dimanche 25 novembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-34 - Marie mère de Dieu



TRENTE-TROISIÈME INSTRUCTION
MARIE, MÈRE DE DIEU.

«Vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très Haut». Luc 1,31.

Dans nos trois séries de retraites, nous avons considéré nos principales relations avec chacune des trois personnes de la Sainte Trinité: il nous reste à considérer le rôle de la Sainte Vierge pour nous unir à la Sainte Trinité.
Car c’est par J.-C. seul que nous pouvons exercer nos relations avec chacune des Personnes de la Trinité. Or, pour nous unir à J.-C., le rôle de la Sainte Vierge est des plus importants. Nous savons que notre sanctification n’est que l’incarnation continuée en chacun de nous. La part de Marie dans l’incarnation sera la même pour notre sanctification. Comme c’est par Marie que Jésus est venu dans le monde, c’est encore par Marie qu’il viendra mystiquement dans nos âmes. Il est donc très important d’étudier ce rôle dans Marie dans quelques instructions spéciales. Dans la première, nous verrons ce qu’elle est par rapport à Dieu et, dans une autre, ce qu’elle est par rapport à nous.

Ce titre est le fondement de la grandeur de Marie devant Dieu et devant les hommes: c’est en scrutant cette grande vérité qu’on découvre les magnificences de sagesse divine et de sainteté que Dieu a mises en sa sainte Mère. C’est elle-même qui dit que toutes les générations l’appelleront bienheureuse parce que Dieu a fait de grandes choses en elle. Ceux qui restent froids envers Marie sont ceux qui n’ont jamais considéré ce que signifie être la Mère de Dieu.

On sait que Dieu se prépare des instruments en fonction de leur fin: plus elle est noble et plus l’instrument doit être parfait. Or, Dieu ne peut rien faire de plus parfait que l’Homme-Dieu. Eh bien! C’est par Marie qu’il a opéré en elle l’incarnation de son Fils. C’est en elle et avec son consentement que la Trinité a fait ce miracle incomparable. On peut conclure de là ce que devait être la perfection de sa sainte Mère. Jamais aucune créature ne fut admise à une aussi intime union avec la Sainte Trinité que Marie dans l’Incarnation. Elle devait donc approcher plus que toute autre créature la perfection de Dieu.

En dehors de la sainte Humanité de Jésus, aucune créature ne devait pénétrer plus avant dans la Trinité ni participer à ses perfections infinies autant que la Mère de J.-C. Comme Jésus vécut de la vie naturelle de sa Mère pendant les premiers mois de sa vie terrestre, Marie vécut de la même vie surnaturelle de Jésus pendant toute sa vie terrestre. Si une simple visite de Jésus encore dans le sein de sa Mère a pu sanctifier Jean-Baptiste, que n’a pas fait Jésus à sa Mère pendant son séjour de plusieurs mois en sa sainte Mère

Le dogme de la Maternité divine est de foi définie par le Concile Oecuménique d’Ephèse qui se réunit en 431 dans une église appelée la Mère de Dieu. «Si quelqu’un refuse de confesser que l’Emmanuel est vraiment Dieu et par conséquent que la Sainte Vierge est Mère de Dieu puisqu’elle l’a enfanté selon la chair… qu’il soit anathème». Tout catholique est donc obligé de croire ce dogme sous peine de damnation.

De même qu’une femme ordinaire est vraiment la mère de son fils, quand même elle n’a fourni qu’une partie de la matière du corps de ce fils, ainsi Marie est vraiment la Mère de J.-C. quand même elle n’a fourni que la matière de son corps. On peut dire qu’elle est plus mère puisqu’elle seule a fourni toute la matière du corps de Jésus. En elle, c’est Dieu qui fit directement ce qu’il a donné à l’homme de faire dans l’acte de la conception. C’est Marie qui a conçu, porté et enfanté J.-C.: elle est donc sa Mère dans toute la force du mot, et c’est de lui qu’elle tire sa grandeur et sa beauté.

Une vision de Saint Jean dans l’Apocalypse ch. 13 montre bien cette idée. Il voit une femme revêtue du soleil ayant la lune à ses pieds et couronnée de douze étoiles. C’est Marie qui fait la fonction de la lune dans le monde surnaturel et les Apôtres sont comme les étoiles qui brillent au sein de l’Eglise. La lune n’a aucune lumière par elle-même, mais reflète celle du soleil. Ainsi Marie emprunte toute sa splendeur de Jésus qui se reflète en elle. Comme la lumière du soleil réfléchie sur la lune est moins éblouissante et plus douce pour notre faible vue, ainsi la sainteté de Jésus se montre plus adaptée à notre faiblesse, telle qu’elle se reflète en la sainteté de Marie, sa divine Mère.

C’est dans la nuit que l’homme découvre l’immense monde stellaire avec ses merveilles d’aurores boréales, de nébuleuses et d’innombrables soleils trop loin pour être vus le jour, ainsi c’est dans la nuit de la foi que Marie montre sa splendeur et nous découvre le monde surnaturel avec ses trésors de science et de sagesse, de puissance et de grandeurs, répandus dans le monde divin de la foi. Car c’est sûrement en Marie que Dieu a manifesté le plus de ses perfections divines qui sont à notre portée pour ainsi dire. C’est une pure créature comme nous tous, elle a été soumise aux mêmes conditions de vie humaine que nous tous, et à toutes nos faiblesses hors le péché. Nous devrons donc pouvoir l’imiter en tout avec la grâce de Dieu… oui, même dans son privilège d’être la Mère de Dieu! Est-ce que Jésus n’a pas dit un jour: «Ma mère, ce sont tous ceux qui croient en moi!». Car par la foi, nous concevons en nous J.-C. et ainsi nous devenons comme autant de mères pour son existence mystique en nos âmes.

Etudions donc attentivement notre divine Mère, afin de découvrir en elle ce que Dieu veut voir aussi en nous avec sa grâce. Plus nous ressemblerons à Marie et plus nous ressemblerons par le fait même à J.C. et mériterons de participer à la vie trinitaire au ciel.

SA PRÉDESTINATION.

Quand Saint Paul dit aux Ephésiens, I, que c’est en Jésus que nous avons été élus dès avant la création du monde pour être saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant dans son amour prédestinés à être ses fils adoptifs, il est évident que Dieu avait déjà choisi qu’elle femme serait la Mère de son Fils et à plus forte raison combien plus sainte et irrépréhensible elle serait devant lui.

Aussitôt après le péché d’Adam, il est fait mention de Marie dans la sentence portée contre lui. Dieu dit au serpent: «Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta race et sa race: elle t’écrasera la tête et tu te replieras contre son talon». Comme il n’y a que J.-C. qui a écrasé Satan, la femme est donc Marie, la Mère de Jésus.

Isaïe 7-14: «C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici que la Vierge a conçu et elle enfante un fils, et elle lui donne le nom d’Emmanuel», qui veut dire Dieu avec nous.

Isaïe 11-1: «Un rameau sortira du tronc de Jessé et de ses racines croîtra un rejeton. Sur lui reposera l’Esprit de Yahveh, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Dieu». Il s’agit là de J.-C. dont la mère est Marie, la racine.

Michée 5 dit: «Et toi, Bethléem Ephrate, quoique petite entre les milliers de Juda, c’est de toi que sortira pour moi Celui qui doit être le Dominateur en Israël et dont l’origine est dès les temps anciens, dès les jours de l’éternité. C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps où la mère aura enfanté». Il s’agit là de Marie.

Ces textes et bien d’autres qui annoncent la naissance du Messie, indiquent par le fait même sa Mère.
De plus, Dieu a préparé le monde à recevoir sa Mère par des figures de femmes éminentes en quelque grande qualité qui rappelle les privilèges de Marie. En voici quelques-unes.

Eve est la mère de tous les vivants dans l’ordre naturel comme Marie est la Mère des chrétiens dans l’ordre surnaturel. Eve écoute la parole d’un mauvais ange qui la conduit à sa perte avec toute l’humanité.

Marie écoute la parole d’un bon ange qui lui annonce qu’elle est choisie pour être la Mère du Messie qui doit réparer la faute d’Eve. Marie hérite du rôle qu’aurait joué Eve si elle n’avait pas péché.

Judith est une belle figure de Marie. Quoique très riche, elle est détachée de tous ses biens et passe ses jours dans la pénitence et dans la prière. Quand Dieu veut sauver son peuple des Assyriens qui l’oppriment, il choisit Judith qui tranche la tête d’Holopherne, comme Marie écrase la tête de Satan.

Esther délivre son peuple de son pire ennemi par sa puissante intercession auprès du roi, Assuérus.

Abigaïl est une belle figure de Marie. Nabal, son époux, avait offensé David qui résolut de se venger. Partant avec quatre cents hommes, il était déterminé à tuer Nabal et à détruire ses biens. Sa femme résolut de le sauver. Elle se munit de deux cents pains, deux outres de vin, cinq moutons tout cuits et des gâteaux. Elle envoya tous ces présents en avant d’elle. Quand elle rencontra David, elle se prosterna devant lui et plaida si bien la cause de son mari que David lui pardonna tout.

Eh bien! Marie aussi envoie à Dieu des présents précieux devant Elle: un agneau sans tache, le Sauveur du monde! et des pains, et du vin eucharistique, et plaide si bien la cause des pécheurs que Dieu pardonne à un grand nombre de ces malheureux. Si nous ajoutons ses propres perfections intrinsèques avec sa sagesse divine et son parfait amour de Dieu, on voit quelle puissante avocate nous avons au ciel.

Dieu n’a pas manqué de glorifier sa sainte Mère, afin de mieux faire accepter son humanité que les hommes ont tant de misère à accepter. La plupart des hérésies des premiers siècles attaquent surtout l’humanité de Jésus. Les Pères qui les réfutent le font toujours au moyen de sa mère. Marie protège donc Jésus dans ses dogmes comme elle l’a fait dans son enfance.

Enfin l’Archange Gabriel donne à Marie les plus belles louanges qu’on puisse donner à une simple créature et cela avec une simplicité aussi sublime que divine. Chaque mot frappe les futures hérésies contre la Maternité divine de Marie.

« Je vous salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes». Par ces paroles, l’ange loue Marie devant elle-même, devant les hommes et devant Dieu. Et c’est un envoyé de Dieu: tout est donc absolument vrai. Essayons de nous pénétrer du même esprit céleste en prononçant si souvent ces paroles dans nos prières. Elle est déjà pleine de grâces avant même de concevoir le Verbe de Dieu! Elle en sera débordante après! Le Seigneur est déjà avec vous par ses complaisances en sa sainteté. Si elle est assez parfaite pour faire les délices de Dieu, combien plus elle devrait faire les nôtres! Disons donc avec plus d’esprit de foi la salutation angélique que nous disons si souvent.

Mais, comme ces louanges troublent Marie, l’ange la rassure en lui disant qu’elle a trouvé grâce devant Dieu et donc qu’il vient en ami.

Les mots qui suivent expriment aussi clairement que possible la maternité divine: ils regardent sa nature humaine: «Vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus». Ce mot veut dire: sauveur et donc qu’il souffrira dans son humanité pour racheter le monde. L’ange déclare donc bien clairement qu’il sera vraiment homme parce que vraiment fils de Marie. Chaque mot réfute les futures hérésies sur ce point.

Nous avons aussi besoin de bien nous convaincre que Jésus est vraiment homme comme nous en tout, excepté le péché. Pour éviter de nous mortifier, nous aimons à dire qu’il était Dieu lui et qu’il pouvait facilement souffrir. Mais il était aussi homme que nous le sommes et la souffrance répugnait à son humanité comme à la nôtre. S’il avait la divinité pour le soutenir, nous aussi nous avons sa grâce pour nous soutenir dans nos souffrances.

Les autres paroles de l’ange indiquent sa divinité: «Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob; et son règne n’aura point de fin!». Le fils de Marie est donc vraiment le Messie et le Fils de Dieu le Père, que le monde attendait depuis la chute de nos premiers parents. La maternité divine de J.-C. est donc bien établie dans l’Ecriture Sainte comme sa prédestination.

SON EXCELLENCE.

Un être est d’autant plus parfait qu’il s’approche plus de Dieu. Saint Esychius, évêque de Jérusalem, dit que Marie est le complément de la Sainte Trinité dans ce sens que par ses relations avec chacune des Personnes, elle procure une immense gloire à la Trinité et une satisfaction qu’aucune autre créature pure ne peut lui donner. Comme elle pénètre au plus intime de la vie trinitaire, cela suppose une excellence extraordinaire. Voyons un peu ses relations avec chacune des trois Personnes divines, afin de mieux saisir son incomparable excellence.

AVEC LE PÈRE.

Le Verbe en tant que divin ne pouvait pas adorer son Père ni lui obéir, ni lui offrir des sacrifices, puisqu’il était son égal en tout. Mais, en s’incarnant dans le sein de Marie, il devient son inférieur en tant qu’homme et peut alors donner à son Père un service de louange, de soumission et de sacrifice et qui sont infinis à cause de son union dans la Personne du Verbe. C’est donc grâce à Marie que le Verbe Incarné peut donner tant de gloire à son Père céleste.

AVEC LE VERBE qui seul n’aurait jamais pu satisfaire la justice divine offensée par les hommes, ni devenir homme pour expier les péchés des hommes. Avec Marie, le Verbe peut faire tout cela: elle est donc son complément de façon bien réelle. Quand le Verbe s’incarne, on sait la grande part de Marie dans l’Incarnation et donc dans ses effets. Pendant son enfance, c’est à elle que le Verbe Incarné obéit fidèlement, pour laquelle il travaille péniblement plusieurs années.

AVEC LE SAINT-ESPRIT.

Le Père avait produit le Fils, les deux avaient produit le Saint-Esprit, mais ce dernier n’avait rien produit par lui-même. Avec Marie, il a produit l’homme-Dieu, la plus parfaite des créatures de Dieu. C’est par Marie que le Saint-Esprit est devenu fécond.

Il est donc vrai de dire qu’elle est le complément de la Sainte Trinité, ce qui peut nous donner une idée de son excellence.

N’oublions pas que selon la foi nous devrions reproduire quelque chose de ces relations avec les trois Personnes de la Trinité. Nous devons vivre intimement unis à la Trinité, afin d’imiter le rôle de Marie, notre Mère, au sein de la Trinité. Demandons plus de vie divine du Père, plus de sagesse divine du Verbe et plus d’amour divin du Saint-Esprit, afin de donner à Dieu la gloire qu’il attend de nous tous.

SON RÔLE n’est pas d’être la cause de la grâce, mais simplement une condition qui peut être aussi nécessaire que la cause elle-même. Par exemple, lorsque le cultivateur jette son grain en terre, ce n’est pas lui du tout qui le fait pousser, mais Dieu seul. Cependant, si le cultivateur ne semait pas son grain, Dieu ne le ferait pas pousser. Eh bien! Ce n’est pas Marie qui a causé l’Incarnation du Verbe, mais elle était une condition nécessaire pour son incarnation. Or, comme notre sanctification est l’incarnation continuée en chacun de nous, Marie est aussi nécessaire pour la venue mystique de Jésus en nous que physiquement en Marie. Or, notre sanctification se fait par la grâce de Dieu. Voilà pourquoi l’Eglise enseigne que Marie est la Médiatrice de toutes les grâces que nous recevons du ciel. Elle est la trésorière des mérites de J.-C. et les distribue comme elle veut… évidemment toujours unie à la volonté de Dieu.

L’Eglise a sanctionné cet enseignement et établissant une fête spéciale en l’honneur de Marie Médiatrice de toute grâce. Les chrétiens qui n’ont pas de dévotion envers Marie risquent fort leur salut: comment peuvent-ils aimer le Fils s’ils n’aiment pas sa Mère?

On a l’exemple des protestants qui ont rejeté Marie avec un ensemble et une ardeur diabolique. Aussi, nous assistons à leur effritement général: la plupart ne croient plus à la divinité de Jésus: ils rejettent le Fils avec la Mère. Les soixante-dix millions d’Américains qui au dernier recensement déclarent n’avoir aucune religion sont les descendants directs de ces protestants.

On remarque le même phénomène chez les individus; celui qui n’a pas de dévotion envers Marie, n’a pas plus d’amour pour J.-C.

Le principal rôle de Marie est comme celui de Jésus maintenant devant son Père au ciel: c’est pour nous. Son pouvoir d’intercession est énorme. Si Moïse a pu arrêter le courroux de Dieu qui voulait détruire son peuple, combien plus Marie peut apaiser la colère de Dieu contre les pécheurs. Ses vertus parfaites et son amour immense ont un pouvoir extraordinaire sur la miséricorde de Dieu. Si Jésus veut que nous soyons une seule chose avec lui, combien plus sa très sainte Mère doit être une seule chose avec lui! Elle peut donc faire valoir les mérites infinis de son divin Fils avec la liberté qu’ont les mères sur les biens de leurs enfants. Comme elle parlait avec autorité à Jésus sur la terre pour obtenir son premier miracle, elle peut encore le faire au ciel à cause des complaisances de Jésus en sa Mère. Comme Jésus veut encore la conversion des pécheurs, Marie aussi la veut et intercède auprès de son Fils pour eux. Voilà le rôle principal de Marie: aider à la rédemption du monde par ses prières…

SOURCES DE SA SAINTETÉ

Jusqu’à présent, nous avons vu les titres d’honneur que Dieu lui a donnés gratuitement, voyons maintenant ses vertus théologales avec son consentement libre à l’incarnation du Verbe en elle et qui fondent son mérite personnel devant Dieu.

SA FOI est le principal fondement de son mérite, comme le dit Elisabeth sous l’inspiration du Saint-Esprit: «Vous êtes bienheureuse parce que vous avez cru à la parole divine». Elle a conçu Jésus dans sa volonté ou dans son cœur avant de le concevoir dans son sein. Elle a cru à une parole absolument impossible humainement parlant: qu’elle concevrait sans le concours d’aucun homme, et donc de Dieu directement. C’est certainement l’acte de foi le plus difficile que Dieu ait jamais demandé à une créature et, cependant, Marie a cru à cette parole de Dieu par l’ange. Elle a sacrifié son jugement et sa volonté parfaitement et donc tout son être en s’anéantissant devant Dieu, son Maître absolu. Elle procurait ainsi à Dieu la plus grande gloire qu’une créature pouvait lui donner et s’attirait un immense mérite par le sacrifice de tout son être. Jamais le renoncement d’une simple créature n’a été plus parfait.

Sa foi est encore plus parfaite que celle d’Abraham qui crut que lui et sa femme auraient un fils dans leur vieillesse, et plus tard qui crut à la parole de Dieu que d’Isaac sortirait le Messie même contre toute espérance quand Dieu lui demande de sacrifier son fils Isaac, encore tout jeune. Ces deux actes de foi, en Marie et en Abraham, sont le renoncement total du moi et donc extrêmement méritoire devant Dieu.

Dans Abraham et dans Marie, nous avons deux parfaits modèles de foi. Les deux sacrifient totalement leur jugement et leur volonté pour l’amour de Dieu: L’un est notre père dans la foi et l’autre notre Mère dans la foi. En proportion que nous voulons les suivre dans la foi, Dieu nous demandera des choses absurdes pour notre jugement humain et donc contraires à notre volonté. Quand ces choses se présenteront, au lieu de nous arrêter à leur absurdité, arrêtons-nous à la divine sagesse que Dieu veut nous donner en proportion qu’il contrarie notre raison humaine.

Tous ceux qui disputent et se fâchent contre ce que la Providence leur envoie, montrent qu’ils sont naturels et qu’ils veulent y rester! Ils préfèrent se conduire par leur petit fanal humain au lieu de suivre la sagesse divine. Ils perdent énormément de mérite devant Dieu.

Faut-il tant de raison pour savoir que Dieu est plus sage que nous? Servons-nous donc de cette raison pour la sacrifier devant la sagesse infinie de Dieu quand il nous demande des choses qui choquent la raison! Cessons donc de disputer pour suivre la raison contre la sagesse divine! Est-ce que Saint Paul ne dit pas que Dieu a choisi tout ce qui est insensé selon le monde pour nous sanctifier? Il ne veut pas que nous attribuions à la raison humaine le bien surnaturel qu’il nous donne. Il veut en avoir toute la gloire à lui seul. Voilà pourquoi il veut que nous suivions sa sagesse et non pas la nôtre. C’est si simple! Vivons-le donc!

SON ESPÉRANCE était tout en les choses que la foi lui montrait. Les choses de Dieu seules l’intéressaient. Elle a toujours sacrifié les choses terrestres pour les célestes: preuve que son espérance n’était que dans les choses de Dieu. Elle n’a jamais montré le moindre amour pour les choses de la terre, mais toujours et uniquement de l’amour des choses de Dieu: c’est donc que son espérance était bien là. Sa vie de prière pour ces choses divines indique bien où était son cœur: dans les choses surnaturelles.

SON AMOUR POUR DIEU peut se déduire des sacrifices qu’elle a faits pour plaire à Dieu. Elle l’a préféré à tout au monde et à elle-même dans son jugement et dans sa volonté qu’elle lui a sacrifiés pour lui plaire. Si personne ne peut montrer plus d’amour pour ses amis qu’en mourant pour eux, Marie est morte à elle-même par le renoncement le plus parfait jamais pratiqué par une pure créature. Puis, que de douleurs endurées dans sa vie pour l’amour de Dieu, pour l’amour de son Jésus! Jamais elle n’a donné la moindre parcelle d’amour aux créatures, mais elle a réservé absolument tout son amour pour Dieu seul et les choses de Dieu. Cet amour paraît dans sa soumission parfaite à tous les événements de la Providence divine quelque pénibles qu’ils soient, jusqu’au pied de la croix.

SON CONSENTEMENT LIBRE à une pareille impossibilité physique reconnue par l’ange puisqu’il avoue que rien n’est impossible à Dieu et donc impossible aux hommes dans le cas présent, est la principale cause de son mérite. C’est par lui qu’elle accepte ce que Dieu lui propose; c’est sa part au grand mystère qui va s’accomplir en elle. Il est un effet de ses vertus subjectives et théologales qui fondent son mérite et sa gloire devant Dieu et devant les hommes. Ce consentement est attendu par Dieu pour opérer la plus grande merveille de toute la création: l’Incarnation du Verbe.

SES PRIVILÈGES…

Ne sont pas des choses que nous pouvons imiter en Marie, mais ils nous montrent l’estime que Dieu avait pour sa Mère et donc que nous devons avoir pour elle. Voici les principaux:

SON IMMACULÉE-CONCEPTION est un des plus beaux joyaux de la couronne de la mère de J.-C. C’est la seule pure créature qui ait eu ce privilège d’être préservée du péché originel en vue des mérites de J.-C. Citons le décret de Pie IX: «La doctrine qui tient que la très heureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa conception, par une grâce et par un privilège très singulier de Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de J.-C., Sauveur du genre humain, fut préservée de toute tache originelle, est une doctrine révélée de Dieu et, par suite, doit être fermement et constamment crue par tous les fidèles». Par conception, on entend le moment où l’âme s’unit au corps pour faire une personne, quelque soit cet instant.

Ce privilège en Marie nous montre combien Dieu tient à une exquise pureté pour tous ceux qui veulent approcher de Dieu et jouir de sa familiarité. Ceux-là sont rares justement parce que la plupart ne sont pas assez soigneux pour se purifier de plus en plus de leurs péchés et de leurs mauvaises tendances. L’infinie sainteté de Dieu ne peut s’unir à quoi que ce soit de souillé le moindrement. Purifions-nous donc de plus en plus.

SA VIRGINITÉ PERPÉTUELLE veut dire qu’elle est restée vierge avant, pendant et après la naissance de J.-C.

AVANT: Selon la prophétie d’Isaïe: «Une vierge enfantera». Une femme ordinaire ne l’est plus à ce moment-là. L’ange dit que c’est la vertu de Dieu qui opère en elle et donc sans détruire sa virginité. Cela avait été donné comme un signe: si tout se passait comme pour les autres femmes, ce ne le serait pas.

PENDANT: Isaïe est formel sur ce point: une vierge a enfanté et donc en restant vierge dans l’enfantement. Puisque Dieu préserve sa virginité dans la conception, il convenait qu’il le fît aussi dans la naissance de l’enfant.

APRÈS: Les paroles de Marie: «Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme»? montrent sa détermination de n’en point connaître. Autrement, tout se passerait naturellement. Jésus et Saint Paul proclament la supériorité de la virginité sur le mariage et sa Mère n’aurait pas pratiqué cette plus grande perfection? C’est inadmissible.

Les hérétiques nient la virginité perpétuelle de Marie à cause des textes: «Les frères de Jésus voulaient lui parler». On sait que c’était la coutume d’appeler les cousins, frères. Exemple, Gen. 14-13 dit carrément que Loth était le fils du frère d’Abraham, et donc son neveu. Mais en Gen. 13-8, Abraham l’appelle: son frère. Les premiers chrétiens s’appelaient tous: frère.

Jésus est appelé le premier né, or ces «frères» sont plus vieux que lui. De plus, ils sont jaloux de sa popularité, le critiquent et même tentent de mettre la main sur lui, sous prétexte qu’il est fou. Mc. 3-21, 54, 7-3. Cette conduite ne s’explique pas pour des frères cadets selon les coutumes orientales.

L’Ecriture elle-même explique la parenté de ces frères cités en Mt. 13-55: «D’où viennent à celui-ci cette sagesse et ces miracles? N’est-ce pas le fils du charpentier? Sa Mère ne s’appelle-t-elle pas Marie? Et ses frères, Jacques, Joseph, Simon et Jude, et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous?».

Mt. 27-56 dit: Parmi elles étaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. J. 19-26 dit: Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et 1a sœur de sa mère, femme de Cléophas. Cette «sœur» de Marie n’est qu’une parente. D’après Mt. 4-21, les fils de Zébédée sont Jacques et Jean. Donc la mère de ces deux n’est pas la mère de Jacques et de Joseph. Donc sur les quatre «frères», l’Evangile montre que trois n’étaient que des cousins ou parents. Comme on sait que Jude était le frère de Simon, l’objection ne vaut plus rien.

Hégésippe écrit vers l’an l50: «Après que Jacques le juste eût été martyrisé pour la même cause que le Seigneur, et, à son tour, le fils de son oncle paternel, Simon, le fils de Cléophas, fut constitué évêque de Jérusalem à l’unanimité. On lui donna la préférence parce qu’il était un autre cousin du Seigneur.

Encore un point où l’ignorance des protestants les a induits en erreur. Leur manque de respect pour Marie et on pourrait même dire leur haine les a fait tomber dans les pièges de Satan. Ce devrait être une leçon pour tous les catholiques qui sont froids envers la Mère de notre Sauveur. Que tous ceux qui tombent dans le péché examinent leur dévotion et leur amour envers Marie: ils s’apercevront qu’ils tombent en proportion qu’ils s’éloignent d’elle. Satan aura d’autant moins d’empire sur eux qu’ils seront plus unis à Marie.

Si Dieu a exigé une si grande pureté dans sa Mère, on peut être sûr qu’il nous veut tous purs, puisque nous devons le concevoir en notre âme et le donner au monde pour le salut de nos frères et la gloire de Dieu. Nous devrions avoir le souci extrême de garder notre âme pure absolument de la moindre souillure. Gardons nos sens de tout ce qui pourrait exciter notre concupiscence. Qu’aucune histoire louche ne mette dans la mémoire des choses qu’un catholique ne doit jamais faire. Demandons au très pur cœur de Marie d’intercéder pour que nous soyons purs comme elle avec la grâce de Dieu.

SON ASSOMPTION veut dire que Marie est ressuscitée et que son corps glorieux est déjà dans le ciel avec celui de Jésus-Christ. Puisque Dieu l’a préservée du péché originel, qu’elle a conçu du Saint-Esprit et qu’elle est restée vierge pendant et après la naissance de Jésus, il convenait que son corps si pur soit aussi préservé du châtiment du péché, la corruption dans la mort. C’est une tradition très ancienne que lorsque les Apôtres vinrent à Jérusalem après la mort de Marie, ils allèrent pour la vénérer dans son tombeau, mais ils le trouvèrent vide.

Enfin, le premier de novembre de cette année 1950 et donc dans trois semaines, le Pape va proclamer le dogme de l’Assomption de la Très Sainte Vierge comme révélé par Dieu, donc être cru sous peine de péché mortel.

A l’occasion de cette fête solennelle en l’honneur de notre divine Mère, félicitons-la de cette augmentation de gloire pour elle et pour Dieu qui a fait ce grand miracle en l’honneur de sa sainte Mère. Que ce soit un stimulant pour notre plus grande dévotion envers Marie et un encouragement à nous purifier de plus en plus de toute souillure du corps et de l’âme. Surveillons nos yeux et nos pensées pour ne jamais les laisser errer sur les personnes ou les choses qui pourraient nous porter à ternir notre vertu de chasteté. Prions bien notre Mère de nous obtenir sa pureté incomparable.

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