24
août 1889
Notre
confrère de la Presse revient à la
charge à propos du mot ultramontain.
Vidons
pour tout de bon l’incident. Et d’abord établissons nettement la position.
Le
Canada publie un entrefilet où il est
dit que l’épithète ultramontain constitue un affront pour celui à qui on l’applique.
Nous
faisons observer que cette qualification, loin d’être une injure doit être
considérée comme un terme d’honneur, puisqu’elle
« signifie union intime et absolue avec le siège de Rome. Il n’est pas un bon
catholique ajoutions-nous, qui ne doive être ultramontain. »
Là-dessus,
notre confrère de la Presse
intervient pour nous redresser et nous éclairer. Il affirme qu’il n’y a plus d’ultramontains,
qu’il ne doit plus y en avoir, et que maintenant « ce titre n’est plus un titre
d’honneur pour les catholiques. »
Nous
insistons, nous maintenons notre position, nous prouvons que, dans l’histoire
religieuse contemporaine, ce qu’on a appelé l’ultramontanisme a joué un grand
et glorieux rôle.
Peine
inutile, notre confrère ne veut pas en avoir le démenti, et nous adresse des
objurgations comme celles-ci :
«
Nous demandons mille pardons à notre confrère, mais être catholique tout court,
voilà le titre d’honneur auquel toutes les épithètes du monde de ne sauraient
rien ajouter.
Croire ce que croit et enseigne la
saint Eglise catholique, apostolique et romaine, cela suffit pour être du plus pur catholicisme.
Nous
ne voyons pas pourquoi M. Chapais qualifierait son catholicisme autrement que
le nôtre, si nous avons absolument la même foi. »
Notre
confrère nous permettra de lui dire qu’il déplace la question. Nous ne
qualifions pas notre catholicisme autrement que le sien. Nous tenons que tout
enfant de l’Eglise doit être satisfait de s’appeler catholique, tout court.
Mais notre confrère n’ignore pas sans doute que, dans l’application des
principes et des doctrines catholiques aux temps et aux lieux, il peut se
produire et il se produit des vues divergentes. C’est un fait historique
indéniable. Or, dans une certaine période de notre siècle, ces vues divergentes
se sont manifestées, spécialement en France, avec une grande vivacité, sous les
noms de libéralisme-catholique, d’un côté, et d’ultramontanisme, de l’autre. Le
Syllabus et le Concile du Vatican ont fait triompher l’ultramontanisme, c’est
connu, et depuis ce temps tout bon catholique doit être ultramontain. Notre
confrère comprend-il que nous ayons été indigné de voir le Canada se servir de ce mot comme d’un terme injurieux?
Si
le directeur de la Presse n’admet pas
la justesse de la démonstration et des définitions que nous venons de faire,
nous pouvons lui fournir des autorités qui le satisferont peut-être davantage.
Il connait sans doute Konings, le grand docteur, le grand auteur de théologie
morale, fameux dans les écoles, dont les traités sont enseignés dans presque
toute l’Amérique Septentrionale, et ont été récemment substitués à ceux de Gury
par Son Eminence le Cardinal Taschereau dans ses grands séminaires. Voici ce qu’enseigne
ce savant théologien :
«
Graviter quis peccat contra fidem… interrogatus utrum sit Romanista aut
Papista, responderet se non esse… Idem hodie post Syllabum et Decreta Concilii
Vaticani dicendum videtur, si quis negaret se esse Ultramontanum.
Il
pècherait gravement contre la foi celui qui, interrogé s’il est Romaniste ou
Papiste, répondrait qu’il ne l’est pas. Aujourd’hui, après le Syllabus et les
Décrets du Concile du Vatican, il nous parait qu’on doit en dire autant de
celui qui nierait qu’ils est Ultramontain. Konings : Theol. Moral.
S. Alphonsi compendium Tractatus de virtut : Cap. I, de Fide, art. I, Nos 254 et 251).
Voilà
qui est péremptoire et positif. Voilà ce qui est enseigné dans nos grands
séminaires. Il nous semble que notre manière de voir est désormais suffisamment
étayée pour résister aux impertinences du Canada,
et aux observations critiques de notre confrère de la Presse.
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