio! Leur cœur n’est pas en Dieu, ni Dieu dans leur cœur ! Est-ce surprenant que nos fidèles soient
païens de mentalité avec des prêtres et des religieux aussi païens de cœur ? Demandons à la Sainte Vierge de remettre devant
le clergé les leçons divines des mystères de la vie de Jésus.
Le
cœur suit l’esprit, voilà pourquoi les
prêtres, les religieux et les fidèles devraient tourner leur esprit aux choses
de Dieu, en lisant la Bible assidûment, les Pères de l’Eglise, les auteurs
spirituels, en s’habituant à aller visiter et prier Jésus dans le tabernacle où
il nous attend pour nous enseigner les voies de Dieu. Comme ils ont été pris par les choses
mondaines à force de les lire et de s’y intéresser, qu’ils fassent de même pour
les choses de Dieu et ils finiront par les aimer.
Le
Souverain domaine de Dieu, considéré en nous, c’est la soumission totale à
Dieu, c’est faire sa volonté sur la terre comme elle est faite au ciel. Pour cela il faut mener une vie céleste et
donc cesser de vivre naturellement.
Cette transformation, de notre activité naturelle en activité
surnaturelle est le travail du St-Esprit et suppose notre amour de préférence
pour Dieu sur les choses du monde, Jésus affirme que son Maître est le Père
éternel et qu’il travaille uniquement pour lui.
Voilà ce que tout chrétien doit faire; il appartient à Dieu seul et donc
doit travailler pour lui seul. Si Paul
est au service de Pierre, il n’a pas le droit de travailler pour Jean. Quand même Jean lui dirait: ce n’est pas
péché de travailler pour moi, Paul devrait répondre: ce n’est pas la question,
c’est que je suis engagé par Pierre et je dois travailler uniquement pour
lui. Eh bien, quand des gens nous
demandent de faire quelque chose pour le monde, nous devrions répondre de même:
je suis engagé par Dieu pour travailler pour lui seul. Peu importe que ce ne soit pas péché ce que
vous me demandez, je suis engagé pour Dieu et par Dieu et il reste mon unique
Maître: je ne puis travailler pour le monde.
Comme lorsqu’on demande aux mondains de faire quelque chose pour Dieu,
ils disent toujours qu’ils n’ont pas le temps, parce que leur cœur est tout au monde, de même quand les mondains
nous demandent de prendre part à leurs amusements, nous devrions répondre que
nous n’avons pas le temps. Des amis
demandent à un prêtre d’aller jouer au golf, mais il répond qu’il n’a pas le
temps. Ils insistent: il faut qu’un
prêtre ait quelque délassement, il répond qu’il a beaucoup de malades à visiter
et une foule de pécheurs à essayer de gagner de sorte qu’il n’a pas le temps de
courir après une petite balle comme un enfant.
Alors
ils lui demandent de jouer aux cartes pour se reposer les jambes; il dit qu’il
se repose suffisamment en faisant son heure de méditation devant le T.S.S. et en plus une heure d’adoration par
jour. Chacun trouve son repos dans
l’objet de son amour. Il y a toujours
moyen de se reposer dans les choses de Dieu quand on sait les varier. Les païens trouvent leur repos dans les
créatures, les chrétiens doivent le trouver dans leur Créateur. Il y a incomparablement plus à faire dans les
choses de Dieu que dans les choses du monde.
Mathélés, un des premiers Pères de l’Eglise, dit que les païens mettaient
à mort les chrétiens parce que ceux-ci avaient renoncé à tous les plaisirs du
monde.
La
folie de la croix enseigne à semer l’humain pour récolter le divin; c’est ce
que Jésus fait ici, et pas parce que il est méchant en lui-même, mais
simplement comme humain. Sa Mère n’avait
jamais péché et il lui fait de la peine pour affirmer ses relations plus
importantes avec son Père céleste. Les
saints enseignent aussi que chaque chrétien doit se dépouiller de l’affection
naturelle qu’il a pour ses parents afin de la convertir en affection surnaturelle
en ne les aimant que pour Dieu. Cette
leçon est bien nécessaire au monde. Dès
qu’on veut se donner sérieusement à Dieu il y a toujours des parents et des
amis pour plaider en faveur de la nature.
Pourquoi quittez-vous nos réunions?
Pourquoi ne faites-vous pas comme les autres? Il n’y a pas de mal à faire comme tout le
monde? etc. Ils iront jusqu’aux larmes pour nous
attendrir. Il faut un grand courage et
la grâce de Dieu pour résister à ces pièges de l’amour humain. Il faut être bien décidé de rester à Dieu
pour ne pas se faire prendre. Quand ces
arguments viennent des prêtres ou des religieux cette épreuve est très
dangereuse parce qu’on a confiance en leur bonté et qu’on les croit tout aux
choses de Dieu et qu’on les estime. Ils
vont nous prendre par l’humilité en nous accusant d’orgueil de vouloir faire
autrement que les autres prêtres ou religieux, de vouloir nous singulariser
pour attirer les regards sur nous.
Est-ce que les autres prêtres ou religieux ne vous valent pas et ils
prennent des distractions et des récréations honnêtes, etc.? On aurait pu apporter ces mêmes arguments
contre Jésus. Est-ce que sa Mère n’était
pas assez bonne pour lui? Est-ce qu’elle
ne valait pas les docteurs de la Loi?
Est-ce qu’il n’aurait pas pu servir Dieu en restant avec elle,
etc.? Pourquoi lui faire cette peine
terrible? Pourquoi se singulariser, pour
un enfant de douze ans faire son petit docteur dans le temple? Ce n’est pas une question de raison, c’est
une question de préférence du surnaturel sur le naturel. Il faut le montrer en acte dans sa vie!…
Servir
d’exemple aux jeunes. Comme ils sont
tout aux choses de la terre! Quelle rage
pour les vues, pour les amusements et pour les satisfactions des sens! Quelle différence avec la mentalité des vrais
païens? Les choses visibles seules les
attirent et les satisfont. Tandis que
les choses invisibles de la foi les laissent indifférents. Les prêtres formés à la philosophie de la
théologie et qui n’ont que des «in se» à donner au peuple sentent bien qu’ils
ne sont pas capables de surnaturaliser les enfants; alors ils jettent le blâme
sur leur légèreté d’esprit, sur l’emprise des vues animées et sur les occasions
de jouir qui s’offrent à eux partout.
C’est vrai que leur philosophie n’est pas capable de sortir le monde du
paganisme puisqu’elle n’est elle-même que paganisme. Elle prend le point de vue de la raison au
sujet des choses de la religion; elle la paganise encore. Mais Jésus dit que notre victoire sur le
monde viendra de notre foi. Que les
prêtres se pénètrent du plan divin selon la foi et selon la vraie théologie
comme on l’a expliqué tant de fois et ils auront de l’influence sur les
jeunes. La foi est capable de vaincre
leurs tendances naturelles du moment que les prêtres expliqueront la folie de
la croix, la question des échantillons et le mépris des créatures fumier. Mais tant que les prêtres ne donneront que le
péché à éviter, les jeunes resteront païens comme ils sont nés, dans la
mentalité.
Que
de prêtres perdent leur temps à vouloir simplement distraire les jeunes pour les
préserver du péché. Quel triste
idéal! Jésus n’a pas pris cet idéal, ni
ce programme de vie. Mais il est tout
aux choses de Dieu! Quand est-ce que les
prêtres vont comprendre que c’est là le programme qu’ils doivent donner aux
jeunes? Ils n’arriveront jamais à les
lancer dans les choses de Dieu par les sports.
Les Américains l’ont essayé depuis des années et qu’ont-ils obtenu de la
jeunesse? Elle est païenne comme celle de
la Chine ou du Japon. C’est absurde de
croire qu’on va leur enlever les affections pour les créatures en leur en
fournissant d’autres. Ce n’est que par
les choses de la foi, dit Jésus. Les
prêtres pensent-ils de le faire mentir??
DONNER
UNE LEÇON AUX PARENTS.
C’est
la contrepartie du point précédent: si les jeunes ont un devoir de se donner
tout aux choses de Dieu, c’est un devoir aussi pour les parents de n’y pas
mettre d’obstacles. Combien ont peur que
les enfants aillent communier trop, aillent à la messe sur semaine, ou lisent
trop de bons livres, enfin qu’ils restent trop à la maison; ils aiment à les
voir se produire dans le monde par snobisme et par orgueil. Comme les mères sont contentes que leurs
filles soient de toutes les soirées, soient recherchées, etc. Elles vont dans la mauvaise direction et en
sens opposé à Jésus. Elles risquent leur
salut, ils ne comprirent pas! Quel mystère que cette parole de
l’Evangile. Qui aurait jamais osé le
dire, si ce n’était pas écrit là? La
seule chose qu’un chrétien doit faire, le seul programme de Jésus, et enfin une
parole si évidente: «Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon
Père?» Et les deux plus saints personnages au monde ne comprirent pas cette
parole! C’est qu’ils devaient comme les
Apôtres attendre la descente du Saint-Esprit pour avoir l’intelligence des
choses de Dieu dans toute leur ampleur et leur signification. Aussi Dieu voulait les tenir dans la foi
pure. Personne ne devait avoir une foi
plus parfaite que Marie. Or la foi est
l’adhésion à la vérité révélée et acceptée à cause du témoignage de Dieu. Plus on comprend, comme dit Saint Paul, et
moins il y a de foi. Voilà pourquoi Dieu
ne permit pas qu’elle comprît cette parole de Jésus. Prenons-la pour modèle de foi. Croyons sans comprendre: là est le mérite de
la foi. « heureux ceux qui croiront sans
avoir vu.»
Aucun commentaire:
Publier un commentaire