vendredi 25 mars 2016
jeudi 24 mars 2016
Abbé Migne - Jeudi-Saint
Du
grec κοινός, repas commun, Cæna en latin, dérive ce nom français de Cène, par
lequel on désigne, en Liturgie, le dernier repas que fit Notre-Seigneur avec
ses apôtres, la veille de sa passion. Les protestants ont donné fort improprement
ce nom à l’Eucharistie, car ce n’est point durant la Cène ou repas que
Jésus-Christ institua ce sacrement, mais après le repas. L’évangéliste saint
Luc s’exprime à cet égard d’une manière précise; il en est de même dans la
première Epître de saint Paul aux Corinthiens, chap. II. Bergier a fait cette
remarque. Néanmoins les autres évangélistes disent formellement que Jésus-Christ
prit le pain et la coupe, pendant le souper. Ceci du reste n’est pas d’une
haute importance. Il existait en Afrique, du temps de saint Augustin, qui en
parle, un usage qui était destiné à rappeler la Cène eucharistique. Le jour du
Jeudi saint on disait la Messe, le soir immédiatement après le souper. Le
Concile de Carthage réforma cette coutume. En France, le même usage a dû
exister, puisqu’un Concile de Mâcon le proscrivit. On appelait cela faire la
Cène dominicale.
Comme
il s’agit ici de l’institution du plus auguste des sacrements, nous croyons
devoir présenter quelques développements que nous puisons dans le Traité des
Fêtes, par Benoît XIV. Il est certain d’abord que les Hébreux ne s’asseyaient
pas sur des sièges, mais qu’ils se couchaient sur des lits, et que, s’appuyant
sur le coude, ils prenaient leurs repas. Notre-Seigneur et les apôtres durent
donc se conformer à cette coutume. On ne pourrait d’ailleurs expliquer le
véritable sens des paroles de saint Luc, lorsqu’il parle de la sainte femme qui
se tenait derrière Jésus-Christ, si le Sauveur eût été assis à table comme
nous. Ainsi donc, Notre-Seigneur étant couché sur le lit, avait la tête tournée
vers la table, et les pieds, que la sainte femme arrosait de ses larmes,
étaient étendus en dehors. Comment d’ailleurs saint Jean aurait-il pu reposer
sa tête sur la poitrine de Jésus-Christ, si celui-ci eût été assis. En cette
posture, il fut facile au disciple bien-aimé de se coucher ainsi, ce qui eût
été impossible si notre usage eût été habituel, en ce temps-là. Nos peintres
devraient donc ainsi représenter la Cène, et la vraisemblance ne serait pas
choquée, quand ils dépeignent saint Jean se reposant sur la poitrine du
Sauveur. Le même pape fait mention d’anciennes représentations de la Cène qui
corroborent, si cela était nécessaire, un sentiment fondé sur des connaissances
positives et rationnelles.
Avant
le repas, Jésus lava les pieds des apôtres ; pour cela il se dépouilla de son
vêtement et se ceignit d'un linge avec lequel il devait les essuyer. Celle
dernière circonstance prouve surtout la grande humilité de Jésus-Christ, car
c'était les esclaves seuls qui se ceignaient de la sorte. On raconte que certains
moines venus de Jérusalem au mont Cassin, y apportèrent une portion de ce linge
; pour éprouver si c'était bien réellement celui-là, ils le jetèrent au feu, et
après l'y avoir vu entièrement s'enflammer, ils écartèrent les charbons et le
linge fut trouvé dans son intégrité. Léon d'Ostie rapporte ce fait et Jean
Chifflet le confirme. Il y a diversité d'opinions sur le moment précis où Notre-Seigneur
lava les pieds des apôtres. Les uns prétendent que c'est après la Cène, se fondant
sur ces paroles : et Cæna facta. D'autres adhèrent au premier sentiment. Il faut
remarquer avec les interprètes, qu'il y eut en cette circonstance au moins deux
Cènes. La première est la Cène légale dans laquelle Jésus-Christ mangea
l'agneau pascal, la seconde est la Cène eucharistique. C’est entre ces deux
Cènes que Notre-Seigneur lava les pieds des apôtres, selon l’opinion la plus
commune ; c'était pour leur apprendre avec quelle pureté l'on doit approcher de
l'Eucharistie. La première Cène, qui n'était qu'une figure, n'avait pas besoin
d'être précédée de celte lotion allégorique.
Plusieurs
actions de Jésus-Christ doivent être considérées dans l'institution de l'Eucharistie.
Il prit d'abord du pain, rendît grâces à son Père, rompit ce pain et le
distribua à ses apôtres en leur adressant les paroles « Prenez et mangez; ceci est
mon corps. » il prit la coupe, rendit pareillement grâces à son Père, la
présenta à ses apôtres en leur disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang du
Nouveau Testament, qui sera répandu pour plusieurs en rémission des péchés. » On
demande si celte double consécration fut simultanée et s'il n'y eut pas un
intervalle pendant lequel Notre-Seigneur fit quelque autre chose. Benoit XIV
dit que selon le sentiment le plus généralement adopté, cette double consécration
ne fut point interrompue. Il n'adopte
donc pas l'opinion de ceux qui prétendent que d'abord il consacra le pain et
que ensuite, après le repas, il consacra le vin. L'institution du sacrement et
du sacrifice eucharistique devait donc avoir lieu en même temps. Jésus-Christ
consacra-t-il du pain azyme? Le savant pape dit qu'on n'en peut douter, car la
Cène eut lieu au premier jour des azymes, pendant lequel temps il était défendu
aux Juifs d'avoir en leur maison du pain fermenté. Néanmoins l'Eglise n'a
jamais défini que la Consécration n'était valide qu'avec du pain sans levain.
Les Grecs consacrent validement avec du pain levé, selon la déclaration du
Concile tenu, en 1439, à Florence, pour la réunion des deux Eglises.
Judas
reçut-il le corps et le sang de Jésus-Christ? Celle question a été l'objet
d'une grande controverse entre les théologiens et les interprètes des livres
saints. Les trois saints évangélistes Matthieu, Marc et Luc disent bien que
Notre-Seigneur mangea l'agneau pascal avec ses douze apôtres, mais il n'est pas
aussi clair que les douze assis tassent au second repas et encore moins à la Cène
eucharistique. Les uns pensent que Judas n'assista point à cette dernière, et qu'ayant
été signalé comme traître, il se retira. Les autres disent qu'il n'assista pas
jusqu'à la fin du second repas après lequel Jésus-Christ institua l'Eucharistie.
D'autres enfin disent que Judas reçut comme les autres apôtres le pain que son
Maître lui présenta, mais qu'en ce moment Jésus-Christ ôta la Consécration au
pain eucharistique donné au traître. Benoit XIV rejette toutes ces opinions, cl
prouve que Judas fil bien réellement la communion. Il s'appuie sur l'autorité
des anciens Pères de l'Eglise et de la très-majeure partie des théologiens.
L'Eglise semble d'ailleurs approuver exclusivement cette opinion lorsqu'elle
chante avec saint Thomas d'Aquin: Quem in sacræ mensa Cænæ, turbæ fratrum duodenæ,
datum non ambigitur. Si l'Eucharistie fut reçue par les douze apôtres, sans nul
doute Judas y participa.
II.
Aujourd'hui
le nom de Cène est donné au lavement des pieds que le pape, les évêques etc.,
et môme quelques rois ou princes souverains ont coutume de pratiquer le Jeudi saint.
Cet usage est d'une très-haute antiquité. Le Concile de Tolède, en 694, en fait
une prescription sévère aux évêques et condamne ceux qui la violeraient à être
privés de la communion pendant deux mois. Ceci prouve qu'il y avait eu du
relâchement dans l'observation de celte pieuse pratique ; or, comme on sait, le
relâchement ne s'introduit jamais qu'au bout de plusieurs siècles d'usage bien
suivi. A Rome ce cérémonial a été observé depuis les époques les plus reculées,
non point sans certaines variations ou modifications que la succession des
temps amène toujours. Il y a sur ce point une singularité qui mérite d'être
expliquée. En plusieurs Eglises, on lave les pieds à douze pauvres. A Rome,
selon les anciens ordres, le pape lavait les pieds à douze diacres, ou, à leur défaut,
à douze chapelains. Mais dans les Ordres plus récents, il est dit que le pape
doit laver les pieds de treize pauvres revêtus d'une tunique blanche. Depuis
longtemps, on est dans l'usage à Rome de laver les pieds de treize prêtres que
l'on prend de plusieurs nations. On demande la raison pour laquelle on ne s'est
point borné au nombre de douze, qui était celui des apôtres? Les sentiments sont
partagés à cet égard. On voit dans ce treizième l'apôtre saint Paul, qui,
quoiqu'il n'ait pas assisté à la Cène dominicale, puis qu'il n'était pas au
nombre des apôtres, a mérité qu'on lui consacrât ce souvenir. On veut y voir
Matthias qui remplaça Judas. On y voit le père de famille dont il est parlé
dans l'Evangile, et dans la maison duquel Jésus-Christ fit la Cène. Enfin on
prétend que c'est pour rappeler un prodige arrivé du temps de saint Grégoire,
et l'on dit qu'au moment où ce pape lavait les pieds de douze pauvres, il en
vit un treizième qui était un ange. Ce miracle est peint sur les murs de
l'église de saint Grégoire, à Rome, avec cette inscription :
Bissenos
hic Gregorius pascebat egentes
Angelus
el decimus terlius accubuit.
«
Grégoire servait ici à manger à douze pauvres, lorsqu'un ange vint se mettre à
table et compta pour le treizième. »
Aujourd'hui,
comme très-anciennement, le pape sert à manger aux treize pauvres auxquels il a
lavé les pieds. Ce sont maintenant toujours des prêtres. On leur donne aussi
une pièce d'or el une pièce d'argent. Pendant la cérémonie du lavement des
pieds, la musique pontificale chante l'Antienne : Mandatum novum, qui fait donner
à toute la cérémonie le nom de mandat. Selon le Rite romain, on chante pendant
la cérémonie du lavement des pieds une longue série d'Antiennes dont
quelques-unes sont répétées et d'autres sont suivies, comme l'Introït, d'un
Verset de Psaume. A la fin, on récite le Pater accompagné de plusieurs Versets
et d'une Oraison. Le Rite parisien ne diffère du premier qu'en ce qu'il n'y a
point un aussi grand nombre d'Antiennes. Mais celle suppression considérable
imprime au Rite parisien une sécheresse qui ne devrait point se trouver dans un
cérémonial aussi touchant. Quant à l'ordre lui-même du cérémonial, il est
très-simple. Celui qui doit y présider est en aube, sur laquelle il met l'étole
et la chape de couleur violette. Le diacre et le sous-diacre sont en dalmatique
et tunique blanches, comme à la Messe. Le premier chante l'Evangile : Ante diem
festum Paschæ, selon le Rite ordinaire ; puis le célébrant ôte la chape, se
ceint d'un linge, et pendant que le sous-diacre prend le pied droit de chaque
pauvre, le célébrant lave ce pied, l'essuie et le baise. Le lavement des pieds
a lieu après le dépouillement des autels. Le Rite parisien, après cette
cérémonie , procède à la Bénédiction du pain et du vin qui sont distribués à
ceux qui ont été l'objet de la cérémonie. Pendant cette distribution, un
lecteur chante sur le ton des Leçons, le discours que le divin Sauveur adressa
à ses apôtres après le lavement des pieds. On le prend au vingtième verset du
chapitre XIII, selon saint Jean, et il se termine avec la fin du chapitre XIV.
C'est un souvenir de la Cène eucharistique, car c'est après ce discours que
Jésus-Christ institua le sacrement. Nous regrettons dans le Rite parisien
l'absence de l'Evangile : Ante diem où le même Apôtre retrace le lavement des pieds
par le divin Sauveur.
Cette
édifiante commémoration de l'humilité de celui qui a dit : Apprenez de moi que
je suis doux et humble de cœur, est pratiquée, avons-nous dit, par d'autres
personnes en dignité, à l'égard de douze pauvres. Au christianisme seul
appartiennent ces actes empreints d'un sentiment religieux d'égalité dont la
philosophie mondaine s'est contentée de préconiser la théorie.
III.
VARIÉTÉS.
Le
lavement des pieds se pratique chez les Grecs, mais avec des particularités qui
tiennent bien du génie de cette nation. C'est une véritable commémoration
dramatique du lavement fait par Notre-Seigneur. Judas y est représenté par un
prêtre à barbe rousse, parce qu'un préjugé populaire attribue à ce traître
disciple une barbe de cette couleur.
Chez
les Arméniens, le soir du même jour, l'évêque ou le premier dignitaire de
chaque église lave les pieds, d'abord aux prêtres, ensuite à tous les hommes
présents, en imprimant sur leurs pieds un signe de croix avec une huile qui a
été bénite à cet effet.
L'auteur
des Voyages liturgiques fait remarquer une singularité particulière à l'Eglise d'Angers
: c'est que de son temps le bourreau était chargé de maintenir le bon ordre pendant
que l'évêque procédait au lavement des pieds.
Le
roi de France faisait autrefois la Cène. Un sermon précédait la cérémonie. Un évêque
faisait ensuite l'absoute, et enfin le roi, environné des princes et des grands
officiers, lavait et baisait les pieds de douze pauvres, les servait à table et
leur faisait une aumône. La reine en faisait de même a l'égard de douze pauvres
filles.
Abbé Migne - Origine et raison de la liturgie catholique en forme de dictionnaire, p. 259-263
mardi 15 mars 2016
Père Onésime Lacouture - 2-13 - Jésus retrouvé dans le temple
DOUZIÈME
INSTRUCTION
JÉSUS
RETROUVÉ DANS LE TEMPLE.
«Pourquoi
me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas
qu’il faut que je sois aux choses de mon Père?» L. 2-49.
Plan
Remarque. (Douleur de Marie. Jésus perdu: (Modèle d’amour. Jésus retrouvé dans le Temple: (Joie de
Marie. (Le surnaturel. (La gloire de Dieu. Motifs de Jésus: (Affirmer 4 principes
fondamentaux: (Le Souverain Domaine de Dieu.
(La folie de la croix. (Servir
d’exemple aux jeunes. (Donner une leçon
aux parents. Ils ne comprirent pas!
REMARQUE
Dans ce mystère Jésus fait entendre sa seule parole publique durant les trente
années de sa vie cachée. Il le fait avec
des circonstances si pénibles pour ses parents qu’évidemment il veut que la
leçon ait un grand retentissement dans le monde chrétien. Il aurait été si facile de leur éviter cette
angoisse en les avertissant de ce qu’il voulait faire. Il voulait donc cette douleur pour sa Mère et
son père adoptif et que le fait soit transmis à tous les chrétiens pour leur
instruction. Ce mystère mérite donc
notre sérieuse considération.
JESUS
PERDU.
Chaque
année, la sainte Famille allait pieusement à Jérusalem pour adorer Dieu selon
la loi de Moïse, Ex. 34-18: «Tu
observeras la fête des Azymes; pendant sept jours tu mangeras des pains sans
levain, comme je te l’ai prescrit, au temps fixé du mois d’abib, car c’est dans
ce mois que tu es sorti d’Egypte.» A l’âge de douze ans les jeunes juifs
étaient considérés comme émancipés et ils pouvaient choisir le genre de vie
qu’ils voulaient. A douze ans donc Jésus
alla avec ses parents à Jérusalem pour la fête de Pâque. C’est pendant qu’ils revenaient de cette fête
que Jésus s’esquiva pour rester seul à Jérusalem… et montrer au monde quel
genre de vocation il choisissait. On
explique qu’il ait pu faire cela à l’insu de ses parents parce que les enfants
voyageaient avec les hommes ou avec les femmes, alors Marie le pensait avec les
hommes et Joseph le croyait avec les femmes.
Le soir arrivé, les voyageurs se réunissaient et c’est alors seulement
qu’ils s’aperçurent que Jésus n’était pas là.
Tout de suite ils rebroussent chemin et retournent à Jérusalem chercher
Jésus. Douleur de Marie. Jusque là elle avait eu bien des
appréhensions au sujet de Jésus, mais elle avait toujours réussi à garder son
trésor. Cette fois l’unique objet de son
amour était perdu dans la grande ville remplie d’étrangers. Comme on a voulu le tuer tout jeune, elle
craint qu’on ait pu mettre la main sur lui enfin pour le faire
disparaître. Que d’angoisses et que
d’appréhensions étreignaient son cœur dans cette longue marche de nuit vers
Jérusalem! C’est le glaive qui entre
dans son cœur … et c’est son Jésus qui en est la cause! Nous savons qu’il l’a fait exprès!…
L’incertitude de ce qui peut lui être arrivé ajoute considérablement à son
tourment. N’essayons pas de spéculer sur
sa douleur. Il est certain qu’elle
souffre terriblement et nous ne pouvons rien pour la consoler durant cette nuit
sans son Jésus. Prenons une leçon pour
nous-mêmes. Quand Dieu nous enlève un
grand bien que nous estimions beaucoup et qu’il semble que Dieu aurait pu nous
épargner cette douleur, sachons l’endurer quand même. Si Dieu a pu torturer le cœur de sa Mère ainsi, il est capable de le faire
pour nous les vrais pécheurs, et il a le droit de le faire. C’est inutile là aussi de spéculer et de se
demander cinquante questions au sujet de la perte que nous faisons. C’est Dieu qui l’a voulue pour notre plus grand
bien comme il l’a voulue pour Marie.
Faisons sa sainte volonté sans murmurer, peu importe que le cœur
saigne. Dieu veut de l’expiation pour
nous ou pour d’autres; c’est normal, c’est juste et c’est un grand bien qu’il
nous veut. Souffrons en silence et sans
amertume parce que ces épreuves viennent de Dieu qui nous aime tant! Au ciel, nous comprendrons tout l’amour de
Dieu dans cette fanion d’agir. Modèle
d’amour pour tous ceux qui ont perdu Jésus.
Cela peut arriver et arrive à tout le monde de différentes manières
qu’il est bon d’examiner, afin de savoir comment agir.
On
peut perdre Jésus par sa très grande faute, comme par le péché mortel. En proportion qu’on aimait Jésus avant, on le
cherchera. Quand il n’y a pas d’amour
dans la vie et qu’on pèche mortellement, comme cela arrive infailliblement dans
ce cas… on n’a pas d’entrain pour chercher Jésus. On voit ces pécheurs rester des semaines, des
mois et des années sans se confesser.
Ces gens n’ont aucun amour pour Dieu.
Ils auraient perdu leur chien qu’ils le chercheraient; ils ont perdu
leur Dieu et ils ne le cherchent pas. Il
n’y a aucune espérance de salut pour eux tant qu’ils restent dans ces tristes
dispositions. S’ils aimaient Dieu avant
et que leur péché mortel est une faute de surprise ou de faiblesse et très rare
dans leur vie, ces gens ordinairement ont de gros remords de conscience que
produit leur amour pour Dieu qui existe réellement. Ces pécheurs n’aiment pas à rester dans leur
péché et ils vont se confesser au plus vite.
Ils peuvent espérer retrouver leur Dieu et d’opérer leur salut. On peut raisonner un peu de la même façon
pour les péchés véniels; plus ils sont légers et plus ils sont rares, plus on a
d’amour pour faire oublier à Jésus les peines qu’on lui fait par ces péchés. Maintenant il y a les bonnes âmes qui disent
souvent qu’elles ont perdu Jésus. Mais
c’est le sentiment de la présence de Jésus qu’elles n’ont plus et pour lequel
elles se désolent. C’est une
imperfection, très fréquente dans la vie spirituelle. Ces âmes s’attachent non pas à Dieu autant
qu’à ses consolations qu’il leur donne.
Au début de la vie spirituelle Dieu en donne pour les attirer à lui
comme on donne des bonbons aux enfants pour les gagner. Mais ensuite il veut les faire avancer dans
son amour pour lui-même plutôt que pour ses chocolats. Il les supprime tout simplement. Alors pour les commençants ce sont des
jérémiades d’enfants pour les bonbons qu’ils n’ont plus. Dieu laisse pleurer ces enfants pour les
sauver en les sevrant de ces douceurs qui viennent de Dieu, mais qui ne sont
pas Dieu.
Très
peu sont assez avancés dans l’amour de Dieu pour ne plus s’arrêter à cette
suppression des chocolats spirituels. Il
faut être bien virils pour servir Dieu uniquement pour lui seul et pouvoir se passer
des consolations surnaturelles. Mais il
faut tendre à cette perfection avec la grâce de Dieu sollicitée dans la prière
fervente et continuelle.
JÉSUS
RETROUVÉ DANS LE TEMPLE.
En
ce monde personne ne goûtera la présence continuelle de Dieu; c’est le temps de
l’épreuve et des semailles; il faut donc faire le sacrifice des jouissances
mêmes les plus légitimes et même surnaturelles, dans ce sens qu’il ne faut pas
s’y attacher. C’est donc normal que pour
une minute de consolation nous restions des mois et des années sans ces
consolations. Comme Jésus n’a fait
qu’effleurer ce monde et qu’il reste caché dans son éternité, ainsi Dieu ne
fait qu’effleurer l’âme de ses touches divines et il disparaît précisément pour
nous empêcher de manger notre grain de blé ici-bas et perdre la récolte
éternelle. Quand on comprend bien le
plan divin, c’est assez facile de se passer de consolations divines par
l’espérance des jouissances éternelles que l’on sait être d’autant plus grandes
que nous en avons eu peu sur la terre.
Après ses semailles le cultivateur attend bien trois ou quatre mois pour
ses récoltes. Est-ce si long d’attendre
cinquante ou soixante ans pour une récolte éternelle? Qu’on cesse de se troubler pour la perte des
consolations de Jésus. Mais que nous
ayons une véritable douleur de le perdre ou de l’éloigner par le péché mortel
ou véniel. Gardons-nous bien de faire la
moindre chose d’une façon réfléchie qui soit contre lui, qui l’offense tant
soit peu. Quand on a de l’amour pour
Jésus c’est ainsi qu’on agit.
Joie
de Marie. Après l’avoir cherché à
travers les rues de Jérusalem, chez leurs amis et sur les places publiques, ils
vont au temple et enfin le trouvent là au milieu des docteurs, les questionnant
sur les choses religieuses de la Loi.
C’est la dernière place où l’on irait pour trouver des enfants
égarés? Y a-t-il des enfants qui
déserteraient la maison pour aller à une église? pour aller trouver un prêtre afin d’avoir des
enseignements au sujet de la religion?
Combien de parents penseraient à aller chercher un enfant dans
l’église? De nos jours les enfants
désertent la famille ou l’école pour aller aux vues, à un cirque ou à un
spectacle quelconque; ils veulent s’amuser, contenter leurs sens dans des
jouissances sensibles. On ne peut pas dire
qu’ils sont aux choses de leur Père céleste!
Cette recherche de Jésus par Marie est un bon échantillon de ce que nous
devrions tous faire dans notre course à travers le monde: nous devrions
demander à toutes les créatures si elles peuvent nous donner Jésus, si non, on
file à d’autres ne voulant pas nous attarder à ce qui n’est pas divin et à ce
qui ne peut le donner. Peut-on enfin
imaginer la joie de Marie quand elle aperçoit Jésus au milieu des docteurs de
la Loi: il n’est pas mort! Que Dieu soit
béni! a dû être le cri de son âme! Il est là bien vivant devant elle; son trésor
et son Dieu et son Fils!
On
croirait qu’il se jetterait dans ses bras en pleurant de joie avec sa Mère;
mais, non, il reste là debout, calme et solennel. Mais Marie a tellement souffert qu’elle lui
fait un doux reproche: «Pourquoi as-tu agi ainsi? Voilà que ton père et moi, nous te
cherchions.» Pourquoi? Elle va le savoir
et tout le monde aussi! Alors devant les
représentants officiels de la Loi de Moïse, dans le temple de Dieu, en face de
sa Mère, il répond: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux
choses de mon Père?» Voilà sa vocation officielle, son programme de vie:
s’occuper des choses de Dieu seul!… et de façon à montrer que les devoirs
divins priment les devoirs humains! Il a
fait pleurer sa Mère selon la chair pour satisfaire son Père selon la
divinité. Les choses du ciel doivent
avoir la priorité sur les choses de la terre.
Voilà la leçon qu’il donne à tout le monde jusqu’à la fin des
temps. Pour comprendre une conduite si
étrange pour des humains il est important d’essayer de connaître les motifs de
Jésus pour agir de la sorte. On sait
qu’il vient pour nous mériter et pour nous donner une participation à
l’activité trinitaire en nous unissant à son humanité d’abord et par elle à
toute la divinité trinitaire. Suivons
l’ordre de l’intention divine. Dieu veut
nous unir à sa propre vie divine attribuée au Père, puis à sa gloire attribuée
au Fils, à son amour attribué au StEsprit, que nous montrons en nous soumettant
à lui ou en reconnaissant son souverain domaine et enfin pour participer à tout
ce divin trinitaire il faut nous renoncer en pratiquant la folie de la croix,
comme l’humanité de Jésus a fait. Voilà
donc les quatre motifs que tout chrétien doit avoir selon le plan divin pour
s’unir à Dieu et donc que Jésus avait sûrement aussi. motifs de jésus Affirmer 4 principes
fondamentaux.
Le
surnaturel exige que nous agissions comme des enfants de Dieu et donc que nous
ayons sa vie et que nous vivions selon cette vie divine. Elle exige que nous nous élevions audessus de
la vie humaine et donc que nous méprisions cette dernière et il faut se
compromettre clairement et devant Dieu et devant le monde: la gloire de Dieu
l’exige. Jésus veut montrer cette
opposition entre le naturel et le surnaturel, non pas «en soi», mais dans le cœur
et dans la façon d’agir. Jésus affirme en acte qu’il doit vivre
uniquement pour les intérêts de son Père céleste et donc pas du tout pour les
intérêts de la nature représentée dans sa Mère.
Pourtant il n’y avait aucun péché en Marie et donc rien de désordonné à
agir pour une créature si parfaite et si pure, ce qui prouve qu’il y a
opposition entre ces deux natures non pas à cause du péché, mais simplement
parce que l’une n’est qu’humaine et l’autre divine. Alors pour diviniser notre vie, il faut
cesser de suivre les tendances naturelles, quelques bonnes qu’elles soient en
elles-mêmes, comme dans ce cas pour la Sainte Vierge.
Il
est grand temps que les prêtres comprennent que l’opposition entre le naturel
et le surnaturel des motifs ou des intentions ne vient pas du péché ni de la
nature déchue, quoique ces deux choses accentuent cette opposition, mais
qu’elle vient du fait que Dieu nous appelle à sa vie divine et donc qu’il nous
faut cesser d’agir selon le naturel pour agir selon le surnaturel. «In se» il y a opposition entre le péché et
le divin, c’est clair, il n’y en a pas entre un bon motif naturel et un motif
surnaturel. Mais, en nous, ou dans le cœur
et en amour, il y a de l’opposition
entre ces deux motifs. C’est ce que
Jésus montre en acte: il fait de la peine à sa Mère pour faire plaisir à son
Père céleste! Il y a donc de
l’opposition. Il montre qu’on ne peut
pas être aux choses de Dieu et aux choses de la terre… pour ce qui regarde les
intentions ou les motifs. On peut et il
faut bien travailler dans les choses de ce monde mais avec un esprit de l’autre
monde et donc avec des motifs purement surnaturels. Comme dit St.
Paul: si je prêche pour plaire aux hommes, je ne puis plaire à
Dieu. Comme Jésus n’a pas consulté sa
Mère pour se donner aux choses de son Père, nous ne devons pas consulter le
naturel pour faire quelque chose de surnaturel.
Par exemple, si je veux communier demain matin, je ne dois pas consulter
mon païen ou mes parents ou mes amis autour de moi; car il est sur que je vais
rencontrer quelque opposition de leur part.
Ils vont me trouver toutes sortes de raisons très sages selon l’humain
pour remettre ma communion à plus tard.
Je ne dis pas qu’il ne faille jamais consulter le naturel physique. Si je n’ai pas les forces de me rendre à
l’église, il est clair que je dois remettre ma communion à plus tard, et cela
dans l’ordre de l’exécution. De même
pour suivre sa vocation religieuse, il ne faut consulter ni ses parents ni ses
amis. Quand il s’agit des intérêts
surnaturels de son âme ou de Dieu, il ne faut pas consulter les tendances
naturelles, ni les goûts naturels, mais uniquement la volonté de Dieu une fois
qu’elle est bien manifestée. Surtout
pour se donner à la sainteté, il ne faut pas sonder l’opinion publique ou les
goûts de son entourage; ils seront ordinairement tous contre la poursuite d’une
sainteté pratique et concrète.
C’est
le grand mal général, et dans le clergé et chez les fidèles, de vouloir
combiner les exigences du surnaturel avec celles du naturel; on aime à
rationaliser le christianisme; on veut bien servir Dieu, mais sans qu’il en
coûte à la nature. Que de prêtres même
vont jusqu’à vouloir faire servir le bon naturel intentionnel à aider le
surnaturel. C’est l’ivraie la plus
perfide dans l’Eglise et comme elle est répandue partout! Très peu de prêtres arrivent devant le monde
avec cette idée bien arrêtée qu’il faut soulever les fidèles au-dessus de la
vie naturelle pour leur faire vivre une vie toute surnaturelle dans
l’orientation des intentions ou des motifs.
Ils n’ont dans l’esprit que de les sortir du péché… et c’est tout ce
qu’ils ont à faire. Pour eux le naturel
et le surnaturel vont bien ensemble pour les sauver. Ils vont ensemble au point de vue physique,
mais ce n’est pas vrai au point de vue des intentions, ce qui constitue la
partie libre et méritoire ou non pour le ciel, et ce qui devrait constituer la
matière ordinaire de la prédication. On
voit que c’est bien en vain que Jésus ait montré l’opposition entre le naturel
et le surnaturel dans leur orientation pour la plupart des prêtres. C’est pour cela aussi qu’on ne voit presque
plus de différence entre les catholiques et les protestants ou les païens quant
à la mentalité. Est-ce que Jésus ne dit
pas clairement: «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même;»
Il y a donc du naturel bon «en soi» auquel il faut renoncer sous peine de ne
pas suivre Jésus. Où sont les prêtres
qui prêchent cela systématiquement et constamment, car il faut suivre Jésus
tous les jours? Qu’ils sont rares encore
une fois les prêtres qui prêchent le renoncement à soi même d’une façon
concrète! Ils se contentent de faire
renoncer au péché, ce n’est pas renoncer à soi-même cela. La personnalité morale à laquelle il faut
renoncer n’est pas un péché, et c’est à elle que Jésus veut que nous
renoncions… ce que les prêtres ne prêchent pratiquement plus.
LA
GLOIRE DE DIEU.
Nous
avons déjà vu que le Verbe ne changeait pas de rôle en s’incarnant. Or son essence est de manifester le Père,
c’est encore ce qu’il va faire sur la terre, voilà pourquoi il dit qu’il doit
être aux choses de son Père. A la fin de
sa vie il dira à son Père: «J’ai accompli l’oeuvre que vous m’avez donné de
faire: je vous ai glorifié, j’ai fait connaître Votre nom aux hommes.» De plus
par leur péché nos premiers parents avaient méprisé le commandement du Père; il
faut que Jésus, dans la rédemption, fasse tout le contraire et qu’il ramène au
Père toutes choses, c’est le plan de toute sa vie.
Or
cette gloire de Dieu doit être une affaire d’amour divin. Il faut y mettre tout son cœur, il n’en reste
donc pas pour le naturel. Voilà pourquoi
Jésus néglige l’amour humain pour nous montrer que ces deux amours sont
contraires et que l’un vit aux dépens de l’autre. C’est pour inculquer cette vérité qu’il lui
donne un si grand retentissement dans le temple et en face des docteurs de la
loi et qu’il fait écrire l’événement par les Evangélistes. C’est incompréhensible que tant de prêtres
essaient de concilier ces deux amours naturel et surnaturel, pour les opposer
tous les deux au péché seulement. Ce
n’est pas là le plan de Dieu! Or la vie
de Jésus doit être celle de tout chrétien.
Or combien pourraient dire qu’ils sont tous aux choses de Dieu? C’est le tout petit nombre, même parmi les
prêtres et les religieux. Combien se
sont compromis devant le monde en étant tout aux choses de la religion? On les reconnaît à leurs conversations toute
imprégnées des choses de Dieu, car la bouche parle de l’abondance du cœur, dit
Jésus lui-même. Où sont même ces prêtres
et ces religieux qui ne sont intéressés qu’aux choses de Dieu et qui en parlent
constamment? On va peut-être dire qu’on
ne peut pas toujours parler du bon Dieu.
Je réponds: Est-ce que les choses de Dieu ne sont pas aussi importantes
et infiniment plus que les choses du monde?
Eh bien, est-ce que tous ces gens ne trouvent pas toujours quelque chose
à dire au sujet des choses du monde?
Comme ils en ont la bouche pleine!
C’est donc qu’ils en ont le cœur plein.
Si on ne trouve rien à dire au sujet de Dieu, c’est donc qu’on ne l’aime
pas, il n’est pas dans le cœur. S’il
n’est pas dans le cœur, comment espère-t-on être sauvé? Le premier commandement fait un devoir de
l’aimer de toutes nos puissances; ces gens manquent à ce premier commandement;
ils risquent donc leur salut. Ceux qui
ont le monde dans le cœur avec ses
amusements et ses vanités trouvent toujours de quoi dire. Entendez deux prêtres ou deux religieux qui
se rencontrent, tout de suite ils parlent de sport ou d’argent et ils sont
intarissables sur ces sujets profanes.
Ces gens ne suivent pas Jésus!
Voyez-les dévorer la page des sports dans les journaux, ou les suivre à
la radio! Leur cœur n’est pas en Dieu, ni Dieu dans leur cœur ! Est-ce surprenant que nos fidèles soient
païens de mentalité avec des prêtres et des religieux aussi païens de cœur ? Demandons à la Sainte Vierge de remettre devant
le clergé les leçons divines des mystères de la vie de Jésus.
Le
cœur suit l’esprit, voilà pourquoi les
prêtres, les religieux et les fidèles devraient tourner leur esprit aux choses
de Dieu, en lisant la Bible assidûment, les Pères de l’Eglise, les auteurs
spirituels, en s’habituant à aller visiter et prier Jésus dans le tabernacle où
il nous attend pour nous enseigner les voies de Dieu. Comme ils ont été pris par les choses
mondaines à force de les lire et de s’y intéresser, qu’ils fassent de même pour
les choses de Dieu et ils finiront par les aimer.
Le
Souverain domaine de Dieu, considéré en nous, c’est la soumission totale à
Dieu, c’est faire sa volonté sur la terre comme elle est faite au ciel. Pour cela il faut mener une vie céleste et
donc cesser de vivre naturellement.
Cette transformation, de notre activité naturelle en activité
surnaturelle est le travail du St-Esprit et suppose notre amour de préférence
pour Dieu sur les choses du monde, Jésus affirme que son Maître est le Père
éternel et qu’il travaille uniquement pour lui.
Voilà ce que tout chrétien doit faire; il appartient à Dieu seul et donc
doit travailler pour lui seul. Si Paul
est au service de Pierre, il n’a pas le droit de travailler pour Jean. Quand même Jean lui dirait: ce n’est pas
péché de travailler pour moi, Paul devrait répondre: ce n’est pas la question,
c’est que je suis engagé par Pierre et je dois travailler uniquement pour
lui. Eh bien, quand des gens nous
demandent de faire quelque chose pour le monde, nous devrions répondre de même:
je suis engagé par Dieu pour travailler pour lui seul. Peu importe que ce ne soit pas péché ce que
vous me demandez, je suis engagé pour Dieu et par Dieu et il reste mon unique
Maître: je ne puis travailler pour le monde.
Comme lorsqu’on demande aux mondains de faire quelque chose pour Dieu,
ils disent toujours qu’ils n’ont pas le temps, parce que leur cœur est tout au monde, de même quand les mondains
nous demandent de prendre part à leurs amusements, nous devrions répondre que
nous n’avons pas le temps. Des amis
demandent à un prêtre d’aller jouer au golf, mais il répond qu’il n’a pas le
temps. Ils insistent: il faut qu’un
prêtre ait quelque délassement, il répond qu’il a beaucoup de malades à visiter
et une foule de pécheurs à essayer de gagner de sorte qu’il n’a pas le temps de
courir après une petite balle comme un enfant.
Alors
ils lui demandent de jouer aux cartes pour se reposer les jambes; il dit qu’il
se repose suffisamment en faisant son heure de méditation devant le T.S.S. et en plus une heure d’adoration par
jour. Chacun trouve son repos dans
l’objet de son amour. Il y a toujours
moyen de se reposer dans les choses de Dieu quand on sait les varier. Les païens trouvent leur repos dans les
créatures, les chrétiens doivent le trouver dans leur Créateur. Il y a incomparablement plus à faire dans les
choses de Dieu que dans les choses du monde.
Mathélés, un des premiers Pères de l’Eglise, dit que les païens mettaient
à mort les chrétiens parce que ceux-ci avaient renoncé à tous les plaisirs du
monde.
La
folie de la croix enseigne à semer l’humain pour récolter le divin; c’est ce
que Jésus fait ici, et pas parce que il est méchant en lui-même, mais
simplement comme humain. Sa Mère n’avait
jamais péché et il lui fait de la peine pour affirmer ses relations plus
importantes avec son Père céleste. Les
saints enseignent aussi que chaque chrétien doit se dépouiller de l’affection
naturelle qu’il a pour ses parents afin de la convertir en affection surnaturelle
en ne les aimant que pour Dieu. Cette
leçon est bien nécessaire au monde. Dès
qu’on veut se donner sérieusement à Dieu il y a toujours des parents et des
amis pour plaider en faveur de la nature.
Pourquoi quittez-vous nos réunions?
Pourquoi ne faites-vous pas comme les autres? Il n’y a pas de mal à faire comme tout le
monde? etc. Ils iront jusqu’aux larmes pour nous
attendrir. Il faut un grand courage et
la grâce de Dieu pour résister à ces pièges de l’amour humain. Il faut être bien décidé de rester à Dieu
pour ne pas se faire prendre. Quand ces
arguments viennent des prêtres ou des religieux cette épreuve est très
dangereuse parce qu’on a confiance en leur bonté et qu’on les croit tout aux
choses de Dieu et qu’on les estime. Ils
vont nous prendre par l’humilité en nous accusant d’orgueil de vouloir faire
autrement que les autres prêtres ou religieux, de vouloir nous singulariser
pour attirer les regards sur nous.
Est-ce que les autres prêtres ou religieux ne vous valent pas et ils
prennent des distractions et des récréations honnêtes, etc.? On aurait pu apporter ces mêmes arguments
contre Jésus. Est-ce que sa Mère n’était
pas assez bonne pour lui? Est-ce qu’elle
ne valait pas les docteurs de la Loi?
Est-ce qu’il n’aurait pas pu servir Dieu en restant avec elle,
etc.? Pourquoi lui faire cette peine
terrible? Pourquoi se singulariser, pour
un enfant de douze ans faire son petit docteur dans le temple? Ce n’est pas une question de raison, c’est
une question de préférence du surnaturel sur le naturel. Il faut le montrer en acte dans sa vie!…
Servir
d’exemple aux jeunes. Comme ils sont
tout aux choses de la terre! Quelle rage
pour les vues, pour les amusements et pour les satisfactions des sens! Quelle différence avec la mentalité des vrais
païens? Les choses visibles seules les
attirent et les satisfont. Tandis que
les choses invisibles de la foi les laissent indifférents. Les prêtres formés à la philosophie de la
théologie et qui n’ont que des «in se» à donner au peuple sentent bien qu’ils
ne sont pas capables de surnaturaliser les enfants; alors ils jettent le blâme
sur leur légèreté d’esprit, sur l’emprise des vues animées et sur les occasions
de jouir qui s’offrent à eux partout.
C’est vrai que leur philosophie n’est pas capable de sortir le monde du
paganisme puisqu’elle n’est elle-même que paganisme. Elle prend le point de vue de la raison au
sujet des choses de la religion; elle la paganise encore. Mais Jésus dit que notre victoire sur le
monde viendra de notre foi. Que les
prêtres se pénètrent du plan divin selon la foi et selon la vraie théologie
comme on l’a expliqué tant de fois et ils auront de l’influence sur les
jeunes. La foi est capable de vaincre
leurs tendances naturelles du moment que les prêtres expliqueront la folie de
la croix, la question des échantillons et le mépris des créatures fumier. Mais tant que les prêtres ne donneront que le
péché à éviter, les jeunes resteront païens comme ils sont nés, dans la
mentalité.
Que
de prêtres perdent leur temps à vouloir simplement distraire les jeunes pour les
préserver du péché. Quel triste
idéal! Jésus n’a pas pris cet idéal, ni
ce programme de vie. Mais il est tout
aux choses de Dieu! Quand est-ce que les
prêtres vont comprendre que c’est là le programme qu’ils doivent donner aux
jeunes? Ils n’arriveront jamais à les
lancer dans les choses de Dieu par les sports.
Les Américains l’ont essayé depuis des années et qu’ont-ils obtenu de la
jeunesse? Elle est païenne comme celle de
la Chine ou du Japon. C’est absurde de
croire qu’on va leur enlever les affections pour les créatures en leur en
fournissant d’autres. Ce n’est que par
les choses de la foi, dit Jésus. Les
prêtres pensent-ils de le faire mentir??
DONNER
UNE LEÇON AUX PARENTS.
C’est
la contrepartie du point précédent: si les jeunes ont un devoir de se donner
tout aux choses de Dieu, c’est un devoir aussi pour les parents de n’y pas
mettre d’obstacles. Combien ont peur que
les enfants aillent communier trop, aillent à la messe sur semaine, ou lisent
trop de bons livres, enfin qu’ils restent trop à la maison; ils aiment à les
voir se produire dans le monde par snobisme et par orgueil. Comme les mères sont contentes que leurs
filles soient de toutes les soirées, soient recherchées, etc. Elles vont dans la mauvaise direction et en
sens opposé à Jésus. Elles risquent leur
salut, ils ne comprirent pas! Quel mystère que cette parole de
l’Evangile. Qui aurait jamais osé le
dire, si ce n’était pas écrit là? La
seule chose qu’un chrétien doit faire, le seul programme de Jésus, et enfin une
parole si évidente: «Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon
Père?» Et les deux plus saints personnages au monde ne comprirent pas cette
parole! C’est qu’ils devaient comme les
Apôtres attendre la descente du Saint-Esprit pour avoir l’intelligence des
choses de Dieu dans toute leur ampleur et leur signification. Aussi Dieu voulait les tenir dans la foi
pure. Personne ne devait avoir une foi
plus parfaite que Marie. Or la foi est
l’adhésion à la vérité révélée et acceptée à cause du témoignage de Dieu. Plus on comprend, comme dit Saint Paul, et
moins il y a de foi. Voilà pourquoi Dieu
ne permit pas qu’elle comprît cette parole de Jésus. Prenons-la pour modèle de foi. Croyons sans comprendre: là est le mérite de
la foi. « heureux ceux qui croiront sans
avoir vu.»
mercredi 9 mars 2016
Une vidéo sur le "sédévacantisme" non catholique
Voici une vidéo de 1min17...
Derrière cette vidéo, l'auteur avait probablement une bonne intention malheureusement cette définition de l'Infaillibilité n'est pas catholique.
D'abord, regardons ce qu'en dit le Concile du Vatican :
« On doit croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités qui se trouvent contenues dans la parole de Dieu écrite ou traditionnelle et que l'Eglise propose à notre foi comme divinement révélées, qu'elle fasse cette proposition par un jugement solennel ou par son magistère ordinaire et universel. » (Const. Dei Filius)
Il ne faut surtout pas oublier qu'il y a deux modes d'enseignement, l'enseignement pontifical extraordinaire et l'enseignement ordinaire.
Extraordinaire c'est-à-dire une définition solennelle faite en grande pompe telle qu'une bulle ou un concile. Il est tout autant infaillible dans son magistère ordinaire tel que les brefs, discours, encycliques, etc.
En conclusion, il n'est pas infaillible seulement ex cathedra.
« Dès que se fait entendre la voix du magistère de l'Eglise, tant ordinaire qu'extraordinaire, recueillez-la, cette voix, d'une oreille attentive et d'un esprit docile. » (Pie XII aux membres de l'Angelicum, 14 janvier 1958)
« On ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les lettres encycliques n'exige pas de soi l'assentiment, sous le prétexte que les papes n'y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur magistère. C'est bien, en effet, du magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce magistère vaut aussi la parole [du Christ aux Apôtres] : « Qui vous écoute, m'écoute » (Luc X, 16), et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les encycliques appartient depuis longtemps d'ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs actes, les souverains pontifes portent à dessein un jugement sur une question jusqu'alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l'esprit et à la volonté de ces mêmes pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens » (Encyclique Humani generis, 12 août 1950)
Un peu plus loin dans le vidéo nous pouvons y lire : « Le corps des évêques jouit également de ce privilège, soit qu'il s'agisse des évêques dispersés dans tout l'univers, lorsqu'ils sont unanimes à admettre et enseigner la même vérité, soit lorsqu'ils sont réunis en concile général. »
« Ces vérités, l’Église les
enseigne quotidiennement, tant principalement par le pape, que par chacun des
évêques en communion avec lui. Tous, et le pape et les évêques, dans cet
enseignement ordinaire, sont infaillibles de l'infaillibilité même de l'Église.
Ils diffèrent seulement en ceci : les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes,
mais ont besoin de la communion avec le pape qui les confirme, mais le pape, lui n'a besoin de rien d'autre que de l'assistance du Saint-Esprit, qui lui a été promis. Ainsi il enseigne et n'est pas enseigné, il confirme et n'est pas,
confirmé. »
Pour ce qui d'un concile, le concile ne peut être catholique sans l'accord du pape. Car seulement lui seul a eu la promesse du Christ lui-même de paître, "paie mes brebis" paie mes agneaux. Un concile sans pape est sujet a l'erreur. Dans le canon 227 du code droit canonique de 1917 du Chanoine Raoul Naz nous pouvons y lire : « Les décrets du concile n'ont force obligatoire qu'après avoir été confirmés par le Pontife Romain et promulgué sur son ordre. »
Nous voulons aussi profiter de cette occasion pour rappeler à ceux qui croient que le pape n'est pas Infaillible quand il parle comme docteur privé. Ce qui est entièrement faux. « Il
est probable et on peut le croire pieusement, que le souverain pontife, non seulement
ne peut pas errer en tant que pape, mais aussi qu'il ne pourra point être hérétique
ou croire avec pertinacité une quelconque erreur dans la foi en tant que simple
particulier (particularem personam). Cela se prouve premièrement parce que cela
est requis par la suave disposition de la providence de Dieu. Car le pontife
non seulement ne doit pas et ne peut pas prêcher l'hérésie, mais aussi il doit
toujours enseigner la vérité, et sans doute le fera-t-il, étant donné que Notre
Seigneur lui a ordonné d'affermir ses frères [...]. Cependant, je le demande,
comment un pape hérétique affermirait-t-il ses Frères dans la foi et leur
prêcherait-il toujours la vraie foi ? Dieu pourrait, sans doute, arracher d'un
coeur hérétique une confession de vraie foi, comme en un autre temps, Il a fait
parler l'ânesse de Balaam. Mais cela serait plutôt de la violence et nullement conforme
avec la manière d'agir de la divine providence, laquelle dispose toutes choses avec
douceur. Cela se prouve deuxièmement de par l'événement, car jusqu'à ce jour, nul
n’a été hérétique [...] ; donc c'est un signe que cela ne peut pas arriver.
Pour plus d'informations consulter le manuel de théologie réalisé par
Pighius" (Saint Robert Bellarmin : De romano pontifice).
Imaginez-vous un évêque qui rencontre le Pape en privé, seul à seul, et lui poserait une question sur un point doctrinal en particulier et ce pape lui répondrait une hérésie. Cet évêque répéterait l'hérésie parmi son entourage, en autre, ses curés. Les curés propageront la même hérésie aux fidèles. Le grand pourfendeur de l'hérésie serait le pape lui-même. Le pape devra combattre sa propre hérésie?
Etant catholique, dès qu'il accepte le pontificat, l'Esprit-Saint le protège contre toute hérésie, penser le contraire serait absurde.
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