vendredi 29 juin 2018

Abbé Eric Jacqmin - La « thèse Cassiacum » au risque… du conclavisme sauvage

– Cassiacum ou Cassiciacum ?
Pour commencer cette thèse peut avoir deux noms : « Cassiacum »ou « Cassiciacum » .  Car elle doit son nom a un village en Italie où St Augustin s’est retiré avec des amis pour réfléchir sur la théologie après sa conversion. On trouve dans les encyclopédies que son nom ancien est « Cassiacum » quoique le nom de « Cassiaciacum » circule parmi certains auteurs. Mais je prends le nom le plus simple des deux car « les choses ne doivent pas être compliquées si ce n’est pas nécessaire » (St Thomas).
Mappa con l'indicazione dei luoghi più importanti di Cassiacum
Cassacchum (-i, n.) (alia nomina: Cassiacum) (ItalianeCassaccoForoiuliensiceCjassà)
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– C’est la troisième solution possible pour la restauration de la papauté : mais il faut deux miracles pour la réaliser!
Cette thèse rejoint la troisième solution mentionnée: l’antipape n’est pas pape formellement, mais il l’est materiellement et dès qu’il se convertit, il reçoit de Dieu la papauté. Cette thèse souffre donc des mêmes inconvénients que je vient d’énumérer dans l’article sur les solutions pour la papauté.
Mais elle est très dangereuse et tombe dans le puit qu’elle veut absolument éviter : le conclavisme sauvage !

7 hérésies dans une encyclique de François.

En réalité, si François se convertit, il sera tout simplement « un fier fidèle de l’Eglise catholique », mais il ne sera ni prêtre, ni évêque, ni docteur en théologie ni en droit canon, car tout est « Novus ordo » chez lui et donc douteux, donc à considérer comme invalide,  et il ne sera probablement surtout pas accepté comme pape par tous les bons et vrais évêques. Il doit faire des études de prêtrise, doit être ordonné prêtre, obtenir un doctorat en théologie en être sacré évêque et surtout: être accepté comme pape par l’Eglise.

Sacre d’un évêque traditionnel

Qu’un antipape converti devient pape automatiquement n’est pas forcément accepté par toute l’Eglise.
Je viens de le prouver au nr 3 de l ‘article mentionné.
En effet il y a des évêques catholiques qui n’acceptent pas cette thèse Cassiacum donc ils ne vont pas « automatiquement » accepter un laïc converti, comme pape sans aucune discussion.
François sera donc pratiquement proclamé pape par un petit groupe de personnes qui sont pour « la thèse » et rejeté par les autres qui ne sont pas pour « la thèse ».
Or, un petit groupe qui se choisit un pape qui n’est pas accepté par les autres,… est du conclavisme sauvage et ils feront donc un schisme,  encore un !
Le drame est que les adeptes de cette thèse ont une horreur pour le conclavisme sauvage et pour cause, mais qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils y courent à yeux ouverts si l’on pousse les conséquences de leur thèse jusqu’au bout : la discussion sur l’acceptation d’un antipape-laïc converti, comme pape.
Antipape Benoit XIII est installé par ses adeptes.
– Autre point faible : le terme « Thèse »
Elle a pour autre point faible que dans l’Eglise on ne parle jamais de « thèses » pour résoudre de graves problèmes et il faut respecter les traditions dans l’Eglise.
Une thèse est en effet « une tentative de solution provisoire dans une question scientifique compliquée », ici la science théologique. Donc c’est plutôt une affaire de théologiens que de l’Eglise enseignante au sens stricte, prêchant à ses fidèles,
Les Pères et Docteurs des l’Eglise, les Papes et les conciles ont résolu des questions, puisant dans le trésor et les sources de la Révélation.  Aucun Père ni Docteur de l’Eglise, ni les Papes ni les conciles n’ont jamais parlé de « thèse » pour résoudre des questions et le proposer au peuple chrétien. C’est plutôt l’affaire de savants qui se pensent des solutions provisoires en attendant la solution certaine d’une question.
Mais acceptons la possibilité de thèses dans la théologie, parmi les théologiens qui sont en effet des scientifiques.  Mais que cette thèse reste alors dans les livres théologiques, mais qu’elle ne se présente pas sur les places publiques catholiques comme la solution par excellence pour une des questions les plus graves dans l’histoire de l’Eglise.
Parmi pas mal de fidèles d’un institut « la Thèse » est considérée pratiquement comme un super-dogme à ce point que ceux qui la rejettent, sont évités par ces fidèles et même par certains de leurs prêtres comme des ‘vitandi », des personnes à éviter comme pour une hérésie. C’est dommage et c’est absolument exagéré. Dans l’histoire de l’Eglise on ne trouve nul part qu’une thèse n’ai jamais été proposée aux fidèles, cela restait toujours parmi les théologiens.
Il faudra au moins parler de « l’argument Cassiacum » mais pas d’une « thèse Cassiaciacum ». Cela « sent » mal. Mais ce n’est pas cela qui est grave. Il s’agit bien sûr du contenu.
En plus cet institut a même sacré un évêque POUR continuer la survie de la « thèse ». On l’appelle « l’évêque de la thèse ». Cela n’existe nul part dans l’histoire de l’Eglise qu’on sacre un évêque pour un thèse, pour un opinion. Vous voyez comme cela fait mal à des oreilles catholiques d’entendre cela.
Dès 1965 le Rev. Père Guérard
soutient sa thèse sedevacantiste
concernant les hérésies de Paul VI
– Valable pour Paul VI seulement
La thèse cassiacum était tout à fait raisonnable pour le cas de Paul VI:
– car il était élu pape par un conclave
– il a été accepté par toute l’Eglise
– il était même validement ordonné prêtre et évêque dans les anciens rites.
Dès qu’un pape a été accepté par toute l’Eglise pendant un certain temps, ce qui est certainement le cas de Paul VI pour plusieurs années, personne ne peut dire qu’il n’a jamais été pape et que donc … l’Eglise s’est trompée. L’Eglise entière ne peut jamais se tromper, de par cette promesse de Notre Seigneur Jésus Christ que « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas ».
Paul VI a perdu sa papauté par l’hérésie. Mais la partie saine du clergé a le droit et le devoir de le corriger. Ce qui est arrivé, plusieurs évêques, prêtres, théologiens et fidèles ont protesté contre les hérésie de ce pape conciliaire. Supposez que Paul VI se serait converti. Alors en effet il aurait recouvert sa papauté. Car ce n’est que par la pertinacité dans l’hérésie qu’on devient hérétique.
Alors c’est tout à fait acceptable de dire que Paul VI après l’hérésie publique est devenu pape materialiter seulement et qu’il recouvrerait la papauté formaliter par sa conversion. Mais cette thèse s’évanouit par le temps – cela est même un aveu de son inventeur Mgr Guérard des Lauriers. (note du blogue : Nous avons des réticences à propos de ce paragraphe.)
– la thèse s’évanouie après Paul VI
Car les antipapes après Paul VI
– n’étaient plus élus par des cardinaux. Car entretemps de vrais cardinaux meurent et d’autres sont « crées » par des antipapes, donc invalidement. Le conclave suivant de 1978 été donc composé des vrais et de faux cardinaux. Ce qui rend le conclave et donc l’élection invalides.
– et les papes après Paul VI n’étaient plus acceptés comme pape par toute l’Eglise : les vrais fidèles rejettent des papes hérétiques.
– L’agir se fait uniquement par la forme et jamais par la matière  (ou par une être « materialiter »)
Alors l’explication qu’un évêque soutenant la thèse m’a donnée était:
– « des cardinaux faux sont cardinaux materialiter.
– Or des cardinaux materialiter peuvent choisir des papes materialiter »
Réponse : choisir est un « agir ». L’agir se fait toujours et uniquement par la forme et jamais par la matière selon Saint Thomas. La matière est purement « puissance passive », un pur réceptacle pour recevoir éventuellement des formes d’un autre agent, mais pas pour engendrer des formes (pour  choisir, pour élir etc..). Donc un cardinal materialiter n’est pas cardinal du tout (formaliter) et ne peut agir aucunement comme cardinal.
Car CE que c’EST la chose est déterminé par la forme uniquement et nullement par la matière (encore St Thomas – « Physique« ). La matière fait seulement qu’un forme soit matérielle et sensible et pas purement spirituelle (comme un ange p.e.) et c’est tout.
Je n’ai pas eu de réponse de la part de cet évêque…
Il y a un adage : « Se taire est consentir ».
Prions pour la solution que Dieu veut nous donner car il y a 7,5 milliards d’âmes qui ont été crées pour aller au ciel. Et aller au ciel se fait par l’Eglise.
Je ne prétends pas que la thèse puisse donner la vérité de l’avenir, mais pour la réaliser Dieu devrait faire deux miracles
– François se convertit
– François est accepté unanimement par tous les bons évêques et toute la vraie Eglise.
Et si le premier miracle se ferait sans le deuxième on assistera probablement à un x-ième schisme.
Que Dieu nous préserve.
Solution:
Prenons cette thèse savante moins au sérieux actuellement, étant évanouie après la mort officielle de Paul VI et faisons tout pour éviter des schismes dans l’avenir.
PS


jeudi 28 juin 2018

Abbé Eric Jacqmin - Hérésie de l'Institut Mater Boni Concilii (IMBC)

Obligation


Je suis obligé de parler, car se taire concernant des hérésies ambiantes nous rend complices du crime contre la foi (voir : le « Formulaire d’acceptation des hérétiques convertis » du Pape Saint Hormisdas 5e siècle, voir en annexe ci-dessous).

La Vierge Marie pleure à La Salette pour les péchés contre le premier commandement de Dieu.
Des disputes théologiques sur des opinions sont normales
L’Eglise a toujours accepté des discussions sereines sur des questions pressantes selon les circonstances dans laquelle elle se trouvait.
C’est un bien pour l’Eglise que les théologiens sont forcés d’étudier des questions vitales dans l’Eglise. Car alors les questions sont traitées et regardées de tous les côtés, mieux cernées et comprises. Et un pape peut être motivé à un certain moment de proclamer un dogme sur le sujet.
Mais…
Une hérésie par contre n’est jamais admise
L’Institut MBC doit corriger une erreur hérétique dans son sein. Leur supérieur l’abbé Ricossa a publié dans le bulletin officiel de l’Institut : Sodalitium N°48
que l’Apocalypse agit du passé, et même avant l’année 33.
Cela a été publiée  dans le bulletin officiel de l’institut nr 48, toujours en ligne sur internet et jamais révoquée :
« l’Apocalypse, comme l’indique son nom signifie “révélation”, est bien la description d’une venue, de la venue de Jésus-Christ: mais il ne s’agit pas de celle qui viendra à la fin des temps, mais de celle qui s’est réalisée au cours de toute l’histoire, depuis la création du monde, et qui a eu son point culminant dans le grand ‘événement’ (gr. kairós) de la venue historique de Jésus-Christ, surtout dans sa mort et sa résurrection”.
Selon ce texte, l’Apocalypse, qui a été écrite par l’apôtre et évangéliste Saint Jean en l’année 94, porte uniquement sur l’histoire du peuple de Dieu jusqu’à l’année 33. Donc elle s’agirait du passé et pas de l’avenir.
Preuve de l’existence d’une vraie hérésie
Une hérésie est un énoncé contradictoire à une source de Révélation.
Le texte de l’abbé R. est contraire aux deux sources de la Révélation. Donc il est certainement hérétique.
Preuve (de la mineur) :
1) l’Ecriture Sainte dit clairement:
Apocalypse Chapitre I :
« Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a confiée pour découvrir à ses serviteurs les événements qui doivent arriver bientôt; et qu’il a fait connaître, en l’envoyant par son ange, à Jean, son serviteur,.. »
Et cela a été écrit en l’année 94 environs, par Saint Jean l’évangéliste sur l’île de Patmos en Grèce où il a été exilé par les Romains persécuteurs.
2) La Tradition certaine enseigne infailliblement.
Tous les Pères de l’Eglise et les exégètes enseignent que l’Apocalypse est un livre prophétique qui annonce l’avenir de l’Eglise de l’année 94 jusqu’à la fin des temps.
Et l’unanimité des Pères est infaillible.
Donc  il est malheureusement absolument certain et sans aucun doute que l’abbé Ricossa est clairement et purement un hérétique public et l’IMBC à sa suite.
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Tout l’institut IMBC est  en effet également dans cette erreur:
– car elle accepte un supérieur hérétique
– elle accepte sa publication sans protestation
C’est très grave, car l’hérésie met finalement ses adeptes en dehors de l’Eglise. C’est dans tous les catéchismes.
– Tentatives de correction de cette hérésie – et pertinacité.
Voir la controverse traitée sur internet qui a abouti à aucun résultat, l’abbé R. a refusé de se rétracter  :
J’ai parlé personnellement avec Mgr Stuyver, évêque de l’Institut, à ce sujet, qui m’a répondu tout simplement :
 « je ne suis pas d’accord avec mon supérieur, c’est son opinion mais pas la mienne. Pour moi la chose réglée ! »
Mais  comme évêque, Prince de l’Eglise, il fait partie de l’Eglise Enseignante, il doit parler et surtout corriger. Sinon il accepte un hérétique et il devient « semi-hérétique », car si on ne résiste pas à une hérésie on devient soi même  semi-hérétique. (Voir mon article sur la semi-hérésie, ci-dessous).
Bien sûr les fidèles peuvent aller à la Messe de l’Institut si c’est difficile de trouver un bon centre de Messe,  mais à condition qu’ils ne se laissent pas influencer par cet esprit hérétique, mais vous comprenez tous, comme bons catholiques, qu’il y a encore une chose urgente et insupportable à régler. Mais par qui? Par un pape quand il sera là un jour et entretemps par un concile de tous les évêques catholiques (pas concilaires, pas hérétiques ou semi-hérétiques : Fellay-istes, Williamsonistes, Feeney-istes, ou Palmariens etc…).
Prions pour la solution de l’Eglise et son avancement urgent.
Abbé Eric Jacqmin+

Plus amples détails sur cette affaire

Citations :
Sodalitium n° 48, L’APOCALYPSE SELON CORSINI, par M. l’abbé Francesco Ricossa, page 46 :
« Tout en demeurant soumis au jugement de l’Eglise, seule compétente en matière d’interprétation authentique de la Sainte Ecriture (Dz 1788), le soussigné se range en cela à l’opinion d’un Billot, d’un Spadafora, d’un Romeo ou d’un Allo: ce n’est pas du futur que parle l’Apocalypse, mais bien plutôt du passé. Sur ce, voilà que m’est tombé entre les mains le livre d’Eugenio Corsini. Je veux le présenter au lecteur. »
Mais même Cardinal Billot dit clairement que les textes de l’Apocalypse de St jean  » sont des prédictions »  (L. Billot, La Parousie, Beauchesne, 1920, pp. 267-271) donc il dit bien qu’il s’agit de l’avenir! Ce que combattent ces personnages citées (Mgr Billot et Abbé Spadafora) est l’eschatologisme (système selon lequel Jésus aurait prêché essentiellement la fin imminente du monde). Donc les citations d’auteurs par l’abbé Ricossa ne valent pas en sa faveur mais au contraire… le contredisent ! C’est vraiment une affaire triste et incroyable.
Et l ‘abbé Ricossa ne s’appuie que sur un auteur moderniste : Eugenio Corsini, qui est un “progressiste” comme son “maître” Pellegrino.  En 1980 ses études furent publiées sous le titre « Apocalisse prima e dopo » (éd. SEI, Torino) avec une préface d’un autre “progressiste”, Mgr Rossano, et en Français : « L’ Apocalypse maintenant », avec préface du non moins progressiste Xavier Léon-Dufour.
Entretemps l’Abbé Ricossa est un hérétique matériel
Heureusement que l’abbé Ricossa ajoute laconiquement :
« Mon intention est de présenter le plus fidèlement possible la thèse de l’auteur, tout en laissant à chacun (en attendant un éventuel jugement de l’Eglise) la tâche de se faire une opinion personnelle après une éventuelle lecture de l’œuvre recensée ».
Cela le rend hérétique matériel mais pas formel jusqu’au jugement d’un pontife. Et en attandant, il donne du poison hérétique à ses lecteurs.
Entretemps c’est absolument clair et sans aucun doute que son texte est bel et bien hérétique.
Et cela est très dommage dans un temps de crise de l’Église, qui souffre d’hérésies et d’apostasie générale.

Annexe : Doctrine sur l’hérésie et la semi-hérésie

Commençons par rappeler quelques définitions.
L’hérétique est celui qui profère obstinément une ou plusieurs hérésies.
Une hérésie est une contradiction avec Dieu, avec la Révélation de Dieu.
Celle-ci a deux sources : l’Ecriture Sainte et la Tradition.
Donc toute contradiction avec l’Ecriture Sainte pour autant qu’elle est claire, ou avec la Tradition pour autant qu’elle est infaillible est une hérésie.
La semi-hérésie est une erreur qui donne partiellement une hérésie. On parle de semi-arianisme, de semi-pélagianisme, de semi-rationalisme etc…
Un semi-hérétique est celui qui profère une ou plusieurs  semi-hérésie(s).
Sens plus large
Mais dans un sens plus large le terme  « sémi-hérétique » est parfois utilisé pour désigner celui qui n’agit pas contre les hérésies ni contre les hérétiques. Il est même en bons rapports avec des hérétiques.
Condamnation par un document infaillible
Ce commerce avec des hérétiques est gravement peccamineux, car le Pape Saint Hormisda, dans son formulaire de réconciliation des hérétiques avec l’Eglise catholique le condamne.
Image illustrative de l'article Hormisdas
Pape Saint Hormisda
Ce formulaire du Saint Pape Hormisda  en 519
« La première condition du salut »
« est une des pièces les plus importantes de toute l’histoire de l’Eglise »(Rohrbacher, « Histoire Universelle de l’Eglise catholique », livre XLIII, p.617).
Citation de ce formulaire :
« …Nous anathématisons pareillement Acace, autrefois évêque de Constantinople, devenu leur complice et leur partisan, ainsi que ceux qui persévèrent dans leur communion ; CAR EMBRASSER LA COMMUNION DE QUELQU’UN, C’EST MERITER UN SORT SEMBLABLE. De même nous condamnons et anathématisons Pierre le Foulon d’Antioche, avec tous les siens… »
En effet ce n’est que l’écho du même principe dans l’Ecriture Sainte – Epitre de II Jean 1:10 et 11 :
« 10: si quis venit ad vos et hanc doctrinam non adfert, nolite recipere eum in domum nec ‘have’ ei dixeritis 11qui enim dicit illi ‘have’, communicat operibus illius malignis »
« Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine,
ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas,
car celui qui le salue a part à ses oeuvres »
Dieu-même nous interdit donc tout contact avec les hérétiques, « pour ne pas avoir part à ses oeuvres ». Donc celui qui a commerce avec l’hérétique a part à ses oeuvres.
Pastorale désirée bien sûr
L’Eglise va bien sûr toujours et partout « tout » faire pour les convertir, mais tout commerce qui n’a pas pour but et intention de les convertir, est condamné clairement par l’Ecriture Sainte et la Tradition.
Bossuet déclare que :
« ce formulaire a servit dans les siècles suivants, avec le même exorde et la même conclusion, en y ajoutant les hérésies et les hérétiques qui, aux diverses époques, troublèrent l’Eglise. De même que tous les évêques l’avaient adressé au saint pape Hormisda, à Saint Agapet et à Nicolas I, de même nous lisons qu’au huitième concile on l’adressa, dans les mêmes termes à Adrien II, successeur de Nicolas. Or, ce qui a été répandu partout, propagé dans tous les siècles et consacré par un concile oecuménique, quel chrétien le rejettera? »  (« Defensio » l.10,c.7)
Bossuet fait donc allusion au critère d’infaillibilité ordinaire : « Quod ubique, semper, ab omnibus » de St Vincent de Lérins et les Pères de l’Eglise du 4e, 5e siècle et plus tard.
Bref, « celui qui a commerce avec les hérétiques, reçoit le sort des hérétiques ». Puisqu’il n’est pas hérétique au sens stricte il est appelé parfois dans ce sens-là : « semi-hérétique » : celui qui a commerce avec les hérétiques et en contracte « le même sort ».


dimanche 3 juin 2018

Père Onésime Lacouture - 3-17 - Jésus homme en nous



SEIZIÈME INSTRUCTION
RÔLE DE L’HUMANITÉ DANS JÉSUS-CHRIST.

«Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, sa gloire comme Fils unique du Père, étant plein de grâce et de vérité». Jo. 1-14.

Après avoir considéré ce que faisait le Verbe en J.-C., voyons ce que faisait sa sainte Humanité, évidemment dans les grandes lignes et au point de vue de ce que nous pouvons mieux imiter en lui. Sa nature humaine reste distincte de sa nature divine. Elle a donc ses opérations propres vraiment humaines quoique divinisées par le Verbe. C’est en imitant celles-là que nous arriverons mieux à imiter ses actions divines avec la grâce de Dieu. Puisque nous devons devenir une seule chose avec Jésus, essayons de mieux comprendre quelques-unes des vertus principales qu’il a pratiquées et les principales fonctions qu’il a exercées pendant qu’il était sur la terre.

LA PRATIQUE DES VERTUS

Saint Jean dit que celui qui espère aller au ciel doit marcher comme J.-C. a marché, donc agir comme lui en tout. Ne soyons pas effrayés de la sublimité de la perfection de Jésus; c’est vraiment elle que Dieu veut que nous acquérions avec sa grâce. Jésus veut que nous soyons parfaits comme le Père céleste est parfait. Saint Pierre veut que nous soyons saints parce que Dieu est saint. C’est donc la volonté de Dieu clairement manifestée que nous visions à la sainteté de Dieu même. C’est celle que Jésus a pratiquée dans son corps mortel comme le nôtre. Donc c’est possible avec la grâce de Dieu. Tenons nos yeux sur cet idéal réalisable selon Dieu… et n’allons pas descendre d’un cran de cette vue.

Trop de prêtres et par suite trop de fidèles sont toujours à comparer les vertus avec celles que l’on trouve chez les hommes, même les meilleurs. C’est un principe de décadence dans la vie spirituelle de tout comparer même aux meilleurs. Ce n’est pas cela du tout que Dieu demande, mais de reproduire les vertus d’un Dieu, de J.-C. et tenons-nous en là! Si Saint Paul dit: «Soyez mes imitateurs», il ajoute tout de suite: «Comme je le suis du Christ». Donc cessons de nous comparer avec des humains, comparons-nous avec J.-C. et imitons ses vertus et sa sainteté! Voilà e que nous allons faire dans cette instruction.

Il ne s’agit pas de ramener l’humanité de Jésus à notre niveau, mais de monter au sien. Trop souvent, nous cherchons dans les Evangiles des exemples dans la vie de Jésus pour légitimer notre vie de païen. Par exemple, quand il est dit qu’il passa en faisant le bien, on prend ce texte pour se justifier d’éviter les péchés et de faire le bien naturel, avoir des relations de bonne entente avec ses voisins pour être tranquille dans la vie. C’est de la philanthropie bien naturelle. Cela ne suffit pas du tout!

SON HUMILITÉ est évidemment la plus parfaite qui ait jamais existé au ciel et sur la terre. Jésus nous la donne comme modèle: «Apprenez de moi à être doux et humble de cœur». D’où lui venait cette sublime humilité? Certainement pas de la vue de ses péchés qu’il n’avait pas. La vue des péchés des autres qu’il avait pris sur lui-même ajoutait sûrement à son humilité, comme les misères et la faiblesse de sa nature humaine. Mais ce n’est pas de là que lui venait son humilité.

Elle lui venait de la contemplation des perfections divines et infinies. Devant cette majesté divine, son humanité lui semblait peu de choses, quoiqu’elle fût la plus parfaite jamais créée par Dieu. Quand Moïse demanda à Dieu qui il était, Dieu lui dit: «Je suis celui qui suis. Je suis le seul qui ai l’existence en soi ou par moi-même», comme insinuant que les autres ne l’ont que par lui et donc ils sont comme néant devant Dieu. De la comparaison du créé avec l’incréé naît l’humilité véritable. Comme jamais un être créé n’a pu pénétrer le divin comme l’humanité de Jésus, on comprend que son humilité soit la plus parfaite qui ait jamais existé.

Voilà la sorte d’humilité qu’avait la Sainte Vierge: elle ne lui venait pas de la vue de ses péchés puisqu’elle n’en avait pas, ni des péchés des autres qu’elle n’avait pas pris sur elle. Elle insinue l’origine de son humilité quand elle dit: «Mon âme tressaille d’allégresse en Dieu, mon Sauveur, qui a fait de grandes choses en moi». C’est la vue du divin qui la rend humble et qui lui manifeste sa bassesse.

C’est là la source de l’humilité parfaite. C’est celle-là que nous devons cultiver par la contemplation des perfections divines. Plus nous nous perdrons en Dieu et plus apparaîtra notre bassesse et notre néant et donc notre humilité. A mesure donc qu’on pénètre dans la sainteté de Dieu, on devient humble à la façon de Jésus.

On s’enorgueillit d’une qualité quand on la considère en soi, Mais dès qu’on la compare avec la perfection correspondante en Dieu, nécessairement on perd l’estime qu’on en avait considérée toute seule. On n’acquiert pas l’humilité non plus en se comparant avec les hommes parce qu’ils ont encore trop de défauts où notre orgueil peut trouver de la matière à s’exercer.

Comme lorsque l’on regarde le soleil en face, on devient aveugle pour les choses autour de soi, ainsi quand on regarde le Soleil de justice en face, tout le reste disparaît en nous. On peut donc prendre son sentiment d’humilité comme la mesure de sa vision du divin. Ceux donc qui ont de l’estime pour eux-mêmes montrent bien qu’ils n’en ont aucune pour Dieu. Quel plus fou au monde!

On peut donc déduire la meilleure méthode pour devenir humble. Ce n’est guère pratique de s’acharner à découvrir sa bassesse, on se regarde encore trop soi-même pour cette découverte!

Le mieux est sûrement de s’efforcer de mieux comprendre les perfections divines, de les contempler souvent. Plus nous grandirons Dieu en nous et plus nous nous rapetisserons et plus nous deviendrons humbles. En d’autres termes, plus nous progressons dans la foi et plus nous serons humbles de l’humilité de Jésus.

Comme nous l’avons dit dans notre dernière série, les comparaisons horizontales, comme se comparer avec les hommes, ne valent rien pour arriver à l’humilité. Seules les comparaisons verticales ou avec Dieu, sont les meilleures pour nous montrer nos déficiences et nos misères et donc nous donner l’humilité.

LA PURETÉ de l’humanité de Jésus dépasse tout ce que l’homme peut concevoir. Dès sa création, elle est intimement unie à la divinité par le Verbe, de sorte qu’elle participe à la pureté de la Trinité. Jésus affirme publiquement que personne ne peut le convaincre de péché. Si Saint Jean peut dire des hommes que celui qui demeure en Dieu ne peut pécher, parce que la semence de Dieu est en lui, avec combien plus de raison peut-on le dire de Jésus! Puisque le Père dit du haut du ciel qu’il a mis toutes ses complaisances en Jésus, c’est donc qu’il le trouve absolument pur de toute souillure. Comme il avait la vision béatifique comme Verbe au moins, on comprend qu’il devait avoir la pureté exigée dans le ciel même. Il dit que toutes ses pensées, toutes ses paroles et toutes ses actions sont faites en lui par son Père: elles sont donc absolument pures. «Je fais toujours ce qui est agréable à mon Père». Sa vie est donc absolument et parfaitement pure, comme il est possible pour une créature par la puissance de Dieu.

N’oublions pas que la pureté divine n’exige pas seulement l’absence de péché, ou d’imperfection, ou de désordonné, mais aussi de tout ce qui est purement naturel. Dans le ciel, il faut que tout soit absolument et parfaitement surnaturel. Donc tout bon naturel est impur pour Dieu. Le naturel libre des motifs n’est pas acceptable par Dieu dans son ciel. Il n’y a pas de naturel en Dieu, mais uniquement du divin. Or, nous sommes appelés à participer à cette activité trinitaire de Dieu. Donc il nous faut nous purifier de tout motif naturel même bon en soi, mais bon à rien pour le ciel. Jésus n’avait sûrement aucun motif naturel; or, c’est sa pureté divine que nous devons vouloir imiter le plus parfaitement possible avec la grâce de Dieu.

Tout chrétien devrait donc faire la guerre à toutes ses affections naturelles comme à tous ses motifs naturels qui jaillissent de ces affections naturelles, comme s’ils étaient péchés. Dieu ne veut pas plus des uns que des autres. Peu importe que «in se» le naturel soit meilleur que le péché, il ne vaut rien pour le ciel, Dieu n’en veut pas! Qu’on n’aille donc plus jamais dire un mot en faveur des motifs naturels! Ils sont en abomination devant Dieu! A quoi sert pour nos imbéciles de philosophes de vanter la bonté intrinsèque des motifs naturels quand in deo ou en Dieu, ils ne sont pas voulus? Par leur ignorance, ils induisent les fidèles à croire que Dieu accepte leurs motifs naturels; c’est absolument faux. Si Dieu les acceptait, pourquoi Jésus n’en aurait-il pas eu? Où est le philosophe qui pourrait trouver un seul motif naturel en Jésus? Ou dans la Sainte Vierge?

Qui aurait jamais trouvé quelque chose à redire de Marthe qui préparait son repas sûrement pour Jésus? Mais comme il s’y glissait du naturel, Jésus lui fait un reproche. Pas un prêtre philosophe ne l’aurait blâmée! Ils ne connaissent donc pas la pureté divine de Jésus. Pour eux, il n’y a que le péché qui souille l’âme comme si nous étions encore sur le chemin des limbes. Mais à cause de notre souillure pour Dieu. Car un motif naturel est pour notre moi païen ou pour notre vieil homme que nous devons tuer pour suivre J.-C. C’est absurde ensuite de faire quoi que ce soit en sa faveur. Donc tous nos motifs naturels doivent être enterrés avec notre vieil homme. C’est une insulte faite à Dieu que d’aller lui offrir une de ces actions quand nous ne devons plus vivre que pour Dieu seul de tout notre cœur!

SON OBÉISSANCE est aussi parfaite que la vue de la majesté divine l’est à l’humanité de Jésus. Elle comprend si bien que Dieu est son Créateur et son Maître souverain qu’elle n’a aucune difficulté à se soumettre à lui avec la plus grande perfection que la plus parfaite créature peut obéir à Dieu. Dans le ciel, toute créature sera entièrement disposée à faire la volonté de Dieu qu’elle reconnaît comme créateur et Seigneur absolu. Eh bien! En proportion qu’on vit de foi, on est porté à lui obéir de même sur la terre. Mais la lumière divine de l’humanité de Jésus était la plus parfaite que Dieu pouvait créer et donc elle approchait des confins de l’infini. Voilà ce qui explique l’obéissance de J.-C. si parfaite.

Il dit lui-même qu’il ne fait jamais sa volonté, mais toujours celle de son Père. Qu’il fait toujours ce qui est agréable à son Père. Nous l’avons déjà vu; il vient en ce monde uniquement pour faire la volonté de son Père. Il dit qu’elle est sa vie, sa nourriture et son bonheur. L’obéissance donne une immense gloire à Dieu; par elle, on reconnaît son souverain domaine, sa majesté infinie et du côté de la créature sa propre infériorité et absolue dépendance de Dieu. L’Evangile dit qu’il a été à la limite de la soumission, se faisant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix. Quel plus grand sacrifice pouvait-il faire de sa volonté?

Ce qui manque le plus dans l’obéissance de la plupart des chrétiens, c’est son universalité. Ils se soumettent dans certaines choses qui ne viennent pas des hommes, comme les inondations, le feu, les tremblements de terre et les tempêtes. Mais très peu obéissent à la volonté de Dieu qui se manifeste par celle des hommes. Mais dans notre première série, nous avons montré qu’absolument tout ce qui arrive de la part des hommes comme des événements nous vient de Dieu directement. Dieu se sert de la liberté humaine comme il veut. Donc tout ce qui nous vient des hommes nous vient de Dieu. Peuvent-ils être plus cruels et plus méchants que les pharisiens l’ont été pour Jésus? Cependant il dit: «Est-ce que je ne dois pas boire le calice que mon Père me présente?».

Soyons donc plus tranchés! S’il faut la volonté de Dieu, faisons la donc toujours et partout. Dans les petites choses comme dans les grandes, dans les désagréables comme dans celles qui plaisent. Est-il notre Dieu quand cela nous plaît ou l’est-il toujours et partout? Donc que ce soit une affaire réglée pour toujours que nous obéissons constamment à Dieu et dans toutes ses façons de nous montrer sa volonté. Le bon Dieu a en abomination ce mélange de foi et de bon sens, agir parfois en chrétien et souvent en païen. C’est cette mentalité qui fait les tièdes et que Dieu dit qu’il vomira de sa bouche pour nous montrer son horreur pour ces chrétiens qui sont ni chauds ni froids, qui voudraient bien aller au ciel, mais qui veulent jouir de la terre aussi avant de mourir. Tous ces gens tombent dans la catégorie des vierges folles qui ont risqué d’être aux noces et qui n’ont pas été admises.

Nous saurons que nous sommes bien transplantés dans le monde surnaturel quand nous aurons cessé de nous plaindre dans les contrariétés puisqu’elles viennent toutes de Dieu. La sainte Humanité de Jésus ne s’est jamais impatientée; dans son agonie, elle a bien manifesté sa répugnance pour le crucifiement, mais elle ajoutait tout de suite: Que votre volonté soit faite et non la mienne. Voilà notre modèle. Saint Pierre le donnait en exemple aux fidèles et il leur disait qu’ils sont tous appelés à souffrir comme Jésus et qu’ils doivent se comporter comme Jésus en souffrant avec patience.

SES FONCTIONS

Examinons les principales fonctions de l’Humanité dans J.-C. Elles sont les nôtres aussi à cause de notre propre union avec Lui.

ADORER est un acte de l’âme qui s’incline profondément devant l’infinie majesté de Dieu pour reconnaître son souverain domaine sur nous tous et lui exprimer notre infériorité et notre soumission entière. C’est ce que font les élus du ciel. Saint Jean dans l’Apocalypse, 4-10, voit les vingt-quatre vieillards se prosterner devant le trône en disant: «Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, parce que vous avez créé toute chose et que c’est par votre volonté qu’elles subsistent».

Adorer son Père est une fonction que le Verbe seul ne pouvait pas faire, parce qu’il est égal à son Père. Mais une fois incarné, en tant qu’homme, J.-C. peut adorer le Père et à cause de son union hypostatique ou dans la personne du Verbe, son adoration a un mérite infini. Voilà une gloire qu’il donne à Dieu qu’il n’aurait jamais eu sans l’Incarnation. C’est assez pour que Dieu veuille l’incarnation du Verbe. Cette gloire additionnelle pour le Père vaut bien le rachat de toute l’humanité. Voilà totalement le but principal de l’Incarnation.

Quand les saints avaient quelque vision céleste, ils tombaient par terre en se cachant la face devant cette éblouissante splendeur. Pourtant, ce n’était qu’un échantillon de la divinité. Imaginons ce que doit être l’adoration de l’humanité quand elle voit la divinité même dans le Verbe! Cette adoration du premier moment de l’existence de l’humanité en Jésus a dû être la plus parfaite jamais offerte à Dieu.
Pour nous, quoique nous n’ayons que la foi pour nous manifester le divin, c’est toujours une lumière divine qui nous éclaire suffisamment pour que nous puissions imiter la sainte humanité de Jésus dans nos adorations de Dieu. Nous savons certainement que le Verbe existe, qu’il est infini; nous devrions être assez purs que nous nous prosternions en esprit devant la majesté divine. Le fait que nous ne la voyons pas, est justement une condition absolue de notre mérite. Quand il y a vision, dit Saint Paul, il n’y a plus de foi. Or la foi est nécessaire pour le mérite.

Est-ce que tout notre service envers Dieu ne se fait pas dans l’obscurité de la foi? Sur terre, il est impossible pour l’homme de voir Dieu face à face. Dieu exige que nous croyions à sa parole qui nous révèle ses perfections divines. Cela doit suffire pour que nous l’adorions dans notre cœur. Jésus nous dit que la Trinité vient en nous par la grâce sanctifiante: que cela suffise! Agissons comme si nous le voyions et nous le verrons un jour dans la vision béatifique. Mais il faut d’abord la mériter justement par la foi en la parole de Dieu. La mort ne fait qu’immortaliser ce qu’elle trouve en nous. Donc si je veux adorer Dieu dans la gloire, je dois commencer à le faire dans la foi sur terre.

Prenons l’habitude de faire souvent des actes d’adoration de la Sainte Trinité habitant en nous. Ce n’est pas naturel, mais il nous faut en prendre l’habitude surnaturelle en surveillant notre volonté pour qu’elle commande de ces actes si utiles pour la vie spirituelle.

LOUER suit logiquement l’adoration. Si on est ébloui par la splendeur des perfections divines, on est porté à louer ces mêmes perfections. Comme pour l’adoration il est certain que la louange donnée à Dieu par l’humanité de Jésus a été la plus parfaite qu’il ait jamais reçue d’une créature.

L’Evangile ne rapporte pas les louanges et les adorations que Jésus adressait à son Père ou très peu. Il faut aller dans les prophètes et dans les psaumes pour trouver les sentiments de Jésus envers son Père. L’humanité depuis sa chute a passé par toute la gamme des émotions humaines, de tristesse, d’espérance, de joie et de confiance, etc. Or c’est cette humanité que Jésus a assumée. C’est pourquoi Jésus repassait dans son âme ce que le Saint-Esprit avait inspiré aux prophètes. Ainsi on sait que sur la croix Jésus repassait le vingt-et-unième psaume, qui parle des souffrances le l’humanité et en particulier de celle de Jésus.

Eh bien! En lisant les psaumes, on est frappé par le grand nombre de ceux qui prêchent l’adoration et la louange de Dieu, en général pour les bienfaits de Dieu accordés aux hommes, mais aussi pour ses perfections en elle-mêmes. Nous pouvons donc faire de même, mais il est plus parfait de louer Dieu pour lui-même que pour ses bienfaits envers nous. Ceux-ci ne sont rien comparés à l’infinie sainteté de Dieu. C’est autrement agréable à Dieu de le louer pour lui-même. Comme ses bienfaits nous touchent plus, nous pouvons commencer par le louer pour ses bienfaits aux hommes, mais il est bon d’aiguiller nos louanges le plus possible sur Dieu seul. Voici quelques textes:

Ps. 103: «Mon âme, bénis Yahveh! Mon Dieu, tu es infiniment grand. Tu es revêtu de majesté et de splendeur. Il s’enveloppe de lumière comme d’un manteau; il déploie les cieux comme une tente. Dans les eaux du ciel, il bâtit sa demeure; des nuées, il fait son char; il s’avance sur les ailes du vent!…».

Ps. 104: «Célébrez Yahveh! Invoquez son nom, faites connaître parmi les nations ses grandes œuvres. Chantez-le! Proclamez toutes ses merveilles: glorifiez-vous en son saint nom!».

Ps. 150: «Louez Dieu dans son sanctuaire! Louez-le dans le séjour de sa puissance! Louez-le pour ses hauts faits! Louez-le selon l’immensité de sa grandeur.»

Nous n’avons qu’à parcourir les psaumes pour voir combien souvent ils nous exhortent à louer et à adorer Dieu. La Sainte Vierge s’est inspirée des psaumes dans son Magnificat. Tous les saints ont aimé à puiser là les louanges et les adorations qu’ils voulaient adresser à Dieu. Ce n’est pas par hasard que l’Eglise impose la récitation du bréviaire à tous ses prêtres. Elle sait que Dieu retire une grande gloire de ceux qui le récitent avec esprit de foi et d’amour de Dieu.

Combien de chrétiens dans leurs prières ne font que des demandes à Dieu. Ils devraient toujours commencer par le louer, le remercier, l’adorer et le contempler un peu en esprit. Après lui avoir donné ce plaisir divin, ils auraient plus de chance d’être exaucés dans leurs demandes.

La louange est la paie de Dieu pour le bien qu’il nous fait; plus nous le payons et plus il travaillera pour nous! Dieu aime les reconnaissants comme nous tous d’ailleurs! Louons donc Dieu le plus souvent possible et il se donnera davantage à nous par sa grâce.

AIMER est la principale fonction de la sainte Humanité de Jésus. Puisque Dieu est amour et que le Verbe élève son humanité à une participation intime de la vie divine par le Verbe uni dans la Personne, il s’ensuit que l’humanité sainte aime Dieu comme il n’a jamais été aimé par aucune créature. Cet amour approche autant que possible les confins de l’infini sans l’être tout de même, parce qu’elle est créée. Comme toute créature, sa fin dernière est la vision béatifique au sein de la Trinité. Or à cause de la perfection de toutes ses facultés qui ne pourrait jamais être surpassée, elle tendait de toutes ses forces vers sa fin dernière: aimer Dieu. Comme elle participait par le Verbe à la vie de la Trinité, elle la voulait de toute sa volonté, ce qui est de l’amour.

Non seulement Jésus dit qu’il aime son Père, mais il le montre par ses actes dans sa vie. Il lui obéit en tout, même en ce qui est pénible pour la nature, comme dans sa passion et dans son crucifiement pour racheter le monde. Il s’y soumet pour plaire à son Père. Il donne sa vie pour l’amour de son Père. C’est donc un amour solide et très parfait, le plus parfait qui ait jamais existé dans une créature.

Quand même cet amour parfait nous dépasse, nous devons le demander, quand même nous ne pourrions jamais l’atteindre. Est-ce que Dieu ne nous demande pas de l’aimer lui de toutes nos forces, quand même il sait bien que nous ne pouvons pas y arriver de fait?

On a beau comprendre combien nous devrions aimer Dieu, nous avons un grand obstacle à vaincre en nous-mêmes. Par nature, nous sommes remplis de l’amour des créatures et de nous-mêmes. Quand la foi nous montre les biens infinis à aimer, il faut d’abord déprendre notre cœur de l’amour des créatures, car nous n’avons qu’un cœur pour aimer Dieu et les créatures. Il nous faut donc le vider de l’amour des créatures pour que l’amour de Dieu prenne la place. Or, les créatures nous entourent, nous pénètrent de leurs plaisirs tandis que les biens de Dieu ne sont perçus que par la foi. Ils sont donc bien loin de nous en ce monde! Nous n’expérimentons pas ou bien peu leurs jouissances qui ne sont pas de ce monde. Alors il faut beaucoup de grâce de Dieu pour nous en séparer, et c’est un travail de toute la vie. Les démons, le monde et notre propre concupiscence sont toujours à nous les présenter pour nous les faire aimer. C’est donc une lutte continuelle pour rejeter l’amour des créatures si nous voulons progresser dans l’amour de Dieu qui donne le ciel.

Il nous faut bien distinguer ici l’amour naturel de Dieu et l’amour surnaturel. Le premier est celui que nous aurions sur le chemin des limbes; ce serait un amour intellectuel. Notre esprit aimerait les perfections de cet Etre qui nous a créés, puis comme nous n’irions jamais vivre avec lui, cet amour de tête pourrait suffire. Cet amour nous permettrait d’aimer les créatures et le Créateur, comme le jeune homme riche de l’Evangile. Mais cet amour ne sauve pas. Après que le jeune homme riche eût dit qu’il avait observé les commandements de la loi naturelle (le premier n’avait pas été mentionné par Jésus), l’Evangile dit: «Il te manque encore une chose», pour être sauvé évidemment, c’est ce qu’il voulait savoir. D’ailleurs Jésus dit carrément: «Vous ne pouvez aimer le monde et Dieu; vous en aimerez l’un et vous haïrez l’autre». Donc l’amour du monde est incompatible avec l’amour de Dieu surnaturel ou pour être sauvé. C’est toujours de cet amour surnaturel dont nous parlons. Il s’acquiert par le sacrifice de l’amour des créatures.

Saint Paul dit carrément que pour acquérir l’amour de Jésus, il s’est privé des choses créées et qu’il les regarde comme du fumier en comparaison de l’amour de J.-C. Voilà la manière pour nous d’arriver à l’amour de Dieu: c’est de sacrifier notre amour pour les créatures. Remarquons que l’opposition n’est pas entre les créatures et le Créateur, mais entre notre amour pour les créatures et notre amour pour le Créateur. Nos prêtres philosophes n’y comprennent rien avec leur système païen de considérer les choses en elles-mêmes; ils ne voient pas d’opposition entre elles et Dieu et c’est vrai. Mais dès qu’on entre dans le monde de l’amour, comme il le faut, pour aller au ciel, l’amour des créatures est le pire ennemi de notre amour de Dieu.

La sainte humanité de Jésus avait en horreur l’amour des choses créées, puisque Jésus en a pris le moins possible: c’est donc qu’il ne leur a donné aucun amour naturel ou pour elles-mêmes. La parole des Apôtres sur le mépris du monde vient évidemment de Jésus. «N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde; si quelqu’un aime le monde, la charité du Père n’est pas en lui». Les philosophes ont-ils jamais lu ce texte et bien d’autres semblables?

Ceux donc qui veulent imiter l’amour de Dieu de la sainte Humanité de Jésus doivent avoir une aversion entière pour tout ce que le monde aime et embrasse. Tous doivent se dépouiller de toute affection terrestre qu’ils pourraient avoir pour les créatures, afin de ne les aimer que pour Dieu et selon sa sainte volonté! C’est donc par le sacrifice de notre amour pour les créatures que nous acquérons l’amour surnaturel de Dieu que seul donne le ciel. L’amour naturel de ceux qui aiment le monde et Dieu comme le jeune homme riche ne donne pas le ciel, il leur manque encore une chose!… L’amour surnaturel de Dieu qu’on acquiert en vendant ses biens pour les donner aux pauvres. Donc pour cesser de les aimer. C’est tout ce que Jésus voulait obtenir de ce jeune homme.

Que de fois Jésus dit qu’il faut acheter le royaume de Dieu en vendant tout ce qu’on a pour l’acheter: dans la parabole de la perle précieuse, du trésor caché dans un champ, du festin des noces. Lui-même n’a pas où reposer sa tête! Il a donc tout fait pour montrer qu’il ne faut pas donner un brin d’amour à aucune créature pour elle-même. On peut les aimer en Dieu et pour Dieu, mais jamais pour elles-mêmes. Voilà comment aimer Dieu comme Jésus l’a aimé!

PRIER devrait être la vie du chrétien comme ça a été la vie de Jésus. Puisqu’il nous dit qu’il faut toujours prier, il est évident qu’il l’a fait toute sa vie. Même au ciel, Saint Paul dit que Jésus se tient à la droite de son Père, qu’il intercède pour nous. Que de fois les évangélistes nous disent que Jésus se retira à l’écart pour prier, il passe des parties de nuit et même toute la nuit en prière. Il le recommande si souvent et comme nos chrétiens le font peu!… relativement!

Cela s’explique par le manque de compréhension du plan divin. Ils gardent encore les idées de l’ordre naturel même à leur insu. Dans cet ordre, nous n’aurions pas eu besoin de tant prier. Par exemple, dans une famille, est-ce que les enfants passent leur temps à demander à leur parents de leur donner à manger, de les chauffer, de les vêtir, etc. Les parents sont tenus de le faire. Ainsi, sur le chemin des limbes, Dieu serait tenu de nous donner une foule de choses nécessaires à notre vie naturelle. Mais, si les enfants veulent des choses extraordinaires, alors il sont obligés de les demander avec instance même.

Eh bien! Le ciel et tous les moyens qui y conduisent dépassent absolument notre ordre naturel; ils ne nous sont pas dus, mais ce sont des biens absolument gratuits que Dieu donne à qui il veut. Imaginons des enfants qui demandent à leurs parents des dons extraordinaires, comme des diamants, des montres d’or d’un prix très élevé, des Cadillacs pour automobiles et des voyages très dispendieux. Comme ils devraient les demander longtemps et insister pour les avoir avant que les parents les leur donnent.

Voilà l’attitude qu’il faut prendre dans la prière: nous demandons des choses qui dépassent nos forces, nos mérites… et que Dieu n’est pas tenu de nous donner. Voilà pourquoi il nous faut tant prier pour avoir les biens célestes et les moyens qui y conduisent. Ceux donc qui ne prient pas ou trop peu ne les auront pas. Qu’ils se croient bons tant qu’ils voudront, Dieu exige qu’ils prient pour aller au ciel, autrement ils n’iront pas là! Car ceux qui ne prient pas beaucoup montrent qu’ils n’aiment pas ou bien peu les biens célestes. Or, Dieu ne les donne pas à ceux qui ne les aiment pas.

Que chacun se mette bien dans la tête que Dieu a rendu le salut absolument impossible à tout homme sur la terre. Il nous appelle à son bonheur qui dépasse toutes les forces naturelles des hommes. On dit que ce bonheur est surnaturel pour signifier qu’il n’est pas de notre monde, mais seulement de celui de Dieu. Donc pas un homme au monde n’est capable d’y arriver par lui-même! Allons-nous prendre cinquante ans pour le savoir? Pour agir en conséquence? Nous sommes donc comme des enfants qui voudraient un fruit sur une corniche qu’ils ne peuvent pas atteindre par eux-mêmes. Il ne leur reste qu’à demander à d’autres de le leur donner. Voilà notre cas pour le ciel et pour tout ce qui y conduit. Dieu devait faire cela pour avoir sa gloire. Nous sommes bien obligés d’avouer que lui seul nous donne le ciel si jamais nous y arrivons. Ce sera sa gloire! Personne au ciel ne pourra se vanter d’être arrivé là par sa propre industrie et par son bon sens. Il devra tout attribuer à Dieu seul. Eh bien! Est-ce assez pour nous montrer la nécessité de prier pour avoir le salut et tout ce qui y conduit.

Voilà ce que Jésus a fait toute sa vie. Il nous donne l’exemple. Si lui qui était Dieu a tant prié, combien nous qui sommes pécheurs méchants païens, amourachés des créatures, aveugles comme des ânes pour les choses du ciel! Combien plus devons-nous prier pour arriver avec Jésus au ciel!

Est-ce que Dieu n’a pas rendu impossible à l’homme la multiplication des grains? Il l’oblige à le jeter en terre où il va pourrir et mourir. Alors la récolte ne vient sûrement pas du cultivateur qui n’a fait que détruire son grain et là s’arrête son action. Donc la récolte qui surgit de ce grain mort vient donc uniquement de Dieu. Lui seul en a la gloire. C’est exactement ce que Dieu veut pour notre salut. Il a tout disposé pour que lui seul en ait la gloire. Nous ne pouvons rien par nous-mêmes; voilà pourquoi il nous faut le demander constamment et amoureusement à Dieu dans la prière. Même si on est en état de grâce habituellement, il faut prier comme n’importe quel pécheur pour être sauvé. C’est l’enseignement de l’Eglise que la persévérance finale est un pur don de Dieu que personne ne peut mériter! Il faut donc prier constamment pour l’avoir!

SOUFFRIR est devenu le rôle de l’Humanité de Jésus le jour où Adam a péché. Toutes les splendeurs du beau plan divin que nous avons souvent méditées étaient à tout jamais perdues aux hommes. Jésus incarné seul pouvait satisfaire la justice divine en souffrant comme homme et en méritant comme Dieu. Comme son humanité a compris la nécessité de la souffrance pour racheter les hommes, il est bien certain qu’elle s’est offerte à Dieu en victime pour le salut du monde, selon la volonté du Père éternel. Jésus le dit: «Est-ce que je ne dois pas boire le calice que mon Père m’a préparé?».

Toute sa vie, Jésus a eu devant sa vue son sacrifice sur la croix pour le rachat de l’humanité. Cette pensée plane sur toute sa vie: il est sérieux, on l’a vu pleurer, mais jamais rire. Il voyait l’offense faite à son Père encore sans satisfaction et il en éprouvait une peine infinie. Comment se réjouir devant la colère de son Père contre les hommes dont il était maintenant?

Dieu exige du sang pour l’expiation des péchés. Toute l’ancienne loi nous prépare au sacrifice sanglant de J.-C. sur la croix. Ses sacrifices exigent du sang, des animaux, mais symbolique du sang de l’agneau qui s’offre comme victime pour les péchés des hommes. Le sang signifie la vie; il est comme la vie visible et tangible. Dieu exige que l’homme donne sa vie pour payer sa dette envers la justice divine.

N’oublions pas que le sacrifice de Jésus ne nous dispense pas de souffrir pour nos propres péchés, comme les protestants le pensent. Sans lui, nos sacrifices n’auraient eu aucune valeur devant Dieu, n’étant que finis. Seul celui de Jésus avait un mérite infini. Dieu a accepté ce sacrifice, mais chacun doit quand même payer sa propre dette envers la justice divine. Le sacrifice de Jésus donne de la valeur aux nôtres. Il les rend acceptables par Dieu en union avec celui de Jésus.

Voilà pourquoi Saint Paul dit que nous devons souffrir ce qui manque à la passion du Christ, non pas en valeur méritoire, mais en extension. Comme nous sommes ses membres mystiques, nous devons passer par où passe la tête. Nous régnerons avec lui pourvu que nous souffrions avec lui. Est-ce que Jésus lui-même ne nous dit pas de porter notre croix pour le suivre?

Jésus expie nos deux amours naturels: comme il méprise les plaisirs de la terre! Quelle pauvreté épouvantable! Quelles humiliations et quels outrages contre sa personne pour expier notre amour-propre! Il est bafoué et couvert de plaies des pieds à la tête. Il nous avertit clairement qu’il faut boire son calice pour être avec lui au ciel.

Saint Pierre dit que c’est notre vocation de souffrir! Ce n’est donc pas une exception dans la vie! Saint Paul dit que Dieu châtie constamment ceux qu’il aime! Est-ce bien différent que de porter sa croix tous les jours?

Eh bien! Voilà ce que nous devons imiter en Jésus! Toutes ces fonctions et bien d’autres nous sont assignées par Dieu si nous voulons aller au ciel avec Jésus. Comme cette idée mettrait du sérieux dans la vie des chrétiens s’ils le croyaient! Comme cela mettrait du plomb dans la tête de nos jeunes écervelés qui ne parlent que de jouissances et de fêtes! Et que nos prêtres philosophes encouragent donc cette voie païenne! Que Dieu ait pitié de nous tous et qu’il éclaire surtout ses prêtres pour qu’ils donnent les choses de la foi aux fidèles!