VINGT-QUATRIÈME
INSTRUCTION LA VOLONTÉ HUMAINE.
«Que
votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel!»
Plan
Remarque Distinction entre: (l’instinct: attraction aveugle (La volonté:
attraction libre Son importance. (pas
d’analyse! (pas d’attache! (notre citadelle: (pas de crainte! (quelques textes. La volonté est: (notre sanctuaire. Maîtrise de soi-même par l’imagination…
REMARQUE…
Nous allons maintenant étudier le souverain domaine de Dieu dans l’individu ou
dans la volonté humaine. Ces
subdivisions des principes surnaturels sont très utiles, car plus on émiette
ces principes et plus on y trouve de vie et de sagesse divine dans le concret,
comme le corps trouve sa vie en morcelant les vivres qu’il mange! C’est justement le travail que l’on fait dans
la méditation.
LA
DISTINCTION…
Entre
l’instinct et la volonté est bien nécessaire pour voir clair dans la vie
surnaturelle. Car l’homme est composé
d’un corps animal qui a une attraction marquée pour les choses de ce monde
tandis que la volonté, à cause de notre destinée surnaturelle, doit se porter
de toutes ses forces vers les choses invisibles de la foi. C’est tout le contraire de l’autre; il faut
donc les bien connaître pour suivre la bonne.
L’instinct
est une attraction aveugle parce que pas libre pour les choses utiles à la vie
du corps ou la répugnance pour ce qui peut lui nuire. On le dit aveugle parce qu’il ne suit pas la
raison, mais simplement l’animal. Cette
attraction ou répulsion vers les choses sensibles de la terre existe toujours
dans tout chrétien quelque saint qu’il soit.
Elles lui seront donc une occasion constante de mérite s’il y renonce en
esprit de foi. Il devra lutter contre
elles jusqu’à la mort. La volonté est
l’attraction spirituelle et libre qui suit l’intelligence. Ce qui la distingue surtout de l’instinct,
c’est la liberté en plus de sa nature spirituelle difficile à saisir. Mais il est facile de constater notre
liberté. On met devant moi un billet de
banque de mille dollars, je sais que je puis le refuser, si je veux, même quand
je pense à toutes les bonnes choses que je pourrais me procurer avec ce
billet. Si ce billet appartenait à un
autre, je puis encore le prendre, même en péchant; voilà ce qu’est la liberté
de la volonté et Dieu la respecte toujours.
Mais il est évident que Dieu ne veut pas que nous nous servions de notre
liberté pour l’offenser, comme l’enseigne St Pierre, 1, 2-16: «Comportez-vous
comme des hommes libres, non pour faire de votre liberté un manteau de votre
malice, mais comme des serviteurs de Dieu.» Faire sa volonté. Il nous donne la liberté pour que nous ayons
du mérite à le servir librement et lui de la gloire. Il faut être capable de faire le mal pour
avoir de la gloire à faire le bien. On
trouve cette idée dans l’Ecclésiastique, 30-10: «Quel est celui qui a été
éprouvé à ce sujet et trouvé sans reproche?
Que cette épreuve lui soit un sujet de gloire! Qui a pu violer la loi et ne l’a pas violée,
faire le mal et ne l’a pas fait? Sa
fortune sera affermie et l’assemblée publiera ses bienfaits.» Il nous donne donc
la liberté pour que nous nous soumettions librement, mais que nous le fassions! C’est pour nous rappeler notre absolue
dépendance de lui que Dieu nous a soumis à une foule d’événements que nous
devons subir bon gré mal gré. S’il nous
laisse libres, c’est donc parce qu’il le veut et en autant qu’il le veut. son importance D’après notre destinée
surnaturelle nous devons vivre comme si nous étions de purs esprits tout aux
choses de Dieu. Or notre corps ou
l’animal en nous garde toutes ses tendances naturelles pour toutes les choses
sensibles, sans égard pour notre destinée surnaturelle.
Le
chrétien devra donc faire la guerre à ses attractions animales toute sa
vie. Il faut donc qu’il s’habitue de
bonne heure à les distinguer de l’acte de volonté où se trouve le péché ou le
mérite. Ceux qui ne les distinguent pas,
ou peu, sont bien exposés à pécher souvent, parce que ces tendances naturelles
sont aveugles et donc nous entraînent malgré la raison, ou se font sentir
indépendamment d’elle. Celui qui confond
cette attraction avec sa volonté va se dire qu’il ne peut pas résister et il
consent au péché. Tandis que s’il savait
que cet attrait est irrésistible dans l’animal, et rien que dans l’animal, mais
qu’il peut résister dans sa volonté, il serait plus fort pour ne pas consentir.
Dans
certains cas c’est assez facile de distinguer les deux, comme par exemple, si
un protestant mange de la viande à côté de moi, un vendredi, je sens bien un
attrait pour en manger, mais je refuse par un acte de volonté de suivre mon
attrait.
Mais
il y a une foule de tentations où il est extrêmement difficile de les
distinguer, même pour des personnes instruites et surnaturelles. Le meilleur moyen est de s’exercer au
sacrifice même des choses permises. Car
chaque fois qu’on rejette une satisfaction quelconque pour l’amour de Dieu, il
donne plus de grâce et plus de lumière pour faire le sacrifice suivant et ainsi
de suite. Au lieu de l’instinct animal
on développe un espèce d’instinct surnaturel: c’est un meilleur jugement pour
distinguer mieux le divin de l’humain et de l’animal. Les prêtres et les parents devraient exercer
les enfants exprès dans des sacrifices en les exposant à des tentations, mais
pas à celle contre la pureté, afin d’avoir plus d’occasions de les instruire et
de les fortifier à résister aux grandes tentations de la vie. Autrefois cela se pratiquait bien plus et on
formait de vrais chrétiens, surtout cela se faisait dans les communautés. De nos jours on ne le fait plus pratiquement;
aussi quel esprit païen partout! On dit:
il y a assez d’occasions d’exercer la vertu sans en inventer. Mais les athlètes ne s’exercent pas seulement
dans les actions nécessaires et utiles; ils font des exercices uniquement pour
s’exercer. Pourquoi ne pas faire de même
dans la vie spirituelle afin de remporter la palme? St Paul dit que la vie est un concours et
qu’il faut s’exercer pour remporter la victoire. Jésus dit: seuls les violents prennent le
ciel. Eh bien! Les éducateurs devraient le faire exprès pour
exercer les enfants aux différentes vertus chrétiennes. Évidemment, il faut du tact et de la
patience, mais il en faut de cela partout et toujours. Une mère met une belle pomme devant son
enfant et l’exerce à ne pas la toucher ni la manger pour l’amour de Dieu. Il comprendra bien la leçon; elle le laisse
seul pour voir ce qu’il va faire, puis elle l’instruit en conséquence. Les démons nous tentent surtout en agissant
sur la sensibilité et la sensualité pour attirer le consentement de la volonté
au péché et le St Esprit agit surtout sur les facultés spirituelles pour nous
attirer à choisir les choses de la foi de préférence à celles des sens. C’est déjà un grand avantage si nous savons
déjà distinguer les deux attractions contraires dans notre être. L’étude des règles pour le discernement des
esprits données dans les bons auteurs ascétiques nous aidera beaucoup à mieux
discerner l’origine des différents mouvements dans ces deux attractions. Ainsi les démons favorisent toujours nos
attractions sensibles et nous donnent de la répugnance contre toute doctrine
qui voudrait nous y soustraire ou nous pousser à les rejeter.
LA
VOLONTE EST NOTRE CITADELLE.
Comme
les rois mettent leurs trésors dans des forteresses bien protégées, ainsi Dieu
a mis notre plus grand trésor, notre volonté, à l’abri de toutes les attaques
de nos ennemis; pas une personne au monde ni aucun démon ne peut violenter
notre volonté, et Dieu, qui le pourrait, ne le veut pas. De sorte que nous sommes rois et maîtres dans
notre volonté Aussi, c’est là que Dieu a mis notre mérite et sa gloire. C’est par la volonté que je puis orienter mon
activité vers Dieu ou vers les créatures, avec la grâce de Dieu aidant, la
rendre surnaturelle de naturelle qu’elle peut être dans l’orientation des
motifs. C’est elle qui accepte les
grâces que Dieu nous offre ou qui les refuse.
Une
bonne tactique à tenir dans la vie spirituelle est de rester toujours dans la
volonté pour tout ce qui nous arrive du dehors d’une façon ou d’une autre et
cela dans tous les domaines de la vie; matérielle, animale, spirituelle,
intellectuelle et surnaturelle. Tout de
suite acquiesçons à la volonté divine qui se manifeste en arrière de cette
chose qui nous vient d’elle, comme nous l’avons déjà expliqué. Avant de faire quoi que ce soit, commençons
toujours par faire cet acte d’union avec Dieu et les démons ne pourront pas
faire grand mal contre nous. C’est
tellement vrai que toute la tactique des démons consiste à essayer de nous
sortir de notre citadelle ou de la volonté pour nous faire pécher. Ils essayent de nous faire passer à
l’intelligence ou à l’imagination pour nous faire raisonner avec eux; or comme
ils sont bien plus intelligents que nous ils ont vite le dessus; ou dans
l’imagination, ils ont beau jeu, car ils peuvent l’influencer si facilement en
agissant directement sur notre sensibilité.
Comme illustration, donnons l’exemple d’Ève… qui est bien typique. Les démons sont aussi simples
qu’intelligents; ils voient vite les meilleurs moyens pour obtenir leur fin et
ils les emploient toujours en général.
Quand Satan demanda à Ève pourquoi elle ne mangeait pas du fruit
défendu, elle aurait dû rester dans sa volonté et dire tout simplement: je ne
veux pas parce que Dieu ne veut pas et cela me suffit! Le démon aurait manqué son coup. Mais il lui pose une question précisément
pour la faire sortir de sa citadelle et entrer dans l’intelligence; là comme il
est plus fin qu’elle, il a vite eu le dessus et il l’a déterminée à désobéir à
Dieu par un péché mortel. Dieu n’aime
pas qu’on discute les raisons de sa volonté et celui qui ose le faire tombe
facilement dans le péché comme punition de sa témérité. Cette volonté divine est parfaitement libre
et maîtresse de ses opérations; donc la dernière raison de tout, c’est inutile
d’essayer d’aller plus loin. Elle se
suffit à elle-même, étant le premier moteur de tout ce qui existe en ce monde
et en l’autre. N’allons jamais lui
demander le pourquoi de ses vouloirs… Eh bien!
la façon d’agir de Satan avec Ève est sa façon ordinaire avec nous tous…
et comme nous nous faisons jouer par les démons! Examinons l’attitude mentale des inférieurs
devant un ordre des supérieurs, surtout s’il les prive de quelque bien. Un tout petit nombre ne disent rien et se
soumettent intérieurement à la volonté de Dieu si clairement manifestée par
l’ordre des supérieurs et ils obéissent!
Ils sont restés dans leur citadelle de la volonté! Mais sûrement la plupart en sortent tout de
suite pour entrer dans l’intelligence afin de discuter les raisons qui ont
motivé les supérieurs et ça ne prend pas de temps qu’ils concluent avec les
démons que cet ordre était insensé et donc ne mérite pas qu’on l’exécute… et
ces gens n’obéissent pas, ou très mal.
Le démon les joue dans leur intelligence parce qu’il est plus fin
qu’eux. Évidemment c’est bien naturel de
vouloir savoir les raisons des ordres des supérieurs; c’est justement pour cela
qu’on doit lutter contre cette tendance naturelle. Dans son péché Satan a suivi le naturel quand
Dieu lui demandait de suivre le surnaturel.
Eh bien! pour nous aussi Dieu
veut que nous agissions comme des êtres divins, donc selon le surnaturel et non
plus comme des êtres naturels puisque nous ne sommes plus dans l’ordre
naturel. Donc suivons la foi et non plus
la raison comme guide, mais comme servante de la foi. Dans l’obéissance on se sert de la raison
pour exécuter l’ordre du supérieur avec son bon sens, mais selon la volonté de
Dieu manifestée par cet ordre. Restons
donc dans notre citadelle! Pour mieux
faire à l’avenir, repassons les tendances naturelles qui nous font sortir de la
volonté et nous font tromper par les démons.
Pas
d’analyse! C’est un défaut naturel à
l’esprit humain de vouloir savoir les raisons de ce que l’homme doit
faire. Dans l’ordre naturel ce serait
une qualité à développer et une bonne chose.
Aussi on la trouve chez tous les chrétiens. Mais nous devrions savoir maintenant que dans
l’ordre surnaturel, il nous faut sacrifier une foule de très bonnes choses en
soi ou dans l’ordre naturel. Il n’y a
rien de plus naturel que de manger, mais la foi va nous demander par la loi du
jeûne de résister à cette tendance bien naturelle. Rien de plus naturel aussi de se contenter
dans les plaisirs de la chair, mais la foi nous défend souvent de suivre cette
tendance bien naturelle, etc. Voilà
pourquoi il nous faut nous défaire de cette curiosité naturelle de juger les
raisons des supérieurs dans leurs ordres si nous voulons éviter les pièges du
démon pour nous faire tomber dans le péché.
C’est une absolue nécessité d’éviter le péché; donc prenons ce bon moyen
de l’éviter.
Pour
que l’estomac digère les mets qu’on mange, est-ce nécessaire d’en faire
l’analyse chimique avant chaque repas?
Pas du tout! Eh bien! dans le monde surnaturel, c’est la volonté
qui est comme notre estomac, du moment que la volonté reçoit l’ordre du
supérieur, sa vie surnaturelle est augmentée indépendamment de
l’intelligence. C’est surtout cela que
nous voulons. Le démon n’a pas de prise
sur ceux qui agissent de la sorte. Mais
ceux qui ont la manie de faire des analyses des ordres des supérieurs sont vite
les victimes des démons parce que c’est justement là leur champ
d’opération. Quelles subtiles réponses
des esprits vont faire aux païens qui posent des questions dans leur tête! C’est parce que le supérieur a été mal
informé! Il ne connaît pas toute la
question! Ça doit venir d’un tel qui est
son conseiller ou son ami, etc. Restons
donc encore une fois dans notre citadelle!
Nous savons déjà que c’est Dieu qui nous mène par nos supérieurs; ce
devrait suffire à n’importe qui pour faire la volonté de Dieu par eux. Or elle ne veut pas être questionnée sur ses
vouloirs! Dieu le veut! Cela suffit!…
Pas
d’attache! Voici un bon moyen de ne pas
nuire à l’acte de la volonté qui veut s’unir à celle de Dieu: c’est de briser
autant que possible nos attaches aux différents plaisirs que le monde nous
offre. Nous ne nous arrêterons pas
cependant aux attaches aux plaisirs sensibles parce que ceux qui les ont
ordinairement sont si loin de la vie spirituelle que la question de l’union de
leur volonté avec celle de Dieu ne se pose même pas. Ces pauvres gens suivent ces attraits et
commettent une foule de péchés sans beaucoup se soucier de les éviter tant ils
sont loin de l’amour de Dieu. Nous
allons donc parler de ces attaches de l’ordre surnaturel, de ces âmes qui sont
tentées par les sept péchés capitaux dans cet ordre de la vie spirituelle. Car il y a la gourmandise spirituelle de ceux
qui recherchent les choses de Dieu pour les consolations plus ou moins
sensibles qu’elles apportent parfois à l’âme.
Ces attaches très fréquentes chez les bonnes âmes font un grand tort et
les empêchent d’avancer dans le véritable amour de Dieu. En voici quelques-unes: les louanges, les
consolations, les visions et les extases et toutes les autres du même genre. Comment agir en tout cela? Que de temps perdu et que de troubles les
bonnes âmes se donnent pour chercher l’origine de ces mouvements divers dans
l’âme! Que d’inquiétude pour rien! Chez les directeurs, que d’embarras dans
leurs solutions, que d’hésitations pour donner le bon remède à leurs pénitents
ou pénitentes! Le meilleur remède aux
inquiétudes et la meilleure solution pour tous les cas, c’est de donner la
doctrine de la citadelle exposée ici.
Que la personne dise tout simplement: Mon Dieu, je veux ce que vous
voulez dans cette impression, ou ce mouvement que je ressens dans mon âme et
que tout finisse là!!! Tout ce qui vient
du dehors dans l’âme n’est qu’une voix qui me crie dans mon désert, comme St
JeanBaptiste: préparez la voie du Seigneur qui s’en vient! et unissez-vous tout de suite à Dieu qui se
présente à vous dans ce mouvement de l’âme, peu importe d’où il vient, de Dieu
ou du diable, de la grâce ou de la nature.
Que
fait-on devant un beau coucher de soleil?
Est-ce qu’on demande à Dieu pourquoi il fait ces belles choses? On monte de là à Dieu tout de suite: ce
coucher de soleil n’est que l’escabeau pour monter au ciel par l’esprit et le cœur. Cela devrait suffire à n’importe quel
chrétien! Eh bien! quand une pénitente parlera à son directeur
d’une grande consolation qu’elle a eue hier dans sa communion et qu’elle lui
demande si elle vient de Dieu ou du diable, qu’il lui dise poliment que ce
n’est pas de ses affaires! Qu’il lui
suffise de dire à Dieu: Je veux ce que vous voulez avec cette consolation que
vous m’envoyez! Qu’elle n’aille jamais
plus loin!… et qu’elle ne demande jamais plus des analyses de consolations à
son directeur; qu’il lui dise qu’il n’est pas un chimiste du tout, mais
simplement bon cuisinier qui lui donne des mets à manger tout de suite! des mets pour sa volonté qui est son estomac
spirituel. Si on pouvait fermer tout ce
monde de curiosité intellectuelle dans les choses de Dieu qui nous frappent,
quelle bénédiction et pour les dirigés et pour les directeurs! En dehors de nos cas pratiques, rien
n’empêche d’étudier la façon d’agir ordinaire des esprits, comme les auteurs
l’expliquent dans les règles du discernement des esprits. Mais là ce n’est plus la vie spirituelle
c’est de l’étude. Tandis que la vie
spirituelle est un banquet où l’on mange le divin, où l’on boit le
surnaturel. Alors quand Dieu vous
présente un bonbon, ouvrez la bouche et avalez-le tout de suite sans lui
demander où il l’a pris! S’il vous
présente un bon verre de vin spirituel dans une réception qu’il vous donne,
buvez votre verre et n’allez jamais lui demander si le diable l’a fait pour
lui! Car il peut!… Les louanges en
embarrassent plusieurs, car ceux et celles qui progressent dans la vie
spirituelle en reçoivent toujours un peu.
Que faire? ne raisonnez pas! Ne demandez pas comment il se fait qu’on vous
loue de la sorte: est-ce possible que j’aie ces bonnes qualités qu’on
m’attribue? que j’aie ces vertus qu’on
loue en moi? etc… Vous trottez en dehors
de votre citadelle, vous allez vous faire manger par les loups. Les démons vont vous en donner des raisons de
toutes ces louanges. Les gens ne sont
pas fous? Puisqu’ils te louent ainsi
c’est qu’il y a un bon fonctionnement!
Le bon Dieu doit être content de toi?
C’est la sainteté qui commence!
Tu vois, les autres n’en reçoivent pas comme toi, etc… Tout de suite on
voit quel bois c’est pour le feu de l’orgueil.
À la première louange on dit: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans
cette louange… et n’allez pas plus loin.
Pas d’analyse! D’ailleurs il ne
faut pas aller loin dans la vie spirituelle pour savoir que toute louange
annonce un mépris qui s’en vient.
L’agonie suit de près le dimanche des Rameaux! C’est le même ordre pour nous tous. Celui qui vous loue sera le même qui vous
lancera des pierres bientôt. Alors
pourquoi faire tant de cas des louanges?
Enfin c’est du mérite que nous voulons faire en tout; eh bien! c’est par l’union de notre volonté avec celle
de Dieu qu’est constitué le mérite: ne surveillons que cela! L’origine de toutes ces choses n’importe pas
du tout au point de vue du mérite.
Est-ce que Jésus ne s’est pas fait transporter par St Joseph, sa mère,
le Grand-Prêtre Siméon, le St Esprit et le démon? Jésus avait autant de mérite dans un cas
comme dans l’autre, il a fait la volonté de son Père en tous les cas. Nous pouvons donc l’imiter dans les
différents mouvements que Dieu au moyen de n’importe quelle créature, peut
susciter dans mon âme.
Il
n’y a rien comme cette doctrine pour nous détacher de l’affection de toutes ces
choses agréables qui peuvent se rencontrer dans le chemin de la
perfection. Quand je sais que c’est
uniquement dans l’union de ma volonté avec celle de Dieu que se trouve le
mérite, je ne m’occupe plus du reste.
Donc, seule la volonté de dieu mérite notre affection, pas le plaisir
que j’éprouve dans ce qu’il me donne.
Donc ne mettons plus jamais d’importance dans le plaisir. Alors à quoi bon demander au directeur si mon
plaisir vient de Dieu ou du diable? Cela
m’est parfaitement égal! Que le diable
m’en donne tant qu’il voudra! Je
m’unirai à la volonté de Dieu caché dans le chocolat que me donne le
diable! Je n’ai rien à perdre! Est-ce que Jésus ne s’est pas uni à la
volonté de son Père quand le diable lui présenta son calice ou le
transporta? Je puis donc faire de même
en tout. Quand le diable lui montra tous
les royaumes avec leur gloire, vraiment ce devait être fameusement beau! Est-ce que Jésus n’a pas vu là la volonté de
son Père? Donc qu’on ne s’occupe plus du
tout de l’origine ni de la nature des mouvements que Dieu suscite en nous par
toutes sortes de créatures. Cela coupe
toute attache. Une personne a eu hier
dans une chapelle, à tel endroit, à telle heure, une vraie belle consolation
sensible! Le lendemain, elle va aller à
la même place, à la même heure pour attendre son chocolat! S’il ne vient pas, alors c’est le
désappointement, le découragement, Dieu ne l’aime plus! Il est fâché contre elle, etc… Elle était
donc attachée à la consolation, pas à la volonté de Dieu. Autrement elle n’aurait pas cherché la
consolation, mais son union avec Dieu n’importe où, ou n’importe quand. Puis elle ne serait pas désappointée puisque
la volonté de Dieu est partout. Et dans
son dépit il faut qu’elle aille exposer son épreuve à son directeur et qu’il
lui dise comment il se fait qu’elle n’a pas eu son chocolat ce matin!… S’il est
aussi païen qu’elle, on voit tout de suite la belle bouillie qu’il va lui
donner pour la consoler… et c’est toujours à recommencer! La même doctrine s’applique aux bonnes choses
qui nous viennent des personnes: ne leur donnons pas notre affection pour leurs
bienfaits, mais gardons tous notre coeur pour Dieu seul. Il faut être poli et reconnaissant, c’est
clair, mais ne nous laissons pas prendre le coeur par les chocolats que les
gens nous donnent. Combien de pauvres
filles ont été trompées par des hommes si généreux! si gentils!
Elles se sont laissé prendre par un amour naturel au lieu de ne voir que
Dieu en arrière d’eux et elles sont tombées dans le péché. Elles auraient dû penser que Dieu a des
présents autrement splendides que ceux des hommes et qu’elles devaient vivre
uniquement pour se les assurer ces présents célestes. Gardons notre cœur libre de toute attache
même aux bonnes personnes et aux bonnes choses de la terre. Dieu seul mérite tout notre coeur et notre
amour! Ne nous attachons qu’à la volonté
de Dieu dans tout ce qui se présente et pas du tout à son messager, qu’il soit
bon ou méchant, joli ou laid, peu importe: prenons le message et laissons le
messager s’en aller, lui! Eh bien! toutes les créatures ne sont que des
messagers de Dieu nous apportant l’expression de la volonté de Dieu pour s’unir
la nôtre; là seulement est notre amour de Dieu et notre mérite;
surveillons-là! Que de directeurs sont
embarrassés avec les visionnaires et les extatiques… quand il y en a! Pourtant ce n’est pas si difficile si on
applique la recette qu’on donne ici: c’est le seul moyen sûr et pratique de
tirer parti de ces choses. Autrement on
n’en finit plus si on veut les connaître intimement. Voici une personne qui semble avoir eu
quelque chose de ce genre et elle me demande si ce mouvement vient de Dieu ou
du diable. Or elle a peut-être rêvé son
extase, elle a pu se l’imaginer vivement, c’est peut-être le démon ou ce peut
être Dieu! Je plains le confesseur qui
s’attelle pour tirer cela au clair!… et la pauvre victime va passer par toutes
les trances possibles en attendant le verdict de son confesseur. Quelle joie s’il est favorable! et quelle angoisse s’il dit qu’elle est folle
ou qu’elle est la victime du démon! Le
mieux est de lui donner la doctrine présente et d’aiguiller son esprit
uniquement sur la volonté de Dieu dans son rêve, son imagination, sa vision ou
son extase; ce devrait être assez pour elle.
De cette façon elle ne perd rien avec les extases du diable et elle
gagne du mérite et de l’amour de Dieu; cela devrait lui suffire! Avec le temps, sans lui en parler, que le
confesseur essaye de juger en dehors de la confession l’origine de ces
mouvements, il n’y a aucun inconvénient, et s’il découvre que c’est vraiment le
démon, il essaiera de la pousser tellement du côté de l’humilité que le démon
perde espérance de la perdre par orgueil.
Dès que le confesseur commence à discuter la chose avec elle au
confessionnal elle en fait un grand cas puisque le confesseur la questionne
tant et il y a grand danger qu’elle s’attache à ses extases et qu’elle en
conçoive de l’orgueil.
Pas
de crainte! dans les diverses épreuves
que Dieu envoie pour nous détacher des créatures et de nous-mêmes, comme la
sécheresse, le dégoût des choses spirituelles, les tentations de toutes sortes
et contre toutes les vertus; enfin cela peut aller jusqu’au désespoir. Le premier mouvement est la peur: peur de
déplaire à Dieu, peur de l’offenser, peur d’être abandonné de lui, enfin peur
de l’enfer en manquant son salut. Les
gens sont tout de suite portés à raisonner comme dans les choses agréables; ils
se mettent à faire des analyses de ces différents mouvements. Le mieux est encore de faire ici comme dans les
autres cas: dire tout simplement: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans
cette épreuve qui m’arrive. Je vous
l’offre pour l’expiation de mes péchés et pour le salut du monde en union avec
la passion de J-C. Pour simplifier la
compréhension de ces divers états d’âme, on peut dire que Dieu fait passer
l’âme dans les choses spirituelles comme il fait passer l’homme dans les choses
terrestres. Ainsi il y a la mer, les
déserts, les climats froids et les chauds, les jours de pluie et de beau
soleil, etc. Eh bien! tout cela se retrouve dans la vie spirituel
et c’est le même Dieu qui fait les unes et les autres et il faut faire sa
volonté dans les deux à mesure qu’elles se présentent à nous. Comme cette idée facilite aussi la direction
spirituelle. Voici une bonne âme qui
s’amène en se disant dans un équilibre instable: son âme est ballottée de tous
côtés; elle a des moments de ferveur, puis de la tiédeur, des accès de joie
puis de la peine; elle voudrait enfin une vie plus stable, plus ferme. Que faire?
Elle n’a qu’à dire à Dieu: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans
cette vie agitée… et qu’elle attende le calme.
Dieu lui fait faire un voyage en mer!
Combien long? Ce n’est pas de ses
affaires! Tout dépend de la grandeur de
l’océan et de la vitesse de son bateau!
Mais est-ce qu’elle ne peut pas s’unir à Dieu aussi bien en faisant ces
plongeons que sur la terre? Aimez vos
vagues que Dieu sillonne comme il sillonne les airs. Si c’est Dieu seul qu’elle cherche, elle l’a
aussi bien en mer que sur terre!
Une
autre se plaint de sa sécheresse. C’est
bien simple, elle traverse un désert et là, c’est toujours sec. Est-ce que ce sont des plantes et des fleurs
qu’elle veut ou Dieu? Si elle se plaint
dans son désert, c’est donc qu’elle veut de la verdure… pas Dieu. Mais si c’est Dieu, il habite les déserts
comme les prairies verdoyantes! Elle
veut aussi savoir quand cela va finir. Si
ce n’était pas des fleurs qu’elle cherchait elle ne demanderait pas même cette
question. Elle serait aussi heureuse
avec Dieu au désert que dans ses belles prairies. Une autre est triste et pleure souvent! Elle aussi voudrait savoir si Dieu l’a
abandonnée. Comme si Dieu n’était pas
aussi bien dans la pluie que dans le soleil!
Encore une qui cherche des chocolats et non Dieu seul! On veut bien l’aimer, mais aussi ses
créatures! On veut plaire à Dieu, mais
on veut en jouir tout de suite… Tous ces pauvres gens sortent de leur citadelle
pour courir après les fleurs et les papillons, et les démons comme des loups, les
attendent là et les font tomber dans toutes sortes d’imperfections et même de
fautes, parce qu’ils ne sont pas détachés des créatures ni d’eux-mêmes; ils se
préfèrent à Dieu sans trop le savoir, mais quand même le fait est là qui leur
nuit énormément dans la vie spirituelle.
Que ce soit réglé pour l’avenir en autant que nous le pouvons, avec la
grâce de Dieu, que nous chercherons uniquement la volonté de Dieu dans tout ce
qui nous arrive d’agréable ou de désagréable.
Cette recette peut être utile pour les scrupuleux. Dieu les aveugle dans leurs cas de conscience
et ils s’acharnent tous à voir clair.
C’est comme exiger le lever du soleil à minuit. Par exemple, ils viennent de toucher une
poignée de porte et ils croient que c’est un péché mortel, pourtant ce n’est
pas péché, pourtant c’est péché… et plus ils y pensent et plus ils sont
embrouillés. Leur refuge serait de dire
au bon Dieu: Mon Dieu, je veux ce que vous voulez dans ces ténèbres de ma
conscience et je regrette mon péché tel que vous le voyez! Puis ils ne peuvent pas aller plus loin:
qu’ils restent là embrouillés. Mais, eux
aussi veulent leur propre satisfaction plutôt que la volonté de Dieu. Est-ce qu’on ne peut pas aimer Dieu aussi
pendant une tempête épouvantable que dans le calme? Eh bien!
qu’ils restent dans leur citadelle, dans l’acte d’union avec Dieu dans
leurs angoisses de conscience que Dieu veut directement. Le bon Dieu nous fait passer par toutes ces
vicissitudes pour nous purifier de tout naturel, surtout de l’amour des créatures. Nous en sommes saturés par nature et Dieu
veut maintenant que nous mettions tout notre amour en lui seul; c’est un
travail énorme que nous ne pouvons pas faire seuls, même avec la meilleure
bonne volonté. Il faut de l’exercice
pratique de détachement pour s’en défaire et cela va prendre toute la vie
facilement. Un bon moyen pour nous aider
dans ce détachement, c’est de remarquer où et quand nous sommes attachés. Eh bien!
voici quelques signes. Quand on
se livre à une grande joie pour un bien qui nous arrive, il faut bien examiner
pourquoi nous nous réjouissons: est-ce bien pour l’amour de Dieu ou pour notre
amour-propre? Ce n’est pas facile à
discerner! Que de naturel peut se
glisser là, même à notre insu! Tout de
même il est bon de protester que ce n’est que pour faire la volonté de Dieu que
nous acceptons cette consolation.
Alors
que va faire Dieu pour nous le montrer exactement? Il va nous enlever ce bien. Si nous nous lamentons, si nous avons une
grosse peine, c’est une preuve qu’il y avait du naturel dans la même
proportion. Car en perdant ce bien
passager, nous n’avons sûrement rien perdu de Dieu. Notre peine ne vient donc pas de Dieu, mais
de son échantillon que nous aimions beaucoup.
Pour notre instruction les épreuves sont plus utiles que les bienfaits,
parce qu’elles séparent plus clairement pour notre esprit la part que le païen
y prenait. Appliquons cette doctrine
dans nos rapports avec les personnes qui nous apportent des consolations et des
épreuves. Par exemple, vous êtes vif et
Dieu vous met avec un lambin; respectez la volonté de Dieu dans ce lambin et ne
le disputez pas; vous ne le changerez jamais!
C’est à vous à changer votre mentalité pour faire la volonté de Dieu
dans vos rapports avec le prochain lambin du bon Dieu. Vous êtes propre et vous vivez avec des gens
qui ne le sont pas, faites votre sacrifice dès le commencement et unissez-vous
à la volonté de Dieu qui vous met là pour faire sa volonté uniquement pour des
motifs surnaturels. Voilà donc la façon
d’agir dans toutes les différentes rencontres de la vie pour avoir le maximum
de mérite devant Dieu.
Quelques
textes: St F. de Sales, ses lettres,
p. 84: «Ma fille, vous faites toujours
trop de considération et d’examen pour connaître d’où ces sécheresses vous arrivent. Si elles arrivent de vos fautes encore ne
faudrait-il pas pour cela vous en inquiéter, mais avec une très simple et très
douce humilité les rejeter et puis vous remettre entre les mains de Dieu afin
qu’il vous en fît porter la peine ou qu’il vous les pardonnât selon qu’il lui
plairait. Il ne faut être si curieuse
que de vouloir savoir d’où procèdent les diversités d’état de vie: il faut être
soumis à tout ce que dieu en ordonne et s’arrêter là!» St J. de la Croix.
M. du C., L. 2; ch.
10: «Il faut savoir que si tous ces effets qui peuvent se produire dans
les sens corporels ont Dieu pour auteur, on ne doit jamais les regarder avec
sécurité et les accepter; il faut plutôt les fuir complètement, sans même
chercher à examiner s’il procède du bon ou du mauvais principe… il se trompe
donc beaucoup celui qui estime ces sortes de faveurs et il se met dans un grand
danger de tomber dans l’illusion; du moins il mettra en lui un empêchement
absolu à devenir spirituel… supposé que quelques-unes de ces faveurs viennent
de Dieu, on ne lui fait pas injure en les repoussant et on ne manque pas pour
cela de recevoir l’effet et le fruit que Dieu se proposait de produire dans
l’âme par ce moyen.» L. 11, ch. 17: «En agissant ainsi on se délivre du
travail nécessaire pour discerner les visions vraies des fausses… travail qui
ne va pas sans péril, examen superflu où il n’y a d’autre profit pour l’âme que
perte de temps et inquiétude. Cet examen
expose encore l’âme à de nombreuses imperfections, entrave sa marche progressive,
en ne l’affranchissant pas des minuties de ces connaissances et de ces
intelligences particulières.» St F. de
Sales a une belle parole qui résume tout: «Il vaut mieux chercher le Dieu des
consolations que les consolations de Dieu.» Comme la direction serait
simplifiée si toutes les bonnes âmes prenaient ce moyen si simple et si
efficace pour avoir la paix de l’âme en même temps que tout son mérite. notre sanctuaire.
Ma
volonté devient comme mon sanctuaire où j’immole toute la créature qui vient en
contact avec moi: je sacrifie toutes les créatures sur l’autel de ma
volonté. À mesure que la Providence me
les présente je les rejette pour leur préférer Dieu… et cela des milliers de
fois par jour! Nous faisons tout le
contraire de ce que Satan a demandé à Jésus.
Il lui dit: Je te donnerai toutes ces choses si tu veux m’adorer… Nous
faisons plutôt comme Jésus et l’on dit à Dieu dans le détail ce que Jésus dit
dans l’ensemble: Je préfère Dieu à toutes ces créatures. Nous lui sacrifions donc tout l’univers sur
l’autel de notre volonté. Elle est donc
vraiment notre sanctuaire. C’est en elle
et avec elle et par elle que nous rendons à Dieu tous les services que notre
condition de créatures exige de nous, comme de le louer, l’adorer, le bénir, le
prier, le connaître et l’aimer. Est-ce
que cet acte unique de toujours s’unir à la volonté de Dieu ne deviendra pas
monotone? Non, quand on sait que là est
tout notre mérite, notre paix intérieure, notre véritable bonheur et notre
amour pour Dieu. Toute notre
bienheureuse éternité est dans cet acte; il est donc le plus profitable que
nous puissions exercer constamment.
Comme l’amour est dans la volonté on sait que l’amour ne se fatigue pas
de ces actes d’amour. C’est là adorer
Dieu en esprit et en vérité, comme Jésus disait à la Samaritaine. Enfin, la preuve est dans ce fait que
pratiquement toute la providence de Dieu est organisée dans l’ordre surnaturel
pour détacher la volonté des biens périssables afin donc de l’avoir toujours et
partout pour lui… Rien comme cette pratique pour faire descendre les dons du St
Esprit dans une âme si unie à Dieu en tout.
L’on sait qu’avec les dons c’est le progrès assuré dans la
perfection. Quel bonheur résulte de
cette pratique! Quand les contrariétés
nous aident à nous unir à Dieu, à augmenter notre mérite, qu’est-ce qui peut
nous faire de la peine? Que Dieu nous
donne la grâce de voir sa divine sagesse dans cette recette si simple et si
efficace pour la sainteté, puisqu’elle nous fait adhérer à Dieu constamment, en
tout. Demandons à la Ste Vierge cette
même grâce!!! maîtrise de soi-même par l’imagination…
Contrairement
à ce qu’on croit c’est toujours l’imagination qui l’emporte sur la volonté,
sans exception! N’importe qui peut
marcher sur un madrier à terre, mais combien peu le pourraient sur un madrier
très élevé? L’imagination donnerait le
vertige malgré la volonté de ne pas tomber.
Que de malheureux font le mal malgré eux! Les ivrognes, les voleurs, les impudiques,
ils laissent leur imagination s’occuper de ces choses et ils les font!
Dès
que ces plaisirs se présentent, tout chrétien devrait aiguiller son imagination
sur les plaisirs correspondants dans le ciel, s’y arrêter pour se les
représenter vivement à l’imagination… et ils les voudraient ces plaisirs
célestes au lieu des plaisirs sensibles de la terre. On domine son imagination par
l’autosuggestion. Il faut se persuader
qu’on peut faire telle chose, ou que telle autre arrivera, etc. Par exemple, on ressent une douleur
quelconque: si on s’imagine qu’elle augmente ou qu’elle ne partira pas, elle
reste et augmente! Tandis que si on dit:
elle diminue, elle s’en va!… de fait elle diminue et s’en va… Que de personnes
sont malades ou malheureuses parce qu’elles s’imaginent l’être! La neurasthénie, le bégaiement, les phobies
et les peurs de toutes sortes, certaines paralysies, l’asthme, les rhumatismes,
etc… peuvent disparaître en s’imaginant le contraire! Toute imagination se traduit vite en acte. Ceux qui rêvent aux choses impures y tombent
vite. Il s’agit de les sortir de la
volonté? non, pas du tout, mais de
l’imagination!… La gêne de paraître devant le monde, les serrements du coeur
devant le public, des tremblements devant le monde, etc. disparaissent vite du moment qu’on s’imagine
qu’on a moins peur, que tout va mieux, qu’on n’a plus peur! Si on déteste une personne, se dire: Je suis
capable de la moins haïr, de ne pas la haïr et même de l’aimer… et l’on réussit
vite. Que les mots: c’est difficile,
c’est impossible, je ne puis pas, c’est plus fort que moi! disparaissent de votre vocabulaire. Il faut les remplacer justement par le
contraire: Je veux, c’est facile, c’est possible, etc. La chose devient ce qu’on s’imagine qu’elle
est. Il existe en nous deux individus
absolument distincts l’un de l’autre: tous deux sont intelligents, mais l’un
est inconscient et l’autre est conscient, c’est pourquoi son existence passe
généralement inaperçue. Le somnambule
agit selon son inconscient tout en montrant de l’intelligence. L’inconscient est pourvu d’une mémoire
merveilleuse, impeccable, qui enregistre à notre insu les moindres détails de
notre vie. Il est fort crédule et
accepte sans raisonner ce qu’on lui dit.
Comme c’est lui qui préside au fonctionnement de tous nos organes par
l’intermédiaire du cerveau, il se produit ce fait que s’il croit que tel ou tel
organe fonctionne mal ou bien, que nous ressentons telle ou telle impression,
cet organe en effet fonctionne bien ou mal, ou bien nous ressentons telle ou
telle impression. Il préside aussi à
l’accomplissement de toutes nos actions.
On
peut corriger les vices ou les défauts des enfants par cette méthode. On peut même agir pendant leur sommeil. On se met près du lit où l’enfant dort et
l’on répète à mi-voix pour que ses oreilles entendent, mais sans l’éveiller,
par exemple: Tu ne voleras plus! Tu
obéiras à papa et à maman! Tu ne
mouilleras plus ton lit! Tu seras
toujours joyeux! etc., et l’enfant fera
ce qu’on lui a dit ainsi. Chaque fois
qu’on ressent une souffrance physique ou morale, s’affirmer immédiatement à
soi-même qu’on va la faire disparaître, puis s’isoler, fermer les yeux, et, se
passant la main sur le front, s’il s’agit de quelque chose de moral, ou sur la
partie douloureuse, s’il s’agit du physique, répéter extrêmement vite sur les
lèvres, les mots: ça passe! ça va mieux!,
etc. aussi longtemps que cela est
nécessaire. Avec un peu d’habitude on
arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25
secondes!
C’est
la même méthode pour agir sur un autre par autosuggestion. Comment agit la suggestion? Il suffit de savoir que l’inconscient est le
grand directeur de toutes nos fonctions.
Faisons-lui croire que tel organe, qui fonctionne mal, doit bien
fonctionner; instantanément il lui en transmet l’ordre et celui-ci, obéissant
docilement, sa fonction redevient normale, soit immédiatement, soit peu à
peu. Ainsi par autosuggestion on peut
faire disparaître des hémorragies, la constipation, la paralysie, des tumeurs,
des lésions tuberculeuses, toutes les phobies et les peurs et les tremblements,
etc… Ce ne sont pas les années qui font la vieillesse, mais bien l’idée qu’on
devient vieux!
Il
vaut mieux ne pas savoir d’où vient le mal et le faire passer, que de le savoir
et de le conserver! Ne dites jamais: Je
vais essayer de faire disparaître ce mal, mais bien: je vais le faire
disparaître, car lorsqu’il y a doute, il n’y a pas de résultat. Soyons calmes, doux, bienveillants et sûrs de
nous-mêmes.
Craindre
la maladie ou tout autre chose, c’est la déterminer! C’est une grave erreur de dire aux gens de
faire l’éducation de la volonté! c’est
l’éducation de leur imagination qu’il faut faire! C’est inutile de dire: je ne veux pas faire
ce mal, si on continue d’y penser, de le garder dans l’imagination… on le
fera! Qu’on mette à la place de cet
échantillon, le plaisir correspondant du ciel et là appliquons-y notre
imagination, et c’est celui du ciel que nous voudrons. Les grands pourvoyeurs de l’imagination sont
les yeux. Voilà pourquoi les saints
recommandent tant la garde des yeux.
Actuellement, est-ce que les gens ne sont pas ce qu’ils voient dans les
vues qui alimentent leur imagination?
Comme les enfants sont tout ce qu’ils voient là! et ils feront tout ce qu’ils voient là! Nous sommes ce que nous faisons. Nos pensées habituelles se concrétisent
vite. Quiconque part dans la vie avec
l’idée: j’arriverai… arrive! Celui qui
ne fait pas de rêves d’avenir ne réussit à rien. Quand j’étais jeune je voulais voyager: j’y
rêvais souvent; je m’imaginais traverser les mers, parcourir les continents, etc…
et j’ai tout vu ce que je voulais voir dans mon jeune âge!… Donnons un repos à
la volonté et cultivons l’imagination qui met en branle notre inconscient qui
préside à toutes nos fonctions vitales!
et la volonté voudra ce que l’imagination lui présentera…
Aucun commentaire:
Publier un commentaire