dimanche 19 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-26 - L'Eglise



VINGT-CINQUIÈME INSTRUCTION
L’ÉGLISE.

«Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle». Mt. 16.

Après avoir médité sur les mystères glorieux de J.-C. et les vertus théologales qui nous mettent dans le monde surnaturel, il est bon de nous arrêter au moyen que Jésus a établi pour continuer son oeuvre à travers le monde jusqu’à la fin des temps: l’Eglise. Car c’est par elle que nous recevons tous les dons célestes que nous avons exposés jusqu’ici. C’est par elle que J.-C. nous communique ses mérites et sa doctrine avec sa vie surnaturelle. Il a promis d’être avec son Eglise jusqu’à la fin du monde pour la protéger contre les attaques de l’enfer. Notre attitude envers l’Eglise doit être la même qu’envers J.-C.: «Celui qui vous écoute, m’écoute et celui qui vous méprise, me méprise».

Par Eglise, nous entendons ici toute l’organisation établie par J.C. pour continuer son oeuvre de sanctification dans le monde. Elle est constituée par le Pape, les évêques, les prêtres et tous les fidèles, même ceux qui n’ont pas la foi parce qu’ils devraient l’avoir. Ils sont comme si j’avais un membre paralysé: quoiqu’il n’ait pas de vie, il m’appartient même s’il est pratiquement mort. Pour notre but, nous n’avons pas besoin des distinctions que les manuels de théologie font, par exemple entre le corps mystique et l’Eglise. Au point de vue concret et pratique que nous prenons, nous n’avons pas besoin de distinction.

Ainsi, Jésus apostrophe Saül qui persécutait les chrétiens en lui disant: «Pourquoi me persécutes-tu?». C’était donc les membres du corps mystique qu’il persécutait. Plus tard, Saint Paul dit qu’il a persécuté l’Eglise de Dieu. Pour lui donc, le corps mystique et l’Eglise sont une seule et même chose. Nous faisons de même dans cette instruction.

La seule distinction que nous allons faire sera entre les deux éléments qui composent l’Eglise: l’élément humain et l’élément divin, afin de mieux les juger selon leur nature propre. Comme dans l’incarnation, les deux natures de Jésus restent distinctes dans leur activité propre, de même dans l’Eglise, l’humain et le divin gardent leurs tendances et leur nature propres. Il faut respecter ces caractéristiques pour ne pas attribuer au divin ce qui n’est qu’humain et nous exposer à mépriser et à perdre ce qui vient de Dieu comme s’il venait des hommes ou des démons. «Rendons à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César!».

Comme Jésus a traité avec les hommes de son temps tels qu’ils étaient en chair et en os, avec leur ignorance et leurs défauts, ainsi nous devons prendre l’Eglise telle quelle est dans son entité réelle et concrète, se composant de la même sorte d’hommes que Jésus a rencontrés sur son chemin et qu’il a aimés jusqu’a mourir pour eux. Comme Jésus voyait des âmes immortelles à travers la chair des hommes qu’il instruisait, nous devons voir J.-C. en arrière et dans les hommes qui composent et gouvernent son Eglise. Nous allons les considérer séparément pour mieux connaître ce qui appartient à chacun et régler notre conduite en conséquence.

L’ÉLÉMENT HUMAIN…

Est celui qui frappe nos sens dans les hommes qui composent l’Eglise. Nous voudrions exclure cet élément pour ne voir que du divin dans l’Eglise. Comme les hommes ont eu plus de difficulté à accepter l’humanité dans Jésus que sa divinité, ainsi ils ont encore beaucoup de difficulté à admettre l’élément humain dans l’Eglise. On voudrait que tous les prêtres fussent des anges de perfection. Quand on les voit aux prises avec toutes les passions humaines et descendre dans les bas-fond du péché, on en est scandalisé et l’on ne veut plus voir l’Eglise là.

Comme J.-C. a pris sur lui tous les péchés du monde, et qu’il a été traité par Dieu comme le plus grand pécheur de la terre, comme s’il était vraiment coupable de tous les crimes des hommes, pourquoi refuser de croire que son épouse, l’Eglise, peut descendre bien bas aussi, surtout comme les hommes qui la composent sont de vrais pécheurs.

Est-ce que Jésus qui était Dieu ne s’est pas soumis aux conditions de la vie humaine? Il a peiné dans un travail dur et insignifiant, dans une pauvreté extrême et le mépris des hommes. Il a été victime de leur ignorance, de leurs sottises, de leurs exigences dans sa petite boutique de Nazareth. Dans sa vie publique, il a subi l’opposition systématique des Scribes et des Pharisiens avec l’insouciance du peuple et une persécution de la part des prêtres juifs, jusqu’à sa passion et sa mort sur la croix.

Eh bien! Pourquoi agirait-il autrement pour son Eglise qu’il fonde pour continuer son oeuvre d’épuration et de sanctification. Elle se trouve liée et soumise à la confusion de toutes les races, aux changements constants des gouvernements, aux caprices des nations et des individus, à toutes les passions de chaque génération et aux persécutions de ses nombreux ennemis.

N’allons pas nier sa divinité parce que nous voyons ses humiliations. Quand Jésus était couvert de crachats, de sang et de poussière et de blessures des pieds à la tête, outragé par les siens qu’il venait sauver, qu’il n’avait ni forme ni beauté, qui aurait jamais cru que ce fut lui qui régnait dans le ciel? Si donc Jésus s’est livré aux hommes méchants pour expier nos péchés, il peut bien se livrer encore dans ses membres mystiques qu’est l’Eglise, afin que chacun supplée à ce qui lui manque de la passion de J.-C. Cette question est si importante que nous allons lui consacrer un peu plus de temps, afin d’enlever les causes de scandale qui font un tort immense à la foi des fidèles.

SCANDALE POUR BEAUCOUP. Ceux qui ont coutume de tout juger selon la raison humaine sont fort scandalisés de la mauvaise conduite des catholiques, des défauts des prêtres et même des évêques. C’est la même erreur de jugement que les juifs ont fait pour Jésus: ils ne s’arrêtaient qu’à l’humain en lui. Ils disaient. «D’ou lui vient cette sagesse et comment faitil des miracles?». N’est-ce pas le fils du charpentier? Et sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie? Et il était pour eux une pierre d’achoppement. Ils le voyaient si humain qu’ils ne pouvaient pas croire qu’il fut divin aussi. Les hommes font encore de même pour l’Eglise.

Pourtant, est-ce que Jésus ne nous avertit pas des futures attaques des démons contre son Eglise quand il nous dit que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. C’était nous dire que les démons essaieraient de la corrompre par leurs armes ordinaires: l’affection aux choses de la terre, par le luxe et par toutes sortes de péchés.

L’histoire des hérésies nous montre clairement combien les démons ont réussi à pervertir ses membres et ses pasteurs. L’Eglise se présente aux hommes avec une doctrine divine, mais avec une foule de défauts dans ses prêtres qui se trouvent à faire un tort immense à sa réputation et qui empêchent les fidèles de prendre toute sa doctrine céleste.

Son oeuvre d’épuration est toujours à recommencer avec chaque génération et même avec chaque individu, car tout chrétien doit lutter toute sa vie contre ses passions, son amour des choses de la terre et les embûches des démons pour le corrompre de toutes les façons possibles.

Pour les chrétiens à mentalité plus ou moins païenne qui jugent en général selon l’extérieur, c’est un scandale pour eux de voir tant de défauts et de vices même dans ceux qui devraient donner l’exemple d’une vie sainte. Combien déblatèrent contre le clergé et s’autorisent des fautes des prêtres pour abandonner la pratique de leur religion! C’est absolument insensé de leur part. Pourquoi offenser Dieu parce que d’autres l’offensent? Pourquoi faire ce qu’ils reprochent aux autres de faire? Comme je serais méchant de frapper ma mère parce que l’un de mes frères l’a frappée? C’est justement la cruauté et la sottise de tous ceux qui s’éloignent de Dieu parce que des prêtres offensent Dieu.

CAUSE D’INDIFFÉRENCE POUR BEAUCOUP. Ceux-ci n’abandonnent pas la religion, mais plus ou moins inconsciemment ils se refroidissent dans la pratique de la religion. Ils ne viennent pas toujours à la messe et ne reçoivent pas les sacrements souvent; ils ne s’intéressent pas aux choses de Dieu en voyant l’insouciance des prêtres pour vivre leur foi. Ils aiment à ressasser les médisances et les calomnies contre le clergé et naturellement leur zèle des choses divines s’en va vite. Ils tiennent tant à avoir des prêtres parfaits qu’ils ne songent pas à se perfectionner eux-mêmes! Ils amélioreraient l’Eglise en se sanctifiant eux-mêmes: s ils n’ont pas le coeur de faire ce que Dieu demande d’eux, pourquoi tiennent-ils tant à ce que d’autres satisfassent le bon Dieu? Qu’ils commencent d’enlever la poutre dans leurs yeux et ensuite ils enlèveront la paille dans les yeux des autres. C’est un conseil de Jésus pour tout le monde sans exception!

Pour comprendre un peu comment il se fait que Dieu laisse faire tant de mal dans le monde, il ne faut pas regarder le bonheur des hommes seulement, mais aussi la gloire de Dieu qui vaut encore plus. Dieu nous offre un bonheur qui dépasse la nature humaine et qui ne nous est pas dû d’aucune façon. C’est un pur don de Dieu et sa gloire exige que les hommes soient éprouvés pour voir s’ils veulent sincèrement ce bonheur divin. Dieu veut être préféré à de bonnes choses et à un certain bonheur naturel bon en soi. C’est pourquoi il permet aux démons et aux passions humaines d’attirer les hommes aux plaisirs des sens avec les choses créées. De plus, il faut qu’il respecte leur liberté de sorte qu’il doit les laisser tomber dans le péché s’ils le veulent. Autrement quelle gloire aurait-il s’il forçait leur liberté? C’est cette gloire de Dieu qui explique le mal dans le monde! C’est malheureux pour ceux qui seront damnés, mais c’est malgré la volonté de Dieu et par leurs propres fautes. Evidemment, si on ne pense qu’au malheur de ces pauvres damnés, on est porté à disputer Dieu. Mais, la gloire éternelle de Dieu vaut plus que le bonheur des hommes gagné sans gloire pour Dieu.

Un point que les hommes oublient trop, c’est que nous sommes tous pécheurs et donc que nous méritons tous les châtiments du monde et que Dieu peut se servir des hommes comme des démons pour nous faire souffrir les peines que nos péchés ont méritées.

Puis, comme c’est par orgueil que nous avons péché, Dieu punit notre jugement et notre volonté ou notre amour par tout le contraire, dans les prêtres comme dans les autres. La conduite des autres révoltera notre jugement et notre estime pour eux. Ils nous rendront la vie amère et triste par leur façon d’agir en manquant à une foule de leurs devoirs sacrés.

Est-ce que nous n’avons pas manqué à nos devoirs envers Dieu? Pourquoi sommes-nous scandalisés de voir que d’autres manquent aux leurs? Dieu veut nous rappeler nos propres manquements à nos devoirs et nous les faire regretter en voyant que les autres pèchent comme nous avons péché nous-mêmes. Nous devrions avoir pitié d’eux comme nous voulons que Dieu ait pitié de nous. Exerçons notre miséricorde envers eux comme nous voulons que Dieu exerce la sienne envers nous. Dieu est toute miséricorde: eh bien! pour participer à son activité divine, il nous faut donc pouvoir exercer la miséricorde envers le prochain. S’il ne péchait jamais, nous ne pourrions pas l’exercer. Or, ailleurs nous avons montré qu’il est plus glorieux pour Dieu de pardonner que d’empêcher de tomber dans le péché. La gloire d’un bon médecin est dans la grandeur des maladies qu’il guérit. Il en est de même pour Dieu. Sa gloire est plus grande à faire miséricorde que d’empêcher de tomber dans le péché. •1380 On murmure contre Dieu quand on ne regarde qu’un côté de son plan divin ou les seuls avantages des hommes. Mais si on considère l’ensemble de son plan, il faut admirer sa sagesse et sa bonté. Ainsi, quand Dieu soumet tous les hommes aux suites néfastes du péché originel, il n’y a pas d’injustice puisqu’il les soumet tous aussi au remède souverain de la rédemption. Ceux qu’il châtiait dans Adam, il les sauve dans J.-C. Si nous n’avons pas commis le péché d’Adam, nous n’avons pas non plus opéré la rédemption qui nous sauve. On voit alors que le remède est incomparablement supérieur à la conséquence du péché originel. Personne ne peut donc blâmer Dieu de le perdre. C’est l’homme qui se perd parce qu’il le veut malgré Dieu.

EXERCICE DE FOI SELON L’INTENTION DE DIEU. Ce n’est que pendant que nous sommes sur la terre que nous pouvons exercer la liberté nécessaire au mérite. Elle exige que nous puissions faire le mal pour que nous ayons du mérite à faire le bien. Il faut donc que Dieu nous mette dans des circonstances où nous pouvons réellement l’offenser ou le servir selon notre choix libre aidé de sa grâce. Il nous faut donc des occasions de pécher. C’est ce que voulait dire Jésus quand il déclare qu’il faut que le scandale arrive, mais malheur à celui par qui il arrive! Dieu a donné l’occasion aux anges de pécher; il l’a donnée à nos premiers parents; il faut qu’il nous la donne à nous aussi. Eh bien! Voilà pourquoi tous les hommes dans le clergé comme ailleurs sont exposés à pécher et de fait pèchent plus ou moins selon leur détermination de se sanctifier et la grâce de Dieu.

Par conséquent, au lieu de murmurer contre les fautes des prêtres, que chacun se surveille lui-même pour ne pas tomber dans le mal. Il est aussi tenu d’éviter tout péché que n’importe quel prêtre et que lui aura servi de critiquer la conduite des prêtres s’il est lui-même en enfer? Or, plus le bon Dieu nous voit sévère pour les autres, plus il nous abandonne à nos propres forces. Si nous blâmons les prêtres de tomber, c’est donc que nous pensons que s’ils voulaient ne pas tomber, ils ne tomberaient pas. Eh bien! Dieu va montrer à ces critiqueurs que sans Dieu personne ne peut éviter le péché et il les laissera tomber dans le mal à cause de leur manque de pitié pour les autres qui pèchent.

Tout chrétien doit avoir de la pitié et de la miséricorde pour tous les pécheurs qu’ils soient laïques ou prêtres. Il a là une chance de prendre les mêmes sentiments que Jésus a eus pour nous tous et cela fait plaisir à J.-C. Mais, celui qui est dur pour les malheureux pécheurs éprouvera aussi la justice sévère de Dieu: Il lui donnera la même mesure qu’il donne aux pécheurs: la sévérité!

Que tous donc se défient de leur «sainte» indignation contre les péchés des prêtres: c’est du paganisme tout pur, c’est un manque de foi et de charité qui sera puni sévèrement de Dieu. Ordinairement par les mêmes péchés qu’on a critiqués si sévèrement dans les autres. Dieu exerce continuellement son infinie miséricorde où il trouve sa plus grande gloire; eh bien! comment pourrons-nous l’imiter s’il n’y avait pas de pécheurs autour de nous? Toute amertume dans ce plan disparaît si l’on songe au remède souverain que Dieu a mis sur le chemin de tout pécheur: les mérites de J.-C. où chacun peut puiser avec la grâce de Dieu qu’il n’a qu’à demander pour l’avoir. Ou est l’injustice ou la sévérité de ce plan quand Dieu nous a donné absolument tout ce dont nous avons besoin pour sortir du péché et éviter l’enfer? Voilà comment il faut juger tout ce courant immonde d’iniquités qui afflige l’Eglise et dans ses pasteurs et dans les fidèles. Toute colère, là, vient du démon! Mais de Dieu viennent la pitié, la miséricorde et la compassion avec le zèle de se sanctifier soi-même comme meilleur moyen de purifier en partie notre bonne Mère l’Eglise que nous devons aimer comme J.-C. l’a aimée et s’est sacrifié pour la purifier dans son sang. Voilà l’attitude de tout membre de J.-C. devant les misères qui affligent l’Eglise.

Au lieu donc de critiquer, ceux qui ont un peu de foi feront comme Jésus: s’offrant en sacrifice d’une manière ou d’une autre pour expier tous ces péchés du monde; ils se priveront des plaisirs, même licites comme Jésus a fait pour nous racheter. Ils donneront de leurs aises, de leur argent, de leur temps pour faire tout le bien qu’ils pourront par ces sacrifices en faveur du prochain. Jeûnons pour ceux qui font bonne chère, prions pour ceux qui ne prient pas; communions pour ceux qui ne communient pas ou trop peu; allons consoler Jésus dans le Tabernacle où il continue de s’immoler mystiquement pour l’amour de nous. Comme lui s’est sanctifié pour nous sauver, sanctifions-nous pour sauver les pécheurs au lieu de déblatérer contre eux. Cessons donc pour toujours toutes nos critiques contre les prêtres et contre les fidèles qui ne sont pas aussi bons qu’ils devraient être. Sanctifions-nous… et cessons de murmurer contre les autres! Dans les familles, on rencontre de ces sanscoeur qui disputent contre leurs frères, qui n’ont pas soin de leur mère malade et eux-mêmes ne font rien pour elle.

Saint Paul avait bien compris la sagesse de Dieu qui permet les péchés. Il se glorifie dans ses faiblesses et dans ses infirmités, afin que la vertu de Dieu soit plus manifeste. Il va jusqu’à dire que Dieu a laissé tomber les Juifs dans l’infidélité et qu’il est allé chercher les païens dans l’infidélité, afin d’envelopper tout le monde dans sa miséricorde. Qu’on s’arrête à cette parole à la fois terrible et consolante. Nous n’avons qu’à nous jeter tous dans la miséricorde divine pour être pardonnés et ainsi glorifier la bonté infinie de Dieu.

Sachons bien que la gloire de Dieu est de faire tout le contraire de la sagesse humaine. Car s’il suit notre sagesse, nous réclamons tout de suite la gloire de ce que nous faisons. Mais, en faisant le contraire, nous sommes bien obligés d’admettre que c’est Dieu seul qui a réussi telle chose. Saint Paul affirme souvent que Dieu a choisi ce qui est insensé selon le monde, afin de confondre la sagesse humaine, ce qui est faible afin de confondre la force des hommes, enfin ce qui n’est rien pour que nous soyons obligés de tout attribuer le succès à Dieu seul.

Ainsi Dieu se sert des pécheurs pour sanctifier les autres; des méchants pour améliorer les bons, comme il s’est servi des bourreaux pour faire des martyrs. Ainsi il se sert de tous les imparfaits et les méchants dans tous les rangs de la société chrétienne pour faire gagner des mérites à leurs victimes.

Le rôle de ceux qui sont témoins des péchés des autres est bien indiqué par N. S. dans ses apparitions aux saints. Il leur demande des réparations, des sacrifices pour leur conversion. Il se plaint de l’indifférence des âmes qui lui sont consacrées et qui ne font pas assez de sacrifices pour apaiser le courroux de Dieu.

Dieu voulait augmenter notre foi par les maladies morales des chrétiens. Car il faut plus de foi pour voir Dieu dans un homme plus ou moins perverti que dans un saint. Il fallait plus de foi pour voir le divin dans Jésus tout couvert de crachats et bafoué par le peuple que dans sa transfiguration au Thabor. Eh bien! Il faut plus de foi pour voir le divin dans l’Eglise quand elle est abîmée d’injures, de maux de toutes sortes et même de péchés. Qu’on cesse donc de se scandaliser et qu’on agisse selon la foi et le plan divin que nous connaissons mieux maintenant. Que le Saint-Esprit nous éclaire encore plus!

L’ÉLÉMENT DIVIN NOUS DONNE

LA VIE DIVINE. C’est l’Eglise par la grâce de Dieu qui nous fait enfants de Dieu par le baptême en nous donnant la grâce sanctifiante. Puis par les autres sacrements, elle alimente et fortifie cette vie divine reçue au baptême. Si nous venons à la perdre, elle la ressuscite en nous par le sacrement de pénitence. Elle la nourrit par l’Eucharistie qui est le pain surnaturel pour nourrir notre vie surnaturelle. Les autres sacrements contribuent grandement à développer cette vie divine en nous, comme nous le savons bien déjà.

La prédication est un aliment important pour soutenir et augmenter la vie divine en nous. Jésus dit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu par ses représentants. Car c’est par la foi que nous concevons le divin en nous; or la foi nous vient par la prédication en général. Tous ces moyens qui nous apportent la vie divine nous viennent de l’Eglise établie par Jésus-Christ. •1393 Ce sont là les principaux moyens pour nous faire vivre la vie divine. Mais, combien peu en profitent! Quelle insouciance pour ces canaux de la grâce de Dieu! Combien peu vont communier souvent! ou vont à la messe sur semaine… et même beaucoup la manquent le dimanche. Ce jour consacré à Dieu devrait être employé totalement à se sanctifier. Qu’on assiste aux vêpres… et que les curés en aient! Qu’on lise la Bible au moins le dimanche.

Puisque c’est par la foi que l’on reçoit cette vie, plus on exerce sa foi dans tous les détails de la vie et plus notre vie divine augmente en nous. Or, s’efforcer de voir le divin à travers les personnes et les choses, surtout en proportion qu’elles sont désagréables et vilaines est très méritoire devant Dieu et nous attire une plus grande abondance de vie divine. Ainsi, il peut se faire que nous ayons plus de mérite à endurer une personne malcommode pour l’amour de Dieu que de communier. Jésus est dans la communion comme dans cette personne. Mais il me faut plus de foi pour voir Dieu dans cette vilaine personne que dans une belle hostie blanche qui ne me fait aucune bêtise. Or, on reçoit de la vie divine en proportion de notre foi. Voilà pourquoi Dieu entoure tous ceux qu’il veut sanctifier par des personnes désagréables et même méchantes et par des choses pénibles à la nature. Il veut qu’ils puissent s’exercer constamment dans l’esprit de foi qui est la condition pour que notre vie divine augmente en nous. Remercions donc Dieu de ce qu’il a fait son monde pour nous donner cet exercice surnaturel de sanctification. Cessons de disputer contre tout ce qui nous fait souffrir. C’est Dieu qui l’a voulu pour notre plus grand bien: soyons-en reconnaissants.

IL NOUS INSTRUIT. Si Dieu nous donne sa vie par l’Eglise, il voit aussi à nous instruire dans sa divine sagesse. Comme de bons parents ne se contentent pas de mettre au monde des enfants, mais ils les instruisent pour qu’ils soient des hommes intelligents et capables de faire beaucoup de bien au prochain.

Dieu nous instruit par l’Eglise sur son plan divin pour nous sauver et sur les moyens pour exécuter ce plan selon la volonté de Dieu. Les écrits inspirés que l’Eglise possède contiennent tous les trésors de sagesse et de science de choses de Dieu qui suffisent à nous faire aimer les choses divines et à prendre les moyens pour les mériter.

Si Dieu soumet les hommes aux attractions des sens et des passions pour les plaisirs de la terre, il leur donne sa doctrine sur le renoncement à soi-même et sur le mépris des choses créées avec sa grâce pour faire aiguiller sur les choses de Dieu toute cette attraction qu’on ressent pour les créatures. Il montre l’avantage même pour ce monde de sacrifier toutes ces tendances naturelles. Jésus nous promet la victoire sur tout ce naturel par notre foi. Plus nous serons guidés par la doctrine de Jésus et plus nous vaincrons la chair et les démons.

Ceux qui reçoivent fréquemment les sacrements, qui vont à la messe souvent et qui y communient très souvent; ceux qui en plus exercent leur esprit de foi pour tout juger selon la lumière divine de la foi: tous ceux-là se préservent facilement des pièges du monde et des démons, comme de toute la méchanceté des hommes qu’ils rencontrent sur leur chemin.

Alors, ceux qui murmurent contre le plan de Dieu ne le connaissent donc pas; ceux qui disputent contre les misères et les péchés des hommes ignorent donc les moyens que Dieu leur a donnés pour échapper à ces maux, ou ils ne veulent pas sen servir. Cessons donc de nous lamenter sur les tristes conditions de vie que Dieu nous a faites sur la terre… et prenons les moyens qu’il nous a donnés pour en sortir victorieux pour notre mérite et pour la gloire de Dieu.

DONNE L’AMOUR DE DIEU comme résultat des deux points précédents; si l’on vit de la vie du Père et que nous agissons selon la sagesse divine du Verbe, nous allons recevoir vite l’amour du Saint-Esprit. Car celui qui apprécie un présent ne tarde pas à aimer le donateur. C’est à mesure que nous apprécions les biens surnaturels que Dieu nous donne par son Eglise et dont nous avons donné les grandes lignes, qu’un chrétien arrive à aimer Dieu de plus en plus.

On n’a qu’à lire la vie des saints pour voir comment ils ont augmenté en amour de Dieu à mesure qu’ils suivaient mieux les indications données par l’Eglise pour mieux se sanctifier. Plus ils employaient les moyens mis à leur disposition et plus ils avançaient en vertu et en amour de Dieu.

Donc si le monde étale ses pièges dans tous les plaisirs qui sollicitent leur affection, et les démons aidant, qui les conduisent à leur perte éternelle, Dieu aussi étale tous ses moyens aussi faciles qu’efficaces pour nous protéger contre les embûches du monde et des démons et pour nous faire devenir des amants de Dieu. Mais Dieu ne nous force ni d’un côté ni d’un autre: il expose par l’Eglise les moyens qui nous sauveront, pourvu évidemment que nous voulions nous en servir. Il ne force personne, mais nous attire par sa grâce et par ses prêtres, ses saints et les Saintes Ecritures qui suffisent amplement à nous sanctifier comme l’histoire de l’Eglise le montre bien. Combien se sont sanctifiés au milieu de la plus grande corruption. Dans les premiers siècles, on peut difficilement trouver une société plus corrompue et pourtant il y a la un grand nombre de chrétiens exemplaires et de martyrs de la foi.

Qu’on cesse donc de gémir sur la méchanceté du monde et qu’on prenne les moyens de sanctification que Dieu met à notre disposition par l’Eglise établie, par Jésus-Christ précisément, pour nous sanctifier au milieu de toute la corruption du monde!

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