dimanche 26 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-28 - La messe



VINGT-SEPTIÈME
INSTRUCTION MA MESSE.

«Ayant pris du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant: «Ceci est mon corps qui est donne pour vous, faites ceci en mémoire de moi». Il prit de même le calice après la cène en disant: «C’est le calice, la nouvelle alliance dans mon sang qui sera répandu pour vous». Luc. 22-19.

Je mets pour titre «Ma Messe» pour indiquer que je veux méditer sur ma façon de dire ou d’entendre la messe. Je veux la considérer au point de vue pratique de ma sanctification par la messe; je ne veux pas en parler dans l’abstrait seulement, mais aussi dans le concret pratique de ma part dans ce divin mystère. Evidemment ce sera pour descendre tout de suite dans la pratique pour mon bien spirituel.
Notre Seigneur a institué la Messe quand il a dit à ses Apôtres à la dernière cène: «Faites ceci en mémoire de moi». Par ces mots, il leur donnait le pouvoir de consacrer le pain et le vin en son corps et en son sang. C’est là l’essentiel de la messe. Elle est donc le sacrifice non sanglant sur le Calvaire. La mort de J.-C. est représentée par la séparation de son sang d’avec son corps, ce qui causa sa mort sur la croix.

Comme c’est la continuation du sacrifice du Calvaire, le prêtre parle comme si c’était J.-C. en personne, il dit comme Jésus: «Ceci est mon corps! Ceci est mon Sang». Saint Paul dit: «Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, vous annoncez la mort du Seigneur». La messe est donc un vrai sacrifice, car la sainte Humanité de Jésus qui est toute glorieuse au ciel prend réellement un état d’anéantissement quand elle s’enferme dans les espèces du pain et du vin pour être ensuite mangée dans la communion. La séparation réelle des deux espèces sensibles sur l’autel, du corps et du sang est un état de mort qui en fait un vrai sacrifice. La différence entre les deux sacrifices est que celui de la croix a une valeur infinie pour racheter tous les hommes et la messe applique ces mérites de Jésus à ceux qui y participent d’une façon ou d’une autre, en y assistant ou en communiant ou les deux à la fois.

Saint Paul dit: «Le calice de bénédictions que nous bénissons, n’est-il pas la participation au sang du Christ? Et le pain que nous rompons, n’est-il pas la participation au corps du Seigneur?». 1 Cor. 10. La messe a été prophétisée par Malachie 1-2 qui l’appelle un sacrifice. «En tout lieu, de l’aurore au couchant, l’on sacrifie et une oblation pure est offerte à son nom». Cela ne peut s’appliquer qu’au sacrifice de la messe qui se dit sur toute la terre.

C’est dans la messe que se détaille le sacrifice sanglant de Jésus sur la croix, comme sa passion se détaille en chacun de nous en proportion que nous souffrons par amour pour lui et en union avec lui. C’est ce que veut dire Saint Paul quand il enseigne que chacun de nous doit compléter ce qui manque aux souffrances de Jésus, non pas en valeur méritoire, mais comme en extension. La passion doit affecter les membres comme le chef. Jésus forme un tout complet avec ses membres. Mais comme ses membres n’existaient pas tous au temps de Jésus, chacun doit participer à sa passion à mesure que Dieu lui demande sa part d’expiation en union avec J.-C. Comme la passion aboutissait au sacrifice complet sur la croix, de même pour nous tous, notre part de la passion de Jésus doit aboutir aussi à une participation réelle à ce sacrifice, ce qui se fait par la messe. Sur le Calvaire, Jésus a mérité le rachat de tous les hommes; à la messe, il applique ses mérites à ceux qui y participent d’une façon convenable.

Tout sacrifice comporte l’offrande d’une chose ou d’une personne à Dieu pour reconnaître son souverain domaine sur nous, avec notre absolue dépendance de lui, ce que l’on rend visible en détruisant la chose ou la victime. Cette idée des sacrifices a commencé par les premiers hommes. On sait que Cain et Abel offraient des sacrifices à Dieu. Noé en offrit après le déluge. Abraham reçut l’ordre de sacrifier son fils Isaac, mais un ange l’en empêcha après qu’il vit l’obéissance de ce patriarche. Saint Paul dit qu’il faut du sang pour expier les péchés. Dans l’Ancienne Loi, on tuait des animaux qui étaient la figure du véritable Agneau de Dieu qui devait être immolé pour les péchés du monde.

La conclusion est que si la messe est un mémorial de la passion et de la mort de J.-C., qu’elle le soit aussi pour nous rappeler la nécessité de souffrir notre part de la passion et de la mort de Jésus. Ne croyons pas nos péchés si facilement pardonnés par les simples paroles de l’absolution du prêtre et des paroles de notre accusation. L’absolution a cette vertu en elle-même. Mais, est-ce que la passion de J.-C. n’avait pas la vertu en elle-même de pardonner tous les péchés du monde? Comment se faitil que Saint Paul alors dit que nous devons compléter ce qui manque à cette passion? II en sera de même pour l’absolution du prêtre qui tire son mérite de la passion de Jésus. Mais, n’oublions pas que Dieu exige des dispositions dans le pénitent pour que l’absolution produise ses fruits de pardon. La messe devrait donc nous rappeler notre part de souffrances et de pénitence pour obtenir le pardon de Dieu. II faut donner de notre sang pour ainsi dire par la mortification sérieuse et efficace, pas seulement pour «rire». Combien se contentent de paraître se mortifier. Jésus n’a pas fait semblant de souffrir: imitons-le sérieusement si nous voulons être vraiment pardonnés. Ceux qui recherchent leurs satisfactions habituellement ne sont pas capables de comprendre la nature de la messe ni d’en bénéficier sérieusement. On comprend quand on aime!

SON EXCELLENCE

Le Concile de Trente dit que la messe est la plus sainte et la plus divine de toutes les œuvres. J.-C. n’a rien fait de plus grand sur la terre. Elle est l’action la plus sainte et la plus agréable à Dieu qu’on puisse faire et à cause de la victime offerte, qui est J.-C., et du principal sacrificateur qui est le même J.-C. qui s’offre par les mains du prêtre.

Le fiat de la Sainte Vierge a fait descendre le Verbe du ciel pour s’incarner en elle; mais les paroles du prêtre en consacrant font descendre le Verbe incarné dans ses mains! Pour ensuite le distribuer aux fidèles. Nous connaissons un peu l’exquise pureté de Marie que Dieu a ornée des plus belles vertus pour être le temple du Verbe incarné pendant quelques mois. S’il l’a préservée de la faute originelle pour qu’elle soit absolument pure quand elle recevrait le Verbe, les prêtres devraient être d’une pureté extraordinaire pour consacrer tous les jours. Dieu veut cette pureté et cette sainteté de Marie en chacun de ses prêtres. Nous avons vu que Dieu veut que tout chrétien soit saint comme Dieu! A plus forte raison saint comme la Sainte Vierge. Si Dieu veut cette pureté pour les fidèles, combien plus la veut-il pour les prêtres!

Puisqu’ils font de Jésus eucharistie ce qu’ils veulent, les prêtres doivent faire une seule chose avec le Père éternel: ils doivent vivre dans le divin par-dessus la tête comme on peut dire! Evidemment, c’est en proportion qu’ils ont la foi qu’ils verront la grandeur et la dignité de leur fonction et par suite la nécessité d’être divinisés dans toute leur activité libre et intentionnelle. Mais, comme beaucoup n’ont pas de foi à les voir agir à l’autel et au peu de préparation qu’ils donnent à la célébration de la messe et à leur action de grâce. C’est pour augmenter notre foi que nous repassons ce grand mystère de notre religion, il est comme le soleil dans l’Eglise; il éclaire d’une lumière divine les principaux dogmes et nous les rend concrets dans la messe. C’est là que nous pouvons participer d’une façon admirable aux mérites de J.-C. Elle est le résumé des merveilles opérées par Dieu pour notre salut éternel.

Mais on a beau étaler les grandeurs des dons que Dieu nous fait par la messe, il nous faut demander la grâce de la connaissance infuse de ces merveilles. Nous sommes en plein surnaturel et seul le Saint-Esprit peut nous ouvrir l’intelligence à ces dons surnaturels. Voilà pourquoi on reste parfaitement froid en lisant les merveilles opérées dans la messe et par la messe ou en entendant les prédicateurs nous en parler. Jésus a bien parlé pendant trois ans du royaume de Dieu et cependant les Apôtres n’ont absolument rien compris tant que le Saint-Esprit ne leur a pas ouvert l’intelligence aux paroles de J.-C.

La conclusion est que tout catholique qui lit ou fait cette méditation devra compter bien plus sur ses propres prières pour être touché par la grâce que par la lecture de ce que nous écrivons ici. De même quand on lit ce que les saints en ont dit: on a beau admirer leurs belles paroles, le cœur reste bien froid. Si le Saint-Esprit les a inspirés pour écrire ces belles choses, son action en eux ne suffit pas pour nous toucher; il faut qu’il agisse actuellement en nous pour que nous soyons touchés à notre tour de ces belles paroles que nous entendons ou que nous lisons.

Je ne veux pas insinuer que l’on doit mépriser les louanges ou les paroles qui proclament les merveilles de la messe, il est bon de les lire ou de les entendre, mais elles ne suffisent pas plus à elles seules que les paroles de J.-C. lui-même ont suffi à éclairer les Apôtres. Mais, il faut les deux! Remarquons que Jésus dit que le Saint-Esprit rappellera aux Apôtres ce que Jésus leur aura dit. II en est de même pour nous: il est bon et nécessaire de chercher des idées sur la messe et de lire tout ce que les saints en ont dit, car le Saint-Esprit un jour nous donnera la connaissance surnaturelle de ce que nous aurons lu et entendu, en proportion que nous prions et que nous nous disposions à son action. La prière ne suffit pas. Par exemple, un prêtre ou un laïque qui garde une attache ne recevra pas cette science infuse des vérités qu’il aura lues ou entendues. Avis aux fumeurs et aux passionnés des amusements! Ils n’auront pas l’intelligence des choses de Dieu, quelque savants qu’ils soient. Qu’on n’oublie pas cette remarque pendant qu’on médite sur la messe!

Dieu retire plus de gloire d’une seule messe que des adorations et des louanges de tous les anges et les élus, que de tous les sacrifices, les souffrances et les douleurs de tous les hommes: tout cela est fini, mais la messe offre à Dieu les mérites infinis venant de J.-C. On ne peut donc rien faire de plus agréable à Dieu que de lui offrir une messe par soi-même si on est prêtre ou par un prêtre si on ne l’est pas.

II est certain que nos catholiques n’exploitent pas encore suffisamment cette source sans pareille de mérites et de gloire devant Dieu. Au lieu de faire brûler tant de lampions, pourquoi ne font-ils pas dire des messes. Les prêtres devraient en avertir les fidèles, même si les lampions sont une bonne source de revenus. La gloire de Dieu passe avant! Offrons donc et faisons offrir des messes pour nos péchés, pour acquérir la sainteté et pour les âmes du purgatoire, en un mot pour toutes nos intentions. Rien de plus profitable dans l’ordre surnaturel.
C’est de la messe que viennent les moyens les plus efficaces de sanctification comme l’Eucharistie et la communion, le sacerdoce avec le sacrement de l’ordre qui permet d’administrer la plupart des sacrements. Elle donne une force extraordinaire de cohésion parmi les catholiques du monde entier. On les voit se rassembler en masse le dimanche pour assister à la messe et cela dans tous les pays du monde et souvent pour y faire la sainte communion. Ils ont conscience d’être frères en participant au même mystère fondamental de notre religion et au même esprit de foi qui les unit à J.-C.

Quand même on n’éprouverait pas encore la foi des saints devant ce grand mystère, il en faut bien peu pour savoir qu’on vient assister au crucifiement de J.-C. selon la foi. En approchant de l’église, les catholiques devraient prendre un air de sérieux qui convient au crucifiement de Notre-Seigneur. Ce n’est pas l’endroit pour s’amuser, conter des histoires, et juger les gens qui entrent dans l’église. Chacun devrait se taire et entrer en silence et aller s’agenouiller avec le plus grand respect possible en contemplant les souffrances de notre divin Sauveur. Quand on va visiter un parent aimé qui se meurt, est-ce qu’on entre en riant, en faisant des farces? Est-ce qu’on s’habille immodestement ou richement? On ne pense plus à ces folies du monde devant la mort d’un être chéri. Eh bien! Nous venons à l’église pour assister à la mort de J.-C.: montrons-le par notre attitude respectueuse et la simplicité de nos habits de deuil.

SES QUATRE FINS

Tout ce qu’on dit de l’excellence de la messe et comme ce qu’on dit de l’efficacité de la passion et de la mort de J.-C. Mais pour que nous en tirions du fruit personnel, il faut coopérer avec le Saint-Esprit. Comme il nous faut souffrir de fait avec J.-C. pour participer aux fruits de la rédemption, il nous faut aussi participer de fait aux intentions qu’avait Jésus en s’offrant comme victime. Ce n’est qu’en proportion que nous avons ses intentions qu’il nous appliquera ses mérites.

La question des intentions de J.-C. sur le Calvaire et donc dans la messe est un point capital trop négligé et par les prêtres et par les fidèles à la suite des prêtres. Ils perdent une foule de grâces qu’ils auraient s’ils s’unissaient davantage aux intentions de J.-C. Elles valent donc la peine que nous nous y arrêtions un peu sur chacune d’elles, afin d’en vivre davantage quand nous dirons ou que nous entendrons la messe.

L’ADORATION est une inclination profonde de la créature devant son Créateur pour lui exprimer son entière soumission devant la majesté infinie de son Dieu. Or, jamais une créature n’a adoré Dieu avec plus de perfection que Jésus toute sa vie et surtout sur la croix. Il s’est comme anéanti devant son Créateur, «se faisant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix». Jamais une créature pouvait mieux adorer Dieu. Personne n’a jamais mieux compris que la sainte Humanité de Jésus l’abîme infini entre le Créateur et une créature même la plus parfaite.

On pourrait objecter: l’adoration de Jésus lui-même durant sa vie et surtout sur le Calvaire est toujours devant Dieu et alors, que viennent faire nos pauvres adorations? Il est vrai que nos adorations à la messe n’ajoutent rien au mérite des adorations de Jésus. Mais, c’est la même explication de cette parole de Saint Paul quand il dit qu’il manque quelque chose à la passion de J.-C. Il ne veut pas dire en mérite, mais en extension. Il est nécessaire que les membres du corps mystique de Jésus participent aux souffrances de leur Chef. Eh bien! II en est de même pour les adorations de J.-C.! Il faut que les membres de son corps mystique fassent leur part pour adorer Dieu en union avec les adorations de Jésus.

Alors, quand nous adorons Dieu dans la messe en union avec Jésus, sur le Calvaire, adorant son Père, nous n’augmentons pas le mérite de ces adorations, mais nous augmentons leur extension; nous les distribuons pour ainsi dire dans ses membres… et dans la même mesure, nous participons aux mérites de J.-C.

L’avantage de faire ces adorations dans la messe, et à l’occasion de la messe, est qu’on se trouve à remettre devant les yeux du Père éternel le sacrifice de son Fils d’où nous viennent toutes les grâces. Mes adorations à la messe ont donc du nouveau pour le Père éternel: ce sont les adorations d’un membre du corps mystique de Jésus qu’il n’avait pas encore reçues.

Mais n’oublions pas que les fruits de la messe dépendent de nos intentions personnelles et pas seulement de la grâce. Toutes les belles choses que l’on dit de la messe «en soi» ne se donnent à nous qu’en proportion que nous les voulons sérieusement et que nous disposons notre cœur pour les recevoir.

Ces véritables actes d’adoration ne sont pas faciles à des chrétiens à mentalité païenne et qui cultivent des attaches aux créatures. Par ces attaches, ils servent ces créatures, ils les adorent d’une certaine façon: c’est de l’idolâtrie vraie. Comment ces gens-la peuvent-ils sérieusement se prosterner devant Dieu pour le reconnaître comme leur souverain Maître et Roi éternel? Ils ont déjà fait tant de courbettes devant ses créatures qu’ils sont incapables de faire des actes de véritable adoration devant Dieu. S’ils essaient de le faire, ils manquent leur coup comme des hypocrites qu’ils sont: ils ne sont pas sincères.

Quand on regarde la foule de chrétiens dans une église, en voiton beaucoup tout perdus en Dieu pour faire ces actes intérieurs? Que de têtes tournent ca et la tout occupées aux choses sensibles qui se passent autour d’elles! Pourquoi il y en a tant qui recherchent les derniers bancs? C’est pour être en mesure de voir tous ceux qui entrent et qui sortent: c’est pour contrôler les agissements de la foule et ne rien perdre de ce qui s’y passe. Ces gens ne font aucune adoration devant Dieu! Ces gens profitent bien peu de la messe à laquelle ils assistent mais ne suivent pas.

Comme tous ces gens ont le cou trop raide pour s’abaisser devant la majesté infinie de Dieu: ils sont trop pleins d’eux-mêmes pour s’avouer des néants devant Dieu. Comme ils ont des attaches aux créatures, le Saint-Esprit ne les éclaire pas sur les choses de Dieu. Au lieu de donner des adorations à Dieu, ces «païens» en recherchent constamment des autres! Comme ils aiment à être encensés des autres! Que de courbettes ils font devant les hommes pour voler à Dieu des adorations des hommes! Comme ils sont heureux d’être loués par les autres! Il est évident que ces gens sont incapables de faire de vrais actes d’adoration devant Dieu.

Quelle folie de réclamer pour soi ce qui n’appartient qu’à Dieu seul! Quel terrible châtiment on se prépare pour ces vols de l’honneur dû à la majesté divine! Quelle folie que de se substituer à Dieu! De vouloir trôner devant les foules pour être adorés à la place de Dieu! Lucifer a fait cela… et ceux qui l’imitent le suivront dans l’éternité! Hâtons-nous de faire volte-face! Anéantissons-nous devant Dieu et adorons le seul qui mérite nos adorations, afin de pouvoir continuer de l’adorer pendant toute l’éternité!

ACTION DE GRÂCE. Après nous être prosternés devant la majesté infinie de Dieu pour ses propres perfections divines, nous pouvons penser aux bienfaits de toutes sortes qu’il nous a faits surtout dans l’ordre surnaturel et alors doit jaillir de notre âme des actions de grâce en reconnaissance de tous ces biens qu’il nous a donnés. La messe en renferme plusieurs surtout dans la préface.

N’oublions jamais que nos actes seuls n’ont aucun mérite devant Dieu: il faut les offrir à Dieu en union des mêmes actes en Jésus. Lui seul leur donne leur valeur. C’est pourquoi dans la messe surtout, rappelons-nous d’offrir à Dieu les actions de grâces de Jésus pour les nôtres, ou, nous faisons nôtres les actions de grâces que Jésus offrait durant sa vie et sur le Calvaire. Dieu est très honoré de notre geste, c’est avouer que nous ne comptons que sur les mérites de J.-C…. et c’est ce que Dieu veut. Quelle meilleure action de grâces peut-on offrir à Dieu que son propre Fils unique en qui il a mis toutes ses complaisances? Nous nous trouvons à lui redonner plus qu’il nous a donné!

Le prophète avait déjà vu notre insuffisance pour remercier convenablement; il s’écrie: «Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu’il m’a faits?». II répond: «Je prendrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur!». Voilà ce que les prêtres font à la messe et que les fidèles peuvent faire en union avec les prêtres. On ne peut donc pas offrir à Dieu une plus belle action de grâces que son fils lui-même mourant pour nous sur le Calvaire.

Mais encore une fois, comme pour les actes d’adoration, cette reconnaissance vaut pour nous ce que nous y mettons du nôtre! Il faut y mettre tout son esprit et tout son coeur! II faut y mettre toute son attention. On ne peut pas faire ces actes en surveillant tout ce qui se fait autour de soi dans l’église. La grâce est là, mais il en entre dans notre âme selon ses dispositions subjectives. Parlons donc aussi souvent de notre coopération que de la valeur des choses divines en soi. Trop d’auteurs parlent de la messe en soi, de son mérite infini en soi, comme s’il suffisait d’être présent pour recueillir toutes ces grâces. Comme l’espace est rempli d’oxygène, mais j’en prends selon la capacité de mes propres poumons. Ainsi, la messe contient des grâces à l’infini, mais j’en reçois selon ma capacité surnaturelle subjective ou selon mes dispositions intérieures prochaines et éloignées. Ceux qui ont des attaches ne reçoivent pas beaucoup dans leurs âmes justement à cause de leurs affections pour ces créatures.

Nos actions de grâces sont la monnaie pour payer Dieu: si nous ne le payons pas ou trop peu, il arrête de travailler pour nous. Tandis que si nous lui sommes bien reconnaissants pour ses bienfaits, il les multiplie encore plus. Evidemment, pour être reconnaissant, il faut avoir beaucoup de foi pour voir les bienfaits de Dieu dans sa lumière divine. La raison ne suffit pas à les apprécier à leur juste valeur. C’est pourquoi les chrétiens à mentalité païenne qui suivent habituellement leur seule lumière naturelle ne sont guère reconnaissants envers Dieu pour ses faveurs surnaturelles. C’est pourquoi on fait ses actes d’adoration de la même façon que ses actes de remerciements: il faut la même lumière surnaturelle de foi pour les bien faire. Si on n’est pas capable d’adorer véritablement Dieu, on n’est pas plus capable de le remercier sincèrement. Si on est superficiel pour l’adorer comme il y en a tant, on est superficiel pour le remercier. Soyons donc surnaturels profondément et sincèrement et alors nous serons surnaturels dans tous nos actes.

Tous les catholiques devraient souvent payer des messes d’action de grâces: ils ne peuvent rien offrir de plus agréable à Dieu. De même les prêtres devraient souvent dire des messes d’action de grâces pour les bienfaits qu’ils reçoivent de Dieu et dont le monde bénéficie. Les prêtres devraient prêcher cette idée plus souvent qu’ils ne le font. On verrait plus de bonheur dans le monde! S’il y a tant de malheureux, c’est qu’ils n’ont pas assez remercié Dieu des biens qu’il leur donnait: il les reprend! 

Des catholiques devraient aussi faire dire des messes d’action de grâces pour leurs malheurs temporels: c’est autrement méritoire que des faveurs! Jésus ne dit-il pas que Dieu châtie ceux qu’il aime? Alors, il faut être reconnaissant pour tout l’amour que Dieu nous manifeste dans les croix.

SATISFACTION. Ce point ne doit pas être oublié! Dans les deux précédents, on donne les sentiments de son âme: c’est de l’intellectuel et de l’amour. Mais, dans celui-ci, il faut donner de ses jouissances, il faut se priver des plaisirs permis et si agréables au corps humain! Nous devons faire pénitence pour nos péchés et comme c’est pénible à l’homme!

Eh bien! La messe peut suppléer en bonne partie à notre pénitence. Assister à la messe, dévotement et l’offrir pour l’expiation de nos péchés, est très agréable à Dieu et nous obtient sûrement une bonne réduction de nos dettes envers Dieu. Surtout si nous nous unissons à Jésus qui s’offre pour les péchés des hommes

La messe ne remet pas les péchés directement comme le sacrement de pénitence, mais indirectement en nous méritant des grâces qui nous améliorent surnaturellement et ainsi nous rendent plus agréables à Dieu.

Que de chrétiens oublient la nécessité d’expier leurs péchés! Parce qu’ils n’en commettent plus ou moins, ils se pensent en règle avec Dieu. C’est aussi insensé que de croire qu’on ne doit plus rien quand on cesse de faire des dettes. Il reste à les payer! Ces gens vont avoir la surprise de leur vie en arrivant dans l’éternité! Combien pourraient assister à la messe tous les jours et y faire la sainte communion pour abréger leur purgatoire et mériter une plus belle place au ciel et ils ne le font pas! Dans les villes, combien pourraient aller à la messe tous les jours! Même dans les campagnes avec les automobiles, beaucoup plus pourraient faire la sainte communion tous les jours… et ils ne le font pas, croyant avoir payé toutes leurs dettes. Quelle insouciance pour leur bonheur éternel! Ils se réservent un long purgatoire, même s’ils sont sauvés. C’est parce que le pardon de nos péchés nous dépasse infiniment que nous ne devons jamais cesser de le demander. Qui peut être sûr de l’avoir obtenu? Ce n’est pas trop de nous unir au sacrifice du Calvaire tous les matins dans la messe pour être purifiés de nos péchés. Encore ici, n’allons pas croire qu’il suffit de dire ou d’entendre la messe pour que le Père éternel nous pardonne nos péchés parce que Jésus s’offre comme victime pour nous. Tout dépend de notre participation intentionnelle à la satisfaction de Jésus et de notre volonté bien arrêtée de profiter de ses mérites. Avec Dieu, rien ne se fait comme automatiquement ou sans notre participation, excepté aux premières grâces comme d’être baptisé et une foule d’autres qui nous préviennent nécessairement. Mais ensuite pour progresser, Dieu veut que nous coopérions avec sa grâce. Par conséquent, c’est en proportion que je m’unis intimement à Jésus sur le Calvaire et avec ses mêmes sentiments que j’ai des chances de retirer du profit de ma messe.

Cette satisfaction était le but principal du sacrifice de Jésus. Car Dieu n’acceptait rien des hommes tant que sa justice n’était pas satisfaite par le sacrifice de J.-C. Nous naissons ennemis de Dieu, il ne faut pas l’oublier! Et combien ont commis des péchés personnels pour lesquels ils doivent satisfaire la justice divine avant d’essayer de louer Dieu ou d’obtenir des faveurs de lui. Il est donc toujours bon de commencer par avouer nos péchés et d’en demander pardon avec le prêtre qui le fait au début de la messe. Pour nous, pécheurs, c’est la partie pratique de la messe. Ce n’est qu’en proportion que nous purifierons notre âme de ses péchés que Dieu agréera nos adorations, nos actions de grâces et toutes nos autres prières. Excitons-nous donc à une très sincère contrition au début de la messe.

DEMANDES. S’il y a une chose fortement recommandée par Notre Seigneur, c’est bien la prière et par son exemple et par ses paroles. A la fin de sa vie, il disait aux Apôtres: «Jusqu’à ce jour, vous n’avez rien demandé; demandez afin que votre joie soit parfaite!».

Le grand obstacle à la prière surnaturelle comme la veut Jésus est dans la mentalité plus ou moins païenne de la plupart des chrétiens. Quand ils vivent pour ce monde, qu’ils sont heureux avec les plaisirs de la terre: comment peuvent-ils demander sincèrement les biens célestes? C’est pourquoi ces gens disent très mal leur Notre Père où l’on demande surtout les biens de Dieu. Ces demandes ne les intéressent pas ou bien peu. Aussi, ils le disent du bout des lèvres seulement et souvent bien distraits. Leur cœur n’est pas dans les choses de Dieu.

Voici une idée qui devrait stimuler tout le monde à mieux prier et à plus prier. C’est que dans l’ordre surnaturel, Dieu exige la prière pour donner ses grâces. II veut sauver tous les hommes, mais à condition que les hommes s’aident. Leur part est la prière pour chacun pour soi évidemment, mais je dirais surtout pour les autres. Si nous voulons imiter J.-C., il faut vouloir aider à sauver tous les hommes et c’est par la prière que nous pourrions sauver des milliers d’âmes par nos prières, comme cela nous encouragerait à le faire. Ou, pensons que plusieurs seront damnés parce que nous n’avons pas prié pour eux.

Comme le monde va mal! Que de péchés, de crimes de toutes sortes, que d’indifférence pour les choses de Dieu! Que de païens encore après vingt siècles de christianisme! Et que de païens parmi les chrétiens! Ce n’est sûrement pas la grâce qui a fait défaut ou les mérites de J.C. C’est que les hommes ne puisent pas assez dans ces trésors infinis de mérites. Combien peu prient pour la conversion des autres du monde entier! Combien peu se sanctifient pour sanctifier les autres! Chacun peut faire monter le niveau du surnaturel dans le monde en se surnaturalisant avec la grâce de Dieu. Qu’on sache donc une bonne fois que Dieu sauvera les hommes en proportion qu’ils prient les uns pour les autres. Qu’on sache aussi qu’il n’y aura jamais de limite au nombre que nous pouvons sauver par nos prières. Là est justement l’épreuve de la prière: on ne sait jamais ou on ne voit jamais les effets de nos prières. Mais, du moment qu’on sait que Dieu les exauce sûrement comme il nous le promet, prions pour les hommes en général: nous savons qu’ils sont tous membres du corps mystique de J.-C. Cela devrait nous suffire pour prier beaucoup et avec ferveur pour la conversion du monde. Tous ceux que la prière ennuie, n’ont rien compris à cette communion des saints, ni au corps mystique de J.-C. Ceux qui ne savent pas quoi demander sont dans le même cas. II y a des millions d’hommes à sauver par nos prières: comment peut-on languir si on veut aider à les sauver? Ne perdons pas une minute que l’on peut donner à la prière! Il dépend de nous d’améliorer le monde par nos prières! Mettons comme but de nos prières la conversion des millions d’hommes qui sont encore bien loin de Dieu et nous ne nous ennuierons pas dans nos prières! N’est-ce pas justement ce que Jésus nous fait demander dans les trois premières demandes du Notre Père? II y a de l’ouvrage là! Quand le nom de Dieu sera-t-il en bénédiction par toute la terre? Quand régnera-t-il en Maître chez tous les hommes et quand feront-ils tous sa volonté?… Tout cela dépend de nos prières!

NOS DISPOSITIONSDU CÉLÉBRANT. 

La seule disposition qui lui soit particulière semble être le fait qu’il prend la place de J.-C. dans l’accomplissement de ce grand mystère. II y a là sans doute un grand stimulant à vouloir reproduire la sainteté de Jésus en reproduisant ce grand mystère opéré par J.-C. Comme il faut être saint pour agir comme notre divin Sauveur! Pour faire descendre le Verbe Incarné dans ses mains, pour le manger soi-même ou le distribuer aux fidèles! Le prêtre ne peut rien faire de plus grand que de dire la messe. Il devrait donc avoir une sainteté très grande pour être digne d’accomplir une si sainte chose.

Trop de prêtres ont pris cette vérité que le mystère de la messe ne dépend pas de l’état d’âme du prêtre. C’est vrai «en soi» et dans ce cas le prêtre ne retire pas grand-chose de sa messe. C’est la messe en lui qui glorifie Dieu ou mieux qui ajoute de la gloire à celle que Dieu à déjà par le sacrifice de J.-C. sur la croix. Dieu appliquera les mérites de Jésus à la conversion du monde en proportion de la sainteté de celui qui dit la messe en général. Voilà pourquoi un prêtre ne devrait jamais avoir la moindre attache parce qu’elle empêche l’activité des dons du Saint-Esprit absolument nécessaires pour être saint. Qu’ils prient donc plus pour se débarrasser de toutes leurs attaches païennes!

DES FIDÈLES. Ce que nous disons ici s’adresse évidemment à tous les prêtres aussi. Nous devrions tous suivre attentivement les paroles de toute la messe et suivre les actions des différentes parties de la messe et en tenant compte de quatre fins de la messe. Si nous voulons nous occuper sérieusement de tout ce qui se fait sur l’autel, nous n’aurons pas le temps de surveiller les fidèles qui entrent ou qui sortent et encore moins leur toilette ou leur personne même.

Si nos gens connaissaient mieux la grandeur de la messe, on ne les verrait pas arriver le plus tard possible et sortir le plus vite possible. Tous ceux-là n’ont pas la foi en le mystère qui s’opère sur l’autel. Puisqu’ils se hâtent tant de sortir, c’est donc qu’ils s’ennuyaient dans l’église, qu’ils ne faisaient rien! Ne priaient pas ou bien peu. Ils sont donc tout aux choses du monde, puisqu’ils trouvent pénible de donner une heure à Dieu pour la messe. Quel gros risque ces gens prennent pour leur salut! Si Dieu les ennuie à l’église, c’est le même Dieu au ciel! Ils seront bien loin de lui, même s’ils sont sauvés.

Prenons l’habitude d’entrer plusieurs minutes avant la messe et prenons notre temps pour en sortir. Soyons heureux d’être avec Jésus au Tabernacle. En proportion que nous lui montrons notre amour dans l’église, nous le lui montrerons dans l’éternité et ce sera au ciel!

Ceux qui entendent la messe tous les jours cessent aussitôt de pécher et commencent à se perfectionner vite dans les voies de la sainteté. Qu’il y ait toujours quelque dévote qui reste bien malcommode, malgré leur messe quotidienne, prouve simplement qu’on peut abuser de toutes les bonnes choses de Dieu! Mais, cela n’empêche pas qu’en général, ceux qui assistent à la messe tous les jours et y font la sainte communion font de grands progrès dans la vertu. Que tous y assistent tous les jours si possibles! Que le Saint-Esprit ouvre les yeux de la foi à tous nos chrétiens sur ce grand mystère!

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