lundi 27 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-29 - L'Eucharistie



VINGT-HUITIÈME INSTRUCTION
L’EUCHARISTIE.

«Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je lui donnerai est ma chair pour la vie du monde». Jean 6-51.

Nous venons de méditer sur la Messe où le prêtre consacre le Corps et le Sang de N.S. en vue de sa communion et de celle des fidèles: les Saintes Espèces demeurent donc après la Consécration comme il est nécessaire pour porter la communion aux malades, aux prisonniers et à tous ceux qui sont empêchés d’assister à la messe et qui doivent communier pour une raison ou pour une autre.

dimanche 26 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-28 - La messe



VINGT-SEPTIÈME
INSTRUCTION MA MESSE.

«Ayant pris du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant: «Ceci est mon corps qui est donne pour vous, faites ceci en mémoire de moi». Il prit de même le calice après la cène en disant: «C’est le calice, la nouvelle alliance dans mon sang qui sera répandu pour vous». Luc. 22-19.

Je mets pour titre «Ma Messe» pour indiquer que je veux méditer sur ma façon de dire ou d’entendre la messe. Je veux la considérer au point de vue pratique de ma sanctification par la messe; je ne veux pas en parler dans l’abstrait seulement, mais aussi dans le concret pratique de ma part dans ce divin mystère. Evidemment ce sera pour descendre tout de suite dans la pratique pour mon bien spirituel.

Père Onésime Lacouture - 3-27 - Tout catholique doit être saint



VINGT-SIXIÈME INSTRUCTION
TOUT CATHOLIQUE DOIT ÊTRE SAINT.

«Comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute la conduite de votre vie». I Pet. 1-15.

Nous avons suivi le divin dans la Trinité, dans le Verbe Incarné, dans sa sainte Humanité, dans l’Eglise et enfin nous voulons le voir agir dans les individus. C’est la partie la plus personnelle et la plus pratique pour chacun de nous. C’est le but que Dieu se proposait dans toutes ses œuvres grandioses qu’il a faites pour nous avoir avec lui… dans ce monde par la foi et sa grâce et ensuite dans la gloire du ciel.

Les Apôtres ont reçu la science infuse du plan divin dans ses détails avec les moyens pour le vivre. Cette idée fait le fond de leur prédication: ils veulent que tous les fidèles se préparent à voir Dieu face à face dans la vision béatifique. Mais, ils insistent que pour cela il faut devenir semblable à Dieu dans une sainteté parfaite comme celle de Dieu. Jésus dit carrément à tout le monde sans exception: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait!». Evidemment nous ne pouvons pas atteindre le même degré, mais nous devons avoir le même genre de sainteté et vouloir toute la sainteté de Dieu! Comme il est le souverain bien et notre fin dernière, nous ne devons pas mettre de limites à notre vouloir par rapport à Dieu.

Les Ecritures inspirées ne cessent de nous recommander de chercher la sainteté constamment et ardemment. Comment se fait-il que si peu de chrétiens veulent sincèrement devenir des saints dans toute la force du mot? Commençons par examiner les causes de cette paresse spirituelle, afin de les enlever si possible avec la grâce de Dieu.

Il ne s’agit pas simplement de les connaître spéculativement pour en parler seulement; mais, pour les faire disparaître en chacun de nous. Les prêtres surtout doivent prendre tout ce que nous dirons ici: mais cela ne veut pas dire que les laïques en ont moins besoin. Tous sans exception sont tenus de devenir des saints comme le bon Dieu est saint. Par conséquent, tous sans exception doivent prendre pour eux-mêmes tout ce que nous disons dans cette instruction adressée à tout le monde sans exception.

LES OBSTACLES…

Sont très nombreux évidemment, mais nous allons nous arrêter aux principaux et aux plus généraux pour le temps que nous avons à notre disposition pour cette instruction. Chacun pourra continuer ce travail dans ses méditations quotidiennes.

LA NATURE HUMAINE. Nous avons été créés par nature pour l’usage des créatures de ce monde et pour y trouer notre bonheur terrestre. Tout en nous, nous pousse vers les plaisirs des choses créées: ce n’est pas étonnant que nous soyons tout aux choses de la terre!

Or, pour acquérir la sainteté de Dieu, il nous faut faire tout le contraire de ces tendances naturelles que nous avons en nous. Il nous faut réagir contre notre amour naturel pour les créatures et cela constamment pour mettre tout notre amour uniquement en Dieu et en les choses de Dieu. Il faut aller contre tout ce qui a fait sa vie dans le passé et tout ce qui fait son bonheur dans le présent. C’est une lutte qui dépasse les forces humaines: personne ne peut faire cette guerre contre lui-même sans la grâce de Dieu. La très grande majorité n’ont pas même l’idée de se vaincre et donc encore moins de prier pour se vaincre. Alors la plupart restent dans la vie naturelle où ils sont nés. Quand on leur parle de sainteté, ils admettent bien qu’elle est enviable mais ils n’ont pas la force de secouer le joug de la chair humaine avec ses tendances animales. Et comme dans ce monde naturel où ils vivent, ils n’ont pas grand désir des choses de Dieu, ils ne prient pas ou trop peu pour sortir de leur mentalité plus ou moins païenne.

Une des raisons est que d’après la prédication des prêtres philosophes ils n’ont qu’à éviter les péchés et tout le reste est bon pour le ciel. Alors, la plupart des gens gardent toute leur activité naturelle mentale bonne en soi comme si elle était méritoire pour le ciel. Or, nous savons maintenant que toute cette activité naturelle intentionnelle ne vaut rien devant Dieu au point de vue du mérite éternel. Comment devenir saint avec cette activité naturelle? C’est impossible et voilà pourquoi tant de chrétiens ne sont pas saints.

Saint Paul dit carrément que les enfants de Dieu doivent être conduits par l’Esprit de Dieu; donc pas par des motifs naturels. Mais, comme ces gens vivent de motifs naturels, le Saint-Esprit ne peut pas les sanctifier dans le monde naturel où ils vivent. Tant que les prêtres enseigneront que le bon naturel est bon pour le ciel, les catholiques seront bien paresseux pour se sanctifier vraiment comme les saints l’ont compris dans la vraie sainteté surnaturelle. Ils sont satisfaits de leur bonté naturelle et les prêtres les laissent bien tranquilles là: ils y restent!

Par conséquent, non seulement il faut prêcher contre les péchés, mais aussi et je dirais surtout contre toute cette activité naturelle libre des motifs qui ne vaut pas plus que le sable pour soutenir notre maison spirituelle dans les tempêtes. Ni Jésus, ni la Sainte Vierge, ni les Apôtres n’ont agi pour des motifs naturels; donc ceux qui veulent les suivre dans leur sainteté doivent les suivre dans leurs motifs absolument surnaturels.

Puisqu’il faut mourir à soi pour vivre en Jésus, qu’on cesse d’agir pour des motifs naturels qui alimentent le païen en nous et nous empêchent de recevoir l’action du Saint-Esprit. Personne ne pourra donc arriver à la sainteté de Dieu sans renoncer à son moi païen ou à son activité naturelle intentionnelle.

LES SOPHISMES DE L’INTELLIGENCE sont très nombreux. Comme l’amour est tout aux choses de la terre par nature, c’est lui qui cherche des prétextes pour satisfaire cet amour tout en paraissant travailler pour le ciel. On voudrait combiner les deux: jouir de ce monde et après jouir de Dieu au ciel. Alors, toute la finesse humaine est employée à assurer les jouissances dans les deux mondes. Jésus dit que c’est impossible, mais les démons, aidant nos prêtres philosophes, ont toutes sortes de sophismes pour essayer de jouir des deux. Ils font exactement comme Satan a fait pour tenter Jésus. Il citait des textes vrais, mais il les interprétait mal. Eh bien! Nos prêtres en ont de ces textes qu’ils font servir à sauver leur vie plus ou moins païenne dans la mentalité et par la suite dans le concret de la vie.

S’il y a une vertu sur laquelle Jésus insiste dans sa vie et dans sa doctrine, c’est bien le détachement des plaisirs de la terre et l’esprit de pauvreté. Mais les prêtres opposent à la doctrine de Jésus leur doctrine abstraite des «in se» pour permettre à tout le monde de jouir tant qu’ils veulent des plaisirs bons «en soi». C’est vrai ce qu’ils disent, mais ce n’est pas la doctrine de J.-C. Il ne prêche pas seulement contre l’usage des choses défendues, mais aussi contre l’amour des choses permises, ce que la plupart des prêtres ne font pas.

Dans le Sermon sur la montagne, Jésus dit que nos bonnes œuvres seront récompensées selon les motifs: les philosophes disent qu’elles sont récompensées selon leur bonté «en soi» et peu importe les motifs: qu’ils soient naturels ou surnaturels. Il y a du vrai et il y a du faux: encore un sophisme donc!
Mais c’est inutile d’allonger l’énumération: nous en avons signalé assez dans le cours de nos instructions. C’est par centaines et par centaines que les prêtres en donnent aux fidèles. voilà ce qui explique en bonne partie l’insouciance des catholiques pour arriver à la sainteté. Ils trouvent même ridicule celui qui y tend sincèrement et ils ne manquent pas de se moquer de lui et même de le persécuter, pour le faire rentrer dans le rang du commun des mortels!

Si l’on veut découvrir ces sophismes qu’on essaie de pousser tant soit peu quelqu’un à la sainteté et tout de suite il nous sert un de ces sophismes des prêtres philosophes inspirés par Satan qui nous tente comme il a tenté Jésus au désert. «C’est par orgueil que tu veux te signaler au service de Dieu! La vraie humilité ne veut pas se faire remarquer: elle suit la voie commune…», oui, des païens! Faire comme tous les autres est le refrain des prêtres philosophes et des païens qui les suivent. Or, comme pour être saint, il faut bien se séparer de la masse qui ne veut pas de la sainteté, c’est un principe de paresse spirituelle.

Quand l’amour est aux choses du monde, l’esprit est habile pour trouver des raisons de légitimer son amour naturel. Or, comme la plupart des humains sont captivés par l’attraction des choses créées, ils ont une foule de sophismes pour justifier leur poursuite des choses créées. On les remarque parce qu’ils sont surtout tirés de la raison, tandis qu’un chrétien doit prendre ses motifs uniquement dans la foi et dans les textes des Ecritures bien compris, selon le sens de l’Eglise et des saints qu’elle a canonisés.

LES ATTRACTIONS DE L’IMAGINATION jouent un rôle très important dans la poursuite de nos amours, soit naturel ou surnaturel. On sait que la volonté veut le bien de l’homme selon qu’il lui est montré par les sens. D’avance on jouit d’un plaisir sensible auquel on pense. On dit qu’on en rêve, ce qui veut dire qu’on se le représente souvent à l’esprit et que l’imagination agit sur les sens pour les exciter comme s’il leur était présent. Alors, on comprend que la volonté soit fortement entraînée à ce plaisir.

N’est-ce pas la tactique des démons et des mondains de faire miroiter devant l’imagination des hommes par des tableaux, par des discours, des écrits, par la radio, tout ce qui peut corrompre les mœurs en faisant penser aux choses impures? Tous ces méchants agissent habilement sur l’imagination… et ils réussissent merveilleusement à perdre la foule des humains. Dès qu’un homme se remplit l’imagination des jouissances sensibles, il les veut… et adieu la poursuite de la sainteté! Les biens célestes n’ont plus d’attrait pour lui. C’est le cas de la masse des catholiques comme on peut le voir par leur conversation toute des choses des sens.

Le tort que fait l’imagination est qu’elle grandit beaucoup les jouissances sensibles et alors les fait vouloir par la volonté. Défions-nous donc de cette faculté. Retirons-la des choses créées et appliquons-la aux choses surnaturelles comme nous l’avons expliqué dans la première série au sujet des échantillons.

LES MOYENS…Pour désirer la sainteté et s’appliquer sérieusement à l’acquérir sont tout le contraire des obstacles que nous venons de signaler. Au lieu de suivre la nature humaine dans sa première création dans l’ordre naturel, il faut bien se mettre dans l’esprit notre deuxième création par la grâce dans le surnaturel. Or, là nous sommes appelés à:

UN IDÉAL SUBLIME: LA SAINTETÉ DE DIEU! Sortons donc pour tout de bon de l’ordre naturel et des créatures qui faisaient notre bonheur humain ou nous vivions comme des païens, pour nous jeter corps et âme dans le monde surnaturel avec tous les biens que la foi nous montre dans cet ordre divin. N’oublions pas qu’il s’agit de deux fins dernières différentes et donc de deux amours essentiellement opposés l’un à l’autre comme Jésus le dit bien clairement: «Vous ne pouvez pas servir Dieu et le monde: vous en aimerez l’un et vous haïrez l’autre». C’est donc tout l’un ou l’autre d’après Jésus même. Quelle bêtise donc pour tant de prêtres et de fidèles qui les suivent, de vouloir jouir des deux à la fois, de vouloir garder une bonne portion de leur coeur pour les créatures et le reste pour Dieu. Puisqu’ils mettent une partie des créatures à l’égal de Dieu dans leur coeur, c’est clair qu’ils n’ont pas Dieu du tout… selon la parole de J.-C. Or, c’est la très grande majorité des fidèles qui essaient de ménager les deux. Ils veulent bien aller du côté de Dieu, mais pas trop loin! Ils veulent jouir le plus possible des créatures… et quand ils ne pourront plus, ils consentent bien à aller au ciel, faute de mieux! Les pauvres malheureux! Je ne voudrais pas être à leur place dans l’éternité! Ils n’ont pas voulu sacrifier tout leur amour des créatures pour n’aimer que Dieu selon le premier commandement: comme ils vont payer cher cet amour des créatures!

La sainteté de Dieu consiste dans l’adhésion de sa volonté pour ses perfections divines. Si donc un catholique veut la sainteté de Dieu comme il y est tenu par le commandement formel de Dieu, il doit donc tourner sa volonté totalement du côté des perfections divines que Dieu nous fait ses enfants par la grâce sanctifiante et qu’il nous donne ses grâces actuelles.

Nous avons donc l’ordre formel de Dieu de nous sanctifier et il nous donne tous les moyens pour cette fin: il ne reste donc plus que notre détermination ferme de vouloir le devenir. Il nous faut donner ce coup de volonté un jour mais ça ne finit pas la. Supposons que je me détermine aujourd’hui d’aller à Rome, c’est déjà beaucoup, mais il me faut répéter cette détermination pour ainsi dire dans tous les moyens particuliers qui vont finir par m’amener à Rome. Voilà ce qu il faut faire pour devenir saint. D’abord se déterminer à le devenir. Puis ensuite garder ou répéter cette détermination dans tous les détails de ma vie qui sont des moyens pour arriver à la sainteté.

Il ne faudra pas se contenter d’éviter les péchés: il faudra sacrifier une foule de plaisirs honnêtes, il faudra me vaincre en acceptant toutes les croix que Dieu m’envoie, il faudra aiguiller tout mon amour uniquement sur les choses de Dieu et donc le retirer des créatures, mêmes bonnes en soi. Pourquoi ne pas me venger de telle injure? Parce que Jésus ne le veut pas! Pourquoi faire du bien à cet ennemi? Parce que Jésus le veut! Or, pour être saint, il faut vouloir comme Jésus en tout.

Si l’on réfléchit que nous devons commencer tout de suite notre vie du ciel, nous serions bien plus tranchés dans notre façon surnaturelle de vivre. Au ciel, il n’y aura pas le moindre mélange de motifs naturels et de motifs surnaturels: ils seront absolument tous, sans exception, surnaturels. Eh bien! Dieu nous alloue quelques années sur la terre justement pour nous exercer à notre vie céleste: commençons-la donc tout de suite! Au moins sachons notre obligation de le faire et ensuite essayons de la vivre de notre mieux.

Tous ces catholiques qui veulent se tenir entre l’amour de Dieu total et l’amour des créatures n’ont rien compris au plan de Dieu. Ce sont des gens qui raisonnent comme s’ils étaient sur le chemin des limbes. Là il n’y aurait pas besoin de rien trancher: du moment qu’on éviterait les gros péchés mortels de la Loi naturelle, on aboutirait quelque part dans les Limbes. On pourrait se contenter des degrés inférieurs. Mais pour le Ciel, c’est une question d’amour et l’amour est jaloux, exigeant: il veut tout ou rien. Par conséquent, ceux qui ne veulent pas aimer Dieu de tout leur cœur, risquent de tout perdre aussi.

Comme le bien est l’objet propre de la volonté et que Dieu est le souverain Bien, la volonté doit le vouloir de tout son poids. Personne n’a le droit de dire, je me contente d’un certain degré et cela me suffit. Celui-là pèche directement contre le premier commandement et risque son salut éternel.

C’est l’infini bonheur de la vision béatifique au sein de la Trinité que Dieu nous offre pour fin dernière: comment un catholique peut-il ne pas vouloir entièrement et absolument ce bonheur éternel? Ou bien il n’y pense pas et alors il ne l’aura certainement pas; ou bien il y pense et s’il est assez fou pour ne pas le vouloir totalement, il n’en mérite pas du tout.

SAVOIR SITUER LE TRAVAIL DE LA SAINTETÉ Que de temps et d’efforts perdus pour le grand nombre des fidèles pour se sanctifier! Ils se démènent beaucoup, mais souvent en dehors de la voie. Les prêtres philosophes avec leurs diaboliques «in se» mettent le travail dans les actions en soi. Pour eux tout consiste à éviter les actions défendues. Tous les catholiques sont convaincus qu’ils n’ont que les péchés à éviter: le reste importe peu. S’ils ne sont pas des démons, ils sont divins! Mais entre les deux, il y a les païens. Un catholique peut bien éviter les péchés et vivre dans une mentalité naturelle et donc païenne et là sans aucun mérite pour le ciel. Jésus nous met en garde de faire nos bonnes œuvres pour être vus des hommes, car dans ce cas nous n’aurons aucune récompense de Dieu. Donc les catholiques qui vivent avec des motifs naturels ne travaillent pas à se sanctifier, quand même ils sont bons… et c’est la très grande majorité des fidèles qui sont dans ce cas, à cause de la prédication des prêtres philosophes qui consiste pratiquement à faire éviter les péchés, sans s’occuper du tout des motifs.

La sainteté ne consiste pas à éviter le mal et à faire le bien naturel. Les bons païens font justement cela et ils ne sont pas saints devant Dieu. Il faut ajouter un troisième élément: le divin. La sainteté consiste à éviter le péché et à faire le bien divinement, ou surnaturellement. Or, pour cela il faut le faire pour Dieu d’une façon ou d’une autre, ce qui se fait par les motifs surnaturels.

Donc, pour être saint, il ne suffit pas de ne pas être un démon dans le péché, ni d’être un bon païen ou d’être un bon catholique par la grâce sanctifiante et païen dans la mentalité, mais il faut être surnaturel dans sa mentalité en plus d’avoir la grâce sanctifiante et païen dans la mentalité, mais il faut être surnaturel dans sa mentalité en plus d’avoir la grâce sanctifiante et être exempt de péché. En d’autres termes, il ne suffit pas d’être enfant de Dieu, il faut agir comme tel. Or cela se fait dans la partie libre de notre activité et donc dans nos motifs qui doivent être tous absolument surnaturels.

Il est vrai que c’est Dieu qui nous sanctifie, mais il est vrai aussi que je me laisserai sanctifier si je veux! Je suis libre de travailler à ma sanctification ou non. C’est justement pour cela que J.-C. et les Apôtres et les saints nous exhortent si souvent à vouloir devenir saints: c’est donc parce que cela dépend de nous d’une manière réelle. Eh bien! Ce ne peut être que là où notre liberté peut agir: cela est dans la volonté et donc dans nos motifs ou intentions libres.

Même sur le chemin des limbes nous serions obligés d’éviter les péchés graves: il est évident que nous devons faire cela aussi sur le chemin du ciel. Nous devons aussi avoir la bonté naturelle qui nous mènerait aux limbes. Mais, quelle absurdité que de se contenter de la même bonté pour aller au ciel! Une bonté humaine ne peut nous conduire au ciel; il nous faut une bonté surnaturelle. «Strictement parlant» comme disent les philosophes, la grâce sanctifiante suffit pour entrer au ciel si on meurt vite après l’avoir reçue. Mais si on vit tant soit peu, en plus d’elle, il nous faut une mentalité surnaturelle pour plaire à Dieu et pour mériter. N’oublions pas que recevoir la grâce sanctifiante ne donne aucun mérite, mais simplement la condition essentielle pour commencer à mériter quand on agira librement et donc dans nos motifs pour plaire à Dieu.

Est-ce qu’un enfant mérite de ses parents par le fait qu’il est conçu? Pas du tout. Mais avec sa nature humaine, il méritera devant eux quand il agira pour leur plaire. Il en est de même dans la vie surnaturelle. Si nous sommes enfants de Dieu par la grâce sanctifiante comme dit Saint Jean, pour rester enfants de Dieu, il faut se laisser conduire par l’esprit de Dieu, dit Saint Paul. Donc les deux sont absolument nécessaires. Le mérite est seulement quand on ajoute la deuxième partie: les motifs surnaturels, implicites ou explicites, mais enfin surnaturels.

Donc, essayer de se sanctifier en surveillant simplement la nature de nos actes, comme pour voir s’ils sont bons ou mauvais et se contenter de vouloir éviter les péchés, ne vaut pas grand-chose! Il faut le faire, mais là n’est pas le vrai travail de la sainteté. Dieu n’a jamais dit: donne-moi de bonnes actions, mais donne-moi ton coeur ou ton amour. Fais tes bonnes actions par amour pour moi, pour me plaire! Or, cela se fait par les motifs surnaturels. Jésus dit que l’intention est l’oeil du cœur comme l’oeil du corps pour nous conduire. Tout dépend de l’intention: une intention naturelle donne un mérite naturel; une intention surnaturelle donne un mérite surnaturel. C’est ce dernier seul qui compte devant Dieu.

Par conséquent, le champ le plus important à exploiter dans la spiritualité, c’est le champ des intentions ou des motifs. Il faut faire la guerre à tout motif qui n’est pas absolument surnaturel ou à toute intention simplement naturelle. C’est là que nous devons surveiller notre divinisation, parce que là seul se trouve notre liberté et donc une des causes importantes de mérite. Que chacun surveille constamment ses motifs pour qu’ils soient tous parfaitement surnaturels… et uniquement surnaturels. Pas de mélange des deux comme tant de prêtres enseignent. Dieu ne veut pas de mariage mixte entre les motifs naturels et les motifs surnaturels.

Cette question est si importante et si peu connue que je répète une explication déjà donnée. Le naturel et le surnaturel sont mélangés dans l’ordre physique ou substantiel. Par exemple, la grâce sanctifiante divinise tout mon être, mon corps et mon âme: donc ici les deux vont nécessairement ensemble et se mélangent physiquement.

L’erreur de la plupart des prêtres est de vouloir faire le même mélange dans les intentions ou dans les motifs. Comme ici c’est une question d’amour et que Dieu veut absolument tout notre amour, le moindre amour donné à soi ou à une créature insulte Dieu. Or, on montre son amour par les motifs, puisqu’un motif est mon amour agissant sur ma volonté. Par conséquent, comme Dieu veut être aimé seul, il n’accepte que des motifs faits pour lui et donc surnaturels. Alors, un motif naturel qui est pour un être étranger lui déplaît souverainement. C’est pourquoi il ne veut pas de mélange des deux sortes de motifs: en amour, c’est tout ou rien. C’est pourquoi Jésus pouvait dire: «Celui qui n’est pas pour moi est contre moi». Cela est vrai rien qu’en amour. Par conséquent, dans le monde des motifs il y a opposition irréductible entre un motif naturel et un motif surnaturel. L’un est pour le démon quelque bon qu’il soit naturellement et l’autre est pour Dieu. Donc dans ce monde des motifs, se trouve la lutte entre Dieu et le diable pour notre âme. Là c’est la guerre nécessairement et constamment.

Ceux donc qui veulent se sanctifier doivent travailler surtout dans le monde des motifs, surveiller leurs motifs et s’assurer que tous leurs motifs sont absolument surnaturels: Dieu ne paie que ce qui est fait pour des motifs surnaturels. C’est incomparablement mieux que de faire la lutte aux péchés. Car en se battant contre les péchés, quand même on réussirait, si on ne s’occupe pas de ses motifs surnaturels, on risque son salut. Car on peut éviter les péchés et rester naturel dans sa mentalité et alors cette mentalité païenne va nous faire retomber dans le péché. Situons bien tout le travail principal sur les motifs et l’on progressera rapidement et sûrement. Que le Saint-Esprit vous éclaire tous sur cette nécessité de toujours agir uniquement pour des motifs surnaturels!

ETRE SAINT DANS TOUS LES DÉTAILS DE LA VIE. Ceux qui n’ont pas l’amour surnaturel de Dieu ont beaucoup de peine à comprendre pourquoi Dieu attache tant d’importance aux petites choses de la vie. Ici encore c’est une question d’amour! Or, l’amour est très méticuleux, parce qu’il prend tout le cœur et donc toute la vie. Il prend tout le bonheur. Or la vie est faite de détails insignifiants et pour l’amour tout prend des proportions énormes comme on peut le voir entre amoureux. Comme il faut peu de choses pour plaire à l’autre, comme il faut peu de choses pour lui déplaire. L’amour est fait des riens qui remplissent la vie d’une personne.

Voyons donc dans la vie de la Sainte Vierge qu’elle a vécue dans le plus grand amour de Dieu et, pourtant, peut-on trouver une vie plus insignifiante aux yeux du monde? Comme l’amour veut tout le coeur, quand il l’a, il voit toujours et uniquement cet amour dans toutes les actions de celui ou celle qu’il aime.

Par conséquent, les fidèles qui veulent se sanctifier ne doivent pas surveiller seulement leur assistance à la messe et leurs communions, puis ensuite ne plus s’occuper de Dieu dans les détails de leur vie journalière. On doit mettre autant d’amour de Dieu dans son travail des champs ou de l’usine, ou de la cuisine, ou du ménage, ou de n’importe quel autre ouvrage qui entre dans le cours ordinaire de la vie chrétienne. Une femme en pelant ses patates ou en faisant ses chambres peut avoir autant de mérite devant Dieu que dans ses exercices spirituels, pourvu qu’elle ait uniquement des motifs surnaturels pour ces travaux que Dieu lui demande de faire pour l’amour de lui dans la vocation qu’il lui a donnée.

Si on vit de foi, tout cela sera encore assez facile. Jésus veut que nous voyions Dieu dans toutes les personnes au monde! Que chaque femme qui prépare des repas pour sa famille le fasse uniquement pour J.-C. comme lorsque Marthe préparait le souper pour Jésus en personne. Cette vue de foi va faciliter beaucoup les motifs surnaturels, puisque l’on verra Dieu partout. On voit comme tout s’enchaîne dans le monde surnaturel. C’est pourquoi il nous faut prendre toute la doctrine que Dieu nous présente au jour le jour de tant de façons comme il le fait dans sa providence: un sermon, une bonne lecture, une bonne conversation avec une personne surnaturelle, etc.

Surtout, n’allons jamais rejeter une bonne occasion de s’instruire dans le monde spirituel. Autrement on peut payer chèrement cette négligence d’un seul point. Combien vont rester aveugles dans les choses de Dieu parce qu’ils ont refusé d’entendre un sermon ou de faire une lecture ou de converser avec une personne dévote. Quand on aime Dieu, on prend tout ce qu’on peut pour mieux connaître et mieux l’aimer!

Quel dommage que les catholiques, pratiquement dans tous les rangs de la société, même ecclésiastique, soient si fermes et si peureux de progresser eux-mêmes et d’exhorter les autres à la sainteté! Comme les prédicateurs de la sainteté sont rares aussi! Comme ils sont vite à court d’haleine sur ce sujet! Ils ont toujours peur d’en demander trop aux fidèles: preuve qu’ils vivent bien dans le monde naturel où on est vite satisfait de sa bonté.

Les prêtres devraient montrer aux fidèles le rôle qu’ils ont dans l’Eglise, un peu comme les prêtres. Les Apôtres poussaient bien loin les conclusions de notre foi. Par exemple, en voici un de Saint Pierre I, ch. 2: •1451 «Soyez vous-mêmes édifiés sur lui, comme les pierres vivantes, pour composer une maison spirituelle (comme l’Eglise) et un sacerdoce saint (comme celui des prêtres), afin d’offrir à Dieu des sacrifices spirituels qui lui soient agréables par J.-C…. Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, afin que vous annonciez les grandeurs de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière».

Chacun doit donc non seulement se sanctifier, mais sanctifier les autres selon les grâces que Dieu lui donne. Tous doivent être les temples du Saint-Esprit où on offre des sacrifices de l’humain, du naturel et notre païen! On doit mépriser les créatures et donc les immoler à notre amour pour Dieu comme aussi nous renoncer ou immoler son moi païen pour que Jésus seul vienne vivre dans son temple. C’est par ces sacrifices que l’amour surnaturel de Dieu s’achète et leur mérite devant Dieu dépend de l’intensité de notre amour divin.

Quelle source de sainteté est le catholique qui vit selon la foi! Il a la vie du Père éternel par la grâce sanctifiante; en suivant la foi, il suit la sagesse du Verbe et pour montrer qu’il préfère l’amour du Saint-Esprit à l’amour des créatures, il les sacrifie constamment sur l’autel de son cœur et en présence de la Sainte Trinité qui habite en lui. Il nage donc dans le divin comme dans le ciel, excepté qu’il ne le voit pas, mais il croit ce qui honore Dieu grandement. C’est son amour de Dieu qui gouverne tout, qui oriente toute son activité exactement comme dans le ciel. Voilà un catholique qui est mûr pour la vie du ciel! Voilà la vie surnaturelle que les prêtres devraient commencer par vivre eux-mêmes, puis l’enseigner aux fidèles qui l’ignorent à peu près complètement par la faute de l’ignorance et de l’insouciance des prêtres dans ce domaine.

Saint Pierre dit que nous sommes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple conquis, afin que nous annoncions les grandeurs de Celui qui nous a appelés du paganisme au Christianisme. Un catholique a donc la même vocation que l’Eglise: répandre la foi par le monde et faire connaître les merveilles du monde surnaturel. Comment peut-il le faire s’il ne commence pas par en vivre lui-même?

Comme Jésus s’est immolé pour l’amour de nous, tout catholique doit s’immoler de son vivant pour l’amour de J.-C. Or, quelle vie doit-il sacrifier? C’est sa vie païenne faite de ses deux amours naturels: l’amour de soi et l’amour des créatures. En les tuant autant qu’il le peut avec la grâce de Dieu, il meurt à lui-même pour ressusciter dans la vie surnaturelle de J.-C. Et comme ces deux amours sont extrêmement pénibles à la nature humaine, on peut dire qu’il est vraiment crucifié avec J.C. pour revivre la vie divine avec lui.

Cette doctrine est justement celle de Saint Ignace dans le Règne où il dit que pour faire régner Jésus dans le monde, il faut faire la guerre à notre amour-propre et à l’amour mondain: nos deux amours naturels. C’est le seul moyen efficace de vivre sans péché et d’être comme Dieu veut son Eglise, pure et sans tache. Tout catholique doit donc accomplir la fonction principale de l’Eglise: donner J.-C. au monde par tous les moyens à sa disposition. Voilà la base de l’action catholique que les derniers Papes veulent pour tous les fidèles. Car, après tout, l’Eglise n’est pas une personne, elle est un corps moral composé de ses membres. Tout ce que Jésus veut de son Eglise, il le veut de ses membres qui la composent. Quand il la veut sainte et sans tache, ce sont ses membres qu’il veut saints et sans tache et absolument saints.

On a vu que la sainteté est dans l’amour de Dieu. Eh bien, quand un catholique lit dans Saint Paul que pour l’amour de Dieu et pour gagner J.-C., il s’est privé de toutes choses, les regardant comme du fumier, il trouve là un fameux moyen pour se sanctifier. Qu’il regarde tous les plaisirs de la terre comme du fumier! Il en prendra donc le moins possible! On ne remplit pas ses conversations de fumier! Qu’on cesse donc de parler des amusements et des joies de la terre pour converser de l’objet de notre amour: Dieu et des choses de Dieu. C’est le meilleur critère pour voir si on est sur le chemin du ciel. Comme ils sont rares!

Quand on se donne à la vie intérieure de sainteté, on est d’abord perdu: on ne sait pas comment occuper le temps qu’on donne à Dieu: nos prières sont vite finies. Eh bien! Voici un champ immense et inexploré. C’est d’essayer d’imiter Jésus dans sa vie intérieure et dans ses prières si longues qu’il faisait même la nuit tout entière.

Il est certain qu’il demandait pardon à Dieu pour les péchés des hommes. Il se servait des paroles inspirées par le Saint-Esprit que l’on trouve dans les psaumes et dans les Prophètes. Que d’arguments on trouve là adressés à Dieu pour qu’il use de miséricorde envers les hommes! Il fait valoir leur ignorance, leur faiblesse naturelle et le sort affreux des humains en enfer. Il fait appel à sa bonté infinie, à sa miséricorde, à sa puissance, à sa gloire sur terre et dans le ciel, s’il pardonne aux hommes. •1460 Ensuite il lui offre des adorations, des actions de grâce, des actes d’humilité et d’amour, que l’on trouve dans les psaumes. Dans nos visites au Saint Sacrement, parcourons lentement les psaumes et nous trouverons des expressions qui expriment parfaitement notre état d’âme actuel. Habituons-nous donc à prier avec le Saint-Esprit et comme il nous le suggère dans les psaumes. Les laïques devraient les exploiter constamment. Ce sont ces actes libres de nos deux facultés spirituelles que Dieu surveille en nous incomparablement plus que notre grâce sanctifiante… qui n’a pas de mérite, mais est simplement la condition pour en avoir.

LES AVANTAGES

POUR SOI,

POUR LE PROCHAIN

ET POUR DIEU sont trop évidents pour qu’on les développe: si on pratique les points précédents, ces avantages suivront automatiquement pour notre plus grand bonheur en ce monde et surtout en l’autre. Que le Saint-Esprit nous ouvre les yeux! Et que la Sainte Vierge nous obtienne sa mentalité divine et sa sainteté incomparable!

vendredi 24 août 2018

Testament de saint Louis


« Beau Fils, la première chose que je t'enseigne est que tu mettes tout ton cœur à aimer Dieu. Car sans cela nul ne peut se sauver.

Garde-toi de faire chose qui à Dieu déplaise, c'est-à-dire mortel péché. Tu devrais même souffrir toutes manières de tourment plutôt que de pécher mortellement.

Si Dieu t'envoie adversité, souffre-la en bonne grâce et en bonne patience, et rends-Lui engrâce et pense que tu l'as bien desservi et qu'il tournera tout à ton profit.

S'il te donne prospérité, L'en remercie humblement, en sorte que tu n'en sois pas pire ou par orgueil ou par autre manière, de ce dont tu dois mieux valoir. Car l'on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer.

Confesse-toi souvent, et élis confesseurs prud'hommes qui te sachent enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu dois te garder...

Le service de Sainte Église écoute dévotement sans bourder et rire, regarder çà et là ; mais prie Dieu de bouche et de cœur en pensant à Lui dévotement et spécialement à la Messe à l'heure que la Consécration est faite.

Le cœur aie doux et pitoyable aux pauvres et à ceux qui souffrent de cœur et de corps, et les conforte et leur aide selon ce que tu pourras.

Maintiens les bonnes coutumes du royaume et les mauvaises abaisses.

Ne convoite pas sur ton peuple, ne le charge pas de toltes (impôts) ni de taille, et si ce n'est par trop grand besoin.

Si tu as quelque affliction de cœur, dis-la aussitôt à ton confesseur ou à quelque prud'homme. Ainsi tu la porteras plus légèrement.

Gardes que tu aies en ta compagnie tous prud'hommes, soit religieux, soit séculiers; aie souvent parlement avec eux et fuis la compagnie des mauvais.

Et écoute volontiers les semons ou publics ou privés ; et recherche volontiers prières et pardons.

Aime tout bien et hais tout mal en quoi que ce soit. 

Nul ne soit si hardi qu'il dise devant toi parole qui attire ou pousse à pécher, ou qu'il médise par détraction.

Ne souffre que l'on dise devant toi nulle vilenie de Dieu ni de ses saints, que tu n'en fasses tantôt vengeance. 

Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu'Il t'a faits, afin que tu sois digne d'en plus avoir. 

Pour justice et droiture garder, sois raide et loyal envers tes sujets, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours droit.

Et si un pauvre a querelle contre un riche, soutiens le pauvre plus que le riche jusques à temps que la vérité soit éclaircie.

Si quelqu'un a querelle contre toi, sois toujours pour lui et contre toi jusque l'on sache la vérité. Car ainsi jugeront les conseillers plus hardiment selon droiture et selon vérité.

Si tu retiens rien d'autrui, ou par toi ou par tes devanciers, si c'est chose certaine, rends sans tarder. Si c'est chose douteuse, fais enquérir par sages hommes en hâte et diligemment.

À cela tu dois mettre toute ton attention que tes gens et tes sujets vivent en paix et en droiture sous toi, mêmement les bonnes villes et les bonnes cités de ton royaume ; et les garde en l'état et en la franchise où tes devanciers les ont gardées. Et s'il y a choses à amender, amende-les et les redresse, et les tiens en faveur et amour.

Car par la force et la richesse de tes bonnes villes, les particuliers et étrangers redouteront de se mal conduire envers toi, spécialement les pairs et les barons. Il me souvient de Paris et des bonnes villes de mon royaume, qui m'aidèrent contre les barons quand je fus nouvellement couronné.

Honore et aime particulièrement les religieux et toutes personnes de sainte Église.

L'on raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu'une fois un de ses conseillers lui dit que la sainte Église lui faisait grands torts et forfaits, en ce que les clercs lui ôtaient de son droit et empiétaient sur sa justice ; que c'était grande merveille qu'il le souffrît. Et le bon roi répondit qu'il le croyait bien. Mais quand il regardait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avaient faites, il aimait mieux laisser son droit aller que susciter contestation ou scandale à la Sainte Église.

À ton père et à ta mère tu dois honneur et révérence porter, et garder leurs commandements.

Aime tes frères et veuille toujours leur bien et leur avancement, et tiens leur lieu de père pour les enseigner sur tout bien. Garde-toi que, par amour pour eux, tu te détournes de faire droit et que tu ne fasses à autrui chose que tu ne dois.

Donne les bénéfices de sainte Église à personnes bonnes et dignes, et sur le conseil de prud'hommes. Et donne à ceux qui n'ont rien de sainte Église. 

Garde-toi d'exciter guerre sans très grande délibération et surtout contre tout homme chrétien. S'il faut la faire, garde sainte Église et ceux qui n'ont en rien méfait, de tout dommage.

Apaise au plus tôt que tu pourras guerres et conflits soit tiens, soit de tes sujets comme Saint Martin faisait ; car, au temps que par Notre Seigneur il savait qu'il devait mourir, il alla pour mettre la paix entre les clercs de son archevêché ; et lui fut avis que, ce faisant, il faisait bonne fin.

Sois diligent d'avoir bons prévôsts et bons baillis et enquiers souvent d'eux et de ceux de ta maison, comme ils se conduisent.

Cher Fils, je t'enseigne que tu sois toujours dévôt à l'Église de Rome et au souverain pontife, notre père, et que tu lui portes révérence et honneur comme tu dois à ton père spirituel. Travaille-toi à empêcher tout péché et principalement vilain sermon et fais détruire les hérésies suivant ton pouvoir.

Encore je te requiers que tu reconnaisses les bienfaits de Notre-Seigneur et que tu lui rendes grâces et merci. 

Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables et mesurées.

Enfin, doux fils, je te conjure et requiers que, si je meurs avant toi, tu fasses secourir mon âme en messes et oraisons, par tout le royaume de France, et que tu m'accordes une part spéciale et plénière dans tout le bien que tu feras.

En dernier, cher fils, je te donne toutes bénédictions que bon père et pieux peut donner à son fils, et que benoîte Trinité et tous les saints te gardent et te défendent de tout mal ; et que Dieu te donne sa grâce de faire sa volonté toujours, de sorte qu'il soit honoré par toi.

Et que nous puissions après cette mortelle vie être ensemble avec Lui et Le louer sans fin.

Amen. »


dimanche 19 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-26 - L'Eglise



VINGT-CINQUIÈME INSTRUCTION
L’ÉGLISE.

«Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle». Mt. 16.

Après avoir médité sur les mystères glorieux de J.-C. et les vertus théologales qui nous mettent dans le monde surnaturel, il est bon de nous arrêter au moyen que Jésus a établi pour continuer son oeuvre à travers le monde jusqu’à la fin des temps: l’Eglise. Car c’est par elle que nous recevons tous les dons célestes que nous avons exposés jusqu’ici. C’est par elle que J.-C. nous communique ses mérites et sa doctrine avec sa vie surnaturelle. Il a promis d’être avec son Eglise jusqu’à la fin du monde pour la protéger contre les attaques de l’enfer. Notre attitude envers l’Eglise doit être la même qu’envers J.-C.: «Celui qui vous écoute, m’écoute et celui qui vous méprise, me méprise».

Par Eglise, nous entendons ici toute l’organisation établie par J.C. pour continuer son oeuvre de sanctification dans le monde. Elle est constituée par le Pape, les évêques, les prêtres et tous les fidèles, même ceux qui n’ont pas la foi parce qu’ils devraient l’avoir. Ils sont comme si j’avais un membre paralysé: quoiqu’il n’ait pas de vie, il m’appartient même s’il est pratiquement mort. Pour notre but, nous n’avons pas besoin des distinctions que les manuels de théologie font, par exemple entre le corps mystique et l’Eglise. Au point de vue concret et pratique que nous prenons, nous n’avons pas besoin de distinction.

Ainsi, Jésus apostrophe Saül qui persécutait les chrétiens en lui disant: «Pourquoi me persécutes-tu?». C’était donc les membres du corps mystique qu’il persécutait. Plus tard, Saint Paul dit qu’il a persécuté l’Eglise de Dieu. Pour lui donc, le corps mystique et l’Eglise sont une seule et même chose. Nous faisons de même dans cette instruction.

La seule distinction que nous allons faire sera entre les deux éléments qui composent l’Eglise: l’élément humain et l’élément divin, afin de mieux les juger selon leur nature propre. Comme dans l’incarnation, les deux natures de Jésus restent distinctes dans leur activité propre, de même dans l’Eglise, l’humain et le divin gardent leurs tendances et leur nature propres. Il faut respecter ces caractéristiques pour ne pas attribuer au divin ce qui n’est qu’humain et nous exposer à mépriser et à perdre ce qui vient de Dieu comme s’il venait des hommes ou des démons. «Rendons à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César!».

Comme Jésus a traité avec les hommes de son temps tels qu’ils étaient en chair et en os, avec leur ignorance et leurs défauts, ainsi nous devons prendre l’Eglise telle quelle est dans son entité réelle et concrète, se composant de la même sorte d’hommes que Jésus a rencontrés sur son chemin et qu’il a aimés jusqu’a mourir pour eux. Comme Jésus voyait des âmes immortelles à travers la chair des hommes qu’il instruisait, nous devons voir J.-C. en arrière et dans les hommes qui composent et gouvernent son Eglise. Nous allons les considérer séparément pour mieux connaître ce qui appartient à chacun et régler notre conduite en conséquence.

L’ÉLÉMENT HUMAIN…

Est celui qui frappe nos sens dans les hommes qui composent l’Eglise. Nous voudrions exclure cet élément pour ne voir que du divin dans l’Eglise. Comme les hommes ont eu plus de difficulté à accepter l’humanité dans Jésus que sa divinité, ainsi ils ont encore beaucoup de difficulté à admettre l’élément humain dans l’Eglise. On voudrait que tous les prêtres fussent des anges de perfection. Quand on les voit aux prises avec toutes les passions humaines et descendre dans les bas-fond du péché, on en est scandalisé et l’on ne veut plus voir l’Eglise là.

Comme J.-C. a pris sur lui tous les péchés du monde, et qu’il a été traité par Dieu comme le plus grand pécheur de la terre, comme s’il était vraiment coupable de tous les crimes des hommes, pourquoi refuser de croire que son épouse, l’Eglise, peut descendre bien bas aussi, surtout comme les hommes qui la composent sont de vrais pécheurs.

Est-ce que Jésus qui était Dieu ne s’est pas soumis aux conditions de la vie humaine? Il a peiné dans un travail dur et insignifiant, dans une pauvreté extrême et le mépris des hommes. Il a été victime de leur ignorance, de leurs sottises, de leurs exigences dans sa petite boutique de Nazareth. Dans sa vie publique, il a subi l’opposition systématique des Scribes et des Pharisiens avec l’insouciance du peuple et une persécution de la part des prêtres juifs, jusqu’à sa passion et sa mort sur la croix.

Eh bien! Pourquoi agirait-il autrement pour son Eglise qu’il fonde pour continuer son oeuvre d’épuration et de sanctification. Elle se trouve liée et soumise à la confusion de toutes les races, aux changements constants des gouvernements, aux caprices des nations et des individus, à toutes les passions de chaque génération et aux persécutions de ses nombreux ennemis.

N’allons pas nier sa divinité parce que nous voyons ses humiliations. Quand Jésus était couvert de crachats, de sang et de poussière et de blessures des pieds à la tête, outragé par les siens qu’il venait sauver, qu’il n’avait ni forme ni beauté, qui aurait jamais cru que ce fut lui qui régnait dans le ciel? Si donc Jésus s’est livré aux hommes méchants pour expier nos péchés, il peut bien se livrer encore dans ses membres mystiques qu’est l’Eglise, afin que chacun supplée à ce qui lui manque de la passion de J.-C. Cette question est si importante que nous allons lui consacrer un peu plus de temps, afin d’enlever les causes de scandale qui font un tort immense à la foi des fidèles.

SCANDALE POUR BEAUCOUP. Ceux qui ont coutume de tout juger selon la raison humaine sont fort scandalisés de la mauvaise conduite des catholiques, des défauts des prêtres et même des évêques. C’est la même erreur de jugement que les juifs ont fait pour Jésus: ils ne s’arrêtaient qu’à l’humain en lui. Ils disaient. «D’ou lui vient cette sagesse et comment faitil des miracles?». N’est-ce pas le fils du charpentier? Et sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie? Et il était pour eux une pierre d’achoppement. Ils le voyaient si humain qu’ils ne pouvaient pas croire qu’il fut divin aussi. Les hommes font encore de même pour l’Eglise.

Pourtant, est-ce que Jésus ne nous avertit pas des futures attaques des démons contre son Eglise quand il nous dit que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. C’était nous dire que les démons essaieraient de la corrompre par leurs armes ordinaires: l’affection aux choses de la terre, par le luxe et par toutes sortes de péchés.

L’histoire des hérésies nous montre clairement combien les démons ont réussi à pervertir ses membres et ses pasteurs. L’Eglise se présente aux hommes avec une doctrine divine, mais avec une foule de défauts dans ses prêtres qui se trouvent à faire un tort immense à sa réputation et qui empêchent les fidèles de prendre toute sa doctrine céleste.

Son oeuvre d’épuration est toujours à recommencer avec chaque génération et même avec chaque individu, car tout chrétien doit lutter toute sa vie contre ses passions, son amour des choses de la terre et les embûches des démons pour le corrompre de toutes les façons possibles.

Pour les chrétiens à mentalité plus ou moins païenne qui jugent en général selon l’extérieur, c’est un scandale pour eux de voir tant de défauts et de vices même dans ceux qui devraient donner l’exemple d’une vie sainte. Combien déblatèrent contre le clergé et s’autorisent des fautes des prêtres pour abandonner la pratique de leur religion! C’est absolument insensé de leur part. Pourquoi offenser Dieu parce que d’autres l’offensent? Pourquoi faire ce qu’ils reprochent aux autres de faire? Comme je serais méchant de frapper ma mère parce que l’un de mes frères l’a frappée? C’est justement la cruauté et la sottise de tous ceux qui s’éloignent de Dieu parce que des prêtres offensent Dieu.

CAUSE D’INDIFFÉRENCE POUR BEAUCOUP. Ceux-ci n’abandonnent pas la religion, mais plus ou moins inconsciemment ils se refroidissent dans la pratique de la religion. Ils ne viennent pas toujours à la messe et ne reçoivent pas les sacrements souvent; ils ne s’intéressent pas aux choses de Dieu en voyant l’insouciance des prêtres pour vivre leur foi. Ils aiment à ressasser les médisances et les calomnies contre le clergé et naturellement leur zèle des choses divines s’en va vite. Ils tiennent tant à avoir des prêtres parfaits qu’ils ne songent pas à se perfectionner eux-mêmes! Ils amélioreraient l’Eglise en se sanctifiant eux-mêmes: s ils n’ont pas le coeur de faire ce que Dieu demande d’eux, pourquoi tiennent-ils tant à ce que d’autres satisfassent le bon Dieu? Qu’ils commencent d’enlever la poutre dans leurs yeux et ensuite ils enlèveront la paille dans les yeux des autres. C’est un conseil de Jésus pour tout le monde sans exception!

Pour comprendre un peu comment il se fait que Dieu laisse faire tant de mal dans le monde, il ne faut pas regarder le bonheur des hommes seulement, mais aussi la gloire de Dieu qui vaut encore plus. Dieu nous offre un bonheur qui dépasse la nature humaine et qui ne nous est pas dû d’aucune façon. C’est un pur don de Dieu et sa gloire exige que les hommes soient éprouvés pour voir s’ils veulent sincèrement ce bonheur divin. Dieu veut être préféré à de bonnes choses et à un certain bonheur naturel bon en soi. C’est pourquoi il permet aux démons et aux passions humaines d’attirer les hommes aux plaisirs des sens avec les choses créées. De plus, il faut qu’il respecte leur liberté de sorte qu’il doit les laisser tomber dans le péché s’ils le veulent. Autrement quelle gloire aurait-il s’il forçait leur liberté? C’est cette gloire de Dieu qui explique le mal dans le monde! C’est malheureux pour ceux qui seront damnés, mais c’est malgré la volonté de Dieu et par leurs propres fautes. Evidemment, si on ne pense qu’au malheur de ces pauvres damnés, on est porté à disputer Dieu. Mais, la gloire éternelle de Dieu vaut plus que le bonheur des hommes gagné sans gloire pour Dieu.

Un point que les hommes oublient trop, c’est que nous sommes tous pécheurs et donc que nous méritons tous les châtiments du monde et que Dieu peut se servir des hommes comme des démons pour nous faire souffrir les peines que nos péchés ont méritées.

Puis, comme c’est par orgueil que nous avons péché, Dieu punit notre jugement et notre volonté ou notre amour par tout le contraire, dans les prêtres comme dans les autres. La conduite des autres révoltera notre jugement et notre estime pour eux. Ils nous rendront la vie amère et triste par leur façon d’agir en manquant à une foule de leurs devoirs sacrés.

Est-ce que nous n’avons pas manqué à nos devoirs envers Dieu? Pourquoi sommes-nous scandalisés de voir que d’autres manquent aux leurs? Dieu veut nous rappeler nos propres manquements à nos devoirs et nous les faire regretter en voyant que les autres pèchent comme nous avons péché nous-mêmes. Nous devrions avoir pitié d’eux comme nous voulons que Dieu ait pitié de nous. Exerçons notre miséricorde envers eux comme nous voulons que Dieu exerce la sienne envers nous. Dieu est toute miséricorde: eh bien! pour participer à son activité divine, il nous faut donc pouvoir exercer la miséricorde envers le prochain. S’il ne péchait jamais, nous ne pourrions pas l’exercer. Or, ailleurs nous avons montré qu’il est plus glorieux pour Dieu de pardonner que d’empêcher de tomber dans le péché. La gloire d’un bon médecin est dans la grandeur des maladies qu’il guérit. Il en est de même pour Dieu. Sa gloire est plus grande à faire miséricorde que d’empêcher de tomber dans le péché. •1380 On murmure contre Dieu quand on ne regarde qu’un côté de son plan divin ou les seuls avantages des hommes. Mais si on considère l’ensemble de son plan, il faut admirer sa sagesse et sa bonté. Ainsi, quand Dieu soumet tous les hommes aux suites néfastes du péché originel, il n’y a pas d’injustice puisqu’il les soumet tous aussi au remède souverain de la rédemption. Ceux qu’il châtiait dans Adam, il les sauve dans J.-C. Si nous n’avons pas commis le péché d’Adam, nous n’avons pas non plus opéré la rédemption qui nous sauve. On voit alors que le remède est incomparablement supérieur à la conséquence du péché originel. Personne ne peut donc blâmer Dieu de le perdre. C’est l’homme qui se perd parce qu’il le veut malgré Dieu.

EXERCICE DE FOI SELON L’INTENTION DE DIEU. Ce n’est que pendant que nous sommes sur la terre que nous pouvons exercer la liberté nécessaire au mérite. Elle exige que nous puissions faire le mal pour que nous ayons du mérite à faire le bien. Il faut donc que Dieu nous mette dans des circonstances où nous pouvons réellement l’offenser ou le servir selon notre choix libre aidé de sa grâce. Il nous faut donc des occasions de pécher. C’est ce que voulait dire Jésus quand il déclare qu’il faut que le scandale arrive, mais malheur à celui par qui il arrive! Dieu a donné l’occasion aux anges de pécher; il l’a donnée à nos premiers parents; il faut qu’il nous la donne à nous aussi. Eh bien! Voilà pourquoi tous les hommes dans le clergé comme ailleurs sont exposés à pécher et de fait pèchent plus ou moins selon leur détermination de se sanctifier et la grâce de Dieu.

Par conséquent, au lieu de murmurer contre les fautes des prêtres, que chacun se surveille lui-même pour ne pas tomber dans le mal. Il est aussi tenu d’éviter tout péché que n’importe quel prêtre et que lui aura servi de critiquer la conduite des prêtres s’il est lui-même en enfer? Or, plus le bon Dieu nous voit sévère pour les autres, plus il nous abandonne à nos propres forces. Si nous blâmons les prêtres de tomber, c’est donc que nous pensons que s’ils voulaient ne pas tomber, ils ne tomberaient pas. Eh bien! Dieu va montrer à ces critiqueurs que sans Dieu personne ne peut éviter le péché et il les laissera tomber dans le mal à cause de leur manque de pitié pour les autres qui pèchent.

Tout chrétien doit avoir de la pitié et de la miséricorde pour tous les pécheurs qu’ils soient laïques ou prêtres. Il a là une chance de prendre les mêmes sentiments que Jésus a eus pour nous tous et cela fait plaisir à J.-C. Mais, celui qui est dur pour les malheureux pécheurs éprouvera aussi la justice sévère de Dieu: Il lui donnera la même mesure qu’il donne aux pécheurs: la sévérité!

Que tous donc se défient de leur «sainte» indignation contre les péchés des prêtres: c’est du paganisme tout pur, c’est un manque de foi et de charité qui sera puni sévèrement de Dieu. Ordinairement par les mêmes péchés qu’on a critiqués si sévèrement dans les autres. Dieu exerce continuellement son infinie miséricorde où il trouve sa plus grande gloire; eh bien! comment pourrons-nous l’imiter s’il n’y avait pas de pécheurs autour de nous? Toute amertume dans ce plan disparaît si l’on songe au remède souverain que Dieu a mis sur le chemin de tout pécheur: les mérites de J.-C. où chacun peut puiser avec la grâce de Dieu qu’il n’a qu’à demander pour l’avoir. Ou est l’injustice ou la sévérité de ce plan quand Dieu nous a donné absolument tout ce dont nous avons besoin pour sortir du péché et éviter l’enfer? Voilà comment il faut juger tout ce courant immonde d’iniquités qui afflige l’Eglise et dans ses pasteurs et dans les fidèles. Toute colère, là, vient du démon! Mais de Dieu viennent la pitié, la miséricorde et la compassion avec le zèle de se sanctifier soi-même comme meilleur moyen de purifier en partie notre bonne Mère l’Eglise que nous devons aimer comme J.-C. l’a aimée et s’est sacrifié pour la purifier dans son sang. Voilà l’attitude de tout membre de J.-C. devant les misères qui affligent l’Eglise.

Au lieu donc de critiquer, ceux qui ont un peu de foi feront comme Jésus: s’offrant en sacrifice d’une manière ou d’une autre pour expier tous ces péchés du monde; ils se priveront des plaisirs, même licites comme Jésus a fait pour nous racheter. Ils donneront de leurs aises, de leur argent, de leur temps pour faire tout le bien qu’ils pourront par ces sacrifices en faveur du prochain. Jeûnons pour ceux qui font bonne chère, prions pour ceux qui ne prient pas; communions pour ceux qui ne communient pas ou trop peu; allons consoler Jésus dans le Tabernacle où il continue de s’immoler mystiquement pour l’amour de nous. Comme lui s’est sanctifié pour nous sauver, sanctifions-nous pour sauver les pécheurs au lieu de déblatérer contre eux. Cessons donc pour toujours toutes nos critiques contre les prêtres et contre les fidèles qui ne sont pas aussi bons qu’ils devraient être. Sanctifions-nous… et cessons de murmurer contre les autres! Dans les familles, on rencontre de ces sanscoeur qui disputent contre leurs frères, qui n’ont pas soin de leur mère malade et eux-mêmes ne font rien pour elle.

Saint Paul avait bien compris la sagesse de Dieu qui permet les péchés. Il se glorifie dans ses faiblesses et dans ses infirmités, afin que la vertu de Dieu soit plus manifeste. Il va jusqu’à dire que Dieu a laissé tomber les Juifs dans l’infidélité et qu’il est allé chercher les païens dans l’infidélité, afin d’envelopper tout le monde dans sa miséricorde. Qu’on s’arrête à cette parole à la fois terrible et consolante. Nous n’avons qu’à nous jeter tous dans la miséricorde divine pour être pardonnés et ainsi glorifier la bonté infinie de Dieu.

Sachons bien que la gloire de Dieu est de faire tout le contraire de la sagesse humaine. Car s’il suit notre sagesse, nous réclamons tout de suite la gloire de ce que nous faisons. Mais, en faisant le contraire, nous sommes bien obligés d’admettre que c’est Dieu seul qui a réussi telle chose. Saint Paul affirme souvent que Dieu a choisi ce qui est insensé selon le monde, afin de confondre la sagesse humaine, ce qui est faible afin de confondre la force des hommes, enfin ce qui n’est rien pour que nous soyons obligés de tout attribuer le succès à Dieu seul.

Ainsi Dieu se sert des pécheurs pour sanctifier les autres; des méchants pour améliorer les bons, comme il s’est servi des bourreaux pour faire des martyrs. Ainsi il se sert de tous les imparfaits et les méchants dans tous les rangs de la société chrétienne pour faire gagner des mérites à leurs victimes.

Le rôle de ceux qui sont témoins des péchés des autres est bien indiqué par N. S. dans ses apparitions aux saints. Il leur demande des réparations, des sacrifices pour leur conversion. Il se plaint de l’indifférence des âmes qui lui sont consacrées et qui ne font pas assez de sacrifices pour apaiser le courroux de Dieu.

Dieu voulait augmenter notre foi par les maladies morales des chrétiens. Car il faut plus de foi pour voir Dieu dans un homme plus ou moins perverti que dans un saint. Il fallait plus de foi pour voir le divin dans Jésus tout couvert de crachats et bafoué par le peuple que dans sa transfiguration au Thabor. Eh bien! Il faut plus de foi pour voir le divin dans l’Eglise quand elle est abîmée d’injures, de maux de toutes sortes et même de péchés. Qu’on cesse donc de se scandaliser et qu’on agisse selon la foi et le plan divin que nous connaissons mieux maintenant. Que le Saint-Esprit nous éclaire encore plus!

L’ÉLÉMENT DIVIN NOUS DONNE

LA VIE DIVINE. C’est l’Eglise par la grâce de Dieu qui nous fait enfants de Dieu par le baptême en nous donnant la grâce sanctifiante. Puis par les autres sacrements, elle alimente et fortifie cette vie divine reçue au baptême. Si nous venons à la perdre, elle la ressuscite en nous par le sacrement de pénitence. Elle la nourrit par l’Eucharistie qui est le pain surnaturel pour nourrir notre vie surnaturelle. Les autres sacrements contribuent grandement à développer cette vie divine en nous, comme nous le savons bien déjà.

La prédication est un aliment important pour soutenir et augmenter la vie divine en nous. Jésus dit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu par ses représentants. Car c’est par la foi que nous concevons le divin en nous; or la foi nous vient par la prédication en général. Tous ces moyens qui nous apportent la vie divine nous viennent de l’Eglise établie par Jésus-Christ. •1393 Ce sont là les principaux moyens pour nous faire vivre la vie divine. Mais, combien peu en profitent! Quelle insouciance pour ces canaux de la grâce de Dieu! Combien peu vont communier souvent! ou vont à la messe sur semaine… et même beaucoup la manquent le dimanche. Ce jour consacré à Dieu devrait être employé totalement à se sanctifier. Qu’on assiste aux vêpres… et que les curés en aient! Qu’on lise la Bible au moins le dimanche.

Puisque c’est par la foi que l’on reçoit cette vie, plus on exerce sa foi dans tous les détails de la vie et plus notre vie divine augmente en nous. Or, s’efforcer de voir le divin à travers les personnes et les choses, surtout en proportion qu’elles sont désagréables et vilaines est très méritoire devant Dieu et nous attire une plus grande abondance de vie divine. Ainsi, il peut se faire que nous ayons plus de mérite à endurer une personne malcommode pour l’amour de Dieu que de communier. Jésus est dans la communion comme dans cette personne. Mais il me faut plus de foi pour voir Dieu dans cette vilaine personne que dans une belle hostie blanche qui ne me fait aucune bêtise. Or, on reçoit de la vie divine en proportion de notre foi. Voilà pourquoi Dieu entoure tous ceux qu’il veut sanctifier par des personnes désagréables et même méchantes et par des choses pénibles à la nature. Il veut qu’ils puissent s’exercer constamment dans l’esprit de foi qui est la condition pour que notre vie divine augmente en nous. Remercions donc Dieu de ce qu’il a fait son monde pour nous donner cet exercice surnaturel de sanctification. Cessons de disputer contre tout ce qui nous fait souffrir. C’est Dieu qui l’a voulu pour notre plus grand bien: soyons-en reconnaissants.

IL NOUS INSTRUIT. Si Dieu nous donne sa vie par l’Eglise, il voit aussi à nous instruire dans sa divine sagesse. Comme de bons parents ne se contentent pas de mettre au monde des enfants, mais ils les instruisent pour qu’ils soient des hommes intelligents et capables de faire beaucoup de bien au prochain.

Dieu nous instruit par l’Eglise sur son plan divin pour nous sauver et sur les moyens pour exécuter ce plan selon la volonté de Dieu. Les écrits inspirés que l’Eglise possède contiennent tous les trésors de sagesse et de science de choses de Dieu qui suffisent à nous faire aimer les choses divines et à prendre les moyens pour les mériter.

Si Dieu soumet les hommes aux attractions des sens et des passions pour les plaisirs de la terre, il leur donne sa doctrine sur le renoncement à soi-même et sur le mépris des choses créées avec sa grâce pour faire aiguiller sur les choses de Dieu toute cette attraction qu’on ressent pour les créatures. Il montre l’avantage même pour ce monde de sacrifier toutes ces tendances naturelles. Jésus nous promet la victoire sur tout ce naturel par notre foi. Plus nous serons guidés par la doctrine de Jésus et plus nous vaincrons la chair et les démons.

Ceux qui reçoivent fréquemment les sacrements, qui vont à la messe souvent et qui y communient très souvent; ceux qui en plus exercent leur esprit de foi pour tout juger selon la lumière divine de la foi: tous ceux-là se préservent facilement des pièges du monde et des démons, comme de toute la méchanceté des hommes qu’ils rencontrent sur leur chemin.

Alors, ceux qui murmurent contre le plan de Dieu ne le connaissent donc pas; ceux qui disputent contre les misères et les péchés des hommes ignorent donc les moyens que Dieu leur a donnés pour échapper à ces maux, ou ils ne veulent pas sen servir. Cessons donc de nous lamenter sur les tristes conditions de vie que Dieu nous a faites sur la terre… et prenons les moyens qu’il nous a donnés pour en sortir victorieux pour notre mérite et pour la gloire de Dieu.

DONNE L’AMOUR DE DIEU comme résultat des deux points précédents; si l’on vit de la vie du Père et que nous agissons selon la sagesse divine du Verbe, nous allons recevoir vite l’amour du Saint-Esprit. Car celui qui apprécie un présent ne tarde pas à aimer le donateur. C’est à mesure que nous apprécions les biens surnaturels que Dieu nous donne par son Eglise et dont nous avons donné les grandes lignes, qu’un chrétien arrive à aimer Dieu de plus en plus.

On n’a qu’à lire la vie des saints pour voir comment ils ont augmenté en amour de Dieu à mesure qu’ils suivaient mieux les indications données par l’Eglise pour mieux se sanctifier. Plus ils employaient les moyens mis à leur disposition et plus ils avançaient en vertu et en amour de Dieu.

Donc si le monde étale ses pièges dans tous les plaisirs qui sollicitent leur affection, et les démons aidant, qui les conduisent à leur perte éternelle, Dieu aussi étale tous ses moyens aussi faciles qu’efficaces pour nous protéger contre les embûches du monde et des démons et pour nous faire devenir des amants de Dieu. Mais Dieu ne nous force ni d’un côté ni d’un autre: il expose par l’Eglise les moyens qui nous sauveront, pourvu évidemment que nous voulions nous en servir. Il ne force personne, mais nous attire par sa grâce et par ses prêtres, ses saints et les Saintes Ecritures qui suffisent amplement à nous sanctifier comme l’histoire de l’Eglise le montre bien. Combien se sont sanctifiés au milieu de la plus grande corruption. Dans les premiers siècles, on peut difficilement trouver une société plus corrompue et pourtant il y a la un grand nombre de chrétiens exemplaires et de martyrs de la foi.

Qu’on cesse donc de gémir sur la méchanceté du monde et qu’on prenne les moyens de sanctification que Dieu met à notre disposition par l’Eglise établie, par Jésus-Christ précisément, pour nous sanctifier au milieu de toute la corruption du monde!