VINGT-CINQUIÈME
INSTRUCTION LA VOLONTÉ DIVINE.
«Que votre volonté soit
faite sur la terre comme au ciel! » plan (Libre En elle-même… ……… (Immuable
(Aimable
(Parfois gênée La volonté
divine Dans ses effets……… (Variable (Souvent désagréable (Toute sainteté Est le
principe de……… (Toute efficacité (Toute félicité Se présente: Comme dans
l’Annonciation… Conséquence: Indifférence.
LA VOLONTÉ DIVINE… Nous
voici rendus au terme des subdivisions du souverain domaine de Dieu: tout ce
que nous avons dit à ce sujet se termine à la volonté divine: la fin de l’homme
d’une façon concrète. Elle vaut la peine
qu’on lui consacre une méditation complète, même si on revient à quelques idées
déjà méditées, puisque celle-ci est comme la conséquence de tout ce que nous
avons dit de la volonté divine.
Comme elle est la source
de toutes les bénédictions que nous recevons du ciel, on ne peut jamais trop la
considérer. Elle est la moelle et
l’essence de la vie spirituelle.
Examinons quelques-unes de ses qualités pour mieux l’accepter dans notre
vie pratique. en elle-même…
Elle est libre de faire
ce qu’elle veut. Qui pourrait l’empêcher
d’agir à sa guise? Elle est infinie et
donc suprême en tout. En théorie, nous
acceptons tous cette vérité évidente.
Mais en pratique combien la nient par leur façon d’agir! Tous les impatients, les énervés, tous ceux
qui disputent, qui se mettent en colère contre les personnes et les choses n’admettent
pas que Dieu soit libre de faire ce qu’il veut.
Car nous avons bien montré que absolument tout ce qui arrive vient
sûrement de Dieu, excepté nos péchés, que nous faisons nous-mêmes. Nous avons donc tous besoin d’approfondir
davantage ces vérités que nous ne pratiquons pas assez encore dans la vie. La liberté d’un être intelligent est entravée
par des choses qui ne dépendent pas de lui, soit dans les événements soit dans
les personnes dont la volonté peut s’opposer à la sienne. Mais rien de cela en Dieu, comme il est le
créateur de tout l’univers et qu’il a tout disposé comme il l’a voulu lui-même,
personne ne peut l’empêcher de faire ce qu’il veut. Il est le seul être infini et tout puissant;
donc il n’y a absolument rien qui puisse s’opposer à sa volonté dans ce qu’il
veut faire.
Sa volonté est la
dernière raison de toutes choses au monde.
Il nous l’a donnée comme échantillon de sa liberté. Qu’on demande à un cultivateur pourquoi il a
semé de l’avoine dans telle pièce, il répondra: parce qu’il l’a voulu! Qu’on demande à une cuisinière pourquoi elle
a fait cuire un rôti au lieu d’un bouilli, elle peut répondre: parce qu’elle a
voulu… Appliquons cette connaissance de la liberté de Dieu dans tous les cas
qui ne nous plaisent pas afin de ne plus jamais critiquer la volonté
divine. Pourquoi a-t-il fait les hommes
si bornés? Parce qu’il l’a voulu! Pourquoi les a-t-il faits si contraires les
uns aux autres? Parce qu’il était libre
de le faire et qu’il l’a voulu. Prenons
donc une bonne fois la résolution de respecter cette liberté de Dieu dans sa
demeure qui est l’univers. Surtout
maintenant que nous savons comment il dirige tous ses êtres libres comme il le
veut: donc tout ce qui nous vient des personnes nous vient de Dieu: adorons sa
sainte volonté en tout et surtout dans ce qui nous est désagréable, car c’est
là que nous sommes exposés à critiquer.
Qu’on ne regarde pas cette pratique comme une affaire de pure dévotion;
il s’agit de nous assurer le ciel! Si on
est mécontent de sa volonté on le mécontente et on s’éloigne de lui en
proportion. Alors mettons-nous-y
sérieusement; cessons de critiquer!
Améliorons ce que nous pouvons et laissons le reste à Dieu sans murmurer
contre lui.
Elle est immuable. Comme l’intelligence de Dieu est infinie,
elle voit tout de suite les fins qu’elle veut et les meilleurs moyens pour les
obtenir, de sorte qu’elle ne tâtonne jamais ni ne se corrige; elle ne change
donc jamais. Cependant Dieu par sa
volonté immuable, veut les changements qu’il y a dans le monde, comme celui des
saisons, des âges, des humeurs et des dispositions chez les hommes. Alors à quoi bon prier? N’est-ce pas influencer la volonté divine? Sûrement il faut prier, mais Dieu a vu cette
prière de toute éternité et il a voulu alors ce qu’il veut après notre
prière. Comme un père de famille
pourrait acheter d’avance une montre à son fils parce qu’il sait qu’il va lui
en demander une. Pourquoi n’essayons
nous pas d’imiter Dieu dans son acte éternel en autant que nous le pouvons,
même avec notre nature si changeante? On
pourrait dire à Dieu quelque chose comme ceci: Mon Dieu, j’accepte tout de
suite, par un acte réfléchi, toutes les variations des dispositions et des
conditions des personnes avec lesquelles je vivrai dans l’avenir. Quand j’en verrai de bonne humeur, je
m’attendrai à les voir de mauvaise humeur le lendemain, comme cela se voit si
fréquemment. Alors je ne serai plus
renversé de voir des gens de mauvaise humeur qui me critiquent, m’injurient et
me font du tort; je m’y attends et je le veux tout de suite tel que Dieu le
veut lui aussi tout de suite. Je fais de
même pour mes propres changements d’humeur et je ne me plaindrai pas quand je
serai triste ou impatient ou en colère.
Ce n’est sûrement pas facile, nous sommes si peu habitués à imiter Dieu;
mais il y a un commencement à tout; essayons de participer à l’immutabilité de
la volonté de Dieu en voulant tout de suite ce qui nous arrivera dans tout le
cours de notre vie… et attendons-nous à tout au monde! Quand un homme ouvre un magasin, est-ce qu’il
n’accepte pas tout de suite d’être dérangé par la clientèle? Quand on entreprend un voyage en mer, est-ce
qu’on n’accepte pas tout de suite d’être ballotté par les vagues? Eh bien!
pourquoi ne pas accepter tout de suite toutes les traverses et toutes
les épreuves de la vie humaine? Nous
avons vu dans les méditations précédentes que tout ce qui massacre le païen est
normal dans la vie d’un chrétien et dans le plan de Dieu; il faut donc s’y attendre. Ne soyons donc plus étonnés, renversés de ce
que ces contrariétés nous arrivent. Ne
changeons plus dans notre acceptation!
Imitons l’immutabilité de la volonté divine. C’est un des plus beaux actes d’amour de Dieu
qu’on puisse faire. Que de mérites sont
attachés à cette pratique qui unit notre volonté à celle de Dieu d’avance avec
d’autant plus de mérite. Quelle source
de paix et de bonheur elle met dans le coeur.
C’est un acte admirable aussi de confiance sans limite en la bonté de
Dieu.
Elle est aimable. Dieu nous a créés pour nous communiquer son
bonheur et il a créé le monde pour nous aider à parvenir à ce bonheur; il est
donc évident que sa volonté ne veut que le bien de l’homme et en ce monde et en
l’autre. Même après le péché, le fait
qu’il nous livre son Fils unique pour le réparer, montre bien qu’il veut nous
faire arriver à son bonheur céleste et cela au moyen des créatures; il n’y a
donc que du bien pour l’homme en tout ce que Dieu veut. Il ne s’agit pas ici de savoir que la volonté
est aimable, il faut nous en convaincre assez pour que nous le montrions dans
notre manière de recevoir d’elle tout ce qu’elle nous présente dans les
épreuves comme dans les bienfaits.
Voyons l’amour de Dieu en tout ce qui nous arrive Attachons-nous donc à
la volonté de Dieu en elle-même et pour elle-même; elle renferme toutes les
perfections divines. Comme le soleil est
toujours beau en lui-même ainsi la volonté divine l’est aussi en elle-même. Ce qui le fait varier vient de la terre et de
ses brouillards qui s’interposent entre nous et le soleil. Sur terre nous ne pouvons éviter ces
variations du soleil, mais dans l’ordre surnaturel, par la grâce de Dieu, nous
pouvons nous élever au-dessus de nous-mêmes et de nos humeurs et passions pour
contempler la volonté divine en elle-même avec tous les avantages merveilleux
pour la paix, le mérite et le bonheur de l’âme même sur la terre dans les
ténèbres de la foi. dans ses
effets. Il est bon de repasser ces
apparences en nous parce que c’est la façon ordinaire de la juger
faussement. Il faut nous défaire de la
juger dans ses effets, parce que ces effets viennent de nos déficiences d’une
façon ou d’une autre. Nous n’avons pas
le droit d’en tenir Dieu responsable et de le juger selon ces effets en nous. Car tout ce qu’il y a de désagréable en elle
vient de nous. Voyons quelques-unes de
ces causes qui font qu’elle est….
parfois gênée… Le péché est une révolte contre la volonté de Dieu; c’est
là seul que Dieu ne fait pas ce qu’il veut.
Pour un temps le pécheur gêne donc la volonté divine dans l’exercice de
sa liberté. Dans l’éternité le pécheur
retombera sous la volonté divine pour son malheur. S’il ne veut pas se soumettre à l’amour de
Dieu, il se soumettra malgré lui à sa justice éternelle. Les attaches aux créatures paralysent la
volonté divine dans le bien qu’elle voudrait nous faire. Car Dieu est amour et il ne peut supporter un
amour rival au sien; il lui ferme ses trésors de grâces. Tout chrétien est tenu de s’en défaire le
plus possible avec la grâce de Dieu, car il perd énormément en les cultivant
même dans les bonnes choses en soi; Dieu n’en veut pas du tout comme on sait
par le premier commandement où il mobilise absolument toutes nos capacités
d’aimer pour lui seul.
Le manque de foi. Comme Jésus fit peu de miracles à Nazareth
parce que ses compatriotes n’avaient pas de foi en lui, ainsi, le manque de foi
en un chrétien empêche Dieu de lui faire du bien comme il voudrait; cela
paralyse donc la volonté divine. C’est
par la foi qu’on monte dans le surnaturel où Dieu opère par sa grâce; celui qui
ne l’a pas ou peu perd beaucoup.
L’ignorance du plan divin, comme par exemple dans la folie de la croix,
empêche la volonté de Dieu de donner une foule de grâces, car ces gens
regardent comme un mal ce qui est un grand bien, et comme un bien ce qui est
contraire au plan divin. Ainsi, que Dieu
leur oppose un imbécile qui contrarie leur jugement, ils voient là un mal pour
eux quand Dieu leur donnait simplement une occasion de renoncer à leur jugement
pour leur donner sa sagesse divine à la place.
On voit combien nos défauts de toutes sortes peuvent paralyser la
volonté de Dieu pour nous faire du bien.
À nous donc de les diminuer le plus possible. Elle est variable comme les choses terrestres
le sont. Celui qui s’attache à ces
changements extérieurs plutôt qu’à la volonté de Dieu, va passer par toute la
gamme des émotions humaines: que d’impatiences et d’énervements pour lui! Exemple: dans un collège, supposons qu’on
change un professeur de classe chaque semaine.
Combien peu se promèneraient de classe en classe sans murmurer contre le
supérieur et même qui accepteraient de changer!
Puisqu’ils sentent des déchirements intérieurs, c’est donc qu’ils ont
laissé une partie de leur coeur dans leur ancienne classe; ils n’enseignaient
pas uniquement pour faire plaisir à Dieu et faire sa volonté, mais en bonne
partie pour leur propre satisfaction.
Car celui qui fait tout seulement pour Dieu ne voit que sa volonté en
arrière de tous les changements qui le touchent et il les suit sans aucune
difficulté: c’est qu’il déménage chaque fois, corps et âme, heureux de suivre
son unique trésor, la volonté de Dieu.
Quand on voyage dans un train à 50 milles à l’heure, si on s’attache aux
choses qui passent à côté du train, il y aura de sérieux inconvénients. Mais que fait-on? On cause par exemple avec un compagnon qui
voyage comme moi et nous allons d’une ville dans une autre sans nous occuper
même des changements extérieurs au train.
Eh bien! Pourquoi ne pas faire la
même chose dans notre grand voyage à travers la vie du monde: occupons-nous
seulement à causer avec la volonté de Dieu qui nous suit partout où nous allons
pour nous donner des biens infinis! Elle
devrait nous suffire! Pourquoi alors
nous arrêter aux changements extérieurs?
Promenons-nous donc avec elle à travers toutes les variations des choses
humaines sans même les remarquer si possible!
On remarque que dès que Dieu appelle quelqu’un à la sainteté, il le fait
voyager constamment pour le détacher des choses du monde comme il fit pour
Abraham, Jacob et Joseph, etc.
Aidons-lui donc à nous détacher en cessant de nous accrocher à quelque
poste, à quelque maison, ou quelque personne ou quelque ville. Le degré de notre paganisme est manifesté par
ces attaches à toutes ces niaiseries de la vie humaine. Ce sont ces païens qui murmurent contre les
fréquents déplacements que la providence exige de tous ceux qu’elle veut
sanctifier. Nous sommes des voyageurs et
des pèlerins en ce monde, nous dit l’Écriture, nous cheminons vers notre vraie
patrie le ciel; pourquoi nous attacher aux diverses choses qui bordent la route
vers le ciel? Celui qui vit de foi cesse
de voir les variations dans la volonté divine à cause de ses effets: il ne
s’attache qu’à elle et alors il retombe avec elle dans l’immutabilité divine et
de l’éternité avec toutes les heureuses conséquences pour sa paix, son mérite
et son bonheur même en ce monde. Que de
fois on entend dire aux inférieurs que leur supérieur ne sait pas ce qu’il
veut: il dit: oui, et deux minutes après il dit: non! Aujourd’hui il est de bonne humeur et demain,
de mauvaise humeur; il change comme le vent et ses inférieurs s’impatientent de
ces variations chez le supérieur. Mais
on devrait voir maintenant que c’est un supérieur idéal pour sanctifier ses
inférieurs s’ils avaient un grain de foi surnaturelle! Quelle bénédiction Dieu leur fait là et ils
sont trop païens pour l’apprécier!…
Souvent désagréable. Ce point revient pratiquement au
précédent. Parmi ces variations de la
volonté divine quant à nous, à cause de notre condition humaine, il y en a
beaucoup qui nous sont désagréables.
Car, non seulement nous avons à expier nos péchés, mais après cela et en
même temps que cela, nous avons toute notre activité naturelle à diviniser,
nous avons donc à renoncer à notre païen ou au vieil homme naturel auquel nous
tenons mordicus par nature. Dieu est
obligé de nous amputer tout ce naturel comme le chirurgien ampute en nous tout
ce qui est gangrené. Pour ces opérations
Dieu se sert de ses créatures selon son bon plaisir. Allons-nous prendre 50 ans pour l’admettre et
pour le pratiquer? Est-ce que le bonheur
du ciel ne vaut pas toutes ces souffrances?
Tous les plaignards le sont parce qu’ils n’ont jamais ou trop rarement
réfléchi sur la sublimité de cette participation à la vie intime de la Trinité
au ciel. En proportion que nos chrétiens
pensent sérieusement à la grandeur du bonheur du ciel, ils sont patients pour
supporter les épreuves de la vie, sachant bien qu’ils seront heureux dans la
mesure où ils participeront au calice de N.
S. Ces idées ne sont pas
seulement pour l’esprit, mais pour le coeur et donc pour la vie pratique. Que pas un de nous ne se plaigne à l’avenir
des contrariétés que Dieu lui envoie pour le diviniser. Faisons tout de suite la volonté de Dieu
comme au ciel. Elle est le principe… de
toute sainteté. La sainteté de Dieu
consiste dans l’adhésion de sa volonté pour ses perfections infinies. En d’autres termes qui seront mieux compris
par nous, elle est son amour-propre, mais en lui parfaitement légitime parce
que ses perfections lui appartiennent en propre. Si donc on veut la volonté de Dieu, on veut
tout ce qu’elle veut elle-même, ses propres perfections. De cette sorte nous participons à sa sainteté
à mesure que nous adhérons à sa volonté.
Comme pour nous, la
volonté divine se manifeste à travers tous les événements et les personnes qui
viennent en contact avec nous, il faut le savoir et profiter de ces contacts
pour faire la volonté divine. Comme une
femme brode un nom avec des centaines de coups d’aiguille, ainsi Dieu brode son
nom en nous ou son union avec nous par des milliers de coups de
providence. Ou encore, comme un
historien écrit une histoire par des milliers de lettres juxtaposées selon son
intelligence et sa volonté, ainsi Dieu écrit l’histoire de mon union avec lui
par des milliers d’événements souvent bien insignifiants, mais qui dans
l’ensemble font mon union avec la volonté divine en proportion que je vis de
foi et donc ma sainteté. Vues de cette
façon, les créatures nous apportent quelque chose du Créateur: c’est l’ensemble
de tout ce divin qui fait notre sainteté.
Mais cela est à la condition de recevoir la volonté divine dans la chose
qu’elle me présente. Si on dispute, si
on s’impatiente, on perd le divin. De
même si on perd son temps à analyser le pourquoi de la volonté divine on perd
en proportion. Les uns objectent: je ne
sais pas si telle chose me vient de Dieu.
Du moment qu’elle ne vient pas de notre volonté, on peut toujours dire
qu’elle vient de Dieu, même en passant par le démon! D’autres ne savent pas s’ils avancent en
vertu et voudraient le savoir. Eh
bien! moi non plus je ne le sais pas… et
ce m’est égal! Ce n’est pas le savoir
qui compte devant Dieu mais le vouloir!
Du moment qu’on veut sincèrement se sanctifier, on peut être sûr que
cela est agréable à Dieu; que pouvons-nous désirer de plus? De toute efficacité. La volonté de Dieu est l’âme des choses; elle
leur donne la vie et le mouvement et donc le rendement en faveur de
l’homme. Que de fois dans l’Écriture
Dieu fait dire à son peuple qu’il le bénira s’il observe ses commandements et
qu’il le punira s’il lui désobéit. Alors
dès que la volonté de Dieu n’est plus là, les choses ne valent plus rien pour nous
au point de vue du mérite éternel. Qu’on
aime sa mère tant qu’on voudra, dès que son âme la quitte, on l’enterre, elle
n’est plus qu’un cadavre pour la famille.
Eh bien! qu’on aime un emploi,
une maison, un ami ou tout autre chose, dès que la volonté de Dieu n’est plus
là, ces choses ne sont plus pour nous que des cadavres!!! Tout chrétien devrait donc toujours s’assurer
de la volonté de Dieu dans tout ce qu’il entreprend. Il veut faire un voyage, qu’il consulte Dieu
d’abord, pour voir s’il est parfaitement conforme à sa volonté; il veut acheter
une maison ou une ferme, qu’il s’arrête avant de conclure le marché et qu’il
prie, qu’il consulte Dieu pour voir si cet achat est bien conforme à la volonté
de Dieu. Quand même il n’aurait pas une
réponse bien nette par quelque bonne inspiration, le seul fait qu’il a consulté
Dieu lui plaît et il bénira cet achat.
Dans l’Ancien Testament il y a plusieurs cas où Dieu a puni les Juifs
parce qu’ils avaient consulté des païens au lieu de le consulter lui, leur
Dieu. Quand ils le consultaient d’abord,
il les bénissait. Or c’est encore le
même Dieu pour nous et aussi jaloux pour sa gloire. Quand un homme ne consulte que les hommes ou
son propre jugement, Dieu lui envoie un fiasco pour l’en punir. Voilà ce qui explique tant de ménages plus ou
moins malheureux! Ils n’ont pas consulté
Dieu avant de se marier, mais ils ont suivi leurs passions, leurs goûts
particuliers, ou n’ont consulté que des hommes.
Avant de faire un pas dans cette importante affaire tout chrétien
devrait prier longtemps, consulter Dieu et s’efforcer de découvrir si c’est
bien la volonté de Dieu qu’on se marie et qu’on marie telle personne. L’archange Gabriel dit à Tobie que les maris
de Sara avaient été tués par le démon le premier soir de leurs noces parce
qu’ils n’avaient consulté que leur nature et non pas Dieu. C’est évident que la leçon est pour tous les
âges puisque le St Esprit l’a fait écrire dans la Bible. De nos jours tout le monde voit des exemples
frappants de cette doctrine. Après les
deux grandes guerres mondiales, le grand Conseil des Alliés, réuni pour faire
la paix, a perdu tous les fruits de ces deux victoires justement parce qu’il
n’a pas voulu consulter Dieu. Ils n’ont
pas même fait une prière au commencement de leurs assemblées. Eh bien!
ils ont voulu régler la paix sans le concours de Dieu et c’est un fiasco
phénoménal. Ils ont semé des divisions
pour de futures guerres et ils ont perdu tous les avantages de leurs victoires
complètes… Mais ces païens n’ont pas encore appris leur leçon: ils continuent
de vouloir mener le monde sans Dieu et ils vont à la ruine. C’est la débâcle totale en toutes
choses. Eh bien! que chacun commence dès aujourd’hui à mettre
Dieu en tête de toutes ses actions et de toutes ses entreprises. En proportion de ce qu’on veut faire, qu’on
prenne du temps pour tout régler avec Dieu d’abord. Trop de religieux et de prêtres oublient ces
exigences de la gloire de Dieu. On les
voit se choisir un homme éminent d’après eux, puis ils comptent sur lui pour
toute l’entreprise… et dans la même proportion leur grand homme gâte
l’entreprise… parce que ces gens qui l’ont mis là comptaient trop sur lui et
sur eux-mêmes dans ce choix. En
proportion qu’on oublie Dieu pour compter sur les hommes dans la même
proportion on ira à la débâcle! Mais qui
prend ces leçons des autres? Ils se
succèdent les uns les autres et font les mêmes bêtises que leurs prédécesseurs
tant ils sont païens de mentalité, remplis d’eux-mêmes et de leur suffisance. Voilà pourquoi Dieu ne les seconde pas et
qu’ils manquent leur coup…
De toute félicité. C’est la conséquence des deux autres points:
si on vit uni à la source de tous les biens et qu’on met sa confiance
uniquement en Dieu, on est béni de Dieu en tout; voilà la route du véritable
bonheur sur terre. On accomplit ce que
le premier psaume dit: «Bienheureux l’homme qui met son plaisir dans la loi de
Yahveh et qui la médite jour et nuit! Il
est comme un arbre planté près d’un cours d’eau, qui donne son fruit et son
temps et dont le feuillage ne se flétrit pas: tout ce qu’il fait réussit!»
Est-ce que ce n’est pas le succès que les hommes cherchent? Pourquoi alors ne pas prendre le seul moyen
de réussir en tout: s’unir à la volonté de Dieu d’abord et ne chercher que son
bon plaisir? Qu’on cesse donc de
s’appuyer sur les créatures quand le Créateur s’offre à nous pour nous donner
tout ce que nous voulons. Avec lui,
succès!
Sans lui, fiasco!…
manière de se présenter… Comme dans l’Annonciation. On sait que le plan divin est de nous
diviniser complètement afin de nous rendre aptes à participer à l’activité
trinitaire au ciel par notre union avec J-C.
Plus J-C. sera formé en moi et
plus il me communiquera le bonheur de la Trinité. Par conséquent notre sanctification est
l’incarnation continuée dans les membres du corps mystique de J-C. C’est donc tout le même mystique qui se
continue en nous tel que commencé en J-C.
Dieu nous a tout raconté l’Incarnation une fois pour nous montrer
comment il nous sanctifie, mais, maintenant, tout est invisible pour chacun de
nous, mais aussi réel que dans l’Annonciation et nous avons les mêmes
personnages pratiquement, puisque c’est le même mystère qui se continue. Comme il a fallu l’union de la volonté de
Marie à la volonté de Dieu, caché en arrière d’une créature, comme étant l’ange
Gabriel. Divisons le mystère en ses
parties pour mieux nous l’expliquer. Le
messager pour Marie est l’archange Gabriel; c’est lui qui lui apporte la
volonté de Dieu. Comme le mystère
dépasse toute compréhension humaine, Dieu veut montrer qu’il s’agit d’une
opération purement divine, c’est pourquoi il envoie un ange qui se manifeste à
Marie.
Quel sera notre messager
quand Dieu voudra nous donner plus de divin?
Il pourrait bien encore envoyer un ange, mais nous ne le méritons pas et
de plus Dieu veut exercer notre foi. Le
messager de la volonté divine pour nous est le devoir du présent, que ce soit
une personne à recevoir, un voisin à soulager, un service à rendre au prochain,
une tâche qui s’impose par mon devoir d’état, un événement qui m’arrive, une
charge qu’on m’impose, une maladie, un contretemps, etc. etc., tout cela est mon ange Gabriel qui
m’apporte la volonté de Dieu et qui me demande si je veux être la mère du divin
qu’il m’apporte… Un jour qu’on loue Marie, sa Mère, Jésus dit que tous ceux qui
font la volonté de son Père sont sa Mère!
C’est lorsqu’on fait la volonté de Dieu que le St Esprit forme plus de
divin en nous, ce qui est former Jésus en nous: nous sommes donc sa Mère en ce
sens.
On voit l’importance de
toutes les méditations où on explique comment voir la volonté de Dieu dans
absolument tout ce qui nous arrive excepté nos péchés. Celui qui ne voit pas comment Dieu vient en
lui, en arrière d’un ennemi, d’un méchant, d’un imbécile, etc. perd toutes ses chances de voir Jésus formé
en lui faute d’union avec la volonté de Dieu qui se cache en arrière de ces
personnes désagréables. Le message de
l’archange Gabriel est le plus merveilleux jamais venu du ciel: le Verbe va se
faire homme pour vivre comme nous sur la terre et surtout pour y souffrir et
être crucifié pour expier nos péchés.
Pour Marie, ce message dépasse toute la nature humaine, car après
qu’elle a dit qu’elle ne connaissait pas d’homme et évidemment dans le sens
qu’elle ne pouvait pas à cause d’un vœu très probablement. L’ange le comprend ainsi puisqu’il lui dit
qu’elle n’aura pas besoin de l’homme puisque ce sera par la vertu du St Esprit
qu’elle deviendra mère. Jamais Dieu
n’avait demandé une chose aussi impossible à sa créature, et aussi jamais une
créature n’a reçu autant de divin que Marie puisqu’elle a reçu le Verbe en
personne. Dieu a fait ce grand miracle
parce que la Ste Vierge a cru en la parole de Dieu. Il en sera de même pour nous: plus ce que
Dieu demande est difficile, absurde et désagréable et plus il y a du divin pour
nous à condition que l’on croie en Dieu.
Par exemple, quel immense sacrifice Dieu demanda quand il exigea
d’Abraham qu’il lui immolât Isaac! Eh
bien! Dieu bénit Abraham et lui promit
que le Messie sortirait de sa race et que lui-même serait béni en ce
monde. De même les grandes épreuves de
Joseph lui attirèrent de très grandes bénédictions du ciel. Par conséquent dès qu’une épreuve quelconque
nous arrive, au lieu de ne voir que ce que nous perdons, pour critiquer et
murmurer contre la Providence, voyons donc tout de suite simplement comme un
ange de Dieu qui nous apporte l’offre de devenir la «mère» de Jésus dans un
certain degré, en proportion que nous croyons en la parole de Dieu que cette
créature nous apporte de la part de Dieu.
Et plus elle nous est pénible et plus Jésus sera formé en nous si nous
l’acceptons en esprit de foi. Ceux qui
croient à la présence réelle dans l’hostie consacrée devraient croire aussi
bien à la volonté de Dieu dans tout événement qui lui arrive de la part de
Dieu, ou en tout ce qui lui vient des personnes. C est le même Dieu qui nous enseigne ces deux
manières d’être du divin dans l’hostie consacrée et dans tout ce qui vient en
contact avec nous. Comme l’hostie
consacrée cache sous les espèces sensibles la présence de Jésus, ainsi toute
créature qui vient en contact avec nous cache l’action divine qui veut produire
Jésus en nous. «Le St Esprit vous
couvrira de son ombre». Pour nous cette
ombre est justement la créature qui se présente à nous dans notre devoir d’état
présentement. C’est une ombre parce qu
on ne voit pas le divin caché en elle.
Plus l’ombre est épaisse et plus il y a de divin. Ainsi, la conception de Jésus en Marie était
physiquement impossible aux yeux des hommes; il fallait donc une foi
extraordinaire pour y croire quand même.
Par exemple, il est plus difficile pour nous d’obéir à un supérieur
malcommode qu’à un bon supérieur; à un qui manque de jugement plutôt qu’à un
qui est sage, etc. Dans tous ces cas on
a beaucoup plus de mérite parce que l’ombre contredit notre jugement; elle est
donc plus épaisse, et il faut plus de foi pour croire à l’action divine quand
même. Cette doctrine est de nature à
nous donner une bonne dose d’humilité, car nous aussi nous sommes seulement une
ombre, qui cachons l’action divine dans le bien que nous faisons aux autres;
nous ne sommes que le messager de la volonté divine ou de la grâce. En Marie, ce n’est ni l’ange, ni l’ombre qui
a opéré la conception de Jésus, mais le St Esprit. Il en est ainsi pour moi quand je fais le
bien; ce n’est pas moi qui le fais, mais Dieu par moi et en arrière de
moi. Je ne suis que l’écran qui cache
l’action divine. Alors d’où peut me
venir le sujet de me glorifier? Il n’y
en a absolument aucun. Que Je ne
l’oublie plus dans le bien que je pourrai faire ou plutôt, pour parler selon la
foi, que Dieu pourra faire par moi, comme son instrument seulement, pas comme
cause du bien d’aucune façon. Quelle
idée pour nous garder humbles!
Quel dommage que les
fidèles ne sachent pas ce plan divin pour leur donner Jésus! Justement ce qui les contrarie le plus leur
apporterait plus de divin. Au lieu de
disputer ils devraient remercier Dieu à deux genoux de leur donner une si belle
chance d’exercer leur esprit de foi et de tant mériter pour le ciel. Quelle ignorance que de regarder comme un mal
ce qui les divinise le plus! ce qui va
leur donner le plus grand bonheur!
Les prêtres ont une
grande responsabilité de ne pas expliquer ces voies de Dieu pour nous
sanctifier. Qu’ils les étudient
davantage au lieu de perdre leur temps dans une foule de choses plus ou moins
profanes; ils devraient lire plus de livres spirituels, surtout ceux qui
traitent de l’ascétisme et de la mystique.
Ce serait plus catholique que de se passionner pour les sports de toutes
sortes! Le consentement de Marie était
la condition, non la cause de l’Incarnation.
Tout de même Dieu l’a attendu avant de lui donner Jésus. Il fait de même pour tout messager qu’il met
sur notre route pour nous apporter sa volonté; il attend que nous consentions à
ce qui nous arrive avant d’opérer une augmentation de Jésus en nous. Alors, que ce consentement soit clair,
catégorique et sans condition. C’est
Dieu qui a mis une personne bien désagréable pour vivre avec moi dans telle
communauté ou telle maison: eh bien! dès
que l’on comprend la situation, qu’on dise du fond du coeur à Dieu: Mon Dieu,
j’accepte de vivre avec cette personne de bon coeur, selon votre sainte
volonté! et qu’on le montre dans la
suite par la façon de traiter cette personne, exactement comme si elle était un
ange descendu du ciel pour m’apporter Jésus!
Voilà ce que des chrétiens doivent faire dans tout le cours de leur
vie. le devoir du présent est
important. Le passé n’existe plus et
l’avenir n’existe pas encore; alors je suis donc en communication avec Dieu
uniquement dans l’instant présent. Il
est donc important de rester en union avec Dieu à ce moment puisque c’est le
seul par où la grâce peut m’arriver. Si
je proteste contre mon messager de la grâce, je n’en reçois plus du ciel. Voilà pourquoi tous les démons font tant pour
faire murmurer les gens dans ce qui leur arrive. Exemple: une sphère métallique roule sur une
table électrisée. Le point de contact
change constamment, mais comme il y a de l’électricité partout, elle entre dans
la sphère par ce point de contact. Dès
qu’on le brise on empêche l’électricité de passer. Eh bien!
notre vie est comme une sphère qui roule sur le plan éternel et divin;
tant que notre volonté fait le contact avec celle de Dieu, la grâce s’écoule en
notre âme, mais dès qu’elle refuse son devoir du présent, elle retire donc sa
volonté et le contact- est brisé avec Dieu et la grâce cesse d’entrer dans
l’âme. Tous ceux qui désobéissent à
leurs supérieurs voient maintenant ce qu’ils perdent de divin. Un cultivateur dit à son fils de faucher
telle pièce de grain, le fils s’en va à la pêche; pendant tout ce temps la
grâce n’entre pas dans son âme; il n’a aucun mérite devant Dieu de sa
pêche. Un Curé dit à son vicaire d’aller
confesser à trois heures; il s’en va faire une promenade à la place; pendant
tout ce temps il perd son mérite qu’il aurait eu à confesser. Après avoir accepté l’épreuve, rien n’empêche
qu’on prenne les moyens convenables pour en sortir, comme dans une
maladie. Je l’accepte, puis ensuite je
vais voir le médecin. Cela n’est pas
contraire à la volonté de Dieu; ainsi dans toutes les épreuves… L’abandon à la
volonté divine est la conséquence de la doctrine que nous venons de
donner. Comme la Ste Vierge s est
abandonnée à Dieu dès qu’elle vit la volonté de Dieu; ainsi maintenant que nous
savons que la volonté de Dieu se manifeste à nous par le devoir du présent, il
faut nous abandonner parfaitement à cette sainte volonté qui se cache en
arrière du devoir présent.
Dans le ciel nous serons
parfaitement abandonnés à Dieu; eh bien!
il faut commencer tout de suite dans la foi ce que nous voulons faire
dans la gloire. Ce qui faisait la grande
difficulté d’accepter la volonté de Dieu dans les choses désagréables, notre
ignorance, nous ne pouvons plus la prendre comme excuse. Car nous savons maintenant que les choses
pénibles, même si elles viennent du diable, de fait viennent de Dieu pour nous;
qu’elles ont même d’autant plus de divin pour nous qu’elles sont contraires à
notre nature. Il n’y a donc plus rien
pour nous empêcher de nous abandonner parfaitement à la volonté de Dieu dans
tout ce qui nous arrive au jour le jour, ou mieux, instant par instant. L’indifférence D’après St Ignace, qui ne fait
que suivre la théologie, tous nos motifs d’agir doivent venir exclusivement de
notre fin dernière et donc de la volonté divine, qui est notre fin
dernière. Donc là où la volonté de Dieu
ne se manifeste point d’une façon ou d’une autre, je dois rester indifférent et
suspendre mon adhésion. Ce n’est donc
qu’en fonction de la volonté divine qu’on peut être indifférent, comme St
Ignace l’indique en disant: «Désirant et connaissant uniquement ce qui me
conduit plus sûrement à ma fin dernière.» Toute notre retraite jusqu’à présent
n’est qu’une préparation à faire la volonté de Dieu en toutes choses, sans
aucune exception, hors le péché évidemment.
Il ne faut pas essayer de prêcher l’indifférence en dehors de la volonté
de Dieu, comme certains commentateurs le font.
La seule raison de rester indifférent c’est quand on a compris que la
volonté de Dieu doit être le seul mobile de nos actions ou qu’elle est l’âme de
nos actions; alors quand elle n’est pas là il n’y a rien de bon pour nous là;
donc on reste indifférent. Demandons à
Dieu la grâce de ne plus vivre que pour la volonté de Dieu et selon la volonté
de Dieu; cultivons-la comme notre vie éternelle, car c’est elle seule qui va
nous la donner. Ce culte nous détachera
de tant d’imperfections dans la vie spirituelle qui rongent notre mérite: comme
notre amour-propre, notre gloriole, nos jouissances même spirituelles. En cultivant la volonté divine, on se
détourne de soi pour mettre Dieu le centre de notre vie; tout converge alors
sur Dieu puisqu’on ne cherche que sa sainte volonté en tout. Alors c’est la mort plus ou moins lente du
païen, mais la mort sûre avec le temps.
C’est l’oubli de soi pour mettre Dieu à la place de ce petit dieu rival
de Dieu même.
«Que votre volonté soit
faite sur la terre comme au ciel» montre ce que Dieu pense de cette doctrine
que nous venons de donner. C’est la vie
du ciel qui commence pour nous sur la terre; c’est le bonheur qui entre en
l’âme avec cette sainte volonté et c’est la vie intime avec la Trinité en union
avec Jésus qui se forme toujours de plus en plus avec notre union à la volonté
divine dans tout ce qui nous arrive de la part de cette sainte volonté… «Qu’il
me soit fait selon cette volonté» doit être le refrain habituel de tout
chrétien qui veut arriver au ciel.
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