SIXIÈME
INSTRUCTION
APPARITION
AU BORD DU LAC DE GÉNÉSARETH.
« Jésus leur dit: « Enfants,
n’avez-vous rien à manger? » Ils lui répondirent: « Non». Il leur dit: « Jetez
le filet à droite de la barque et vous en trouverez ». Ils le jetèrent aussitôt
et ils ne pouvaient plus le tirer à cause du grand nombre de poissons. Alors,
le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: « C’est le Seigneur! ». Jo. 21-5.
PLAN
Remarque.
PÉNIBLE.
Le travail selon la foi est: OBSCUR, INGRAT, LUMINEUX.
Fait par obéissance, il
est: FACILE, RÉCOMPENSÉ.
CONDUITE DE JEAN ET DE
PIERRE.
LE REPAS EN COMMUN, AVEC
JÉSUS.
JÉSUS QUESTIONNE PIERRE
SUR SON AMOUR.
REMARQUE
Voici encore une
apparition pleine de leçons excellentes pour notre vie spirituelle. Le lac
représente le monde toujours agité où nous travaillons dans la nuit de la foi
pour notre mérite éternel, représenté par les poissons. Jésus reste sur le
rivage pour montrer qu’il n’est plus de ce monde, mais que de son éternité, il
surveille nos travaux et leur donne leur efficacité.
Cette vie de foi est
complètement au-dessus de la vie naturelle de l’homme, et, par conséquent, il
doit faire un effort constant pour s’y maintenir, mais cet effort doit compter
uniquement sur le secours divin de la grâce. Cependant il nous faut faire notre
part comme les Apôtres qui ont jeté leur filet à la mer pour prendre les
poissons que Jésus avait mis à leur portée. Comme tout ce travail des Apôtres
est l’image de notre travail dans l’Eglise pour sauver les âmes, il est bon de
l’étudier dans le détail pour en faire notre profit spirituel.
Un jour, Simon Pierre dit
à Nathanaël, Jacques, Jean, Thomas et à deux autres disciples: «Je vais à la
pêche». Ils lui dirent: «Nous y allons avec toi». Ils travaillèrent toute la
nuit sans rien prendre. Le matin venu, Jésus parut sur le rivage, etc…
LE TRAVAIL SELON LA FOI
EST OBSCUR car travailler
dans la foi, c’est organiser sa vie selon un monde que nous ne connaissions
pas, si ce n’est par la révélation que Dieu nous en a faite. Il dépasse les
sens complètement et même nos facultés spirituelles. La foi ne vient pas
d’elles quoique faite à elles. Notre intelligence ne voit rien dans ce monde
divin; elle doit accepter ce que Jésus nous en dit, mais sans en avoir la
connaissance intrinsèque.
Celui qui se dévoue pour
le salut des âmes ne voit jamais le bien qu’il fait. Les bons résultats qu’il
obtient peuvent venir des prières et des sacrifices des autres que Dieu
applique à son travail. Il ne saura donc jamais en ce monde si ces résultats
viennent de lui ou d’autres. Il travaille donc dans la foi, dans la nuit…
Jésus ne nous enseigne
pas seulement par sa parole, mais aussi par ses exemples, comme dans ses
apparitions. Ce qu’il a fait visiblement là, il le fait visiblement par sa
grâce dans le monde de la foi. Ce n’est donc pas de l’imagination que nous
faisons quand nous tirons des leçons de ses actes pour notre vie spirituelle;
c’est du solide! Quand l’Evangile nous montre ces sept Apôtres pêchant toute la
nuit sans rien prendre, c’est nous dire que nous devons faire comme eux:
travailler toute la vie dans la nuit de la foi et sans jamais voir le résultat
dans les âmes des fidèles…Voilà ce qui demande du courage et de la science surnaturelle.
Eh bien! prenons-le ici tout de suite.
Le prêtre ne devrait
jamais essayer de calculer le bien qu’il fait ou compter les âmes qu’il
convertit; jamais s’attribuer tel succès, jamais se décourager parce qu’il ne
voit pas de fruits apparents de son ministère. Il ne le saura jamais en ce monde! Eh bien! qu’une fois pour
toutes, il ne s’occupe plus jamais de mesurer le bien qu’il fait ou ne fait
pas. Ce n’est pas de ses affaires! Sa
part est de travailler comme si tout dépendait de lui, et ensuite laisser tout
à Dieu comme si rien ne venait de lui-même. Donc cette doctrine sûre coupe court à toute jalousie ou
envie entre les ouvriers du Seigneur. Comme il y en a parmi les prêtres et tous
ceux qui travaillent d’une façon ou d’une autre au bien des âmes! Tous ces gens
ne travaillent pas dans l’obscurité de la foi mais dans la lumière aveugle du
bon sens humain qui ne voit pas plus loin que les apparences.
Cette leçon est bien
pratique pour les prêtres qui essaient de convertir les hommes aux choses de
Dieu. Que de coups de filet pour rien! Que de démarches sans aucun résultat
tangible! Comme il est difficile d’arracher les hommes à leurs passions de
toutes sortes! Que de prêtres se découragent vite et cessent tout effort! S’ils
avaient su que leur mérite est dans leurs efforts et non dans leurs effets, ils
continueraient de se dévouer malgré les fiascos réels ou apparents. Puisque le
mérite n’est pas dans les effets, mais dans les efforts, ne nous occupons plus
jamais de compter ou de mesurer les effets. Cette partie nous regarde pas!
De même, ces prêtres qui
apprécient les paroisses selon les revenus ou selon la culture des gens ou
selon la richesse des fidèles, ou leur caractère, ces prêtres ne travaillent
pas dans l’obscurité de la foi, mais selon leur petit fanal de bon sens humain.
Bien mince sera leur récompense, s’ils en ont une!
Ceux qui vivent de foi,
ne s’occupent que de leur travail le plus consciencieusement possible et le
mieux orienté possible vers la gloire de Dieu et le bien des âmes… et tout le
reste les laisse parfaitement indifférents… puisque ce n’est pas de leurs
affaires! Mais de Dieu seul! Ils surveillent uniquement ce qui dépend d’eux: leurs intentions. Ils s’assurent d’avoir
le plus parfaitement possible les motifs surnaturels les plus purs. Voilà des
fidèles et des prêtres qui travaillent dans la foi et de la foi.
Tant que les Apôtres
jetaient le filet où ils voulaient et donc qu’ils suivaient leurs facultés
spirituelles, ils n’ont absolument rien pris. Mais dès qu’ils le jetèrent selon la volonté de Jésus, ils prirent
beaucoup de poissons. Tant qu’un prêtre travaille pour des motifs naturels, il
ne fait aucun bien surnaturel, ni mérite pour lui-même. Mais dès qu’il
travaille pour Dieu seul, il est béni de Dieu et fait un grand bien surnaturel.
Ainsi les disciples ont
jeté le filet à droite de la barque uniquement
parce que Jésus le leur disait. Peu importe qu’ils ne l’aient pas encore
reconnu comme tel. La leçon vaut pour nous quand même, car nous savons, nous,
que c’était Jésus. Ils avaient dû le jeter là bien des fois durant la nuit, ça
n’avait donc pas de bon sens de le jeter là encore. Mais cette fois, la
différence est énorme! Jésus avait mis du poisson là, ce qu’il n’avait pas fait
auparavant. Quand Jésus donne la grâce d’agir pour un motif surnaturel, il met
notre mérite dans la ligne de l’obéissance.
Que de chrétiens perdent
leur mérite éternel parce qu’ils suivent leur raison au lieu de suivre la foi.
Par exemple, ceux qui limitent le nombre de leurs enfants tout en usant du
mariage, sortent de la volonté de Dieu, et donc n’auront aucun mérite et, de
plus, ils vont contre la volonté divine, donc ils pèchent mortellement et se
damnent pour jouir un peu plus de la vie naturelle. Il est évident que le bon
sens humain peut leur fournir une foule de bonnes raisons humaines pour
empêcher la famille; mais quelle folie de penser arriver au ciel en suivant sa
raison contre la foi.
Notre leçon vaut aussi
pour les parents qui travaillent pour améliorer leurs enfants et qui ne
semblent pas réussir. Que d’exhortations sont sans résultat! Que de reproches
ne font aucune impression sur les enfants! Que de coups de filet pour sauver
leurs enfants et en vain! Qu’ils fassent leur devoir quand même… pourvu que ce
soit uniquement pour des motifs surnaturels! Et, à la mort, ils verront qu’ils
ont fait du bien à leurs enfants et ils seront récompensés par Dieu.
Si nous étions destinés
aux limbes, la raison serait la lumière souveraine pour nous; mais maintenant
que nous sommes élevés à l’ordre surnaturel, nous devons suivre la lumière
surnaturelle de la foi; c’est la seule qui nous conduit à Dieu. Dieu nous a
donné la raison comme échantillon de sa sagesse: pour récolter la lumière
divine, il faut semer notre raison, la sacrifier pour suivre la foi et ainsi
arriver au ciel. Pour être enfant de Dieu comme il le faut pour arriver au
ciel, il faut être conduit par l’Esprit de Dieu. Saint Paul ne dit pas par la
raison! quoiqu’il faille s’en servir pour suivre l’Esprit de Dieu comme pour
agir selon la foi.
On voit bien ceux qui
suivent la foi dans leur travail, quand Dieu les arrête pour une raison ou pour
une autre, ils sont parfaitement heureux, ne se plaignent pas d’être
immobilisés, sachant que leur mérite vient de leurs motifs surnaturels, comme
lorsqu’ils travaillaient. Leur union avec Dieu est aussi méritoire dans
l’inactivité que dans le travail, puisqu’elle est la même.
TRAVAIL PÉNIBLE, parce
que contre nature! Il faut constamment renoncer à son jugement et sacrifier sa
volonté pour suivre la lumière divine et la volonté divine. C’est donc une
lutte continuelle avec soi-même. La foi demande le sacrifice de tout l’humain
intentionnel; c’est donc très dur. La preuve est que très peu de catholiques
suivent ainsi la foi fidèlement. Que de fois ils préfèrent suivre leur petit
bon sens humain plutôt que la lumière divine de la foi. Car le plan surnaturel
de Dieu est de faire mourir le païen
en nous ou l’homme naturel qui se trouve surtout dans ses facultés spirituelles
où se trouve la liberté.
Dans les débuts surtout,
c’est très dur d’aller contre sa nature toujours, car il faut que le vieil
homme périsse et c’est justement celui-là qui aime à suivre la raison et à
faire sa volonté propre. Dès que l’on veut vraiment se renoncer, Dieu semble en
profiter pour nous envoyer toutes sortes de contrariétés et d’épreuves pour
nous aider à agir contre nos deux amours naturels et uniquement pour l’amour de
lui.
On a un bon exemple de ce
que Dieu fait quand il veut nous faire vivre de foi. Pendant quarante ans il a
conduit les Juifs à travers le désert où tout était contraire au bon sens
humain. Imaginez un million de personnes au moins, qu’il promène pendant si
longtemps où il n’y a rien à manger ni à boire! Eh bien! Dieu les soutient à
force de miracles. C’est exactement ce qu’il veut faire avec nous tous en nous
demandant tant de choses contraires à la nature justement pour que nous ayons
confiance en lui et qu’il nous soutienne par ses interventions surnaturelles de
la grâce qui dépassent le naturel et donc que l’on peut regarder comme des
espèces de miracles.
Eh bien! Que font la
plupart des chrétiens? Comme les Juifs dans le désert, ils murmurent dès que
Dieu leur demande quelque chose un peu au-dessus du naturel. Malgré tout ce
qu’il a déjà fait pour eux, ils se défient toujours de lui. Ils voudraient que
Dieu agisse toujours selon l’ordre naturel quand nous sommes dans l’ordre
surnaturel. Quelle folie et quelle tête dure ont les hommes!
Evidemment, nos prêtres
philosophes en sont bien responsables. Avec leur religion abstraite selon la
raison, c’est une religion toute naturelle qu’ils prêchent; c’est uniquement la
raison qu’ils suivent partout et toujours. Le monde de la foi au point de vue
pratique est inconnu pour la plupart et la preuve est qu’ils n’expliquent à peu
près jamais aux fidèles comment agir pour vivre de foi.
Ainsi la foi nous
commande d’aimer nos ennemis et de leur faire du bien. Qui peut le faire? Comme
tous trouvent cela pénible! Si peu le font. La foi nous commande de mépriser
les plaisirs du monde, comme tous trouvent pénible de le faire! Si peu le font!
C’est donc bien dur de
passer sa vie à travailler sans jamais voir les résultats de son travail, sans
savoir si Dieu est content ou non. Dieu le fait exprès pour que nous nous
abandonnions uniquement à sa bonté.
TRAVAIL INGRAT
Parce que la gloire de
Dieu exige le sacrifice de tout ce que nous aimons naturellement. S’il
secondait nos efforts humains tout de suite, nous nous attribuerions le succès.
Il est donc obligé souvent de faire tout le contraire du naturel. Nos œuvres
prendront le chemin du grain de blé en terre et seront ruinées d’une façon ou
d’une autre. Nos meilleurs amis se tourneront contre nous, ceux pour qui nous
avons travaillé deviendront nos ennemis. Il est venu parmi les siens et les
siens ne l’ont pas reçu, doit se vérifier pour nous aussi. Est-ce que toute
l’œuvre de Jésus n’est pas descendue dans le tombeau avec lui? Le disciple
n’est pas plus grand que le maître! Il verra son œuvre détruite devant ses
yeux; tout le fruit de sa vie perdu! Il ne faut donc pas travailler pour
s’enrichir sur la terre même des bonnes œuvres. Tout chrétien avec tout ce
qu’il a fait devra prendre le chemin du tombeau, afin que dans le monde
surnaturel toute la gloire en soit uniquement pour Dieu.
Comme Jésus laisse les
Apôtres travailler toute la nuit sans rien prendre, rien leur donner, ainsi il
peut faire pour tout catholique…
Combien de prêtres et de
laïques vont travailler longtemps dans une famille, une paroisse, une mission
ou dans n’importe quel travail de dévouement pour le bien des âmes, sans aucun
succès apparent! Nous sommes tellement pleins de nous-mêmes qu’il nous faut une
foule d’humiliations pour arriver à la vraie humilité devant Dieu. Qu’on aie
confiance et l’on verra dans l’éternité le résultat de nos efforts faits pour
des motifs surnaturels.
LE TRAVAIL FAIT PAR
OBÉISSANCE
EST LUMINEUX.
Un aveugle conduit par un
voyant reste aveugle, mais il marche dans la même lumière que le voyant. Ainsi
un catholique qui suit la foi, marche dans la même lumière que Dieu: sa vie est
donc lumineuse devant Dieu quoique obscure devant les hommes. Ainsi les Apôtres
ne voyaient pas les poissons à côté de la barque, mais Jésus les voyait et
quand ils ont jeté le filet selon la parole de Jésus, c’est comme s’ils avaient
vu les poissons comme Jésus… et ils les ont pris!
Tant que les Apôtres
suivaient leur raison, ils n’ont rien pris, mais dès qu’ils écoutent la voix de
Jésus, ils en prennent un grand nombre. Ainsi, peu importe que l’on voie le
bien que Dieu veut nous donner par l’obéissance, si on obéit, on agit selon la
lumière divine qui montre ce bien et on le reçoit.
Quand Dieu met dans la
tête d’un supérieur de demander tel travail à un inférieur, c’est parce qu’il a
mis là du «poisson» ou du mérite. Peu importe par quel raisonnement le
supérieur est arrivé à sa décision.
C’est Dieu en personne
qui veut ce travail de cet inférieur, pour lui donner telle somme de mérite,
qu’il a mis de côté près de ce travail pour l’inférieur. Celui qui obéit, agit
comme s’il voyait ce que Dieu y voit: son mérite!
CE TRAVAIL EST FACILE.
Est-ce que ce n’est pas
un fait d’expérience que Dieu coopère avec ceux qui suivent ses lois? C’est
quand un cultivateur suit les lois de l’agriculture qu’il trouve facile de
cultiver; c’est quand on suit les exigences de l’estomac qu’on digère bien,
etc.
Eh bien! Puisque Dieu
nous a mis dans l’ordre surnaturel, il bénira ceux qui suivent ses exigences et
il sera contre ceux qui ne les suivent pas. Dans l’Ancien Testament, on voit
que Dieu a puni des rois qui sont allés consulter des païens au lieu de
consulter les prophètes de Dieu. On a un bel exemple dans David et Goliath. Ce
dernier se fiait à sa force physique, mais David ne comptait que sur Dieu et de
fait Dieu lui donna la victoire sur ce géant.
De grandes difficultés
dans le travail viennent souvent des préjugés contre tel genre de travail ou de
l’imagination qui grossit les obstacles ou des goûts ou des répugnances pour
autre chose qu’on préférerait ou dégoût pour ce qu’on a à faire. Mais quand on
vit de foi, toutes ces difficultés tombent automatiquement. On ne s’occupe de
rien autre chose que des motifs surnaturels et alors tout va bien.
CE TRAVAIL EST
RÉCOMPENSÉ.
Après avoir travaillé toute la nuit en vain, du moment qu’ils
obéissent à la voix de Jésus, ils prennent cent cinquante-trois gros poissons.
C’est évidemment une figure de notre récompense au ciel après avoir travaillé
dans la nuit de la foi selon la volonté de Dieu, qui récompense ce qu’on a fait
pour lui.
Remarquons que Jésus
récompense le travail des Apôtres et non leur science… qu’ils n’ont pas du
tout! Au jugement, Dieu récompensera nos œuvres, pas nos idées ni notre
science. Avis aux savants qui peuvent en imposer au monde par leur grand
savoir, mais Dieu scrute les cœurs et juge les actions faites ou omises. Il les
juge selon leur motifs, il ne récompense pas ce que est fait pour des motifs
naturels, mais seulement ce qu’on fait pour lui par des motifs surnaturels.
Ceux qui objecteront
qu’il y a là une opinion probable que les bonnes actions faites pour des motifs
naturels peuvent être méritoires devant Dieu doivent se rappeler qu’ils n’ont
pas le droit de suivre une opinion probable au sujet du mérite ou du salut
éternel. Ils doivent suivre en pratique l’opinion la plus sûre et donc tout
faire avec des motifs surnaturels.
CONDUITE DE PIERRE ET DE
JEAN
Il est bon de comparer la
manière d’agir de ces deux amants de Jésus pour mieux régler nos jugements sur
les personnes et ne pas les condamner parce qu’elles agissent autrement que
nous. Pourquoi Jean, qui est le premier à reconnaître Jésus, reste-t-il à sa
place, tandis que Pierre s’élance de toute son ardeur, même à la nage, pour
arriver plus vite près de Jésus? Il agit pas mal selon ses qualités naturelles
qui ne montrent pas plus d’amour que Jean. Est-ce que Jésus ne pourrait dire à
Pierre ce qu’il avait dit à Marthe: «Tu t’énerves beaucoup! L’amour est dans le
cœur, pas dans les membres du corps». Jean imite plus Marie; il est calme et a
plus de foi que Pierre. Il sait qu’il aime autant Jésus dans la barque qu’à la
nage! La distance ne compte pour rien dans l’amour surnaturel. Son cœur est
autant à Jésus dans la barque qu’à terre! Il agit mieux selon la foi, quoique
les deux soient très bons.
Avis aux ardents! Parce
qu’ils se jettent à la nage dans le travail et qu’ils s’exténuent dans leur
zèle ardent, qu’ils ne méprisent pas ceux qui restent calmes, qui mènent plutôt
une vie contemplative. Si tous avaient fait comme Pierre, ils auraient perdu
leur filet avec tous leurs poissons que Jésus leur avait donnés
miraculeusement!
Ils auraient manqué de
nourriture pour leur repas sur le rivage. Il est bon qu’il y ait des gens
calmes pour penser à tout! C’est l’union surnaturelle dans la foi avec Dieu qui
compte le plus et non l’union physique selon les sens. Combien sont bien
proches de Jésus dans la sainte communion et qui reçoivent bien peu de grâces
comparées à ceux qui vivent unis à Jésus dans l’amour surnaturel de la foi.
Cultivons cette union d’amour du cœur dans la foi pour Dieu; elle est la plus
précieuse pour nous.
LE REPAS EN COMMUN AVEC
JÉSUS
Quand les Apôtres
arrivent avec leur filet et les poissons, Jésus leur dit d’en apporter et il le
fait cuire, avec le sien qui était déjà sur le feu préparé par Dieu lui-même!
Quelle scène inoubliable de voir Jésus mangeant un repas de poisson avec ses
sept Apôtres sur le bord du superbe lac de Génésareth! Figure du banquet
éternel où Jésus dit qu’il fera asseoir les élus et les servira lui-même à
manger et à boire dans son royaume éternel! Personne n’osait lui demander, dit
Saint Jean, qui êtesvous, car tous savaient que c’était le Seigneur!
Le poisson représente le
mérite: on voit bien ici comment il vient tout de Jésus. La part des Apôtres
n’est que matérielle dans le travail qu’ils ont fait pour jeter le filet à la
mer. Mais c’est Jésus qui avait mis là ces poissons et qui en avait déjà un à
lui qui rôtissait sur les charbons. On comprend cette parole de Saint Augustin
que lorsque Dieu récompense notre mérite, il couronne ses propres dons. Ainsi,
les Apôtres ont pris ces poissons, mais parce que Jésus les leur a donnés à
prendre.
Voilà une idée
fondamentale dans l’humilité; tout nous vient de Dieu. Notre part est bien
insignifiante. Elle consiste seulement a étendre la main pour prendre ou à
consentir par la volonté à accepter.
Remarquons que Jésus bénit
le pain et ensuite bénit le poisson rôti et leur en offre à manger. Tout
chrétien devrait prendre l’habitude de dire son Bénédicité avant et ses Grâces
après les repas pour remercier Dieu de ses bienfaits. Jésus l’a fait et le
faisait habituellement; imitons-le donc à tous nos repas sans fausse honte de
païen. Tous savent que nous sommes chrétiens; agissons comme tels, même quand
nous mangeons en compagnie de non catholiques. S’ils sont intelligents ils
seront édifiés; sinon nous ne leur devons rien! Je n’approuve pas du tout la
conduite des prêtres qui avec l’habit religieux et le col romain dissimulent
leurs signes de croix avant et après les repas. Disons nos prières debout et en
faisant ostensiblement notre signe de croix. Ils se fichent bien de nous en ne
priant pas! Pourquoi ne pas nous ficher d’eux en faisant notre prière!
JÉSUS QUESTIONNE PIERRE
SUR SON AMOUR!
Après qu’ils eurent dîné
Jésus demande à Pierre: «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci? ». Il
répondit: «Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime». Jésus lui dit: « Paissez
mes agneaux». Il lui demanda encore une fois: «Simon, fils de Jean,
m’aimes-tu?». Pierre répondit: «Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime».
Jésus lui dit: «Paissez mes agneaux». Il lui demanda pour la troisième fois:
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? ». Pierre, affligé de ce que trois fois il lui
faisait la même demande, repartit: « Seigneur, vous connaissez toutes choses,
vous savez que je vous aime ». Jésus lui dit: « Paissez mes brebis ».
Evidemment, Jésus veut
lui donner une chance de réparer son triple reniement. Que tous ceux qui ont
péché apprennent de là la nécessité de compenser par l’amour le déplaisir
qu’ils ont donné à Dieu. Jésus ne s’est pas contenté de donner l’absolution à
Pierre pour ainsi dire, mais il exige des protestations sérieuses d’amour vrai
et solide, pas simplement en l’air comme Pierre avait fait avant sa chute. Il
ne veut pas de l’amour pour rire! Il le veut des plus sérieux.
Alors il lui confie la
garde de toute son Eglise: les agneaux signifient les fidèles et les brebis,
les pasteurs.
Ensuite Jésus prédit à
Pierre qu’il sera crucifié un jour; puis il lui dit: « Suis-moi ». Pierre se
retournant vit Jean qui venait après eux. Pierre demanda à Jésus: « Que
ferez-vous de celui-ci? ». Jésus lui répondit poliment: « Ce n’est pas de tes
affaires. Toi, suis-moi… Occupons-nous donc de nous-mêmes et laissons les
autres à Dieu!». Voilà ce que Jésus veut nous enseigner dans ces paroles à
Pierre. Obéissons-lui!
Remarquons une parole de
Saint Jean: il dit que Jésus lui prédisait le genre de mort que Pierre devait
souffrir pour glorifier Dieu. Or le crucifiement est une mort absolument
honteuse devant les hommes. Cela nous enseigne que plus nous imitons les souffrances
de Jésus et plus nous glorifions Dieu. Indépendamment de tout péché, l’homme
veut être maître de toute son activité et de toute sa vie. Or, notre destinée
surnaturelle exige que nous soyons transformés totalement en divin pour être
dignes et aptes à jouir du bonheur divin au ciel. Or, nous tenons mordicus à
tout notre être; il faut donc que Dieu use de violence pour détruire notre
«païen», afin de le diviniser entièrement. Par conséquent, plus nous souffrons
et plus notre vieil homme dépérit et plus le divin augmente en nous. Voilà
comment il se fait que les souffrances donnent de la gloire à Dieu.
Mais en plus nous sommes
tous pécheurs d’une façon ou d’une autre. Alors la justice divine a le droit de
se payer pour nos offenses et de nous punir. C’est ce qu’elle fait par toutes
les souffrances qu’elle nous envoie dans le cours de la vie.
On dirait bien que N.S.
veut nous enseigner que pour travailler au salut des âmes des autres, il faut
être pur de tout péché et vivre dans un grand amour de Dieu. Il oblige Pierre à
rétracter ses trois reniements et, en même temps, il lui fait faire trois actes
d’amour de Dieu. Et évidemment il fait dépendre le soin des brebis de l’amour
que Pierre manifeste.
Quel dommage que tous les
curés et les autres prêtres du ministère ne réparent pas mieux leurs péchés
passés par la pénitence et par une augmentation sérieuse d’amour de Dieu!
Ce n’est pas pour rien
que Jésus dit devant tous les autres à Saint Pierre: « Viens et suis-moi ».
Evidemment il veut montrer que le pasteur des pasteurs doit suivre de bien près
J.-C. et dans la même proportion tous les pasteurs doivent suivre d’une façon
particulière J.-C. Car les brebis suivront les pasteurs; il faut donc que
celui-ci suive bien Jésus pour entraîner tout le troupeau à Jésus.
Si tous les prêtres
suivaient Jésus, on en verrait moins courir les Arénas pour suivre le sport, ou
perdre leur temps dans les cinémas et maintenant à suivre la télévision pour
suivre avec amour toutes les sottises des païens. Jésus a montré son mépris
pour les vanités du monde; il nous commande de haïr le monde et tout ce qui est
dans le monde. Les prêtres qui font tout le contraire s’en vont dans la
direction opposée à Jésus. Ils prennent un gros risque pour leur salut éternel.
Que Dieu nous éclaire tous de sa lumière surnaturelle de la foi, afin de ne
rechercher que les choses du ciel et jamais celles de la terre. Voilà un moyen
sûr d’arriver au ciel.