SAINT PIE
X et ISRAEL
En
1904, Théodore HERZL, fondateur du Sionisme moderne (congrès de Basle, 1897)
avait obtenu une audience de saint Pie Dans plusieurs revues juives du temps,
dont La Terre Retrouvée, en publia
un compte rendu à sa façon, sur un ton quelque peu insolent et talmudiste. L'audience
avait eu lieu en présence du cardinal Merry del Val et du comte hongrois
Lippay. L'opinion de Herzl importe peu, ce qui nous intéresse c'est ce que
saint Pie X pensait du mouvement Sioniste. Le magnifique mensuel catholique Christiandad, de Barcelone, fondé pour
promouvoir le règne mondial du Christ-Roi, reproduisait ce compte rendu de
Herzl dont voici ci-après la traduction.
"Hier
j'étais reçu par le pape Pie X... Il me reçut debout et me tendit sa main, que
je ne baisai pas. Lippay m'avait dit que c'était nécessaire de le faire, mais
je ne le fis pas. Il s'assit dans un fauteuil à bras, une sorte de trône pour
"sujets mineurs", et m'invita à m'asseoir près de lui.
"...Le
pape est un prêtre paysan, voire rustre, pour qui le christianisme reste une
chose vivante, même au Vatican.
"Je
lui exposai ma demande en quelques mots. Mais, offensé peut-être parce que je
n'avais pas baisé sa main, il me répondit d'une façon plutôt brusque:
"Nous
ne pouvons favoriser votre mouvement. Nous ne pouvons empêcher les Juifs de
retourner en Israël, mais Nous ne pouvons jamais le favoriser. La terre de
Jérusalem, si elle n'a pas été rendue sacrée, a été sanctifiée par la vie de
Jésus-Christ. Comme Chef de l'Eglise, je ne puis vous donner d'autre réponse.
Les Juifs n'ont pas reconnu Notre Seigneur. Nous ne pouvons reconnaître le
peuple juif."
"De
cette façon, l'ancien conflit entre Rome et Jérusalem, personnifié par mon
interlocuteur et moi-même, reprenait vie entre nous.
"D'abord
j'essayai d'être conciliant, et fis mon petit discours sur le statut
extraterritorial des Lieux-Saints et de leur sacrae extra commercium gentium.
Cela ne sembla pas l'impressionner. 'Gérusalem' ne doit, à aucun prix, tomber
aux mains des Juifs.
"Et
que pensez-vous du Statut actuel, Sainteté?
"Je
sais, il est lamentable de voir les Turcs en possession de nos Lieux-Saints.
Mais nous devons nous résigner. Il Nous est pratiquement impossible de
favoriser le désir des Juifs de s'y établir eux-mêmes."
"Je
répondis que nous fondions notre Mouvement sur la patience des juifs, et que
nous voulions laisser la religion hors du sujet.
"Oui,
mais Nous, en tant que Chef de l'Eglise Catholique, ne pouvons adopter la même
attitude. De deux choses l'une arrivera: ou les Juifs garderont leur foi
ancienne et continueront d'attendre le Messie, qui pour nous chrétiens est déjà
venu sur la terre - et dans ce cas ils nient la divinité du Christ et Nous ne
pouvons les aider, ou bien ils iront en Israël ne professant aucune religion,
en quel cas Nous ne pouvons rien avoir à faire avec eux.
"J'avais
sur le bout de ma langue, comme réponse: "Cela arrive dans toutes les
familles; personne ne croit à ses proches parents", mais en fait je
répondis: "La terreur et la persécution ne furent certes pas les meilleurs
moyens de convertir les Juifs".
"Sa
réponse avait, dans sa simplicité, un élément de grandeur.
"Notre
Seigneur est venu en ce monde sans puissance. C'était un povero. Il vint en
paix. Il ne persécuta personne. Il fut abandonné même par Ses apôtres. Ce n'est
que plus tard qu'Il prit Sa vraie place. L'Eglise prit trois siècles à se
développer. Les Juifs eurent donc tout le temps nécessaire pour accepter la
divinité du Christ, sans être persécutés ni molestés. Mais ils choisirent de ne
pas le faire, et l'ont pas encore fait jusqu'à ce jour."
"Mais
les Juifs souffrent de terribles tribulations, je ne sais pas si Votre Sainteté
est au courant de toute l'horreur de leur tragédie. Il nous faut une terre pour
ces êtres errants.
"Faut-il
que ce soit Jérusalem?"
"Nous
ne demandons pas Jérusalem, mais la Palestine, le territoire séculier.
"Nous
ne pouvons Nous déclarer favorable à ce projet."
"Le
pape se mit à me dire qu'il entretenait des relations amicales avec les Juifs,
que les chrétiens prient pour eux, et que si les Juifs s'établissaient en
Palestine, l'Eglise serait prête à les baptiser tous.
"L'audience
avait duré environ vingt-cinq minutes. Lorsque je me retirai, le comte (Lippay)
s'agenouilla pour un long moment, et sembla ne pas vouloir cesser de baiser la
main du pape. J'eus l'impression que cela plaisait au pape. Quant à moi, je me
contentai de le secouer chaudement par la main et de m'incliner".
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