Est-il
bien vrai qu'à la naissance de Marie, cette grande lumière ait été autre chose
qu'un nouvel astre placé au firmament ?
M.
F., ouvrez les yeux de votre foi, élevez vos cœurs et comprenez ce grand
mystère. La naissance de Marie, la naissance de Jésus et la naissance du
chrétien sont une seule nativité: la nativité de l'homme nouveau. Or ce grand
jour a ses trois articulations comme tous les autres jours; il a son aurore,
son lever du soleil et son midi indéfectible.
Le
midi, c'est la perpétuelle naissance de l'Eglise par le baptême. Le lever du
soleil a eu lieu à Bethléem, et l'aurore c'est la Nativité de Marie. Voilà pourquoi,
à propos de la naissance de Marie, l'Eglise chante: Votre nativité,
Vierge,
Mère de Dieu, annonça la joie au monde universel, car de vous est né le soleil
de justice, le Christ notre Dieu, qui, abolissant la malédiction, a donné la
bénédiction, et confondant la mort, nous a donné la vie éternelle.
Ainsi
donc la naissance de Marie est l'aurore du jour divin qui devait inonder
l'univers de lumière et de vie. C'est donc l'aurore de notre jour à nous, le
moment à jamais mémorable, où nous sommes sortis de l'abîme des ténèbres et de
la mort; c'est le commencement de la résurrection universelle. Et alors, Marie
est l'apparition anticipée de nous-mêmes. En la voyant et en l'admirant, nous
voyons et nous admirons notre glorieux avenir. Telle elle est, tels nous
serons; car non seulement notre âme, mais ce misérable corps lui-même sera
réformé et prendra la glorieuse figure du corps brillant du Christ. Cette
magnifique réformation de l'humanité a commencé en Marie qui est en même temps,
la première opération du Christ, et la preuve que cette opération doit
s'étendre à la multitude des enfants de Dieu.
En
effet, quand nous voyons Marie, qui n'est qu'une pure créature, enrichie de
tant de gloire et de beauté, nous savons que Dieu n'a pas limité ses
libéralités à la seule humanité unie personnellement à son Fils. En voyant la
tête et le cœur du grand Corps chrétien si brillamment ornés, nous en concluons
que tous les autres membres de ce corps immense entreront, à leur tour, dans la
puissance, la richesse, la beauté et la joie de Marie. Donc, loin de nous ces
sentiments pervers qui sont de véritables excroissances de l'infernale
inimitié. Au lieu de nous offusquer des gloires de Marie, nous les aimerons
comme le fils aime la beauté de sa mère. Comme l'avare aime son trésor, comme
le fils de famille aime la gloire de ses aïeux.
Oui,
ô Marie, nous sommes vos fils et nous sommes fiers des splendeurs de notre
mère. Marie, nous sommes vos enfants, et nous sommes joyeux de ce que vous êtes
la plus riche, la plus belle et la plus gracieuse des créatures. Avec notre
cœur, bien plus qu'avec nos lèvres, nous chanterons le brillant mystère de
votre nativité. Oui, cordialement et vivement, nous chantons au Christ un
cantique de félicitations.
Nous
le félicitons d'avoir une mère si belle, si grande et si bonne. Et puis, avec
une joie pleine de suavité, nous célébrons cette nativité de la bienheureux
Vierge Marie, car c'est notre bien et notre béatitude que nous célébrons,
puisque cette nativité merveilleuse a illustré toutes les sociétés du ciel et
de la terre.
Abbé Picus - Nativité de la Sainte Vierge
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