Ce sermon un peu poussiéreux que nous mettons à votre disposition
est d’une époque qu’on aimerait oublier à Menzingen ou tout le moins cacher. On
s’amuse à faire un Mgr Lefebvre comme il nous plaie tel un Jacques-Régis du
Cray alias Ennemond alias Côme de Pévigny. Ce triste personnage est repris
régulièrement sur tradinews qui sont censés faire un visage de ladite tradition,
mais qui dirige le monde vers un rallierisme avec des textes bien choisis. L’institut
du Bon Pasteur, la Fraternité Saint-Pierre et autres ne peuvent faire partie
de la Tradition puisqu’ils ont intégré une secte qui n’est pas catholique.
Très rarement ils passent quelques textes vraiment
catholiques pour pouvoir endormir les éternels naïfs. Il faut savoir que la
vérité ne se mélange pas avec l’erreur. On n'attrape pas des mouches avec du vinaigre. Avec cette prudence, nous reconnaîtrons
les traditionalistes face aux modernistes et aux libéraux.
Nous n'utiliserons pas la méthode de plusieurs de prendre des textes et couper pour choisir les bouts qui feront notre affaire pour amener les fidèles vers une nouvelle pensée et par ceci faire le jeu du diable de l'hypocrisie.
Après cette petite précision, laissons Mgr Lefebvre nous
poser certaines questions tout à fait légitimes en ces temps et que plusieurs évitent
comme la peste.
Homélie
Monseigneur
Pâques
30 mars 1986
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Permettez-moi, avant d’évoquer
quelques considérations sur cette belle fête de Pâques, sur les sentiments qui
doivent nous animer en ce beau jour, de compléter — surtout pour vous, mes
chers séminaristes, qui allez dans quelques instants prendre le chemin des
vacances — vous allez rencontrer vos parents, vos amis, et je ne voudrais pas
que ce que je vous ai dit jeudi dernier à l’occasion de la messe chrismale,
soit mal interprété par vous.
Nous le savons tous, mes bien
chers frères, mes bien chers amis, nous savons tous que nous sommes
actuellement devant une situation dans l’Église qui est de plus en plus
inquiétante. Ce n’est pas depuis aujourd’hui que le problème se pose. Le
problème se pose depuis le concile particulièrement et depuis l’application des
réformes du concile.
Or, nous assistons à une
espèce d’escalade de l’œcuménisme pratiqué par le pape et par les évêques. Ce
n’est pas un mystère ; c’est vu et su par tout le monde ; c’est présenté à la
télévision, par tous les moyens de communication sociale. Tout le monde est
bien au courant de cet œcuménisme qui est pratiqué aujourd’hui par les
autorités de l’Église.
Alors cet œcuménisme nous pose
– à vous j’en suis certain – chers fidèles, chers amis, un grave problème de
conscience. Pour nous, nous voulons et nous avons décidé – et je ne pense pas
que nous ayons l’intention de changer : nous voulons rester catholiques. Et le
catholicisme pour nous, signifie : garder la foi, les sacrements, le Saint
Sacrifice de la messe, le catéchisme que l’Église a enseigné, a légué, comme un
héritage précieux pendant dix-neuf siècles, à des générations et des
générations de catholiques. Nous-mêmes nous avons reçu dans notre enfance, dans
notre jeunesse, dans notre adolescence, notre âge mûr, nous avons reçu ce
précieux héritage et nous y sommes attachés comme à la prunelle de nos yeux, en
pensant que cette foi qui nous a été léguée et tous les moyens de garder la foi
qui nous ont été légués, d’entretenir la grâce en nous, sont un moyen nécessaire,
absolument indispensable pour sauver nos âmes, pour aller au Ciel. Ce n’est pas
pour autre chose que nous voulons demeurer catholiques : pour sauver nos âmes.
Alors, lorsque j’avais l’occasion
de vous dire jeudi dernier, mes chers amis, que nous avons l’impression de nous
éloigner toujours davantage de ceux qui pratiquent cet œcuménisme insensé,
contraire à la foi catholique — je devrais dire plutôt, que demeurant
catholiques et décidant de demeurer catholiques jusqu’à la fin de nos jours —
ce sont eux que nous voyons s’éloigner de nous, parce que nous demeurons
catholiques et qu’ils s’éloignent toujours un peu plus de la profession de
cette foi catholique qui est le premier précepte qui est celui d’un baptisé, de
professer sa foi.
Ce n’est pas pour rien que nos
parrain et marraine ont prononcé le Credo le jour de notre baptême – et que
nous-mêmes ensuite – à la confirmation que nous avons reçue, nous avons répété
par nous-mêmes, ce Credo, qui nous attache définitivement à la foi catholique.
Or, c’est un fait certain,
connu désormais de tout le monde, depuis surtout le voyage du pape au Maroc, au
Togo, dans les Indes, et dans les communiqués que le Saint-Siège officiellement
a fait paraître encore ces jours derniers, pour dire que le pape avait
l’intention de se rendre chez les juifs, pour prier avec eux, que le pape avait
l’intention de se rendre à Taizé pour prier avec les protestants et qu’il avait
l’intention – il l’a dit lui-même publiquement à Saint-Paul-hors-les-murs – de
faire une cérémonie qui réunirait toutes les religions du monde pour prier avec
elles, à Assise, pour la paix – à l’occasion de l’Année de la paix qui a été
proclamée par l’O.N.U. et qui pour l’O.N.U. doit avoir lieu le 24 octobre.
Voilà les faits. Vous les avez lus dans les journaux ; vous les avez entendus à
la télévision, pour ceux qui ont la télévision.
Que pensons-nous ? Quelle est
la réaction de notre foi catholique ? C’est cela qui compte, ce n’est pas notre
sentiment personnel, une espèce d’impression ou une constatation quelconque. Il
s’agit de savoir ce qu’en pense l’Église catholique ; ce que l’on nous a
enseigné ; ce que notre foi nous dit devant ces faits.
C’est pourquoi je me permets
de vous lire quelques mots très courts que j’ai recueillis dans le Dictionnaire
de Droit canonique, du chanoine Naz, qui est officiellement le commentaire du
Droit canon qui est la loi de l’Église depuis les premiers temps de l’Église.
Le Droit canon édité et publié sur l’ordre du pape Pie X et publié par Benoît
XV, le Droit canon est l’expression de la loi de l’Église qui a été la sienne
pendant dix-neuf siècles.
Que dit-il à propos de ce que
l’on appelle la communicatio in sacris, c’est-à-dire la participation à un
culte a-catholique, participation d’un culte non catholique ? Je crois que
c’est bien ce qui nous occupe ; c’est bien ce que nous voyons : la
participation du pape et des évêques à des cultes non catholiques.
Qu’est-ce qu’en dit l’Église ?
La communicatio in sacris,
comme le dit l’Église en latin : Elle est interdite avec les non-catholiques
par le canon 1258, paragraphe 1, qui dit : “Il est absolument interdit aux
fidèles d’assister ou de prendre part activement aux cultes des a-catholiques
de quelque manière que ce soit”. De quelque manière que ce soit.
Et voici comment il l’explique
— et cela je ne fais que copier ce qui se trouve dans le commentaire officiel
de la doctrine de l’Église — :
« La participation est active
et formelle quand un catholique participe à un culte hétérodoxe, c’est-à-dire
non catholique, avec l’intention d’honorer Dieu par ce moyen, à la manière des non-catholiques
».
Je répète... (Monseigneur
relit le paragraphe).
C’est exactement ce devant
quoi nous nous trouvons. Je pense réellement que les évêques et que le pape ont
l’intention d’honorer Dieu, par le culte non catholique, auquel ils
participent. Je ne pense pas me tromper.
« Une telle participation est
interdite, sous n’importe quelle forme – quo vis modo – parce qu’elle implique
profession d’une fausse religion et par conséquent le reniement de la foi
catholique.
« Il n’est permis ni de prier,
ni de chanter, ni de jouer de l’orgue dans un temple hérétique ou schismatique
en s’associant aux fidèles qui célèbrent leur culte, même si les termes du
chant et des prières sont orthodoxes ».
Ce n’est pas moi qui ai écrit
cela. C’est écrit en toutes lettres dans le Dictionnaire de Droit canonique par
le chanoine Naz, qui fait pièce officielle, qui a toujours été considérée dans
l’Église comme un commentaire tout à fait officiel et valable.
« Ceux qui participent ainsi
activement et formellement au culte des non-catholiques sont présumés adhérer
aux croyances de ces derniers. C’est pourquoi le canon 2316 les déclare
suspects d’hérésie et s’ils persévèrent ils sont considérés comme réellement
hérétiques. »
Ce n’est pas moi qui le dis,
encore une fois. Pourquoi cette législation de l’Église ? Pour nous aider à
pratiquer le premier commandement que nous avons de professer notre foi catholique.
Si nous professons notre foi
catholique, il nous est impossible, inconcevable de professer une autre foi, un
autre culte. Parce qu’en priant dans un autre culte nous faisons profession
d’honorer le dieu qui est invoqué par ce culte, par le culte d’une fausse
religion. Une fausse religion, c’est honorer un faux dieu ; un dieu qui est une
construction de l’esprit ou qui est une idole quelconque, mais qui n’est pas le
vrai Dieu.
Comment voulez-vous que les
juifs prient le vrai Dieu ? Ils sont formellement, essentiellement contre Notre
Seigneur Jésus-Christ, depuis précisément le jour de la Résurrection de Notre
Seigneur. Et même avant, puisqu’ils L’ont crucifié.
Mais d’une manière quasi
officielle, après la Résurrection de Notre Seigneur. Et ils se sont mis immédiatement
à persécuter les disciples de Notre Seigneur et cela pendant des siècles.
Comment peut-on prier le vrai Dieu avec les juifs ? Qui est Notre Seigneur
Jésus-Christ ? Le Verbe de Dieu. Il est Dieu. Nous n’avons qu’un seul Dieu :
Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et qu’un seul Seigneur : Notre
Seigneur Jésus-Christ.
Ce sont les évangélistes qui
nous rappellent cela à satiété. Si donc on s’oppose à Notre Seigneur
Jésus-Christ, comme le dit
explicitement saint Jean dans ses Lettres : “Qui n’a pas le Fils, n’a pas le
Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père.”
C’est normal, il n’y a qu’un
seul Dieu en trois Personnes. Si l’une des Personnes est déshonorée, est
refusée, on ne peut pas honorer les autres Personnes, c’est impossible. C’est
détruire la Sainte Trinité. Par conséquent, en déshonorant Notre Seigneur
Jésus-Christ, les juifs déshonorent la Sainte Trinité. Comment peuvent-ils
prier le vrai Dieu ? Il n’y a pas d’autre Dieu au Ciel, que nous connaissions,
qui nous ait été enseigné par notre foi catholique.
Voilà la situation devant
laquelle nous nous trouvons. Je ne l’invente pas. Ce n’est pas moi qui le veux,
je voudrais mourir pour qu’elle n’existe pas cette situation. Je voudrais
donner ma vie. Mais nous nous trouvons devant cette situation. Comment la juger
selon notre foi, suivant la doctrine de l’Église ? Nous nous trouvons vraiment
devant un dilemme grave, excessivement grave, qui, je crois, n’a jamais existé
dans l’Église : Que celui qui est assis sur le siège de Pierre, participe à des
cultes de faux dieux. Je ne pense pas que ce ne soit jamais arrivé dans
l’Histoire de l’Église.
Quelle conclusion devra nous tirer, peut-être dans quelques mois,
devant ces actes répétés de communication à des faux cultes ? Je ne sais pas.
Je me le demande. Mais il est possible que nous soyons dans l’obligation de
croire que ce pape n’est pas pape.
Car il semble à première vue — je ne veux pas encore le dire d’une
manière solennelle et formelle — mais il semble à première vue — qu’il soit
impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement.
Notre Seigneur lui a promis (au successeur de Pierre) d’être avec lui,
de garder sa foi, de le garder dans la foi. Comment celui auquel Notre Seigneur
a promis de le garder dans la foi définitivement et sans qu’il puisse errer
dans la foi, peut-il en même temps être hérétique publiquement et quasi
apostasier ?
Voici un problème qui vous concerne tous, qui ne concerne pas moi
seulement.
Si l’on nous a persécutés, si
maintenant on nous traite comme des gens qui sont presque hors de l’Église,
pourquoi ? Parce que nous sommes restés catholiques. Parce que nous avons voulu
rester catholiques. Et alors nous constatons que demeurant catholiques, ces
personnes s’éloignent toujours davantage de la doctrine catholique et par
conséquent s’éloignent de nous. Que voulez-vous que l’on y fasse ? Absolument
comme les juifs se sont éloignés de Notre Seigneur. Ils se sont éloignés de Lui
toujours davantage, jusqu’à devenir des ennemis jurés de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Alors qu’ils auraient dû tous se réunir à Notre Seigneur ; alors
qu’ils auraient dû tous suivre la très Sainte Vierge Marie et les apôtres – à
l’exception faite de Judas bien sûr – mais tous les disciples de Notre
Seigneur, juifs, qui se sont convertis à Notre Seigneur et qui ont suivi Notre
Seigneur. Notre religion chrétienne a commencé avec des juifs, des juifs
convertis. Pourquoi y en a-t-il un certain nombre qui ont refusé de se
convertir malgré toute l’évidence des miracles de Notre Seigneur, l’évidence de
sa Résurrection ? Puisque les soldats qui étaient présents ont couru, effrayés,
après l’apparition de l’ange et les tremblements de terre qui avaient eu lieu ;
effrayés ils sont partis voir les Princes des prêtres pour dire ce qui était
arrivé. C’est-à-dire que Notre Seigneur n’était plus là ; qu’il était
ressuscité ; qu’il n’y avait plus rien dans le tombeau et qu’ils avaient
entendu un tremblement de terre effrayant. Ils venaient apporter leurs
constatations, leur témoignage.
Qu’est-ce qu’ont dit les
Princes des prêtres ? Au lieu de dire : Ah, vraiment, nous faisons amende
honorable ; nous nous sommes trompés ; nous adorons Notre Seigneur Jésus-Christ
s’il est ressuscité. Comment ne pas L’adorer ? Comment ne pas Le suivre ? – Non
– Qu’ont-t-ils dit aux soldats ? : “Voilà une forte somme d’argent et allez
dire dans tout Jérusalem que pendant que vous dormiez, les apôtres sont venus
prendre le Corps de Notre Seigneur”.
Alors, comme le dit très bien
saint Augustin, en souriant je pense, il dit : “Mais comment ont-ils pu dire
que les apôtres ont enlevé le Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, comment les
ont-ils vus puisqu’ils dormaient ?” Ils n’ont pas pu voir. Ils disaient même
que pendant qu’ils dormaient les apôtres sont venus enlever le Corps de Notre
Seigneur, donc ils ne les ont pas vus. Mensonge, mensonge, mensonge. C’est le
démon qui les a inspirés ; ils sont restés sous l’influence du démon.
Que faire, mes bien chers
frères, mes bien chers amis ? Prier. Devant cette situation de l’Église, nous
devrions prier matin et soir, jour et nuit, prier la très Sainte Vierge Marie
de venir au secours de son Église.
Car c’est un scandale
considérable – au vrai terme de scandale – scandale, c’est poussé au péché. Eh
bien par ce scandale de l’œcuménisme, par ce scandale de la participation aux
cultes de fausses religions, les chrétiens perdent la foi. Les catholiques
perdent la foi ; ils n’ont plus la foi dans l’Église catholique. Ils ne croient
plus qu’il n’y a qu’une seule religion vraie ; qu’il n’y a qu’un seul Dieu, la
Trinité Sainte et Notre Seigneur Jésus-Christ. La foi disparaît.
Quand l’exemple et le scandale
viennent de si haut, que celui qui est sur le siège de Pierre et que presque
tous les évêques... alors pauvres chrétiens, qui sont livrés à eux-mêmes ; qui
n’ont pas suffisamment de formation chrétienne, pour maintenir leur foi
catholique malgré tout, ou qui n’ont pas à côté d’eux des prêtres qui les
aident à garder cette foi, ils sont complètement désemparés.
Ou ils perdent la foi, ne
pratiquent plus, ne prient plus, ou ils s’engagent dans des sectes quelconques.
Alors nous devons beaucoup prier, réfléchir, demander au Bon Dieu de nous
garder dans la foi catholique, quoi qu’il arrive.
Ces événements ne dépendent pas
de nous, encore une fois. C’est comme un film de cinéma qui se déroule devant
nos yeux. Depuis le concile, nous voyons la situation s’aggraver, d’année en année,
toujours plus grave, toujours plus grave. Le synode a encore marqué un point
d’orgue – je dirai encore plus grave que les autres – parce qu’ils ont dit :
Nous continuons, nous continuons, malgré toutes les difficultés ; le concile a
été l’œuvre du Saint-Esprit, a été une Pentecôte extraordinaire, il faut
continuer. Continuons dans l’esprit du concile. Pas de restrictions, pas de
réprimandes, pas de retour à la Tradition.
Et nous voyons maintenant que
le fait que le synode ait dit : Il faut continuer dans l’esprit du concile, eh
bien nous voyons les étapes, maintenant se précipiter, aller encore plus vite.
Forcément puisqu’il n’y a pas eu d’objection à ces vingt années d’esprit du
concile mis en pratique. Maintenant, désormais, tous ceux qui sont d’accord
avec ces transformations dans l’Église, disent il n’y a pas de raison de ne pas
continuer plus rapidement encore. On en arrive à la destruction totale de
l’Église.
Mais je ne voudrais pas ne pas
évoquer quelques considérations sur la belle fête de Pâques que nous avons et
qui, justement, encouragent notre foi. Car voyez-vous l’Église catholique est la
seule, en définitive, qui nous parle de l’au-delà d’une manière certaine.
Oh, comme nous devons
remercier le Bon Dieu d’avoir la foi catholique. Pauvres âmes qui n’ont pas la
foi et qui errent – je dirai – dans l’aveuglement ; qui ne pensent qu’aux choses
d’ici-bas et qui lorsqu’elles pensent ou qu’elles ont l’occasion de penser aux
choses de l’avenir, ce qu’il en sera après la mort, préfèrent plutôt fermer les
yeux, fermer les oreilles, ne pas évoquer ces choses-là, pour ne pas avoir à y
penser.
Pauvres gens qui dans leur
aveuglement et dans leur attachement aux choses de ce monde, ferment les yeux
sur les choses les plus belles qui nous attendent là-haut.
Aujourd’hui disent nos
offices, Notre Seigneur a ouvert la porte du Ciel. Mais regardons donc vers le
Ciel. Il nous ouvre les portes du Ciel, pourquoi ? Mais pour nous y amener
tous, bien sûr !
Pour que tous les hommes Le
suivent. Lui, puisqu’il a ouvert cette porte et qu’il est Lui-même LA
Porte. Ego sum ostium : Je
suis la Porte du Ciel. Mais regardons Jésus-Christ, regardons sa Résurrection, regardons
toutes les Âmes saintes qui L’entourent ; regardons tous ces justes de l’Ancien
Testament, qui vont bientôt monter avec Lui au Ciel et former déjà le corps des
Élus au Ciel.
Alors que nous enseigne l’Église
sur cet au-delà qui nous attend tous ? Cette vie (sur terre) est courte, est
brève.
L’Église nous dit qu’il y a
quatre possibilités pour les âmes, quatre lieux dans lesquels elles peuvent
être placées, dont trois définitifs et un provisoire.
Les lieux définitifs sont : le
Ciel, les Limbes et l’Enfer.
Le lieu provisoire, c’est le
Purgatoire.
Voilà ce que nous enseigne
l’Église. Il n’y a pas d’autres lieux. Ou c’est le bonheur éternel, immédiatement
acquis, ou c’est le bonheur éternel acquis par l’intermédiaire d’un séjour plus
ou moins prolongé au Purgatoire pour purifier nos âmes de nos péchés véniels,
des peines dues aux péchés que nous avons commis.
Ou ce sont les Limbes pour les
âmes de ceux qui n’ont pas péché personnellement et qui sont
morts avec le péché originel,
comme tous ces enfants qui meurent... hélas — quand on pense à tous ces
avortements, tous ces enfants sont privés de la grâce sanctifiante, privés du
bonheur éternel du Ciel — ils ne sont pas malheureux, mais ils sont tout de même
dans cette privation invraisemblable d’un bonheur ineffable, dont nous n’avons
aucune idée ici-bas. Cela ce sont les Limbes.
Et puis enfin l’Enfer.
Et saint Thomas donne une
comparaison, très moderne je dirai, parce qu’il dit : “Nos âmes lorsqu’elles quitteront
nos corps, ici-bas, iront chacune à leur place, comme les astres qui ont été
projetés dans le ciel par le Bon Dieu”. Chacun a pris sa place selon sa
gravité, suivant les lois de la gravitation, suivant son importance, il a pris
sa place. Comme nous dirions aujourd’hui pour les satellites. Nous lançons des
satellites qui, suivant leur poids, suivant leur grandeur, suivant leur
vitesse, prennent leur place sur orbite et tournent autour de la terre.
Eh bien les âmes aussi – d’une
certaine manière – prendront chacune leur place. Par rapport à quoi ? Par
rapport à leur relation avec Notre Seigneur Jésus-Christ.
Sommes-nous vraiment des
fidèles de Notre Seigneur Jésus-Christ ? L’aimons-nous de tout notre cœur ?
Mourrons-nous dans cet amour en disant : J’offre ma vie tout entière ; j’offre
tout, j’offre mes souffrances ; j’offre ma mort pour Notre Seigneur
Jésus-Christ ; pour être uni à Notre
Seigneur Jésus-Christ ; pour
réparer les fautes, par amour pour Notre Seigneur.
Alors, si vraiment nous
faisons un acte de charité parfaite avant de mourir, nos âmes tout
naturellement partiront dans le Ciel et se placeront dans le Ciel suivant notre
degré de charité ; plus ou moins près de Notre Seigneur, automatiquement, le
Bon Dieu n’aura même pas à nous juger. C’est nous-mêmes qui nous jugeons par la
charité que nous avons pour le Bon Dieu, pour Notre Seigneur et nous aurons le
bonheur éternel.
Si au contraire nous avons des
peines à expier, ce sera le Purgatoire. Et dans le Purgatoire, nous ne pouvons
rien faire par nous-mêmes. N’oublions pas cela, mes bien chers frères.
N’oublions pas que dans le Purgatoire, les âmes du Purgatoire ne peuvent rien
faire par elles-mêmes ; elles ne peuvent pas mériter ; elles sont fixées dans
ce qu’elles sont, simplement qu’elles ont un temps de peine à expier. Mais ce
temps peut être abrégé par nous, par les fidèles qui sont encore sur la terre. Nous
pouvons prier justement, il faut prier pour les âmes du Purgatoire. C’est une
grande raison de prier pour les âmes du Purgatoire. Parce que nous, nous
pouvons mériter pour elles, par nos prières, par nos sacrifices ; en offrant
nos sacrifices pour les âmes du Purgatoire, pour les âmes de nos parents, de
nos amis, de tous ceux qui souffrent au Purgatoire. Nous pouvons soulager leurs
peines. Elles ne peuvent plus pour elles-mêmes ; elles attendent la fin de
cette purification, de ce Purgatoire et elles souhaitent que ceux qui sont sur
la terre, leurs amis, leurs parents, prient pour elles afin de les délivrer le
plus vite possible de ces peines et qu’elles aillent rejoindre les élus au
Ciel.
Par contre, inutile de prier
pour les élus du Ciel ; inutile de prier pour ceux qui sont dans les
Limbes ; inutile de prier pour
ceux qui sont en Enfer, parce que dans ces trois lieux, l’état est définitif.
Mais comme nous ne le savons
pas, nous ne savons pas parmi nos parents, nos amis, ceux qui meurent, sont-ils
au Ciel ? Sont-ils au Purgatoire ? Hélas sont-ils en Enfer ? Nous ne savons
pas.
Alors nous devons prier pour
eux et le Bon Dieu se sert de ces prières pour ceux qui peuvent recevoir les
mérites de ces prières, si les personnes pour lesquelles nous prions ne sont
plus susceptibles de changer d’état ou de modifier leur état.
Par contre, ceux qui sont au
Ciel, peuvent prier pour nous. Et c’est pourquoi nous devons souvent invoquer
les saints du Ciel, invoquer particulièrement bien sûr Notre Seigneur, la très
Sainte Vierge Marie, les saints les plus puissants, ceux pour lesquels nous
avons une dévotion particulière, notre saint Patron, notre sainte Patronne,
pour leur demander de venir à notre secours. Eux peuvent intercéder auprès de
Notre Seigneur Jésus-Christ pour nous, pour nos âmes ; afin que nous
progressions dans la perfection ; afin que nous nous préparions à ce moment si
important, le moment le plus important de notre vie qui est notre mort. Pour
que nous soyons prêts à aller les rejoindre là-haut dans l’éternité.
Voilà ce que nous enseigne la
Sainte Église. Au moins les choses sont claires, simples, naturelles, bonnes
pour nous, qui nous encouragent à marcher dans le chemin de la perfection. Et
c’est pourquoi il est si profitable et je félicite tous ceux qui ici on déjà
fréquenté les exercices spirituels de saint Ignace, qui ont fait des retraites,
pour méditer sur nos fins dernières ; pour méditer sur ces magnifiques horizons
que le Bon Dieu nous présente à l’occasion de sa Résurrection.
Tout ce que nous connaissons
ici-bas n’est rien en comparaison de ce que nous connaîtrons si le Bon Dieu
nous accueille dans son Paradis. C’est Saint Paul qui le dit : “Il n’y a aucune
proportion entre ce que nous sommes ici et ce qu’il y a dans le Ciel”.
Alors, méditons ces choses et
efforçons-nous de pouvoir être accueillis – je dirai – par les anges, comme les
saintes Femmes ont été accueillies.
Voyez-vous la différence qu’il
y a eu entre les gardiens du tombeau de Notre Seigneur et les saintes Femmes
qui sont venues pour voir Notre Seigneur, les saints Anges eux-mêmes leur ont
dit : “Vous, approchez, parce ce que nous savons que vous cherchez Jésus-Christ
qui a été crucifié. Nous le savons. Alors, venez, venez voir là où il a été
déposé”.
Les femmes étaient effrayées,
le tremblement de terre, l’ange qui descend du Ciel, resplendissant de lumière
et de splendeur, elles sont épouvantées ; elles se seraient bien enfuies aussi,
comme les gardiens qui eux se sont enfuis, ont pris la fuite. Non, à elles, les
anges ont dit : “non, nous savons que vous, vous cherchez Notre Seigneur
Jésus-Christ”.
Puissions-nous aussi entendre
: “Nous savons que vous, vous recherchez Notre Seigneur Jésus-
Christ”. Que nos saints Anges
gardiens nous disent cela, lorsque nous arriverons à notre dernier moment. Lorsque
le Bon Dieu nous appellera, puissions-nous être reçus comme cela par les anges
et non pas nous enfuir et aller avec ceux qui sont avec le Prince du mensonge,
comme l’ont fait ces pauvres soldats en allant trouver les Princes des prêtres.
Demandons à la très Sainte
Vierge Marie de nous guider au cours de notre vie, pour qu’un jour nous
puissions aller partager son bonheur dans le Ciel.
Au nom du Père et du Fils et
du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.