QUATORZIÈME
INSTRUCTION
JÉSUS
BAPTISÉ.
«Alors,
Jésus, venant de Galilée, alla trouver Jean au
Jourdain
pour être baptisé par lui.» Mat. 3-15
Plan
Jésus quitte Nazareth. (Sa vie. Jean Baptiste: (Sa prédication. (Son baptême.
(Accomplir son devoir. (Ses
motifs: (S’humilier. (Faire
pénitence. Jésus est baptisé:
(Trinité
se manifeste. (Ses effets: (Sa mission
confirmée.
(Mépris
du monde. (Donne la vie divine. Baptême chrétien: (Exige mentalité
chrétienne. (Mépris du monde.
JESUS
QUITTE NAZARETH. Pendant une trentaine
d’années, Jésus a pratiqué dans l’ombre de la vie cachée les vertus qu’il veut
voir en nous tous; maintenant le temps est venu de les prêcher au monde,
d’établir son Eglise pour continuer son oeuvre après son ascension et enfin
racheter le monde par sa passion et par sa mort. Saint Joseph était mort depuis quelques
années et Jésus vivait seul avec sa sainte Mère qui devait s’attendre à son
départ. Un jour, Jésus refuse, n’accepte
plus de nouvelles commandes, il met de l’ordre dans sa petite boutique et
avertit sa Mère que «les choses de son Père» l’appellent ailleurs; il faut
qu’il commence sa mission divine de sauver le monde. L’Evangile ne dit rien de ce départ; il
laisse à l’amour de chacun de la repasser dans son coeur. Il est certain qu’il n’y eut pas de crise de
nerfs de part et d’autre; la volonté de Dieu comprime les manifestations
extérieures de la nature, mais laissa le glaive de douleur transpercer le coeur
de la Mère la plus aimante au monde à ce départ du plus parfait des fils au
monde. Marie se tint debout là comme
elle le fera au pied de la croix plus tard.
Elle tient plus à la volonté de Dieu qu’à son bonheur avec Jésus. N’allons pas croire que Jésus lui défile tout
ce qu’il va faire et tout ce qui va lui arriver à elle. Il la laisse dans la foi pure et donc dans
l’ignorance de tout ce qui s’en vient.
Sans doute elle flaire des souffrances, mais rien dans le détail. Personne au monde devait dépasser Marie dans
la parfaite foi en Dieu; or, quand on connaît, il n’y a plus de foi, mais
vision ou connaissance. Une bonne preuve
est qu’à Cana, elle ne savait pas que «son heure» n’était pas arrivée. Si elle ignorait le début, elle ignorait bien
le reste de la vie publique de Jésus.
C’est
une bonne leçon pour nous tous. Combien
peu vivent dans l’abandon à Dieu! Ils
s’inquiètent sur ce que Dieu va leur envoyer ou s’il est content d’eux ou non;
ils veulent savoir s’ils progressent ou non.
Dieu ne veut pas de ces inquiétudes du passé ou de l’avenir; il les
condamne dans son sermon sur la montagne; il est clair qu’il ne les tolère pas
dans sa Mère. Marie ne cherche pas à
connaître l’avenir; elle vit dans la soumission parfaite dans le présent. Faisons donc les sacrifices que Dieu demande
de nous en mettant tout notre coeur dans la soumission présente à la volonté de
Dieu, et n’allons pas disperser nos forces morales sur les conséquences plus ou
moins problématiques de ces sacrifices.
Toutes ces inquiétudes sur l’avenir ou dans les suites de ces sacrifices
sont autant de perdu pour le mérite actuel.
Que de bonnes âmes vivent continuellement dans des appréhensions sur
l’avenir de ce qu’elles font maintenant. Qu’elles demandent à la Sainte Vierge de leur
obtenir la grâce de concentrer sur le présent toute leur volonté pour l’unir à
celle de Dieu dans n’importe quel sacrifice qu’il leur demande.
Jean-Baptiste
Parce que Dieu avait envoyé Jean pour préparer les Juifs, par la pénitence, à
la venue du Messie, Jésus commença sa nouvelle vie par ce baptême de
pénitence. Il s’en alla donc au Jourdain
où se trouvait Jean. Arrêtons-nous au précurseur.
Sa
vie est la plus parfaite qu’on ait jamais vue au monde. Il incarne en sa vie toutes les conditions
que Dieu veut voir en nous pour nous donner sa grâce qui est la venue mystique
de Jésus en nous. Nous avons là un
portrait vivant de la pénitence que nous devons pratiquer pour nos péchés. Nous ne pouvons pas aller aussi loin que lui,
mais au moins nous devons essayer d’aller dans la même direction que lui. J’ai rarement vu d’endroits plus propices à
la pénitence que le désert sur les bords du Jourdain à peu près là où Jean passa
une trentaine d’années de mort continuelle à la nature. Il est formé de collines abruptes ou de
montagnes escarpées d’un aspect sauvage et austère; ces rochers sont brûlés par
le soleil ardent et l’on ne voit que des touffes d’arbustes poussiéreux et quelques
arbres au milieu de ces rochers; région idéale pour les serpents, les loups et
les chacals. La chaleur y est écrasante
en mars, qu’est-ce que cela doit être en été?
Jean passa la plus grande partie de sa vie dans ce désert à ne manger
que des sauterelles et du miel sauvage et les reins couverts d’une peau de
chameau. Sa vie est le mépris complet
des créatures et des frivolités de ce monde.
Comme il condamne la vie de la plupart des chrétiens tout aux choses de
ce monde et recherchant ardemment tous les plaisirs de la terre! Or c’est son genre de vie qui prépare la vie
de Jésus: ces chrétiens aux attaches de toutes sortes s’en vont dans une
direction opposée à celle se Jésus; ils risquent leur salut. Tous devraient confronter leur vie avec la
sienne pour apprendre à retrancher une foule de jouissances qui les éloignent
et non seulement les défendues, mais même parmi les permises. Le coeur s’attache autant aux permises qu’aux
autres et alors Dieu ne vient pas dans ces âmes pour les éclairer et les
diriger. Tant qu’elles auront ces attaches,
elles n’auront pas l’intelligence des choses de Dieu, dit St Jean de la
Croix. Essayons d’imiter son amour de la
solitude; allons dans les forêts méditer sur les grandes vérités de la foi,
prier dans le silence des bois, rêvasser aux choses du ciel. A force de le faire on y prend goût et c’est
un gros point de gagné pour cultiver la présence de Dieu et développer son
amour. Mais que voit-on? La plupart courent les foules, les places
publiques, les amusements; or, Dieu dit qu’il n’est jamais là. Mais il nous invite en nous disant: «Je te
conduirai dans la solitude et là je parlerai à ton coeur.» Cherchons donc
l’isolement afin d’être loin des créatures pour être plus proche du Créateur et
pour recevoir ses lumières et ses grâces.
Par nature nous avons tous deux amours: celui des créatures; et celui de
nous-mêmes; or, il faut détruire ces deux amours pour que Dieu nous donne son
amour. Eh bien, St-Jean Baptiste rejette
par sa vie ces deux amours naturels et il ne vit que pour Dieu. Il est l’incarnation de ce plan divin. Tous les prêtres, les religieux, et les
fidèles devraient l’imiter le plus possible en s’éloignant des plaisirs de la
terre permis comme non permis et en humiliant leur amour-propre par le renoncement
à leur jugement et à leur volonté. Mais,
que voit-on? La plupart des prêtres et
des religieux voudraient bien avoir l’amour de Dieu sans combattre les deux
amours en eux; c’est absolument impossible.
Ce serait comme vouloir récolter du blé sans en semer. La preuve que les deux clergés et séculier et
réguliers ignorent ce plan divin est dans ce fait que dès qu’un prédicateur
prêche le renoncement aux plaisirs permis, toute une armée de prêtres se lèvent
pour dénoncer ce prédicateur qui ne prêche que le mépris concret du monde et de
soi-même comme Jésus l’enseigne si clairement et St-Ignace dans les deux
étendards. Quel aveuglement dans ces
deux clergés! En pratique ils
n’attaquent que le péché; en tout cas ce n’est que cela que les fidèles veulent
et les prêtres les laissent faire; c’est donc qu’ils les approuvent. Approchons-nous donc le plus possible de la
vie de Jean-Baptiste qui incarne les meilleures dispositions pour recevoir
Jésus.
Sa
prédication n’est que l’écho de sa propre vie.
Il prêche ce qu’il vit et ce qu’il aime à vivre. Sont-ils nombreux les prêtres qui en font
autant? qui prêchent ce qu’ils ont dans
le coeur? C’est facile à constater. De quoi parlent les prêtres entre eux ou avec
les fidèles? Vous avez là ce qu’ils ont
dans le coeur habituellement. Or très
peu parlent des choses de Dieu; quand ils les prêchent, ils ne parlent donc pas
de l’abondance du coeur. C’est pour cela
qu’ils sont plats et que les fidèles sont si ennuyés de la plupart des sermons. Jésus dit que les brebis entendent volontiers
la voix du Maître. Quand les prêtres
donnent la parole de Jésus qu’ils vivent, les fidèles écoutent sans jamais se
lasser. Ceux qui ennuient le peuple ne
vivent donc pas la vie de Jésus ni celle de Jean-Baptiste; ils sont attachés
aux créatures et ils sont orgueilleux et ne renoncent pas à leur idole, le moi
païen. St Jean Baptiste prêche la
pénitence concrète ce qui attaque en même temps les deux amours naturels: celui
des créatures et celui de l’égoïsme. Il
prêche le jeûne, l’aumône et la prière; il disait à ceux qui ont deux tuniques
d’en donner une aux pauvres; aux publicains, de se contenter du prix fixé, aux
soldats d’éviter toute violence et de se contenter de leur solde et il parlait
souvent de l’enfer. Il ne prêchait pas
pour plaire à ses auditeurs, ni selon leurs goûts naturels, mais il leur
donnait ce que le St. Esprit lui
inspirait et cela sans s’occuper du qu’en-dira-t-on. Comme il était sévère pour les pharisiens; il
les appelle: race de vipères! C’étaient
les philosophes du temps. Ils étaient comme
les nôtres les ennemis nés de tout surnaturel, car la philosophie ne s’en
occupe pas. Ce qui nuit n’est pas pour
le surnaturel, il est contre par la force des choses. Comme son extérieur rappelait celui des
prophètes, ainsi sa prédication en était le fidèle écho par son austérité et
son sérieux. Il parlait évidemment comme
un envoyé de Dieu et avec l’autorité de Dieu.
Sa vigueur et sa franchise frappaient les coeurs et une foule de
pécheurs confessaient leurs péchés et venaient se faire baptiser par lui. Les humbles seront comblés de bénédictions,
mais les orgueilleux seront abaissés et les croches redressés pour préparer
l’âme à recevoir Jésus. Tous les
prédicateurs devraient insister sur la nécessité de briser tout amour pour les
créatures et tout amour propre, et en plus comme tous ont péché, il faut
réellement expier ces péchés par de la vraie pénitence comme le jeûne et les
autres mortifications qu’on peut pratiquer chacun selon ses forces. Ce n’est qu’après tout cela qu’on peut
espérer recevoir Jésus dans son coeur.
Chose curieuse, Jean Baptiste ne parle pas de la miséricorde divine,
mais seulement de la justice de Dieu.
Pourtant il était sûrement inspiré du St-Esprit. C’est qu’il parlait à des pécheurs qui
péchaient encore et qu’il faut payer ses dettes avant de compter sur la
miséricorde divine. Les prédicateurs de
la seule miséricorde divine font autant de tort à l’Eglise que les prédicateurs
de la seule justice de Dieu. Il ne faut
jamais isoler une perfection de Dieu aux dépens d’une autre; c’est la
détruire. Il faut donc les deux: la
justice à ceux qui pèchent encore et la miséricorde à ceux qui ont fini de
pécher selon l’excellent conseil de St François Xavier au P. Parzie des Indes.
Son
baptême avait été institué par Dieu même comme Jean le dit: J. 1-33: «Celui qui m’a envoyé baptiser dans
l’eau m’a dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est
lui qui baptise dans l’Esprit Saint.» Jésus l’approuve non seulement en s’y
soumettant lui-même, mais plus tard par ces paroles où il reproche aux
pharisiens de ne pas l’avoir reçu: «Car Jean est venu à vous dans la voie de la
justice et vous n’avez pas cru en lui; mais les publicains et les courtisanes
ont cru en lui, et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas encore
repentis pour croire en lui.» Mt. 21-32
C’est une loi de la Providence de préparer les hommes à recevoir le
surnaturel. Pour qu’ils comprennent
mieux la signification du baptême chrétien.
Dieu a institué le baptême de Jean qui insistait surtout sur le côté
négatif de s’avouer coupable et de faire pénitence pour ses péchés. Mais il ne donnait pas la grâce
sanctifiante. St. Jean le dit: «Pour moi je baptise dans l’eau,
mais il en viendra un plus puissant que moi et je ne suis pas digne de dénouer
le cordon de sa chaussure, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans
l’eau». L. 3-16 Dans une âme qui a péché, il faudra
toujours que la pénitence enlève ces souillures avant que le divin n’entre en
elle. C’est donc une belle illusion que
de vouloir avancer en vertu sans faire pénitence. Combien de fidèles se dégoûtent des choses de
la religion au lieu d’avancer! C’est
parce qu’ils n’ont pas le courage de faire des pénitences qui leur attireraient
la grâce de Dieu et leur feraient goûter le divin. Dans les Actes, il est dit clairement qu’il
ne donnait pas le St. Esprit. 19-5.
St Paul trouve des fidèles qui avaient été baptisés par Jean, mais qui
n’avaient pas encore reçu le St-Esprit.
Il les baptise du baptême de Jésus et tout de suite ils reçoivent le
St. Esprit. Mais il remettait les péchés ou était donné
en vue de cet effet. L. 3-3.
«Jean vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de la
pénitence pour la rémission des péchés.» Jésus est baptisé. Ses motifs.
Pour
que Jésus vienne ainsi au milieu des pécheurs et qu’il passe pour l’un d’eux,
il faut qu’il ait de bonnes raisons.
Essayons de les comprendre afin de mieux l’imiter dans notre vie. Accomplir son devoir. Puisque Dieu avait institué ce baptême pour
préparer les voies à Jésus, il se soumet comme un simple homme et simple juif
tenu d’obéir à Dieu et pour ne pas scandaliser les Juifs quand quand il leur
parlerait du baptême de Jean. A Jean qui
proteste par humilité, Jésus dit: «Laisse faire, il convient que j’accomplisse
ainsi toute justice.» C’était donc la volonté de Dieu. Quelque humiliante et pénible qu’elle soit
Jésus va faire la volonté de son Père.
S’humilier. La pureté infinie est
au milieu des publicains et des courtisanes et des plus grands pécheurs et
Jésus se soumet à ce baptême de pénitence comme s’il était vraiment pécheur.
Faire
Pénitence, pas seulement «pour rire», comme on va le voir au désert après son
baptême, mais avec le plus grand sérieux et la plus grande réalité. Jésus approuve donc tout le plan de Jean pour
faire pénitence et s’humilier avant de recevoir le divin puisqu’il s’y soumet
lui-même. Et nous qui sommes les vrais
pécheurs nous devrions avoir le vrai courage de nous présenter au tribunal de
la pénitence devant le monde et nous soumettre volontiers à la pénitence
nécessaire pour effacer nos péchés. Trop
de chrétiens font du sacrement de pénitence une simple formalité
extérieure. A force d’entendre des prêtres
vanter l’efficacité du sacrement «in se» ou «en soi», les fidèles pensent que
le sacrement agit tout seul sans leurs propres dispositions intérieures. Que de prédicateurs disent, par exemple,
qu’on entre dans le confessionnal la conscience chargée de péchés, puis qu’on
en sort la conscience blanche comme de la neige. Cela est possible et c’est vrai à condition
qu’on ait toutes les dispositions voulues pour que nos péchés soient
effacés. C’est sur ces dispositions
concrètes et pratiques que les prédicateurs devraient insister. Car à voir la façon de se confesser et
surtout la vie d’une foule de pécheurs, il est bien certain qu’ils ne sont pas
pardonnés du tout. C’est le résultat de
la prédication des philosophes où ils parlent des sacrements en eux-mêmes et
non pas assez dans nos coeurs. St-Jean
Baptiste ne disait pas ce que la pénitence fait «in se». Il disait à ses auditeurs qu’ils devaient
faire pénitence, et cela sous peine de damnation. «Dieu nettoiera son aire et il mettra le
froment dans ses greniers éternels, mais la paille brûlera dans un feu qui ne
s’éteint jamais». Il ne leur a jamais
donné comme un truc magique pour faire pardonner leurs péchés sans changer de
vie, comme tant de nos prédicateurs font de nos jours. Un Ave Maria, un acte de contrition, un signe
de croix… et tous les péchés sont pardonnés; l’enfer est fermé pour eux, le
ciel est ouvert. Mais ni Jésus ni
St. Jean, ni les Apôtres ont prêché de
ces manières faciles qui sauvent sans le mépris des créatures et l’amour de Dieu. Ces choses sont possibles «en soi» ou dans
l’abstrait. Il est certain que Dieu est
capable de faire ces miracles de sauver des pécheurs qui veulent continuer de
pécher, mais qui peut assurer un tel, dans tel cas concret que Dieu va le faire
pour lui? Personne ne le peut et c’est
insensé de le prêcher, comme une pratique sûre, ce n’est pas vrai. C’est possible à Dieu, mais on n’en sait rien
dans tel cas concret. On doit prêcher
selon la façon ordinaire d’agir des hommes et pas des cas exceptionnels et
miraculeux. Les pécheurs mettent tout
leur coeur dans les plaisirs défendus, eh bien, il faut qu’ils mettent tout
leur coeur dans l’expiation de ces péchés.
On ne peut pas assez exagérer le sérieux de la pénitence et de la
justice de Dieu tant qu’on n’a pas fait une sérieuse pénitence. «Si vous ne faites pénitence, vous mourrez
dans vos péchés dit Jésus et il ne voulait pas dire comme les philosophes de
nos jours: de simplement passer par le confessionnal pour dire ses péchés.
Ses
effets ont été merveilleux pour Jésus.
Ce fut d’abord la manifestation de la Trinité, pour la première fois
dans l’histoire du monde. Après que Jean
eut versé de l’eau sur la tête de Jésus et que celui-ci fut sorti du Jourdain,
en priant ardemment, le ciel s’ouvrit et une colombe descendit sur la tête de
Jésus et vint se reposer sur lui.
C’était le St. Esprit tel que
Dieu l’avait dit à Jean.
La
Trinité se manifeste. En même temps une
voix se fit entendre du haut du ciel disant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé
en qui j’ai mis mes complaisances.» Voilà donc un témoignage de la Trinité en
faveur de la divinité de Jésus. Jamais
aucun fondateur de religion n’a reçu un témoignage aussi clair et aussi
retentissant du ciel que celui-là. Nous
ne devrions donc pas hésiter à jeter notre sort avec Jésus si clairement
désigné comme Dieu par la Trinité. Deux
Personnes divines qui affirment que Jésus est bien le Fils de Dieu, cela
devrait suffire à baser notre foi solide et vivace.
Saint
Jean sait maintenant que sa mission achève puisque Celui qu’il annonçait est
arrivé et qu’il va commencer bientôt sa prédication du Royaume de Dieu. Aussi il conseille à ses disciples de s’en
aller avec Jésus, que lui-même doit diminuer et Jésus augmenter, comme l’aurore
disparaît devant le soleil qui se lève.
Remercions Dieu de nous avoir donné cette preuve visible de la Trinité
où nous devons aller dans l’éternité.
Mais c’est quand Jésus s’humilie que le ciel se déverse en lui, non
qu’il ait eu besoin de s’abaisser, mais il veut nous donner l’exemple de ce que
nous devons faire pour recevoir la Trinité de plus en plus abondamment, même
quand nous sommes en état de grâce. Plus
on s’humilie et plus on se mortifie et plus elle vient en nous. N’oublions pas que la vie de Jésus doit être
la nôtre. Prêchons donc aux fidèles les
conditions requises pour recevoir de plus en plus la Ste Trinité en nous. Au lieu de tant parler des péchés, parlons
donc de la vie positive de la Trinité que nous devons vivre plutôt que de la
vie du péché que nous devons éviter.
Quand un homme se marie, est-ce qu’il pense plus à ne pas tuer sa femme
qu’à lui faire plaisir? Quand bien même
que c’est vrai qu’il ne doit pas la tuer, son amour ne pense pas à cela du
tout. Il pense comment il pourra lui
faire plaisir en toutes choses pour lui montrer son amour. Eh bien, c’est aussi fou de tant parler d’éviter
le péché mortel qui tue Dieu dans l’âme et si rarement parler de toutes les
façons possibles de montrer notre amour à Dieu.
Cessons de penser à ne pas assassiner Dieu, pour penser comment lui
plaire le plus possible Les hommes sont plus sages dans les choses humaines que
dans les; choses divines.
Sa
mission est confirmée. Jésus va prêcher
une doctrine si austère et si contraire à la nature humaine qu’il a besoin de
nous prouver clairement qu’il vient de Dieu et qu’il est Dieu. C’est pour cela que la Trinité vient mettre
le sceau de son approbation sur toute sa vie.
Nous n’avons plus le droit de douter de sa mission: «Voici mon Fils en
qui j’ai mis mes complaisances». Ne
craignons donc pas de le suivre et dans sa doctrine et dans sa vie, c’est Dieu
qui nous le recommande. C’est quand on
veut le suivre dans sa vie mortifiée qu’on sent le besoin de croire fermement à
sa mission divine. C’est tellement dur
qu’on se demande si on est bien dans le plan de Dieu d’aller ainsi
contrairement à la nature.
Mépris
du monde. Aussitôt cette manifestation
de la Trinité faite, le Saint Esprit pousse Jésus au désert. Arrêtons un peu à cet effet du divin dans une
âme. Dieu veut nous montrer que la
Trinité ne veut pas partager notre coeur avec les créatures qui sont les
rivales de Dieu à notre affection. Quand
l’amour divin entre dans une âme, il faut que l’amour des créatures en sorte:
c’est l’un ou l’autre, jamais les deux ensemble. Jésus lui-même le dira dans le sermon sur la
montagne: «Vous ne pouvez pas aimer Dieu et le monde; vous aimerez l’un et vous
haïrez l’autre.» C’est bien clair et Jésus veut le montrer par sa conduite en
s’en allant dans le désert après avoir reçu le Saint Esprit. Ce n’était pas pour lui mais pour nous cette
leçon. Quel dommage que les prêtres ne
prêchent pas tous cette opposition entre ces deux affections des créatures et
de Dieu. C’est que cette opposition ne
se rencontre pas dans la philosophie de la théologie, la seule qu’ils aient apprise. «En soi» les créatures ne sont pas les
rivales de Dieu, et c’est toute la masse des prêtres imbus de cette conclusion
de la philosophie. Mais combien peu
connaissent celle de la théologie vraie où les créatures sont considérées comme
du fumier… tout l’opposé du désert des philosophes. Jésus ne s’en va pas jouer au golf, ou fumer
de bons cigares, ou aux joutes de toutes sortes comme tant de prêtres font…
pour l’amour du Bon Dieu, disent-ils! Ce
n’est pas vrai en général, mais c’est uniquement pour contenter les tendance
naturelles de leur païen encore extrêmement vigoureux en eux puisque là leur
philosophie de la théologie n’attaque jamais le païen qui est bon «en
soi». Cette opposition entre ces deux
affections fait le fond de la vie de Jésus… et la masse des prêtres ne l’a pas
encore reconnu! Que de prêtres essaient
de combiner les deux. Le démon leur met
le nez uniquement sur les créatures «in se» pour les juger, mais ils en
jouissent dans leur coeur quand même.
Ils ne voient pas leur sophisme.
Ils disent les créatures sont bonnes «en soi», donc elles sont bonnes en
nous! Ce n’est pas vrai! En nous, ou dans l’ordre de l’amour, elles
sont du fumier? Du fumier et encore du
fumier. Jésus le dit et nous le montre
par sa vie, et St. Paul le dit et tous
les saints. Mais la philosophie
l’emporte sur tous ces points de vue et sur ces témoignages… et les prêtres et
les fidèles courent après les amusements comme de vrais païens… après dix-neuf
siècles de christianisme! Ils sont tous
condamnés par Jésus dans sa vie et dans sa doctrine. Si on me trouve sévère pour les philosophes
de la théologie, qu’on voie un peu ce qu’ils font à Jésus par leur diabolique
philosophie. Ils le tuent aussi
efficacement que les Juifs et les pharisiens.
Ils font même mieux: ils l’empêchent de naître dans les coeurs, ce qui
les dispense de le tuer. C’est du
birth-control en spiritualité! Et on va
les laisser continuer ce crime épouvantable?
Il ne faudrait pas avoir de coeur pour Notre-Seigneur! baptême chrétien Il est bien supérieur à
celui de Jean-Baptiste parce qu’il donne:
La
vie divine de la grâce sanctifiante avec l’habitation de la Sainte Trinité;
nous devenons les enfants adoptifs de Dieu et les héritiers du ciel. La Trinité ne vient pas en nous simplement
comme un ornement, mais comme un principe nouveau de vie divine qu’elle veut
nous voir vivre dans le concret. Comme
dans le ciel nous participerons à son activité, il nous faut commencer tout de
suite à la vivre dans le concret. Cette
vie veut agir selon ses propres principes divins. St.
Paul dit que nous sommes les enfants de Dieu quand nous nous laissons
conduire par l’Esprit de Dieu. Rom. 6-14.
Nous pouvons faire cela seulement dans nos facultés libres et
spirituelles; c’est donc par la mentalité divinisée que nous pénétrons dans
l’activité trinitaire. Trop de fidèles
croient que la grâce sanctifiante n’est que l’absence de péché mortel dans
l’âme. C’est en plus une vie
divine. Ce n’est pas non plus un billet
pour le ciel, ni de la monnaie pour l’acheter; c’est la vie même de Dieu ou de
la Trinité que nous devons reproduire en nous.
Les trois Personnes viennent en nous précisément pour continuer en nous
leur vie trinitaire qui consiste en trois principales activités: Vivre, qui
correspond au Père; Penser, qui est attribué au Verbe, et Aimer, qui appartient
au Saint-Esprit; vie, sagesse et amour; voilà ce que nous devons passer notre
vie à reproduire en nous divinement. Il
nous faut donc travailler constamment sur la mentalité. Exige une Mentalité Chrétienne. C’est bien triste d’être obligé d’insister
tant sur ce point que n’importe quel nigaud devrait comprendre, mais, quand on
voit la très grande majorité des prêtres absolument insouciants sur la
nécessité de développer une attitude mentale ou une mentalité chrétienne, en
plus de la grâce sanctifiante, on est bien forcé d’insister. Que dirait-on de parents qui ne
s’occuperaient pas d’éduquer et d’instruire leurs enfants, mais se
contenteraient de les mettre au monde?
Eh bien, la majorité des prêtres agissent exactement comme ces barbares:
ils donnent la grâce sanctifiante aux fidèles et ne s’occupent plus de les
faire agir en tout comme des dieux.
Combien les laissent agir avec des motifs naturels et donc comme de
vrais païens. Combien peu leur
enseignent comment se laisser conduire par le Saint-Esprit comme des enfants de
Dieu devraient le faire en tout. Combien
peu insistent pour que les chrétiens agissent exactement comme dans le
ciel. Car la mort ne fait
qu’immortaliser ce qu’elle trouve en nous.
Or, au ciel nous agirons comme des dieux; faisons-le donc tout de suite
en autant que notre condition terrestre le comporte. Au ciel nous serons tout aux choses de Dieu;
soyons le donc tout de suite. Adieu donc
les sports, les plaisirs sensibles, les affections naturelles; les motifs
naturels, la recherche de ses propres intérêts, etc.
La
Mort au monde est la conséquence logique que nous sommes transformés en enfants
de Dieu. Puisque nous ne sommes plus de
la terre, mourons à tout ce qu’il y a sur la terre, au moins quant à nos affections. «Usons des choses de ce monde comme n’en
usant pas, car la figure de ce monde passe vite.» Jésus dit qu’il n’est pas de
ce monde et il veut que nous soyons une seule chose avec lui: Nous ne devons
donc plus être de ce monde, donc n’avoir aucune affection pour lui, mais toutes
nos affections à Dieu seul. Or, quand on
est mort au monde, on ne parle plus de lui ni de rien de lui. Est-ce le cas pour plusieurs chrétiens? Quand on ne vit plus que pour le ciel, on ne
parle que du ciel et de ce qui y conduit, est-ce le cas de plusieurs
chrétiens? Comme tous sont à cent lieues
de Jésus! S. Paul dit que nous ne devons chercher que les
choses d’en haut où Jésus-Christ est assis à la droite de son Père. Tous les chrétiens devraient trancher
nettement sur tous les non catholiques et sur les païens; ils devraient vivre
dans un tout autre monde. Or, que
voit-on? Est-ce qu’un corrupteur
s’informe si une telle est catholique sachant que c’est inutile d’essayer si
elle l’est? Quand on fait affaire avec
un autre, est-ce qu’il vaut la peine de demander s’il est catholique pour
pouvoir se fier à lui parfaitement?
Jamais on agit de la sorte, sachant bien que nos catholiques sont aussi
corruptibles que les païens. C’est donc
que les prêtres ne font plus leur devoir; ils ne donnent plus la «vie de Jésus
à vivre»; ils ne donnent plus la vraie foi qui donne la victoire sur le monde,
dit Jésus. C’est donc que les prêtres
laissent aux fidèles ce que Jésus appelle le sable dans le sermon sur la
Montagne; c’est le naturel intentionnel qui n’a jamais été ou trop rarement
attaqué par les prêtres. Ces attaques ne
sont pas enseignées dans leur philosophie de la théologie. Prêchons donc plus souvent sur les
conséquences pratiques du fait que nous sommes les enfants de Dieu par le
Baptême et que nous devons vivre, dans tous nos motifs, comme au ciel.
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