QUINZIÈME
INSTRUCTION
RÔLE
DU VERBE DANS JÉSUS-CHRIST.
«Ne croyez-vous pas que
je suis dans mon Père et mon Père en moi. Philippe, celui qui me voit, voit
aussi mon Père». Jo. 14.
Après avoir jeté un
regard sur la Trinité, il s’agit maintenant de la rapprocher de nous pour ainsi
dire en la considérant comme agissant par le Verbe dans J.-C., qui est homme
comme nous. En lui, elle a trouvé sûrement un sujet parfait à son activité
trinitaire. Si nous pouvons trouver sa manière d’agir en lui, elle pourra nous
servir pour mieux l’imiter en nous. C’est aussi en tant qu’homme que Jésus se
dit la voie pour aller à son Père. Avec les Ecritures, on peut découvrir une
bonne partie de l’activité de la Trinité dans J.-C. C’est ce que nous voulons
faire dans cette instruction avec la grâce de Dieu.
Saint Paul dit que toute
la divinité habite corporellement en J.-C. Voilà donc un homme comme nous qui
vit toute la Trinité dans un corps mortel comme le nôtre et dans une âme créée
et limitée comme la nôtre. Nous devrions pouvoir l’imiter de loin au moins. En
tout cas, c’est la volonté de Dieu bien expresse que nous soyons une seule
chose avec Jésus comme il l’est avec son Père. Donc nous aussi nous devons
vivre la Trinité dans notre corps mortel. Jésus est notre modèle et notre
exemplaire.
C’est en étudiant les
actes et les paroles de l’Homme-Dieu que nous découvrirons l’activité
trinitaire en lui et que nous apprendrons à nous l’assimiler avec la grâce de
Dieu. C’est un travail extrêmement difficile à cause de notre peu de foi et
notre habitude naturelle de ne saisir que ce qui vient des sens. Dans cette
étude, tout nous vient uniquement de la foi et nous ne pouvons-nous servir que
de nos deux facultés spirituelles: l’intelligence et la volonté.
Par exemple, j’entends
Jésus dire qu’il ne fait jamais sa volonté, mais toujours celle de son Père
céleste. Voilà un point important de la vie de Jésus; je dois le prendre pour
moi tout de suite et moi aussi, à l’avenir, je ne dois plus jamais faire ma
volonté, mais uniquement celle de Dieu qui m’est manifestée de différentes
manières que nous connaissons bien. Il faut faire entrer ce point dans ma vie;
en tout, je dois me demander ce que veut la volonté divine et c’est ce que je
dois vouloir, moi aussi. malgré tous les cris de la nature pour le contraire!
Rien d’autre chose ne doit influencer ma volonté que celle de Dieu.dans
Jésus-Christ en tant que Dieu.
DANS JÉSUS-CHRIST, EN
TANT QUE DIEU
CONNAÎTRE LE PÈRE.
Commençons par essayer de
comprendre le rôle du Verbe dans Jésus en tant que Dieu. Il est évident qu’il
continue en Jésus son rôle divin comme au sein de la Trinité. Quelle est sa
fonction essentielle en la Trinité? Elle sera la même en J.-C. Dans la Trinité,
son rôle est de faire… connaître son Père qui est infiniment intelligent. L’acte
éternel par lequel le Père se connaît est ce qu’on appelle son Verbe. Il est ce
par quoi il exprime la connaissance infinie qu’il a de lui-même. Un peu comme
lorsque j’ai conscience de mon idée que forme mon esprit. Cette intelligence
infinie voit d’un seul coup absolument tout ce que contient l’essence divine.
C’est donc par cet acte que l’essence divine se révèle à l’intelligence divine.
C’est donc comme si Dieu étalait les trésors infinis de la divinité pour en
faire l’inventaire et les connaître. Evidemment il ne peut pas faire cela par
un autre être que lui-même. C’est donc lui-même qui se connaît parfaitement.
C’est cet acte par lequel il se connaît que nous appelons: le verbe de Dieu,
comme s’il extériorisait son essence. A cause de la ressemblance avec l’homme,
quand il manifeste son idée par une parole ou un verbe, on dit que cet acte est
le Verbe divin.
Donc la fonction
éternelle du Verbe est de manifester ou de glorifier son Père. Il passe son
éternité à contempler, à admirer les trésors infinis de Dieu. C’est pourquoi il
dit: personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils et ceux à qui le Fils l’a
révélé. Le Verbe prend donc toute sa science dans le Père, toute son essence
vient du Père: il est le resplendissement de la substance divine ou le miroir
dans lequel on peut voir l’essence divine.
Nous voyons la nécessité
d’étudier J.-C. pour découvrir la science divine qui se trouve renfermée dans
le Verbe incarné. C’est là que nous découvrirons les ressorts intérieurs qui le
faisaient agir et parler de telle ou telle manière, ou les motifs qui
dirigeaient ses actions. Comme il dit à Philippe: celui qui le voit agir, voit
le Père agir en lui et par lui.
Il est important de nous
mettre bien avant dans l’esprit cette fonction essentielle du Verbe, afin de la
chercher en J.-C. pour arriver aux trésors infinis de la sagesse divine.
Autrement on ramène toujours à soi et aux idées du monde même bon, mais monde
tout de même. Par exemple, dans le fait cité plus haut, quand Jésus dit: «Je ne
fais jamais ma volonté, mais toujours celle de mon Père», on lui laisse cette
belle parole pour lui-même, on l’admire peut-être, mais on ne va pas plus loin.
Il faudrait tout de suite se dire: si Jésus si parfait en tout et si puissant
obéit toujours à son Père, avec combien plus de raison, moi, si imparfait, si vil,
je dois toujours faire la volonté de Dieu! Il m’enseigne d’un façon pratique à
faire ce que le Père veut de moi. Si je voyais au moins par la foi ce que Jésus
voit du Père infini en tout, je n’aurais aucune difficulté de toujours lui
obéir. Quand même je ne vois pas la majesté divine comme le Verbe, je puis
toujours accorder mon obéissance avec celle de Jésus. Car je sais que lui, voit
le fond de l’essence divine, comme il le montre bien par son entière soumission
à son Père. Ce qui nous empêche d’obéir, c’est notre ignorance des perfections
divines et notre connaissance bornée de nos petits talents limités, qu’on
oppose à celle des perfections divines.
Disparaissons devant
l’infinie majesté de Dieu et soumettons nous complètement à Dieu en tout et partout!
Plus l’homme s’efface et
plus Dieu prend sa place. En substituant les idées de J.-C. aux nôtres, nous
nous trouvons à pénétrer un peu dans la connaissance du Père par Jésus. Car
nous sommes bien sûrs que le Verbe continue une fois incarné à faire ce qu’il
fait éternellement selon son essence: faire connaître le Père.
Comme nous savons ce rôle
à priori, nous devons étudier J.-C. en vue de découvrir en lui et par lui cette
connaissance du Père que le Verbe incarné veut certainement nous communiquer
par ses exemples et par ses paroles. Par exemple, quand il dit à la
Samaritaine: «Le Père cherche des adorateurs en esprit et en vérité», il nous
montre quelque chose du Père, de sa nature. C’est un esprit et veut être adoré
en esprit, et donc avec nos deux facultés spirituelles: l’intelligence et la
volonté dans la foi seule ou selon la foi pure.
Ne cherchons donc pas des
sentiments sensibles ou des goûts sensibles dans nos rapports avec le Père,
mais tout uniquement selon la foi pure. Que notre esprit aille en Dieu par la
foi pour recevoir de Dieu les connaissances spirituelles qu’il veut bien nous
donner par J.-C. dans les Ecritures. Par exemple, quand je suis en état de
grâce, je sais que la Trinité habite en mon âme. C’est à moi à adorer le Père
aussi parfaitement que si je le voyais dans le ciel. Je sais qu’il est en moi
et je l’adore de tout mon esprit et de ma volonté en me prosternant devant sa
divine majesté pour lui indiquer mon néant et ma révérence suprême en face de
son infinie majesté.
Jésus nous dit
ouvertement que l’œuvre que le Père lui a confiée est de le faire connaître, le
glorifier devant les hommes. Or le Verbe ne commence rien en s’incarnant, dans
ses rapports avec la Trinité et en particulier avec son Père. Son rôle est donc
bien de faire connaître le Père même dans son Incarnation. Par Philippe, il
nous dit donc que celui qui connaît J.-C., connaît aussi le Père, puisque le
Père est en lui et qu’ils sont une seule chose.
Quelle conclusion tirer?
Tout le divin que nous pouvons découvrir en J.-C. et par lui est une
connaissance plus intime de l’activité de la Trinité et nous manifeste un
attribut ou une perfection divine, comme sa miséricorde, sa justice et sa
bonté. On voit l’importance d’étudier constamment J.-C. pour mieux découvrir
les trois foyers de divin: la vie, la sagesse et l’amour des trois Personnes
divines. C’est donc bien vrai que connaître J.-C., c’est la vie éternelle!
AIMER LE PÈRE est une
conséquence logique de le connaître. Comment connaître les perfections divines
de Dieu sans l’aimer? Nous sommes faits pour le bien et le beau. L’humanité de
Jésus était aussi faite pour le bien et le beau. Alors son amour pour le divin
que le Verbe lui montrait était en proportion de la perfection de sa vision du
divin. Nous savons que Jésus aimait son Père parce qu’il lui a obéi en tout et
jusqu’à mourir pour son amour. «Il faisait toujours ce qui plaisait à son
Père», nous dit-il. «Afin que le monde sache que j’aime mon Père», dit-il à ses
disciples au Cénacle, sortons d’ici pour aller à la mort!
Or cet amour que Jésus
nous montre pour son Père n’est qu’un faible échantillon de l’amour infini que
le Verbe porte à son Père; on sait que cet amour constitue le Saint-Esprit,
égal au Père et au Fils en tout et Dieu comme eux.
Comme il s’agit d’amour
de Dieu, il faut nous rappeler que c’est par l’amour que nous pénétrons l’amour
de Dieu. Ce n’est pas seulement par la tête ou l’esprit seul, mais surtout par
le cœur. Dans les choses divines, c’est par l’amour qu’on les pénètre, parce
que Dieu est amour et que pour demeurer en Dieu, il faut demeurer dans l’amour.
Ce ne sont donc pas de savantes considérations qu’il faut pour découvrir
l’amour de Dieu en Jésus, mais de l’amour sincère et purement surnaturel.
Le signe de l’amour est
l’union des volontés. Or on ne peut jamais trouver une plus grande union des
volontés qu’en J.-C. et son Père. «Il vient en ce monde pour faire la volonté
de son Père, c’est sa nourriture, dit- il, c’est sa vie, son bonheur, son
essence!». Il va jusqu’à mourir crucifié pour faire la volonté de son Père. Or,
en Jésus, c’est le Verbe qui dicte toute la conduite: pensées, paroles et
actions viennent toutes du Père et donc par le Verbe en lui.
Voici un point important
de la vie spirituelle trop ignoré des prêtres et des fidèles. Il y a deux
parties dans le chrétien: la partie physique, qui demeure la même chez le païen
et chez le saint, par exemple, manger, travailler, se reposer, le corps avec
tous ses besoins, l’âme avec ses facultés. Mais il y a l’autre partie, où
s’exerce la liberté et les intentions avec les motifs. C’est dans cette partie
que la vie surnaturelle tranche complètement avec la vie naturelle. Mais parce
que dans l’autre partie substantielle, il n’y a pas de différence ou très peu,
les chrétiens sont portés à ne pas faire beaucoup plus de distinction dans la
partie surnaturelle et la partie libre naturelle. Les démons ont tout fait pour
embrouiller les concepts des fidèles sur ce point à leur grand détriment.
C’est uniquement dans
cette orientation de notre activité libre que nous pouvons et devons reproduire
les trois activités des trois Personnes divines: la vie, la sagesse et l’amour
qui sont méritoires pour le ciel, parce que là seul se trouve notre liberté et
donc notre mérite réel. La grâce sanctifiante n’est pas le mérite mais une
condition nécessaire au mérite. Nous n’avons aucun mérite à la recevoir,
puisque personne ne peut la mériter; elle est un pur don de Dieu. Est-ce qu’un
enfant a du mérite à recevoir la vie? Nous n’en avons pas plus à être engendrés
par Dieu dans l’ordre surnaturel par la réception de la grâce sanctifiante.
Tout chrétien devrait
comprendre l’énorme distance entre un motif naturel et un surnaturel. Ce motif
range mon acte dans l’ordre divin ou humain selon sa qualité. Par conséquent,
n’est-ce pas là que nous pouvons imiter et reproduire l’activité trinitaire?
Pour aimer le Père comme
Jésus l’aime, il faut l’aimer uniquement pour des motifs surnaturels comme
Jésus. Notre amour de Dieu pour des raisons ou des motifs naturels ne vaut
absolument rien pour le ciel. Par conséquent, il faut nous mettre dans l’esprit
la grande importance des différents motifs. Or nos philosophes ne s’en font pas
sur cette question! Pour eux des motifs surnaturels sont simplement meilleurs
que les autres, qui leur suffisent à eux parce qu’ils n’ambitionnent pas une
perfection bien haute: ils semblent satisfaits de l’absence de péché. Mais ils
sont à cent lieues de J.-C. à tous les points de vue. Ils confondent les deux
parties du chrétien dans sa mentalité libre comme dans sa substance physique.
C’est pourquoi ils donnent à Dieu juste le strict nécessaire selon eux et le
reste, ils le gardent dans l’ordre naturel même dans les intentions.
Donc, pour aimer le Père
comme le Verbe l’aime en J.-C., nous devons donc le faire uniquement pour
lui-même ou pour ses propres perfections divines et donc, uniquement pour des
motifs surnaturels absolument. Qu’il n’y ait rien de naturel dans cet amour,
comme pour nos avantages temporels. Nous devons aimer Dieu tout de suite comme
nous le ferons dans le ciel: uniquement pour lui-même. Nous pouvons vouloir
l’aimer pour les avantages éternels de notre âme, très bien quoique les autres
motifs soient plus parfaits. Jésus lui-même nous donne ces motifs de notre
utilité spirituelle dans les béatitudes.
Soyons donc tous
parfaitement tranchés dans nos motifs, même quand il nous faut faire un acte
animal, comme de manger, ou de païen, comme d’étudier, quand même ces actes
doivent se faire dans les deux ordres, c’est-à-dire, qu’on soit païen ou saint,
qu’on n’aille jamais les faire selon l’ordre naturel, mais toujours et
uniquement selon l’ordre surnaturel… dans les motifs. Par conséquent, autant
que possible, pensons-y! Ainsi quand on fait un acte d’amour de Dieu, soyons
sûrs que nous le faisons par un pur motif surnaturel… Il n’y a pas un seul
motif naturel dans la Trinité. Or c’est son activité libre que nous voulons
reproduire en la nôtre. Donc que ce soit réglé une fois pour toutes, en autant
que nous le pouvons, avec la grâce de Dieu, quand nous agissons avec un bon
motif naturel nous ne reproduisons pas l’activité de la Trinité… mais du païen!
Même quand nous sommes en état de grâce. C’est là que nous montrons notre amour
pour Dieu… Ce n’est pas dans l’acte lui-même, mais dans le motif! Donc nos
motifs doivent être tous surnaturels pour faire plaisir à Dieu! Voilà comment
Jésus agissait sous l’influence du Verbe et voilà comment nous devons tous agir
pour être unis à Jésus et par lui à son Père.
GLORIFIER LE PÈRE OU LE
MANIFESTER AU MONDE.
En proportion qu’on le
connaît et qu’on l’aime, il est évident qu’on voudra procurer le même bonheur
aux autres. L’amour est un feu qui se répand vite; on veut embraser les autres
du même feu dont on brûle. Faire connaître le Père pour lui attirer des
louanges et de l’amour est le but de la vie de Jésus, parce que le but de la
vie du Verbe est en lui. Dans notre Père, il nous fait demander que son Nom
soit sanctifié, en bénédiction, c’est donc ce que Jésus faisait lui-même, selon
l’essence du Verbe qui le continue en partie, il veut glorifier son Père.
Saint Paul dit que Dieu a
créé ce monde pour faire connaître l’autre du ciel. Eh bien! Comme Jésus s’est
souvent servi de cette idée pour faire connaître et pour glorifier son Père.
Absolument tout dans la nature lui sert pour faire connaître quelque perfection
du Père. Les qualités de l’eau naturelle font connaître les qualités de la
grâce ou de la vie divine; elle purifie les péchés, étanche la soif des biens
terrestres et donne la soif des biens célestes. Une drachme, une brebis, un
enfant, montrent l’estime que Dieu a de nous. Les ailes d’une poule lui servent
à illustrer la Providence de Dieu. Les trésors terrestres lui font penser aux
trésors célestes, etc… Que de fois il dit: «Le royaume de Dieu est semblable à
telle et telle chose: festin de noces, perle précieuse, banquet, etc.».
Accoutumons-nous donc à imiter Jésus dans cette façon d’agir: voir le divin à
travers tout l’humain et le terrestre!
Le meilleur moyen de
commencer à glorifier Dieu est d’imiter Jésus en remontant des créatures au
Créateur, ou des échantillons aux perfections divines en elles-mêmes. Prenons
vite l’habitude de nous mettre en face de la Trinité par la foi et de la
glorifier de toutes nos forces, comme si déjà nous étions dans le ciel.
Louons-la pour l’amour elle-même; elle le mérite bien assez! Nous sommes
tellement égoïstes, nous pensons tellement à nos propres intérêts sur la terre
que nous le restons même en face de Dieu. Nous ne nous occupons que de ce qui
paye directement; c’est encore nous préférer à Dieu! Nous n’irons pas loin sur
le chemin du ciel avec cette mentalité égoïste!
Que font les élus et les
anges au ciel? Est-ce qu’ils passent leur temps à quémander des faveurs à Dieu?
Non, ils passent leur éternité à louer, à adorer Dieu. Comme Saint Jean raconte
dans ses visions de l’Apocalypse: c’est un immense concert de louanges et de
remerciements qui s’élève de tous les élus à la gloire de Dieu. Commençons donc
tout de suite sur la terre dans la foi et par la grâce de Dieu. Exerçons nous à
notre fonction éternelle du ciel! C’est le conseil que Saint Paul donne aux
chrétiens: chantez des hymnes et des cantiques de louange dans vos cœurs et des
actions de grâces.
N’oublions pas que dans
l’ordre surnaturel, Dieu n’accepte que ce qui vient du cœur: il est l’amour et
il veut de l’amour et n’accepte que ce qui vient de l’amour. Par conséquent
qu’on se défie de ce qu’ils croient méritoire devant Dieu. Pas du tout. Ceux
qui aiment cette admiration toute de tête que tant de nos philosophes ont et le
monde tant soit peu et qui ont des attaches ne sont pas capables de glorifier
Dieu dans l’ordre surnaturel ou par un amour surnaturel, dans la même
proportion qu’ils ont de l’amour pour les créatures.
Nous pouvons glorifier
Dieu non seulement par nos paroles, mais aussi et surtout par nos actions quand
elles sont faites pour l’amour de Dieu et donc pour des motifs surnaturels.
Jésus dit: «Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière brille devant les
hommes, afin qu’ils voient vos œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est
dans les cieux». Jésus disait aux Juifs que ses œuvres rendaient témoignage de
lui, prouvaient que son Père était avec lui. On sait combien les premiers
chrétiens édifiaient les païens par leur bonne conduite et leur charité
fraternelle. On peut donc montrer Dieu aux autres par sa bonne conduite et
c’est là le glorifier devant les hommes. Ces gens iront un jour le glorifier au
ciel devant les anges et les élus. Remarquons que les gens sont édifiés qu’en
autant qu’ils découvrent le divin dans nos intentions. C’est là qu’est notre
liberté et donc c’est là aussi qu’est notre mérite et donc la gloire de Dieu.
On voit dans ce souci de
Jésus de faire ressortir le divin dans ses paroles, dans ses actions et dans
toute sa vie, le souci du Verbe en lui de continuer sa fonction essentielle,
qui est de faire connaître Dieu le Père pour lui attirer des louanges et des
actions de grâces, ce qui constitue la gloire de Dieu.
Eh bien! Du moment qu’on
saisit ainsi la fonction essentielle du Verbe, nous devons la prendre pour
nous-mêmes, absolument, afin de faire une seule chose avec Jésus. Autrement
nous ne sommes pas du tout avec lui, puisqu’il ne s’occupe que de la gloire de
son Père. C’est dans la mesure que nous exerçons cette fonction du Verbe que
nous avons des chances d’aller au ciel avec Jésus qui accomplit lui-même en
tant qu’homme cette fonction de glorifier Dieu.
RÔLE DU VERBE DANS
L’HUMANITÉ DE JÉSUS
LA DIVINISER.
D’abord le Verbe
l’empêche d’être une personne. Au moment où il la crée, il l’assume
immédiatement de sorte qu’elle n’a jamais été indépendante, ce qui est
nécessaire pour être une personne. Il a donc pris la nature humaine toute seule
sans la personne humaine. Car la personne est maîtresse de ses opérations et
c’est à elle qu’on attribue le mérite de ses actions. Mais J.-C. ne voulait pas
deux maîtres en son composé du Verbe et de l’humanité. Il a donc uni son
humanité dans la Personne du Verbe de sorte qu’il n’y a qu’une personne en
J.-C., celle du Verbe et deux natures nature divine et nature humaine.
Cette union de la nature
humaine dans la personne du Verbe fait que toutes ses actions ont un mérite
infini, puisqu’elles appartiennent à une Personne divine et que J.-C. en tant
qu’homme est le Fils de Dieu par nature, tandis que nous ne le sommes que par
adoption.
On a là une idée de ce
que Dieu veut faire avec nous quand il vient s’unir à nous. Il ne veut pas plus
deux maîtres dans ce composé. Or par nature, nous sommes déjà des personnes
quand il s’unit à nous. Eh bien! Pour le satisfaire et imiter son Incarnation,
chacun doit renoncer moralement à sa personnalité. Il doit agir avec Dieu comme
s’il n’était pas une personne, comme son esclave. Il doit prendre toutes ses
directives et tous ses jugements en Dieu seul. On comprend maintenant cette
parole de Jésus: «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce
lui-même!». Cela veut dire: mourir à soi, comme Saint Paul l’explique plusieurs
fois. «Vous êtes morts et votre vie est cachée en Dieu par J.C.». «Ignorez-vous
que nous tous qui avons été baptisés en J.-C., nous avons été baptisés en sa
mort? Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour mourir au
péché, afin que comme J.-C. est ressuscité d’entre les morts pour la gloire de
son Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle!». «Si donc nous
sommes morts avec J.-C., nous croyons que nous vivrons aussi avec J.-C.». 2
Rom. 6.
Donc nous devons mourir à
notre personnalité naturelle pour ne plus vivre qu’en J.-C., qui sera notre
unique Maître de toute notre nouvelle activité surnaturelle. Le païen ne doit
plus exister en nous! Mais uniquement le nouvel homme créé dans le Christ et
donc l’homme surnaturel. Or, pour vivre cela, il faut surnaturaliser absolument
tous nos motifs ou la partie libre de notre activité mentale où se trouve notre
mérite.
Dans J.-C., le Verbe n’a
pas voulu du tout de cette activité naturelle libre de son humanité. Pourtant,
elle aurait été bonne en soi. Mais il la voulait absolument surnaturelle. C’est
donc la même chose qu’il veut de nous. La différence est que nous l’avons par
naissance, mais raison de plus de nous en défaire librement et avec mérite. Peu
importe qu’elle soit bonne en soi, Jésus n’en veut pas!
Quel malheur que nos
philosophes ignorants des voies de Dieu protègent et enseignent cette activité
intentionnelle libre et naturelle parce que bonne en soi! Peu importe, elle
n’est pas du tout surnaturelle! Donc bonne à rien dans un chrétien qui vit la
vie de Jésus. Tous nos motifs doivent être surnaturels comme ceux de Jésus.
Quel dommage que les
prêtres n’aient pas mieux saisi cette grande vérité pour la prêcher aux fidèles
après l’avoir pratiqués eux-mêmes! Les fidèles n’en entendent pas parler. Qui
sait ce que veut dire: se renoncer soi-même? Surtout où sont ceux qui essaient
même de le pratiquer? Même parmi les prêtres et dans les communautés. Chacun
est tout à ses propres intérêts; chacun parle de lui-même et de ce qui le
concerne. Comme ils sont tous chatouilleux sur leur honneur! Comme ils sont
tous susceptibles aux reproches et comme ils critiquent contre tout ce qui les
contrarie tant soit peu. C’est donc qu’ils ne sont pas morts à eux-mêmes, mais
que leur païen est bien vivant! La faute est aux prêtres qui ignorent ce
renoncement à la personnalité morale, puisqu’ils n’en parlent jamais ou trop
peu. Pourtant c’est notre personnalité morale païenne qui est la cause de tous
nos maux et le grand obstacle à tout progrès dans la sainteté.
Puisque le Verbe n’a pas
voulu de la personne humaine dans son incarnation, il n’en veut pas plus en
nous quand il vient pour s’incarner comme dans les membres mystiques de J.-C.
Voilà une Personne de la Trinité qui nous montre bien ce qu’elle pense de notre
moi païen. Si nous voulons que la Trinité vienne en nous faire son séjour,
prenons cette idée tout de suite: c’est une des plus importantes pour notre
union avec elle.
L’erreur de nos
philosophes est de se contenter de notre divinisation par la seule grâce
sanctifiante, dans notre substance. Ils aiment à dire que c’est avec cette
grâce que la Trinité vient habiter en nous: c’est vrai, mais pour agir, il faut
le faire dans la mentalité et là, notre moi païen est le pire obstacle. Il
paralyse absolument toute l’activité de la Trinité dans notre partie libre ou
des intentions et des motifs. Après que le Père nous a donné sa Vie divine, il
veut produire en nous son Fils et cela se fait dans notre intelligence, à
condition qu’elle renonce à sa petite sagesse humaine pour ne suivre que la
sagesse divine du Fils. De même le Saint-Esprit doit être produit par les deux
autres Personnes dans notre volonté ou dans notre cœur. Se contenter donc de la
grâce sanctifiante, c’est aussi insensé et ignorant que de se contenter d’une
seule Personne de la Trinité et négliger les deux autres.
L’Humanité de Jésus n’était
pas une personne, mais elle avait son intelligence et sa volonté. Le Verbe va
les diviniser toutes les deux parfaitement. Comment?
D’abord prenons
l’intelligence de Jésus en tant qu’homme. Par nature, c’est la plus parfaite
que Dieu pouvait créer de sa puissance absolue et donc qui arrive sur les
confins de la divinité de l’infini sans y entrer. Eh bien! A cette intelligence
humaine, le Verbe communique sa sagesse infinie et donc divine qui se substitue
à la sagesse humaine qu’elle aurait par nature de telle sorte que ses lumières
naturelles sont totalement éclipsées par les lumières divines qu’elle reçoit du
Verbe. Elle peut dire comme Saint Paul: «Ce n’est plus moi qui comprend, mais
c’est le Verbe qui comprend en moi. Elle reçoit tous ses jugements du Verbe en
tout, de sorte qu’elle est divinisée aussi parfaitement qu’une créature peut
l’être par la puissance infinie de Dieu, sans devenir infinie elle-même,
puisque créée.
Il en est ainsi de la
volonté ou de l’amour. Avec la vie divine et et la sagesse divine, sa volonté
se porte de tout son poids vers l’amour divin et en reçoit jusqu’à la limite du
fini.
LA SOUTENIR.
On sait qu’avec le péché
et l’humanité à racheter, la sainte Humanité de Jésus devait souffrir
affreusement une douloureuse passion et une mort cruelle sur la croix. Comment
aurait-elle pu endurer pareil martyre sans la force du ciel? C’est le Verbe qui
la soutint dans sa persécution et dans sa passion. Ça n’a pas été sans une
lutte terrible pour cette pauvre nature humaine, comme Jésus l’a montré dans
son agonie à Gethsémani. Il est bon de constater que c’est du divin seul que la
nature humaine a puisé sa force et physique et morale pour accepter son
crucifiement. Ce qu’il dit de nous était vrai pour sa nature humaine: «Sans moi
vous ne pouvez rien!».
Elle a souffert comme
n’importe lequel de nous aurait souffert à sa place, mais elle était soutenue
par le divin du Verbe. N’allons jamais dire comme certains ont osé le dire que
Jésus s’est mis en extase, de sorte qu’il ne sentait pas ses souffrances. C’est
une folie exécrable de dire pareille sottise. Quel modèle pour nous tous qui
devons réellement porter nos croix et souffrir réellement dans un Sauveur qui a
évité la souffrance, qui aurait fait semblant de souffrir seulement! Saint Paul
dit qu’il était pareil à nous en tout, excepté le péché. Donc ses douleurs
étaient comme les nôtres et ses souffrances semblables aux nôtres. Par
conséquent, n’allons jamais dire comme on l’entend parfois: «Ce n’était pas
pénible pour lui de souffrir, puisqu’il était Dieu!». Ce n’était pas la
divinité qui a souffert, mais l’humanité et seulement soutenue par la divinité.
Nous sommes dans le même
cas: si nous souffrons pour l’amour de Dieu, sa grâce nous soutient pour nous
faire endurer la souffrance, pas pour nous l’enlever, C’était la même chose
pour le Verbe dans son humanité. Il n’a pas enlevé la douleur, mais il a donné
la grâce d’endurer, ce qui est signifié par l’ange qui est venu le fortifier
dans son agonie. Est-ce que Saint Paul ne dit pas: «Je puis tout en celui qui
me fortifie!». Nous pouvons donc aussi endurer tous les tourments avec la grâce
de Dieu pour nous soutenir exactement comme pour J.-C.
Comme nous aussi nous
devrons porter notre croix et y être crucifié d’une manière ou d’une autre,
nous devons demander à Dieu le secours de sa grâce pour endurer tout ce que sa
bonté nous destine comme partage du calice de J.-C., afin de partager son
bonheur au ciel. Nous tous, nous aurons notre agonie un jour. Car nous devrions
savoir que Dieu va nous demander des épreuves terribles où nous devrons être
prêts à mourir plutôt que d’offenser Dieu. Alors le pourrons-nous? Tout dépend
des prières que nous faisons d’avance pour obtenir la victoire sur nous-mêmes,
sur le monde et sur les démons. Ce sont des ennemis terribles et sans une
assistance particulière de Dieu, nous ne pourrons pas les vaincre. Que de fois
Jésus a averti ses disciples de prier parce que la tentation s’en venait… et
ils ont dormi! Et ils sont tombés… Ils l’ont abandonné! Bien imprudent donc
celui qui ne prie pas constamment pour résister aux démons qui rôdent autour de
nous, cherchant qui dévorer! Rappelons-nous ce que Jésus disait: «Veillez et
priez, afin de ne pas tomber dans la tentation». Eh bien! Puisque nous serons
fortement tentés et que sans lui nous ne pouvons rien, la conclusion est
claire: il faut demander du secours à Dieu par la prière fervente et
persévérante. La grâce seule peut nous soutenir dans les épreuves: donc
demandons-la!
LA DIRIGER.
En Jésus, il y avait
trois sciences: la vision béatifique, la science infuse et la science acquise.
C’est de cette dernière que l’Ecriture parle quand elle dit que Jésus croissait
en science. Elle se perfectionnait constamment par l’expérience de la vie, comme
celle de n’importe quel homme.
Ces trois sciences
restaient distinctes, mais la plus parfaite aidait celle qui lui était
inférieure. Les deux natures en Jésus ne se confondent pas; chacune garde son
activité propre quoique sous la tutelle de la Personne du Verbe. Eh bien! Le
Verbe dirigeait chacune de ces trois sciences selon le mode propre à chacune.
Est-ce que Dieu ne dirige
pas ma raison dans son ordre en même temps qu’il me dirige par la foi dans
l’ordre surnaturel? Les deux restent distinctes tout en s’aidant l’une l’autre
dans sa sphère propre. Par exemple, la raison, par la vertu, disons, de
prudence, aide à appliquer à notre vie les lumières que la foi nous apporte.
Quand je crois en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie, il faut me
servir de mon bon sens humain pour préparer ma communion ou ma visite au saint
Sacrement ou pour m’entretenir avec Jésus dans l’Hostie consacrée, et ainsi de
suite dans toute la pratique de la religion.
Jésus montre bien qu’il
est dirigé par Dieu quand il dit: «Je ne fais jamais ma volonté, mais toujours
celle de mon Père». Et encore: «Mes actions, mes pensées et mes paroles ne sont
pas de moi, mais de mon Père qui me les donne».
Eh bien! Voilà ce que
tout chrétien qui veut faire une seule chose avec Jésus doit faire. Il doit
aller dans le divin de la foi chercher toutes ses pensées, ses paroles et ses
actes. Il n’est plus son Maître du tout; il n’est que l’esclave de Dieu en lui
et il doit avoir toujours les yeux fixés sur son Maître pour recevoir ses
directives d’en haut et accepter de faire tous les actes que Dieu lui demande.
Voilà ce que serait la
conséquence de se renoncer, de rejeter son moi païen pour que le Verbe le
conduise comme il dirigeait J.-C. Mais comme ils sont rares ceux qui sont morts
à eux-mêmes pour ne plus vivre qu’en Jésus et pour Jésus! Chacun continue de
diriger sa vie exactement comme s’il était sur le chemin des limbes. Quel
malheur! Quelle perte de mérites! Et même peut-être de salut!
Commençons donc tout de
suite notre vie du ciel! Qui va nous diriger là? Sûrement Dieu seul! Eh bien!
Commençons tout de suite dans la foi et avec la grâce de Dieu ce que nous
ferons dans la gloire du Dieu éternel du ciel! Rappelons-nous ce que Saint Paul
dit aux Rom. 8-14: «Ceux-là sont les enfants de Dieu qui se laissent conduire
par l’Esprit de Dieu». Donc ce n’est qu’en proportion qu’on prend en Dieu ses
lumières pour se conduire sur la terre que nous agissons comme des enfants de
Dieu. Ceux qui se conduisent par leur petite raison humaine ne sont donc pas
sur le chemin du ciel. Que de philosophes sont dans ce cas! Et combien de leurs
disciples! Ces gens ont constamment à la bouche des expressions de vrais
païens: «Ça a du bon sens! Ça n’a pas de bon sens! Je le veux! Je ne le veux
pas! etc.». Et ils agissent comme de vrais païens, comme s’ils étaient leurs
vrais maîtres. Donc ils ne sont pas unis à J.-C.; ils vivent sans lui… ils
mourront bien sans lui… et ils seront sans lui éternellement… s’ils ne suivent
pas mieux la foi!
Que le Saint-Esprit les
éclaire et que Marie intercède pour eux!
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