samedi 7 février 2015

Père Onésime Lacouture - 1-26 - La volonté humaine

 
VINGT-QUATRIÈME INSTRUCTION LA VOLONTÉ HUMAINE.
«Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel!»
Plan Remarque Distinction entre: (l’instinct: attraction aveugle (La volonté: attraction libre Son importance.  (pas d’analyse!  (pas d’attache!  (notre citadelle: (pas de crainte!  (quelques textes.  La volonté est: (notre sanctuaire.  Maîtrise de soi-même par l’imagination… 
REMARQUE… Nous allons maintenant étudier le souverain domaine de Dieu dans l’individu ou dans la volonté humaine.  Ces subdivisions des principes surnaturels sont très utiles, car plus on émiette ces principes et plus on y trouve de vie et de sagesse divine dans le concret, comme le corps trouve sa vie en morcelant les vivres qu’il mange!  C’est justement le travail que l’on fait dans la méditation.
LA DISTINCTION…
Entre l’instinct et la volonté est bien nécessaire pour voir clair dans la vie surnaturelle.  Car l’homme est composé d’un corps animal qui a une attraction marquée pour les choses de ce monde tandis que la volonté, à cause de notre destinée surnaturelle, doit se porter de toutes ses forces vers les choses invisibles de la foi.  C’est tout le contraire de l’autre; il faut donc les bien connaître pour suivre la bonne.
L’instinct est une attraction aveugle parce que pas libre pour les choses utiles à la vie du corps ou la répugnance pour ce qui peut lui nuire.  On le dit aveugle parce qu’il ne suit pas la raison, mais simplement l’animal.  Cette attraction ou répulsion vers les choses sensibles de la terre existe toujours dans tout chrétien quelque saint qu’il soit.  Elles lui seront donc une occasion constante de mérite s’il y renonce en esprit de foi.  Il devra lutter contre elles jusqu’à la mort.  La volonté est l’attraction spirituelle et libre qui suit l’intelligence.  Ce qui la distingue surtout de l’instinct, c’est la liberté en plus de sa nature spirituelle difficile à saisir.  Mais il est facile de constater notre liberté.  On met devant moi un billet de banque de mille dollars, je sais que je puis le refuser, si je veux, même quand je pense à toutes les bonnes choses que je pourrais me procurer avec ce billet.  Si ce billet appartenait à un autre, je puis encore le prendre, même en péchant; voilà ce qu’est la liberté de la volonté et Dieu la respecte toujours.  Mais il est évident que Dieu ne veut pas que nous nous servions de notre liberté pour l’offenser, comme l’enseigne St Pierre, 1, 2-16: «Comportez-vous comme des hommes libres, non pour faire de votre liberté un manteau de votre malice, mais comme des serviteurs de Dieu.» Faire sa volonté.  Il nous donne la liberté pour que nous ayons du mérite à le servir librement et lui de la gloire.  Il faut être capable de faire le mal pour avoir de la gloire à faire le bien.  On trouve cette idée dans l’Ecclésiastique, 30-10: «Quel est celui qui a été éprouvé à ce sujet et trouvé sans reproche?  Que cette épreuve lui soit un sujet de gloire!  Qui a pu violer la loi et ne l’a pas violée, faire le mal et ne l’a pas fait?  Sa fortune sera affermie et l’assemblée publiera ses bienfaits.» Il nous donne donc la liberté pour que nous nous soumettions librement, mais que nous le fassions!  C’est pour nous rappeler notre absolue dépendance de lui que Dieu nous a soumis à une foule d’événements que nous devons subir bon gré mal gré.  S’il nous laisse libres, c’est donc parce qu’il le veut et en autant qu’il le veut.  son importance D’après notre destinée surnaturelle nous devons vivre comme si nous étions de purs esprits tout aux choses de Dieu.  Or notre corps ou l’animal en nous garde toutes ses tendances naturelles pour toutes les choses sensibles, sans égard pour notre destinée surnaturelle. 
Le chrétien devra donc faire la guerre à ses attractions animales toute sa vie.  Il faut donc qu’il s’habitue de bonne heure à les distinguer de l’acte de volonté où se trouve le péché ou le mérite.  Ceux qui ne les distinguent pas, ou peu, sont bien exposés à pécher souvent, parce que ces tendances naturelles sont aveugles et donc nous entraînent malgré la raison, ou se font sentir indépendamment d’elle.  Celui qui confond cette attraction avec sa volonté va se dire qu’il ne peut pas résister et il consent au péché.  Tandis que s’il savait que cet attrait est irrésistible dans l’animal, et rien que dans l’animal, mais qu’il peut résister dans sa volonté, il serait plus fort pour ne pas consentir.
Dans certains cas c’est assez facile de distinguer les deux, comme par exemple, si un protestant mange de la viande à côté de moi, un vendredi, je sens bien un attrait pour en manger, mais je refuse par un acte de volonté de suivre mon attrait. 
Mais il y a une foule de tentations où il est extrêmement difficile de les distinguer, même pour des personnes instruites et surnaturelles.  Le meilleur moyen est de s’exercer au sacrifice même des choses permises.  Car chaque fois qu’on rejette une satisfaction quelconque pour l’amour de Dieu, il donne plus de grâce et plus de lumière pour faire le sacrifice suivant et ainsi de suite.  Au lieu de l’instinct animal on développe un espèce d’instinct surnaturel: c’est un meilleur jugement pour distinguer mieux le divin de l’humain et de l’animal.  Les prêtres et les parents devraient exercer les enfants exprès dans des sacrifices en les exposant à des tentations, mais pas à celle contre la pureté, afin d’avoir plus d’occasions de les instruire et de les fortifier à résister aux grandes tentations de la vie.  Autrefois cela se pratiquait bien plus et on formait de vrais chrétiens, surtout cela se faisait dans les communautés.  De nos jours on ne le fait plus pratiquement; aussi quel esprit païen partout!  On dit: il y a assez d’occasions d’exercer la vertu sans en inventer.  Mais les athlètes ne s’exercent pas seulement dans les actions nécessaires et utiles; ils font des exercices uniquement pour s’exercer.  Pourquoi ne pas faire de même dans la vie spirituelle afin de remporter la palme?  St Paul dit que la vie est un concours et qu’il faut s’exercer pour remporter la victoire.  Jésus dit: seuls les violents prennent le ciel.  Eh bien!  Les éducateurs devraient le faire exprès pour exercer les enfants aux différentes vertus chrétiennes.  Évidemment, il faut du tact et de la patience, mais il en faut de cela partout et toujours.  Une mère met une belle pomme devant son enfant et l’exerce à ne pas la toucher ni la manger pour l’amour de Dieu.  Il comprendra bien la leçon; elle le laisse seul pour voir ce qu’il va faire, puis elle l’instruit en conséquence.  Les démons nous tentent surtout en agissant sur la sensibilité et la sensualité pour attirer le consentement de la volonté au péché et le St Esprit agit surtout sur les facultés spirituelles pour nous attirer à choisir les choses de la foi de préférence à celles des sens.  C’est déjà un grand avantage si nous savons déjà distinguer les deux attractions contraires dans notre être.  L’étude des règles pour le discernement des esprits données dans les bons auteurs ascétiques nous aidera beaucoup à mieux discerner l’origine des différents mouvements dans ces deux attractions.  Ainsi les démons favorisent toujours nos attractions sensibles et nous donnent de la répugnance contre toute doctrine qui voudrait nous y soustraire ou nous pousser à les rejeter.
LA VOLONTE EST NOTRE CITADELLE.
Comme les rois mettent leurs trésors dans des forteresses bien protégées, ainsi Dieu a mis notre plus grand trésor, notre volonté, à l’abri de toutes les attaques de nos ennemis; pas une personne au monde ni aucun démon ne peut violenter notre volonté, et Dieu, qui le pourrait, ne le veut pas.  De sorte que nous sommes rois et maîtres dans notre volonté Aussi, c’est là que Dieu a mis notre mérite et sa gloire.  C’est par la volonté que je puis orienter mon activité vers Dieu ou vers les créatures, avec la grâce de Dieu aidant, la rendre surnaturelle de naturelle qu’elle peut être dans l’orientation des motifs.  C’est elle qui accepte les grâces que Dieu nous offre ou qui les refuse.
Une bonne tactique à tenir dans la vie spirituelle est de rester toujours dans la volonté pour tout ce qui nous arrive du dehors d’une façon ou d’une autre et cela dans tous les domaines de la vie; matérielle, animale, spirituelle, intellectuelle et surnaturelle.  Tout de suite acquiesçons à la volonté divine qui se manifeste en arrière de cette chose qui nous vient d’elle, comme nous l’avons déjà expliqué.  Avant de faire quoi que ce soit, commençons toujours par faire cet acte d’union avec Dieu et les démons ne pourront pas faire grand mal contre nous.  C’est tellement vrai que toute la tactique des démons consiste à essayer de nous sortir de notre citadelle ou de la volonté pour nous faire pécher.  Ils essayent de nous faire passer à l’intelligence ou à l’imagination pour nous faire raisonner avec eux; or comme ils sont bien plus intelligents que nous ils ont vite le dessus; ou dans l’imagination, ils ont beau jeu, car ils peuvent l’influencer si facilement en agissant directement sur notre sensibilité.  Comme illustration, donnons l’exemple d’Ève… qui est bien typique.  Les démons sont aussi simples qu’intelligents; ils voient vite les meilleurs moyens pour obtenir leur fin et ils les emploient toujours en général.  Quand Satan demanda à Ève pourquoi elle ne mangeait pas du fruit défendu, elle aurait dû rester dans sa volonté et dire tout simplement: je ne veux pas parce que Dieu ne veut pas et cela me suffit!  Le démon aurait manqué son coup.  Mais il lui pose une question précisément pour la faire sortir de sa citadelle et entrer dans l’intelligence; là comme il est plus fin qu’elle, il a vite eu le dessus et il l’a déterminée à désobéir à Dieu par un péché mortel.  Dieu n’aime pas qu’on discute les raisons de sa volonté et celui qui ose le faire tombe facilement dans le péché comme punition de sa témérité.  Cette volonté divine est parfaitement libre et maîtresse de ses opérations; donc la dernière raison de tout, c’est inutile d’essayer d’aller plus loin.  Elle se suffit à elle-même, étant le premier moteur de tout ce qui existe en ce monde et en l’autre.  N’allons jamais lui demander le pourquoi de ses vouloirs… Eh bien!  la façon d’agir de Satan avec Ève est sa façon ordinaire avec nous tous… et comme nous nous faisons jouer par les démons!  Examinons l’attitude mentale des inférieurs devant un ordre des supérieurs, surtout s’il les prive de quelque bien.  Un tout petit nombre ne disent rien et se soumettent intérieurement à la volonté de Dieu si clairement manifestée par l’ordre des supérieurs et ils obéissent!  Ils sont restés dans leur citadelle de la volonté!  Mais sûrement la plupart en sortent tout de suite pour entrer dans l’intelligence afin de discuter les raisons qui ont motivé les supérieurs et ça ne prend pas de temps qu’ils concluent avec les démons que cet ordre était insensé et donc ne mérite pas qu’on l’exécute… et ces gens n’obéissent pas, ou très mal.  Le démon les joue dans leur intelligence parce qu’il est plus fin qu’eux.  Évidemment c’est bien naturel de vouloir savoir les raisons des ordres des supérieurs; c’est justement pour cela qu’on doit lutter contre cette tendance naturelle.  Dans son péché Satan a suivi le naturel quand Dieu lui demandait de suivre le surnaturel.  Eh bien!  pour nous aussi Dieu veut que nous agissions comme des êtres divins, donc selon le surnaturel et non plus comme des êtres naturels puisque nous ne sommes plus dans l’ordre naturel.  Donc suivons la foi et non plus la raison comme guide, mais comme servante de la foi.  Dans l’obéissance on se sert de la raison pour exécuter l’ordre du supérieur avec son bon sens, mais selon la volonté de Dieu manifestée par cet ordre.  Restons donc dans notre citadelle!  Pour mieux faire à l’avenir, repassons les tendances naturelles qui nous font sortir de la volonté et nous font tromper par les démons.
Pas d’analyse!  C’est un défaut naturel à l’esprit humain de vouloir savoir les raisons de ce que l’homme doit faire.  Dans l’ordre naturel ce serait une qualité à développer et une bonne chose.  Aussi on la trouve chez tous les chrétiens.  Mais nous devrions savoir maintenant que dans l’ordre surnaturel, il nous faut sacrifier une foule de très bonnes choses en soi ou dans l’ordre naturel.  Il n’y a rien de plus naturel que de manger, mais la foi va nous demander par la loi du jeûne de résister à cette tendance bien naturelle.  Rien de plus naturel aussi de se contenter dans les plaisirs de la chair, mais la foi nous défend souvent de suivre cette tendance bien naturelle, etc.  Voilà pourquoi il nous faut nous défaire de cette curiosité naturelle de juger les raisons des supérieurs dans leurs ordres si nous voulons éviter les pièges du démon pour nous faire tomber dans le péché.  C’est une absolue nécessité d’éviter le péché; donc prenons ce bon moyen de l’éviter.
Pour que l’estomac digère les mets qu’on mange, est-ce nécessaire d’en faire l’analyse chimique avant chaque repas?  Pas du tout!  Eh bien!  dans le monde surnaturel, c’est la volonté qui est comme notre estomac, du moment que la volonté reçoit l’ordre du supérieur, sa vie surnaturelle est augmentée indépendamment de l’intelligence.  C’est surtout cela que nous voulons.  Le démon n’a pas de prise sur ceux qui agissent de la sorte.  Mais ceux qui ont la manie de faire des analyses des ordres des supérieurs sont vite les victimes des démons parce que c’est justement là leur champ d’opération.  Quelles subtiles réponses des esprits vont faire aux païens qui posent des questions dans leur tête!  C’est parce que le supérieur a été mal informé!  Il ne connaît pas toute la question!  Ça doit venir d’un tel qui est son conseiller ou son ami, etc.  Restons donc encore une fois dans notre citadelle!  Nous savons déjà que c’est Dieu qui nous mène par nos supérieurs; ce devrait suffire à n’importe qui pour faire la volonté de Dieu par eux.  Or elle ne veut pas être questionnée sur ses vouloirs!  Dieu le veut!  Cela suffit!…
Pas d’attache!  Voici un bon moyen de ne pas nuire à l’acte de la volonté qui veut s’unir à celle de Dieu: c’est de briser autant que possible nos attaches aux différents plaisirs que le monde nous offre.  Nous ne nous arrêterons pas cependant aux attaches aux plaisirs sensibles parce que ceux qui les ont ordinairement sont si loin de la vie spirituelle que la question de l’union de leur volonté avec celle de Dieu ne se pose même pas.  Ces pauvres gens suivent ces attraits et commettent une foule de péchés sans beaucoup se soucier de les éviter tant ils sont loin de l’amour de Dieu.  Nous allons donc parler de ces attaches de l’ordre surnaturel, de ces âmes qui sont tentées par les sept péchés capitaux dans cet ordre de la vie spirituelle.  Car il y a la gourmandise spirituelle de ceux qui recherchent les choses de Dieu pour les consolations plus ou moins sensibles qu’elles apportent parfois à l’âme.  Ces attaches très fréquentes chez les bonnes âmes font un grand tort et les empêchent d’avancer dans le véritable amour de Dieu.  En voici quelques-unes: les louanges, les consolations, les visions et les extases et toutes les autres du même genre.  Comment agir en tout cela?  Que de temps perdu et que de troubles les bonnes âmes se donnent pour chercher l’origine de ces mouvements divers dans l’âme!  Que d’inquiétude pour rien!  Chez les directeurs, que d’embarras dans leurs solutions, que d’hésitations pour donner le bon remède à leurs pénitents ou pénitentes!  Le meilleur remède aux inquiétudes et la meilleure solution pour tous les cas, c’est de donner la doctrine de la citadelle exposée ici.  Que la personne dise tout simplement: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans cette impression, ou ce mouvement que je ressens dans mon âme et que tout finisse là!!!  Tout ce qui vient du dehors dans l’âme n’est qu’une voix qui me crie dans mon désert, comme St JeanBaptiste: préparez la voie du Seigneur qui s’en vient!  et unissez-vous tout de suite à Dieu qui se présente à vous dans ce mouvement de l’âme, peu importe d’où il vient, de Dieu ou du diable, de la grâce ou de la nature.
Que fait-on devant un beau coucher de soleil?  Est-ce qu’on demande à Dieu pourquoi il fait ces belles choses?  On monte de là à Dieu tout de suite: ce coucher de soleil n’est que l’escabeau pour monter au ciel par l’esprit et le cœur.  Cela devrait suffire à n’importe quel chrétien!  Eh bien!  quand une pénitente parlera à son directeur d’une grande consolation qu’elle a eue hier dans sa communion et qu’elle lui demande si elle vient de Dieu ou du diable, qu’il lui dise poliment que ce n’est pas de ses affaires!  Qu’il lui suffise de dire à Dieu: Je veux ce que vous voulez avec cette consolation que vous m’envoyez!  Qu’elle n’aille jamais plus loin!… et qu’elle ne demande jamais plus des analyses de consolations à son directeur; qu’il lui dise qu’il n’est pas un chimiste du tout, mais simplement bon cuisinier qui lui donne des mets à manger tout de suite!  des mets pour sa volonté qui est son estomac spirituel.  Si on pouvait fermer tout ce monde de curiosité intellectuelle dans les choses de Dieu qui nous frappent, quelle bénédiction et pour les dirigés et pour les directeurs!  En dehors de nos cas pratiques, rien n’empêche d’étudier la façon d’agir ordinaire des esprits, comme les auteurs l’expliquent dans les règles du discernement des esprits.  Mais là ce n’est plus la vie spirituelle c’est de l’étude.  Tandis que la vie spirituelle est un banquet où l’on mange le divin, où l’on boit le surnaturel.  Alors quand Dieu vous présente un bonbon, ouvrez la bouche et avalez-le tout de suite sans lui demander où il l’a pris!  S’il vous présente un bon verre de vin spirituel dans une réception qu’il vous donne, buvez votre verre et n’allez jamais lui demander si le diable l’a fait pour lui!  Car il peut!… Les louanges en embarrassent plusieurs, car ceux et celles qui progressent dans la vie spirituelle en reçoivent toujours un peu.  Que faire?  ne raisonnez pas!  Ne demandez pas comment il se fait qu’on vous loue de la sorte: est-ce possible que j’aie ces bonnes qualités qu’on m’attribue?  que j’aie ces vertus qu’on loue en moi?  etc… Vous trottez en dehors de votre citadelle, vous allez vous faire manger par les loups.  Les démons vont vous en donner des raisons de toutes ces louanges.  Les gens ne sont pas fous?  Puisqu’ils te louent ainsi c’est qu’il y a un bon fonctionnement!  Le bon Dieu doit être content de toi?  C’est la sainteté qui commence!  Tu vois, les autres n’en reçoivent pas comme toi, etc… Tout de suite on voit quel bois c’est pour le feu de l’orgueil.  À la première louange on dit: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans cette louange… et n’allez pas plus loin.  Pas d’analyse!  D’ailleurs il ne faut pas aller loin dans la vie spirituelle pour savoir que toute louange annonce un mépris qui s’en vient.  L’agonie suit de près le dimanche des Rameaux!  C’est le même ordre pour nous tous.  Celui qui vous loue sera le même qui vous lancera des pierres bientôt.  Alors pourquoi faire tant de cas des louanges?  Enfin c’est du mérite que nous voulons faire en tout; eh bien!  c’est par l’union de notre volonté avec celle de Dieu qu’est constitué le mérite: ne surveillons que cela!  L’origine de toutes ces choses n’importe pas du tout au point de vue du mérite.  Est-ce que Jésus ne s’est pas fait transporter par St Joseph, sa mère, le Grand-Prêtre Siméon, le St Esprit et le démon?  Jésus avait autant de mérite dans un cas comme dans l’autre, il a fait la volonté de son Père en tous les cas.  Nous pouvons donc l’imiter dans les différents mouvements que Dieu au moyen de n’importe quelle créature, peut susciter dans mon âme.
Il n’y a rien comme cette doctrine pour nous détacher de l’affection de toutes ces choses agréables qui peuvent se rencontrer dans le chemin de la perfection.  Quand je sais que c’est uniquement dans l’union de ma volonté avec celle de Dieu que se trouve le mérite, je ne m’occupe plus du reste.  Donc, seule la volonté de dieu mérite notre affection, pas le plaisir que j’éprouve dans ce qu’il me donne.  Donc ne mettons plus jamais d’importance dans le plaisir.  Alors à quoi bon demander au directeur si mon plaisir vient de Dieu ou du diable?  Cela m’est parfaitement égal!  Que le diable m’en donne tant qu’il voudra!  Je m’unirai à la volonté de Dieu caché dans le chocolat que me donne le diable!  Je n’ai rien à perdre!  Est-ce que Jésus ne s’est pas uni à la volonté de son Père quand le diable lui présenta son calice ou le transporta?  Je puis donc faire de même en tout.  Quand le diable lui montra tous les royaumes avec leur gloire, vraiment ce devait être fameusement beau!  Est-ce que Jésus n’a pas vu là la volonté de son Père?  Donc qu’on ne s’occupe plus du tout de l’origine ni de la nature des mouvements que Dieu suscite en nous par toutes sortes de créatures.  Cela coupe toute attache.  Une personne a eu hier dans une chapelle, à tel endroit, à telle heure, une vraie belle consolation sensible!  Le lendemain, elle va aller à la même place, à la même heure pour attendre son chocolat!  S’il ne vient pas, alors c’est le désappointement, le découragement, Dieu ne l’aime plus!  Il est fâché contre elle, etc… Elle était donc attachée à la consolation, pas à la volonté de Dieu.  Autrement elle n’aurait pas cherché la consolation, mais son union avec Dieu n’importe où, ou n’importe quand.  Puis elle ne serait pas désappointée puisque la volonté de Dieu est partout.  Et dans son dépit il faut qu’elle aille exposer son épreuve à son directeur et qu’il lui dise comment il se fait qu’elle n’a pas eu son chocolat ce matin!… S’il est aussi païen qu’elle, on voit tout de suite la belle bouillie qu’il va lui donner pour la consoler… et c’est toujours à recommencer!  La même doctrine s’applique aux bonnes choses qui nous viennent des personnes: ne leur donnons pas notre affection pour leurs bienfaits, mais gardons tous notre coeur pour Dieu seul.  Il faut être poli et reconnaissant, c’est clair, mais ne nous laissons pas prendre le coeur par les chocolats que les gens nous donnent.  Combien de pauvres filles ont été trompées par des hommes si généreux!  si gentils!  Elles se sont laissé prendre par un amour naturel au lieu de ne voir que Dieu en arrière d’eux et elles sont tombées dans le péché.  Elles auraient dû penser que Dieu a des présents autrement splendides que ceux des hommes et qu’elles devaient vivre uniquement pour se les assurer ces présents célestes.  Gardons notre cœur libre de toute attache même aux bonnes personnes et aux bonnes choses de la terre.  Dieu seul mérite tout notre coeur et notre amour!  Ne nous attachons qu’à la volonté de Dieu dans tout ce qui se présente et pas du tout à son messager, qu’il soit bon ou méchant, joli ou laid, peu importe: prenons le message et laissons le messager s’en aller, lui!  Eh bien!  toutes les créatures ne sont que des messagers de Dieu nous apportant l’expression de la volonté de Dieu pour s’unir la nôtre; là seulement est notre amour de Dieu et notre mérite; surveillons-là!  Que de directeurs sont embarrassés avec les visionnaires et les extatiques… quand il y en a!  Pourtant ce n’est pas si difficile si on applique la recette qu’on donne ici: c’est le seul moyen sûr et pratique de tirer parti de ces choses.  Autrement on n’en finit plus si on veut les connaître intimement.  Voici une personne qui semble avoir eu quelque chose de ce genre et elle me demande si ce mouvement vient de Dieu ou du diable.  Or elle a peut-être rêvé son extase, elle a pu se l’imaginer vivement, c’est peut-être le démon ou ce peut être Dieu!  Je plains le confesseur qui s’attelle pour tirer cela au clair!… et la pauvre victime va passer par toutes les trances possibles en attendant le verdict de son confesseur.  Quelle joie s’il est favorable!  et quelle angoisse s’il dit qu’elle est folle ou qu’elle est la victime du démon!  Le mieux est de lui donner la doctrine présente et d’aiguiller son esprit uniquement sur la volonté de Dieu dans son rêve, son imagination, sa vision ou son extase; ce devrait être assez pour elle.  De cette façon elle ne perd rien avec les extases du diable et elle gagne du mérite et de l’amour de Dieu; cela devrait lui suffire!  Avec le temps, sans lui en parler, que le confesseur essaye de juger en dehors de la confession l’origine de ces mouvements, il n’y a aucun inconvénient, et s’il découvre que c’est vraiment le démon, il essaiera de la pousser tellement du côté de l’humilité que le démon perde espérance de la perdre par orgueil.  Dès que le confesseur commence à discuter la chose avec elle au confessionnal elle en fait un grand cas puisque le confesseur la questionne tant et il y a grand danger qu’elle s’attache à ses extases et qu’elle en conçoive de l’orgueil.
Pas de crainte!  dans les diverses épreuves que Dieu envoie pour nous détacher des créatures et de nous-mêmes, comme la sécheresse, le dégoût des choses spirituelles, les tentations de toutes sortes et contre toutes les vertus; enfin cela peut aller jusqu’au désespoir.  Le premier mouvement est la peur: peur de déplaire à Dieu, peur de l’offenser, peur d’être abandonné de lui, enfin peur de l’enfer en manquant son salut.  Les gens sont tout de suite portés à raisonner comme dans les choses agréables; ils se mettent à faire des analyses de ces différents mouvements.  Le mieux est encore de faire ici comme dans les autres cas: dire tout simplement: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans cette épreuve qui m’arrive.  Je vous l’offre pour l’expiation de mes péchés et pour le salut du monde en union avec la passion de J-C.  Pour simplifier la compréhension de ces divers états d’âme, on peut dire que Dieu fait passer l’âme dans les choses spirituelles comme il fait passer l’homme dans les choses terrestres.  Ainsi il y a la mer, les déserts, les climats froids et les chauds, les jours de pluie et de beau soleil, etc.  Eh bien!  tout cela se retrouve dans la vie spirituel et c’est le même Dieu qui fait les unes et les autres et il faut faire sa volonté dans les deux à mesure qu’elles se présentent à nous.  Comme cette idée facilite aussi la direction spirituelle.  Voici une bonne âme qui s’amène en se disant dans un équilibre instable: son âme est ballottée de tous côtés; elle a des moments de ferveur, puis de la tiédeur, des accès de joie puis de la peine; elle voudrait enfin une vie plus stable, plus ferme.  Que faire?  Elle n’a qu’à dire à Dieu: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans cette vie agitée… et qu’elle attende le calme.  Dieu lui fait faire un voyage en mer!  Combien long?  Ce n’est pas de ses affaires!  Tout dépend de la grandeur de l’océan et de la vitesse de son bateau!  Mais est-ce qu’elle ne peut pas s’unir à Dieu aussi bien en faisant ces plongeons que sur la terre?  Aimez vos vagues que Dieu sillonne comme il sillonne les airs.  Si c’est Dieu seul qu’elle cherche, elle l’a aussi bien en mer que sur terre!
Une autre se plaint de sa sécheresse.  C’est bien simple, elle traverse un désert et là, c’est toujours sec.  Est-ce que ce sont des plantes et des fleurs qu’elle veut ou Dieu?  Si elle se plaint dans son désert, c’est donc qu’elle veut de la verdure… pas Dieu.  Mais si c’est Dieu, il habite les déserts comme les prairies verdoyantes!  Elle veut aussi savoir quand cela va finir.  Si ce n’était pas des fleurs qu’elle cherchait elle ne demanderait pas même cette question.  Elle serait aussi heureuse avec Dieu au désert que dans ses belles prairies.  Une autre est triste et pleure souvent!  Elle aussi voudrait savoir si Dieu l’a abandonnée.  Comme si Dieu n’était pas aussi bien dans la pluie que dans le soleil!  Encore une qui cherche des chocolats et non Dieu seul!  On veut bien l’aimer, mais aussi ses créatures!  On veut plaire à Dieu, mais on veut en jouir tout de suite… Tous ces pauvres gens sortent de leur citadelle pour courir après les fleurs et les papillons, et les démons comme des loups, les attendent là et les font tomber dans toutes sortes d’imperfections et même de fautes, parce qu’ils ne sont pas détachés des créatures ni d’eux-mêmes; ils se préfèrent à Dieu sans trop le savoir, mais quand même le fait est là qui leur nuit énormément dans la vie spirituelle.  Que ce soit réglé pour l’avenir en autant que nous le pouvons, avec la grâce de Dieu, que nous chercherons uniquement la volonté de Dieu dans tout ce qui nous arrive d’agréable ou de désagréable.  Cette recette peut être utile pour les scrupuleux.  Dieu les aveugle dans leurs cas de conscience et ils s’acharnent tous à voir clair.  C’est comme exiger le lever du soleil à minuit.  Par exemple, ils viennent de toucher une poignée de porte et ils croient que c’est un péché mortel, pourtant ce n’est pas péché, pourtant c’est péché… et plus ils y pensent et plus ils sont embrouillés.  Leur refuge serait de dire au bon Dieu: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans ces ténèbres de ma conscience et je regrette mon péché tel que vous le voyez!  Puis ils ne peuvent pas aller plus loin: qu’ils restent là embrouillés.  Mais, eux aussi veulent leur propre satisfaction plutôt que la volonté de Dieu.  Est-ce qu’on ne peut pas aimer Dieu aussi pendant une tempête épouvantable que dans le calme?  Eh bien!  qu’ils restent dans leur citadelle, dans l’acte d’union avec Dieu dans leurs angoisses de conscience que Dieu veut directement.  Le bon Dieu nous fait passer par toutes ces vicissitudes pour nous purifier de tout naturel, surtout de l’amour des créatures.  Nous en sommes saturés par nature et Dieu veut maintenant que nous mettions tout notre amour en lui seul; c’est un travail énorme que nous ne pouvons pas faire seuls, même avec la meilleure bonne volonté.  Il faut de l’exercice pratique de détachement pour s’en défaire et cela va prendre toute la vie facilement.  Un bon moyen pour nous aider dans ce détachement, c’est de remarquer où et quand nous sommes attachés.  Eh bien!  voici quelques signes.  Quand on se livre à une grande joie pour un bien qui nous arrive, il faut bien examiner pourquoi nous nous réjouissons: est-ce bien pour l’amour de Dieu ou pour notre amour-propre?  Ce n’est pas facile à discerner!  Que de naturel peut se glisser là, même à notre insu!  Tout de même il est bon de protester que ce n’est que pour faire la volonté de Dieu que nous acceptons cette consolation.
Alors que va faire Dieu pour nous le montrer exactement?  Il va nous enlever ce bien.  Si nous nous lamentons, si nous avons une grosse peine, c’est une preuve qu’il y avait du naturel dans la même proportion.  Car en perdant ce bien passager, nous n’avons sûrement rien perdu de Dieu.  Notre peine ne vient donc pas de Dieu, mais de son échantillon que nous aimions beaucoup.  Pour notre instruction les épreuves sont plus utiles que les bienfaits, parce qu’elles séparent plus clairement pour notre esprit la part que le païen y prenait.  Appliquons cette doctrine dans nos rapports avec les personnes qui nous apportent des consolations et des épreuves.  Par exemple, vous êtes vif et Dieu vous met avec un lambin; respectez la volonté de Dieu dans ce lambin et ne le disputez pas; vous ne le changerez jamais!  C’est à vous à changer votre mentalité pour faire la volonté de Dieu dans vos rapports avec le prochain lambin du bon Dieu.  Vous êtes propre et vous vivez avec des gens qui ne le sont pas, faites votre sacrifice dès le commencement et unissez-vous à la volonté de Dieu qui vous met là pour faire sa volonté uniquement pour des motifs surnaturels.  Voilà donc la façon d’agir dans toutes les différentes rencontres de la vie pour avoir le maximum de mérite devant Dieu.
Quelques textes: St F.  de Sales, ses lettres, p.  84: «Ma fille, vous faites toujours trop de considération et d’examen pour connaître d’où ces sécheresses vous arrivent.  Si elles arrivent de vos fautes encore ne faudrait-il pas pour cela vous en inquiéter, mais avec une très simple et très douce humilité les rejeter et puis vous remettre entre les mains de Dieu afin qu’il vous en fît porter la peine ou qu’il vous les pardonnât selon qu’il lui plairait.  Il ne faut être si curieuse que de vouloir savoir d’où procèdent les diversités d’état de vie: il faut être soumis à tout ce que dieu en ordonne et s’arrêter là!» St J.  de la Croix.  M.  du C., L.  2; ch.  10: «Il faut savoir que si tous ces effets qui peuvent se produire dans les sens corporels ont Dieu pour auteur, on ne doit jamais les regarder avec sécurité et les accepter; il faut plutôt les fuir complètement, sans même chercher à examiner s’il procède du bon ou du mauvais principe… il se trompe donc beaucoup celui qui estime ces sortes de faveurs et il se met dans un grand danger de tomber dans l’illusion; du moins il mettra en lui un empêchement absolu à devenir spirituel… supposé que quelques-unes de ces faveurs viennent de Dieu, on ne lui fait pas injure en les repoussant et on ne manque pas pour cela de recevoir l’effet et le fruit que Dieu se proposait de produire dans l’âme par ce moyen.» L.  11, ch.  17: «En agissant ainsi on se délivre du travail nécessaire pour discerner les visions vraies des fausses… travail qui ne va pas sans péril, examen superflu où il n’y a d’autre profit pour l’âme que perte de temps et inquiétude.  Cet examen expose encore l’âme à de nombreuses imperfections, entrave sa marche progressive, en ne l’affranchissant pas des minuties de ces connaissances et de ces intelligences particulières.» St F.  de Sales a une belle parole qui résume tout: «Il vaut mieux chercher le Dieu des consolations que les consolations de Dieu.» Comme la direction serait simplifiée si toutes les bonnes âmes prenaient ce moyen si simple et si efficace pour avoir la paix de l’âme en même temps que tout son mérite.  notre sanctuaire.
Ma volonté devient comme mon sanctuaire où j’immole toute la créature qui vient en contact avec moi: je sacrifie toutes les créatures sur l’autel de ma volonté.  À mesure que la Providence me les présente je les rejette pour leur préférer Dieu… et cela des milliers de fois par jour!  Nous faisons tout le contraire de ce que Satan a demandé à Jésus.  Il lui dit: Je te donnerai toutes ces choses si tu veux m’adorer… Nous faisons plutôt comme Jésus et l’on dit à Dieu dans le détail ce que Jésus dit dans l’ensemble: Je préfère Dieu à toutes ces créatures.  Nous lui sacrifions donc tout l’univers sur l’autel de notre volonté.  Elle est donc vraiment notre sanctuaire.  C’est en elle et avec elle et par elle que nous rendons à Dieu tous les services que notre condition de créatures exige de nous, comme de le louer, l’adorer, le bénir, le prier, le connaître et l’aimer.  Est-ce que cet acte unique de toujours s’unir à la volonté de Dieu ne deviendra pas monotone?  Non, quand on sait que là est tout notre mérite, notre paix intérieure, notre véritable bonheur et notre amour pour Dieu.  Toute notre bienheureuse éternité est dans cet acte; il est donc le plus profitable que nous puissions exercer constamment.  Comme l’amour est dans la volonté on sait que l’amour ne se fatigue pas de ces actes d’amour.  C’est là adorer Dieu en esprit et en vérité, comme Jésus disait à la Samaritaine.  Enfin, la preuve est dans ce fait que pratiquement toute la providence de Dieu est organisée dans l’ordre surnaturel pour détacher la volonté des biens périssables afin donc de l’avoir toujours et partout pour lui… Rien comme cette pratique pour faire descendre les dons du St Esprit dans une âme si unie à Dieu en tout.  L’on sait qu’avec les dons c’est le progrès assuré dans la perfection.  Quel bonheur résulte de cette pratique!  Quand les contrariétés nous aident à nous unir à Dieu, à augmenter notre mérite, qu’est-ce qui peut nous faire de la peine?  Que Dieu nous donne la grâce de voir sa divine sagesse dans cette recette si simple et si efficace pour la sainteté, puisqu’elle nous fait adhérer à Dieu constamment, en tout.  Demandons à la Ste Vierge cette même grâce!!!       maîtrise de soi-même par l’imagination…
Contrairement à ce qu’on croit c’est toujours l’imagination qui l’emporte sur la volonté, sans exception!  N’importe qui peut marcher sur un madrier à terre, mais combien peu le pourraient sur un madrier très élevé?  L’imagination donnerait le vertige malgré la volonté de ne pas tomber.  Que de malheureux font le mal malgré eux!  Les ivrognes, les voleurs, les impudiques, ils laissent leur imagination s’occuper de ces choses et ils les font!
Dès que ces plaisirs se présentent, tout chrétien devrait aiguiller son imagination sur les plaisirs correspondants dans le ciel, s’y arrêter pour se les représenter vivement à l’imagination… et ils les voudraient ces plaisirs célestes au lieu des plaisirs sensibles de la terre.  On domine son imagination par l’autosuggestion.  Il faut se persuader qu’on peut faire telle chose, ou que telle autre arrivera, etc.  Par exemple, on ressent une douleur quelconque: si on s’imagine qu’elle augmente ou qu’elle ne partira pas, elle reste et augmente!  Tandis que si on dit: elle diminue, elle s’en va!… de fait elle diminue et s’en va… Que de personnes sont malades ou malheureuses parce qu’elles s’imaginent l’être!  La neurasthénie, le bégaiement, les phobies et les peurs de toutes sortes, certaines paralysies, l’asthme, les rhumatismes, etc… peuvent disparaître en s’imaginant le contraire!  Toute imagination se traduit vite en acte.  Ceux qui rêvent aux choses impures y tombent vite.  Il s’agit de les sortir de la volonté?  non, pas du tout, mais de l’imagination!… La gêne de paraître devant le monde, les serrements du coeur devant le public, des tremblements devant le monde, etc.  disparaissent vite du moment qu’on s’imagine qu’on a moins peur, que tout va mieux, qu’on n’a plus peur!  Si on déteste une personne, se dire: Je suis capable de la moins haïr, de ne pas la haïr et même de l’aimer… et l’on réussit vite.  Que les mots: c’est difficile, c’est impossible, je ne puis pas, c’est plus fort que moi!  disparaissent de votre vocabulaire.  Il faut les remplacer justement par le contraire: Je veux, c’est facile, c’est possible, etc.  La chose devient ce qu’on s’imagine qu’elle est.  Il existe en nous deux individus absolument distincts l’un de l’autre: tous deux sont intelligents, mais l’un est inconscient et l’autre est conscient, c’est pourquoi son existence passe généralement inaperçue.  Le somnambule agit selon son inconscient tout en montrant de l’intelligence.  L’inconscient est pourvu d’une mémoire merveilleuse, impeccable, qui enregistre à notre insu les moindres détails de notre vie.  Il est fort crédule et accepte sans raisonner ce qu’on lui dit.  Comme c’est lui qui préside au fonctionnement de tous nos organes par l’intermédiaire du cerveau, il se produit ce fait que s’il croit que tel ou tel organe fonctionne mal ou bien, que nous ressentons telle ou telle impression, cet organe en effet fonctionne bien ou mal, ou bien nous ressentons telle ou telle impression.  Il préside aussi à l’accomplissement de toutes nos actions.
On peut corriger les vices ou les défauts des enfants par cette méthode.  On peut même agir pendant leur sommeil.  On se met près du lit où l’enfant dort et l’on répète à mi-voix pour que ses oreilles entendent, mais sans l’éveiller, par exemple: Tu ne voleras plus!  Tu obéiras à papa et à maman!  Tu ne mouilleras plus ton lit!  Tu seras toujours joyeux!  etc., et l’enfant fera ce qu’on lui a dit ainsi.  Chaque fois qu’on ressent une souffrance physique ou morale, s’affirmer immédiatement à soi-même qu’on va la faire disparaître, puis s’isoler, fermer les yeux, et, se passant la main sur le front, s’il s’agit de quelque chose de moral, ou sur la partie douloureuse, s’il s’agit du physique, répéter extrêmement vite sur les lèvres, les mots: ça passe!  ça va mieux!, etc.  aussi longtemps que cela est nécessaire.  Avec un peu d’habitude on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes!
C’est la même méthode pour agir sur un autre par autosuggestion.  Comment agit la suggestion?  Il suffit de savoir que l’inconscient est le grand directeur de toutes nos fonctions.  Faisons-lui croire que tel organe, qui fonctionne mal, doit bien fonctionner; instantanément il lui en transmet l’ordre et celui-ci, obéissant docilement, sa fonction redevient normale, soit immédiatement, soit peu à peu.  Ainsi par autosuggestion on peut faire disparaître des hémorragies, la constipation, la paralysie, des tumeurs, des lésions tuberculeuses, toutes les phobies et les peurs et les tremblements, etc… Ce ne sont pas les années qui font la vieillesse, mais bien l’idée qu’on devient vieux!
Il vaut mieux ne pas savoir d’où vient le mal et le faire passer, que de le savoir et de le conserver!  Ne dites jamais: Je vais essayer de faire disparaître ce mal, mais bien: je vais le faire disparaître, car lorsqu’il y a doute, il n’y a pas de résultat.  Soyons calmes, doux, bienveillants et sûrs de nous-mêmes.
Craindre la maladie ou tout autre chose, c’est la déterminer!  C’est une grave erreur de dire aux gens de faire l’éducation de la volonté!  c’est l’éducation de leur imagination qu’il faut faire!  C’est inutile de dire: je ne veux pas faire ce mal, si on continue d’y penser, de le garder dans l’imagination… on le fera!  Qu’on mette à la place de cet échantillon, le plaisir correspondant du ciel et là appliquons-y notre imagination, et c’est celui du ciel que nous voudrons.  Les grands pourvoyeurs de l’imagination sont les yeux.  Voilà pourquoi les saints recommandent tant la garde des yeux.  Actuellement, est-ce que les gens ne sont pas ce qu’ils voient dans les vues qui alimentent leur imagination?  Comme les enfants sont tout ce qu’ils voient là!  et ils feront tout ce qu’ils voient là!  Nous sommes ce que nous faisons.  Nos pensées habituelles se concrétisent vite.  Quiconque part dans la vie avec l’idée: j’arriverai… arrive!  Celui qui ne fait pas de rêves d’avenir ne réussit à rien.  Quand j’étais jeune je voulais voyager: j’y rêvais souvent; je m’imaginais traverser les mers, parcourir les continents, etc… et j’ai tout vu ce que je voulais voir dans mon jeune âge!… Donnons un repos à la volonté et cultivons l’imagination qui met en branle notre inconscient qui préside à toutes nos fonctions vitales!  et la volonté voudra ce que l’imagination lui présentera…

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