INTRODUCTION A LA MÉDITATION
DES
DEUX ÉTENDARDS
Ou
prélude aux considérations à faire sur l’état de vie auquel on peut être
appelé.
(Trad. des Ex.)
Notre-Seigneur obéissant
à Nazareth à ses parents se présente à nous comme le modèle de ce premier état
de vie qui consiste à observer les commandements, et qu'on appelle vie commune.
Mais du moment que Jésus-Christ,
âgé de douze ans, abandonnant son père nourricier et celle qui selon la nature
était sa mère, se rend au temple et y demeure, afin d'y vaquer tout entier au
service de son Père éternel, comme il doit le faire pendant les trois années de
sa vie publique; il semble nous donner l'exemple et l'idée d'un second état qui
est celui de la perfection évangélique.
Il est donc à propos ici,
pendant que nous contemplons sa vie, d'examiner et de demander avec instance la
grâce de connaître quel est le genre propre et l'état de vie où il plaira
davantage à la majesté divine de nous faire servir à sa gloire.
Nous serons guidés dans
cette recherche par l'Exercice suivant, qui met en parallèle et en opposition
les pensées et les vues de Jésus-Christ avec celles de son ennemi mortel. Nous
apprendrons là quelle doit être notre disposition pour que nous arrivions à la
perfection de l'état, quel qu'il soit, que la divine bonté nous conseillera de
choisir.
LES
DEUX ÉTENDARDS.
NOTA. Cet Exercice est
une sorte de parabole, dans laquelle saint Ignace nous représente
Notre-Seigneur et Lucifer comme deux capitaines armés l'un contre l’autre, et
appelant tous les hommes sous leur étendard. Il a pour but de nous remettre
sous les yeux les droits de Jésus-Christ à nos services, et de nous fixer sans
retour sous sa bannière.
Oraison
préparatoire. — La même.
Premier
Prélude. — Considérer d'un côté Notre-Seigneur ; de l'autre,
Lucifer , qui tous deux invitent les hommes à suivre leur étendard.
Deuxième
Prélude. — Construction de lieu. — Se représenter deux vastes
plaines : dans l'une, auprès de Babylone, Lucifer rassemblant autour de lui
tous les pécheurs ; dans l'autre, auprès de Jérusalem, Notre-Seigneur environné
de tous les justes.
Troisième
Prélude. —Demander la grâce de découvrir et d'éviter les pièges
de Lucifer, de bien connaitre et d'imiter les vertus de Jésus-Christ.
PREMIER
POINT.
L'étendard
de Lucifer.
1° Représentez-vous le
prince des réprouvés, dans les vastes plaines de Babylone, sur un trône de feu,
environné d'une fumée épaisse, répandant l'effroi autour de lui par la
difformité hideuse de ses traits et ses regards terribles. Méditez le sens
caché de ces figures. Ces vastes plaines signifient la voie large où marchent
les pécheurs... Babylone, ville de confusion, désigne le désordre d'une
conscience coupable... ce trône de feu est le symbole de l'orgueil et des
passions qui dévorent les âmes comme l'incendie... cette fumée épaisse est
l'image de l'aveuglement du pécheur et de la vanité de ses plaisirs.. ces
traits hideux et ce regard terrible de Lucifer expriment la difformité du péché
et les opérations du mauvais esprit dans les âmes, c'est-à-dire le trouble,
l'agitation, l'abattement et la tristesse.
2° Considérez autour de
Lucifer la foule innombrable de ses sectateurs et de ses ministres....Là, se
trouvent réunis tous les pécheurs de tous les siècles... là, les démons qui,
les premiers, levèrent dans le ciel même l'étendard de la révolte contre Dieu,
esprits dégradés dont le mal est devenu comme la nature... là, tous les hommes
qui se sont faits esclaves des passions et du péché... les orgueilleux... les
impudiques... les ravisseurs du bien d'autrui... les homicides... tous les
scélérats qui épouvantèrent le monde de leurs crimes , etc... Dans cette
immense assemblée, pas un seul homme qui ne soit méprisable par quelque
endroit... Mais pour quel dessein Lucifer les convoque-t-il sous son étendard
?... pour le dessein le plus perfide et le plus barbare qui se puisse
imaginer... Il s'agit de séduire le genre humain tout entier, et, après l'avoir
séduit, de l'entraîner dans un malheur infini...
3° Écoutez en esprit Lucifer
s'adressant à ses ministres, leur ordonnant de tendre de tous côtés des pièges
aux hommes pour les perdre : Venite... insidiemur sanguini, abscondamus
tendiculas contrà insontem frustrà : deglutiarnus eum sicut infernus
viventem... omnem pretiosam substantiam reperiemus , implebimus domos nostras
spoliis[i]. Remarquez ses artifices
et les trois degrés ordinaires de ses tentations...comment d'abord il prend les
âmes par l'amour des riches, puis comment il les jette dans l'ambition, et
enfin de l'ambition dans l'orgueil, abime sans fond, d'où sortent tous les
vices comme de leur source. Voyez avec quelle activité et quelle patience de
zèle les ministres de Lucifer accomplissent l'apostolat qu'il leur impose...
comme ils font tout servir à la perte des rimes... les défauts de l'esprit...
les inclinations du cœur— le caractère... les habitudes... les passions... les
chutes... les vertus même, et jusqu'aux grâces de Dieu... Enfin, contemplez le
succès de l'enfer dans son entreprise... combien d'insensés se laissent prendre
tous les jours à ces pièges!... combien qui s'y jettent en aveugles, et
d'eux-mêmes... combien qui, peu contents de s'être laissé séduire, travaillent encore
à séduire leurs frères!... Faites un retour sur vous-même... étonnez-vous
d'avoir cédé si souvent et si facilement aux tentations de l'ennemi... pleurez
votre folie et votre faiblesse passée, et prenez la résolution d'être plus sage
et plus courageux à l'avenir.
SECOND
POINT.
L'étendard
de Jésus-Christ.
1° Représentez-vous une
plaine riante auprès de Jérusalem, et là, non pas sur un trône, mais confondu
au milieu de ses sujets, Notre-Seigneur, attirant tous les cœurs par la beauté
et le charme irrésistible de ses regards. Méditez le sens caché de ces figures
: cette plaine riante signifie la voie des justes, rude en apparence, mais
douce et heureuse dans la réalité... Jérusalem, cité des Saints, vision de paix,
est le symbole d'une conscience pure... Notre-Seigneur est représenté sans
trône et confondu parmi ses sujets, pour exprimer son humilité et les
anéantissements de sa vie mortelle... Il se montre comme le plus beau des
enfants des hommes... Speciosus forma proe fliis hominum (Ps. 44. 3) et avec
tous les traits sous lesquels l'ont annoncé les Prophètes... Non erit tristis
neque turbulentus[ii]
— Non enim habet amaritudinem conversatio illius, nec toedium convictus illius,
sed loetitiam et gaudium[iii]. — Calamum quassatum non
conteret, et linum fumigans non exstinguet[iv]. C'est l'image de la beauté,
de la vertu et des opérations du bon esprit dans les âmes, c'est-à-dire, de la
joie, du calme, des consolations, etc...
2° Considérez autour de
Notre-Seigneur ses disciples et ses Apôtres... où trouver une plus auguste
assemblée?.., là sont réunis les Justes et les Saints de tous les siècles..,
là, les Patriarches... les Prophètes... le Apôtres... les Martyrs... les
Pénitents... les Vierges... les Docteurs... les saints Pontifes... là, pas un
seul des vices... une seule des faiblesses qui déshonorent l'humanité... là, au
contraire, toutes les vertus et poussées jusqu'à l'héroïsme... Mais pour quel
dessein Jésus-Christ convoque-t-il ses Disciples sous son étendard?... Pour le
dessein le plus juste... le plus noble... le plus généreux qui puisse être...
pour ramener tous les hommes à la vertu, et par la vertu au bonheur du temps et
à celui de l'éternité.
3° Écoutez en esprit
Notre-Seigneur s'adressant à ses Apôtres et leur commandant de se répandre dans
le monde entier pour sauver tous les hommes... Venit Filius hominis quœrere et
salvum facere quod perierat.[v] — Ego veni ut vitam
habeant et abundantiùs habeant.[vi] — Ignem veni mittere in
terram , et quid volo nisi ut accendatur[vii]? — Ite in mundum
universum, proedicate Evangelium omni creaturoe[viii]. —Docentes eos servare
omnia quœcum que mandavi vobis[ix]. Remarquez par quels
degrés opposés aux tentations de Lucifer Jésus-Christ conduit les âmes à la
perfection... Il veut que ses Apôtres leur inspirent d'abord le détachement des
richesses, et ensuite le désir de l'abjection d'où naît comme de sa source
l'humilité, et avec elle toute vertu. Voyez avec quelle ardeur... avec quelle
constance, les Apôtres accomplissent la mission que leur confie le Fils de
Dieu. Représentez-vous tout ce que leur ministère leur coûte de travaux et de sacrifices...
In omnibus exhibeamus
nosmetipsos sicut Dei ministros , in multâ patientid, in tribulationibus , in
necessitatibus , in angustiis , in plagis , in carceribus , in seditionibus, in
laboribus, in vigiliis, in jejuniis , in castitate , in scientiâ, in longanimitate,
in suavitate , in Spiritu sancto , in charitate non fictâ, in verbo veritatis,
in virtute Dei , per arma justitiœ à dextris et à sinistris[x]. Enfin
contemplez le succès de cette entreprise... combien de pécheurs arrachés
heureusement à l'enfer... combien de disciples conquis à la pauvreté et à
l'humilité évangélique... combien d'ap6'tres formés pour le salut des âmes et
la gloire de Dieu... Retour sur vous-même et réflexions pratiques.
TROISIÈME
POINT.
Élection
entre les deux étendards.
Considérez que nous
sommes tous placés entre Jésus-Christ et Lucifer, et qu'il est également impossible
ou de les servir tous les deux à la fois, Nemo potest duobus dominis servire[xi], ou de rester neutre sans
servir ni l'un ni l'autre ; car, dit encore Jésus-Christ : Qui non est mecum ,
contra me est[xii].
Il faut donc nécessairement faire un choix. Or, pour vous décider avec sagesse,
examinez attentivement :
1° Les qualités des deux
chefs. Dans Jésus-Christ tout ce qui peut captiver votre cœur... dans Lucifer,
tout ce qui peut mériter votre aversion et votre haine.
2° Ce qu'ils ont fait
pour vous. Jésus-Christ a été pour vous le plus généreux des bienfaiteurs...
Lucifer, le plus cruel des ennemis.
3° Leur dessein. Celui de
Jésus-Christ, c'est de vous associer à ses travaux et ensuite à sa gloire...
celui de Lucifer, c'est de faire de vous d'abord le complice de ses crimes,
puis le compagnon de son supplice.
4° Leurs promesses.
Jésus-Christ vous promet des biens honorables... infaillibles... infinis... éternels...
Interrogez tous les élus... tous rendent hommage à la vérité de ses promesses...
tous confessent qu'il ne les a trompés qu'en les rendant heureux au delà même
de leurs espérances... Lucifer vous promet des biens indignes de vous...
incertains... qui laisseront le vide dans votre cœur— qui ne feront qu'ajouter
à vos dégoûts et à vos agitations... qui passeront bientôt et se termineront à
un supplice sans fin.
5° Leurs droits. Jésus-Christ a sur votre cœur les droits les plus
sacrés et les plus incontestables... rappelez-vous ce que vous lui devez comme
homme et comme chrétien... ce que vous lui avez promis tant de fois et si
librement et si solennellement... Lucifer n'a de titres qu'à votre mépris. Vous
l'avez renoncé, à la face du ciel et de la terre... sur les fonts du baptême...
à la sainte table... vous ne sauriez-vous donner à lui sans parjure.
Colloques. -- 1° Avec la
très-sainte Vierge... demandez-lui qu'elle vous obtienne de son Fils la grâce
d'être reçu et de marcher constamment sous son étendard, d'abord dans l'amour,
ou même, s'il vous y daigne appeler, dans la pratique de la pauvreté... ensuite
dans l'amour de l'abjection et de l'humilité... Ave, Maria.
2° Avec
Notre-Seigneur...lui demander la même grâce... Anima Christi.
3° Avec le Père
éternel... item... Pater noster.
EXERCICES
DES TROIS CLASSES.
Oraison préparatoire. —La
même.
Premier Prélude. —Se
représenter trois hommes atteints d'une maladie grave, qui tous désirent la
santé, mais dont l'un ne veut d'aucun remède; l'autre, que de certains remèdes
; le troisième accepte tous les remèdes nécessaires à sa guérison.
Deuxième Prélude. —Figurez-vous
que vous êtes en la présence de Dieu et des saints, et offrez au Seigneur un
sincère et ardent désir de lui plaire.
Troisième Prélude.
—Demandez la grâce d'une bonne élection, c'est-à-dire, la grâce de choisir ce
qui est le plus agréable à la divine Majesté, et le plus utile à votre salut.
OBSERVATIONS
PRÉLIMINAIRES.
Dans la méditation des
deux Étendards, nous avons résolu de nous attacher à Jésus-Christ ; il s'agit
d'examiner maintenant si 'cette résolution est sérieuse et vraiment solide. Il
y a trois manières de se donner à Jésus- Christ ; et ainsi ceux qui se disent
ses disciples se peuvent par4er en trois classes, lesquelles correspondent aux
trois sortes de malades que nous présente le premier prélude. Tous en apparence
veulent suivre Jésus-Christ, mais les uns ne veulent lui donner que des désirs;
les au¬tres, que certaines œuvres ; les troisièmes se donnent tout entiers à
lui et sans réserve. A laquelle de ces trois classes prétendons-nous appartenir
?
PREMIER
POINT.
La première classe est de
ceux qui ne veulent donner à Jésus-Christ que des désirs... A cette classe
appartiennent tous ces chrétiens qui sont convaincus de la vérité de la
Religion... des droits et du domaine de Dieu sur l'homme... de la malice du
péché mortel... du malheur d'une âme surprise par la mort dans l'état du péché...
de la nécessité du salut, etc... ils veulent, disent-ils, se sauver, se
convertir... se sanctifier... mais ils s'arrêtent là, et ils laissent de côté
tous les moyens nécessaires à la sainteté... à la conversion... au salut. Ces
chrétiens peuvent se comparer à un malade qui veut guérir, mais qui ne veut se
soumettre à aucun remède : évidemment ce malade ne veut pas sa guérison d'une volonté
sérieuse, et tous ses désirs de santé ne sont que des illusions.
Examinez devant Dieu si
cette disposition n'est pas la vôtre... Vous voulez vous convertir, vous sauver,
vous sanctifier... mais la conversion, le salut, la sainteté... exigent des
démarches, par exemple , la prière... la fréquentation régulière des sacrements...
la fuite des occasions... la réforme des passions et des habitudes mauvaises...
voulez-vous tout cela?
Si cette disposition
était la vôtre, considérez combien elle est criminelle... Elle suppose l'abus
des grâces et des inspirations de l'Esprit-Saint... Dans cet état on tonnait
l'obligation d'être à Dieu... on sent au fond du cœur le désir de se donner à
lui... on trouve autour de soi tous les moyens de conversion ou de
sanctification ; et cependant on s'arrête à une volonté stérile et
inefficace... c'est-à-dire que l'on ressemble à ces Juifs rebelles à la voix de
Notre-Seigneur, dont il a dit : Si non venissem , et locutus fuissem eis , peccatum
non haberent : nunc autem excusationem non habent de peccato suo[xiii] ; ou bien à cette terre
maudite dont parle saint Paul : Terra enim sœpè venientem super se bibens
imbrem...proferens autem spinas ac tribulos , reproba est et maledicto proxima
: cujus consummatio in combustionem[xiv].
SECOND
POINT.
La seconde classe est de
ceux qui ne veulent donner à Jésus-Christ que certaines œuvres. A cette classe
appartiennent tous ces chrétiens qui veulent se sauver, se convertir, se
sanctifier mais qui ne veulent prendre
ni les moyens les plus sûrs, ni tous les moyens de salut, de conversion, de sanctification. Ils ressemblent au malade qui veut
guérir, mais qui veut ne prendre que certains remèdes et rejeter les autres,
les seuls cependant qui soient efficaces.
Faites un retour sur
vous-même… N'y a-t-il pas certains sacrifices que Dieu demande parce qu'ils
sont, vous le savez bien, la condition nécessaire de votre sainteté ou de votre
salut, et que ce pendant vous lui disputez ? N'y a-t-il pas dans votre cœur une
passion dominante, le principe de toutes les autres, l'occasion de toutes vos
chutes, et à laquelle cependant vous voulez faire grâce?
N'y a-t-il pas certains
exercices de prière certaines règles de mortification chrétienne que demande votre retour ou votre
avancement dans les voies de la vertu, et que vous n'osez pas embrasser?
Considérez bien que
rester dans cette disposition, c'est :
1° Perdre le fruit
principal de cette retraite ; car c'est renoncer au degré de vertu auquel Dieu
vous appelait, et par conséquent à toutes les grâces qui en devaient être la
suite, et au degré de gloire qui les eût couronnées dans le ciel.
2° C'est vous exposer à
de très-graves périls du salut éternel; car Dieu a coutume de punir ceux qui
résistent à sa voix, en leur retirant les grâces surabondantes dont il
récompense les sacrifices d'une âme généreuse, et qui se donne à lui sans partage.
3° C'est accroître la
difficulté en voulant l'éviter; car Dieu a coutume do répandre plus d'amertumes
sur les passions que l'ou ménage, en sorte qu'il en coûte plus de les épargner
qu'il n'en eût coûté de les immoler.
TROISIÈME
POINT.
La troisième classe est
de ceux qui se donnent à Dieu tout entiers et sans réserve. A cette classe
appartiennent exclusivement les âmes qui veulent le salut, la conversion, la
sainteté, et qui la veulent à quelque prix que ce soit, et quoi qu'il eu coûte,
et par les moyens les plus efficaces. Ces âmes ressemblent à un malade qui veut
la santé à tout prix, et s'abandonne sans restriction entre les mains et au
traitement du médecin.
Méditez les motifs qui
vous pressent de vous fixer dans cette dernière classe.
1° L'exemple des
mondains. Ils se sacrifient sans réserve pour le monde, et pour quel monde encore!...
Ne ferez-vous pas pour Dieu ce qu'ils font pour les hommes? Et illi quidem ut
corruptibilem coronam accipiant ; nos autem incorruptam[xv].
2° L'exemple du démon.
Est-il un seul moyen qu'il néglige?... une difficulté devant laquelle il recule
lorsqu'il s'agit de perdre une seule âme ? Aurons-nous moins de courage pour
notre salut qu'il en a pour notre perte ?
3°. L'exemple de
Notre-Seigneur. S'est-il donné à nous à demi et avec réserve? Interrogeons la crèche..... la croix et le
tabernacle.... Serons-nous avares de nous-mêmes avec un Dieu si prodigue?
4° Les bénédictions
attachées d cette disposition de cœur, qui sont : la surabondance des grâces...
la paix du cœur et l'onction de l'Esprit-Saint qui adoucira tous les sacrifices
l'assurance morale du salut de grands mérites dans le temps et un poids immense
de gloire pour l'éternité.
Prenons donc la
résolution de suivre Jésus-Christ dans cette troisième classe, et disons avec
l'Apôtre: Ego autem libentissimè impendam et superimpendar[xvi]. —Nihil horum vereor,
neque facio animam meam pretiosiorem quàm me, dummodô consummem cursum meum[xvii].
Colloques. — 1° Avec la
très-sainte Vierge ; —2° avec Notre-Seigneur ; —3° avec le Père éternel, comme
dans l'Exercice des deux Étendards.
Observons ici que,
lorsqu'on se sent au fond du cœur de l'éloignement pour la pauvreté parfaite,
qui consiste non-seulement à être détaché en esprit, mais à se dépouiller
réellement de ses richesses, lorsqu'on se sent incliné au contraire vers la
possession des biens de ce monde , il est très-utile, pour détruire l'effet de
ce penchant, de demander à Dieu , malgré toutes les répugnances de la nature,
qu'il daigne nous appeler à ce détachement complet et effectif; et c'est là ce
qu'il faut non-seulement demander, mais s'efforcer de désirer et solliciter avec
instance, dans le seul intérêt du service et de la gloire de Dieu.
Manrèse ou les exercices spirituels de Saint Ignace mis à la portée de tous les fidèles
[i] «Venez avec nous;
dressons tous ensemble des embûches pour répandre le sang ; tendons en secret
des pièges à l'innocent qui ne nous a fait aucun mal : dévorons-le tout vivant
comme l'enfer dévore les hommes... nous trouverons dans sa ruine toute sorts de
biens et de choses précieuses1 nous remplirons nos maisons de dépouilles. » (
Prov. I. 41. 12. 13. )
[ii] « Il ne sera
point triste dans son abord ni précipité dans sa conduite. » (Is. 42. 4.)
[iii] « Sa conversation
n'a rien de désagréable, ni sa compagnie rien d'ennuyeux ; mais on n'y trouve
que de la satisfaction et de la joie. » (Sag. 8. 16.)
[iv] « Il ne brisera
point le roseau déjà cassé, et il n'éteindra point la mèche qui fume encore. »
(Is. 42. 3.)
[v] « Le Fils de
l'homme est venu chercher et sauver ce qui avait péri. » (Luc, 19.10. )
[vi] « Je suis venu
afin qu'ils aient la vie, et qu'ils l'aient abondamment. » (Jean, 10. 10.)
[vii] « Je suis venu
apporter le feu sur la terre, et que veux-je, si ce n'est qu'il s'embrase » (
Luc. 12. 49)
[viii] « Allez par tout
l'univers, annoncez l'Evangile à toute créature. » (Marc. 10. 15. )
[ix] « Leur apprenant
à observer toutes les choses quo je vous ai prescrites. » (Matth. 28. 20.)
[x] « Agissant en toutes choses comme des
ministres de Dieu, rendons-nous recommandables par une grande patience dans les
maux , dans les nécessités pressantes et dans les extrêmes afflictions ; dans
les plaies, dans les privations, dans les séditions, dans les travaux, dans les
veilles, dans les jeûnes ; par la pureté, par la science, par une douceur
persévérante, par la bonté, par lies fruits du Saint-Esprit, par nue charité
ardente , par la parole de vérité, par la force de Dieu , par les armes de la
justice, pour combattre à droite et à gauche. » (2. Cor. 6. 4, t, 6, T.)
[xi] « Nul ne peut
servir deux matira. » (Matth. 6. 24.)
[xii] « Celui qui n'est
point avec moi est contre moi. » (Luc, 11.23.)
[xiii]
«
Si je ne fusse point venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient
pas de péché à se reprocher ; mais maintenant ils sont inexcusables. » (Jean.
15. 22.)
[xiv] « Une terre
souvent abreuvée des eaux de la pluie qui l’arrose, si elle ne produit que des
ronces et des épines, est en aversion à son maître, menacée de sa malédiction,
et à la fin il y met le feu. » (Hébr. 8.7, 8.)
[xv] « Voilà ce qu'ils
font pour gagner une couronne corruptible, au lieu que nous en attendue* une
immortelle » (1. Cor. 9. 25. )
[xvi] « Pour ce qui est
de moi, je donnerais volontiers tout ce que j'ai ; et je me donnerais encore
moi-même. » (2. Cor. 12. 15.)
[xvii]
« Je ne
crains rien de toutes ces choses, et ma vie ne neuf pas plus précieuse que moi-même.
» (Act. 20. 21.)