mercredi 18 février 2015

Saint Antoine du désert contre les philosophes païens.

 
 
De la prudence et de la vivacité d'esprit de saint Antoine et comme il confondit deux philosophes.
 
Il était extrêmement prudent et, ce qui est admirable, n'étant point instruit aux lettres humaines, il avait une vivacité d'esprit et une intelligence non pareilles. Comme il était sur la montagne la plus proche, deux philosophes grecs l'étant allé trouver à dessein de le surprendre, il reconnut dans leur visage qui ils étaient et, allant au devant d'eux, leur dit par un interprète: « Pourquoi vous travaillez-vous tant, o philosophe, pour venir trouver un homme stupide? » A quoi répondant que non seulement il ne l'était pas, mais qu'il était fort sage et fort habile, il leur réplique : « Si vous êtes venus vers moi comme vers un insensé, vous avez pris inutilement beaucoup de peine et, si vous m'estimez sage, devenez sages comme moi : il faut imiter ce que l'on estime bon. Et, comme si j'étais allé vers vous je vous imiterais; puisque vous êtes venus vers moi, c'est à vous à vous rendre semblables à moi. Or je suis chrétien ». Ils s'en allèrent sur cela pleins d'étonnement et ayant reconnu que les démons mêmes le craignaient.
 
D'autres de ces sages selon le monde l'étant venu trouver au même lieu et croyant se moquer de lui à cause qu'il n'avait point étudié, il leur dit : « Qui tenez-vous être le premier, ou l'esprit ou les sciences et lequel des deux est la cause de l'autre, ou l'esprit des sciences ou les sciences de l'esprit? » Sur quoi répondant que l'esprit précédait les sciences, puisqu'il en était l'inventeur, il leur répliqua : « Les sciences ne sont donc pas nécessaires à celui qui a l'esprit sain et solide ». Cela les ayant surpris et tous ceux qui étaient présents, ils s'en allèrent avec admiration de voir une si grande vivacité d'esprit dans un homme sans lettres.
 
Sa manière d'agir, qui n'avait rien de rustique ni de sauvage, n'était point d'une personne nourrie et vieillie sur une montagne. Mais il était civil et agréable et ses discours étaient tellement assaisonnés du sel d'une sagesse divine que tous ceux qui le venaient voir recevaient de la joie et de la consolation de ses entretiens, sans pouvoir trouver à redire à ses actions.
 
 
 
Vie de Saint Antoine par Saint Athanase

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