VINGTIÈME
INSTRUCTION
LE
DISCOURS DE JÉSUS APRÈS LA CÈNE.
(TROISIÈME
PARTIE)
PLAN
« CE N’EST PAS VOUS
QUI M’AVEZ CHOISI, MAIS C’EST MOI QUI VOUS AI CHOISIS, AFIN QUE VOUS MARCHIEZ,
QUE VOUS RAPPORTIEZ DU FRUIT ET QUE VOTRE FRUIT DEMEURE ET QUE MON PÈRE VOUS
DONNE TOUT CE QUE VOUS LUI DEMANDEREZ EN MON NOM».
« CE QUE JE VOUS
DEMANDE, C’EST DE VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES».
« SI LE MONDE VOUS
HAIT, SACHEZ QU’IL M’A HAÏ AVANT VOUS. SI VOUS ÉTIEZ DU MONDE, LE MONDE
AIMERAIT CE QUI EST À LUI, MAIS PARCE QUE VOUS N’ÊTES PAS DU MONDE ET QUE JE
VOUS AI CHOISIS DU MILIEU DU MONDE, LE MONDE VOUS HAIT À CAUSE DE MOI.
SOUVENEZ-VOUS DE LA PAROLE QUE JE VOUS AI DITE: LE SERVITEUR N’EST PAS PLUS
GRAND QUE LE MAÎTRE; S’ILS M’ONT PERSÉCUTÉ, ILS VOUS PERSÉCUTERONT AUSSI; S’ILS
ONT GARDÉ MES PAROLES, ILS GARDERONT AUSSI LES VÔTRES ».
« ILS VOUS
CHASSERONT DES SYNAGOGUES; LE TEMPS VIENT OÙ QUICONQUE VOUS FERA MOURIR, CROIRA
FAIRE UNE CHOSE AGRÉABLE À DIEU. ILS VOUS TRAITERONT AINSI PARCE QU’ILS NE
CONNAISSENT NI MON PÈRE NI MOI ».
« PARCE QUE JE VOUS
AI DIT CES CHOSES, VOTRE CŒUR EST REMPLI DE TRISTESSE. CEPENDANT JE VOUS LE DIS
EN VÉRITÉ: IL VOUS EST UTILE QUE JE M’EN AILLE; CAR SI JE NE M’EN VAIS PAS, LE
PARACLET NE VIENDRA PAS À VOUS, MAIS SI JE M’EN VAIS JE VOUS L’ENVERRAI ET IL
VOUS ENSEIGNERA TOUTE VÉRITÉ, CAR IL NE PARLERA PAS DE LUI-MÊME, MAIS IL DIRA
TOUT CE QU’IL AURA ENTENDU ET IL VOUS ANNONCERA LES CHOSES À VENIR. IL ME
GLORIFIERA PARCE QU’IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI »…
« QUAND CET ESPRIT
DE VÉRITÉ SERA VENU, IL VOUS ENSEIGNERA TOUTE VÉRITÉ; CAR IL NE PARLERA PAS DE
LUI-MÊME, MAIS IL DIRA TOUT CE QU’IL AURA ENTENDU ET IL VOUS ANNONCERA LES
CHOSES À VENIR; IL ME GLORIFIERA PARCE QU’IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI ET IL
VOUS L’ANNONCERA. TOUT CE QU’A MON PÈRE EST À MOI, C’EST POURQUOI JE VOUS DIS:
IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI ET IL VOUS L’ANNONCERA ».
« EN VÉRITÉ, JE VOUS
LE DIS: VOUS PLEUREREZ ET VOUS GÉMIREZ ET TOUT LE MONDE SE RÉJOUIRA; VOUS SEREZ
DANS LA TRISTESSE, MAIS VOTRE TRISTESSE SE CHANGERA EN JOIE… QUAND JE VOUS
VERRAI DE NOUVEAU, ET VOTRE CŒUR SE RÉJOUIRA ET PERSONNE NE VOUS RAVIRA VOTRE
JOIE ».
« JUSQU’ICI, VOUS
N’AVEZ RIEN DEMANDÉ EN MON NOM. DEMANDEZ ET VOUS RECEVREZ, AFIN QUE VOTRE JOIE
SOIT PARFAITE ».
« CE N’EST PAS VOUS
QUI M’AVEZ CHOISI, MAIS C’EST MOI QUI VOUS AI CHOISIS, AFIN QUE VOUS MARCHIEZ,
QUE VOUS RAPPORTIEZ DU FRUIT ET QUE VOTRE FRUIT DEMEURE ET QUE MON PÈRE VOUS
DONNE TOUT CE QUE VOUS LUI DEMANDEREZ EN MON NOM ».
C’est bien dit clairement
que notre vocation à la foi est un pur don de Dieu. Est-ce qu’un ver de terre
pourrait aspirer à devenir homme? C’est encore aussi impossible pour un homme
de vouloir être enfant de Dieu. Personne ne peut donc mériter cette faveur;
Dieu seul en est donc l’auteur.
Notre élection purement
gratuite devrait donc nous remplir de reconnaissance et d’amour de Dieu
tellement que nous ne vivions plus que pour lui. Puisqu’il nous a choisis du
milieu du monde pour nous destiner à son bonheur du ciel, sortons donc corps et
âme de ce monde, que toute notre mentalité libre, qui n’est pas encore
surnaturalisée de fait par notre vocation surnaturelle, soit elle-même
surnaturalisée par notre travail de chaque jour, par nos efforts et nos motifs
en tout évidemment avec la grâce de Dieu aussi et surtout. Mais il faut notre
coopération libre de notre volonté pour que notre mentalité suive notre
élévation surnaturelle. C’est par ce travail que nous montrons notre
reconnaissance à Dieu de nous avoir appelés à la vie divine.
« CE QUE JE VOUS
DEMANDE, C’EST DE VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES ».
C’est encore une façon
pratique de montrer notre parfaite appréciation de notre élection au
surnaturel, car ce n’est qu’au point de vue surnaturel qu’on peut s’aimer de la
sorte. Il faut être bien avancé dans cette conviction que nous sommes divinisés
par la grâce pour pratiquer cette charité fraternelle. Ce n’est pas une perfection
de luxe, mais exigée pour tous les chrétiens sans exception. Ailleurs, il dit
que c’est le signe que nous lui appartenons si nous nous aimons les uns les
autres. Ce signe était frappant chez les premiers chrétiens; les païens en
étaient étonnés et ils disaient: voyez comme ils s’aiment!
Or cette charité fait
lamentablement défaut chez nos catholiques, qui sont si susceptibles, si
rancuniers, si médisants et même si haineux quand ils sont insultés ou
outragés. Mais c’est justement quand on est maltraité par les autres qu’on doit
les aimer quand même. «Aimez vos ennemis» est le commandement de Jésus! Il faut
garder sa parole si on veut l’aimer! Dieu le veut! Qu’on ne vienne pas
s’excuser! Qu’on demande sa grâce et qu’on aime absolument tout notre prochain
quelque malcommode qu’il soit. Dieu nous a aimés quand nous étions ses ennemis
dans le péché, eh bien! aimons notre prochain, même méchant!
N’oublions pas que notre
amour de Dieu ne vaut pas plus que le plus bas degré de notre amour pour le
prochain. Saint Jean a une parole terrible (1 Jo. 4-20): «Si quelqu’un n’aime
pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas?». Il
confirme donc ce que nous venons de dire. On va crier à la difficulté de le
faire, je réponds qu’il le faut et qu’on demande la grâce de Dieu pour aimer
son ennemi comme Dieu le veut!
Dieu est amour et il faut
tout juger selon cet amour, voilà tout! Que ce soit là tout le travail de tout
chrétien durant toute sa vie!
« SI LE MONDE VOUS
HAIT, SACHEZ QU’IL M’A HAÏ AVANT VOUS. SI VOUS ÉTIEZ DU MONDE, LE MONDE
AIMERAIT CE QUI EST À LUI, MAIS PARCE QUE VOUS N’ÊTES PAS DU MONDE ET QUE JE
VOUS AI CHOISIS DU MILIEU DU MONDE, LE MONDE VOUS HAIT À CAUSE DE MOI.
SOUVENEZ-VOUS DE LA PAROLE QUE JE VOUS AI DITE: LE SERVITEUR N’EST PAS PLUS
GRAND QUE LE MAÎTRE; S’ILS M’ONT PERSÉCUTÉ, IL VOUS PERSÉCUTERONT AUSSI; S’ILS
ONT GARDÉ MES PAROLES, ILS GARDERONT AUSSI LES VÔTRES ».
Les prêtres philosophes
et les fidèles qui les suivent n’éprouvent pas cette opposition du monde et des
démons, car ils vivent avec la même mentalité qu’eux: tout au naturel. Ils sont
satisfaits d’une justice païenne qui veut simplement éviter le péché exactement
comme si nous étions sur le chemin des limbes. L’amour surnaturel de Dieu n’entre
pas, ce n’est qu’un amour naturel qui ne froisse ni le monde ni le démon. Ces
gens ne sont pas du tout aux choses de Dieu, mais au monde. On comprend que le
monde et les démons les laissent bien tranquilles.
Un Evêque disait
récemment à un de mes amis qui prêche le mépris des créatures et la folie de la
croix: «Vous avez une doctrine trop sévère, vous bouleverserez les consciences.
Prêchez donc les commandements et les sacrements comme les autres prêtres qui
ne troublent personne!». Comme il faut être ignorant et païen pour parler de la
sorte! Jésus vient nous donner une nouvelle vie et il ne faudrait pas déranger
les gens dans leur vieille vie païenne! Jésus dit qu’il est venu apporter la
contradiction et un Pontife ne veut pas qu’on dérange le monde dans sa vie
toute naturelle aux choses de la terre! Evidemment celui-ci ne vit que dans la
loi toute naturelle des limbes où il n’y a qu’à prêcher contre le péché. Que
Dieu ait pitié de son âme! Encore une fois le christianisme n’est pas une
question de simplement éviter le péché et se contenter d’une justice naturelle.
C’est une question d’amour!
Il nous met en présence
de deux amours radicalement contraires: l’amour de Dieu et l’amour du monde
soutenu par tous les démons. Autant le démon hait Dieu, autant il hait l’amour
de Dieu, l’amour surnaturel de Dieu! Car il n’y a pas d’opposition entre
l’amour naturel de Dieu qui consiste simplement dans une admiration toute de
tête de Dieu considéré comme Créateur et ne devant jamais être possédé, comme ç’aurait
été sur le chemin des limbes, et l’amour des créatures. Dans ce cas, on peut
aimer Dieu et les créatures sans rendre Dieu jaloux parce que nous ne devons
jamais les posséder au ciel. Que les philosophes se rappellent leur cher patron
et modèle, le jeune homme riche, qui aimait ses richesses et qui dit qu’il aime
Dieu. C’est sûr qu’il pouvait faire les deux sans opposition l’un à l’autre.
Mais il était dans l’ordre naturel. Deux évangélistes disent qu’il lui manquait
encore une chose pour entrer dans la vie! Avec ses deux amours naturels et
l’observation des commandements de la loi naturelle, c’est le vrai portrait de
nos prêtres philosophes en général. Mais il lui manquait encore une chose pour
entrer dans la vie éternelle! Donc il n’était pas sauvé avec justement la vertu
qui satisfait nos prêtres en général.
Quelle condamnation pour
la mentalité de notre clergé qui a choisi ce jeune homme riche comme son patron
et modèle! Quelle ignorance et aveuglement! Que Dieu donne la lumière à ces
pauvres aveugles… et à la plupart des Evêques qui pensent comme eux!
Ces persécutions du monde
et des démons sont un bon signe que nous appartenons à J.-C.
Donc il n’y a que l’amour
surnaturel de Dieu qui est opposé à l’amour du monde, défendu par les démons.
C’est pourquoi les démons ne suscitent aucun embarras à ceux qui ont un amour
naturel, ce qui se fait aux dépens de l’amour du monde, les démons viennent au
secours de leurs amis en faisant une lutte terrible contre ceux qui veulent
sortir de cet amour naturel. Ils suscitent des persécuteurs contre ces gens
trop «austères»! Ils font attaquer par leurs serviteurs, les philosophes dans
tous les rangs du clergé, ces chrétiens qui veulent obtenir cet amour
surnaturel de Dieu par le mépris des créatures, les instruments des démons pour
nous garder dans l’amour naturel de Dieu qui ne vaut rien pour le ciel.
Comme c’est une question
d’une lutte entre les deux amours les plus forts du monde, dès qu’on veut
l’amour surnaturel de Dieu, on a tout le monde et les démons contre soi. Ni le
monde ni les démons molestent ceux qui leur appartiennent. Tant pis pour tous
les prêtres qui ne sont jamais persécutés! Je ne voudrais pas être à leur place
dans l’éternité! Je ne veux pas dire qu’ils sont tous damnés, mais ils seront
bien loin de Dieu, comme ils le sont dans le monde. Dieu est amour et son amour
est exclusif en nous! D’après le premier commandement, il est évident qu’il ne
tolère pas qu’on donne le moindre amour aux créatures pour elles-mêmes… ce que
les philosophes permettent à tout le monde. Ils sont donc de travers avec
l’amour surnaturel de Dieu.
Ces persécutions du monde
et des démons sont un bon signe que nous appartenons à J.-C., comme il le dit
lui-même, puisque ses ennemis nous haïssent, comme ils l’ont haï.
Quel changement dans
l’Eglise! Jésus dit que tous ses amis seront haïs du monde et persécutés, donc
c’est un signe qu’ils lui appartiennent. Eh bien! Maintenant la plupart des
Evêques et des supérieurs prennent justement cette persécution comme un signe
que nous sommes contre J.-C.! Quelle aberration de jugement! Ils nous diront
donc: prêchez de façon à ne pas contrarier le monde! A ne pas bouleverser sa
vie! Mettez du bon sens dans votre prédication: prêchez les parties qui ne
froissent pas le monde! Comme ces pasteurs sont loin de Jésus et de sa
doctrine!
Jésus ne parle pas
seulement des grandes persécutions contre tout un pays, mais il parle aussi des
persécutions individuelles que chacun de ses amis sincères et fervents aura à
subir d’une façon ou d’une autre. N’est-ce pas justement la persécution de son
entourage que chaque catholique craint en se donnant tout à Dieu d’une façon
spéciale? Comme ils vont tout faire pour l’en dissuader! Ils vont lui dire
qu’il se singularise, qu’il a une conduite étrange, surtout qu’il doit craindre
la folie religieuse incurable! Il n’y en a pas beaucoup qui sont capables de
supporter la moindre persécution. Ils sont habiles à se convaincre qu’ils ne
sont pas tenus à une si grande perfection, que du moment qu’ils peuvent se
trouver une petite place au ciel, ils seront contents. Au fond, ce raisonnement
montre la peur des autres. On a plus peur du monde que de Dieu; c’est donc
qu’on l’aime encore plus que Dieu. Quel affreux risque ces gens prennent!
D’un autre côté, ceux qui
sont persécutés ne doivent pas se décourager; c’est normal pour eux de l’être
du moment qu’ils sont avec J.C. Comme c’est le clergé juif, poussé par les
démons, qui ont persécuté J.-C., nous pouvons nous attendre à ce que les
philosophes avec les mêmes démons, à leur insu, nous persécutent avec les mêmes
arguments et les mêmes moyens que les Pharisiens ont pris contre Jésus.
Combien de chrétiens
sacrifient leur conscience pour éviter les critiques et les persécutions des
autres! Les filles et les femmes subissent la mode même indécente de peur de
faire rire d’elles! Pourquoi tant de jeunes se mettent-ils à fumer sinon pour
faire comme les autres et éviter de se faire critiquer? Pourquoi tant de
prêtres ne prêchent-ils pas le mépris du monde et la folie de la croix sinon
parce qu’ils ont peur d’être critiqués et persécutés par leurs confrères et
leurs supérieurs? Aussi chacun évite habilement tout ce qui peut contrarier les
idées du monde pour avoir la paix… et ils l’ont comme le monde la donne!
Pourtant ceux qui veulent
suivre Jésus doivent être prêts à souffrir toutes les persécutions comme leur
maître! Un chrétien est né pour se battre contre le monde et les démons comme
un poisson pour nager, comme un soldat qui va à la guerre pour se battre. C’est
normal! Jésus nous en avertit de toutes les façons. Pourquoi en être renversé
quand on rencontre de l’opposition? Qu’il affronte les moqueries, les insultes
et même les coups comme son maître! Il faut porter sa croix tous les jours! La
porter, pas simplement admettre qu’il faut la porter. C’est normal comme manger
pour vivre. Il augmente sa vie surnaturelle en perdant sa vie naturelle. Le
nouvel homme augmente à mesure que le vieil homme dépérit.
Voilà une doctrine bien
authentique de J.-C. que peu de prêtres osent prêcher au peuple… parce qu’ils
seraient vite dénoncés et persécutés par leurs confrères et leurs supérieurs,
dont un si grand nombre sont philosophes comme les autres. Eh bien! La
conclusion est que ceux qui évitent la persécution évitent J.-C. par le fait
même. Comme il y en a peu pour suivre J.-C.! Nous devrions tous remercier Dieu
de ces persécutions qui nous aident si bien à tuer notre païen qui doit mourir
à tout prix pour que Jésus vive en nous. Celui qui perd sa vie la sauve et
celui qui la garde la perd. Alors quel bienfait est la persécution qui nous
aide à faire mourir notre païen, notre pire ennemi intérieur. C’est l’idéal
d’être dénoncé, d’être calomnié, d’être exilé, d’être abandonné de tout le
monde! Tout cela est nécessaire pour que Dieu entre et vienne vivre en nous.
Soyons contents! Tous nos persécuteurs sont nos meilleurs amis, puisqu’ils nous
aident à tuer notre pire ennemi: le païen en nous. Aimons-les et payons-les!
Ne soyons pas surpris que
les gens remarquent si bien lorsque nous nous donnons tout à Dieu: ce sont les
démons qui leur inspirent de la défiance, puis de la haine pour notre conduite.
Ils sont furieux parce
que les démons le sont contre nous. Sans qu’on n’ait rien fait contre eux, ils
nous détestent et nous critiquent pour des riens. Ils sont simplement les
victimes des démons. On le voit pour Saint Paul: quand il arrivait dans une
ville, elle était déjà bouleversée à son sujet quand il n’avait pas encore
commencé à prêcher. Si un chrétien est tout à Dieu, assez pour mépriser les
créatures, les démons lui suscitent des ennemis dans son entourage. Il y a des
gens très bons, qui ne sont jamais persécutés. D’ordinaire, c’est qu’ils
n’attaquent jamais nos deux amours naturels. Dans ce cas, les démons les
laissent tranquilles.
« ILS VOUS
CHASSERONT DES SYNAGOGUES; LE TEMPS VIENT OÙ QUICONQUE VOUS FERA MOURIR, CROIRA
FAIRE UNE CHOSE AGRÉABLE À DIEU. ILS VOUS TRAITERONT AINSI PARCE QU’ILS NE
CONNAISSENT NI MON PÈRE NI MOI ».
Cette parole ne
s’applique pas seulement aux grandes persécutions des premiers siècles; elle
est vraie pour tous les temps et toutes les conditions de vie et dans tous les
rangs de la société, dans les temps calmes et dans les tempêtes politiques;
elle est dite pour tout chrétien sans exception, dans le clergé comme dans les
communautés religieuses, dans les campagnes comme dans les villes populeuses.
Si nos mœurs ne permettent pas qu’on mette un homme à mort pour sa religion,
elles permettent qu’on le persécute de toutes sortes d’autres façons, assez
pénibles que personne n’en veut! Comme ils sont rares ceux qui souffrent
persécution pour l’amour de Dieu!
D’abord on va objecter
que ces persécutions sont bien rares. De fait, mais pourquoi? C’est parce que
la plupart des catholiques le sont à moitié; ils sont surtout philosophes avec
la religion naturelle du bon sens plutôt que de la foi.
Voici pourquoi. Le démon
hait seulement l’union du divin avec l’humain surtout dans la partie libre et
intentionnelle de notre activité mentale. Or là quand est-ce qu’on est
divinisé? C’est quand on rejette une affection naturelle ou des motifs naturels
pour agir uniquement avec des motifs surnaturels. C’est là que le Saint-Esprit
se donne à nous et donc forme Jésus en nous de plus en plus. Or c’est justement
cette union du divin avec notre humain que le démon déteste. La persécution est
donc seulement pour ceux qui attaquent le naturel des motifs ou le païen libre
et qui veulent réellement se surnaturaliser, que les démons font persécuter.
Tant qu’on ne touche pas aux motifs naturels, il n’y a pas un démon qui bouge.
Mais dès qu’on les attaque, tout l’enfer vient à leur défense. Et comme la
plupart des prêtres formés par les philosophes ne connaissent à peu près rien
de la psychologie des motifs, ils ne s’en occupent guère. C’est pourquoi les
démons les laissent bien tranquilles dans tout le reste qu’ils prêchent: cela
ne peut faire grand tort aux démons ni grand bien à Dieu. La raison
fondamentale est que lorsqu’on attaque les motifs naturels, on se trouve à
attaquer les affections naturelles qui appartiennent aux démons. On attaque
donc l’amour du monde qui est l’amour des démons, car le monde naturel libre
leur appartient, ils en sont les princes, dit Jésus. Ce n’est donc que
lorsqu’on attaque l’amour des créatures que les démons volent à la défense du
fumier, selon l’expression de Saint Paul. Rien autre chose ne les inquiète.
Qu’on prêche sur les sacrements et les commandements tant qu’on voudra, qu’on
parle du S.C., de la Sainte Vierge, pas un démon ne fera persécuter un tel
prédicateur. Mais s’il ose attaquer l’amour des créatures et de soi, tout de
suite l’enfer bondit et possède une foule de philosophes dans tous les rangs de
la hiérarchie pour réduire au silence cet audacieux qui veut détruire leur
meilleur moyen pour perdre les âmes: l’amour du monde.
C’est pour cela que tout
a l’air compliqué dès qu’on veut attaquer les motifs naturels. Les démons
embrouillent les esprits et troublent les consciences, font un tapage du diable
pour énerver tous les prêtres et les supérieurs qui prennent peur et
bâillonnent vite des prédicateurs de l’amour de Dieu aux dépens de l’amour des
créatures… ce que les philosophes n’ont jamais compris.
Il n’y a pas de doute
qu’un vrai catholique est embarrassant pour les païens autour de lui. Ils sont
tout aux choses du monde; ils n’y voient pas de mal et s’y livrent en toute
sûreté de conscience avec le clergé en tête. Alors les voilà qui parlent avec
enthousiasme de leurs amusements païens, mais bons en soi et qu’ils y vont tant
qu’ils peuvent. Mais les vrais catholiques n’ont aucune affection pour ces
plaisirs créés, ils ne les intéressent pas du tout. Les autres le voient vite;
leur froideur refroidit leur ardeur et ils se sentent mal à l’aise en leur
présence. Ils les fuient et ne les aiment pas, puisqu’ils ne pensent pas du
tout comme eux. Quand ils parlent de leur sujet favori, la religion, ils sont
aussi embêtés que quand eux parlent de sport; alors ce sont deux mentalités
irréductibles et incompatibles, deux amours contraires qui ne pourront jamais
faire la paix entre eux. C’est donc une guerre plus ou moins ouverte qu’ils se
font les uns les autres. Un malaise continu règne entre eux et c’est
inévitable. Comme chacun garde son amour, il n’y a pas d’union possible. Chacun
finit par vivre dans son monde tout le contraire de celui des autres. Il faut
un grand courage et une grande grâce de Dieu pour ne pas céder à l’esprit du
monde si facile et si général. Voilà pourquoi les vrais amis de Jésus qui
veulent vivre uniquement de motifs surnaturels seront persécutés… et eux seuls
ordinairement, les autres ne font pas de tort aux démons, parce qu’ils en font
aux fidèles même à leur insu en n’attaquant pas leurs deux amours naturels qui
empêchent l’amour de Dieu d’entrer dans leur cœur.
Ces persécuteurs peuvent être
très bons et consciencieux, comme sont beaucoup de nos philosophes. Ils ne
connaissent pas mieux. Ils ignorent la théologie pratique de l’amour de Dieu,
mais ils sont sincères et croient que ces prédicateurs sont exagérés et même
hérétiques plus ou moins, car ils ne connaissent que la théologie spéculative
des «in se».
Aussi les affirmations
des prédicateurs de l’amour surnaturel de Dieu leur semblent erronées.
Alors pour la pureté de
la doctrine catholique, ils sont capables de tout comme les pharisiens
autrefois contre Jésus.
« PARCE QUE JE VOUS
AI DIT CES CHOSES, VOTRE CŒUR EST REMPLI DE TRISTESSE. CEPENDANT JE VOUS LE DIS
EN VÉRITÉ: IL VOUS EST UTILE QUE JE M’EN AILLE; CAR SI JE NE M’EN VAIS PAS, LE
PARACLET NE VIENDRA PAS À VOUS, MAIS SI JE M’EN VAIS JE VOUS L’ENVERRAI ET IL
VOUS ENSEIGNERA TOUTE VÉRITÉ, CAR IL NE PARLERA PAS DE LUI-MÊME, MAIS IL DIRA
TOUT CE QU’IL AURA ENTENDU ET IL VOUS ANNONCERA LES CHOSES À VENIR. IL ME GLORIFIERA
PARCE QU’IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI »…
Jésus explique le rôle du
Saint-Esprit dans la distribution de ses mérites. Jésus doit d’abord s’en aller
au ciel, afin de faire accepter son sacrifice par son Père et de négocier notre
rachat du péché et lorsque la justice du Père sera satisfaite, les hommes
pourront en bénéficier. C’est alors que J.-C. pourra envoyer le Saint-Esprit
pour qu’il applique les mérites de Jésus aux hommes. De la sorte, chacune des
trois personnes a sa part à notre salut: Dieu le Père nous crée, Dieu le Fils
nous rachète et le Saint-Esprit nous applique les mérites de Jésus et ainsi
nous sanctifie. Chaque rôle est aussi nécessaire que les deux autres. Il faut
les trois pour finir notre œuvre de sanctification.
On a un bon exemple dans
le cas des Apôtres. Ils sont instruits par Jésus lui-même pendant trois ans,
ils vivent dans sa compagnie intime, ils conversent avec lui souvent, ils sont
témoins de sa passion et de sa mort, de sa résurrection et de son ascension… et
ils n’ont absolument rien compris au royaume de Dieu! Pourtant Jésus devait
savoir comment leur parler.
Mais parce qu’ils ont
persévéré avec Jésus, il leur envoie le Saint-Esprit qui leur fait comprendre
toute la doctrine de Jésus et le plan divin pour le salut du monde, y compris
tout ce qu’il a de plus contraire à l’homme: le mépris du monde et la folie de
la croix ou la condamnation de nos deux amours naturels.
Mais pourquoi donc le
Saint-Esprit n’éclaire-t-il pas mieux les fidèles de nos jours? Il y en a si
peu de changés comme les Apôtres pour être tout aux choses de Dieu comme eux?
La réponse est bien simple! C’est que nos prêtres philosophes ne donnent qu’une
doctrine spéculative uniquement pour la tête! Ils ne donnent rien pour le cœur.
Or le Saint-Esprit ne travaille que dans le cœur, car il est l’amour divin. De
plus, ces philosophes laissent subsister nos deux amours naturels dans le cœur
des fidèles; alors l’amour divin ne peut entrer dans ce cœur déjà rempli
d’amour naturel.
C’est à cause de cette
doctrine sèche et spéculative que les prêtres philosophes donnent aux fidèles
que le Saint-Esprit ne peut pas agir dans les cœurs. Alors les fidèles
s’ennuient et le prédicateur le voit bien et il s’embête lui aussi. Comme la
plupart n’aiment pas à prêcher! Ils écourtent leurs sermons, ils les suppriment
tant qu’ils peuvent. Aux Etats-Unis les voilà à ne pas prêcher pour trois ou
quatre mois sous prétexte qu’il fait chaud. C’est ridicule! Les gens
s’assemblent dans les théâtres des heures de temps ou dans les champs pour les
amusements en plein soleil ou sur les plages à se faire rôtir par le soleil.
Si les prêtres savaient
qu’il faut l’action du Saint-Esprit après leurs sermons, ils en parleraient
plus souvent et surtout ils donneraient une chance au Saint-Esprit d’agir dans
les cœurs de leurs auditeurs. Ils devraient leur enseigner comment réfléchir
sur le sermon et leur donner le temps pour cela… quand même ce n’est pas la
coutume… Qu’on l’introduise!
Quand je prêchais des
missions au peuple, j’exposais le S.S. après les sermons et là je leur donnais
dix minutes de silence complet pour toute l’église. Nécessairement ils
pensaient au sermon. Le Saint-Esprit évidemment prenait sa chance d’agir en eux
d’après le grand recueillement qu’on observait dans l’église; on sentait que
tous réfléchissaient et priaient.
La grande objection vient
des curés qui ont peur que les gens s’en aillent. Une fois, un curé irlandais
me dit, furieux, après le retour au presbytère: «La mission est finie, les gens
ne reviendront plus, vous ne ferez pas méditer les Américains comme les
Canadiens!». Heureusement je n’avais pas voulu lui parler de ces dix minutes de
réflexion, car il m’aurait certainement défendu d’en parler. Je lui dis pour
toute réponse: «M. le curé, pour votre pénitence, vous serez obligé de charrier
plus de chaises à tous les soirs…», et à tous les soirs les fidèles
augmentaient et le curé charriait des chaises!…
Les missionnaires
philosophes manquaient leur coup. Car le Saint-Esprit remet dans l’esprit des
fidèles ce que le prédicateur a dit pour faire aimer Jésus et pour le faire
vivre dans les cœurs. Ces philosophes qui ne s’adressent qu’à la tête avec
leurs «in se» ne donnent rien à faire au Saint-Esprit. C’est en proportion que
le prédicateur fait la guerre à nos deux amours naturels qu’il aura le
Saint-Esprit pour le seconder dans les cœurs. Mais si on n’attaque pas à fond
de train ces deux amours rivaux de Dieu, comment le Saint-Esprit peut-il donner
l’amour de Dieu? Il ne le fera pas! Quand même les gens méditeraient des heures
de temps! C’est Jésus qui envoie le Saint-Esprit; or il dit que pour le suivre,
Lui, il faut renoncer à soi-même et à l’amour du monde. Ceux qui ne font pas
cela n’auront pas le Saint-Esprit. Est-ce que Saint Jean de la Croix ne dit pas
que pour une seule attache à une créature, on n’aura pas l’intelligence des
choses de Dieu?
Voilà ce qui manque à la
prédication de nos prêtres philosophes dans le monde entier: ils ne font pas la
guerre à nos deux amours naturels, les pires ennemis de l’amour de Dieu, en
nous; voilà pourquoi le Saint-Esprit ne se donne
pas aux catholiques! Nos vieux parents qui étaient pauvres d’esprit et qui
savaient se renoncer étaient plus surnaturels que la plupart des prêtres de nos
jours, tout aux choses de la terre. Le Saint-Esprit agissait dans leur âme
parce qu’ils étaient détachés des folies de la terre. Sans ce détachement,
toute la science de nos savants docteurs philosophes ne dérange pas le
Saint-Esprit.
Or, pour le salut, ce
n’est que la connaissance que le Saint-Esprit produit dans le cœur qui est
utile. C’est elle seule qui passe dans la pratique de la vie. Les prêtres
devraient le savoir et donc instruire les fidèles bien plus sur cette nécessité
de constamment prier le Saint-Esprit pour ses lumières divines. Nos prêtres
manquent donc de deux choses essentielles à l’action du Saint-Esprit. Leur
doctrine n’est que spéculative quand ils devraient donner la théologie pratique
de l’amour surnaturel de Dieu, puis ils ne font pas assez prier le Saint-Esprit
à l’année! Que tous nos savants docteurs en théologie n’oublient pas que toute
leur science ne vaut absolument rien pour le salut du monde si le Saint-Esprit
ne produit pas la science du cœur. Ce qu’il fera d’autant plus que ces docteurs
ne comptent pas du tout sur leur science spéculative. Où sont-ils ces humbles
parmi eux? Espérons qu’il y en a!…
Ainsi les meilleurs
prédicateurs sont ceux qui passent leur vie à vouloir se sanctifier dans
l’amour surnaturel de Dieu et du mépris du monde. Ce sont ceux-là que le
Saint-Esprit éclaire le mieux et leur donne des trouvailles qui vont droit au
cœur des fidèles. Ils font un grand bien surnaturel, parce que le Saint-Esprit
coopère avec eux.
Dans les séminaires et
dans les maisons de formation des religieux, le principal souci est d’acquérir
la seule science de tête et les candidats sont choisis selon leur capacité de
passer des examens au point de vue spéculatif. On ne voit pas de rivalité au
point de vue ascétique et mystique: la sainteté n’est guère appréciée et on
n’en parle pas. On n’entend jamais dire: c’est un saint! Mais souvent: c’est un
premier de classe! C’est un génie! Alors comme on ne cherche pas d’abord le
royaume de Dieu et sa justice, on n’a ni le succès dans les choses de la terre
ni la sainteté.
Parce qu’ils n’ont pas le
culte du Saint-Esprit à la hauteur de leur estime de la science pure, ils font
un beau fiasco dans leurs efforts pour amender le monde. Après des années dans
le ministère, la plupart reculent dans la perfection au lieu d’avancer; ils ne
sont donc pas capables de sanctifier les autres avec leur doctrine qui ne les
sanctifie pas eux-mêmes. Comme ils ne sont pas pris dans le monde de l’amour
divin, ils n’ont pas eu la coopération de l’Esprit de l’amour divin… Voilà
pourquoi rien n’est changé dans la vie des fidèles tout aux choses de la terre
en général.
« QUAND CET ESPRIT
DE VÉRITÉ SERA VENU, IL VOUS ENSEIGNERA TOUTE VÉRITÉ; CAR IL NE PARLERA PAS DE
LUI-MÊME, MAIS IL DIRA TOUT CE QU’IL AURA ENTENDU ET IL VOUS ANNONCERA LES
CHOSES À VENIR; IL ME GLORIFIERA PARCE QU’IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI ET IL
VOUS L’ANNONCERA. TOUT CE QU’A MON PÈRE EST À MOI, C’EST POURQUOI JE VOUS DIS:
IL RECEVRA DE CE QUI EST À MOI ET IL VOUS L’ANNONCERA ».
C’est donc bien vrai que
le Saint-Esprit nous éclairera seulement sur ce qui vient de Jésus, que nous
aurons entendu de Jésus. Il ne révélera pas une nouvelle religion. Il nous
mettra dans le cœur ce que Jésus ou les évangiles pour nous ont mis dans notre
tête. Nous devons donc essayer d’acquérir une connaissance spéculative de
Jésus, c’est nécessaire! Mais il faut ensuite prier le Saint-Esprit, insister
pour avoir ses lumières et ses grâces pour produire dans notre cœur cette
nouvelle science du cœur ou de l’amour qui diffère de la première comme le ciel
de la terre, Dieu de l’homme! Il y a donc un abîme infranchissable à toute
créature entre la science spéculative et la science du cœur. Le Saint-Esprit
seul peut franchir cet espace par sa grâce. Demandons-la donc à deux genoux
tous les jours de notre vie. Donner la science spéculative de la religion et
rester là, comme la masse des prêtres font, est une ignorance crasse et une
sottise! C’est comme dire à des affamés: mangez donc, quand ils n’ont rien à
manger; ou à ceux qui ont froid: chauffez-vous donc! Eux qui n’ont pas de feu!
Que de prêtres disent aux gens d’être purs, d’être saints, etc. et ils ne leur
indiquent pas les moyens pratiques pour cette fin. La théologie spéculative
n’est pas plus faite pour sanctifier que l’air pour nourrir. Est-ce surprenant
que les catholiques soient si mal nourris devant la foi? Qu’ils tombent si
fréquemment dans le péché, faute de nourriture solide et divine?
Il glorifie J.-C. parce
qu’il parle au cœur et qu’il forme en nous J.-C. pour remplacer notre païen.
C’est par cette action du Saint-Esprit qu’on s’enflamme de Jésus, qu’on veut le
vivre, le faire connaître et le faire aimer. Les prédicateurs qui n’arrivent
pas à amouracher les âmes de Jésus montrent qu’ils n’ont pas rempli les
conditions données plus haut pour que le Saint-Esprit agisse en eux. Ils n’en
vivent pas, ils ne peuvent donc pas le donner aux autres. Tout chrétien et tout
prêtre surtout devrait dire avec tout son cœur le Veni Creator ou toute autre
prière au Saint-Esprit au moins sept fois par jour pour s’enflammer d’amour.
« EN VÉRITÉ, JE VOUS
LE DIS: VOUS PLEUREREZ ET VOUS GÉMIREZ ET TOUT LE MONDE SE RÉJOUIRA; VOUS SEREZ
DANS LA TRISTESSE, MAIS VOTRE TRISTESSE SE CHANGERA EN JOIE… QUAND JE VOUS
VERRAI DE NOUVEAU, ET VOTRE CŒUR SE RÉJOUIRA ET PERSONNE NE VOUS RAVIRA VOTRE
JOIE ».
Tous ceux qui veulent les
joies de la vie spirituelle en J.-C., doivent donc se résigner à souffrir, à
pleurer dans leur tristesse. La joie céleste est la récolte des joies
terrestres qu’il faut semer sur la terre. Il faut donc être triste pendant un
temps sur la terre pour se réjouir avec Jésus dans le ciel. C’est donc normal
et c’est nécessaire de passer par toutes sortes de tristesses et d’ennuis pour
arriver au bonheur de J.-C. dans la gloire. Qu’on cesse donc de tout faire pour
éviter les sacrifices et les tristesses de la vie! La quantité du calice de
Jésus que nous boirons sur terre sera la quantité de gloire dans le ciel. Alors
si l’on veut le dernier, il faut vouloir le premier.
Les joies de la terre
passent bien vite, mais la joie surnaturelle d’être avec Jésus demeure
éternellement. Pour laquelle allons-nous travailler à l’avenir?
« JUSQU’ICI, VOUS
N’AVEZ RIEN DEMANDÉ EN MON NOM. DEMANDEZ ET VOUS RECEVREZ, AFIN QUE VOTRE JOIE
SOIT PARFAITE ».
Puisque la joie dont il
parle leur viendra de sa nouvelle vie après la résurrection et par la venue du
Saint-Esprit, il est évident qu’il veut que nous demandions les choses
surnaturelles du ciel. Ailleurs il le dit formellement: cherchez le royaume de
Dieu et sa justice… Il est venu pour nous apporter les biens surnaturels du
ciel, ce sont ceux-là qu’il veut que nous demandions.
Combien ne demandent que
des biens temporels: une bonne position, une guérison, être débarrassé d’un
malcommode, etc. Ne perdons plus notre temps à demander ces choses
insignifiantes quand le bon Dieu nous offre les biens éternels du ciel!
Voyons ce à quoi Dieu
nous destine et demandons en conséquence! Il nous destine à participer à son
activité trinitaire, d’abord dans la foi puis ensuite dans la gloire. Eh bien!
Voilà ce qu’il faut demander avec le plus d’insistance. Demandons une plus
grande participation à la vie divine du Père, ce qui est une augmentation de la
grâce sanctifiante; elle est le fond de toute notre vie surnaturelle. Puis
demandons une augmentation de l’activité du Fils, qui est la Sagesse divine.
Demandons de penser, de parler, et de juger toutes choses et d’agir comme J.-C.
Enfin demandons une augmentation d’amour du Saint-Esprit qui complète le cycle
de l’activité trinitaire.
Enfin demandons une
augmentation de foi, d’espérance et de charité. Puis la grâce insigne de vivre
la vie intérieure de la Sainte Vierge et de l’Humanité de Jésus. Qu’on fasse
des prières au moins tous les jours… et Jésus ne nous dira plus que «jusqu’ici
vous n’avez rien demandé!». Il est certain que le reste sera ajouté par
surcroît.
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