MONSEIGNEUR JEAN-JOSEPH GAUME
Né
en 1802 en Franche-Comté, mort à Paris en odeur de sainteté en 1879(1), Mgr
Gaume a profondément marqué son siècle par ses nombreux travaux. Louis Veuillot
s’étant marié à sa cousine, lui fera présider sa table, qui deviendra le point
de rencontre régulier des ultramontains, c’est-à-dire des catholiques
irréductibles, seuls vrais catholiques. Mgr Gaume est un personnage clef du
combat catholique au XIXè. Avec le Cardinal Gousset(2), son maître, avec le
Cardinal Pie,(3) son ami, avec Louis Veuillot, son parent, avec Mgr Delassus(4),
son continuateur, nous avons les cinq grands noms français catholiques qui ont
permis de faire de leur siècle, le siècle de la réflexion, de l’étude et de la
réaction. Ces apôtres marquèrent l’élite catholique de leur temps, faisant de
l’école antilibérale (qui commence à Mirari Vos en 1832, et finit à la mort de
saint Pie X en 1914), la phalange la plus croyante, la plus fidèle aux
enseignements de Pie IX et de saint Pie X, la plus combattante pour le Règne de
Notre-Seigneur Jésus-Christ et la plus efficace contre les ennemis de l’Eglise.
Depuis,
persécutés, enterrés(5), oubliés, ces auteurs sortent du tombeau. La crise
conciliaire nous a obligé à chercher les causes de l’effondrement commencé il y
a environ 40 ans. Tout cela ne s’est pas fait tout seul, sans personne et sans
doctrine. Les travaux de la Société Barruel nous ont été d’un grand secours. Ce
fut chez ces auteurs(6) que l’on découvrit que tout avait été annoncé,
prophétisé, analysé.
S’ils
ont su examiner profondément les vraies causes de tous nos maux, seuls ils ont
enseigné les vrais remèdes. Vous comprenez pourquoi on nous les cache et
pourquoi on promeut de nombreux auteurs dont la réflexion stérile ou
insuffisante fabrique, depuis de nombreuses générations, des élites médiocres,
courtes dans leurs connaissances et limitées dans leur courage. Nos auteurs
sont les anti-faux maîtres. S’ils sont connus et redoutés par nos ennemis qui
les craignent, malheureusement nos troupes les ignorent. Ce fut un châtiment de
les avoir perdus.
Une
excellente(7) et très détaillée biographie, disponible, a été écrite récemment.
Son auteur, l’abbé Daniel Moulinet ayant soutenu, le 14 mars 1992, une thèse de
doctorat conjoint histoire des religions-sciences théologiques
(Paris-IV-Sorbonne – Institut Catholique de Paris, directeurs : MM Jean-Marie
Mayeur et Bernard Plongeron) a résumé dans son livre Les classiques païens dans
les collèges catholiques ?, (près de 500 pages, éditions du Cerf, collection
Histoire Religieuse de la France), ses différents travaux. Il sait faire partager
aux lecteurs la vie passionnante de ce Maître unique.
On
a limité Jean Joseph Gaume au combat des classiques païens. Il est permis de
penser que ce ne fut pas innocent, essayant de le ridiculiser. Avec une telle
caricature on a réussi à enterrer un saint prêtre qui fut surtout un
catéchiste, LE CATÉCHISTE DES TEMPS MODERNES.
L’ayant
redécouvert il y a plus de vingt ans, nous n’avons eu de cesse de rechercher
tous ses livres, travail ingrat et obstiné, récompensé par l’admiration
passionnée suscitée par chaque ouvrage, par chaque page.
Bien
qu’ayant abordé de multiples sujets, Mgr Gaume est toujours un maître sûr,
d’une culture classique et religieuse unique, d’une foi digne des apôtres,
grand pédagogue, grand historien, ayant des vues prophétiques qui se sont
avérées très justes, homme de méditation, d’une perspicacité rare, homme de
courage et de combat, à la réflexion et au jugement toujours justes, et
surtout, éducateur, L’ÉDUCATEUR(8)
La Foi catholique est d’une nature telle qu’on
ne peut rien lui ajouter, rien lui retrancher ; ou on la possède tout entière,
ou on ne la possède pas du tout. Telle est la foi catholique : quiconque n’y adhère
pas avec FERMETÉ ne pourrait être sauvé. (Symbole de saint Athanase). Pour
refaire une chrétienté il faut refaire des chrétiens et c’est à son contact, à
son enseignement que l’on comprendra, si nous savons le lire, méditer,
appliquer ce qu’il enseigne, que l’on pourra changer nos formes de pensée et
ensuite nos formes de vie. Il s’adresse à tous, clercs, laïcs, jeunes, adultes,
vieillards, élites, responsables, cultivés, simples, modestes, époux, épouses,
…à tous. A la charnière de deux mondes, l’un qui disparaît, le monde chrétien,
l’autre qui revient, le monde païen, il apprend l’ordre, l’ordre en tout, cet
ordre qui permet la paix entre tous, paix dans les familles, paix dans les
communautés, paix dans la vie sociale…
Loué
par tous les Papes contemporains, il est l’auteur qui a reçu, au cours du XIXè,
le plus de Brefs de félicitations et d’encouragements. C’est dire combien sa
doctrine est fidèle et exemplaire. La conspiration du silence, arme favorite de
nos ennemis, prouve combien il est craint. Que tout cela vous fasse réfléchir
et vous amène à partager notre passion pour ce prélat.
Commencez
par une petite brochure (à beaucoup diffuser), CREDO. Continuez par le TRAITÉ
DU SAINT ESPRIT, ouvrage unique, qui vous permettra de comprendre le combat
entre Notre-Seigneur et Satan : leurs buts, leurs pouvoirs, leurs troupes,
leurs camps, leurs moyens. Ensuite les Catéchismes(9), la biographie du Bon
Larron, les remarquables Biographies Évangéliques, La Révolution (en 12 tomes,
la Somme sur le sujet), L’évangélisation Apostolique du globe, Où allons-nous
?, La vie n’est pas la Vie, La Situation, Les Trois Rome, etc., etc. Comme
beaucoup vous finirez par tout lire car vous serez émerveillés par
l’enseignement de la Vérité(10). Un conseil : ne lisez Le ver rongeur, son
livre le plus connu et pourtant le moins diffusé(11), qu’après avoir lu Pie IX
et les études classiques, et surtout l’important Du Catholicisme dans
l’éducation.
Dans
Le Testament de Pierre le Grand, Mgr Gaume nous annonce que : …l’Europe reverra
donc Attila, Genséric, Alaric... Quand tout ce qui doit aller au glaive sera
allé au glaive... sur les ruines de tout ce qui devait périr, apparaîtront
debout, puissants comme le grain de sable contre les fureurs de l'Océan, les missionnaires
de l'avenir. Il y aura des Geneviève, des Léon, des Remy, devant qui
s'arrêteront tout à coup les flots tumultueux des Barbares... Alors l'Église
recommencera son œuvre. Elle se mettra à faire ce qu’elle fit autrefois, à
tailler ces blocs de granit... pour en tirer des enfants d'Abraham… Ces
nations… recommenceront, comme nos pères, un nouveau peuple de Dieu, une
nouvelle société chrétienne (Moulinet p. 405).
A
l’effondrement prochain (Je vomirai les tièdes) succédera le Règne du Sacré-Cœur,
si souvent promis (Je régnerai malgré Mes ennemis), et pour ce Règne grandiose,
il faut de grands chrétiens, qui ne seront formés que par ces grands maîtres. A
l’heure de Dieu, leur redécouverte est miraculeuse et essentielle.
UN
CLERGÉ SAINT FAIT UN PEUPLE PIEUX, UN CLERGÉ PIEUX FAIT UN PEUPLE HONNÊTE, UN
CLERGÉ HONNÊTE FAIT UN PEUPLE IMPIE, écrivait Blanc de Saint-Bonnet. Avec Mgr
Gaume, vous avez la possibilité de devenir vraiment pieux, de vivre dans la
vraie Foi et de savoir transmettre cette Foi, au moment où trouver la vérité et
un bon prêtre devient difficile.
QUE
VOUS PROCURE LA FOI ? – LA VIE ÉTERNELLE. Ce doit être notre seul but : si nous
avons gagné le Ciel, nous avons tout gagné, si nous avons perdu le Ciel, nous avons
tout perdu.
Puissions-nous
tous nous retrouver en compagnie de notre Reine, la Vierge Marie, Reine de
France, à adorer et contempler la Très Sainte Trinité, à louer et remercier
notre Divin Rédempteur, le Christ Roi de France ! Nous y retrouverons Mgr Gaume
et pourrons le remercier pour ses travaux et l’aide qu’il nous a apportée pour
le rejoindre dans la Céleste Patrie.
CREDO
Louis-Hubert
REMY, Lecture et Tradition, n° 291, mai 2001
(1)
Mgr Gaume mourut le 19 novembre, après une longue et cruelle maladie, durant
laquelle il ne cessait de prier et de répéter : «Mon Dieu, ayez pitié de la
France ; mon Dieu, ayez pitié de l'Église ; mon Dieu, ayez pitié de nous !» Il redisait
aussi sans cesse la parole du Sauveur agonisant : Non mea voluntas, sed tua !
Elle lui était si familière qu'il la répétait encore quand la violence de la
fièvre le tenait sous l'influence du délire. Au moment où il allait expirer, il
sembla soudain reprendre un peu de force et s'écria : «Marie !» ses yeux
s’illuminèrent, une sorte de sourire effleura ses lèvres et il essaya de se
soulever comme pour contempler une vision. «Ah ! c'est elle», ajouta le
vénérable mourant et sa tête retomba sur son oreiller. Son âme s'en alla avec
la divine Mère, fidèle à celui qui s'était si pleinement confié à elle. La mort
du vénéré prélat était une véritable perte non seulement pour ses amis, mais
pour l'Eglise de France.
(2)
Biographie par Mgr Fèvre, disponible aux Ed Saint-Rémi.
(3)
Biographie, 2 vol., par Mgr Baunard, disponible aux Ed. Saint-Rémi.
(4)
Tous les ouvrages de Mgr Delassus sont disponibles aux Ed. Saint-Rémi.
(5)
L’abrégé du Catéchisme de Mgr Gaume a été édité à 900 000 exemplaires. On en
trouve très rarement.
(6)
Et les 200 autres, plus ou moins importants, plus ou moins féconds, mais jamais
médiocres, qui constituent l’école antilibérale. Cette école dont on commence
juste à parler, est peu connue, peu étudiée, les livres ayant pratiquement
complètement disparus. L’équipe qui essaie de la sortir du tombeau, et qui se
passionne à chaque découverte, est tellement imprégnée de cet antilibéralisme
qu’elle reconnaît de suite les vrais des faux antilibéraux. Les vrais sont très
peu nombreux et profondément agacés d’entendre et de lire de vrais libéraux,
qui se croient et veulent faire croire, qu’ils sont anti-libéraux parce qu’ils
ont trouvé quelques ouvrages que bien souvent ils n’ont pas lu ou mal lu.
Puisse
une jeune génération travailler sérieusement sur ces grands auteurs, s‘en
imprégner et continuer le travail commencé, qui est de savoir, de méditer, de
vivre antilibéral, et ensuite de combattre tous les faux maîtres qui ont pollué
les intelligences de nos contemporains.
Être
antilibéral, c’est d’abord bien analyser le réel. Ensuite, être antilibéral ce
n’est pas seulement enseigner la vérité, c’est aussi combattre l’erreur, c’est
ne jamais composer, pactiser avec quelque erreur, aussi petite soit-elle, c’est
ne jamais transiger avec la vérité. C’est AVOIR UN JUGEMENT SÛR, C’EST RÉPONDRE
AUX QUES-TIONS : EST-CE VRAI ? EST-CE FAUX ? OÙ EST LA VÉRITÉ ? OÙ EST L’ERREUR
? L’erreur se transforme vite en mensonge (parler avec l’intention de tromper)
et le mensonge engendre aussi sûrement la mort que la Vérité amène à la Vie. On
le voit tous les jours dans le combat de la Foi.
(7)
Il est évident que nous n’aurions pas écrit certaines lignes, que le lecteur
saura rectifier, mais qui aurait été capable de faire ce travail aussi honnête
et d’une telle qualité ? Le sujet a du inspirer l’auteur qui doit être félicité
et encouragé. Puisse-t-il devenir antilibéral ! Remercions-le en priant pour
lui que la Divine Providence, par les mérites de Mgr Gaume, en fasse un digne
successeur dans l’enseignement et le combat de la vérité.
(8)
Le sacerdoce catholique est l’extension du sacerdoce unique de Jésus-Christ.
Mais l’acte essentiel après le sacrifice de la Croix est la prédication
évangélique, a écrit un autre grand antilibéral, l’abbé Aubry, dans Contre le
Modernisme, L’étude de la Tradition, le sens catholique et l’Esprit des Pères,
Éd. Saint-Rémi, disponible. Ouvrage remarquable et merveilleux comme les autres
ouvrages de ce même auteur, réédités par les mêmes éditeurs.
(9)
L’abrégé ou surtout le Catéchisme de Persévérance (la Somme Théologique, lue
par Mgr Gaume dès 1830, est citée 64 fois, Moulinet p. 50), que l’on étudiait à
15 et 16 ans. Certains prêtres, malheureusement, en savent moins. Vous comprenez
pourquoi ils sont opposés à Mgr Gaume.
(10)
Il est utile de savoir qu’il conseillait ses deux frères éditeurs qui ont
publié 330 titres religieux, toujours excellents, dont la première édition de
la Somme Théologique en français (8 vol.), rééditée par les Ed. Saint-Rémi.
(11)
Édité à 2000 exemplaires il en restait encore à sa mort (Moulinet p. 446). Sur
100 personnes qui en ont parlé, il y en a 98 qui ne le connaissent que par
ouï-dire : manière honorable de juger un ouvrage !
Source: http://www.a-c-r-f.com/documents/LHR_LT2001_Mgr-JJ-Gaume.pdf
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