samedi 16 avril 2016

Thomas Chapais - Ultramontain - 15 août 1889

ULTRAMONTAIN

15 août 1889

Après avoir reproduit notre entrefilet à l’adresse du Canada relativement au mot ultramontain[i], la Presse publie les lignes suivantes :

« Avec toute la réserve que nous devons à un journaliste distingué comme M. Chapais[ii], nous nous permettrons de lui faire remarquer que le titre d’ultramontain n’est plus aujourd’hui un titre d’honneur pour les catholiques; au contraire, c’est un mot de division et de dispute. Il n’y a plus d’ultramontains et il ne doit plus y en avoir pour l’excellente raison que l’on est catholique même. Autrefois on était catholique gallican contre Rome, c’était une erreur combattue par les ultramontains, c’est-à-dit les français catholiques restés avec l’autorité infaillible de Rome.

Le gallicanisme a reçu son coup de mort par le décret de l’infaillibilité et n’a plus de suivants. Alors pourquoi y aurait-il des ultramontains? »

Avec toute la réserve que nous devons à notre confrère en opposition, M. Nantel, nous nous permettrons de lui faire remarquer que le titre d’ultramontain ayant toujours été employé pour signifier l’attachement et le dévouement le plus absolu aux doctrines romaines et au Saint-Siège, il doit être pour tout catholique un titre d’honneur aujourd’hui autant que jamais.

A l’époque des luttes entre catholiques, auxquelles La Presse fait allusion, on a appliqué l’épithète d’ultramontaine à une illustre école qui a livré de glorieux combats, afin de faire rentrer dans le large courant romain le particularisme français, qui s’en écartait en bien des points. Dom Guéranger, le cardinal Gousset, Mgr Parisis, Mgr Gerbet, Mgr de Salinis, Louis Veuillot, le cardinal Pie, Rohrbacher, et une foule d’autres ont été des ultramontains, c’est-à-dire, des hommes dévoués avant tout aux pures doctrines romaines, et combattant, avec une égale ardeur, le gallicanisme et le libéralisme, sous toutes leurs manifestations.

Dans le passé, dans l’histoire des controverses contemporaines, cette grande école est la nôtre : elle a toujours eu et elle aura toujours notre adhésion, notre admiration et nos plus ardentes sympathies.

Dans le présent, quoique, pour correspondre à un désir légitime d’apaisement et de concorde, on s’étudie – l’Univers en est un bel exemple[iii] – à ne pas perpétuer ces appellations et ces dissensions d’école, ce qui n’empêche pourtant pas les tendances divergentes d’exister et de paraître[iv], dans le présent, disons-nous, les termes ultramontain et gallican sont moins  fréquemment employés. Mais cela n’empêche pas que le premier ne se prenne en bonne part et le second en mauvaise part.

Quant à nous, nous ne laisserons jamais sans protestation M. Michel Vidal, ou M. P.-A.-J. Voyer, de passage au Canada, ou qui que ce soit, bafouer et mépriser le nom d’ultramontain, et nous le revendiquons d’autant plus hautement qu’on l’attaque. Ce n’est pas notre habitude de laisser insulter nos principes sans dire un mot à l’insulteur, et nous ne la contracterons pas dans la circonstance actuelle.



[i] Le Canada s’était servi du mot « ultramontain » comme d’un terme outrageant. Le Courrier du Canada lui avait fait observer que c’était plutôt un titre d’honneur.

[ii] Cet article qui est de Sir Thomas Chapais, est de la bonne école, par contre ce qui nous désappointe de Sir Chapais est son appartenance au régime démo ( n ) crate, il a été durant plusieurs dizaines d’années dans le Parti Conservateur du Canada.  La restauration sociale ne fera pas avec le suffrage universel mais par Dieu seul.

[iii] Louis Veuillot mort depuis quelques années, son journal L’Univers a malheureusement été vers l’école libérale.

[iv] Pour notre époque actuelle les termes sont plutôt Catholique semper idem (et non sédévacantiste) ou lefebvriste. Pour les premiers ultramontains et pour les autres gallicans. Dans un avenir rapproché nous expliquerons notre point de vue.

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