ULTRAMONTAIN
15
août 1889
Après
avoir reproduit notre entrefilet à l’adresse du Canada relativement au mot ultramontain[i], la Presse publie les lignes suivantes :
«
Avec toute la réserve que nous devons à un journaliste distingué comme M.
Chapais[ii],
nous nous permettrons de lui faire remarquer que le titre d’ultramontain n’est
plus aujourd’hui un titre d’honneur pour les catholiques; au contraire, c’est
un mot de division et de dispute. Il n’y a plus d’ultramontains et il ne doit
plus y en avoir pour l’excellente raison que l’on est catholique même.
Autrefois on était catholique gallican contre Rome, c’était une erreur
combattue par les ultramontains, c’est-à-dit les français catholiques restés
avec l’autorité infaillible de Rome.
Le
gallicanisme a reçu son coup de mort par le décret de l’infaillibilité et n’a
plus de suivants. Alors pourquoi y aurait-il des ultramontains? »
Avec
toute la réserve que nous devons à notre confrère en opposition, M. Nantel,
nous nous permettrons de lui faire remarquer que le titre d’ultramontain ayant toujours été employé
pour signifier l’attachement et le dévouement le plus absolu aux doctrines romaines
et au Saint-Siège, il doit être pour tout catholique un titre d’honneur aujourd’hui
autant que jamais.
A
l’époque des luttes entre catholiques, auxquelles La Presse fait allusion, on a appliqué l’épithète d’ultramontaine à
une illustre école qui a livré de glorieux combats, afin de faire rentrer dans
le large courant romain le particularisme français, qui s’en écartait en bien
des points. Dom Guéranger, le cardinal Gousset, Mgr Parisis, Mgr Gerbet, Mgr de
Salinis, Louis Veuillot, le cardinal Pie, Rohrbacher, et une foule d’autres ont
été des ultramontains, c’est-à-dire, des hommes dévoués avant tout aux pures doctrines
romaines, et combattant, avec une égale ardeur, le gallicanisme et le
libéralisme, sous toutes leurs manifestations.
Dans
le passé, dans l’histoire des controverses contemporaines, cette grande école
est la nôtre : elle a toujours eu et elle aura toujours notre adhésion,
notre admiration et nos plus ardentes sympathies.
Dans
le présent, quoique, pour correspondre à un désir légitime d’apaisement et de
concorde, on s’étudie – l’Univers en
est un bel exemple[iii] – à ne pas perpétuer ces
appellations et ces dissensions d’école, ce qui n’empêche pourtant pas les
tendances divergentes d’exister et de paraître[iv],
dans le présent, disons-nous, les termes ultramontain
et gallican sont moins fréquemment employés. Mais cela n’empêche pas
que le premier ne se prenne en bonne part et le second en mauvaise part.
Quant
à nous, nous ne laisserons jamais sans protestation M. Michel Vidal, ou M.
P.-A.-J. Voyer, de passage au Canada,
ou qui que ce soit, bafouer et mépriser le nom d’ultramontain, et nous le
revendiquons d’autant plus hautement qu’on l’attaque. Ce n’est pas notre
habitude de laisser insulter nos principes sans dire un mot à l’insulteur, et
nous ne la contracterons pas dans la circonstance actuelle.
[i] Le Canada s’était servi du mot « ultramontain »
comme d’un terme outrageant. Le Courrier
du Canada lui avait fait observer que c’était plutôt un titre d’honneur.
[ii]
Cet article qui est de Sir Thomas Chapais, est de la bonne école, par contre ce
qui nous désappointe de Sir Chapais est son appartenance au régime démo ( n )
crate, il a été durant plusieurs dizaines d’années dans le Parti Conservateur
du Canada. La restauration sociale ne
fera pas avec le suffrage universel mais par Dieu seul.
[iii] Louis
Veuillot mort depuis quelques années, son journal L’Univers a malheureusement été
vers l’école libérale.
[iv] Pour
notre époque actuelle les termes sont plutôt Catholique semper idem (et non
sédévacantiste) ou lefebvriste. Pour les premiers ultramontains et pour les
autres gallicans. Dans un avenir rapproché nous expliquerons notre point de
vue.
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