QUATRIÈME
INSTRUCTION
L’IMITATION
DE JÉSUS-CHRIST.
«Je
ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi
par leurs paroles afin qu’ils soient tous une seule chose comme vous, mon Père,
vous êtes en moi et moi en vous, et qu’ils soient de même une seule chose en
nous afin que le monde croie que vous m’avez envoyé». Jo.
17.
Plan
Remarque. (De commençant. Attitudes différents envers Jésus: (De
savant. (De jouisseur. (D’enfants de Dieu. Seule véritable attitude à prendre: (De
savants de Jésus Crucifié. (Des amants
de Jésus. (Son corps. Le champ de cette imitation: (Son âme. (Foi.
(Sa Divinité: …… (Espérance.
(Charité.
REMARQUE
La conclusion de la méditation précédente sur le Règne de Jésus était de suivre
notre Roi le plus fidèlement possible et avec la plus grande générosité. Dans celle-ci nous allons voir dans le détail
cette imitation de Jésus afin de ne pas faire fausse route dans un devoir de
cette importance capitale. Soyons
certains que les démons ne manquent pas de semer leur ivraie pour empêcher les
chrétiens de reproduire la vie de Jésus dans la leur. Ils les aiguillent sur des points bons «en
soi», mais insuffisants pour arriver au ciel, ou au moins nuisent grandement à
l’imitation de Jésus-Christ. Laissez-moi
vous présenter trois attitudes mentales très générales et qui font un tort
immense chez les fidèles parce qu’ils se croient avec Jésus quand ils en sont
bien loin. Surtout comme cette imitation
est très imparfaite, ils sont privés d’une foule de grâces dont ils auraient
besoin pour vaincre les grandes tentations de la vie. Ils risquent donc leur salut avec cette
imitation de surface.
ATTITUDES
DIFFÉRENTES ENVERS JÉSUS
1)
Attitude de Commençant. Ces gens font
leurs exercices spirituels et reçoivent les sacrements en vue de la récompense
ultime au ciel après leur mort. Il y a
du bon dans cette façon d’agir, mais ces gens ne comprennent pas bien le plan
de Dieu. Ils pensent que le ciel est un
endroit comme une espèce de théâtre où on s’achète des sièges réservés pour
être de simples spectateurs des merveilles divines qui se déroulent sur la
scène céleste. Il y a quelque chose de
cela, mais c’est très imparfait. Ces
chrétiens calculent constamment dans leur vie religieuse. Ils comptent leurs bonnes actions pour en
faire comme un rapport à Dieu; ils ont fait tant de chemins de croix, ils ont
dit tant de chapelets, etc… ils sont en avant de leurs affaires d’après leur
livre de banque céleste! Ces gens
affectionnent les neuvaines et le nombre de lampions qu’ils font brûler à leurs
intentions. Le bon Dieu doit être
satisfait! Mais, est-ce que ces gens
sont patients? résignés dans les
épreuves et dans les contrariétés qui leur viennent de leur entourage? Que de lacunes dans le portement de leur
croix exigé par Jésus pour tous les chrétiens!
2)
Attitude de Savant qui consiste à regarder Jésus comme un bon sujet d’étude
spéculative seulement. On apprend tout
ce qui concerne Jésus de près et surtout de loin! On étudie les langues orientales, l’histoire
ancienne des pays des environs de Palestine, on visitera même les lieux saints
pour discuter leur authenticité; on étudiera même les écrits des savants Juifs
ou athées… pour mieux connaître ce qu’ils disent de Jésus. Ces gens étudient les mystères de la vie de
Jésus et sa doctrine «en soi» ou objectivement comme on étudie la vie de la
doctrine de Socrate ou de Napoléon. Ces
prêtres se contentent de raconter des épisodes de la vie de Jésus, d’expliquer
les mystères en eux-mêmes et donc spéculativement. Comme je dis souvent, ce sont des Philosophes
de la théologie de Jésus. Ils peuvent
avoir une grande science de Jésus et de tout ce qui le concerne, mais ils n’en
vivent pas. Ils discourent sur Jésus et
ils parlent de sa doctrine exactement comme les savants païens parlent de leur
philosophie. Tout cela est vrai et
savant, mais tant qu’ils restent dans le domaine spéculatif, ils ne nourrissent
pas leur âme de la vie de Jésus.
3)
Attitude de Jouisseur. Ces gens
cultivent les sentiments. Ils cherchent
dans la religion leur propre contentement immédiat. Ils recherchent des consolations, par conséquent
ce n’est pas Jésus qu’ils aiment, mais c’est eux-mêmes. Jésus est un moyen pour eux de goûter des satisfactions
spirituelles. Or, comme c’est le plan de
Dieu de nous éprouver, ces gens reculent tout de suite pour éviter les
sacrifices. C’est Jésus avec des
chocolats qu’ils veulent, non pas avec sa croix! C’est Jésus seulement au Thabor qu’ils
aiment, mais pas celui de Gethsémani!
Donc ils n’aiment pas Jésus ou très peu et très imparfaitement. Ces gens sont extrêmement nombreux dans toute
l’Eglise. Une foule de prêtres montrent
cette attitude quand ils choisissent dans les évangiles ce qui flatte le païen
ou ce qui lui permet de jouir de ce monde sans se damner directement. Ils affectionnent la bonté de Jésus et sa
miséricorde qu’ils vantent constamment.
Mais, ils n’aiment pas sa justice et n’en parlent pas ou bien
rarement. Ils prêchent un Jésus moderne,
qui est à l’aise dans les salons, aux joutes de toutes sortes et qui fume ses
cigarettes pour la gloire de Dieu!
Enfin, un Jésus sport, américain, à la page!
Les
fidèles font de même sans s’en rendre compte: ils prennent des instructions ou
de l’Evangile ce qui permet de jouir des créatures en tenant en réserve leur
amour pour le Créateur pour après la mort.
Au ciel ils aimeront le bon Dieu; ici ils n’ont pas trop de temps pour
jouir de ses échantillons! Chez les
fervents, on trouve aussi de cette attitude.
Par exemple toutes celles qui gémissent de ce que Dieu leur enlève leurs
consolations, leur facilité de prier, etc.
Ces âmes s’aiment encore beaucoup aux dépens de l’amour qu’elles doivent
à Jésus. D’ordinaire celles qui sont
toujours à la recherche de quelques directeurs nouveaux, sont dans ce cas. Dieu les éprouve et elles ne veulent pas de
ces épreuves: alors elles cherchent quelqu’un qui les en délivrerait. Elles ont toutes l’esprit tendu vers les
chocolats du bon Dieu! Elles ne l’aiment
pas autant qu’elles le pensent. Ces
attitudes différentes montrent comme notre «païen» avec les démons embrouillent
l’imitation de Jésus-Christ pour nous faire perdre une bonne partie, sinon
toute, de notre sanctification. C’est
dommage parce que tous ces gens sont bien disposés et sincères. Mais ils se font jouer par le démon avec son
ivraie perfide qui paraît bon et qui n’est pas bon pour le ciel.
SEULE
VÉRITABLE ATTITUDE À PRENDRE ENVERS JESUS.
Jésus
est une vie qu’il nous faut vivre tout de suite sur terre! Il vient en ce monde pour transformer en Lui-
même!… Pour devenir une seule chose avec Lui.
L’imiter, c’est donc reproduire toute sa vie dans la nôtre: c’est
devenir d’autres Christ selon l’Apôtre.
Cette doctrine est tellement importante que nous allons l’étudier dans
quelques détails quoique dans le fond ce soit toute une même idée. Mais, peut-être qu’en le morcelant nous
pourrons mieux le digérer! Voyons trois
attitudes acceptables à Dieu et qui exigent la plus parfaite reproduction
possible de la vie de Jésus dans la nôtre.
C’est d’abord celle:
1)
D’enfants de Dieu que nous sommes tous par la grâce de Dieu. I J.
3-1: «Voyez quelle charité le Père a eue pour nous, de vouloir que nous
soyons appelés et que nous soyons réellement enfants de Dieu». Or, des enfants veulent imiter leur père
parfaitement; ils veulent vivre la vie de leur père. Les Apôtres se servaient de cet argument pour
exhorter les fidèles à vivre comme Jésus.
S. Paul aux Eph. 5-1: «Soyez donc des imitateurs de Dieu,
comme des enfants bien-aimés et marchez dans l’amour de la charité ainsi que
Jésus-Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, en s’offrant à
Dieu comme une victime d’agréable odeur.» I Pet. 1-14: «Comme des enfants obéissants, ne vous
conformez plus aux convoitises que vous suiviez autrefois au temps de votre
ignorance; mais à l’imitation du Saint qui vous a appelés, vous-même aussi
soyez saints dans toute la conduite de votre vie car il est écrit: soyez saints
parce que je suis saint.»
Dieu
nous fait ses enfants précisément pour que nous ayons la même nature que lui
afin d’agir comme lui. Il ne nous veut
pas comme de simples ornements dans le ciel, mais comme des participants à sa
vie divine, comme des enfants qui mangent à la même table que leur père. Ils pensent comme leur père, parlent comme
lui, mangent comme lui et enfin agissent en tout comme lui. Voilà ce que Dieu veut de nous tous. Il veut que nous soyons aussi semblables à
lui que possible; Or, Dieu est esprit et vie, donc ses enfants doivent être
esprit et vie aussi. Ils doivent tout
entendre comme lui, tout vouloir comme lui et tout faire comme lui. Cela exige une imitation très parfaite de
Jésus. Il faut reproduire sa vie en la
nôtre; donc ses pensées, ses paroles et ses actions dans le concret et dans le
détail de la vie. Puisque nous sommes
les enfants de Dieu nous devons vivre et agir comme Jésus. Le Père a mis toutes ses complaisances en
Jésus et en nul autre. Si nous voulons
qu’il trouve ses complaisances en nous, il nous faut être d’autres Jésus en
réalité et en acte.
2)
De Savants de Jésus Crucifié. Voilà un
point que nous aimons autant ne pas approfondir! Plusieurs consentent à imiter Jésus dans sa
vie ordinaire, mais ne trouvent pas de temps d’aller jusqu’à sa passion. C’est surtout là que nous devons lui
ressembler le plus. C’est nous qui
sommes les vrais coupables pour lesquels il va mourir; c’est donc nous qui
devons l’imiter dans sa passion. Comme
dit Saint-Paul, il nous faut compléter ce qui manque à la passion de Jésus.
Voilà
une science la plus profitable au monde: savoir Jésus crucifié. S.
Paul ne veut pas connaître autre chose que Jésus crucifié. Lui qui a été ravi au troisième ciel se
contente de cette science-là. Elle
devait satisfaire n’importe quel chrétien au monde; c’est la plus utile et 1a
plus parfaite au monde. Que chacun la
cultive le plus possible. Au lieu de
perdre son temps dans cette science toute théorique au sujet de Jésus, les
prêtres devraient cultiver cette science de la folie de la croix et du mépris
des créatures que Jésus montre dans sa vie et surtout dans sa passion et dans
sa mort. C’est cette science vécue des
souffrances de Jésus qui fait le plus défaut dans le clergé et chez les
religieux. C’est un sujet qu’on relègue
facilement au vendredi saint et encore là, que de fois on ne fait que parler
des souffrances de Jésus, sans dire au peuple qu’il doit les reproduire dans sa
vie d’une façon ou d’une autre. On
raconte la passion, au lieu de la donner comme vie au peuple. Pour aimer cette science il faut la vivre un
peu soi-même et là est la difficulté!
Comme on n’en veut pas dans sa vie, c’est difficile de donner cette vie
aux autres. Mais quelque dure que soit
cette science vécue il faut la donner quand même. C’est une condition essentielle pour recevoir
Jésus. S. Paul dit que le nouvel homme qui est Jésus
n’entre en nous qu’en proportion que le vieil homme meurt et donc qu’il est
crucifié. Il dit aussi que c’est Jésus
qui vit en lui parce qu’il est mort à lui-même.
La mort du «païen» est la vie du chrétien ou de Jésus dans le chrétien.
Par
conséquent, au lieu de fuir cette partie de l’imitation de Jésus nous devons
tous la cultiver davantage comme la plus importante de toutes. On voit que lorsque Dieu veut se donner
davantage à une âme, il la pousse à imiter les souffrances de Jésus. Quand les saints sont assez avancés ils
s’établissent pour ainsi dire dans la passion de Jésus comme à la source de
toutes les grâces et ils avouent qu’ils trouvent là tout ce qu’ils veulent
savoir de pratique pour le ciel. Dieu
leur découvre les merveilles de son amour dans les plaies de Notre-Seigneur et
ils sont parfaitement heureux d’y passer leur vie en essayant de se rendre de
plus en plus semblables à Jésus crucifié.
Voici une belle parole de S. Jean,
I. J.
2-6: «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui aussi, marcher comme il a
marché lui-même. Or, marcher avec Jésus
c’est se comporter comme lui et agir comme lui». Or, cela comprend aussi sa passion! Ce que Jésus dit au lavement des pieds, le
soir qu’il va à sa passion, s’applique à toute sa vie: Je vous ai donné l’exemple
afin que vous fassiez ce que vous m’avez vu faire. Donc surveillons bien notre imitation de la
passion de Jésus en supportant les humiliations, les opprobres, les
contrariétés et les souffrances que Dieu nous envoie précisément pour nous
faire ressembler à son Fils crucifié.
Voilà donc une science que tous les prêtres et les religieux devraient
posséder à la perfection afin de la passer aux fidèles.
3)
D’Amants de Jésus.
On
sait que l’amour tend à rendre semblables ceux qui s’aiment. L’amour veut devenir une seule chose avec son
objet. Eh bien, on voit tout de suite
les conséquences de l’amour pour Jésus.
En proportion qu’il existe dans un coeur, on veut imiter Jésus non pas
en paroles seulement, mais en actes surtout.
Personne qui aime est satisfait d’entendre parler de son amour; il veut
s’unir à cet objet et le posséder pour devenir une seule chose avec lui. L’Ecriture ne dit pas: écoutez parler de
Jésus, mais goûtez le Seigneur et voyez comme il est doux. On goûte Jésus en le vivant, en devenant une
seule chose avec lui. C’est cette union
intime dans l’identité de vie qui satisfait l’amour. Ce sont des actes qu’il veut et non pas des
paroles en l’air. C’est une communauté
de vie de tous les jours et non pas un acte passager de ressemblance que
l’amour veut. Eh bien Jésus n’est pas
satisfait d’une petite épreuve subie par amour pour lui en passant. Il veut une vie comme la sienne, donc
semblable à la sienne du commencement à la fin… qui est sa passion! C’est là qu’un chrétien est configuré au
Christ quand il est attaché à la croix avec Jésus, ou qu’il souffre pour
l’amour de Jésus. La raison seule ne
peut pas vouloir souffrir simplement pour ressembler à un ami; il faut l’amour
et l’amour de Dieu seul peut produire ce résultat. Jésus dit clairement qu’on le suit en
proportion qu’on se renonce et qu’on porte sa croix. L’imiter dans sa passion est donc le
thermomètre de l’amour de Dieu. Qu’on ne
se fasse donc pas illusion: celui qui ne veut pas imiter Jésus dans sa passion
n’aime pas Jésus assez pour être sauvé.
«Nous régnerons avec lui pourvu que nous souffrions avec lui!» dit
S. Paul.
Un
des caractères de l’amour est la spontanéité pour s’imposer des sacrifices en
faveur de l’aimé ou pour lui être agréable.
Ainsi, les saints n’attendaient pas seulement les épreuves qui viennent
de la providence, mais ils s’en imposaient librement comme on peut le voir dans
leur vie. Tous se sont imposés des
mortifications volontaires pour mieux ressembler à Jésus qui s’est offert
librement pour l’amour de nous. Les
fidèles devraient suivre cet exemple pour mieux reproduire la vie de Jésus dans
la leur. C’est en se mortifiant qu’on
apprend à accepter les épreuves qui viennent de la providence.
LE
CHAMP DE CETTE IMITATION EST
1)
Son corps d’abord parce que plus à notre portée même si nous ne l’avons jamais
vu. Nous savons qu’il avait un corps
comme le nôtre et soumis à toutes nos misères moins le péché: il avait faim et
soif, il se fatiguait, il travaillait, etc.
Mais, comme c’était le corps d’un Dieu, la divinité se manifestait d’une
certaine façon. Chez les hommes on voit
ceux qui ont une belle âme et bien domptée dans leur manière de se comporter;
on peut bien conclure qu’il en était ainsi et à plus forte raison pour
Jésus. Son âme parfaite dominait son
corps parfait aussi. Tous ce que les
saints ont essayé de reproduire devait être en lui d’une façon éminente.
Essayons
de marcher posément et calmement, comme Jésus; pas de brusqueries ni
d’impatiences, pas de précipitations, quand on vit de foi, on participe au
calme de l’éternité d’une certaine mesure et l’on fait tout avec une grande
maîtrise de soi-même. En essayant de se
composer ainsi un extérieur comme celui de Jésus, ce sera en même temps un bon
exercice pour l’âme qui seule peut dominer le corps. Qu’on évite des gestes excentriques,
indiquant une légèreté d’esprit. De même
évitons les cris, les paroles malsaines, irréfléchies et oiseuses. Montrons que nous sommes au-dessus des
sentiments naturels qui varient comme vent.
Allons dans la foi chercher nos motifs dans tout notre maintien
extérieur pour l’édification du prochain.
Quand un prêtre porte le S.
Sacrement, il marche d’une façon révérencielle, ayant conscience de son
Dieu qu’il porte en ses mains. Eh bien,
tout chrétien est un porte-Dieu continuel et il doit le montrer dans toutes ses
actions par la gravité et le sérieux de son maintien. Voilà ce que nous devrions reproduire du
corps de Jésus quant à sa démarche. En
plus S. Paul dit que nous devons porter
les stigmates de Jésus dans nos corps; c’est dire que nous devons le mortifier
dans la chair. Il ne faut pas le
dorloter par la bonne chère, par de douces liqueurs ou liqueurs enivrantes, ni
par les parfums, les poudres, des soins excessifs, du linge trop fin ou trop
doux, etc… et faisons la guerre aux coussins… à moins qu’on ait des
infirmités! En un mot il faut que le
corps prêche la doctrine sévère pour des pécheurs que nous sommes: il faut que
la pénitence paraisse extérieurement d’une certaine façon. Tout l’homme a péché et doit faire pénitence
toute sa vie pour ses fautes… et le corps doit porter sa peine aussi.
2)
Son âme. Nous avons déjà parlé de la
perfection de son âme en elle-même; maintenant il s’agit de nous modeler sur
elle dans toutes nos façons d’agir. Voyons
quelques points en particulier pour notre propre sanctification. D’abord, nous savons que cette âme n’était
pas une personne. Dès le premier moment
de sa création, la Personne du Verbe se l’est assumée sous le contrôle de sa
propre Personne, de sorte qu’elle ne fut jamais subsistante et donc ne fut pas
une personne. Mais, elle gardait sa
liberté quand même. Ce qui frappe
d’abord de cette condition unique au monde c’est la soumission parfaite de
l’âme de Jésus à la Personne du Verbe.
Il en faisait ce qu’il voulait comme si elle n’avait pas eu de volonté,
parce que sa volonté était parfaitement unie à celle du Verbe. On voit les conséquences pratiques pour
l’humanité de Jésus. Elle lui était si
bien soumise qu’elle n’était pas du tout un obstacle à la divinisation de cette
humanité: elle n’était aucunement attachée à ses vues et à ses jugements.
Une
fois seulement Jésus lui laissa exprimer ses répugnances naturelles à la
passion dans son agonie, mais dans le domaine de sa liberté, son âme lui était
absolument soumise comme il le dit à son Père, que votre volonté soit faite et
non la mienne! Il voulait nous montrer
comment subir les épreuves de la vie: nous pouvons ressentir les souffrances et
les douleurs, nous pouvons gémir et pleurer; Dieu ne s’en offense pas pourvu
que notre volonté libre dise à Dieu comme Jésus: que votre Volonté soit faite
et non la mienne!
Comme
c’est la volonté qui est notre condition du mérite, on voit l’importance
d’imiter la volonté humaine de Jésus parfaitement soumise au Verbe: pour nous
ce doit être l’idéal de la sainteté par rapport à notre part subjective. Comme nous tenons à notre propre
volonté! Comme Dieu a de la misère à
nous la casser par toutes sortes de contrariétés!… et nous résistons
encore! Il est bon de comprendre le fond
de cette résistance à la volonté de Dieu.
C’est que nous sommes une personne, et donc, nous sommes comme de petits
rois qui veulent mener dans leur propre domaine, qui voulons bien accepter
Jésus, mais simplement comme bon compagnon qui nous laissera faire ce que nous
voudrons sans nous déranger. Ce n’est
pas là notre sanctification: d’avoir Jésus à côté de soi! Mais se sanctifier veut dire se laisser
pénétrer par la vie intime de Jésus: c’est le laisser nous envahir corps et âme
et se substituer à notre personnalité jusqu’à détruire la nôtre au point de vue
moral. Or, la volonté défend la
personnalité où elle en est l’expression.
Si nous pouvons arriver à comprendre que notre union avec Jésus est
telle que Lui seul doit conduire, lui seul doit actionner toute notre activité
humaine libre. Dans le ciel, ce n’est
pas nous qui mènerons, mais Jésus. Eh
bien, il nous faut commencer tout de suite à le laisser nous conduire en tout
comme au ciel.
La
conséquence est que n’ayant plus d’intérêts personnels à sauver nous n’aurons
plus de volonté que pour les choses de Dieu selon ce que veut Jésus en
nous. On voit combien est sérieux ce que
Jésus veut de nous quand il dit: «si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se
renonce lui-même et qu’il porte sa croix tous les jours! Immoler ainsi sa volonté et donc ses intérêts
propres est un immense sacrifice qui nous mérite des grâces de choix et donne
une grande gloire à Dieu. La perfection
de ce renoncement à sa propre personnalité est ce que les saints appellent:
anéantissement et S. Paul: la mort
mystique. C’est qu’on aiguille sur les
intérêts de Jésus toute son activité personnelle que l’on dépensait pour
soi-même. On ne pense plus qu’aux choses
de Jésus, on ne parle que de Jésus et l’on agit en tout pour et dans
Jésus. Il devient le centre de notre vie
au lieu de l’être soi-même avec ses petits intérêts terrestres et
temporels. C’est curieux de voir comme
ce renoncement à sa personnalité est ignoré après dix-neuf siècles que Jésus
dit si clairement que si on veut le suivre il faut renoncer à soi-même! Des prêtres se contentent de demander aux
fidèles de renoncer aux choses défendues en dehors d’eux-mêmes, puis tout finit
là. Ce n’est qu’un très petit point de
la loi de Jésus. En plus il faut
renoncer aux plaisirs permis comme aux autres parce qu’ils passionnent le coeur
autant que les défendus. En plus il faut
renoncer à sa personnalité morale ou à soi-même comme dit Jésus. On voit comme les prêtres sont loin de
Jésus! Ils regardent comme du luxe de
prêcher le renoncement à soi-même. C’est
une grande erreur! Jésus dit carrément:
«Si quelqu’un veut me suivre!» Est-ce du luxe que de suivre Jésus? Tous sont absolument tenus de le faire. Eh bien!
que les prêtres le prêchent donc à tout le monde sans distinction. Si on divise l’âme en ses deux principales
facultés: l’intelligence et la volonté, la même vérité apparaît encore plus
clairement. Comme l’intelligence humaine
de Jésus était tout absorbée dans la compréhension des choses divines que
l’intelligence divine du Verbe lui montrait, et que sa volonté humaine était
parfaitement fusionnée dans celle du Verbe, ainsi devons-nous faire avec nos
deux facultés en proportion que nous voulons être avec Jésus.
Prenons
l’intelligence d’abord. Que faire pour
la perdre dans celle de Jésus? Faire ce
que Jésus a fait pendant qu’il était visible sur la terre. Est-ce qu’il l’a appliquée à rechercher le
plus possible les créatures du monde?
Pas du tout. Il a voulu vivre
dans le pays le plus insignifiant au monde et exercer le métier le plus
insignifiant dans les circonstances; il se fait menuisier dans un pays où il y
a très peu de choses en bois. Il aurait
bien pu élire domicile à Rome où toutes les richesses du monde et les savants
du monde affluaient. Il pratique ce
qu’il prêchera plus tard: il méprise les échantillons! Son intelligence ne perd pas de temps à les
étudier, à les cataloguer, et à les analyser: il n’en veut pas du tout! Dès l’âge de douze ans il dit officiellement
dans le temple et devant les docteurs de la Loi et à sa Mère: Ne saviez-vous
pas que je devais être tout aux choses de mon Père? Il exerce son intelligence dans les choses de
son Père. Voilà ce qu’il veut que nous
fassions comme lui. Or, nous aimons à
connaître toutes les créatures et les sciences humaines: retirons notre
intelligence de ces bagatelles pour l’appliquer tout aux choses de Dieu et de
notre salut. Quand c’est nécessaire
d’apprendre quelque chose de profane qu’on le fasse, mais sans préjudice pour
nos études de la religion. Que de temps
perdu dans les journaux, dans les revues, les vues etc.! Qu’on retranche le plus possible de ces vanités
afin d’avoir plus de temps pour les choses de Dieu. Les laïques devraient étudier les choses de
la religion comme les prêtres en autant qu’ils le peuvent. Il ne s’agit pas seulement d’étude, il faut
habituellement y penser par une méditation assidue: «Heureux l’homme qui médite
la Loi de Yahveh jour et nuit!» Ps.
1. Jour et nuit il faut chercher
les choses de Dieu et le côté divin dans les choses profanes. En un mot il faut vivre des choses de
Dieu. Quand une mère me dit que la
musique est la vie de sa fille, je comprends tout de suite qu’elle est
passionnée pour la musique, que si on veut lui faire plaisir c’est de lui
parler de musique, de lui faire faire de la musique et d’en faire avec
elle. Eh bien, la vie d’un chrétien doit
être Dieu: si on veut lui faire plaisir c’est de lui parler des choses de Dieu:
de lui donner l’occasion de faire des actes religieux, de l’accompagner aux
vêpres, à une retraite, à un sermon, à lui prêter des livres pieux etc. Eh bien sont-ils nombreux nos chrétiens qui
vivent des choses de Dieu? C’est grand
temps de prendre nous-mêmes cette attitude mentale et de la donner aux autres
autant que possible.
La
volonté de Jésus était parfaitement soumise à la volonté divine de Jésus dans
tous les événements et dans tout ce que Dieu voulait pour Jésus. Or, on sait comme sa vie humaine a été
pénible, contraire à la nature et au respect humain. «Jésus s’est fait obéissant jusqu’à la mort
et à la mort de la croix.» Eh bien, un chrétien doit se faire obéissant dans
toutes les contrariétés, dans toutes les épreuves que Dieu lui envoie. C’est là surtout qu’on doit se
surveiller. Il ne faut jamais
s’impatienter, se mettre en colère, et murmurer. On peut trouver cela pénible et même le dire
comme Jésus dans son agonie, mais toujours comme lui en ajoutant: que la
volonté de Dieu se fasse et non la mienne. On ne fait pas une seule chose avec Jésus tant
qu’on regimbe contre ce que la providence nous envoie.
Que
de chrétiens n’ont pas même l’idée de voir Dieu dans toutes ces traverses de la
vie: aussi il faut les entendre disputer du matin au soir. Les enfants d’école contre leurs devoirs de
classes et leurs maîtres; les journaliers contre leurs contremaîtres et leurs
patrons; les fonctionnaires contre le gouvernement… et ainsi dans tous les
rangs de la société on se plaint d’avoir à souffrir quelque chose. Eh bien, tous ces gens sont à cent lieues du
ciel. S.
Paul et S. Jacques disent que
c’est du païen tout pur et du diabolique!
Jésus en tant qu’homme n’a pas passé son temps à disputer contre les
imbéciles et les méchants du monde! Eh
bien! que les chrétiens l’imitent
parfaitement en souffrant les travers et les sottises des autres en union de
Jésus, «de la bouche duquel nulle parole trompeuse n’est jamais sortie; quand
on le maudissait, il ne répondait pas par des injures, quand on le maltraitait,
il s’abandonnait à celui qui le jugeait injustement!» C’est notre vocation, dit
S. Pierre, d’être traité de la même
façon. Il faut donc s’y attendre et se
préparer à agir exactement comme Jésus dans sa passion, puisque ce sont des
échantillons de sa passion qu’il nous prépare afin de pouvoir lui ressembler
davantage dans ses souffrances pour participer dans la même mesure à sa gloire
au ciel. Voilà un point fort oublié dans
l’imitation de Jésus. Qu’on y revienne
vite!
Mais
toute cette parfaite conformité d’âme avec l’âme de Jésus n’est qu’un moyen
pour mieux se conformer à sa divinité, car il nous faut revêtir Jésus en tant
que Dieu aussi bien qu’en tant qu’homme.
Donc il nous faut imiter:
Sa
Divinité. Ici je ne parle pas de la
grâce sanctifiante ni des sacrements qui l’alimentent. C’est une affaire entendue. Mais cela est trop «in se», notre liberté ne
fait pas l’efficacité de ces choses. Je
parle donc de l’activité où notre liberté peut s’exercer et donc je parle du
travail qui dépend de notre volonté libre et de la grâce de Dieu
évidemment. Que faire pour pénétrer
jusque dans le monde vraiment divin de Jésus et pour agir selon ce mode
purement divin? Au point de vue de nos
facultés spirituelles, elles entrent dans le monde divin par la pratique des
vertus théologales. Ce point complète
l’imitation de l’âme humaine de Jésus et la facilite davantage. Car ce n’est que par la vue des exigences
divines que je puis soumettre mes facultés à celles de Jésus en tant
qu’Homme. L’une aide l’autre et réciproquement. Plus mes facultés seront identifiées à celles
de Jésus, moins le divin trouvera d’obstacles pour se manifester à moi, et d’un
autre côté plus je recevrai de lumières divines dans mes facultés et plus je pourrai
les fusionner avec celles de Jésus.
Mais
dans tout cela Jésus exige un effort de notre part. Il veut du renoncement effectif. Ainsi mon supérieur me demande une chose
sotte pour moi; Jésus s’attend et il me donnera la grâce actuelle pour le
faire, que je vais renoncer à mon jugement par amour pour lui. Tout de suite il me donne plus de lumière
pour me renoncer encore mieux une autre fois et ainsi de suite.
La
foi veut que je juge toute chose selon la lumière divine que Jésus nous apporte
et que j’agisse en conséquence. Dès
qu’on fait cela on vit de foi ou de la lumière divine de Jésus. Il a pris la peine de descendre du ciel
précisément pour nous apporter le point de vue céleste en tout avec la lumière
pour juger d’après ce point de vue et le prendre dans le concret. Par exemple Jésus dit d’aimer nos ennemis et
de leur faire du bien. La plupart des
prêtres et des chrétiens se contentent de savoir cette parole de Jésus; ils la
citent comme une curiosité de la parole de Jésus… et c’est tout! Comme les prêtres sont chatouilleux, susceptibles! Allez donc leur faire une injustice ou
quelque mauvais coup, la plupart n’agiront pas selon cette parole de
Jésus. Comme plusieurs se fâchent vite,
sont impatients! Comme un grand nombre
de prêtres et de religieux ne peuvent pas endurer les autres; que de cliques
parmi eux d’où sont exclus les autres.
C’est donc le point de vue humain qui domine en général. Ces gens vivent dans la foi, mais ils ne
vivent pas de foi. Comme il faut du
renoncement à l’humain pour agir toujours selon l’enseignement de Jésus en
toutes choses! Il nous dit de ne pas
aimer le monde ni les choses qui sont dans le monde, eh bien, tout chrétien
devrait se soumettre à cette lumière de Jésus et cesser d’avoir des attaches
pour les choses qui sont dans le monde, par exemple le tabac, les vues, les
sports, les toilettes, la richesse et la bonne chère, etc. Jésus ne veut pas que nous les aimions;
n’aimons-les donc pas! Mettons-les de
côté pour suivre la lumière divine de Jésus.
Au ciel, nous ne serons pas passionnés pour aucune créature pour
elle-même; eh bien, c’est justement cette lumière que Jésus nous apporte quand
il dit de ne rien aimer en ce monde, évidemment pour elles-mêmes.
Quand
Jésus nous fait dire par son Apôtre: «Si vous êtes ressuscités avec Jésus
recherchez les choses d’en haut, et non pas celles de la terre, il manifeste sa
divinité là; il nous l’apporte dans cette façon d’agir. Quand je méprise les plaisirs de la terre et
que toute mon âme s’affectionne aux choses de Dieu, que je m’intéresse
seulement aux choses du ciel, je pénètre dans la divinité de Jésus, j’entre
dans son monde divin et j’agis comme lui, et je mets mon bonheur comme lui dans
les choses de Dieu.
C’est
donc la foi qui nous met en contact avec Dieu, qui nous fait juger comme lui et
agir comme lui. Or que voit-on! La masse des fidèles à la suite du clergé est
satisfaite de croire en Jésus-Christ.
Cela ne suffit pas si on agit ensuite comme des païens selon la
raison. La foi exige que nous sacrifions
notre raison pour suivre ce qu’elle-même enseigne comme venant de Dieu. Ceux qui suivent la foi sont tout aux choses
de Dieu et rien autre ne les intéresse.
Sont-ils nombreux? Vous les
connaîtrez à leur conversation ordinaire.
Sont-ils nombreux qui aiment à parler des choses de Dieu? Non, non, non! Ils sont très rares. Donc la masse ne vit pas de foi… et donc ne
vise pas au Divin. Hâtons-nous de
prendre le point de vue divin en tout!
Envoyez votre Esprit et la face de la terre sera changée! Ce point de vue de la foi fait descendre le
ciel sur la terre! On commence à jouir
des avantages de la vie divine dans la paix, avec soi, avec le prochain et avec
Dieu; dans le bonheur anticipé du ciel.
Quand allons-nous entendre dire les uns des autres quand on s’informera
d’un tel ou d’une telle: Ah! mon Père,
ils sont tout en Dieu, leur vie c’est la religion! Leur amour c’est Dieu! Ils ne sont intéressés qu’aux choses de Dieu! Voilà ce que tout chrétien devrait pouvoir
dire de tous ceux qui l’entourent!… et de lui-même d’abord.
L’Espérance
est une conséquence de la foi. C’est une
confiance ferme de pouvoir un jour posséder les biens célestes que la foi nous
montre. Elle nous fait prendre les
moyens pour jouir au ciel du bonheur de Jésus dans les perfections
divines. Voyez comme les gens du monde
se démènent pour acquérir la richesse en laquelle ils ont mis leur espérance de
bonheur terrestre. Eh bien, les
chrétiens qui vivent de foi mettent tous leurs efforts pour s’assurer ces biens
divins. Ils veulent à tout prix les
posséder. Ils sont si sincères qu’ils
prennent les moyens indiqués par Jésus peu importe qu’ils contrarient la
nature; ils sont prêts à tous les sacrifices pour arriver au ciel.
La
fièvre qu’ils ont déjà mise au service des échantillons, ils la mettent
maintenant au service de Jésus. Jésus
s’est livré aux tourments de la passion pour assurer à son humanité le ciel et
pour nous l’assurer aussi en lui et par lui.
Eh bien, il faut imiter Jésus dans cette détermination à gagner le ciel
pour nous. Nous devons mépriser les échantillons
de la terre pour rechercher les choses d’en haut où Jésus-Christ est assis à la
droite du Père. Cette espérance croît en
proportion qu’on prend des moyens sûrs pour arriver au ciel. Espérer y arriver ou ne rien faire ou peu,
c’est une espérance vaine. C’est par des
actes qu’on mérite le ciel, pas par des paroles ou de simples désirs. «Ce ne sont pas ceux qui disent: Seigneur,
Seigneur, qui entreront au ciel, mais ceux qui font la volonté de mon Père.»
La
Charité procède de la foi et de l’espérance comme le Saint-Esprit procède du
Père et du Fils. Elle dépend donc de la
foi et de l’espérance. Mais d’un autre
côté, ce n’est que la Charité qui donne la vie aux deux autres qui sans la
charité seraient vaines et stériles. Ces
trois vertus se tiennent comme les Trois Personnes divines d’où elles
procèdent. Cette charité doit être toute
surnaturelle et donc selon la foi et l’espérance. Qu’on ne s’attende pas à des sentiments ou à
de l’attrait sensible comme dans les choses du monde. Voilà un point difficile pour des gens
habitués aux sentiments. Cet amour qui
se termine à Dieu qu’on n’a jamais vu ni connu face à face sur la terre doit
être de volonté réfléchie d’après les lumières fournies par la foi. Supposons qu’on vous annonce que vous devenez
propriétaire d’un beau château en Europe qui vaut des millions. Quand même vous ne l’avez jamais vu vous le
voudriez sûrement parce que vous savez un peu ce que valent des millions. Eh bien, c’est quelque chose de semblable
pour le ciel. Jésus nous dit qu’en lui
sont renfermés tous les trésors de science et de sagesse et qu’il donne un
bonheur éternel; cela doit suffire pour que nous l’aimions et que nous le
voulions de tout notre coeur. Nous
savons suffisamment qu’il vaut plus que tous les biens de ce monde. Alors, il nous faut transférer sur lui
l’amour que nous donnions sottement à ses simples échantillons, ou à son
catalogue. Voilà le travail que tout
chrétien doit faire en méditant la vie de Jésus; il faut qu’il arrive à le
préférer à tout au monde et même à sa propre vie. Faisons donc comme nous dit St. Paul: «Nous considérerons non ce qui se voit,
mais ce qui ne se voit pas. Car ce qui
se voit est temporel, mais ce qui ne se voit pas est éternel.» 2 Cor. 418.
Le chrétien doit vivre tout de suite pour les choses qui ne se voient
pas. Alors on voit que l’imitation de
Jésus ne doit pas pousser seulement à des actes extérieurs comme d’avoir pitié
des pauvres ou aller communier; il faut reproduire en nous et tout de suite la
vie intime de son âme humaine pour arriver au plus tôt à reproduire sa vie
divine que l’on fait par la pratique dans la vie de la foi, de l’espérance et
de la charité.
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