SIXIÈME
INSTRUCTION L’INCARNATION.
«Le
Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous!» Jo I.
Plan
Son importance. Triste état du genre
humain. (La gloire de Dieu. L’intention divine est: (Racheter le monde. (Nous donner la vie divine. (Paroles de l’Ange à Marie. L’exécution: L’Annonciation. (Paroles de Marie à l’Ange. L’Incarnation: (Le Verbe se fait chair. (L’humanité de Jésus. Effets de l’Incarnation dans: (La Sainte
Vierge. (Le chrétien.
SON
IMPORTANCE
Ce
mystère est la merveille des merveilles: Dieu ne peut rien faire de plus
parfait qu’un homme-Dieu dans notre monde visible. L’Incarnation est le principe et le fondement
de notre religion; de là nous viennent tous les trésors de science et de
sagesse de Dieu avec la vie surnaturelle et la vision béatifique. Il dépasse tellement les hommes que peu sont
capables d’en saisir la portée pour notre vie surnaturelle. Les fidèles comme les prêtres devraient
s’appliquer davantage à exploiter ces grands mystères que Jésus est venu en
personne nous révéler et dont les Pères de l’Eglise se sont servis pour la
sanctification des fidèles de leur temps.
Il semble qu’on en tirait plus de profit alors que de nos jours. On se contente trop de simplement les exposer
«en soi»: on devrait ensuite les donner à vivre dans le détail de la vie.
Cette
union réelle de la divinité avec l’humanité dans la Personne du Verbe est
sûrement la plus difficile à croire au monde.
Aussi depuis dix-neuf siècles qu’elle a été attaquée de toutes les
façons possibles. Mais Dieu a pris soin
de l’établir sur des bases tellement solides et si bien prouvées que tout
esprit droit est tenu de l’admettre.
Elle repose surtout sur les prophéties et sur les miracles opérés par
cet Homme-Dieu au nom de Dieu. Ce n’est
pas le lieu de prouver que Jésus était Dieu et homme en même temps; ce n’est
pas une classe de théologie, mais une retraite où on sert les mets à manger,
non pas à analyser. Nous voulons la
méditer ici afin d’en tirer une bonne nourriture pour nos âmes. Nous savons déjà que le Verbe s’est fait
homme afin de nous faire des êtres divins; c’est justement dans cette intention
que nous allons étudier en priant ce grand mystère qui nous apporte tous les
biens du ciel. Le mieux est d’aborder
cette méditation surtout avec le coeur et l’amour de Dieu plutôt qu’avec la
tête et notre petite science acquise.
C’est la lumière divine que nous voulons et que nous attendons du
St-Esprit. En repassant ce que la
Révélation nous enseigne de ce mystère, nous comptons sur ces touches
intérieures du St-Esprit qui fait passer les vérités de la foi dans la pratique
de la vie quotidienne. Prions dans cette
intention tout en méditant.
TRISTE
ÉTAT DU GENRE HUMAIN
Pour
mieux apprécier le grand bienfait de l’Incarnation, il est bon de jeter un coup
d’oeil sur la déchéance épouvantable où les hommes sont tombés après le
péché. Le contraste avec le magnifique
plan de Dieu pour le bonheur des hommes excitera peut-être notre reconnaissance
et allumera un peu d’amour de Dieu dans notre coeur. Le péché a irrité Dieu contre les hommes
qu’il poursuit maintenant de sa justice comme auparavant par son amour. St.
Paul dit aux Rom. 5-: «C’est par
le péché d’un seul que tous les hommes sont tombés dans la condamnation.» Comme
les enfants sont solidaires de leur père, si celui-ci vient à perdre sa
fortune, les enfants en souffrent aussi comme lui, ainsi Dieu a fait pour la
race humaine. Personne n’a le droit de
se plaindre puisqu’il les rend solidaires aussi avec le Christ Rédempteur,
comme le dit S. Paul dans le même texte:
«C’est par la justice d’un seul que tous les hommes reçoivent la justification
de la vie.»
La
vie de l’homme est devenue un châtiment; il naît en pleurant et il meurt en
pleurant. Entre ces deux extrêmes, sa
vie est un travail pénible; la terre produit des ronces et des épines et il
gagne son pain à la sueur de son front.
Que de maladies et d’infirmités dans le monde! Les hommes ont animalisé l’esprit au lieu de
spiritualiser l’animal. Ils se
maltraitent les uns les autres et s’entre-tuent dans des guerres fréquentes
avec tous les maux qui s’ensuivent pour tout le monde. Au point de vue moral, leur vie est encore
plus lamentable; ils commettent tous les crimes possibles et se servent de leur
esprit pour accentuer les mauvaises tendances de l’animal, ce que les animaux
ne font pas.
Le
terme final serait l’enfer pour plusieurs et au mieux dans les Limbes où
iraient ceux qui auraient suivi la loi naturelle. C’est pour nous faire descendre dans le
concret que S. Ignace énumère les races
de différentes couleurs, les différents soucis de chacun, etc. Pour être pratique il faut aller dans les
détails, quelque insignifiants qu’ils puissent paraître en eux-mêmes. Ce tableau des moeurs dépravées du genre
humain avant l’Incarnation peut bien ne pas nous frapper d’étonnement, puisque
même après on voit la masse du monde presque aussi corrompue. N’empêche que cette corruption actuelle se
produit par le même éloignement de Dieu que chez les vrais païens. L’électricité nous fournit une fameuse belle
lumière, mais ceux qui ne s’en servent pas, ne sont pas mieux qu’avant son
invention, mais la faute n’est pas à l’électricité, mais à la sottise de ceux
qui ne veulent pas s’en servir. De même
ceux qui ne veulent pas de Jésus tombent aussi bas que les païens par leur
propre faute ou par leur ignorance.
C’est aux prêtres à expliquer plus souvent ce grand mystère de notre foi
et cela d’une façon pratique et concrète pour que les fidèles puissent en tirer
profit spirituel pour leurs âmes. C’est
dans l’Incarnation que nous apprendrons le moyen de nous laisser diviniser là
ou le Verbe s’est humanisé. Car il se
fait homme précisément pour nous faire des êtres divins. La racine de notre divinisation est donc dans
ce mystère d’un Dieu fait homme. Plus
les saints avancent en vertu et plus ils s’approchent de l’Homme-Dieu, non
simplement «en soi», mais dans la transformation qu’il fait de l’humain en
lui-même afin de nous montrer comment le faire aussi en nous. C’est l’activité entre les deux qui doit nous
intéresser le plus: c’est là que se fait l’échange entre la nature divine et la
nature humaine. C’est ce commerce
merveilleux qu’il faut comprendre à fond pour savoir comment travailler
efficacement à sa sainteté. Ne perdons
pas ce point de vue} il est capital.
Jésus est une vie qui circule dans l’être, un feu qui dévore l’humain et
une lumière qui éclaire toutes les facultés de l’homme. l’intention divine.
Dans
les oeuvres de Dieu, il est toujours bon d’essayer quand on peut, de se mettre
comme à la place de Dieu pour prendre son point de vue ou ses intentions quand
elles nous sont connues par la révélation.
On comprend autrement mieux en projetant ces lumières divines sur le
mystère que l’on considère. Voyons donc
dans le détail quelques unes des intentions divines dans l’Incarnation.
La
gloire de Dieu est la première et la plus importante. Etant l’Infini Bien, Dieu veut se manifester,
faire connaître ses perfections infinies.
Comme les riches de la terre aiment à étaler leurs richesses précisément
pour avoir des louanges et de l’honneur.
Ce n’est qu’un faible échantillon de la gloire que Dieu veut pour
lui-même, et Lui, non pas par caprice ou injustement comme les hommes, mais par
essence. Comme le Verbe est par essence
la manifestation ou le reflet du Père, il continue sa fonction essentielle en s’incarnant. Il vient donc sur la terre avant tout pour
faire connaître le Père et les joies du paradis en union avec le Père. Il dira à la fin de sa vie terrestre: «Je
vous ai glorifié; j’ai accompli l’oeuvre que vous m’aviez donné de faire.»
Quand les disciples lui demandent comment prier, Jésus mettra encore la gloire
de son Père avant toutes autres choses: «Que Votre Nom soit sanctifié!» Quand
sa mère lui reproche de l’avoir laissée, Jésus lui dit: «Ne saviez-vous pas que
je devais être tout aux choses de mon Père?» Glorifier Dieu est donc toute sa
vie et éternelle et temporelle: en tant que Dieu et en tant qu’homme. Puisque notre vie doit aboutir à reproduire
le mieux possible celle de Jésus, on voit tout de suite ce qui doit dominer
dans notre esprit et dans notre coeur: la même chose qu’en Jésus: glorifier
Dieu. Rayonner le divin est donc le but
de la vie de tout chrétien. Il doit
déverser sur le prochain les flots de l’amour divin dont il doit être plein. Il ne fera cela seulement qu’en proportion
qu’il vit uni à Jésus et qu’il reproduit sa vie dans le courant, dans le détail
de sa vie. Or, sont-ils nombreux ceux
qui débordent de divin? qui parlent de
Dieu et des choses de Dieu? qui ne sont
intéressés qu’aux choses de Dieu? Comme
ils sont rares! Comme ils sont rares
donc ceux qui connaissent leur vocation de chrétien et la nécessité de vivre la
vie de Jésus! Il y a trop de prêtres
philosophes qui se contentent de faire un étalage de leur science spéculative
de Jésus simplement pour en parler, mais qui ne le connaissent pas comme une
vie à vivre tout de suite. Pour cela il
nous faudrait plus de prêtres théologiens qui donnent Jésus à vivre, comme un
amour à vivre. Que Dieu les multiplie
pour sa gloire! Racheter le monde.
Le
Verbe incarné en venant chez les hommes déchus ne pouvait pas accomplir sa
fonction essentielle de donner son Père avant de guérir les blessures faites
par le péché. Il faut qu’il enlève cet
obstacle. Un médecin vient chercher un
ami pour un banquet; mais il trouve son ami malade, il faut qu’il le guérisse
d’abord avant de le faire participer à son banquet. C’est un peu ce que Jésus a fait. Il trouve le genre humain fort malade; alors
il se fait médecin pour guérir ses plaies et donc Rédempteur. Il faut qu’il expie les péchés des hommes et
qu’il satisfasse la justice divine offensée par les hommes. Pour notre esprit, il voit là deux idées:
souffrir puis ensuite faire connaître son Père, mais dans le concret c’est en
souffrant dans sa vie mortelle qu’il glorifie Dieu en même temps. Pendant qu’il est persécuté par les Juifs, il
nous parle constamment de son Père et des choses du ciel et des moyens pour y
arriver. Les bons catholiques qui
veulent avancer davantage dans la perfection et en union avec Dieu doivent
imiter le Sauveur en commençant par satisfaire la justice divine pour leurs
péchés. Trop de chrétiens pensent que du
moment qu’ils ont confessé leurs péchés et accompli leur pénitence
sacramentelle, que tout est fini. Non, il
reste encore une bonne partie de la peine temporelle due aux péchés. Cesser de faire des dettes ne suffit pas pour
les payer. Cesser de pécher ne suffit
pas pour payer ses vieux péchés. Donc il
faut faire pénitence. On voit que Dieu
demande des sacrifices à ses amis en proportion des lumières et des grâces
qu’il veut leur donner. Commençons donc
toujours par faire pénitence si nous voulons grandir en sainteté. Voilà ce qui est vivre la vie de Jésus, qui a
été une vie de souffrance et de pénitence.
Nous donner la vie divine. Dieu a
créé les hommes pour en faire des enfants adoptifs en leur communiquant sa
propre vie par la grâce. Non seulement
il nous pardonne nos péchés, mais il nous communique sa propre vie divine. Il aurait pu nous montrer son amour en nous
faisant du bien dans l’état de simples hommes que nous étions. Mais il nous élève à son rang, il nous fait de
sa race pour pouvoir nous rendre participants de sa nature et de tout son
bonheur comme Dieu. Jo. 1: «À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le
pouvoir de devenir les enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, qui sont
nés ni du sang ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais
de Dieu même!» 1 Jo. 3: «Voyez quelle
charité le Père a eue pour nous de vouloir que nous soyons appelés et que nous
soyons réellement enfants de Dieu.» D’ordinaire, quand on parle de vie divine,
les prêtres entendent la grâce sanctifiante seulement… et bien sottement. La grâce sanctifiante est un fond de nature
divine qui nous est donnée précisément pour nous faire agir divinement. Comme Dieu nous donne la nature humaine pour
nous faire agir humainement. L’homme qui
ne se sert pas de ses facultés spirituelles est un idiot, un homme manqué dans
sa partie essentielle: la raison. Le chrétien
qui a la grâce sanctifiante et qui n’agit pas divinement dans ses facultés
spirituelles est un idiot devant Dieu, un être divin manqué dans sa partie
essentielle, la partie libre. On n’a pas
de mérite à avoir la grâce sanctifiante, car personne ne peut la mériter. Elle est une condition essentielle pour avoir
du mérite, mais elle n’est pas le mérite.
Il est dans la partie libre de la volonté. C’est donc celui qui agit divinement dans sa
mentalité qui mérite et qui glorifie Dieu.
Si
la grâce sanctifiante nous fait enfants de Dieu, St. Paul dit aussi aux Rom. 8-14: «Ce sont ceux qui sont conduits par
l’Esprit de Dieu qui sont enfants de Dieu.» Cela se fait dans les facultés
libres. Donc pour être véritablement et
complètement enfants de Dieu, il faut non seulement la grâce sanctifiante, mais
aussi suivre le divin dans sa mentalité.
Un chrétien qui agit comme un païen dans sa mentalité est un idiot
surnaturel! Et Dieu n’est pas plus
content d’eux que des parents sont contents de leur idiot naturel. Est-ce que le Père ne produit pas constamment
son Verbe et les deux ensemble exhalent le StEsprit: la connaissance et l’amour
divin? Or, la Trinité vient en nous
pour nous faire participer à cette activité divine. Dieu veut produire dans mon intelligence sa
sagesse ou son Fils pour que je pense comme Dieu, et les deux veulent produire
le St Esprit ou l’Amour de Dieu dans mon coeur ou ma volonté. Voilà pourquoi le Père me donne la vie divine
pour que j’agisse divinement dans mes facultés libres et spirituelles. Quand estce que les prêtres vont bâtir toute
leur prédication et leur enseignement selon cette activité mentale en
nous? Donc la mentalité chrétienne est
aussi nécessaire que la grâce sanctifiante de fait et dans le concret, comme
les facultés sont aussi nécessaires que l’âme.
Comme le Verbe et le Saint-Esprit sont aussi nécessaires que le
Père. Cessons de parler tant de la grâce
sanctifiante et si peu de la mentalité chrétienne qui alimente la grâce
sanctifiante. On dit souvent que si on
meurt en état de grâce on va au ciel… Oui, la grâce sanctifiante suffit pour
mourir, mais si on vit il faut la mentalité chrétienne pour garder la grâce
sanctifiante. Ainsi la vie «en soi» est
plus importante que la nourriture que nous prenons, mais «dans moi» la
nourriture est aussi importante que ma vie puisque sans nourriture je perds ma
vie. Sortons donc des «in se» et comme
on descendrait alors pratique en spiritualité!
Donc Jésus nous apporte la vie divine qui consiste et dans la grâce
sanctifiante et dans l’activité libre des facultés surnaturalisées par les
motifs surnaturels, sans quoi nous perdons la grâce sanctifiante. Qu’on ne sépare plus jamais de la vie ces
deux choses absolument nécessaires à la vie divine du chrétien. Toutes les exhortations de Jésus et des
Apôtres sont pour diviniser nos facultés et c’est par là que nous garderons
notre grâce sanctifiante. Si on veut une
bonne confirmation de ce qui précède, c’est de voir l’action des démons par
rapport à ces deux sortes de prédications.
Jamais de la vie ils attaqueront un prêtre qui prêche la grâce
sanctifiante seulement; il ne sera jamais persécuté par qui que ce soit. Mais dès qu’on insiste sur la nécessité de
diviniser aussi nos facultés ou notre mentalité en l’orientant par des motifs
surnaturels vers Dieu, tout de suite on est critiqué, dénoncé et persécuté par
une foule de docteurs en Israël ou par les philosophes de la théologie, les
instruments ordinaires des démons pour empêcher la vraie prédication de toute
la doctrine de Jésus d’une façon concrète en ligne avec l’amour de Dieu et avec
notre salut éternel.
Pour
tuer quelqu’un ce n’est pas nécessaire de le poignarder; il suffit de
l’empêcher de manger. C’est exactement
ce que les démons font à l’aide des philosophes; ils empêchent les prêtres de
prêcher une vie concrète ou d’alimenter le coeur des fidèles par une vraie
théologie et non par une simple philosophie de la religion comme les
philosophes de la théologie donnent au monde.
C’est le grand mal actuellement dans l’Eglise: les prêtres ne cultivent
pas assez la mentalité du peuple: comme les démons ont fixé leur attention sur
la grâce sanctifiante, ils ne s’occupent pas de donner la nourriture
spirituelle qui alimenterait la grâce, qui est le divin dans les facultés. Celui qui garde une mentalité païenne perdra
sûrement la grâce avec le temps et toutes les tentations qui vont lui
arriver. Comme on ne s’occupe pas de sa
vie, mais de la nourriture qui l’alimente, ainsi laissons de côté la vie divine
de la grâce sanctifiante et occupons-nous de la mentalité surnaturelle et nous
garderons bien la grâce. l’exécution:
l’annonciation Dieu n’a pas demandé seulement la grâce sanctifiante à Marie,
mais il lui a demandé de renoncer à son propre jugement et à sa volonté afin de
les soumettre et à la sagesse divine et à la volonté divine. Eh bien, Dieu fait pour nous la même chose:
Parce qu’il nous a donné sa vie il nous demande d’en faire des actes. Là est notre mérite et sa gloire: Voyons
maintenant des êtres divinisés agir divinement et qu’ils nous servent de modèles
pour toute notre vie. Le travail de la
sainteté est celui de l’Incarnation du Verbe en nous ou l’Incarnation continuée
dans les membres de Jésus. Les paroles
de l’Ange à Marie. Gabriel est l’ange
choisi pour annoncer l’Incarnation: c’est lui qui annonce à Daniel les 70
semaines d’années avant la venue du Messie; Il annonce à Zacharie la venue du
Précurseur Jean-Baptiste et enfin il est envoyé à Marie pour l’exécution de ce
mystère. Quelle sublime mission pour
Gabriel! La mission du prêtre est encore
plus belle! Non seulement il annonce Jésus,
mais il le fait descendre dans l’hostie consacrée, le donne aux fidèles, prêche
sa doctrine et pardonne les péchés en son nom.
Aucun ange peut faire cela. Que
cette comparaison, en passant, stimule les prêtres à se rendre dignes d’une si
sublime vocation! «Je vous salue, pleine
de grâce, le Seigneur est avec vous et vous êtes bénie entre les femmes.» Il la
loue en elle-même devant Dieu et devant les hommes. Voilà trois louanges que tout chrétien et
surtout tout prêtre qui doit donner Jésus au monde doit mériter! Il doit être saint en lui-même, être saint
devant le monde, et saint devant Dieu.
Le peuple a une espèce d’instinct pour découvrir l’hypocrisie dans un
acteur; il sait quand un prêtre parle du coeur ou seulement de la tête. La sainteté est une affaire de longue
haleine; on n’est pas saint du jour au lendemain. La Sainte Vierge a passé toute sa vie dans la
prière, le mépris du monde et dans l’union avec Dieu. Tout chrétien doit aussi prendre toute sa vie
pour se sanctifier et non pas seulement certaines époques comme les retraites,
ou la réception d’un sacrement ou une maladie sérieuse; c’est tous les instants
de la vie qui doivent être consacrés aux choses de Dieu. Dieu nous le commande expressément à cause de
notre destinée surnaturelle: «Vous serez saints parce que je suis saint.» Nous
nous en allons pour participer à la vie de Dieu qui est la sainteté même; nous
devons donc nous efforcer d’être saints dans toute la force du mot. Pour cela il faut être tout aux choses de
Dieu comme la Ste Vierge l’était et que Jésus le sera. Nous appartenons à la même famille!
Comme
Marie est toute surprise de cette salutation inouïe, l’ange ajoute: «Ne
craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu.» Il veut dire
qu’il vient en ami de la part de Dieu pour lui annoncer de bonnes choses. Toujours l’humain tremble devant le divin; il
le dépasse tellement que la nature frémit devant le céleste. Puis l’archange délivre son message, le plus
sublime au monde et de toute l’éternité: l’union de la nature divine avec la
nature humaine dans la Personne du Verbe.
Depuis quatre mille ans que le monde attend ce Sauveur annoncé par tant
de prophètes, par tant de figures et l’objet des prières de tant de saints. Enfin les paroles de l’Ange retentissent
claires, simples et fécondes dans la pauvre chaumière de Marie à Nazareth et
tombent dans l’âme recueillie et pure de Marie comme du froment pur dans une
bonne terre qui va produire du cent pour cent!
Chaque mot est plein de sens pour notre religion. «Vous concevrez dans votre sein et vous
enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus.» Cette première partie
regarde l’humanité de Jésus. Chaque mot
l’affirme avec une force incomparable.
Dieu savait que ce serait le dogme le plus difficile à croire pour les
hommes. Pendant plusieurs siècles toutes
sortes d’hérésies se sont attaquées à l’humanité de Jésus. On dirait que les démons ont tout fait pour
empêcher la croyance à l’humanité de Jésus.
C’est
une preuve qu’elle leur fait un grand tort et donc qu’elle est bien précieuse
pour notre sanctification. Nous devons
donc tous insister sur ce point. C’est
un fait d’expérience que les chrétiens ne sont pas portés à l’humanité de
Jésus. Ils préfèrent prier Dieu
directement que de s’adresser à Jésus-Homme.
Dieu est partout par sa divinité, mais Jésus en tant qu’homme n’est que
dans nos tabernacles sur terre et dans la communion. Quelle terrible indifférence envers Lui dans
l’Eucharistie: Comme peu vont le visiter avec amour et intérêt! Combien peu le reçoivent dans la
communion! Combien peu se servent de
l’idée qu’il était homme comme nous pour s’encourager dans les épreuves de la
vie! Au lieu de se plaindre chacun devrait
dire: je travaille bien fort, mais mon Sauveur aussi a travaillé comme moi! C’est dur d’être pauvre, mais Jésus l’était
encore plus que nous! C’est bien pénible
de souffrir, mais Jésus mon Sauveur a souffert encore plus que moi, etc. Ce n’est pas facile pour un homme de vivre
comme Dieu! C’est vrai, mais Jésus était
homme comme moi et il a vécu comme Dieu.
On va dire qu’il était Dieu, c’est vrai, mais aussi il nous donne sa
grâce divine pour nous donner la force de vivre divinement comme lui. Sa divinité ne l’empêchait pas plus de sentir
les souffrances corporelles que notre grâce sanctifiante nous empêcherait de
sentir des coups de fouet. Gardons cette
idée que c’est en tant qu’homme aussi qu’on dont l’imiter. Cultivons donc son humanité dans l’Eucharistie
en le visitant et en le recevant dans la communion. Comme l’ange commence par affirmer son
humanité ainsi nous commençons par aller à son humanité afin d’arriver à sa
divinité.
C’est
notre propre humanité qu’il va assumer et donc il sera semblable à nous en tout
excepté pour le péché. Il sera sensible
aux outrages comme nous, sensible aux louanges comme nous, cherchant l’amour
comme nous et heureux d’être aimé comme nous!
Il voudra nous avoir comme ses confidents, comme ses amis intimes, et il
s’ouvrira à ceux qui s’ouvrent à Lui; il veut que nous soyons frères dans toute
la force du mot. Il ne veut pas que nous
le voyions au ciel perdu dans les hauteurs inaccessibles pour nous; il vient en
ce monde pour être des nôtres, ayant la même nature humaine en chair et en os
avec un esprit et un coeur humains comme les nôtres. «Personne ne vient au Père que par moi». C’est vrai de son humanité comme de sa
divinité. Faisons donc un grand cas de
son humanité.
St. François de Sales dit que l’humanité de Jésus
fait la même fonction en lui que le plomb derrière une vitre pour refléter les
objets. Elle est donc le miroir de la
divinité: c’est en elle qu’il faut aller chercher le divin.
L’ange
signale trois preuves absolument convaincantes de son humanité: «Vous concevrez
dans votre sein,» donc sa conception est comme celle des autres enfants dans le
sein de leur mère. «Vous enfanterez un
fils,» évidemment le même qui a été conçu en elle. «Vous lui donnerez le nom de Jésus», qui veut
dire: sauveur; et donc qui rachètera le monde par ses souffrances et par sa
mort. Il est donc véritablement homme
comme nous. Le fait qu’il est Dieu ne
l’empêche pas plus d’être le véritable fils de Marie que le fait que son âme ne
vient pas de sa mère, mais de Dieu, ne l’empêche d’être le véritable fils de sa
mère. Arrêtons-nous longtemps sur cette
première partie des paroles de l’ange; elles sont les plus difficiles à
accepter pour nous, mais aussi les plus efficaces, non pas «en soi», mais d’une
façon concrète pour nous, parce que c’est par son humanité que nous pouvons
arriver à sa divinité. Voici maintenant
ce qui concerne sa divinité: «Il sera grand et il sera appelé le Fils du
Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera
le trône de David son père et il régnera éternellement sur la maison de Jacob
et son règne n’aura point de fin.» Toutes ces paroles sont celles des prophètes
sur lesquelles il nous faut nous appuyer pour admettre la divinité de
Jésus. En disant que Dieu lui donnera le
trône de David son père et qu’il régnera éternellement sur la maison de Jacob,
l’ange nous indique que c’est aussi en tant qu’homme qu’il est le Roi du ciel
et de la terre; c’est donc l’Homme-Dieu ou le Dieu-Homme qui est notre Roi pour
l’éternité.
Il
est le Fils de Dieu et son règne n’aura point de fin. Ce sont des idées qui devraient nous
transformer totalement. Jésus est Dieu
et éternel! et il nous veut avec lui et
en lui pour pouvoir nous communiquer par son humanité les perfections infinies
de la Trinité: nous faire jouir du bonheur des trois Personnes divines et cela
pour l’éternité.
Que
sont nos petits bonheurs de quelques années si courtes et encore mélangées de
toutes sortes de misères, comparées au bonheur de Dieu éternel? Le Verbe vient en ce monde pour nous chercher
afin de nous avoir avec lui au sein de la Trinité; Quel dommage que cette
sublime vérité nous laisse froids: Comme il faut être borné, pour ne pas sauter
tout de suite sur cette Destinée surnaturelle!
C’est que sans Jésus nous ne pouvons rien, pas même vouloir le ciel. Il faut que Dieu vienne à notre secours pour
nous éclairer l’intelligence et fortifier notre volonté. Alors sommes-nous responsables? Notre responsabilité est de ne pas prier pour
cette grâce ou de ne pas prier assez.
Nous savons que Jésus dit: Sans moi vous ne pouvez rien. C’est donc insinuer clairement que nous devons
prier pour avoir la grâce. Marie ne
pouvait pas devenir la Mère de Dieu par ses propres forces, ni même soupçonner
qu’elle pouvait le devenir même par la grâce de Dieu. Mais elle a tellement prié pour plaire à Dieu
et pour le posséder qu’il lui a donné infiniment plus qu’elle ne
demandait. Eh bien, c’est à nous de
prier tellement Dieu pour lui être agréable et pour le posséder un jour au
ciel, qu’il nous accorde une foule de grâces que nous soupçonnons même pas et
que nous n’avons jamais demandées. Les
grâces de choix que Dieu a données à ses Saints leur arrivaient à leur insu;
ils n’y avaient jamais songé. Nous
connaissons si peu le monde surnaturel que nous ignorons parfaitement ce qui
peut nous venir de là. Mais qu’on
supplie Dieu habituellement de nous donner ses biens célestes, de nous rendre
agréables à lui et de l’aimer comme on peut le faire en ce monde… et lui
choisira dans les trésors de sa sagesse ce qui fera le mieux pour notre
sainteté. On croirait que Marie eût
sauté sur ces magnifiques promesses et qu’elle eût répondu tout de suite: Oui,
avec grand plaisir! Mais, non, elle
hésite et demande des explications: «Comment cela se fera-t-il, car je ne
connais point d’homme?» Ce n’est pas un doute, mais une réelle difficulté. En entendant parler d’avoir un fils, elle
pense évidemment à un voeu qu’elle a fait de ne jamais se marier. Autrement quand même elle n’aurait pas connu
d’homme jusque là, elle pouvait faire comme les autres et se marier pour avoir
des enfants. Une espèce de promesse ou
de voeu seul justifie son objection.
Alors l’ange va résoudre sa question ou difficulté en lui laissant son
voeu. «Le St. Esprit surviendra en vous et la vertu du
Très-Haut vous couvrira de son ombre; c’est pourquoi le Saint qui naîtra de
vous sera appelé le Fils de Dieu.» Marie deviendra mère sans le concours de
l’homme. Dieu faisant par lui-même ce
qu’il a donné aux hommes de faire.
l’incarnation
Dieu
demande donc à Marie une chose physiquement impossible selon la nature. Pour l’aider à croire l’ange lui dit que sa
cousine Elisabeth a conçu dans sa vieillesse et il ajoute: «Rien n’est
impossible à Dieu.» Voilà notre réponse à nous aussi pour toutes les
difficultés à croire les choses qui viennent de Dieu et qui dépassent notre
nature. Quand Dieu demande de nous
renoncer, d’aimer la pauvreté, de rester chaste, de mépriser les créatures, de
ne vivre que pour les choses du ciel, etc…, toutes ces choses dépassent les
forces de la nature; elles sont contre nature et donc très difficiles. Mais si nous priions Dieu et que nous
comptions uniquement sur lui il nous aidera de sa grâce et nous pourrons
pratiquer toutes ces choses selon les exigences de la foi. Marie ayant eu une solution à sa difficulté
dit: «Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole.»
Chaque mot est un acte de soumission complète à Dieu. C’est le contraire de ce qu’a fait Eve et
donc un commencement de réparation. Eve
comme une païenne ne s’est arrêtée qu’au sensible dans ce que Dieu lui
défendait, comme Lucifer avant elle avait fait en s’arrêtant trop à l’humanité
de Jésus que Dieu lui demandait d’adorer et comme tous ceux qui pêchent
font. Marie, elle, ne s’arrête qu’à la
Volonté de Dieu comme St. Michel avait
fait avant elle, comme Jésus fit dans sa passion et comme tous ceux qui
obéissent à Dieu font. Ceux qui sont à
Dieu regardent d’abord la volonté de Dieu, et ensuite que le païen s’en tire
comme il le pourra; tant pis pour lui s’il doit souffrir. Ceux qui n’appartiennent pas à Dieu regardent
d’abord la chose qu’ils aiment ou qu’ils détestent, puis les réactions dans
leur païen et ensuite que Dieu s’en tire comme il peut. Le païen d’abord… Dieu ensuite… même s’il
n’est pas content… on veut contenter son païen.
A quel groupe appartenez-vous?
Pensez-vous à Dieu d’abord puis à vous-mêmes? ou à vous-mêmes d’abord puis à Dieu
ensuite? Il est temps de choisir pour
tout de bon et pour la vie… Dieu demande des choses tellement difficiles ou
impossibles à ses amis qu’ils doivent renoncer totalement à leur personnalité
morale, comme St. Michel et les bons
anges, Abraham, la Sainte Vierge et Jésus qui se fait obéissant jusqu’à la mort
de la Croix! Voilà nos modèles. Ils n’ont pas crié comme tant de chrétiens
devant les épreuves demandées par Dieu: Ça n’a pas de bon sens. C’est impossible. C’est ridicule. Mais ils ont dit: Qui est semblable à
Dieu? Lui seul mérite d’être obéi. Ou comme Abraham, qui obéit tout de suite, ou
comme Marie, qui dit: «Qu’il me soit fait selon votre parole»; ou comme Jésus:
«Que votre volonté soit faite et non la mienne». Cessons donc de nous énerver et de critiquer,
de regimber et de nous plaindre. Quelque
pénible qu’une chose puisse être, dès qu’elle vient de Dieu, disons: Que votre
volonté soit faite… Toutes ces épreuves contre nature sont normales dans la vie
de tout homme destiné au ciel; il faut que l’humain meure pour faire place au
divin; c’est pour cela que Dieu attaque le jugement, la volonté et tout l’être
humain. C’est normal, c’est ordinaire et
tout homme devrait s’y attendre et se préparer en conséquence, se préparer à
accepter de Dieu toutes ces contrariétés… et faire sa volonté.
Le
Verbe se fait chair. Après que Marie eut
dit son Fiat, le St-Esprit embellit Marie de toutes les grâces convenables pour
être la Mère de Dieu et les trois Personnes de la Ste. Trinité opèrent en elle la conception de
Jésus. Enfin le Messie est arrivé dans
le monde! Tous les soupirs et toutes les
prières des justes de l’Ancien Testament sont exaucés… Le monde va être
racheté! Il faut s’arrêter à l’humilité
du Verbe qui descend au niveau de sa créature, bien plus, à sa créature
pécheresse. Puis aussi Marie s’anéantit
devant le Verbe et elle s’abandonne complètement à Dieu comme sa servante pour
absolument tout ce qu’il voudra d’elle le reste de sa vie. Comme Dieu a tout tiré du néant pour sa
création, ainsi il tire notre rédemption de l’abaissement de son Verbe et de sa
Mère. Quelle leçon pour nous tous! Surtout pour ceux qui prétendent faire du
bien aux autres, qui veulent les diviniser.
Dieu se servira de nous en proportion que nous nous effacerons pour lui
laisser la gloire de tout ce qu’il voudra bien faire par nous. Il faut l’humilité dans la créature pour que
le Créateur agisse en elle et par elle.
Celui qui est plein de lui-même et qui s’élève va dans la direction
opposée de Jésus; il ne le trouvera jamais.
S’effacer et s’oublier est le seul chemin pour trouver Jésus. L’Incarnation est la mort et l’anéantissement
du païen en nous. Comme Marie et le
St-Esprit en elle ont opéré ce mystère, il nous faut aussi le St- Esprit et
Marie pour former en nous Jésus ou pour continuer en nous l’Incarnation du
Verbe dans les membres du corps mystique de Jésus.
EFFETS
DE L’INCARNATION
Dans
l’humanité de Jésus. Le Verbe est la
seule Personne dans ce composé du divin et de l’humain. Sa nature humaine n’a donc pas sa personne;
c’est le Verbe qui en fait la fonction et qui est le seul Maître en Jésus. Son humanité lui est donc parfaitement
soumise en absolument tout; elle acquiesce à tout ce que le Verbe veut, et ne
veut rien en dehors de lui; elle est fusionnée en lui aussi parfaitement qu’une
créature peut l’être avec son Dieu.
Voilà notre modèle d’union avec Dieu.
Nous avons déjà notre personne qui veut mener quand Jésus vient en nous. Voilà pourquoi il nous avertit
solennellement: «Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il se renonce
lui-même.» C’est dur. Eh bien, qu’il
prenne sa croix, et pas seulement une fois l’année, mais tous les jours. Dans la Sainte Vierge. Elle a déjà sa personne et qu’elle la garde
au point de vue physique, mais au point de vue moral, elle s’abandonne
totalement et tellement à Jésus qu’elle approche le plus au monde de la
soumission de la nature humaine de Jésus au Verbe. Jamais elle sera en contradiction avec ce que
Dieu veut d’elle et jusqu’à la mort de son Fils sur la croix qu’elle voudra
comme Jésus la veut.
Voilà
donc encore notre modèle d’effacement et d’anéantissement du païen devant le
divin, du naturel devant le céleste.
Dans le chrétien qui a déjà, lui aussi, sa personnalité et qui,
hélas! la garde ordinairement. Il veut bien recevoir Jésus, mais comme
simple visiteur qui ne doit pas déranger le chrétien dans sa vie, il veut mener
son affaire comme il l’entend. C’est mal
comprendre le plan divin. Le Verbe ou
plutôt maintenant Jésus vient en nous pour se substituer à notre personne
morale; elle doit mourir pour que Jésus vive.
Elle doit disparaître pour que Jésus prenne le contrôle de toute notre
activité libre. Le chrétien doit s’effacer
pour essayer d’approcher le plus possible l’humanité de Jésus et celle de la
Ste Vierge. Pour que Jésus dès
maintenant nous mène et nous dirige exactement comme il le fera dans le ciel au
sein de la Trinité. Voilà le but que
tout chrétien doit viser dans tout ce qu’il fait au monde. Il faut qu’il arrive à dire comme St. Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus
qui vit en moi.»
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