HUITIÈME INSTRUCTION
LA NATIVITÉ.
«L’ange dit aux bergers:
«Ne craignez point, car je vous annonce une nouvelle qui sera une grande joie
pour le peuple: il vous est né aujourd’hui dans la ville de David un sauveur
qui est le Christ Seigneur. Et voici ce
qui vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et
couché dans une crèche.» L. 2-10.
Plan Remarque. (Edit de César Auguste (Refusés à
l’Hôtellerie (L’étable Voyage à Bethléem: (Naturelle: faiblesse, folie, mépris
Naissance de Jésus: (Miraculeuse: puissance, sagesse, amour (Anges (Pasteurs
Adoration des… (Bergers: (Pauvres (Eveillés (Chrétiens
REMARQUE. Enfin nous voici arrivés à la nativité de
Jésus. Ceux qui trouvent qu’on prend
beaucoup de temps pour y arriver doivent se rappeler les idées qu’on a développées
dans la méditation sur la préparation à l’Incarnation. Dieu veut se faire désirer avant de se donner
et nous devons préparer notre âme à recevoir le surnaturel. S’il s’agissait seulement de connaître Jésus,
tout ce qui précède ne serait guère utile, mais s’il s’agit de recevoir une
connaissance infuse de Jésus, une connaissance qui vient surtout de Dieu, qui
éclaire l’âme de sa lumière surnaturelle.
Or celle-là doit se préparer dans la méditation et la prière et pour
avoir le courage de s’y livrer il faut aller en la foi ou en la révélation pour
en connaître les exigences et les principaux caractères. C’est ce que nous avons essayé de faire dans
les méditations précédentes.
Nous avons dit qu’il faut
approcher les mystères de Jésus surtout avec le cœur ou avec l’amour. Or l’amour, du moment qu’il a l’objet aimé
devant lui, n’est jamais impatient; le moindre détail suffit à
l’intéresser. Avis à ceux qui cherchent
du nouveau et qui veulent courir d’une idée à l’autre! Qu’ils changent de faculté! Qu’ils passent de la tête au cœur et cela de
plus en plus à mesure que nous avançons dans la vie de Jésus.
Il est dit de Marie
qu’elle ne comprenait pas ce qu’on disait de Jésus, mais qu’elle gardait dans
son cœur ce qu’elle entendait de lui.
Voilà notre modèle! Le St-Esprit
nous indique clairement donc que ce ne sont pas les idées sur Jésus qui sont
utiles, mais les garder dans le cœur. Ce
n’est pas de la spéculation comme on fait dans les sciences profanes qui compte
ici, mais l’affection qu’on met à contempler Jésus. N’oublions pas que Jésus n’est pas seulement
un personnage dont on parle; il est une vie à vivre! Il vient nous montrer comment l’imiter,
comment reproduire ses actes, ses pensées, ses paroles, sa mentalité; en un
mot, toute sa vie. Or il n’y a que
l’amour pour pouvoir ainsi vivre la vie d’un autre. C’est notre propre vie que nous devons
étudier en Jésus, donc dans le but de devenir une seule chose avec lui, comme
il le veut pour chacun de nous.
VOYAGE À BETHLÉEM
Marie et Joseph vivaient
à Nazareth et les prophéties annonçaient la naissance du Messie à
Bethléem. La Providence disposa les
événements pour les conduire à Bethléem.
Dieu se servit de… L’édit de César-Auguste, qui était le maître du monde
et un orgueilleux païen qui voulait savoir le nombre de ses sujets. Pour cette fin il ordonna à tous les
habitants de la terre d’avoir à se rapporter au lieu de leur naissance pour en
faire le recensement. Comme Joseph était
de la ville de David, il fut obligé d’aller avec Marie se faire inscrire
là. C’est pendant qu’ils étaient là que
Jésus vint au monde. J’insiste encore
une fois sur la nécessité non pas de connaître la vie de Jésus, mais de la
reproduire! L’esprit n’a jamais assez de
science, mais quand il s’agit de vivre tout ce qui se passe dans la vie de
Jésus, comme le cœur trouve qu’il en a bien assez et il est moins pressé de
découvrir du nouveau! Arrêtons-nous un
peu à la façon de faire de Dieu envers Jésus et la Ste-Vierge. Il bouleverse notre sagesse naturelle. Juste quand Marie aurait dû rester à la
maison, il la jette dehors et dispose tout pour qu’elle ne trouve pas même un
coin dans une maison habitable et cela pour son Fils en qui il a mis toutes ses
complaisances. Pour le premier homme,
Dieu avait créé un splendide paradis terrestre et pour son propre Fils, il ne
fait absolument rien pour le recevoir convenablement… pas même comme du monde…
mais comme un animal, dans une étable!
Pas un homme au monde traiterait ses enfants de la sorte!
Que s’est-il donc passé entre
eux deux? Le péché… Jésus a pris sur lui
de payer la dette du premier homme qui n’a pas voulu obéir à Dieu, qui a perdu
sa participation à la nature divine et qui est descendu au rang des animaux. Le psalmiste dit que l’homme quand il était
en honneur n’a pas connu sa noblesse et il est descendu au rang des
animaux. Alors Jésus va aller le
chercher dans les bas-fonds de sa déchéance; il va se faire semblable à lui en
tout excepté le péché. Il est homme et
donc l’objet de la colère de Dieu. Il va
satisfaire la justice de Dieu parfaitement et il commence tout de suite en
arrivant au monde. Dieu se sert d’un
païen pour mettre tout l’univers en branle seulement pour que Marie soit à
Bethléem juste pour la naissance de Jésus.
Les personnes ne sont donc que des instruments aveugles dans les mains
de Dieu. Il s’en sert aussi
indépendamment de leur vertu. C’est bien
ce que St. Ignace enseigne quand il dit
que ce n’est pas pour sa sagesse ou sa vertu qu’on doit obéir au supérieur,
mais uniquement parce qu’il tient la place de Dieu pour l’inférieur. Qu’on nous parle donc jamais de la sagesse ou
de la vertu des supérieurs; ce n’est pas pour cela qu’on doit leur obéir. Mais que de fois on donne justement ces
motifs païens pour exhorter les inférieurs à obéir aux supérieurs. On ne devrait jamais mettre en avant ces
motifs de pur paganisme… et c’est à peu près général dans les Communautés et
les séminaires. Combien en appellent aux
bienfaits qu’ils ont rendus à leurs inférieurs pour se faire obéir! Combien disent qu’ils aiment leurs inférieurs
pour les faire obéir! Tout cela est du
pur paganisme! Que l’on donne donc les
seuls motifs acceptables devant Dieu pour des chrétiens: des motifs purement
surnaturels! Jamais on ne devrait
discuter cette question, à savoir si les supérieurs sont sages ou bons, cela
n’a absolument rien à faire avec une bonne obéissance chrétienne. Dans les familles aussi, que de fois les
parents font de même, en appellent à de semblables motifs naturels pour se
faire obéir! Que ce soit fini pour la
vie! On doit obéir pour Dieu seul… La
preuve que les inférieurs n’obéissent que pour des motifs naturels est dans ce
fait que la plupart disputent tout de suite et cessent d’obéir quand ils trouvent
leurs supérieurs insensés ou méchants sur quelques points. Comme ils sont scandalisés quand un supérieur
n’est pas à son affaire ou qu’il manque de quelque vertu! Tous ces gens s’attendent donc à la sagesse
et à la bonté des supérieurs pour leur obéir; c’est du paganisme tout pur! Si tous les inférieurs ne voyaient que le
représentant de Dieu dans un supérieur, ils ne discuteraient jamais de sa vertu
ou de sa sagesse dans leur obéissance.
Que les supérieurs soient les premiers à dire aux inférieurs que dans
l’obéissance d’un chrétien le supérieur n’entre pas du tout en ligne de compte;
il n’est qu’un messager qui nous apporte la volonté de Dieu. Quand le postillon me donne une lettre de mon
supérieur m’ordonnant de me rendre à tel poste, est-ce que je m’occupe des
vertus du postillon? Jamais! Eh bien, tous les supérieurs ne sont que des
postillons du bon Dieu; prenons le message de Dieu et oublions qui le
présente. Qu’on prenne bien cette idée
et qu’on se la mette dans le cœur en se disant: Jésus veut que je l’imite dans
son obéissance à César et dans sa mère.
Ce doit être fini pour chacun de nous la question de la vertu ou de la
sagesse des supérieurs! Nous n’en
parlons plus! Refusés à l’hôtellerie.
De Nazareth à Bethléem il
doit y avoir trois ou quatre jours de marche.
Actuellement il y a un beau chemin moderne en asphalte, mais on peut
voir par les vieux chemins qui existent encore dans la Palestine que la marche
devait être très pénible. Le chemin
serpente à travers un pays de collines de sable et de pierres de toutes les
grosseurs, qui roulent en bas dans le chemin; on marche sur toutes sortes de
cailloux. Suivons la sainte Famille
cheminant sur ces cailloux! Les auteurs
aiment à dire que Marie voyageait à dos d’âne et que Joseph marchait à côté,
nous l’espérons bien. Mais ce n’est pas
la coutume actuelle: ce sont les hommes qui vont à dos d’âne et les femmes qui
courent à côté, même chargées d’un enfant et de toutes sortes de paquets. Il nous prend envie de descendre ces animaux
à coups de bâtons et de faire monter les femmes à leur place! Cette barbare coutume existait-elle au temps
de Jésus? C’est tout à fait probable,
car les coutumes de ces pays ne changent pas.
Dieu pouvait bien demander ce sacrifice à Marie comme il va lui demander
celui de se retirer dans une étable!
Elle aussi fait sa part dans notre rédemption!
Essayons d’écouter leur
conversation. Peut-on imaginer qu’ils
parlent contre le prochain? qu’ils
disputent contre la Providence? ou qu’ils
parlent des amusements, des danses et des festins que le peuple va se donner
dans ces grandes réunions publiques?
Jamais de la vie! Rien de tout
cela ne les intéresse. D’abord, ils
parlent très peu, c’est sûr. Quand le cœur
est plein de Dieu et qu’on est tout à Dieu, on aime à s’entretenir avec son
amour dans l’intime de l’âme et l’on ne veut pas être dérangé par qui que ce
soit. Quand les saints se sentaient pris
d’amour de Dieu, ils fuyaient la compagnie des hommes pour jouir de leur
entretien avec Dieu; ils s’en allaient dans les églises ou dans les solitudes pour
être tout à Dieu. Immédiatement après
une communion, si on a un grain d’amour de Dieu, est-ce qu’on va bavarder avec
d’autres? Jamais on devrait le faire. Ceux qui aiment Dieu évitent la compagnie des
autres pour converser et prier avec Jésus dans leur cœur, et ils ne trouvent
pas ce temps long ni ennuyeux, ils ont leur trésor avec eux et cela leur suffit
amplement.
Or, Joseph et Marie sont
les plus saints personnages du monde; ils cheminent donc tout absorbés en Jésus
que porte Marie. Ils ont leur trésor
avec eux; ils n’aiment autre chose au monde, et cependant comme il n’est pas
encore né ils ne peuvent pas en dire grand-chose. Ils s’unissent donc à lui comme nous devons
faire dans la foi. Or pour le suivre
dans la foi il faut oublier le monde visible.
Combien de chrétiens savent s’isoler des créatures pour mieux goûter
leur créateur? En voit-on un grand
nombre affectionner les solitudes pour mieux méditer sur les choses de
Dieu? ou aller passer des heures devant
le T.S. Sacrement pour apprendre à aimer
Jésus? C’est tout le contraire, presque
tous cherchent les foules et les distractions pour passer le temps. Tous ces gens ignorent donc le monde de la
foi et leur Dieu qui ne se montre que dans la foi. Apprenons tous à fuir le bavardage et à tenir
compagnie à Jésus dans notre cœur.
Apprenons à converser avec lui si nous voulons passer l’éternité avec
lui. Si sa compagnie nous ennuie sur
terre, elle nous ennuiera dans l’éternité; et ce sera bien loin de lui. Avant de chercher d’autres idées sur Jésus,
commençons par pratiquer celles-là; elle a de quoi nous occuper. Enfin, ils arrivent à Bethléem où ils vont à
l’Hôtellerie pour demander à loger là, mais on leur répond qu’il n’y a pas de
place pour eux. Comme il y a beaucoup
d’étrangers, ils ne trouvent pas plus de place dans les maisons privées. Ils vont à l’aventure cherchant un endroit
pour passer la nuit qui s’en vient. Ils
trouvent un abri creusé dans le flanc d’une colline de pierre schisteuse où les
animaux se retiraient la nuit; une espèce d’étable ouverte à tous les vents et
abandonnée évidemment.
Arrêtons-nous à cette
épreuve. Peu importe les motifs
immédiats des gens qui leur refusent l’entrée dans l’hôtellerie, il est certain
que Dieu l’a fait exprès. Il faut que
Jésus commence à accomplir les prophéties: «Il est venu parmi les siens et les
siens ne l’ont pas reçu.» Quand même cela est dit du peuple qui n’acceptera pas
sa divinité, on sait que les paroles de l’Ecriture ont plusieurs sens et
plusieurs applications. Ici, déjà les
Juifs commencent à le rejeter sans le savoir dans ce cas-ci. C’est surtout dur pour Joseph et la Ste
Vierge. Eh bien, il faut que l’expiation
de Jésus tombe aussi sur ses amis.
Chacun doit compléter ce qui manque aux souffrances de Jésus et d’autant
plus qu’il est un membre important du corps mystique de Jésus. Ce que Dieu fait à notre Chef, il le fera à
ses membres en proportion qu’ils lui sont unis ou qu’ils doivent le
devenir. Donc tout chrétien doit
s’attendre à se faire refuser une entrée chez les siens, chez des amis. On le mettra un jour à la porte sans
cérémonie: que chacun s’y attende! On
évitera de vous parler, de vous saluer même; on invitera votre famille, mais
pas vous en personne! gens que vous
aurez soignés, dorlotés, comblés de vos faits, vous tourneront le dos un jour,
ne voudront pas de vous dans leurs fêtes!
Ces insultes doivent se faire parmi des parents et des amis, car si un
étranger faisait cela, on ne serait pas surpris ni blessé, mais quand cela
vient de ceux qui devraient avoir des égards pour nous et qui nous offensent de
la sorte, c’est extrêmement dur. C’est
justement pour cela que Dieu envoie ces épreuves. Jésus y a passé, nous tous devrons aussi y
passer. Au lieu de se fâcher contre ces
gens, ne voyons que Dieu qui veut nous donner un point de ressemblance avec
Jésus. Ces choses sont normales dans
toute vie chrétienne.
Dans le clergé et dans
les communautés, ce sera un curé, qui refusera tel vicaire, un évêque qui ne
voudra pas de tel prêtre, les paroissiens qui refuseront tel curé, etc. Un religieux sera promené de maison en
maison; c’est à qui ne voudra pas de lui!
C’est normal! Tout chrétien doit
être traité comme son Maître; au lieu de se plaindre comme un païen, qu’il
remercie Dieu de le juger digne de ressembler à son Dieu. Comme on est porté à garder de la rancune
contre ceux qui nous ont éconduits et méprisés!
En vieillissant surtout qu’on s’attende à être rejeté par les jeunes. Après s’être usé pour eux, c’est dur de se
voir rejeté partout; C’est normal: Jésus a été rejeté par les siens au début de
sa vie, pendant sa vie et à sa mort.
C’est donc normal pour un de ses membres d’être traité comme Jésus. Dieu le veut pour nous détacher de toutes les
affections humaines afin que nous lui donnions notre cœur au moins à la fin de
la vie. «Quand vous aurez fait votre
devoir, on vous dira que vous êtes des serviteurs inutiles.» Il faut que cette
parole du Maître s’accomplisse!
Il arrive aussi que Dieu
punit par l’ingratitude des jeunes ce que des parents à mentalité païenne ont
fait pour eux. Ils ont tout fait pour
des motifs naturels, par simple affection humaine; eh bien, Dieu se dit: Vous
n’avez rien fait pour l’amour de moi, courez après votre récompense! Mais Dieu aussi agit de la sorte pour les
plus saints qui ont tout fait pour Dieu seul.
Dieu espère, dans ce cas, qu’ils vont prendre l’ingratitude des hommes
comme une confirmation qu’ils ont bien fait de ne travailler que pour Dieu. Dieu seul les récompensera au ciel.
Du fait qu’on est rejeté,
on ne peut donc pas conclure qu’on a mal agi envers les autres ou pour des
motifs naturels. C’est à chacun à voir
sa propre conduite en examinant avec quels motifs il s’est dévoué pour les
autres. Que de fois nous faisons comme
les Bethléémites quand Jésus se présente à nous sous forme d’inspiration à
faire plus pour lui, comme de faire une retraite fermée, d’aller le visiter au
tabernacle, ou dans ses malades, à lui faire l’aumône de son temps par quelque
dévouement; on lui répond qu’on n’a pas de temps, qu’on n’a pas de place pour
lui dans notre cœur; il est déjà plein de toutes sortes de choses! La vie est déjà remplie par tant de soucis et
de plaisirs qu’on n’a pas le temps de s’occuper de lui. Pas de place pour lui! Pas de temps pour lui! Pas d’amour pour lui! Plus tard!
Plus tard! et Jésus s’en va
ailleurs… Reviendra-t-il à cette hôtellerie qui lui a déjà fermé ses portes? Voit-on des affairés se libérer pour donner
du temps à leur âme? Voit-on des
«sports» quitter les amusements pour se livrer à la méditation des choses
éternelles? Voit-on des passionnés pour
le monde se tourner définitivement aux choses de Dieu? Quelle leçon pour nous tous! L’étable.
Vous tous qui aimez à rationaliser le Christianisme, c’est le temps,
venez à l’étable voir votre Sauveur couché dans une crèche sur de la paille et
comment allez-vous juger tout cela avec votre bon sens humain? Y a-t-il un barbare au monde qui choisirait
une étable pour la naissance de son fils quand il pourrait lui avoir un
palais? Y a-t-il un père au monde qui
enverrait son épouse à l’étranger pour un dur voyage à pied au moment où elle
doit avoir son enfant? Dieu n’a pas
remué le petit doigt pour l’arrivée de son Fils au monde! Où est le bon sens humain en tout cela? On dira ensuite que la foi ne contredit pas
ce bon sens humain. Dans son orientation
elle contredit habituellement la raison ou la façon d’agir de la raison; on en
a un exemple ici et on en verra dans toute la vie de Jésus. C’est tellement contraire au bon sens que la
très grande majorité des chrétiens ne veulent pas de sa façon d’agir, malgré le
commandement formel de Dieu de faire comme lui.
C’est donc leur petit bon sens qui se révolte contre les voies divines
enseignées par la foi. Il y a donc
souvent contradiction entre les deux à ce point de vue-là.
La conséquence est qu’il
ne faut pas méditer la vie de Jésus selon notre bon sens humain, mais
uniquement selon la foi. Dieu n’a pas
suivi la sagesse humaine dans la rédemption, mais uniquement sa propre sagesse
divine; c’est donc selon cette sagesse divine qui nous est donnée dans la foi
que nous devons juger la vie de Jésus.
Car Dieu a choisi ce que est insensé selon le monde et ce qui n’est rien
selon le monde pour confondre la sagesse humaine.
Voilà pourquoi tant
d’auteurs qui ont fait des méditations sur Jésus sont plats à dormir
debout. Ils veulent satisfaire la raison
humaine, ils veulent nous donner des consolations humaines, ils veulent nous
montrer le bon sens dans la vie de Jésus… quand S. Paul dit qu’il n’y en a pas selon le sens
expliqué: que Dieu n’a pas agi selon le bon sens humain, mais diamétralement
opposé, afin que les hommes soient obligés de dire que c’est Dieu seul qui a
racheté l’homme. Voilà aussi pourquoi
tant de prédicateurs qui parlent de Jésus sont plats. Ils veulent eux aussi nous faire admirer la
vie de Jésus au point de vue du bon sens humain. Ils ont quelques points dont ils peuvent
parler à ce point de vue. Par exemple,
Jésus était bon pour les pauvres, Jésus était miséricordieux pour les pécheurs,
il a passé en faisant le bien… et là s’arrête leur éloquence Ils n’iront jamais
parler de son mépris pour les créatures, pour les honneurs et les richesses,
pour les plaisirs, pour les attaches, pour la Folie de la croix: c’est tout un
monde de la vie de Jésus qu’ils ne veulent pas considérer de peur d’avoir à le
pratiquer et d’être obligés de sortir de leur vie de païens cultivés. Dieu agit en vue de son amour: les hommes
agissent en vue de leur amour. Or
l’amour de Dieu est dans les choses divines, l’amour des hommes est dans les
échantillons; ces deux amours sont contraires l’un à l’autre, donc les moyens
qui y conduisent sont aussi contraires.
Or les hommes ne suivent que leur bon sens humain pour poursuivre les
échantillons. Il faut donc que Dieu
fasse le contraire pour les amener à son amour.
Ceux qui répugnent à admettre cette vérité n’ont qu’à venir à l’étable
de Jésus. L’Etable! L’Etable!
L’Etable! Elle confond toute la
sagesse humaine et tous les philosophes de la théologie avec tous leurs «in
se». In se il n’y a pas de mal à avoir
une maison pour naître! Evidemment ce ne
sont pas les «in se» qui ont influencé Dieu!
Tous ceux qui ont le cœur aux créatures sont incapables de goûter la vie
de Jésus qui les contredit en toutes choses.
«L’homme animal ne peut pas goûter les choses de Dieu», dit
St-Paul. Or, l’Homme animal selon
St. Jean de la Croix, Docteur de
l’Eglise, est celui qui recherche les satisfactions des sens pour elles-mêmes,
comme tous ceux qui ont des attaches quelconques: sports, automobile, liqueurs,
tabac, amitiés particulières, ambitions, orgueil, etc. L’étable représente bien l’âme d’une foule de
chrétiens: on y trouve la paille des pensées frivoles tournant à tous les
Vents; la froideur d’un cœur sans amour de Dieu, ce feu divin qu’il est venu
apporter sur la terre; la mauvaise odeur des appétits sensuels et des péchés
non expiés, pas même encore pardonnés.
Combien obligent Jésus à descendre dans ces étables infectes par la
communion! ou viennent à l’église le cœur
pourri par le péché. Balayons vite
toutes ces saletés de notre âme si nous voulons avoir part au bonheur de Jésus
au ciel. La mort ne fait qu’immortaliser
ce qu’elle trouve dans notre âme. Nous
pouvons mourir aujourd’hui même. Vite faisons
le ménage dans notre âme afin que Jésus soit à l’aise avec nous. Il faudra se faire violence plus tard comme
aujourd’hui; Jésus est aussi contraire à la nature humaine dans la vieillesse
que dans la jeunesse. Ce n’est pas plus
facile de se mortifier quand on est vieux que lorsqu’on est jeune. Commençons donc tout de suite…
LA NAISSANCE DE JÉSUS.
«Pendant qu’un silence
profond enveloppait tout le pays et que la nuit était arrivée au milieu de sa
course», le Verbe de Dieu, devenu homme naquit dans cet étable où se trouvait
Marie. Elle l’enveloppa de langes et le
coucha sur la paille de la crèche qui se trouvait là. Dieu n’a pas voulu nous laisser d’autres
détails sur la naissance de Jésus. C’est
la croyance universelle dans l’Eglise que la virginité de sa Mère fut respectée
comme dans sa conception. Il n’est pas
question de douleur ni de maladie. Il me
semble plus probable que St Joseph devait être là pour servir de témoin que
l’enfant venait bien de Marie. Il est
évidemment convaincu que Jésus est l’enfant de Marie; il a donc vu assez pour
s’en rendre compte. Comme Jésus a deux
natures: la nature divine et la nature humaine, on peut s’attendre à voir les
manifestations de ces deux natures. On
voit dans sa vie une certaine alternance de naturel et de surnaturel: je veux
dire au point de vue physique, pas des motifs.
Il est conçu miraculeusement, mais sa Mère le porte neuf mois comme les
autres mères; elle le met au monde comme tout autre homme vient au monde, mais
il ne lèse sa Mère en rien et la laisse vierge. S’il fait pitié dans sa crèche, des anges annoncent sa naissance et le
ciel chante sa gloire. Il faudra
surveiller ce mélange d’humain et de divin dans sa vie… afin de faire comme lui
par la grâce de Dieu. Jésus montre sa
nature divine assez souvent pour nous préserver du scandale quand il montre sa
nature humaine. Voyons donc ce mystère
tout de suite selon ces deux points de vue différents: Selon la nature on ne
voit que faiblesse, folie et mépris. Il
ne peut pas se remuer tout seul, lié dans ses langes. C’est absurde pour des parents de n’avoir
qu’une étable pour la naissance de leur enfant.
Peut-on imaginer une plus grande pauvreté au monde? Personne ne voudrait les imiter tant que tout
cela répugne à la nature humaine.
Combien de chrétiens dans le monde et même chez les prêtres et chez les
religieux aiment à méditer sur les abaissements dans l’étable? Ce que nous devrions conclure est que si un
Dieu peut s’humilier tant ce ne devrait pas être difficile pour un simple
homme. Si lui, de riche qu’il était se
fait pauvre, insensé, méprisé, combien plus les vrais pécheurs devraient
s’abaisser devant Dieu. C’est justement
ce qui nous choque en lui au point de vue humain que nous devons essayer
d’imiter. C’est justement là qu’il contrarie
notre nature propre comme nous devrions faire pour mener une vie divine. Pour nous encourager à le faire,
considérons-le maintenant:
Selon la foi ou le
surnaturel Jésus vient expier les excès des hommes dans leur amour pour les
créatures et d’eux-mêmes. Alors tout en
expiant pour nous, il nous enseigne comment faire à l’avenir pour ne plus
pécher et pour mener une vie toute divine.
Il vient combattre toutes les causes subjectives du péché dans l’homme
et guérir les trois concupiscences: Voilà pourquoi il se fait faible, pauvre,
méprisé et insensé aux yeux des hommes.
La foi nous montre Dieu enchaînant sa toute-puissance pour se faire
petit enfant. Depuis plus de 40 siècles
il a préparé sa venue par toutes sortes de prodiges et de prophéties comme de
figures. Il vient de mettre tout le
monde sur pied pour que ce petit enfant naisse à Bethléem selon les
prophéties. Selon la foi ce petit enfant
est notre Rédempteur, notre Dieu et notre sanctificateur; c’est lui qui
contrôle absolument tout dans le monde et qui nous jugera à la mort et fera
notre bonheur au ciel. Selon la foi il
vient nous indiquer comment vivre pour arriver au ciel; il nous apporte la
divine sagesse pour nous montrer où mettre notre bonheur afin de ne plus
pécher. Il se fait l’un de nous pour se
faire aimer plus facilement. Enfin nous
verrons dans la suite des méditations toute la sagesse divine et tout l’amour
divin qu’il vient nous apporter par sa vie contraire à nos idées naturelles.
ADORATION DES ANGES.
Si on est scandalisé de
voir comment Dieu traite Jésus et Marie dans l’étable, il faut en revenir
devant cette intervention miraculeuse du ciel pour les glorifier tous les
deux. Si la justice doit être
satisfaite, la miséricorde n’est pas loin en arrière. Une multitude d’anges apparaissent dans une
ouverture éblouissante du ciel et chantent la gloire de Dieu et sa
bienveillance envers les hommes de bonne volonté. C’est parce que Jésus s’humilie que le ciel
exalte la gloire de Dieu que Jésus procure ainsi. Cette partie du mystère nous va très
bien! Comme on aime à voir cette scène
incomparable en imagination! Et l’on se
prend à désirer d’entendre ainsi une multitude d’anges chanter sous la voûte céleste
au milieu de la nuit étoilée! Mais cette
consolation divine vient après les humiliations et les souffrances. Dieu l’a donnée visiblement afin de nous
montrer que le ciel se réjouit toujours quand nous nous mortifions ou que nous
nous humilions pour imiter Jésus. La foi
nous enseigne cette vérité: il faut la prendre là sur le vif comme une preuve
évidente. Mais Dieu ne le fera plus
visiblement, il faudra nous contenter de le croire. Ce n’est pas la partie du mystère qui doit
nous occuper trop longtemps; ce n’est pas celle-là qu’il nous faut reproduire
dans notre vie. Mais c’est ce qui nous
répugne que nous devons considérer et prendre d’une façon concrète dans notre
propre vie. Au lieu de chercher les
anges dans le ciel, regardons la crèche, frémissons de froid, sentons l’odeur
de l’étable et frottons-nous le nez sur la paille de la crèche: voilà ce que
Dieu nous demandera un jour d’imiter. Au
lieu d’anges, dans nos humiliations et nos fiascos, Dieu enverra des amis rire
de nous, nous disputer,. se moquer de
nous et tous nous abandonneront. Voilà
ce que c’est que d’imiter les humiliations de Jésus! Quand les riches deviendront pauvres, qu’ils
acceptent de descendre de leur rang social… ils s’en vont dans la direction de
Jésus! Quand il manquera quelque chose à
nos aises, sachons que c’est Dieu qui veut nous faire imiter Jésus sur ce petit
point. J’ai déjà vu un prêtre faire une
colère à la ménagère parce qu’il lui manquait une cuillère spéciale pour manger
une chose et il en avait encore quatre autour de son assiette! Celui-là n’a pas médité souvent sur la crèche
de Jésus! Que d’impatiences chez une
foule de chrétiens parce qu’ils manquent d’une chose! Jésus, lui, manquait de tout! Pour le suivre au ciel, il nous faudra
manquer d’une foule de choses que les hommes exigent ordinairement.
Des Bergers sont invités
après les anges à venir adorer Jésus.
Dieu leur envoie un ange les avertir.
C’est symbolique de ce que Dieu doit faire constamment; il faut qu’il
envoie sa grâce pour les réveiller de leur apathie pour les choses de
Dieu. Ils sont perdus dans la nuit du naturel
comme les bergers dans la nuit de Noël.
L’ange leur donne tout ce qu’il faut pour trouver l’Enfant. Ils n’ont qu’à aller dans la ville de David
et là ils trouveront un nouveau-né, enveloppé de langes couché dans une
crèche. Les bergers partent tout de
suite pour faire ce que l’ange leur a dit et ils trouvent l’Enfant Jésus dans
l’étable avec sa Mère et St-Joseph.
Remarquons les signes donnés par l’ange pour reconnaître le Sauveur du
monde: un nouveau-né, enveloppé de langes et couché dans une crèche. Voilà les signes de celui qui est éternel,
qui vient briser la plus forte tyrannie du monde, celle de Satan, et qui règne
dans les cieux! Y at-il quelque chose
pour le bon sens humain en cela? C’est
donc bien vrai que Dieu fait tout le contraire du bon sens humain et le
contraire des apparences. C’est la folie
de la croix déjà en pratique. Dieu
appelle des bergers, pauvres ignorants… et où sont donc les Docteurs en Israël? les savants pharisiens, les philosophes de
l’Ancien Testament? Ces orgueilleux ne
comprendraient rien aux humiliations du Sauveur et ils ourdiraient des complots
pour le tuer tout de suite. Il faut
qu’il fasse son oeuvre avant de tomber dans leurs mains pour être crucifié par
eux. Voit-on plus de nos savants
«docteurs» ou de nos «philosophes» de la théologie venir adorer Jésus au
tabernacle par amour pour lui? Si on en
voit un jour, qu’on m’envoie donc un télégramme pour m’annoncer cette nouvelle
extraordinaire! Dieu choisit les bergers
parce qu’ils sont pasteurs, pauvres et éveillés.
Pasteurs. Dieu veut indiquer aux Evêques et aux prêtres
qu’ils doivent être les premiers à donner l’exemple du service divin, à visiter
Jésus partout où il se trouve: avec son Humanité dans l’Eucharistie. Ils devraient attirer les foules à adorer
Jésus par leur exemple. Qu’on les voit
là souvent allant chercher conseil et grâce pour remplir leurs fonctions avec
plus de fruits spirituels, à visiter Jésus dans les pauvres, dans les malades
et dans les fidèles en général. Dieu a
créé les troupeaux de moutons pour représenter les paroissiens. Jésus revient constamment sur cette
comparaison et il veut que les pasteurs aient les mêmes soins pour les fidèles
que les bergers ont pour leurs troupeaux… Ils surveillent leurs moutons nuit et
jour, les protègent contre les loups, les empêchent de s’égarer, prennent un
soin spécial pour ceux ou celles qui sont malades ou blessés.
Un berger est tout à son
troupeau. Eh bien, Jésus veut que les
prêtres soient tout à leurs paroissiens, qu’ils doivent nourrir de la doctrine
de Jésus et de toute la doctrine: de la folie de la croix comme du mépris des
créatures, ce qui est la force de Dieu, la sagesse de Dieu, dit St. Paul.
Mais combien cherchent à exploiter la paroisse le plus possible sans
nourrir suffisamment les fidèles de la doctrine céleste. Combien leur donnent la doctrine du sermon
sur la montagne qui les empêcherait de tomber dans le péché? et combien courent après leurs pécheurs? Dieu demandera un compte sévère aux prêtres
qui font négligemment leur ministère.
Pauvres et détachés des
biens de la terre. Le divin ne se donne
pas à ceux dont le cœur est aux rivales de Dieu. Quand Jésus se présente aux pauvres, il a
plus de chance d’être bien reçu, tandis que les riches ont leur maison de
campagne à aller voir, leurs paires de boeufs à essayer et leurs plaisirs à
prendre avant de s’occuper des choses de Dieu!
Pour comprendre cette affection de Dieu pour les pauvres qu’on se
rappelle que l’affection aux choses créées est rivale de notre affection pour
Dieu. Quand on est riche, on a
ordinairement des affections aux rivales de Dieu, alors il est mal reçu quand
il se présente. Voilà pourquoi il
affectionne surtout les pauvres.
Eveillés: souvent Jésus donne ce conseil: Veillez et priez: Lui-même a
souvent passé des nuits à veiller et à prier.
Dans la nuit on est moins dérangé par le bruit et par les personnes et
l’âme peut plus facilement s’élever vers Dieu loin du tracas des affaires. Les pasteurs sont éveillés quand ils peinent
après leurs journées de travail, qu’ils surveillent tout ce qui pourrait nuire
à la sainteté des fidèles: les mauvais livres, compagnons, les semeurs de
discorde, de mauvaises doctrines, de l’esprit du monde, etc.
Des chrétiens. Elle ne s’est pas faite durant la nuit de
Noël, c’est celle qui nous reste à faire puisque Jésus est au milieu de nous
comme il était dans la crèche. Quelle
pitié de voir l’insouciance des prêtres et des fidèles pour Jésus dans
l’Eucharistie, où il est en personne et en chair et en os, quoique d’une
manière invisible pour nous. C’est le
même Jésus qu’au ciel, et, comme j’ai dit souvent, la mort ne fait
qu’immortaliser ce qu’elle trouve dans l’âme.
Si on est si indifférent pour Jésus sur la terre, comment peut-on
espérer aller au ciel où les élus se pâment d’admiration et d’amour devant
Jésus? Quand on le reçoit dans la sainte
communion, les prêtres et les fidèles devraient s’entretenir avec lui,
l’adorer, le louer et le prier pendant qu’il est corporellement avec eux,
environ une demieheure. Mais que de
prêtres et de fidèles ne font pas d’action de grâce ou très peu! Ils n’ont donc pas d’amour pour JésusChrist
sur la terre, quand en auront-ils pour lui?
Les excuses qu’ils ont aujourd’hui pour ne pas s’occuper de lui quand il
est dans leur cœur, ils les auront bien demain et après demain et ainsi de
suite toute leur vie. Voit-on souvent du
changement pour le mieux sur ce point?
Chacun pense plus à son déjeuner, à sa cigarette, au journal pour voir
la feuille des sports, pour badiner avec d’autres ou pour aller tout de suite
aux affaires. Tout ce monde devrait être
tout aux choses de Jésus et il n’a pas le temps pour causer avec lui quelques
minutes, quand il est réellement présent en corps et en âme et en divinité dans
leur âme! Voilà comment méditer la vie
de Jésus pour se défaire de son «païen» et devenir surnaturel dans toute son
activité, surtout dans son activité libre des facultés et donc dans sa
mentalité. Nous devons nous améliorer en
imitant la vie du Jésus surtout dans tout ce qu’elle a de contraire à nos
inclinations naturelles. Nous devons
tuer notre vieil homme pour que Jésus prenne la place; il faut donc se défaire
de ses manières de penser, de parler et d’agir pour prendre la manière de Jésus
en tout cela. Nous devons être
configurés au Christ… dans sa vie à tous les points de vue. Dès sa naissance, donc, il nous faut
reproduire les leçons contre nature qu’il nous donne dans l’étable: il y a du
travail pour des années, seulement là!
Que Dieu nous donne les dons du St-Esprit pour comprendre la sagesse des
voies divines et avoir la grâce de les vivre dans le concret. Que la Ste-Vierge nous obtienne toutes les
grâces pour devenir aussi semblables que son divin Fils. Que St Joseph aussi prie pour nous enseigner
à vivre avec Jésus et Marie comme il a eu le bonheur de le faire pendant
plusieurs années.
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