mardi 26 décembre 2017

Sur l'amour des ennemis pour la fête de saint Etienne

Ce précepte si difficile à pratique, le Saint, dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire, l’a accompli à la lettre. Saint Etienne, pour prix de son zèle et de sa charité envers les Juifs, en fut assailli d’une grêle de pierres; et que faisait-il pendant qu’on le lapidait? Il ne fit paraître  aucun ressentiment contre ceux qui le traitaient si cruellement; au contraire, s’étant mis à genoux, il s’écria à haute voix : Seigneur, ne leur imputez pas ce péché. (Act. VII, 59.)

L’amour des ennemis, le pardon des injures, voilà une des plus importantes obligations des chrétiens. Nous devons aimer nos ennemis et leur pardonner, parce que Jésus-Christ nous l’ordonne, parce que notre pardon est attaché au pardon que nous leur accorderons.

Rendre le mal pour le mal, tirer vengeance d’une injure reçue, voilà ce que prescrit le monde : et moi, dit Jésus-Christ, qui suis votre maître et votre Dieu, je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous font du mal ( Mat. V. 44.).

Au troisième siècle de l’Eglise, le préfet Vénustien, ayant ordonné inutilement à l’évêque Sabin de renoncer à la foi, lui fit couper les deux mains. Quelque temps après, Dieu punit cet impie; Vénustien devint presque aveugle. En vain la médecine emploie-t-elle tous les secrets de son art pour guérir le malade, ses efforts sont inutiles. Au défaut de toute autre ressource, on lui conseille de s’adresser à l’évêque Sabin. Mais, dit-il, comment pourrais-je espérer un si grand service d’un homme que j’ai traité avec de tant de cruauté? Ah! Lui répond-on, vous ne connaissez pas les chrétiens, ils ne savent se venger du mal qu’on leur a fait, qu’en comblant de biens ceux qui en ont été les auteurs.

Le préfet envoie chercher l’évêque : celui-ci met les deux bouts de ses bras mutilés sur les yeux de Vénustien, qui recouvrant tout à la fois la vue du corps et celle de l’âme, renonce au paganisme avec toute sa famille, et devient, d’un précurseur qu’il était, un fervent chrétien et un martyr.

Ah! chrétiens, quelle consolation, quel doux témoignage à la mort pour un cœur généreux Nous le voyons dans la personne de saint Etienne, comme il pardonnait à ses bourreaux, les cieux s’ouvrirent sur sa tête, Jésus-Christ se fit voir à lui, assis à la droite de son Père, qui lui préparait la couronne de gloire. Dans ce délicieux transport, il rendit le dernier soupir, et alla puiser dans le sein de Dieu même la récompense de sa charité.


Glorieux saint! obtenez-nous la même charité, afin que nous ayons la même récompense; que nous pardonnions sincèrement toutes les offenses qu’on nous a faites, afin que Dieu nous ayant aussi pardonné nos péchés, nous le possédions dans l’éternité bienheureuse. Ainsi soit-il

Abbé Parel - La voix du Bon Pasteur Tome II, pp.9-10

lundi 25 décembre 2017

Naissance de Jésus-Christ



III. — Naissance de Jésus-Christ.

Dom GUÉRANGER. - « Et comme ils étaient là, il arriva que les jours de l'enfantement furent accomplis. Et Marte mit au monde son Fils Premier-Né ; Elle L'enveloppa de langes et Le coucha dans une crèche. » 6, 7. A l'heure de minuit la Vierge a senti que le moment suprême est arrivé. Son cœur maternel est tout à coup inondé de délices inconnus ; il se fond dans l'extase de l'amour. Soudain, franchissant par sa Toute-Puissance les barrières du sein maternel, comme Il pénétrera un jour la pierre du Sépulcre, le Fils de Dieu, Fils de Marie, apparaît étendu sur le sol, sous les yeux de sa Mère, vers Laquelle Il tend ses bras. Le rayon du soleil ne franchit pas avec plus de vitesse le pur cristal qui ne saurait l'arrêter. La Vierge-Mère adore cet Enfant Divin qui lui sourit; Elle ose le presser contre son cœur ; Elle L'enveloppe des langes qu'Elle Lui a préparés ; Elle Le couche dans la crèche.

« Le fidèle Joseph adore avec Elle ; les saints Anges, selon la prophétie de David, rendent leurs profonds hommages à leur Créateur, dans ce moment de son entrée sur cette terre. Le Ciel est ouvert au-dessus de l'étable, et les premiers vœux du Dieu Nouveau-Né montent vers le Père des siècles ; ses premiers cris, ses doux vagissements arrivent à l'oreille du Dieu offensé, et préparent déjà le salut du monde. » Année liturgique, Le saint jour de Noël.

S. AUGUSTIN. - « Le Tout-Puissant prend naissance, et sa Mère n'exhale aucun gémissement. Elle enfante, son Fils paraît à la lumière et sa Virginité ne souffre aucune atteinte. Du moment que c'est un Dieu qui naît, il fallait que la chasteté de la Mère reçut un nouvel éclat, et Celui qui était venu pour guérir toutes les souillures ne pouvait porter atteinte à la parfaite intégrité de sa Mère Marie dépouillée de son précieux fardeau, se tient là, debout et se reconnaît Mère, avant de s'être connue Epouse. Elle adore la Divinité de son Fils et tressaille de joie d'avoir enfanté par le Saint-Esprit ; Elle ne frémit pas d'avoir enfanté en dehors du mariage, mais Elle-se réjouit d'avoir donné naissance à un Dieu. L'Enfant, à sa Naissance, est déposé dans une crèche ; ce sont là les premières bandelettes d'un Dieu, le Roi du Ciel ne dédaigne pas ces entraves, après avoir trouvé bon d'habiter dans un sein virginal. » Sermons pour le propre du temps, 10e sermon, La Naissance de Jésus-Christ.

VÉN. BÉDÉ. Celui qui revêt le monde de sa riche parure est enveloppé de pauvres langes, afin que nous puissions recouvrer notre robe première ; Celui qui a tout fait a les pieds et les mains dans des entraves, afin que nos mains soient agiles pour les bonnes œuvres, et que nos pieds se dirigent dans la voie de la paix. » Hom. in Evang. Luc, II.

S. GRÉGOIRE DE NYSSE. — « Apparaissant comme un homme, Il n'est point soumis en tout aux lois de la nature humaine ; en effet, ce qui naît de la femme tient de l'humanité, tandis que la virginité qui Lui donne naissance montre qu'Il est au-dessus de l'homme. Ainsi sa Mère Le porte avec joie, son origine est immaculée, son enfantement facile, sa Naissance sans souillure ; il ne commence point par les déchirements, il ne sort point des douleurs. Celle qui par sa faute a attaché la mort à notre nature ayant été condamnée à enfanter dans les douleurs, la Mère de la Vie devait enfanter avec joie. Il entre par la pureté Virginale dans la vie des mortels au moment où les ténèbres commencent à diminuer et où l'intensité de la nuit est dissipée par l'exubérance de la lumière. La mort était le terme de la gravité du péché, maintenant elle va être anéantie par la présence de la Lumière véritable qui a éclairé tout l'univers de l'éclat de l'Evangile. » In Cat. grœc. Patr.

IV. -- Premiers actes que fit Marie après la Naissance de son Fils.

MGR. GAY. — « Qu'a fait Marie dans ce premier moment où Jésus, éclos de son sein, s'est pour la première fois trouvé vis-à-vis d'Elle ? Ce qu'Elle a fait, sans nul doute, c'est ce que le Saint-Esprit lui a inspiré de faire ; car si cet Esprit la possédait toujours au point de régir souverainement et constamment ses actes, que dut-il en être à l'heure de ce divin enfantement ? Jamais peut-être Dieu ne L’avait si complètement envahie ; Elle n'était que sa forme très pure et son organe docile. On devine d'ailleurs que ces premiers actes de la Sainte Vierge à l'égard de l'Enfant Jésus ont une importance capitale ; qu'ils sont ici comme autant de premiers principes, et que leur beauté, leur bonté, leur valeur morale dépasse tout ce que l'on en peut dire et penser.
1. « Avant tout nous croyons que Marie adora extérieurement Jésus. Aucune perfection, aucun titre ne manquaient à cet amour qu'Elle avait pour son Fils ; mais par-dessus tout, cet amour était une religion. La foi l'éclairait et en déterminait la nature et le caractère. Avant d'être son Fils, Jésus était son Dieu; avant d'être sa Mère, Elle était sa créature, sa sujette, sa servante. Si haut que pussent monter la liberté et l'ardeur de sa tendresse, cette tendresse restait appuyée sur son humilité et comme saturée de respect. Marie a dû dire à Jésus toutes les paroles enflammées du Cantique ; mais comme les fleurs si brillantes, si délicates et si parfumées, prennent appui sur ces branches ternes et solides qui les produisent, de même toute cette suave floraison de paroles saintement passionnées avait pour base et pour racine en cette Vierge, la conviction immuable signifiée par ces mots « Voici la servante du Seigneur

« Elle a donc adoré son Dieu paraissant dans la chair ; Elle L'a adoré en son nom propre ; Elle L'a adoré au nom de la création entière : Dieu seul a pu mesurer la profondeur et la sublimité de cette première adoration. Unie à celle que la très sainte Âme de Jésus rendait simultanément à son Père et l'imitant d'aussi près que possible, cette adoration de Marie réparait les déshonneurs sans nombre que les faux cultes, les idolâtries et les impiétés de tout le Genre humain avaient, depuis quatre mille ans, infligés à la Divinité et lui devaient infliger jusqu'à la fin des siècles.

2. « Après que Marie eut adoré Dieu dans cet Enfant, Elle Le regarda. On ne peut penser à ce regard sans éprouver un impérieux besoin de s'agenouiller et de se taire. Marie regardant Jésus pour la première fois I Ah t I quelle révérence t quelle piété, quelle simplicité, quelle tranquillité, quelle candeur, quelle pénétration, quel amour ! Ce regard devait ressembler beaucoup à une caresse ; il devait faire l'impression d'une onction. Il s'y écoula sans doute quelque chose du regard ineffable de Dieu sur sa Création après qu'Il l’eut achevée, et que, y trouvant « toutes choses très bonnes », Il s'y complut amoureusement. Ce regard de la Vierge traduisait encore toutes sortes d'admirations humbles et de transports paisibles, selon qu'il est naturel à l'âme d'en ressentir, quand, étant sainte, elle est divinement émue. Depuis le commencement du monde nul n'avait regardé Dieu ainsi. Jésus en fut touché jusqu'au fond des entrailles. C'est de quoi il dit dans le Cantique : « Tu as blessé mon cœur,ô ma sœur, qui es aussi mon Epouse ; tu as blessé et ravi mon cœur par tunique regard de tes yeux. » Cant., IV, 9.

3. « Enfin, qui pourrait en douter ? Marie baisa Jésus. Il me semble qu'Elle alla chercher ce baiser, non pas' seulement au plus intime d'Elle-même, mais au-delà, dans ce Cœur même de Dieu dont le sien était devenu le sanctuaire. Il me semble que, sans y dépenser plus d'un instant, Elle le prépara, comme le parfumeur prépare un baume exquis où il a résolu de faire entrer toutes les essences. Ce premier baiser dut être comme la récolte toute ramassée de son jardin intérieur. Toutes ses puissances y contribuèrent, toutes ses grâces s'y concertèrent et, pour ainsi parler, s'y surpassèrent. Ce baiser était leur fruit. Rien de si solennel, ni de si doux ne s'était encore extérieurement passé depuis l'origine des choses.... La créature collait immédiatement ses lèvres à cette sainte Face de Dieu dont l'éclat fait trembler les Anges. Jésus ne serait descendu ici-bas que pour y recevoir ce baiser que sa Création lui donnait par les lèvres immaculées et brûlantes de sa Mère, Il eût tiré une joie immense de son Incarnation et se fût applaudi de l'avoir décrétée.

 4. Après avoir rendu ses devoirs au Dieu qu'Elle venait d'enfanter, Marie avait à son égard une charge à remplir. Elle devait commencer, et commencer incontinent, le doux et sacré ministère de sa Maternité. Elle avait besoin pour cela de lumières très particulières.

Dieu s'était réservé d'être l'unique Précepteur de la Vierge. Il L'avait fécondée par son Saint-Esprit ce fut par le même Esprit qu'II Lui apprit intérieurement ce qu'il était séant qu'Elle connût touchant les suites pratiques de cette fécondité. En effet, il ne s'agissait pas seulement pour Marie d'être Mère ; Elle allait être la Mère de Dieu. Or, ce que doit faire une telle Mère, ni homme, ni Ange ne le savait. Cela ne s'était jamais vu nulle part. Le secret en était caché au plus profond de la science divine et comme au centre de l'amour infini. Dieu seul pouvait dès lors le révéler à une créature ; comme aussi il n'appartenait qu'à Lui d'élever cette créature au niveau d'une si sublime tâche.

« Dieu le fit avec sa Sagesse et sa Magnificence accoutumées. Aussi, quand le moment fut venu de commencer les œuvres de cette fonction inouïe, Marie n'eut pas l'ombre d'une hésitation, ni d'un embarras. Elle vit qu'encore bien que son Enfant fût la Vie en personne, et que, comme Il soutient par sa Vertu tout cc qu'Il crée par sa Parole, Il pût de même, s'Il le voulait, soutenir, sans appui humain, cette vie terrestre qu'Il lui avait empruntée, cependant il se rangeait à la commune condition des enfants de la terre, et ne s'exemptait d'aucune des servitudes auxquelles leur fragile existence est soumise. Elle comprit donc qu'Elle Le devait allaiter ; que, posé l'ordre de Dieu, c'était pour son cher Nouveau-Né une nécessité véritable que si Elle n'y pourvoyait pas, Jésus aurait faim, souffrirait, gémirait. Elle trouva adorable que les choses fussent ainsi réglées, puis, au dedans et au dehors, avec la même simplicité que son Divin Enfant, Elle entra dans cet ordre. La candeur qu'eut Jésus en prenant le sein de Marie, Marie l'eut dans son cœur en donnant son sein à Jésus.

« Ce sein, que Dieu seul et ses Anges avaient vu, Elle le découvrit donc à Jésus, comme la rose, qui s'épanouit, se découvre au soleil levant et sous son influence. Ce fut quelque chose de tranquille et de suave comme la première apparition du jour à l'horizon. Une Vierge voilant son visage ne sera jamais aussi chaste que cette Vierge dévoilant son sein. Elle était plus qu'un lis au dehors et au dedans ; Elle était un champ de lis, ce champ dont il est dit que l'Epoux, qui est l'Agneau de Dieu, « y a ses pâturages.» Et en effet cet Agneau béni allait boire le lait merveilleux dont cette virginale mamelle était pleine.

« Le lait de Marie fut comme la quintessence de tout ce qu'il y a de doux et de bienfaisant dans le monde des corps...Ce fut comme l'Eucharistie humaine de Jésus. » Elévalions sur la Vie et la Doctrine de N.-S. 15e et 16e Elév.


Le mystère de Jésus-Christ, Extraits de la Sainte Écriture, des écrits des Saints Pères et des meilleurs Auteurs Ecclésiastiques

dimanche 24 décembre 2017

Vigile de Noël


I. — Edit de César Auguste

S. ALPHONSE DE LIGUORI.   « Dieu avait décrété que son Divin Fils ne viendrait pas au monde dans la maison de Joseph, niais dans une grotte, dans une étable, demeure des animaux, de la manière la plus pauvre et la plus pénible, dont puisse naître un enfant. C'est pour cela qu'Il disposa César à publier le fameux édit qui obligeait tous ses sujets à aller chacun s'inscrire dans le propre lieu de sa naissance. » Méditations pour la neuvaine de Noël, 9e Médit.

VÉN. BÈDE. — « De même que le Fils de Dieu venant dans sa Chair naquit d'une Vierge pour montrer que l'éclat de la virginité Lui était très agréable, de même, en venant au monde dans un temps de paix, Il enseigne à chercher la paix en daignant visiter ceux qui aiment la paix. Il ne pouvait y avoir de plus grand signe de paix que ce dénombrement de tout l'univers sous l'Empereur Auguste, qï5, vers le temps de la Naissance du Sauveur, régna pendant douze ans d'une paix si profonde que, toutes les guerres étant apaisées, il parut vérifier à la lettre l'oracle du Prophète Isaïe : « Ils feront de leurs glaives des charrues, et des faux de leurs lances ; aucune Nation ne tirera le glaive et ne s'exercera plus au combat. »

« Or, il arriva qu'en ces jours il parut un édit de César Auguste, pour le dénombrement des habitants de toute la terre. » Luc, II, 1. Le Christ naquit lorsqu'il n'y eut plus de Prince Juif et que l'Empire fut transporté aux Princes Romains. Ainsi s'accomplit la prophétie qui annonçait que le sceptre ne sortirait point de Juda ni le Chef de sa race; jusqu'à ce que viendrait Celui qui devait être envoyé. Donc, la quarante-deuxième année de son règne, César Auguste publia un édit de faire « le dénombrement de tout l'univers, » pour payer le tribut ; César confia ce dénombrement à Cyrinus, qu'il établit gouverneur de Judée et de Syrie ; « ce premier dénombrement fut fait par Cyrinus, gouverneur de Syrie. » 2. Il veut dire que ce dénombrement fut le premier qui comprit tout l'univers, car on lit que plusieurs parties de la terre ont été souvent dénombrées ; ou bien, qu'il commença lorsque Cyrinus fut envoyé en Syrie.

« C'est par une disposition céleste que l'inscription du cens fut faite de manière qu'on ordonnait à chacun d'aller dans son pays : « Et tous allaient se faire inscrire, chacun en sa ville. » 3. Ce qui arriva afin que le Seigneur, conçu dans un lieu et né dans un autre, échappât à la fureur de l'astucieux Hérode. » Hom. in Evang. Luc, II.

S. GRÉGOIRE. — « Joseph aussi monta de Nazareth, ville de Galilée, et vint en Judée dans la cité de David, qui est appelée Bethléem, parce qu'il était de la Maison et de la Famille de David. » 4. Il ajoute la cité de David, pour annoncer que la promesse faite à David, que le Roi perpétuel sortirait de sa race, est maintenant accomplie. Par là même que Joseph était de la Famille de David, l'Evangéliste a voulu dire que la Vierge était aussi Elle-même de la Famille de David, puisque la Loi divine ordonnait que les unions conjugales fussent contractées dans la même famille.

« Pour être inscrit avec Marie, son Epouse, qui était enceinte. » 5. Il dit son épouse insinuant qu'ils n'étaient que fiancés au moment de la conception ; car la Sainte  Vierge n'a point conçu avec la coopération d'un homme.

« Mystiquement, le dénombrement du monde se fait pour le Seigneur qui va naître ; car Il apparaissait dans la chair pour instruire ses élus dans l'éternité. » In homil. 8, in Evang.

VEN. BÈDE. « De même que sous l'Empire d'Auguste et le gouvernement de Cyrinus, chacun allait dans sa ville se déclarer pour le cens, de même, sous l'Empire du Christ par les Docteurs, Gouverneurs de l’Église, nous devons nous déclarer pour le cens de la justice.

« Notre ville et notre patrie sont le repos bienheureux vers lequel nous devons marcher chaque jour par l'accroissement des vertus. Chaque jour la sainte Eglise, entourée de ses Docteurs, quittant le tour- .billon de la conversation mondaine, monte à la ville de Juda, c'est-à-dire de la confession de la louange, pour payer au Roi éternel le tribut de sa dévotion Vierge, elle nous a conçus dans l'Esprit à l'exemple de la Bienheureuse Vierge Marie ; Epouse d'un autre, elle est fécondée par Lui ; unie au Pontife son Chef, elle est comblée de l'invisible vertu de l'Esprit ; son nom lui-même nous montre que le zèle du Maître qui parle ne sert de rien, à moins que, pour l'entendre, elle n'ait reçu l'assistance de la grâce céleste. » Hom. in Evang. Luc, II.

II — Voyage de Marie et de Joseph ; leur arrivée à Bethléem.

LUDOLPHE LE CHARTREUX. — « Or, le terme de la grossesse de Marie approchait ; Joseph partit comme les autres. De Nazareth à Jérusalem il y a trente-cinq milles ; et de Jérusalem à Bethléem, cinq milles environ. Et Cependant Marie ne se ressentait pas de cette longue route, parce que, dit saint Augustin, l'Enfant qu'Elle avait dans son sein n'appesantissait pas son corps ; bien qu'enceinte, Elle était toujours Vierge, et recevait de la Lumière par excellence qu'Elle portait dans ses entrailles, cette beauté, cette légèreté qui La faisait voler de Provinces en Provinces. Arrivée à Bethléem, comme ils étaient pauvres, et que l'affluence était très considérable, ils ne purent trouver de place à l'hôtellerie. » La grande Vie de Jésus-Christ, ch. IX.

MGR. GAY. — « Que dans les jours où son enfantement devenait proche, Marie se vît obligée de quitter Nazareth pour se rendre à Bethléem, ce ne fut sans doute ni une surprise pour son esprit, ni un souci pénible pour son cœur. Outre que son invincible confiance en la sainte Providence et son parfait abandon à tous les bons plaisirs de Dieu eussent toujours empêché le trouble d'effleurer même son âme, Elle savait par les Prophètes où devait naître ce Messie qu'Elle portait dans son sein. Si les Prêtres de Jérusalem, interrogés bientôt par Hérode, allaient répondre sans hésiter que Bethléem de Juda était le lieu divinement marqué pour cette Naissance bénie, combien plus la Mère du Sauveur en avait-Elle une connaissance explicite et certaine ! Mais que, arrivé à Bethléem, on trouvât toutes les maisons pleines, et que, par le fait de la nécessite ou du mauvais vouloir, il n'y eût point de gîte possible pour les Saints Voyageurs, ce dut être vraisemblablement une épreuve très sensible à la foi et à la tendresse de Marie : à sa foi, car c'était une contradiction apparente à la lettre de la prophétie ; à sa tendresse, parce que, s'il y a dans le cœur des mères un sentiment vif et impérieux, c'est bien le désir d'assurer à l'enfant qu'elles attendent un accueil doux, facile et convenable.
« Joseph fut certainement encore plus peiné qu'Elle; d'autant que c'était à lui qu'incombait la douce charge d'être la Providence visible de son Epouse et de lui procurer un abri. Il finit par en trouver un, hors de la ville, dans une grotte ouverte qui servait, durant la nuit, d'étable publique aux animaux. » Élévations sur la Vie et la Doctrine de N.-S. J.-C. 14e Elév.

DOM GUÉRANGER. — « Approchons-nous avec un saint respect, et contemplons l'humble asile que le Fils de l'Eternel descendu du Ciel a choisi pour sa première résidence. Cette étable, creusée dans le roc est située hors la ville ; Elle a environ quarante pieds de longueur sur douze de largeur. Le bœuf et l'âne annoncés par le Prophète sont là près de la Crèche, muets témoins du divin Mystère que la demeure de l'homme a refusé d'abriter.

« Joseph et Marie sont descendus dans cette humble retraite ; le silence et la nuit les environnent mais leur cœur s'épanche en louanges et en adorations envers le Dieu qui daigne réparer si complétement l'orgueil de l'homme. La très pure Marie dispose les langes qui doivent enveloppez les membres du Céleste Enfant, et attend avec une ineffable patience l'instant où ses yeux verront enfin le Fruit béni de ses chastes entrailles, où Elle pourra Le couvrir de ses baisers et de ses caresses, L'allaiter de son lait virginal.

« Cependant, le Divin Sauveur, près de franchir la barrière du sein maternel, et de faire son entrée visible en ce monde de péché, s'incline devant son Père Céleste, et, suivant la Révélation du Psalmiste expliquée par le grand Apôtre dans l'Epître aux Hébreux, Il dit : « O mon Père ! vous ne voulez plus des hosties grossières que l'on vous offre selon la Loi ; ces oblations vaines n'ont point apaisé votre Justice ; mais vous m'avez donné un Corps ; me voici, je viens m'offrir; je viens accomplir votre Volonté. » Hébr., x, 7. Année liturgique, Le saint Jour de Noël.

S. BERNARD  « Demandez-vous quel est Celui qui vient, pourquoi Il vient, quand Il vient et par où Il vient. C'est là une curiosité louable et salutaire. En premier lieu, considérez avec le même étonnement et la même admiration que l'Apôtre, quel est Celui qui vient. C'est, dit l'Ange Gabriel, le Fils même du Très- Haut, Très-Haut Lui-même par conséquent. Car on ne saurait sans crime penser que Dieu a un Fils dégénéré ; il faut donc Le proclamer l'Egal de son Père en grandeur et en dignité. Qui ne sait en effet, que les enfants des Princes sont eux-mêmes Princes et que les fils de Rois sont Rois ?
« Vous venez d'entendre, mes frères, quel est Celui qui vient, écoutez maintenant d'où et où Il vient. Or, Il vient du sein de son Père dans celui d'une Vierge-Mère ; Il vient du haut des cieux dans ces basses régions de la terre Il est descendu non seulement sur la terre, mais encore jusque dans les enfers, non comme un coupable chargé de liens, mais libre au milieu des morts, comme la lumière qui descend dans les ténèbres, mais que les ténèbres n'ont point comprise…

« Quand nous nous Sommes demandé quel est Celui qui vient, nous avons trouvé que c'est un Hôte d'une grande et ineffable Majesté ; et, lorsque nous avons recherché d'où il vient, il s'est trouvé que nous avons vu se dérouler à nos yeux une route d'une longueur immense, selon ce qu'avait dit le Prophète sous l'inspiration de l'Esprit : « Voilà la Majesté du Seigneur qui vient de loin. » Is., XXX, 27. Enfin à cette question: Où vient-il ? nous avons reconnu l'honneur inestimable et presque incompréhensible qu'Il daigne nous faire en descendant de si haut dans l'horrible séjour de notre prison.

« Le motif qui a déterminé le Verbe à descendre de si loin dans un séjour si peu digne de Lui, est tout à fait grand, car ce n'est rien moins qu'une grande miséricorde, une grande compassion et une immense charité. En effet, pourquoi devons-nous croire qu'Il est venu ? C'est le point que nous avons maintenant à éclaircir. Nous n'avons pas besoin de nous donner beaucoup de mal pour cela, puisque ses paroles et ses actes nous crient bien haut le motif de sa Venue. En effet, c'est pour chercher la centième brebis qui était perdue et errante qu'Il est descendu en toute hâte des montagnes célestes ; c'est pour que ses miséricordes fissent comprendre mieux encore le Seigneur et que ses merveilles montrassent plus clairement aux hommes que c'est pour nous qu'Il est venu.

« Combien grand est l'honneur que nous fait le Dieu qui nous vient chercher. Mais combien aussi est grande la dignité de l'homme que Dieu recherche ainsi ! Assurément s'il veut se glorifier de cela ce ne sera point à lui une folie de le faire, non pas qu'il paraisse être quelque chose de son propre fonds, mais parce que Celui qui l'a fait l'estime Lui-même à un si haut prix. Car ce ne sont point toutes les richesses du monde, ni toute la gloire d'ici-bas, ni rien de ce qui peut flatter nos désirs sur la terre qui fait notre grandeur, tout cela n'est même absolument rien en comparaison de l'homme lui-même. Seigneur, qu'est-ce donc que l'homme pour que vous le combliez de tant de gloire et pourquoi votre cœur est-Il porté en sa faveur ?

« Néanmoins je me demande pourquoi au lieu de venir à nous, ce n'est point nous qui sommes allés à Lui ; car outre que c'est notre intérêt qui est en question, ce n'est pas l'habitude que les riches aillent trouver les pauvres, même quand ils ont le désir de leur faire du bien. Il est vrai, mes frères, c'était bien à nous à aller vers Lui, mais nous étions doublement empêchés ; d'abord nos yeux étaient bien malades or, Il habite une lumière inaccessible. Et puis, nous étions paralysés et gisant sur notre grabat, nous ne pouvions donc nous élever jusqu'à Dieu qui demeure si haut. Voilà pourquoi le bon Sauveur et doux Médecin de nos âmes est descendu de là-Haut où Il habite et a voilé l'éclat de sa lumière pour nos yeux malades, » 1er Sermon pour l'Avent de N.-S.

Le mystère de Jésus-Christ, Extraits de la Sainte Ecriture, des écrits des Saints Pères et des meilleurs Auteurs Ecclésiastiques, Tome II

mercredi 13 décembre 2017

Paul IV - Bulle Cum ex apostolicum et le pape hérétique

Si vous avez des critiques constructives, faites-nous le savoir.

***Mea culpa. Un ami attentif nous a fait la remarque qu'à 9 minutes, il y a une erreur de photo. Un portrait de Pie XII aurait du y être  mais c'est Benoît XV.***

https://gloria.tv/video/DmUXBRwk1YSE62f6JT7Q1HKAP




dimanche 3 décembre 2017

sainte Lucie la Chaste

 



En Espagne, la naissance au ciel de sainte Lucie la Chaste, vierge, du Tiers Ordre de Saint-Dominique. Née en France, elle suivit en Espagne saint Vincent Ferrier. Un jeune homme, ravi de la beauté de Lucie, fit auprès d'elle de vaines démarches pour lui faire partager son affection. Comme il insistait, la jeune vierge lui fit demander ce qu'il y avait dans elle capable de lui inspirer une passion si vive. « Ce sont vos yeux », fit répondre au jeune homme, « qui ont captivé mon coeur ». A ces mots, Lucie, entrant dans sa chambre, se met en oraison puis, cédant à une inspiration divine, enlève avec un canif ses yeux de leur orbite et les envoie dans un plat à l'insensé, en lui faisant dire : « Vous prétendez que mes yeux vous ont charmé : les voilà, je vous les offre ». Cette action héroïque eut deux excellents résultats : frappé de la générosité de Lucie, pour la conservation de sa pureté, le jeune seigneur qui l'aimait éperdument se convertit et entra dans l'Ordre de Saint-Dominique, où il sanctifia. D'autre part, Notre-Seigneur eut pour si agréable cette action courageuse de notre Sainte, qu'il la pourvut d'autres yeux bien plus beaux que ceux dont elle avait fait le sacrifice pour demeurer fidèle à son divin Époux.

Sainte Lucie la Chaste opéra pendant sa vie et après sa mort un nombre infini de miracles. A Xérez de la Frontera (Intendance de Cadix), on vénère sur un autel une très-antique statue qui la représente. Son effigie est dans un grand nombre d'églises et on l'invoque efficacement contre les ophtalmies. Une similitude de noms a fait que les peintres ont souvent substitué sainte Lucie la Martyre à sainte Lucie la Chaste. Cette dernière a le privilège exclusif d'être représentée tenant à la main un plat dans lequel se trouvent deux yeux. C'est par abus qu'on représente sainte Lucie Martyre avec les mêmes emblèmes.

Source : Les petits bollandistes Tome XIV, 1888, pp. 26-27