DIX-HUITIÈME
INSTRUCTION LE PÉCHÉ.
«Celui qui commet le
péché est du diable.» 1 Jean, 3-8.
Plan Notion difficile (De
notre fin dernière On connaît sa malice en fonction: (Des échantillons (De ses
châtiment Revue de ses péchés personnels Adieu au péché!
NOTION DIFFICILE Rien de
plus commun au monde que le péché; cependant rien de moins connu! Comme il offense Dieu invisible et si peu
connu, les fidèles connaissent bien peu sa malice. On voit tant de gens le commettre, en parler
et même s’en vanter qu’on finit par le regarder comme une affaire toute
ordinaire. De plus, à cause de la
difficulté d’y résister, on finit par en prendre son parti; l’un accuse la
faiblesse de la nature, l’autre la force des passions et l’ensorcellement des
créatures; bref, on se résigne en disant c’est la vie du monde! Il n’y a rien à faire! Et l’on continue de pécher! Il y a beaucoup de vrai en cela! Nos gens vivent tellement dans le naturel et
de naturel que de fait ils ne sont pas capables d’éviter les péchés quand ils
sont tentés. Leur maison est bâtie sur
le sable, elle ne peut pas résister aux torrents des passions! Les prêtres les laissent dans le naturel dans
leurs rapports avec toutes les choses permises et bonnes en soi, mais bonnes à
rien pour les préserver des chutes dans les tentations inévitables pour tout
chrétien. Tant que les prêtres laissent
les fidèles, les pécheurs dans le naturel des affections bonnes en soi et des
motifs naturels qui jaillissent de là, toute leur prédication contre le péché
est vaine. C’est comme rebâtir la maison
tombée sur le même sable; elle va s’écrouler encore à la prochaine tempête.
C’est inutile aussi de
leur dire qu’ils se ravalent au rang des animaux; ils trouvent ces plaisirs
aussi naturels que de manger et ils le sont de fait. C’est aussi naturel de propager l’animal que
de le nourrir. La défense de Dieu ne change
pas la tendance naturelle qu’il a mise lui-même dans l’homme et ces «naturels»
vivent trop loin de Dieu pour être affectés par la défense faite par Dieu. Nous n’arriverons jamais à préserver les
hommes du péché en raisonnant avec eux sur le plan naturel. Tous les prêtres devraient se rappeler que
Jésus dit que notre victoire sur le monde viendra de la foi. Allons donc chercher dans la foi nos
arguments pour lutter contre le péché.
En effet, comme c’est Dieu qui est offensé, c’est lui qui peut mieux juger
de la malice du péché. Essayons donc de
nous mettre à son point de vue pour la juger comme lui, en autant que nous le
pouvons avec l’aide de la lumière divine.
Évidemment les pécheurs, tout aux choses du monde et de l’animal,
resteront froids devant ces considérations de leur fin dernière dans ce monde
surnaturel qui les attire si peu, mais tout de même, c’est selon le plan divin
et ils ont des chances que le St Esprit les éclaire de sa lumière divine et
touche leur coeur de contrition. on
connaît sa malice en fonction… 1.- De notre fin dernière ou destinée
surnaturelle. Quand on rencontre un
homme écarté de son chemin, comment lui faire apprécier son écart, sinon en lui
indiquant la direction de la ville où il voulait aller. Eh bien!
n’est-ce pas le meilleur moyen aussi de montrer aux pécheurs leur écart
en leur indiquant leur destinée surnaturelle qu’ils doivent atteindre? C’est la tactique de St Ignace qui met le
pécheur tout de suite dans le fondement en face de sa fin dernière et des
moyens pour y arriver, afin qu’il comprenne mieux son extrême misère de s’en
être éloigné. Non seulement nous sommes
destinés à aller voir Dieu au ciel, mais même à participer à la vie intime de
la Trinité en proportion que nous reproduisons la vie de l’humanité de Jésus
dans notre union avec J.C. Dieu nous
invite donc à son propre bonheur éternel.
C’est pour nous faire commencer cette vie tout de suite dans la foi et
dans la grâce que la Trinité vient habiter en nous par la grâce
sanctifiante. En proportion que nous en
aurons de cette vie divine à l’heure de la mort, nous en aurons au ciel dans la
gloire de la vision béatifique. Pour
intéresser les pécheurs qui peuvent rester froids devant cette fin trop sublime
pour eux, qu’ils se servent justement des plaisirs sensibles qu’ils aiment tant
actuellement pour monter jusque-là.
Précisément parce qu’ils apprécient tant ces plaisirs, qu’ils
réfléchissent un peu que ces plaisirs ne sont que de bien faibles échantillons
des plaisirs célestes. Puisqu’ils les
aiment tant qu’ils s’arrangent donc pour en avoir éternellement. Or il n’y a qu’au ciel qu’ils pourront en
avoir et d’incomparablement plus parfaits que ceux de la terre. Dès qu’ils lèveront les yeux tant soit peu
vers le ciel, ils sont sûrs de recevoir quelque grâce pour les attirer à ce
bonheur céleste et donc de les détacher des plaisirs terrestres. Les Apôtres mettaient cette fin dernière
constamment devant les yeux des fidèles afin de les obliger à vivre selon les exigences
de cette vie divine qui doit être la nôtre un jour. Dans sa première épître St Pierre nous met en
face de notre sublime destinée pour nous obliger à vivre en conséquence. «Béni soit le Père de N.S.J.C., qui selon sa
grande miséricorde nous a régénérés en une vive espérance, par la résurrection
de J.C. d’entre les morts. Pour un héritage incorruptible, pur, immortel
qui vous est réservé dans les cieux.» Puis il insiste sur la nécessité de
commencer tout de suite. «Mais comme
celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute la
conduite de votre vie, selon qu’il est écrit: vous serez saints parce que je
suis saint.»
1 Jean, 5-9: «Celui qui
est né de Dieu ne commet pas le péché, car la semence de Dieu est en lui et il
ne peut pécher.» Évidemment dans le sens qu’il ne doit jamais pécher. Son idée est: comment un enfant de Dieu
peut-il offenser son Père céleste? Si ce
chrétien était convaincu de la sublimité de son état d’être participant de la
nature divine, il aimerait tellement son Père qu’il ne l’offenserait plus
jamais. Et Jean insiste souvent sur
l’amour que nous devons à Dieu parce qu’il nous appelle à sa propre vie divine
au ciel. C’est qu’alors le St Esprit
peut agir puissamment dans les âmes qui s’élèvent par la pensée au moins
jusqu’à cette destinée sublime. St Paul
aussi met souvent les fidèles en face de leur sublime fin surnaturelle. Il commence son épître aux Éphésiens comme St
Pierre: «Béni soit le Dieu et Père de N.S.J.C., qui nous a comblés en J.C. de toutes sortes de bénédictions spirituelles
et de biens célestes. De même qu’en lui,
il nous a choisis avant la création du monde afin que nous fussions saints et
sans tache en sa présence par la charité et qui nous a prédestinés à l’adoption
de ses enfants par J.C. en union avec
lui, selon le dessein de sa volonté… qu’il éclaire les yeux de votre coeur,
afin que vous sachiez quelle est l’espérance à laquelle il vous a appelés,
quelles sont les richesses et la gloire de l’héritage qu’il destine aux
saints.»
Voilà où les Apôtres
allaient chercher leurs arguments pour exhorter les fidèles à vivre saintement
comme des enfants de Dieu qu’ils sont réellement. C’est autrement efficace que d’aller en
chercher en enfer ou dans le péché ou dans la vie animale. C’est de là que nous viennent toutes les
grâces, c’est le milieu où le St Esprit agit.
C’est là le monde de la foi qui va nous donner la victoire sur le
monde. Plus on remplira l’esprit des
fidèles de la sublimité de leur destinée surnaturelle et moins ils
pècheront. N’est-ce pas que plus un
homme admire sa femme, moins il est exposé à en chercher d’autres? Eh bien!
plus nos fidèles seront remplis des grandeurs du bonheur qui les attend
au ciel et moins ils seront attirés par les échantillons et moins ils
pécheront. Les Pères de l’Église ont
imité les Apôtres dans ce genre de prédication; ils sont allés surtout dans la
fin dernière des chrétiens pour leur fournir des arguments de vivre saintement,
et donc d’éviter les péchés. Il est
grand temps que les prêtres reviennent à ces idées pour sanctifier les
fidèles. 2.- Des échantillons. Car c’est par leur attrait qu’on pèche contre
Dieu; c’est donc en exploitant ces attraits que nous comprendrons mieux
l’offense que l’on fait à Dieu en s’attachant à des échantillons. Nous allons utiliser cette idée que les
échantillons sont la monnaie pour acheter Dieu.
Plus on sacrifie pour acheter Dieu et plus on aura de peine de le
perdre. Quand on perd un objet, n’est-ce
pas que la peine est en proportion du prix qu’on a payé cet objet? On comprend que seuls les bons chrétiens
mortifiés et renoncés sont en mesure de mesurer la grandeur d’une offense
mortelle contre Dieu. Comment les
mondains qui n’ont jamais rien payé pour
Dieu peuvent-ils être
vraiment peinés quand ils perdent Dieu par un péché mortel? Tandis que ceux qui ont sacrifié beaucoup de
plaisirs pour posséder Dieu sont navrés de l’avoir perdu sottement pour un
simple plaisir passager. En Alaska un
jour, un mineur voit un jeune Esquimau jouer avec une pépite d’or valant
plusieurs dollars. Il offre 25 cts à
l’enfant qui est content de la vendre pour ce prix. Il l’appéciait en fonction de ces sous avec
lesquels il avait déjà acheté des bonbons.
Les pécheurs sont aussi gogos et ignorants que cet Esquimau; ils vendent
Dieu, la source infinie de tous les biens, pour quelques échantillons qui ne
valent que quelques sous, en comparaison de Dieu. C’est qu’ils n’ont jamais goûté le plaisir
divin de sacrifier un plaisir terrestre pour l’amour de Dieu. Aussi après leur péché mortel, on les voit
s’amuser comme avant, dormir sur leurs deux oreilles, en paix, comme si rien
n’était!!! Comme celui qui perdrait un
paletot de $500.00 repasserait dans son esprit tous ces billets de banque qu’il
a donnés pour l’acheter et qu’il en aurait une grande peine, ainsi celui qui
perd Dieu par un péché mortel repasse dans son esprit tous les sacrifices qu’il
a déjà faits pour gagner Dieu et il en conçoit une grande peine, et il comprend
mieux la malice du péché qui le prive de Dieu pour l’éternité s’il meurt dans
cet état. Plusieurs chrétiens disent
qu’ils estiment Dieu dans leur esprit et qu’ils le veulent un jour au
ciel. Mais tant qu’ils ne feront pas de
sacrifices pour l’amour de lui, ils agissent comme cet homme qui voit un beau
paletot dans une vitrine, qui l’estime et qui voudrait bien l’avoir, mais qui
ne veut pas donner un dollar pour l’avoir.
Son estime est absolument vaine.
Nous aurons dans le ciel ce que nous aurons acheté aux dépens des
plaisirs terrestres que nous sacrifions pour l’amour de Dieu. Qui pense sérieusement aux belles et bonnes
choses qu’il n’a pas l’intention d’acheter?
Eh bien! pour penser sérieusement
à Dieu, il faut vouloir sérieusement l’acheter en le payant par des sacrifices
des plaisirs des échantillons. C’est
dans la peine du sacrifice que l’esprit et le coeur se portent sur Dieu d’une
façon concrète et pratique. Autrement la
pensée de Dieu est superficielle et vaine, Par exemple, c’est quand un fumeur a
tout ce qu’il faut pour fumer et qu’il en fait un sacrifice pour l’amour de
Dieu qu’il pensera sérieusement au plaisir correspondant au ciel. Plus il s’en prive et plus la passion se fait
sentir. Dieu la laisse précisément pour
lui donner une plus grande estime du plaisir correspondant au ciel. Qu’il se dise: si j’enrage tant pour un
plaisir si insignifiant et si passager, que doit être le plaisir que je
récolterai au ciel! Plus il pourra dire
à Dieu: vous voyez comme il faut vous aimer pour vous payer si cher! C’est en gardant sa faim pour le plaisir
qu’on peut l’apprécier. Ceux qui se
contentent avec les plaisirs des échantillons ne peuvent pas désirer
sérieusement les plaisirs du ciel. Quand
on est rassasié de mets grossiers, on est rassasié quand même et l’on ne désire
pas de meilleures viandes. Ainsi ceux
qui sont rassasiés des plaisirs des échantillons n’ont pas faim pour ceux du
ciel, comme l’expérience le prouve.
C’est quand une mère de famille trouve pénible d’élever plusieurs
enfants et donc qu’elle sacrifie une belle vie douce sur terre, qu’elle pensera
à cette vie douce du ciel pendant toute l’éternité, qu’elle récoltera un jour
pour avoir semé celle de la terre. Ces
femmes ne voudraient pas pour tout l’or du monde commettre un péché
mortel. Car le ciel leur coûte si cher
qu’elles ne voudraient pas le perdre.
Voilà des chrétiennes capables de mesurer un peu la malice du péché
mortel. C’est donc le même chemin pour
arriver à connaître Dieu et à connaltre la malice du péché.
Plus on connaît la bonté,
la beauté et la majesté de Dieu et plus on connalît la malice du péché qui
offense un tel être. Or, nous n’avons
que la doctrine des échantillons pour arriver à connaître Dieu. Plus donc les prêtres la donneront au peuple
et moins les fidèles pècheront; parce qu’ils auront une très grande idée de
Dieu par la comparaison avec les échantillons que nous estimons tant au point
de vue naturel. Par nature, toute notre
estime va là, donc c’est cette estime qu’il faut semer pour récolter l’estime
des perfections de Dieu. Tous devraient
savoir que les plaisirs terrestres sont comme autant d’échelons pour monter à
Dieu. Or, il faut mettre le pied sur
l’échelon pour monter dans l’échelle; Eh bien!
mettons les pieds sur les plaisirs terrestres, rejetons-les afin de ne
vivre que pour ceux du ciel auxquels Dieu nous destine dans son infinie
bonté. Tout cela est vrai non seulement
pour les échantillons défendus, mais pour les permis aussi. Ils ne sont que des échelons pour aller à
Dieu. 3.- On connaît la malice du péché
en fonction de ses châtiments déjà infligés par Dieu aux pécheurs. Jusqu’ici nous avons suivi le procédé
intellectuel pour nous faire une grande idée de la malice du péché. Maintenant nous allons prendre un autre
moyen: nous allons nous arrêter aux effets des péchés dans trois différents
groupes de personnes punies par Dieu pour leurs péchés. Nous aurons une idée de ce que Dieu pense du
péché, et cela nous aidera à nous mieux faire comprendre sa malice. Quand même les péchés des autres ne nous
touchent guère, leurs châtiments devraient nous ouvrir les yeux sur la grandeur
de nos propres péchés que Dieu peut bien punir de la même façon. le péché des anges. Ces esprits purs étaient immortels,
intelligents et doués de volonté. Dieu
leur avait donné la grâce sanctifiante en les créant parce qu’aucun être ne
peut la mériter quand il ne l’a pas.
C’est comme si Dieu leur disait: Vous êtes divins, vous avez une
participation créée de ma nature, agissez comme moi afin de venir participer à
ma vie trinitaire au ciel. Là ils
agiront avec la sagesse divine et selon la volonté divine. Eh bien!
Dieu veut qu’ils commencent à le faire tout de suite pour se montrer
dignes du ciel. Il leur demande donc
quelque chose qui répugne un peu à leur nature angélique, peu importe ce que
c’était pour le moment. St Michel avec
ses anges renoncèrent à leurs facultés spirituelles, les semèrent pour agir
uniquement selon la sagesse divine. Ils
étaient mûrs pour aller continuer cette vie au sein de la Trinité.
Mais Lucifer avec ses
anges ne voulurent pas se renoncer ni obéir à Dieu. Après tout, ils n’ont fait que suivre leur
bon sens angélique au lieu de suivre la sagesse divine… comme tant de chrétiens
font de nos jours. Comme tout le monde
trouve naturel de suivre les goûts de la nature! Même quand Dieu leur demande le
contraire. C’est tout ce qu’a fait
Lucifer. Comment Dieu jugea-t-il cette
désobéissance? Dieu créa l’enfer: cet
abîme de feu qui peut brûler des esprits aussi bien que des corps. C’est J.C.
lui-même qui nous l’a dit que l’enfer a été créé pour les anges
d’abord. Des millions d’anges brûleront
éternellement dans ce feu qui les torturera sans jamais les consumer. Allons en esprit sur le bord de cet océan de
flammes allumées par la colère divine.
Notre feu est un effet de la bonté de Dieu, que doit être celui qui est
l’effet de sa colère infinie? Regardons
ces anges transformés en démons et se lamentant dans des tortures atroces et se
débattant de désespoir dans cet océan de flammes inextinguibles. Comparons leur affreux sort au bonheur
ineffable des bons anges dans la vision béatifique du ciel. Bonheur suprême et éternel d’un côté et de
l’autre tourments épouvantables dans un feu éternel! Quelle est donc la cause d’un tel écart entre
ces deux groupes d’anges? Un seul péché
mortel! Une seule désobéissance à Dieu! C’est un fait historique, un fait corroboré
par le témoignage de J.C. lui-même en
parlant de la sentence qu’il portera contre les méchants: «Allez, maudits, au
feu éternel qui a été préparé pour Satan et ses anges!» Et ils iront au feu
éternel! Peu importe que ces
considérations nous laissent insensibles; il faut au moins convaincre l’esprit
de cette vérité épouvantable et ensuite par la prière obtenir de Dieu qu’il
daigne toucher notre coeur de sa grâce pour que nous pleurions au moins
spirituellement tous nos péchés qui nous ont déjà peut-être mérité ce terrible
châtiment!
le péché de nos premiers
parents nous montre un
châtiment que les hommes
ont bien de la peine à comprendre tant il dépasse toute compréhension
humaine. Repassons les principales circonstances. Adam et Ève ont reçu la grâce sanctifiante
dans leur création pour la même raison que les anges; ne l’ayant pas, ils
n’auraient pas pu la mériter. Ils
étaient donc destinés à la vision béatifique comme les anges. Pour la leur faire mériter, Dieu leur demande
une épreuve pourtant bien simple et bien insignifiante: ne pas manger d’un tel
fruit quand il y en avait tant d’autres dans le paradis terrestre. Tous les deux ont désobéi et ont commis leur
péché mortel. Du coup ils méritent le
même châtiment que les anges. Tout ce
que nous avons dit des anges s’applique donc à eux aussi. Mais cependant Dieu agit différemment avec
les hommes: il ne les précipite pas tout de suite en enfer parce que le Verbe
incarné va prendre sur lui la plus grande partie du châtiment, et nos premiers
parents vont avoir la chance d’expier leur faute en union avec le sacrifice de
Jésus sur la croix. Mais examinons le
châtiment qui tombe sur J.C. au lieu de
tomber sur les hommes. Comment notre
esprit peut-il comprendre ces souffrances endurées par un Homme-Dieu? C’est une seule personne qui souffre et elle
est Dieu dans toute la force du mot et elle est homme aussi véritablement. La justice divine fait donc retomber le
châtiment du péché d’Adam sur Dieu même pour ainsi dire. Comme il y a eu un côté infini dans
l’offense, il y a donc aussi un côté infini dans le châtiment. En tous cas il dépasse les forces de l’esprit
humain comme les tourments de l’enfer pour les anges les dépassent aussi. Pourquoi la passion et la mort du
Sauveur? C’est pour expier une seule
désobéissance d’Adam et d’Ève! Cet abîme
de souffrance donne un peu l’idée de ce que Dieu pense d’une seule
désobéissance d’un homme envers lui.
Puisque c’est Dieu qui va réparer ce péché, c’est donc qu’un homme ne
pouvait le faire ni tous les hommes ensemble.
Que chacun s’arrête à ces deux châtiments: l’enfer d’un côté et la
passion et la mort de l’Homme-Dieu de l’autre.
Voilà deux faits historiques qui prouvent ce que Dieu pense du péché
mortel qui n’a duré qu’une seconde dans le consentement de la volonté… et quels
affreux tourments de la part de Dieu qui a été offensé! Il est évident que seule la grâce divine peut
éclairer l’esprit et le coeur sur de pareilles vérités. Demandons-la avec toute la ferveur possible
et persévérons dans cette demande jusqu’à ce que nous soyons tellement pénétrés
par ces deux châtiments que nous souffrions n’importe quelle privation plutôt
que de pécher contre Dieu. Implorons
l’intercession de la Ste Vierge dans une affaire de cette importance. et nous.
C’est l’enseignement de l’Église que celui qui meurt en état de péché
mortel est condamné à l’enfer avec les mauvais anges. Quelque saint qu’on puisse être et quelque
grands que soient nos mérites déjà acquis, un seul péché mortel suffit pour
nous précipiter en enfer pour l’éternité.
Une seule désobéissance en matière grave produit donc pour n’importe
lequel d’entre nous ce qu’elle a produit chez les anges et chez nos premiers
parents… et même les deux à la fois: nous méritons l’enfer et nous crucifions
J.C.! Ce devrait être assez pour nous
convaincre de la grandeur de la malice du péché mortel et pour nous déterminer
à ne plus jamais le commettre. Plutôt
souffrir n’importe quelle tentation! Si
toutes ces considérations restent dans la tête seulement, elles ne produiront
aucun bon résultat. Il faut prendre le
temps voulu et essayer de descendre au fond de son coeur pour y rencontrer Dieu
s’il y habite! Si on a un peu d’amour
pour lui!… Je serais fort peiné dans mon coeur si j’avais frappé ma mère par
mégarde, tandis que je ne le serais pas ou bien peu si c’était une étrangère
que j’avais ainsi frappée. Voilà
pourquoi ceux qui ont des attaches sont pratiquement incapables de regretter
sérieusement leurs fautes mortelles, parce que cet amour naturel empêche
l’amour surnaturel de Dieu de s’établir dans le coeur. Dieu qui est offensé n’est pas leur amour;
comment seraient-ils peinés? Sans doute nos
philosophes avec leur «strictement parlant» en trouveraient peut-être, mais
Dieu ne se soucie guère de cet amour de tête seulement. revue de nos péchés personnels
Personne ne peut la faire
pour un autre; elle est déjà assez difficile pour soi-même! Ce n’est qu’en proportion qu’on a de l’amour
véritable pour Dieu que cette revue peut toucher le coeur. Tout de même, il est bon de la faire
sérieusement. Cet effort peut attirer
quelque grâce de Dieu pour mieux regretter ses péchés. Il est bon qu’un homme d’affaire repasse ses
dettes pour se faire une idée de tout ce qu’il doit à ses créanciers. Eh bien!
il est encore plus nécessaire pour un chrétien de repasser ses dettes
envers Dieu pour commencer tout de suite à les payer d’une façon ou d’une autre,
par la pénitence, le repentir ou la mortification . Savoir que Dieu va exiger le paiement de ces
dettes jusqu’au dernier sou, dans les flammes du purgatoire ou en enfer devrait
réveiller tout chrétien et l’exciter à bien faire cette revue. Qu’il repasse dans le détail tous ses péchés,
en nombre, en gravité et en malice.
Qu’il s’arrête à son ingratitude envers Dieu qui lui a fait tant de
grâces pour l’avoir avec lui au ciel.
Qu’il songe à ce que Jésus a souffert pour lui dans sa passion… et qu’il
souffrira lui-même s’il n’a pas expié ses fautes. Tous ses péchés ont blessé les perfections
divines; comment le pécheur peut-il espérer aller faire son bonheur avec Dieu
qu’il a outragé? Le pécheur se moque de
la bonté divine qu’il méprise pour son échantillon terrestre. Il attaque la majesté de Dieu puisqu’il pèche
en présence de Dieu et ne s’en occupe pas.
Au lieu de reconnaissance pour les bienfaits divins, il est absolument
ingrat envers Dieu, se servant de ses dons pour l’offenser au lieu de le
glorifier. Il refuse de se soumettre au
souverain domaine divin en préférant sa propre volonté à la volonté
divine. Mais toutes ces considérations
n’ont pratiquement aucune influence sur un coeur vide d’amour de Dieu, et donc
attaché encore aux plaisirs du monde.
Tout de même il est bon de les faire quand ce ne serait que pour
comprendre le vide épouvantable de notre coeur envers les choses divines. Car l’esprit voit bien qu’elles sont très
vraies même quand le coeur reste indifférent.
Au moins on peut mieux comprendre qu’on n’a aucun amour sérieux de Dieu
et cela devrait nous remplir d’effroi pour notre avenir céleste. Rester insensible devant toutes les injures
qu’on a faites à Dieu montre à l’évidence qu’on n’a aucun amour de Dieu, même
si selon les philosophes, il n’est pas besoin de verser des larmes pour être
contrit. Enfin, il faut toujours bien
que la peine soit quelque part dans l’homme ailleurs que dans la tête. adieu au péché Même si le coeur reste froid
devant toutes ces considérations sur le péché, l’esprit au moins doit agir
énergiquement sur la volonté pour lui faire prendre une détermination absolue
de ne plus jamais pécher? Eh bien! nous l’avons dit souvent, le plan divin exige
que nous commencions tout de suite sur terre la même vie dans la même mentalité
qu’au ciel. La grâce de Dieu nous est
donnée normalement dans la mesure que nous la voulons et selon nos dispositions
intérieures. Cette détermination
énergique évidemment n’est pas la grâce; il faudra beaucoup prier pour
l’avoir. Mais enfin quand Dieu trouve
dans l’âme cette détermination il agit puissamment dans l’âme. N’allons pas nous arrêter à l’exécution qui
ne répond pas toujours à l’intention, mais travaillons sur la partie qui dépend
de nous et Dieu fera sa part ensuite en admettant sa grâce dans notre part
évidemment. Les Apôtres insistaient
énormément sur cette idée de l’incompatibilité de la vie divine en nous avec le
péché. Ils le prêchaient tellement que
les catéchumènes allaient jusqu’à différer leur baptême pour jouir de la vie,
sachant qu’une fois baptisé ils ne pourraient plus jamais faire ces choses. C’est ce qui explique le peu de détail qu’on
a sur la confession de ces temps-là. Les
chrétiens ne péchaient plus et donc ne se confessaient pas ou très rarement. Voyons quelques passages des Epîtres qui
enseignent cette doctrine avec grande force.
Rom. 6-3: «Ne savez-vous pas que nous tous qui
avons été baptisés en J.C., c’est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le
baptême en sa mort, afin que comme le Christ est ressuscité des morts par la
gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. Si en effet, nous avons été greffés sur lui,
par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa
résurrection; sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que
le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du
péché; car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ,
nous croyons que nous vivrons avec lui sachant que le Christ ressuscité ne
meurt plus; la mort n’a plus d’empire sur lui, car sa mort fut une mort au
peché une fois pour toutes et sa vie une vie pour dieu. Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au
péché, et comme vivants en J.C.». St
Paul n’avait pas peur d’être extrêmement exigeant pour les premiers chrétiens;
ils ne devaient pas plus pécher qu’un mort.
Il veut qu’ils vivent la vie divine de J.C., absolument exempte de tout
péché. Donc ne pas plus pécher qu’un
mort. Ne pas plus pécher que J.C. Peut-on être plus absolu? Cela doit être ainsi. Les Apôtres étaient logiques avec les
exigences de notre destinée surnaturelle au ciel. Pourquoi nos prêtres ne prêchent-ils plus
cette doctrine si forte et si efficace pour préserver les fidèles de tout
péché? C’est une sottise d’un grand nombre
de prêtres de penser plus à l’exécution qu’à l’intention. Parce que beaucoup ne pourront pas pratiquer
cette grande pureté de coeur, on dirait qu’ils les excusent. Ils prennent cette faiblesse de la nature
humaine comme matière de prédication.
C’est insensé! Dans l’ordre de
l’intention on exige absolument tout.
L’exécution n’est pas de nos affaires, que les fidèles y voient. Pour être mort au péché, il faut d’abord
mourir aux causes du péché en nous, qui sont nos convoitises naturelles avec
leurs motifs naturels qu’elles nous fournissent, et cela se trouve dans les
choses permises comme dans les défendues.
Par conséquent il faut se mortifier constamment et se renoncer de même
pour mourir non seulement aux choses de ce monde, mais à soi-rnême surtout, à
sa personnalité morale que l’on doit commencer à connaître.
St Paul revient souvent
sur cette idée fondamentale de notre religion: que nous devons mourir au monde,
à nousmêmes et au péché. Eh bien! quand on dit qu’un homme est mort, c’est
quand les choses de ce monde n’ont plus d’influence sur lui. Quand tous ses sens sont fermés aux choses
sensibles, que ses facultés n’agissent plus; Eh bien! notre destinée surnaturelle exige que nous
soyons morts moralement à tout ce monde en autant que notre condition humaine
le permet. L’humanité de Jésus était
pratiquement morte pour les plaisirs du monde; rien de créé ne l’intéressait si
ce n’est qu’en rapport avec le salut et la gloire de Dieu, Eh bien! Voilà ce que St Paul veut que nous fassions
comme chrétiens. Quel dommage que les
prêtres ne soient pas plus imbus de cette doctrine céleste avec ses impérieuses
exigences pour la sainteté de la vie des chrétiens. Leur idéal ne semble vouloir faire que des
honnêtes gens alors qu’ils devraient vouloir faire des saints morts à ce monde
et ne vivant plus que pour le ciel en Dieu.
Ils n’attaquent que les péchés quand ils devraient attaquer tout
l’humain libre qui reste dans tout homme même une fois baptisé. Donc ils devraient attaquer toutes les
affections naturelles même bonnes en soi et pour les choses permises: cela est
bon humainement, mais n’est pas divin.
Or tout, absolument tout doit être divin dans nos chrétiens comme dans
les élus au ciel; c’est la condition pour arriver au ciel! 1 Jn.
3-2: «Mes bien-aimés, nous sommes dès maintenant les enfants de Dieu,
mais ce que nous serons un jour ne paralt pas encore. Nous savons que lorsqu’il se montrera nous
serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque a cette espérance en lui se
sanctifie comme lui-même est saint.
Quiconque commet le péché, commet l’iniquité. Vous savez qu’il est apparu pour ôter nos
péchés et le péché n’est point en lui.
Quiconque demeure en lui ne pèche pas et quiconque pèche ne l’a point vu
et ne l’a point connu. Mes petits
enfants, que personne ne vous séduise.
Celui qui fait les oeuvres de justice, c’est celui-là qui est
juste. Celui qui commet le péché est
enfant du démon, parce que le démon pèche dès le commencement. Or c’est pour cela que le Fils de Dieu est
apparu, pour détruire les oeuvres du démon.
quiconque est né de dieu ne commet pas le péché, parce que la semence de
Dieu demeure en lui, et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu. C’est en cela qu’on connaît les enfants de
Dieu et les enfants du démon.»
St Jean insiste sur le
fait que nous sommes divinisés; étant les enfants de Dieu, ne péchons pas plus
qu’au ciel! Nous sommes déjà là par la
foi et la grâce, donc par toute notre vie surnaturelle. «Que votre volonté soit faite sur la terre
comme au ciel» nous enseigne à prier chaque jour N.S.; c’est donc qu’il veut
que nous vivions réellement comme au ciel par la pureté et l’amour du
coeur. Nous trouvons cette doctrine de
l’extrême pureté de vie de tout chrétien prêchée par les autres Apôtres. Ils veulent que nous soyons saints comme Dieu
est saint dans toute la conduite de notre vie.
C’est à force de mettre devant les yeux des fidèles ces exigences
extrêmes de notre destinée à la vision béatifique que nous préserverons les fidèles
de tout péché et que nous obtiendrons un changement de vie radical chez les
pécheurs. Cette vue de la sublime
destinée d’enfants de Dieu est autrement efficace pour attirer les pécheurs que
la vue de l’enfer. La différence est
aussi grande qu’entre la crainte et l’amour pour mener les coeurs. Évidemment il faut parfois parler de l’enfer
et de ses tourments éternels, mais il vaut bien mieux parler surtout de ce que
nous sommes par la grâce de Dieu. Nous
l’avons expérimenté souvent dans nos missions au peuple et dans nos retraites
aux prêtres. Toutes nos instructions
étaient orientées pour les porter du côté de Dieu et les résultats ont été très
consolants. En tout cas, il est certain
que c’était la façon de prêcher des Apôtres et ils attachaient les chrétiens à
J.C. pour toujours et avec un amour
capable de les conduire au martyre. Or
de nos jours les prêtres ne parlent guère des exigences de cette sublime
destinée. Aussi quel fléchissement dans
la foi et les coeurs comme conséquence!
Toute leur morale consiste à dire que telle chose est péché mortel,
telle autre est permise… et, prenez-en tant que vous voudrez, il n’y a pas de
mal à cela. Tout ce qu’on entend est
ceci: c’est péché; ce n’est pas péché!
C’est défendu! C’est permis! Comme si Dieu n’était qu’un être sans
péché! Donc tout bon païen vaut
Dieu! Un païen qui ne pèche pas: voilà
tout l’idéal que les prêtres donnent aux fidèles! Est-ce que le surnaturel, c’est tout ce qui
n’est pas péché? Est-ce que le ciel,
c’est tout ce qui n’est pas l’enfer? Les
limbes, ce n’est pas l’enfer: alors c’est le ciel? Un bon païen sans péché, est-ce que c’est
Dieu? Vivre en bon garçon, est-ce vivre
en enfant de Dieu? On voit l’immense
tort que font les philosophes à la religion.
Tout ce qu’ils peuvent concevoir n’est que du pur naturel; ils en sont
satisfaits! Du moment qu’un homme ne
commet pas de péché mortel, c’est un enfant de Dieu digne du ciel, même si sa
mentalité est toute de la terre même si son coeur est tout aux choses du
monde. Est-ce surprenant que nos fidèles
soient si lâches dans le service de Dieu?
Jamais on n’a exigé d’eux une vie toute divine dans toute la conduite de
leur vie comme les Apôtres.