Salut à Marie, conçue sans
péché, l'honneur
de
notre peuple.— Réjouissons-nous beau-
coup
dans ce jour que le Seigneur a fait.
LETTRE PASTORALE DE MGR.
L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL CONCERNANT LE LIBÉRALISME CATHOLIQUE, LES JOURNAUX, ETC.
IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE
DE DIEU ET DU SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, etc.
Au
Clergé séculier et régulier, aux Communautés religieuses et à tous les Fidèles
de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
Nos Très-Chers Frères,
Notre
intention, dans cette Lettre Pastorale, est de vous indiquer quelques-unes des
marques auxquelles vous pourrez reconnaître le libéralisme catholique, qu'il
vous faut éviter à tout prix, afin de mettre votre salut en sûreté. Car, Nous
avons la douleur de voir qu'il se fait d'incroyables efforts, pour vous
ébranler dans vos bous sentiments, malgré toutes les instructions qui vous ont été
données sur ce grave sujet. C'est aussi notre intention de vous prémunir contre
certains scandales qui pourraient affaiblir vos sentiments religieux dans ces
temps mauvais.
Nous
n'en sommes pas surpris ; et c'est précisément ce qui Nous pénètre d'une vive
douleur en vous écrivant la présente. Prêtez donc une oreille attentive à tout
ce que Nous avons à vous dire, dans l'intérêt de vos âmes, des divers sujets
qui font la matière de cette Lettre. Nous commençons par le libéralisme.
§
I. Qu'est-ce que le Libéralisme Catholique ?
Le
libéralisme catholique est un ensemble de doctrines religieuses et sociales qui
tendent à affranchir plus ou moins les esprits dans l'ordre spéculatif, et les
citoyens dans l'ordre pratique de la règle que la tradition leur avait partout
et toujours imposée.
Ou
bien encore : Qu'est-ce que le libéralisme catholique ? Qu'est-ce que le
catholicisme libéral !
C'est
un sentiment faux et dangereux ; c'est un parti remuant qui conspire de fait
contre l'Église et la société civile.
Un
catholique libéral, c'est un homme qui participe à un degré quelconque à ce
sentiment, ou à ce parti, ou à cette doctrine, d'autant plus malade qu'il est
plus libéral, d'autant moins malade qu'il est plus catholique.
Le
libéralisme tend toujours à subordonner les droits de l'Eglise aux droits de
l'Etat par mesure de prudence et de haute sagesse, et même à séparer l'Eglise
de l'Etat, ou il voudrait une Eglise libre dans un Etat libre.
Le
libéralisme prétend que le clergé seul est appelé à défendre la Religion ; et
que les laïques n'ont point cette mission, tandis que le Pape déclare, dans son
Encyclique de 1853, que les laïques remplissent en cela un devoir filial, du
moment qu’ils combattent sous la direction du clergé.
Le
libéralisme moderne prétend que la Religion ne doit pas sortir de la sacristie,
ni franchir les limites de la piété privée. Mais le Pape déclare que les
catholiques ne peuvent défendre efficacement leurs droits et leurs libertés
qu'en se mêlant activement à toutes les affaires publiques.
A
ces traits caractéristiques, vous reconnaîtrez le libéralisme catholique. C'est
pour cela que Nous avons cru devoir les signaler à votre sérieuse attention,
pour que vous puissiez mieux comprendre la définition que Nous vous en avons
donnée.
Pour
vous le faire connaître encore plus clairement, Nous allons reproduire ici ce
qu'en disent les Pères du cinquième Concile Provincial de Québec.
"
Le libéralisme catholique, "disent-ils, "s'est introduit peu à peu dans
la sainte Eglise et s'y est caché en usant d'adresse et de fourberie, comme
l'ancien serpent dans le paradis (terrestre) afin de séduire les âmes
imprévoyantes, en les poussant, par ses artifices, à manger du fruit de l'arbre
de la science du bien et du mal."
Nous
laissons à vos sérieuses réflexions toutes et chacune des paroles de cette
définition, qui vous fait remarquer que le libéralisme n'est autre chose que le
démon qui, caché sous la forme de l'ancien serpent et armé de sa rage, de sa
malice et de sa ruse, se trouve maintenant au milieu de nous, pour nous perdre,
comme il perdit malheureusement nos premiers parents, en nous dépouillant de la
robe de justice et d'innocence, et en nous faisant perdre cette foi pure et
simple, qui ne raisonne pas avec Dieu et avec l'Eglise ; hélas ! c'est pour
nous rendre coupables d'orgueil et de désobéissance et nous mériter le plus
terrible des châtiments de la vengeance divine, celui d'être honteusement chassés
de ce sanctuaire de toutes les vérités révélés, en perdant la foi, et d'être
plongés dans l'abîme des plus grands maux. Pour le bien comprendre, il suffit
de jeter un coup d'œil sur les maux horribles qui désolent les gouvernements et
les peuples européens, frappés d'un inconcevable vertige, en punition de leur
libéralisme.
Ainsi,
N. T. C. F., la certitude que le libéralisme catholique est caché au milieu de
nous et de la crainte que ce monstre affreux n'y cause tous les maux qu'il traîne nécessairement à sa suite, ont bien de quoi nous faire trembler et Nous
forcer à élever la voix pour crier au danger.
§
II. Combien le libéralisme est à craindre.
C'est
une chose bien connue que la vue d'un serpent fait trembler les hommes les plus
intrépides. Aussi, la sainte Ecriture pour nous faire craindre le péché, nous
recommande-t-elle de le fuir, comme à la vue d'un serpent : Quasi a fade colubri fuge peccatum.
Jugez-en
par vous-mêmes, N. T. C. F., par quelques comparaisons naturelles.—Quelles ne
seraient pas vos continuelles alarmes, si de bons amis vous avertissaient qu'un
serpent vénimeux s'est glissé, sans être aperçu, dans vos maisons ; qu'il se
cache tantôt dans vos salons, et tantôt dans vos salles à manger ou vos chambres
à coucher ; qu'il va se réchauffer dans vos lits ou dans les berceaux de vos
enfants ?—Une telle nouvelle ne suffirait-elle pas pour déchirer vos cœurs de
trouble et d'inquiétude ?—Pour riez-vous demeurer un seul instant tranquilles
?—Vous viendrait-il même en pensée de ne faire aucun cas d'une telle
information ou de contester avec les personnes sages et prudentes, qui vous la donneraient
?—Seriez- vous tentés d'ajouter foi à ceux qui voudraient vous persuader qu'il
n'y a rien à craindre, ni pour vous ni pour vos enfants, du contact de ce
redoutable animal ?—N'est-il pas vrai que vous ne seriez sans inquiétude que
lorsque vous auriez la certitude pleine et entière que ce dangereux serpent .aurait
été mis à mort ou chassé bien loin de vos demeures ?—Ne prendriez-vous pas
alors de minutieuses précautions pour laver tout ce que cet animal vénimeux
aurait infecté de son venin par son contact ?
Telles
sont, N. T. C. F., les impressions de crainte que vos Evêques, réunis en
Concile, inspirent du libéralisme catholique, en vous apprenant que c'est un
serpent qui s'introduit dans tous les rangs de la société chrétienne et se
glisse même dans le sanctuaire, pour y répandre le trouble et la désolation.
Mais, remarquez-le bien, c'est un serpent mille fois plus dangereux que tous
les serpents du monde, puisqu'il empoisonne les âmes.
§
III. Ce que pense de ce libéralisme N. S. Père le Pape.
Mais
ce que nous dit de cette monstrueuse erreur le Chef Suprême de l'Eglise nous en
doit inspirer encore une plus vive horreur.
''
Mes Chers enfants," disait-il, en 1871, à la dépuration des catholiques de
France qui, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de son Pontificat, lui
présentait une adresse, portant plus de deux millions de signatures, « mes
chers enfants, il faut que mes paroles vous disent bien ce que j'ai dans mon cœur.
Ce qui afflige votre pays et l'empêche de mériter les bénédictions de Dieu,
c'est un mélange des principes. Je dirai le mot et je ne le tairai pas, ce que
je crains, ce ne sont pas tous ces misérables de la Commune de Paris, vrais
démons de l'enfer qui se promènent sur la terre. Non, ce n'est pas cela ; ce
que je crains, c'est cette malheureuse politique, ce libéralisme catholique,
qui est le véritable fléau. Je l'ai dit plus de quarante fois; je vous le
répète, à cause de l'amour que je vous porte."
Le
Saint Père pouvait-il parler de ce libéralisme en termes plus énergiques? C'est
du fond du cœur qu'il tire les paroles qui tombent de ses lèvres ; et c'est
pour l'amour de ses enfants qu'il parle ainsi. Ce qu'il craint, c'est plus les
libéraux catholiques que les Révolutionnaires, qui ont bouleversé la France,
ces années dernières, révolutionnaires qu'il dit être méchants comme des démons
sortis de l'enfer et parcourant le monde, pour le remplir de maux ; car, il
déclare que c'est un véritable fléau.
Or,
remarquez-le bien, N. T. C. F., celui qui tient un langage si sévère, c'est un
père et un père qui aime ses enfants. C'est le premier des Pasteurs qui chérit
ses brebis jusqu'à se sacrifier jour et nuit, pour assurer leur bonheur dans ce
monde et dans l'autre. C'est le docteur suprême de l'Eglise, qui ne fait
entendre sa voix aux fidèles confiés à ses soins vigilants que pour les
préserver de toute erreur. N’est-il pas évident qu'il réprouve ce libéralisme, comme
souverainement préjudiciable et dangereux à l'Eglise?
§
IV. Le St. Père, en réprouvant le libéralisme, montre qu'il prend les dehors de
la piété, pour mieux se propager.
Le
libéralisme n'est si préjudiciable aux âmes que parce qu'il se couvre des
dehors de la piété, comme le loup se cache sous la peau de brebis, pour dévorer
plus facilement le troupeau. C'est là l'imminent danger que signale N. S. P. le
Pape, par ces paroles remarquables et dignes de la plus sérieuse attention.
Elles se lisent dans le Bref du 28 juillet, 1873.
"
Les opinions libérales," dit-il, "sont accueillies par beaucoup de
catholiques honnêtes d'ailleurs et pieux dont, par conséquent, la religion et
l'autorité peuvent facilement attirer à eux les esprits et les incliner vers des
opinions très-pernicieuses. "
Or,
pour que de tels exemples ne puissent être pernicieux à personne, le Saint-Père
croit devoir faire les déclarations suivantes :
"
Dans les nombreuses occasions où Nous avons repris les sectateurs des opinions
libérales, Nous n'avons pas eu en vue ceux qui haïssent l'Eglise et qu'il eût
été inutile de désigner ; mais bien ceux que Nous venons de signaler, lesquels,
conservant et entretenant le virus ou poison caché des principes libéraux qu'ils
ont sucé avec le lait, sous prétexte qu'il n'est pas infecté d'une malice
manifeste et n'est pas suivant eux nuisible à la Religion, l'innoculent
aisément aux esprits et propagent ainsi les semences de ces révolutions dont le
monde est depuis longtemps ébranlé."
Vous
ne vous étonnez donc plus, N. T. C. F., de voir les libéraux catholiques
prendre ainsi les apparences de dévouement à la Religion et affecter de se
montrer attachés aux principes de la foi et aux pratiques de la piété, vous qui
savez que le démon, au commencement du monde, prit la ressemblance du serpent,
qui est le plus rusé de tous les animaux, afin de séduire nos premiers parents,
et que tous les jours, Satan, comme l'assure l'Apôtre, se transforme en Ange de
lumière, pour tromper plus sûrement les malheureux enfants d'Adam. Car, n'est-il
pas évident que personne ne voudrait être partisan de ce père du mensonge, s'il
se faisait connaitre tel qu'il est en lui-même et s'il se montrait à nous avec
toute sa laideur et sa malice ? Si donc cet esprit de ténèbres entraîne tant de malheureux à sa suite c'est qu'il réussit, par ses mensonges, à leur faire
accepter l'erreur pour la vérité, car, dit J.-C., il est menteur et père du
mensonge. Aussi, devons-nous nous écrier, tous les jours, avec le prophète à la
vue de tant de fatales illusions : Enfants des hommes, jusqu'à quand aurez-vous
le cœur appesanti? Pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez-vous le mensonge
? PS. IV.
§
V. Le Clergé ne fait que suivre la doctrine du Saint-Père.
Nous
n’avons pas besoin de vous prouver ici que vos Pasteurs se sont inviolablement
attachés à la doctrine du Vicaire de Jésus-Christ, et qu'ils vous out transmis
fidèlement les oracles infaillibles qui sont tombés de sa bouche. Vous n'avez
pour vous en convaincre autre chose à faire que de comparer les instructions que
vous donnent les Curés et Prédicateurs avec les décrets des Conciles et les
Mandements, Lettres Pastorales et Circulaires de vos Évêques qui eux-mêmes
n'ont fait que proclamer les enseignements de l'Auguste Chef de la Sainte
Église. Avec ces documents authentiques à la main, vous acquerrez l'intime
conviction qu'en écoutant votre Pasteur c'est l'Église que vous écoutez ;
puisque c'est l'Évêque, le Pape, Jésus-Christ lui-même qui vous parle par leur
bouche, pour condamner le libéralisme qui se dit catholique, mais qui n'est
qu'une erreur damnable.
§
VI. Sentiment de Mgr. de Ségur sur le libéralisme catholique.
"
Le libéralisme catholique," dit un célèbre auteur de nos jours, en
s'appuyant sur les décrets du Souverain Pontife, " est donc condamné, quoiqu'il
ne le soit pas encore formellement comme hérétique. Oui, ajoute-t-il, il y a
incompatibilité absolue entre le catholicisme et le libéralisme. Et désormais
un chrétien tant soit peu instruit ne peut en sûreté de conscience ni être, ni se dire catholique libéral."
§
VII Ce que pensent du libéralisme catholique les ennemis de la religion.
Mais
il n'y a pas que les Pasteurs des âmes qui d'un commun accord, rejettent et
réprouvent le libéralisme comme ennemi du catholicisme. Car, parmi les
protestants il s'en trouve qui le considèrent comme un allié fidèle du
protestantisme dans les combats incessants qu'il livre à la Religion
catholique. N'est-ce pas, en effet, ce qui tout dernièrement a été publiquement
proclamé, dans un comté de ce diocèse, et a été répété dans toutes les parties
de la Puissance? N'y prédit-on pas que le moment d'une grande bataille est
arrivé entre le catholicisme et le protestantisme? N'y annonce-t-on pas que la
victoire ne sera pas difficile à gagner, si les protestants du Bas-Canada font
alliance avec les Canadiens libéraux français, qui, assure l'orateur ont
toujours été et sont encore partisans des institutions libres ? N'y met-on pas
en avant qu'il ne s'agit, pour la population anglaise, que de montrer un peu
d'énergie, et que, dans ce cas, tout ira bien ? A en croire l'orateur, ne
suffirait-il pas, pour réduire au silence les canons de l'ennemi, c'est-à-dire,
pour faire taire les voix de l'Ultramontanisme, de s'affirmer comme amis des
libertés ? Après de semblables provocations de leurs amis et alliés. Les catholiques-libéraux
n'ont assurément pas bonne grâce de se poser en public ou en particulier, comme
de vrais amis de l'Eglise ; ils ne peuvent prétendre au droit de les
représenter dans les Chambres et ailleurs; ils n'ont aucun titre à leur
confiance ; loin de là, on ne peut les regarder que comme de faux frères et des
traîtres ; il n'y a à rien conclure de leurs protestations de bonne volonté, sinon
qu'ils cherchent à tromper, pour abuser ensuite de la confiance du peuple afin
d'arriver à leurs fins.
C'est
là un fait tout-à-fait significatif qui vous apprend, N. T.C. F., avec quelles
sages précautions vous devez procéder, avant de donner votre confiance à qui
que ce soit. Soyez de tout cœur pour ceux qui sont les amis sincères et vrais
défenseurs de vos droits religieux, non pas de bouche seulement, mais de tout cœur.
§VIII.
Ce qu'il y a à faire pour ne pas faire fausse route.
En
traversant ces temps mauvais et en vivant dans ces Jours de scandales,
attachez-vous de tout votre cœur aux règles pratiques que Nous vous traçons, en
la présence de Dieu et dans l'unique but de procurez votre plus grand bien.
10.
Ecoutez J. C. on écoutant l'Eglise. A cette fin, pénétrez-vous de ces oracles
sacrés tombés de la bouche du divin Maître : Celui qui vous écoute, m'écoute :
Celui n'écoute pas l'Eglise, qu'il soit pour vous comme un payen et un
publicain. Or, voici comment il faut mettre en pratique cette règle. Chacun de
vous peut et doit se dire, dans l'intérieur de son âme: J'écoute mon Curé: mon
Curé écoute l’Evêque; l’Evêque écoute le Pape ; le Pape écoute N. S. J. C, qui
l'assiste de son divin Esprit, pour le rendre infaillible dans l'enseignement et
le gouvernement de son Eglise. Avec cette règle si sûre, je ne puis pas
m'égarer ; et je suis certain de marcher dans la voie de la justice et de la
vérité.
2o.
Portez un religieux respect à tous vos pasteurs, de crainte qu'en les
méprisant, vous n'encourriez ce terrible anathème prononcé par Notre Seigneur :
Celui qui vous méprise me méprise. Oh! que ces paroles: mépriser Jésus-Christ
en méprisant ses prêtres, sont dignes d'attention e» qu'elles méritent bien
d'être sérieusement considérées!
Comme
il vient d'être observé, celui qui écoute le Prêtre écoute l'Evêque, et celui
qui écoute l'Evêque écoute le Pape, et celui qui écoule le Pape écoute
Jésus-Christ. Il écoute donc tout le clergé dont Jésus-Christ est le chef.
De
même celui qui méprise le Prêtre méprise l'Evêque, celui qui méprise l’Evêque méprise
le Pape, et celui qui méprise le Pape méprise Jésus-Christ. Il méprise donc
tout le clergé dont Jésus-Christ est le chef.
D'après
tout ce qui a été reproduit plus haut des instructions données par le Pape et
les Evêques, contre le libéralisme catholique, il est visible que les prêtres,
dans leurs instructions sur cette détestable erreur, s'attachent
scrupuleusement aux principes qui leur sont dictés par les premiers pasteurs. C’est
donc tout le clergé qui parle par la bouche de chacun de ses membres. Ainsi mépriser
cet organe du Clergé, c'est mépriser tout le Clergé, c'est mépriser J-C, qui en
fait ses ambassadeurs. C'est mépriser le Père Eternel, qui a envoyé J.-C, son
Fils unique dans le monde, pour l'instruire et le sauver. Mais comment faut-il
considérer celui qui, soit sur les hustings, soit aux polls, soit dans les
tribunes, soit dans les Journaux, ose proférer des choses injurieuses à la
personne et au caractère de ce prêtre, pour mépriser ou faire mépriser sa
parole et sa conduite, afin de lui ôter, s'il est possible, tonte l'estime et
la considération dont il jouit auprès du peuple, et comment doit-il être
traité? Nous invoquons, pour y répondre, l'autorité du St. Siège, contre laquelle
il n'est permis à personne de répliquer et de s'insurger.
Il
y a environ trois ans, la Sacrée Congrégation de la Propagande, chargée de la
surveillance Apostolique sur ce pays, fut informée que certains journaux se
permettaient d'écrire quelque chose d'injurieux contre les autorités
ecclésiastiques. Le Préfet de cette Sainte Congrégation s'empressa d'écrire aux
Évêques de cette Province, pour les presser de faire tout en leur pouvoir pour
faire cesser ces discussions malheureuses qui ne pouvaient que faire triompher
les Protestants. Son Eminence recommandait dans cette Lettre, aux Évêques, de
forcer, au besoin, ceux qui se rendaient coupables en ce point, à se soumettre
à cette injonction, en défendant aux fidèles de lire leurs journaux. "
Curent (Episcopi) ne hujusmodi contentiones per ephemerides et libelles a
catholicis exerceantur, utque eos qui in hoc deliquerint coercere, et si opus
fuerit earumdem ephemeridum lectionem fidelibus prohibere non omittant."
(Rescrit du 23 Mars 1873.)
Nous
publions, par la présente, cette règle de conduite ; et Nous ordonnons à tous
ceux qui] ont charge d'âme de s'y conformer exactement. ; Ainsi donc, ne
pourront être admis aux Sacrements ceux qui liront ou encourageront
efficacement les journaux dans lesquels on prend à tâche de couvrir d'injures
les Pasteurs des âmes, parce qu'ils s'opposent à la propagation des principes
erronés réprouvés par le Souverain Pontife ou par les premiers Pasteurs,
chargés par Jésus-Christ d'enseigner au peuple les saines doctrines déposées
dans le sein de l'Église. A plus forte raison, faudra-t-il refuser les
sacrements aux éditeurs qui écriront de telles insultes, et à ceux qui les
emploient pour rédiger les journaux, dont ils sont propriétaires.
3o.
Appliquez-vous à bien étudier ces principes sacrés sur lesquels reposent le
bonheur et la tranquillité de la religion et du gouvernement; écoutez avec
attention les instructions qui vous sont données sur ces graves sujets, et
lisez avec ardeur les bons livres qui en traitent.
4o.
Priez avec ferveur et persévérance, en demandant le don d'intelligence qui vous
fera discerner l'erreur de la vérité afin que vous ne soyez jamais flottants à
tout vent de doctrine. Offrez à cette intention, les prières qui se font à la
fin de chaque messe, par l'ordre de N. S. P. le Pape, aux Quarante-Heures, à
l'exposition des saintes Reliques, et autres circonstances heureuses où Dieu se
plait à faire éclater son infinie bonté. Redoublez de ferveur, en faisant ces
prières pendant les sessions du Parlement, afin que le St. Esprit daigne
éclairer nos législateurs, pour que toutes les lois tendent à l'honneur de la
religion et au plus grand bien du peuple. N'oubliez pas que le Prêtre, à chaque
salut et bénédiction du St. Sacrement, chante l'Oraison de la Reine. Or, en priant
pour notre Gracieuse Souveraine, dans un moment si solennel, il prie en même
temps pour tous ceux qui l'assistent dans le gouvernement de ses immenses
domaines. Mais le peuple s’unit à la prière du Prêtre, pour demander la grâce
d'être gouverné selon les règles de la sagesse, de la justice et de l'équité.
Ah ! Nos Très Chers Frères, prions pour la Ste. Église, afin qu'elle jouisse de
toute la liberté dont clic a besoin, pour le service de la divine majesté. Ut
destructis adversitattbus et erroribus uni versis, secura tibi serviat
libertate.
§
IX. Sacrilège horrible.
Nous
ne saurions terminer cette lettre sans vous faire part d'une bien triste
nouvelle, qui remplira sans doute vos cœurs d'une amère douleur. Nous
l'empruntons à un journal de cette ville qui la raconte dans les termes
suivants :
"La
Messe à Russell Hall. -Hier au soir (c'est-à-dire, Dimanche, 30 Janvier
courant), à Russell Hall, le Père Chiniquy a fait le sacrifice de la messe en
vertu des droits que lui reconnaît encore l'Église de pouvoir consacrer des
hosties. Il a donc consacré au moyen des cinq paroles latines réglementaires
deux petites galettes, et pour mieux faire sentir au public que ces morceaux de
pain n'avaient pas plus de vertu après qu'avant la consécration, il les a
brisés en miettes, en a jeté en l'air, foulé aux pieds, et les galettes n'ont
rien dit. M. Chiniquy a prononcé hier un de ses plus éloquents discours ; nous
en avons sténographié les principaux passages que nous publierons avant peu. En
même temps, il a prié ceux des Canadiens qui veulent devenir Protestants de ne
plus aller chez lui, rue Peel, à partir d'aujourd'hui, mais de se présenter à
lui à Russell Hall, tous les jours, à partir de neuf heures du matin. Le nombre
en devient chaque jour si grand que la maison de M. Chiniquy est trop petite pour contenir tous ceux qui se
présentent."
C'est
le Witness qui parle ainsi. Il n'y a
donc pas à s'étonner s'il cherche à donner de l'importance à un malheureux qui
sert si bien sa cause. Pour nous, c'est un puissant motif de redoubler d'efforts
pour empêcher ce loup de dévorer une seule des brebis du Bon Pasteur.
Nous
nous empressons d'annoncer cet horrible attentat, parce que, connaissant comme
Nous le connaissons, votre foi et votre piété, Nous sommes bien convaincu que,
dans votre juste douleur, vous allez faire tout en votre pouvoir pour faire à
l'adorable sacrement de l'Eucharistie uni amende honorable qui réponde, autant
que possible, à la grandeur et à l'énormité du sacrilège qui vient de ce
commettre.
Un
des bons moyens que vous avez à votre disposition, pour consoler Notre Seigneur, dans sa profonde douleur, c'est de faire régulièrement, au moins
une fois par mois, la Communion Réparatrice, établie comme souvenir du Jubilé.
Nous
avons, en vous donnant cette douloureuse nouvelle, cité le Witness, pour vous convaincre de plus en plus combien Nous avions
raison de vous défendre la lecture de ce Journal, qui ne cesse de vomir les
plus grossières injures contre ce que la Religion a de plus saint. Hélas ! il
se met souvent de la partie avec nos journaux libéraux, pour outrager la
religion et ses ministres ; e qui devrait suffire, pour faire comprendre à tous
les Catholiques ce que sont et doivent être des journaux qui méritent les humiliants
éloges du Witness. Quoiqu'il en soit, tenez bon à vous interdire la lecture de
ce Journal, qui vous a été déjà si strictement défendue.
Au
seul récit de cet horrible attentat, de ce sacrilège inouï et de cette affreuse
profanation, il n'y aura, dans toutes les parties de ce diocèse, qu'un cri de
douleur ; et des voix plaintives et gémissantes se feront entendre, non
seulement dans les Communauté religieuses, mais encore dans tous les maisons
chrétiennes. Car, partout l'aimable Sauveur adressera, du fond de ses
tabernacles, à chacun de nous, ces émouvantes paroles: O vous tous qui passez par
cette ville, et qui parcourez cette rue dans laquelle l'agneau de Dieu, plein
de bonté, de douleur et de charité s'est laissé immoler, à la fureur d'un
Prêtre apostat et sacrilège, voyez s'il peut y avoir une douleur semblable à la
mienne. O vos omnes qui transitis per viam attendite et videte si est dolor
sicut dolor meus.
O
filles de Sion, âmes religieuses, prenez vos habits de deuil et faites entendre
vos longs et lugubres gémissements, car le sang de l'innocente victime a été
indignement versé dans un lieu profane; sa chaire adorable a été indignement
foulée aux pieds ; son Cœur qui aime tant les hommes a été percé, couronné
d'épines et rassasié d'opprobres. Mundus eum non cognovit Sui eum non receperunt.
Le présent Mandement vous est adressé, pour que, connaissant mieux les
nécessités de l'Église, vous vous fassiez victimes, pour lui venir en aide.
Sera
la présente Lettre Pastorale lue et commentée dans toutes les Eglises et
chapelles où se fait l'Office public, le premier dimanche après sa réception,
ou selon que Messieurs les Curés le trouveront plus commode.
Donné
à Montréal, sous notre seing et sceau, et le contre seing de notre Secrétaire,
en la fête de St. Ignace martyr, le premier du mois de Février, en l'année mil
huit-cent soixante-seize.
IG.,
ÉV. DE MONTRÉAL.
Par
Monseigneur,
J.O. PARÉ, Chan. Secrétaire.
P.
S. —C'est pour moi un véritable sujet de consolation et un puissant motif de
confiance que la pensée qu'il se fait aujourd'hui, dans tout le diocèse, et
spécialement dans les Communautés, des prières pour m'obtenir une participation
aux dons et aux vertus de mon saint patron. Je n'ai pas manqué d'offrir ces
ferventes prières pour demander, par l'intercession de ce grand saint, le zèle,
la force, la prudence et les autres dispositions pour bien défendre l’Eglise et
la faire triompher de toutes les erreurs qui l'assiègent afin que les portes de
l'enfer ne puissent pas prévaloir contre elle. Nous remercions toutes ces
bonnes âmes de ce secours dont Nous sentons le pressant besoin, et Nous les
conjurons de vouloir bien Nous le continuer.
Ig, Ev. De M.
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