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Mais à quelle condition peut-on conserver la plénitude, la totalité du dépôt ?
Saint Paul n’hésite point à le dire c’est à condition d’éviter les profanes
nouveautés de paroles et les affirmations hostiles d’une science
frauduleusement parée de ce nom : Devitans profanas vocum novitates et
oppositiones falsi nominis scientiae.
Entendez
cette maxime, ô vous, chrétiens téméraires, qui adoptez si promptement les
idées et le language de votre temps, vous qui parlez de concilier la foi, de
concilier l’Eglise, avec l’esprit moderne, avec le droit nouveau. Et vous qui
acceptez avec tant de confiance les visées les plus hasardeuses de ce que notre
siècle appelle si orgueilleusement la science, voyez à quel point vous vous
éloignez du programme tracé par le grand apôtre : Devitans profanas vocum
novitates, et oppositiones falsi nominis scientiae. Mais, prenez garde. Avec
ces témérités, on ne tarde pas à être conduit plus loin qu'on ne pense. En se
plaçant sur cette pente des nouveautés profanes, en obéissant à ces courants de
la prétendue science, plusieurs sont déchus de la foi : Quam quidam
promittentes, circa fidem exciderunt. N'avez-vous pas été souvent
attristés, effrayés, mes vénérables Frères, en entendant le langage de certains
hommes, qui se croient encore enfants de l'Église, qui se persuadent n'être point
sortis du giron de leur mère, n'avoir pas abandonné la croyance de leur baptême,
que dis-je ? d'hommes qui accomplissent même plusieurs des pratiques
chrétiennes, et qui fréquentent la table sainte ? Entendez leurs dires,
recueillez leurs questions, leurs doutes, leurs affirmations, leurs
hésitations, leurs dénégations, et répondez si ces esclaves de la nouveauté, si
ces dupes de la philosophie opposante et de la science séparée, à l'heure où
ils se croient encore debout, ne sont pas déjà à terre, en un mot, si ce ne
sont pas des déserteurs de la foi et des transfuges de l'Église : circa
fidem exciderunt ? Les croyez-vous encore enfants, les croyez-vous membres
de l'Église, ceux qui, s'enveloppant de paroles aussi vagues que celles d'aspirations
modernes, de forces du progrès et de la civilisation, affirment hautement
l'existence d'une « conscience laïque », d'une conscience séculière et
politique, opposée à « la conscience de l'Église », contre laquelle ils
s'attribuent le droit et le devoir de réagir pour la corriger et la redresser ?
Ah ! que de passagers, que de pilotes même qui, se croyant encore dans la
barque, et se jouant avec les nouveautés profanes et la science menteuse de
leur temps, ont déjà sombré et sont dans l'abîme : quam quidam promittentes,
circa fidem exciderunt
XXV novembre MDCCCLXIV
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