samedi 19 septembre 2015

Père Onésime Lacouture - 2-8- La Visitation


SEPTIÈME INSTRUCTION
LA VISITATION.

«Or, Marie se levant en ces jours-là, s’en alla en diligence vers les montagnes, dans une ville de Juda, et étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Elizabeth.» L.  I - 39.

Plan Remarque.  (Le Passé: Elizabeth figure la Synagogue.  Trois tableaux: (Le Présent: Jean-Baptiste le trait d’union.  (Le Futur: Marie et l’Eglise naissante.  (Dieu: Sa Gloire dans le Magnificat.  Les Motifs: (Jésus: La Sanctification du Précurseur.  (Marie: Sa Charité pour Elizabeth.  (La Sanctification de Jean-Baptiste.  Ses effets: (L’Inspiration d’Elizabeth.  (L’Inspiration de Marie.   

REMARQUE Voici la première manifestation de l’activité du Sauveur pas encore né et déjà agissant sur les âmes par sa grâce.  Le Saint-Esprit a pris soin de nous révéler ce mystère par une foule de petits détails très instructifs pour notre vie spirituelle.  Ce n’est encore que l’aurore du jour divin qui va bientôt luire sur le monde, mais déjà elle nous donne quelques lueurs de la doctrine que Jésus apporte au monde.  D’abord c’est notre bonne Mère qui est le centre visible de ce mystère, mais c’est Jésus qu’elle porte qui lui donne toute sa beauté nouvelle pour le monde.  C’est elle qui reçoit l’Incarnation, c’est elle qui porte Jésus pour faire son premier miracle de la grâce en Jean-Baptiste et c’est encore elle qui lui fera faire son premier miracle extérieur aux noces de Cana.  C’est donc la Sainte Vierge qui introduit Jésus au monde de toutes les façons. C’est encore elle qui introduira Jésus dans nos âmes et qui continuera de le faire pour toutes les grâces qui nous viendront pour continuer la croissance de Jésus en nous.  Dieu n’a pas plusieurs plans pour notre sanctification: tout ce qu’il fait pour Jésus il le fera pour ses membres mystiques et donc pour chacun de nous.  Mais, il ne le fera pas sans nous, sans notre volonté.  C’est pourquoi il est nécessaire que nous allions vers Marie pour qu’elle nous introduise son Jésus dans notre vie.  Il faut une dévotion spéciale et solide envers la Sainte Vierge pour progresser dans la sainteté.  Si le Saint-Esprit a eu besoin d’elle pour effectuer l’Incarnation du Verbe, il a encore besoin d’elle pour continuer l’Incarnation en chacun de nous comme c’est le plan de Dieu de faire en nous ce qu’il a fait en Jésus.  Tout chrétien est un porte-Dieu qui doit le faire rayonner comme Marie fait avec Jésus.  Il faut aller le donner aux autres qui ne le connaissent pas ou qui l’ont perdu.  Or pour être éclairé par le Soleil de Justice, il faut passer par l’Aurore qui est Marie.  On va à Jésus par Marie.  Commençons donc tout de suite de la mettre dans notre retraite et dans nos méditations.  Qu’on le fasse toujours dans son coeur même si on ne la signale pas explicitement chaque fois.  Comme Marie couvre toute la vie de Jésus, ainsi elle doit couvrir notre vie jusqu’à la mort… afin de la retrouver dans l’éternité pour être sûr d’être avec Jésus.

TROIS TABLEAUX.

Le Passé: Elizabeth représente la Synagogue.  Nous sommes à une époque de transition: un nouveau monde se lève sur les ruines de l’autre: la lumière longtemps annoncée va enfin luire sur le monde.  Ces trois personnages qui se rencontrent a Aïr Karim dans la maison de Zacharie représentent trois époques qui se touchent ici.  Arrêtons-nous un instant à chacune d’elles pour en tirer profit pour nos âmes.  Comme Elizabeth, la synagogue est stérile par elle-même; elle devient féconde qu’en vue de préparer la venue du Messie.  Elle résume toutes les figures et les promesses du passé et qui finissent en s’accomplissant maintenant.  C’est pourquoi elle est vieille comme tout ce qui va prendre fin.  Comme la synagogue recevait sa vertu du futur Messie ainsi Elizabeth devient féconde en vue de mettre au monde le Précurseur de Jésus.  Comme la synagogue a été la première à entendre la prédication de Jésus, ainsi Elizabeth est la première à éprouver les effets de la présence de Jésus en Marie.  Elle porte celui qui indiquera Jésus au monde comme la synagogue portait les figures, les promesses et les prophéties concernant Jésus.  Comme l’Eglise honore et respecte Elizabeth, nous devons Aussi honorer et respecter la Synagogue ou l’Ancien Testament.  Pendant plus de deux mille ans, elle a prépare les voies au Messie et Dieu, par les prophètes, lui a révélé les germes de la doctrine de Jésus et les secrets de ses voies pour nous sanctifier.  C’est pourquoi S.  Paul dit que l’Ancien Testament est pour notre instruction.  C’est là qu’on trouvé les preuves de la divinité du Messie.  Jésus en appelait là constamment pour prouver sa mission divine aux Juifs.  Surtout c’est là qu’on trouve cachée dans les psaumes et dans les prophètes ce qui se passait dans l’âme de Jésus, comme ses sentiments, ses peines intérieures, ses espérances, ses prières et les cris de son amour pour nous et pour son Père.  L’Humanité qui crie, qui pleure, qui gémit, qui prie, qui loue Dieu et qui l’adore, c’est l’humanité de Jésus.  Les Evangiles ne racontent que les gestes et les actes extérieurs de Jésus: si l’on veut connaître son intérieur, il faut aller dans l’Ancien Testament.  Les saints en appelaient là constamment dans les différentes phases de leur sainteté et dans les émotions par où ils passaient. 

On ne peut donc pas exagérer l’importance de l’Ancien Testament pour apprendre les voies de Dieu et de la sainteté.  Le Présent:

Jean-Baptiste est le trait-d’union entre les deux époques et il en incarne donc les principaux traits.  Comme sa mère, il reçoit toute sa vertu de Celui qu’il annonce; il est l’étoile du matin qui brille par la vertu du Soleil qui va se lever visiblement bientôt.  Un ange annonce sa sainteté à son père Zacharie: «Il sera grand devant le Seigneur; il ne boira point de vin ni d’aucune liqueur enivrante, et il sera rempli du SaintEsprit dès le sein de sa mère.  Il convertira beaucoup des enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu.» Il est le premier à ressentir les effets de la grâce de Jésus; les deux n’étaient pas encore nés!  Jean tressaille de joie à l’approche de son Sauveur et il est le premier à recevoir le Saint-Esprit et à être purifié du péché originel dans le Nouveau Testament et cela dès le sein de sa mère.  Il reçoit donc sa sainteté et du passé et de l’avenir: d’Elizabeth et de Jésus par l’entremise de Marie.  C’est notre modèle.  Nous aussi prenons notre sainteté dans les deux Testaments; ils ont été faits pour nous aider tous les deux: soyons des traits-d’union entre les deux et allons puiser dans chacun ce qu’il a de bon pour nous.  Ensuite, soyons des apôtres pour faire connaître Jésus aux foules; mais pour le donner commençons toujours par prêcher la pénitence absolument nécessaire pour préparer les voies à Jésus.  Le Futur: Marie est l’Eglise naissante, voilà pourquoi elle est jeune, car elle inaugure le nouveau règne de Jésus sur le monde.  Elle commence à sanctifier les âmes par Jésus qu’elle porte.  Si elle est mariée comme Elizabeth, ce n’est pas selon la chair, mais uniquement dans la foi et en gardant une parfaite virginité.  Elle coopère ici avec le St-Esprit pour la sanctification de Jean-Baptiste, non pas comme cause, mais comme condition tandis que c’est Dieu qui est la cause efficiente, comme dans l’Incarnation et comme dans notre justification, qui est l’Incarnation continuée dans les membres au corps mystique de Jésus.  Gardons-nous bien de ne jamais mettre Marie de côté comme ont fait les protestants et qui ont perdu Jésus en rejetant Marie.  Combien de chrétiens ne donnent pas assez d’importance à la Ste-Vierge dans leur vie spirituelle; aussi Jésus se tient loin.  Si nous voulons être de la famille de Jésus, il faut être d’abord bien accueilli par Marie, car elle est la Reine du ciel.  Nous devons faire une seule chose avec Jésus.  Or, on est bien sur que Jésus préfère sa Mère à toute autre créature au monde.  Eh bien, chacun de nous doit donc l’aimer plus que toute autre créature au monde.  Il ne suffit pas de savoir cela, il faut le pratiquer.  Par conséquent que chacun de nous s’efforce par tous les moyens possibles de développer une vraie dévotion fervente à Marie.  Les deux femmes qui s’embrassent signifient l’alliance des deux Testaments qui s’unissent pour l’amour de Jésus et en Jésus.  les motifs.  De Dieu sont sa gloire dans le Magnificat.  Dieu va fonder l’Eglise pour qu’elle le glorifie jusqu’à la fin des temps.  C’est Marie qui entonne ce sublime cantique de louanges que les Saints et les fidèles chanteront jusqu’à la fin du monde.  Ne regardons pas cette gloire comme du luxe que nous donnons à Dieu ou un présent gratuit que nous lui offrons; c’est la principale fin que Dieu avait en créant le monde.  Il y tient donc absolument et par essence, non pas comme par caprice.  C’est une dette que nous sommes tenus de lui payer pour ce qu’il a fait pour nous.  Ce n’est pas une aumône faite à Dieu, c’est un devoir strict que nous accomplissons.

De Jésus: c’est la sanctification de son Précurseur.  Il se hâte d’allumer le feu qu’il est venu apporter sur la terre.  C’est Jésus qui presse sa mère d’aller voir Elizabeth parce qu’il veut que son Précurseur soit le premier à ressentir les effets de sa grâce et de sa présence.  Il nous montre ainsi un caractère de son apostolat: le zèle des âmes.  En proportion qu’on est envahi par Jésus on veut faire du bien aux autres.  La charité extérieure est le résultat de l’intensité de son foyer: plus on est plein de Jésus et plus on veut le donner au monde.  Ceux donc qui n’ont pas de zèle montrent qu’ils n’ont pas de charité pour Jésus.  Quand le feu de l’amour est allumé dans un coeur il rayonne à l’extérieur ordinairement.  Il s’ingénie à trouver toutes sortes de moyens pour donner Jésus aux autres; c’est le ressort: l’Amour.  On remarquera que la Ste Vierge s’est préparée toute sa vie à recevoir Jésus et pour cela elle l’a reçu pleinement, totalement, plus qu’aucune autre créature.  Eh bien, nous aussi nous devons nous préparer d’abord à recevoir Jésus, à nous diviniser de plus en plus pour augmenter en nous la formation de Jésus, afin de pouvoir le donner aux autres.  On donne aux autres en proportion de ce qu’on a soi-même.  Remarquons que Marie devait étudier les Ecritures comme tous les Juifs le faisaient, mais ce n’était pas seulement de tête, mais surtout de coeur; c’était avec amour qu’elle les lisait et le St-Esprit l’éclairait dans la même mesure.  Voilà pourquoi le Verbe l’a choisie pour sa Mère, à cause de son amour.  Dans nos études d’Ecriture sainte et de théologie nous devrions faire de même: étudier surtout par le coeur ou par amour; alors le St-Esprit se ferait un plaisir de nous éclairer pour saisir le divin caché dans le texte.  De Marie.  C’est sa charité pour Elisabeth.  Elle ne savait pas ce que Jésus ferait à Jean Baptiste, mais pour elle c’était sa cousine qu’elle voulait voir parce qu’elle se trouvait dans la même condition qu’elle: elle avait conçu miraculeusement d’un Dieu.  Il y a de la charité quand on a les mêmes intérêts et les mêmes amours, quand on peut parler du fond du coeur et être compris, voilà ce que l’amour aime.  Quand les chrétiens auront la même mentalité chrétienne et qu’ils seront pleins du surnaturel, ils se rechercheront les uns les autres pour parler de Dieu et des choses de Dieu.  Ils s’ouvriront facilement les uns aux autres quand ils sentiront qu’ils vont être compris et qu’ils vont faire plaisir en parlant du même amour divin qui les remplit.  Comme c’est rare de trouver cela même dans les Communautés et dans le Clergé!  Combien ne veulent absolument pas parler des choses de Dieu?  C’est donc qu’ils ne vivent pas de Jésus, qu’ils ne l’ont pas dans le coeur, puisque la bouche refuse d’en parler.  Jamais ces chrétiens iront ailleurs dans le but de donner Jésus; personne ne donne ce qu’il n’a pas!

Est-ce qu’on ne voit pas les mondains qui aiment le monde à la folie chercher continuellement des gens avec qui parler de leurs amours, entendez les sports?  Ils se rassemblent pour parler de sport et comme ils sont intéressés!  C’est donc que leur coeur est là.  Jamais ces gens ne parleront de Jésus parce que leur coeur est déjà pris par les créatures.  On peut donc dire que le degré de zèle des âmes indique le degré de la charité pour Jésus.  Combien de prêtres doivent trembler pour leur salut même, quand ils ne se soucient pas de se sanctifier pour convertir les gens et les sanctifier aussi; c’est donc qu’ils vivent sans Jésus… et ils mourront bien sans Jésus.  Que de chrétiens sont comme tant de religieux et de prêtres qui ne sont pas du tout intéressés aux choses de Dieu, mais ils le sont des choses du monde comme de vrais païens.  Dans combien de pays on passe pour mal élevé et on aiguille la conversation sur les choses de la religion; même des chrétiens sont choqués et montrent vite qu’ils ne veulent pas de ce sujet.  Comme il est rare aussi chez les prêtres et chez les religieux de parler du bon Dieu!  Tout le monde fuit si on veut en parler.  Comme il faut être païen jusqu’au fond de l’âme pour agir de la sorte, et c’est la très grande majorité non seulement des fidèles, mais des prêtres et des religieux.  Comme le monde est païen!  Quelle formation maudite faut-il avoir reçue pour agir de la sorte?  Quelle formation diabolique qui traite Dieu comme son pire ennemi, comme le moins intéressant du monde, comme un sujet qui gâte la vie, qui gâte les récréations même chez des âmes consacrées à Dieu.  Quel camouflage dans toute cette formation religieuse; quelle farce et quelle hypocrisie… ou mieux quelle ignorance des voies de Dieu!  C’est cette philosophie maudite qui remplace la vraie théologie, qui corrompt toute cette formation, cette philosophie qui considère les choses seulement en elles-mêmes, et pas du tout en nous et en Dieu.  Alors elle ne réside que dans la tête, pas du tout dans le coeur ni par conséquent d’amour dont elle ne s’occupe pas du tout.  La Sainte Vierge n’était pas philosophe pour un sou!  Elle gardait tout ce qu’elle entendait dire de Jésus dans son coeur.  Imitons-la… donc!  Maintenant que nous connaissons le mystère de la Visitation, supposons que nous rencontrons la Ste-Vierge marchant vite vers les montagnes et que nous lui demandons où elle peut bien aller à cette allure.  Elle pourrait répondre: Je m’en vais porter Jésus à Elizabeth!  Je m’en vais parler de Jésus à ma cousine!  Je m’en vais pour que Jésus sanctifie son Précurseur!  Je m’en vais porter le bon Dieu!  Eh bon, mettons-nous sur les grandes routes du pays et voici qu’un prêtre s’amène dans une belle grosse automobile, faisant du 60 milles à l’heure.  Demandons-lui donc où il va si vite?  Combien vont vous répondre: nous allons porter le bon Dieu à un paroissien!  Nous allons faire du catéchisme à des ignorants!  Nous allons chez un confrère pour parler du bon Dieu!  Combien de ces coureurs des chemins ont un motif purement surnaturel de sortir ainsi?  Pourtant on avait acheté ce beau char, disait-on, pour aller voir les pécheurs de la paroisse!  visiter les malades!… et maintenant on néglige tous ses devoirs religieux tous ses paroissiens, pour courir à travers le pays pour toutes sortes de raisons de païen.  Demandez donc à ce vicaire qui rentre après minuit où il est allé?   Combien vont pouvoir vous dire: Je suis allé porter Jésus à un tel; je suis allé sanctifier une telle; je suis allé parler des choses de Dieu avec des confrères!  Combien de ces veilleurs de nuit ont un motif purement surnaturel de rentrer après minuit?  Voyez-vous tous ces sorteurs, tous ces coureurs de chemins dire aux autres où ils sont allés?   Ce qu’ils ont fait?  Jamais de la vie!  Ils ne veulent jamais en parler à ceux qui sont aux choses de Dieu.  Ils en parleront avec leurs pareils et encore très rarement.  Quand la conduite est louche on n’aime pas à l’étaler au grand jour.  Aussi quand un prêtre ou un religieux ne parle pas de ses visites au dehors devant la communauté ou devant les autres prêtres, c’est toujours mauvais signe.  Celui qui va administrer une malade n’a pas honte de le dire aux autres.  Comme ils sont rares les porteurs de Jésus!  Comme ils sont rares ceux qui veulent en parler!  Demandons donc à la Ste-Vierge de ne jamais sortir que pour aller porter le bon Dieu aux autres, jamais sortir que pour des motifs purement surnaturels!  Nous sommes des porte Dieu par vocation, les laïques comme les prêtres.  Eh bien, sortons pour aller porter Jésus à d’autres avec tact et charité.  Voilà la conclusion de ce mystère de la Visitation.

SES EFFETS.

La sanctification de Jean-Baptiste qui reçoit la grâce sanctifiante et est rempli du St-Esprit, comme l’avait dit l’ange à son père.  Il passe donc de l’ordre naturel à l’ordre surnaturel; il devient l’enfant de Dieu et héritier du ciel.  Dieu a voulu nous enseigner ce que nous devons faire quand nous recevons le divin: nous devons nous réjouir intérieurement et exprimer à Dieu notre foi et notre reconnaissance.  C’est pourquoi il fait tressaillir Jean dans le sein de sa mère et qu’elle nous le dit.  Evidemment il ne fera plus cela ni pour Jean ni pour nous.  Mais il attire notre attention sur cette joie exprimée par Jean afin que nous le fassions par la foi.  Par exemple: je viens de communier: je sais que je viens de recevoir Jésus en personne alors quand même je ne ressentirais absolument rien, tout de même la foi me dit que c’est mon Dieu.  Eh bien!  Je dois exciter en moi la joie et la reconnaissance comme si je voyais Jésus.  Voilà ce que c’est que d’agir selon la foi.  Dieu nous montre en Jean ce qu’il veut de nous dans les circonstances analogues.

Si c’est Jésus qui sanctifie Jean-Baptiste, on remarquera que c’est Marie qui le porte jusque là.  Quand nous voudrons convertir des pécheurs et que nous voulons leur donner Jésus, qu’on n’oublie pas de faire porter Jésus par Marie.  Qu’on lui confie cette conversion; elle a incomparablement plus de chance que nous de réussir.  Aux pécheurs eux-mêmes, parlons-leur de Marie d’abord, faisons-les prier Marie et elle préparera mieux le terrain pour qu’ils reçoivent Jésus.  La première conversion de Jésus ou la première sanctification est un modèle de perfection pour nous tous.  Jean Baptiste incarne toutes les conditions que Dieu veut voir dans ses chrétiens.  Il va pousser le mépris des créatures et le mépris de soi-même jusqu’à la limite extrême.  Il ne vit pas du tout pour la terre; son esprit et son coeur sont tout entiers aux choses de Dieu.  Comme il montre clairement à tous que la pénitence est nécessaire absolument à tous ceux qui veulent recevoir Jésus, parce que tous ont péché d’une façon ou d’une autre.  Et le bon Dieu nous donne ce modèle de pénitence dans un homme qui n’a jamais commis un seul péché personnel!  Combien plus devons-nous faire pénitence!  Mais surtout il ne s’occupera que du royaume de Dieu qu’il prêchera à des foules qui viendront l’entendre dans le désert, sur les bords du Jourdain.  Nous devons débarrasser notre coeur des créatures afin de le tourner complètement vers Dieu.  Cette partie positive est la plus importante.  L’inspiration d’Elisabeth suit immédiatement la sanctification de Jean-Baptiste et c’est par lui qu’elle reçoit l’inspiration du St-Esprit.  C’est au tressaillement de son enfant qu’elle est avertie de quelque chose d’extraordinaire dans cette visite de Marie.  Au même instant le St-Esprit lui révèle la maternité divine de Marie.  Elisabeth marque clairement que toute cette manifestation de divin est déclenché par Marie.  «Car dès que votre voix a frappé mes oreilles, lorsque vous m’avez saluée, mon enfant a tressailli de joie dans mon sein.»  Le St-Esprit attend la voix de Marie pour sanctifier Jean Baptiste, comme il a attendu sa voix pour opérer l’incarnation du Verbe en Marie.  Le fait qu’il inspire l’Evangéliste de donner ces détails montre qu’ils sont importants pour nous tous.  C’est donc Marie qui est la médiatrice des grâces que Dieu donne au monde.  Le St-Esprit prend la peine de signaler que c’est par la voix de Marie qu’il a opéré non seulement l’Incarnation, mais aussi les premiers miracles de la grâce de Jésus et de sa puissance.  S’il a fait cela au début de l’Eglise et continue de le faire encore de nos jours et c’est ce que l’Eglise approuve par la nouvelle fête instituée sous le titre de Marie Médiatrice de toutes grâces.  Le St-Esprit lui révèle que Marie est la Mère du Sauveur, car elle s’écrie: «Vous êtes bénie entre les femmes et le fruit de vos entrailles est béni et d’où me vient ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne à moi?» L’Eglise répétera jusqu’à la fin des temps ces premières paroles.  Elle se sent indigne de tant d’honneur et exprime son humilité en disant: «D’où me vient ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne à moi?»

Quel privilège pour Elisabeth!  Elle est inondée de divin!  Son enfant est rempli du St-Esprit; elle-même en déborde et elle a devant elle et dans ses bras la Mère du Messie qu’elle porte!  Toute la Trinité qui la pénètre et l’enflamme et qui l’entoure!  Tout le divin de l’Ancien et du Nouveau Testament se trouve dans sa maison et dans son coeur!  Que tous ceux qui veulent recevoir le St-Esprit avec ses grâces s’appuient toujours sur Marie; qu’ils l’intéressent d’abord à ce qu’ils veulent pour qu’elle dise un mot en leur faveur… et alors le St-Esprit agira.  Voici les paroles les plus importantes pour nous: «Vous êtes bienheureuse d’avoir cru, parce que ce qu’il vous a dit de la part du Seigneur s’accomplira.» Ce n’est donc pas le fait d’avoir conçu Jésus dans son sein qui donne du mérite à Marie, mais sa foi!  Voilà une des plus importantes leçons que le StEsprit nous donne par Elisabeth.  tout ce divin vient de la foi de Marie.  Un jour Jésus indiquera l’importance de la foi quand on lui dira que sa Mère est à la porte et l’attend; il dit: «Ma Mère, ce sont ceux qui croient en moi!  C’est par la foi que nous concevons Jésus dans notre âme et donc nous faisons comme Marie a fait: nous sommes donc comme sa Mère.  C’est donc la foi qui fait descendre Jésus dans nos coeurs… ce n’est pas le bon sens ni la volonté humaine!  Voilà pourquoi Dieu aime à nous demander tant de choses qui répugnent à nos deux facultés afin de nous faire monter plus haut qu’elles pour agir selon la lumière divine.  Soyons donc contents quand Dieu nous demande ces choses qui nous dépassent, pensons tout de suite qu’il se tient près de nous pour nous donner du divin en proportion que la chose est pénible à la nature.  Allons-nous prendre 50 ans pour le pratiquer?  St-Paul dit que ce sont ceux qui sont conduits par l’Esprit-Saint qui sont les enfants de Dieu.  Rom.  8-14.  Il ne dit pas que ce sont ceux qui se conduisent par leur jugement ni par leur volonté, mais par le Saint-Esprit!  et cela n’est pas pour une fois ou deux dans la vie, ce doit être dans tous les détails de la vie.  Notre destinée surnaturelle ne fait pas que s’ajouter à notre destinée naturelle pour que nous nous en servions le dimanche et les jours de fête et le reste du temps agir selon notre destinée naturelle.  Elle supplante la destinée naturelle, qui n’existe plus!  Par conséquent toute la vie dans tous ses détails doit être conduite par la lumière de la foi, influencée par des motifs surnaturels implicites ou virtuels, mais réels quand même.  Tous les prêtres et tous ceux qui sont chargés d’éducation des autres devraient donner cet enseignement bien clair et les exercer assez pour que tous agissent normalement selon la foi en toutes choses sans aucune exception.  Nous sommes les enfants de Dieu en tout temps; donc nous devons nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu ou par la lumière de Dieu qui est la foi.  Plus nous agirons selon la foi et plus nous ressemblerons à la Ste Vierge, qui a conçu Jésus par la foi.  Quel honneur pour nous et quelle grâce que de devenir des «Mères» de Jésus.  Lui-même le dit, prenons-le sérieusement!  Le secret donc de faire descendre le divin en moi est de croire de plus en plus et plus parfaitement.  Travaillons donc notre moi avec soin et avec la grâce de Dieu tout nous vient par elle!  Inspiration de Marie.  Comme les eaux reviennent à la mer après avoir fécondé la terre, ainsi l’inspiration de Marie, après avoir sanctifié Elisabeth et Jean Baptiste, revient à elle.  Elle voit le plan de Dieu se dérouler devant elle pour la rédemption de l’humanité.  Elle dit son sublime cantique d’action de grâce envers Dieu pour ses magnificences envers les hommes, et envers elle surtout.


Ceux qui enseignent les voies de Dieu aux autres recevront un surcroît de lumière divine pour celle qu’ils ont donnée aux autres.  L’Ecriture dit qu’ils brilleront comme des soleils dans l’éternité.  Ils en auront donc reçu beaucoup pendant leur vie parce qu’ils l’ont donnée aux autres.  Plus on sème de foi, plus on récolte de foi, selon la doctrine du grain de blé: plus on sème plus on récolte.  Soyons donc des apôtres pour tout de bon afin de répandre autour de nous la doctrine de Jésus et les voies de Dieu.  Quel beau stimulant pour l’apostolat et pour l’action catholique.  Soyons apôtres convaincus!  Ce n’est pas facile d’analyser le Magnificat.  C’est un débordement de louange et de reconnaissance qui ne se canalise pas.  On sent que la Ste Vierge se sent incapable d’exprimer tout ce qu’elle ressent en son âme.  D’abord c’est la grandeur de Dieu qu’elle veut louer.  Son âme fait grand le Seigneur!  Remarquons que c’est son âme, pas seulement ses lèvres; elle n’est pas distraite en disant ces mots.  Elle pense à ce qu’elle dit et elle exprime ce qu’elle a dans son coeur.  Essayons donc de l’imiter quand nous récitons ou que nous chantons l’office, ou que nous disons la messe, et en général dans nos prières.  Non seulement son coeur, mais son esprit exulte de joie en Dieu son Sauveur.  Servons-nous de toutes nos facultés pour louer Dieu.  Que notre attention suive ce qui vient du coeur afin de le diriger vers Dieu.  Que de perroquets parmi les chrétiens qui pensent à toute autre chose qu’aux louanges qu’ils récitent par coeur sans le coeur!  Elle exprime son humilité en attribuant tout à Dieu, mais remarquons qu’elle a conscience des grandes choses que Dieu a faites en elle et que toutes les générations l’appelleront bienheureuse!  On peut donc être humble et reconnaître les grandes faveurs que Dieu nous fait.  Elle ne parle pas de pourriture ni de néant, pourtant c’est la plus humble des créatures.  C’est pour cela que son humilité est parfaite et cellelà consiste simplement à attribuer à Dieu les bonnes choses qu’on a ou qu’on fait.  Voilà notre modèle de l’humilité!  Ce n’est pas celle des anciens jansénistes qui ne parle que de pourriture et de néant.  Après avoir parlé de ce que Dieu a fait en elle, elle loue sa miséricorde sur le monde parce qu’il a déployé sa puissance pour accomplir les prophéties et donner le salut à Israël et à toute la terre.  Comme Dieu a dû surveiller les événements et renverser une foule d’ennemis du peuple juif qui les auraient détruits et empêché leur accomplissement.  Il a pu ainsi combler ceux qui soupiraient après le Messie et qui s’humiliaient devant Dieu pour mieux mériter sa venue.  Dieu a enfin fait tout ce qu’il avait promis aux Juifs pour le salut du monde.  La conclusion pour nous est que nous devons renvoyer à Dieu la gloire de tout le bien que nous faisons par lui.  Il en est le seul véritable auteur; nous ne sommes que ses instruments, par conséquent, c’est à lui que doit aller notre louange et notre reconnaissance.  Si nous avons le malheur de garder pour nous cette gloire qui lui appartient il nous renversera comme les puissants qui lui ont volé sa gloire et il élèvera les humbles qui lui attribuent tout.  Comme il est rare de trouver des apôtres dans tous les rangs de la société qui ne sont pas chatouilleux sur leur honneur!  Comme ils sont heureux quand on les loue!  Comme ils boudent quand on les humilie ou même qu’on ne leur donne pas les louanges qu’ils s’attendent de recevoir.  Mettons deux prêtres ensemble pour faire de l’apostolat et comme ils vont se chicaner vite justement à cause de leur susceptibilité sur celui qui mérite les louanges des sens.  Celui qui n’en a pas devient jaloux de l’autre.  De même parmi les laïques; que de rivalités sur le crédit qu’on veut recevoir des autres.  Combien sont tristes du fait que d’autres sont loués et qu’on les oublie!  Quel rare apôtre que celui qui ne travaille que pour Dieu et qui n’attend que de Dieu seul sa récompense!  Que Dieu nous en donne quelques-uns de plus!

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