La
croix remplie de ducats.
Les
maux que Dieu nous envoie sont en réalité des bienfaits, car en souffrant patiemment nous
acquérons des mérites éternels. Chaque souffrance endurée avec patience est en
quelque sorte une pierre précieuse dans notre couronne au ciel. Un célèbre
prédicateur s'est servi de la comparaison suivante pour faire comprendre à ses
auditeurs cette vérité fondamentale : « Supposons, dit-il, que sur le sommet
d'une montagne voisine, se trouvent une grande quantité de croix en bois. Si je
vous disais que chacun de vous peut en choisir une et la - considérer comme lui
appartenant, à condition qu'il la porte lui-même à la maison, je crois que peu
d'entre vous seraient tentés d'y aller. Mais supposons les croix creuses et
remplies de ducats, ce serait autre chose : on se disputerait à qui aurait la
plus lourde et la peine serait comptée pour rien. Les souffrances sont des
croix de ce genre : ceux qui n'ont pas la foi et qui par conséquent ignorent
les récompenses éternelles, prix des souffrances, murmurent et s'en désolent,
les saints au contraire, qui connaissaient la valeur éternelle des souffrances,
les aimaient et s'en réjouissaient. De là la devise de sainte Thérèse: « Seigneur!
ou souffrir ou mourir! » C'est pour cette raison aussi que, au milieu de la
souffrance, Job chante les louanges de Dieu en disant : «Il en est arrivé comme
il a plu au Seigneur, béni soit son nom !»
Les souffrances sont un signe de la faveur divine.
Dieu,
père et médecin.
Quand
un père remarque des défauts dans l'enfant qu'il aime, il le punit pour lui
faire perdre ses mauvaises habitudes. Si au contraire le même père remarque des
fautes chez un enfant étranger, il ne le punit pas, parce que cet enfant ne lui
appartient pas.
Voilà,
ce que fait aussi Dieu, notre père. Lui aussi, il éprouve souvent ceux qu'il
aime, en leur envoyant des souffrances et des revers, pour les purifier de
leurs imperfections. Ainsi s'explique la parole de l'archange Raphaël à Tobie «
Parce que tu étais agréable à Dieu, tu as dû subir l'épreuve.» S. Paul de son
côté dit que le Seigneur châtie celui qu'il aime. — Quand un médecin voit qu'il
peut sauver son patient, il lui fait prendre des médicaments et le soumet à la
diète. S'il voit au contraire que la maladie est incurable, il permet au malade
de manger ce qu'il veut. — Dieu agit de même. Voit-il qu'un pécheur peut encore
être sauvé, il lui envoie des maux, qui le délivrent de toute attache criminelle
aux biens de ce monde, car les souffrances lui rendent amères toutes les joies
de la terre et tous les plaisirs sensuels. Quant aux pécheurs endurcis et qui
ne veulent pas se corriger, Dieu les laisse faire, et ainsi l'on rencontre
parfois des impies qui jouissent ici-bas d'un semblant de bonheur. C'est d'eux
que Saint Augustin a dit : « Il n'y a pas de plus grand malheur que le bonheur
des pécheurs », ou encore : « C'est une grande croix de n'avoir pas à porter de
croix. »
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