NEUVIÈME
INSTRUCTION
L’ESPÉRANCE.
«Demeurons
inébranlables dans la profession que nous avons faite d’espérer ce qui nous a
été promis, car Celui qui nous a promis est fidèle». Héb. 10-23.
SA
NATURE
L’espérance,
d’abord dans l’ordre naturel, est un sentiment ou un attrait pour un bien
absent et difficile à obtenir, et pour cette raison, une espèce de passion qui
tient à tout prix à se procurer ce bien éloigné. Cette vertu est au fond de
toutes les grandes entreprises. Un cultivateur travaille fort sur la terre dans
l’espérance d’avoir de bonnes récoltes; un commerçant traverse les mers, achète
de la marchandise dans l’espoir de faire de l’argent. Il faut donc entrevoir
des profits quelconques pour entreprendre de grands travaux pour les réaliser.
Eh
bien! Dans l’ordre surnaturel, la foi nous montre les biens surnaturels qu’il
nous faut acquérir au ciel; c’est déjà beaucoup! Mais cela ne suffit pas. Si on
m’annonce qu’un beau palais m’est offert en France, c’est une bonne nouvelle
pour moi. Mais si je ne vais pas plus loin, si je ne fais aucune démarche pour
en prendre possession, je le perds, Il en est ainsi pour l’annonce des biens
célestes que la foi me fait: si je ne passe pas à l’espérance, je ne les aurai
jamais. Elle est donc un complément de la foi.
ELLE
DÉPEND DE LA FOI.
En proportion qu’on prend au sérieux les révélations de la
foi, on a des chances d’avoir une espérance ferme. Ceux qui se contentent
simplement d’entendre parler de Dieu et des choses de Dieu et qui ne les
méditent pas souvent dans leur cœur, ont une foi de surface; elle ne descend
pas dans le cœur et dans la vie. Alors comment ces gens pourraient-ils avoir
une espérance solide dans les biens à venir? On voit bien leur peu d’intérêt
que le ciel suscite en eux; ils ne font rien pour étudier ces choses divines,
ils n’en parlent à peu près jamais. Ces gens ont donc une foi bien
superficielle et leur espérance est encore moindre. Comme il y a peu de
véritable espérance chez les prêtres, chez les religieux et par suite chez les
fidèles! On les entend rarement soupirer après les choses de Dieu, mais ils
sont tout aux choses de la terre.
Ceux
qui prennent au sérieux les révélations de la foi et qui croient fermement aux paroles
de J.-C., ces biens divins sont pour eux une réalité mystique dans leur âme;
ils s’y affectionnent et prennent tous les moyens à leur disposition pour se
les procurer. Alors ils sont actifs dans leur vie spirituelle et font de grands
progrès en sainteté. Comme ils sont tout aux choses de Dieu, ils en parlent
volontiers et ne veulent pas perdre leur temps à parler des bagatelles de la
terre.
Ce
sont ces chrétiens qui sont bien préparés pour faire des actes d’espérance
surnaturelle et très agréables à Dieu. Ils vivent d’espérance comme ils vivent
de foi; ils n’ont pas seulement les idées dans les choses de Dieu, mais ils ont
leur cœur et leur amour en Dieu et tout cela passe dans leur vie pratique: ce
sont de véritables enfants de Dieu qui agissent divinement en tout, au moins en
général. Tous sont tenus de vivre de surnaturel de la sorte. L’espérance
requiert l’aide de la volonté.
ELLE
EXIGE UN EFFORT DE VOLONTÉ.
Car cette vertu théologale a Dieu pour objet
immédiat et requiert des moyens surnaturels pour obtenir l’objet de
l’espérance. Tout cela dépasse les forces de la nature; il nous faut donc les
secours de Dieu. Or, pour les donner, il exige que nous les voulions de toutes
les forces de notre volonté. C’est ce que Jésus veut dire quand il proclame que
le ciel souffre violence et qu’il n’y a que les violents qui le gagnent.
Il
faut beaucoup de volonté parce que son acte est aussi difficile que l’acte de
foi. Il faut mépriser et rejeter nos deux amours naturels qui font notre vie
naturelle, et s’élever au-dessus de notre façon ordinaire de penser, de
comprendre pour agir selon la lumière divine de la foi. Comment faire un acte
de véritable espérance surnaturelle dans les choses divines quand on a le cœur
plein de choses de la terre? C’est pratiquement impossible. Quand un homme est
amouraché d’une fille, il n’en désire aucune autre. L’amour de l’homme est trop
limité pour se porter sur des objets rivaux, comme le sont les choses de la
terre et celles du ciel. Jésus nous dit carrément que nous ne pouvons pas aimer
les deux.
Nous
avons vu ce qu’il faut changer en nous pour vivre de foi avec la grâce de Dieu,
eh bien! ce n’est qu’en proportion que nous nous sommes dépouillés ainsi de
tout naturel libre que nous pouvons faire des actes de véritable espérance
surnaturelle.
Encore
une fois ce dépouillement pour vivre de foi n’est pas une question de luxe en
perfection, mais il est absolument nécessaire pour le salut. Eh bien! De même
l’espérance surnaturelle est aussi nécessaire pour le salut. Sans elle, on se
damne! Donc, il faut y mettre toute sa volonté et tout son cœur. Il faut
travailler de toutes ses forces pour cultiver cette espérance divine.
Voici
un homme riche qui voyage sur un beau gros paquebot; il espère bien arriver au
port, mais comme cela ne l’inquiète pas beaucoup! Il a tant de bons moyens et
il se fie sur tant d’autres qui surveillent le paquebot, qu’il se fie à eux
pour l’amener au port heureusement.
Mais
supposons qu’un homme a fait naufrage près des côtes et il sait que son unique
salut est dans ses propres forces pour nager jusqu’au rivage. Comme cet homme
espère arriver au rivage! Comme il y met toute sa volonté! Sachant que c’est
son seul salut! Comme il regarde le rivage avec amour et désir!
Dans
l’ordre naturel, la volonté suit facilement l’intelligence qui lui montre son
objet. Mais dans l’ordre surnaturel entre croire aux biens célestes et les
vouloir, il y a un abîme que la grâce de Dieu seule peut combler. Il faut donc
prier pour avoir l’espérance comme pour avoir la foi. C’est une autre vertu
théologale distincte de la foi et qui exige des grâces spéciales pour l’avoir.
Elle dépend donc beaucoup de la volonté comme condition pour avoir la grâce.
«Demandez et vous recevrez», s’applique surtout pour avoir ces vertus
théologales.
Nos
prêtres philosophes n’insistent jamais sur l’absolue nécessité de l’espérance.
Comme ils permettent les affections aux bonnes choses créées avec leur doctrine
des «in se», c’est tout cet amour de moins pour les choses de Dieu. Comme il y
a assez de bonnes choses pour satisfaire l’homme sur la terre, il ne peut pas
être bien anxieux d’avoir les choses du ciel. C’est donc à cause de ce
philosophisme que le clergé et les fidèles ne s’occupent guère de l’espérance.
Ils sont tout aux choses de la terre en général.
Aussi
Dieu envoie des fléaux et des tribulations de toutes sortes pour dépouiller les
gens de leurs biens terrestres, afin qu’ils mettent leur espérance en Dieu seul
et dans les choses de Dieu. Par nature, les hommes aiment les biens créés,
alors Dieu les leur enlève pour qu’ils transfèrent leur amour sur les biens
célestes.
Si
les prêtres prêchaient plus le mépris des créatures et l’amour surnaturel de
Dieu, Dieu leur épargnerait une foule d’épreuves. Dieu ne hait pas ce qu’il a
créé, mais il ne veut pas que les hommes s’y affectionnent pour elles-mêmes.
Quel dommage que les chrétiens ne soient pas assez sages pour aller au-devant
des coups et renoncer eux-mêmes aux attaches pour mettre leur espérance uniquement
dans les choses du ciel! Dieu ne serait pas obligé de les massacrer!
Saint
Paul aux Héb. 10, écrit: «Rappelez en votre mémoire ce premier temps où, après
avoir été éclairés, vous avez soutenu le grand combat des souffrances. D’une
part, mis en spectacle dans les opprobres et les tribulations et, de l’autre,
devenus les compagnons de ceux qui ont ainsi souffert. Car vous avez compati à
ceux qui étaient dans les chaînes et vous avez souffert avec joie l’enlèvement
de vos biens, sachant que vous avez une richesse meilleure et à jamais durable.
Ne perdez donc pas la confiance que vous avez et qui sera suivie d’une si
grande récompense. Car la patience vous est nécessaire, afin que, faisant la
volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis».
La
perte des biens de ce monde sert donc grandement à exciter en nous l’espérance
des biens impérissables du ciel. Mais à condition que nous ayons une grande
foi, qui nous montre la gloire céleste en échange pour les plaisirs de la
terre. Où sont les fidèles qui sont si bien ancrés dans la foi qu’ils acceptent
volontiers de perdre leurs biens terrestres pour avoir une plus grande
récompense au ciel? Comme il y en a peu pour lever les yeux au ciel et dire:
«Mon Dieu, prenez vos échantillons et donnez-moi le ciel!». Que de plaintes
pour la plupart! On voit bien qu’ils avaient mis leur bonheur dans les choses
de ce monde puisqu’ils sont si navrés de les perdre!
La
difficulté de vivre d’espérance est donc grande parce qu’elle exige le
dépouillement de tout ce que nous aimons par nature. C’est pourquoi il nous faut
une volonté très ferme pour faire ces grands sacrifices. Une fois détaché, ce
n’est plus difficile de vouloir les jouissances éternelles. Mais pour se
détacher de l’ensorcellement des créatures, c’est très dur; il faut une volonté
de fer… et surtout la grâce de Dieu. Mais il la donne à ceux qui veulent
sérieusement vivre d’espérance.
ELLE
COMPREND LA CONFIANCE qui ajoute à l’espérance une conviction intime qu’on
obtiendra ce qu’on espère. Il y a bien des sortes de confiance selon les motifs
de l’exercer. On nous dit que notre confiance en Dieu doit être sans limite.
C’est vrai, mais de notre côté nous posons bien des limites à Dieu.
Par
exemple, nos péchés, notre insouciance pour les choses du ciel, nos
imperfections de toutes sortes sont certainement des obstacles à notre
espérance. C’est pourquoi il s’y glisse nécessairement une certaine crainte en
proportion qu’on est imparfait.
Pour
ceux qui vivent bien, qu’ils se défient de mettre leur confiance dans leur
petite perfection. Rien ne choque Dieu comme celui qui s’appuie sur sa vertu
pour gagner le ciel. Quelque grande qu’elle soit, elle ne mérite rien par
elle-même. C’est un point extrêmement important pour progresser dans la
sainteté. On sait combien le pharisien qui énumérait les bonnes âmes, même à
leur insu. Plus ou moins inconsciemment, elles comptent sur leur vertu pour
avoir confiance en Dieu. Leur confiance ne vient donc pas uniquement de Dieu,
comme elle doit venir. Ceux-là ne sont pas encore tout à fait morts à
eux-mêmes, puisqu’ils se croient capables d’enrichir Dieu par leurs biens
spirituels! Ou qu’ils peuvent le payer pour la confiance qu’il leur donnera!
Notre
confiance doit venir uniquement de Dieu. C’est pour nous obliger à le
reconnaître que Dieu envoie tant de tentations aux hommes et qu’il les laisse
même tomber dans toutes sortes de péchés. Quand nous sommes irrémédiablement
perdus, il ne nous reste plus qu’à mettre toute notre confiance dans la
miséricorde divine, et c’est ce que Dieu veut!
La
confiance la plus parfaite est celle qui s’appuie uniquement sur les mérites de
N.S. et la miséricorde infinie de Dieu. Nous devrions tous savoir que Dieu
n’agrée que J.-C. et ce qui vient de lui et rien autre chose! C’est donc
inutile d’essayer de mettre sa confiance en soi d’une façon ou d’une autre.
L’histoire de l’humanité le montre bien. Saint Paul dit que Dieu a laissé
tomber les Juifs dans l’infidélité, afin qu’ils n’espèrent qu’en sa miséricorde
et il a été chercher les païens dans l’infidélité pour qu’eux aussi n’espèrent
qu’en sa miséricorde divine. Voilà pourquoi Dieu laisse les hommes tomber dans
tant de péchés et de misères de toutes sortes, afin qu’ils soient obligés de
compter uniquement sur les mérites de J.-C. pour être sauvés. Tous ces
misérables pécheurs n’ont qu’à s’unir aux souffrances et aux misères de J.-C.
et Jésus les sauvera!
Comme
Isaïe dit que le Messie a pris sur lui nos iniquités, J.-C. fera encore cela
pour nous tous si nous allons à lui en esprit de foi et de confiance et
d’amour.
C’est
la grande idée de la doctrine de Saint Paul: que Dieu nous éprouve de toute
façon justement pour que nous mettions notre confiance uniquement dans sa
miséricorde et dans les mérites de J.-C. Il ne se décourage pas dans ses
épreuves, il s’en glorifie même, afin de donner une chance à la vertu de Jésus
de se manifester. C’est quand il est faible en lui-même qu’il est fort en J.-C.
Il meurt pour que Jésus vive en lui. Ce sont donc nos misères et physiques et
morales qui attirent la sympathie et les grâces de Dieu par J.-C.
•485
La preuve que cette doctrine vient bien de Dieu est dans ce fait qu’à mesure
que ses amis s’approchent de Dieu, il les éclaire surtout sur leurs misères de
toutes sortes, il leur découvre la méchanceté de leur fond naturel, la laideur
de leur orgueil, de leur esprit de suffisance et enfin de tout ce qui est
absolument contraire à la sainteté de Dieu, l’objet de leur amour. On dirait
qu’il les jette positivement dans la stupeur devant l’abîme de leur pourriture,
dans le découragement sur leurs chances de salut avec la vie qu’ils ont faite.
Or,
c’est en proportion qu’ils se sentent perdus, qu’ils ne voient plus moyen de
remonter la côte, comme on dit, qu’ils avouent leur absolue incapacité pour se
sanctifier, qu’il leur donne d’abondantes grâces pour les sanctifier. Comme
dans le ciel, nous avouerons sûrement que c’est Dieu seul qui nous a mis là,
Dieu veut que nous soyons convaincus avant de mourir. Plus vite nous le sommes
et plus vite nous commençons notre vie du ciel dans la foi.
Il
ne s’agit donc pas d’avoir confiance en Dieu malgré nos faiblesses; il faut
avoir confiance en lui à cause de nos misères! Jésus a pris sur lui nos
misères, c’est donc par elles que nous sommes un objet de pitié de Jésus et
donc que nous attirons ses grâces, qu’il multiplie les pains pour que la foule
ne meure pas en route. C’est alors qu’il fait des miracles de grâces pour nous
sauver… à condition que nous venions à lui à cause de nos péchés et que nous
lui demandions notre guérison, notre vie et notre bonheur…
C’est
bien naturel pour nous d’aimer à étaler nos perfections devant Dieu comme pour
l’épater! On réussit ainsi à le dégoûter, parce qu’on y mêle ainsi quelque
chose de soi et quel est le résultat? Il nous laisse tomber dans le péché, afin
de nous apprendre à nous glorifier dans nos misères pour faire ressortir la
vertu de J.-C. et non la nôtre!
C’est
donc plus divin de lui étaler nos faiblesses et nos misères et nos péchés, afin
d’attirer sa compassion et la miséricorde de Dieu pour glorifier les mérites de
J.-C. et la miséricorde divine. Durant sa vie, Jésus a guéri ceux qui lui
étalaient leurs misères et lui demandaient du secours pour guérir leurs
misères. S’ils s’étaient vanté devant lui de quelque bonne qualité qu’ils
avaient sûrement, Jésus ne les aurait pas guéris de leur infirmité respective.
Il est venu pour ceux qui se portent mal! Quand on a de mauvaises dents, on ne
montre pas au dentiste ses bons pieds ou ses belles mains, on lui montre les
dents malades. Si j’ai une attaque d’appendicite, je ne montre pas au
chirurgien mes belles dents, mais je lui indique où se trouve la douleur, afin
qu’il la guérisse s’il le peut. Qu’on prenne ces remarques au sérieux! Tout le
monde en a besoin! Puisque nous sommes tous pécheurs et méchants dans notre
fond animal; allons voir notre divin Médecin pour lui exposer nos misères!
Ce
que le Verbe a fait avec son humanité, il veut le faire avec tous les membres
de son corps mystique, membres mystiques de son humanité. C’est tous les hommes
qu’il voulait racheter par les souffrances de son humanité, c’est pourquoi il
l’a fait passer par une passion douloureuse et une mort infâme sur la croix. Il
a laissé déchaîner contre elle tous les démons et tous les hommes. Seule, elle
n’aurait jamais pu les vaincre, mais par la puissance du Verbe elle est sortie
glorieuse de toutes ces misères. Eh bien! Dieu nous fait passer par toutes
sortes de tribulations et de tentations justement pour avoir la gloire de nous
faire triompher de tous nos ennemis par la vertu de J.-C., si nous nous
unissons à lui par la foi, l’espérance et la charité.
La
conclusion est que plus nous sommes éprouvés et misérables et plus nous devons
avoir grande confiance en Dieu miséricordieux. C’est quand nous sommes réduits
à avouer que nous ne pouvons plus rien faire pour sortir de nos misères que
Dieu aime à nous secourir. Disons-le donc au plus vite!
Dieu,
en ces dernières années, a pris la peine de nous donner un beau modèle de
confiance en Dieu dans la personne de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Parce
qu’elle se sentait incapable de quoi que ce soit pour se sanctifier, elle a mis
toute sa confiance en Dieu… et il l’a sanctifiée!
Ceux
qui vivent dans l’ordre naturel ne sentent pas ce besoin de se fier à Dieu parce
qu’il est facile de vivre comme un païen. Mais dès qu’on veut agir en tout
comme des enfants de Dieu et qu’on vise à la sainteté, alors les difficultés et
les tentations sont bien plus grandes et tellement qu’il faut se confier
uniquement en Dieu pour vaincre les obstacles, qui sont formidables dans
l’ordre surnaturel.
Les
psaumes sont remplis d’expressions de cette confiance en Dieu au temps des
épreuves: nous ferions bien de nous en pénétrer l’esprit et le cœur, afin de
nous en servir dans nos propres épreuves, qui viennent à mesure que nous
voulons être tout à Dieu. Cela ne devrait pas nous décourager après ce que nous
venons de dire. Voici un échantillon de cette confiance en Dieu dans les
épreuves:
PS.
3: Yahveh, que mes ennemis sont nombreux! Quelle multitude se lève contre moi!
Nombreux
sont ceux qui disent à mon sujet:
«Pas
de salut pour lui auprès de Dieu!» Mais, toi, Yahveh, tu es mon bouclier; Tu es
ma gloire et tu relèves ma tête!
De
ma voix, je crie vers Yahveh
Et
il me répond de sa montagne sainte.
…Yahveh
est mon soutien,
Je
ne crains pas devant le peuple innombrable Qui m’assiège de toutes parts.
Essayons
de mettre tout l’amour possible dans notre confiance, car cet élément touche le
cœur de Dieu par-dessus tout. Voyons comme les enfants qui aiment leurs parents
ont confiance en eux facilement. On se fie à ceux qu’on aime. Plus nous
aimerons Dieu et plus nous aurons confiance en lui.
Saint
Paul insiste sur la fermeté de notre espérance. «C’est pourquoi Dieu, voulant
faire voir avec plus de certitude aux héritiers de la promesse l’immutabilité
de sa résolution, a fait intervenir le serment, afin qu’appuyé sur ces deux
choses inébranlables par lesquelles il est impossible que Dieu nous trompe,
nous avons une puissante consolation, nous qui avons mis notre refuge dans la
possession des biens qui nous sont proposés par l’espérance, laquelle sert à
notre âme comme d’une ancre sûre et ferme…». Héb. 6-19.
SES
MOTIFS
LES
PROMESSES DE DIEU sont un bon motif d’espérer en Dieu. Il nous dit de bien des
façons que ceux qui mettent leur confiance en lui ne seront pas déçus, que ceux
qui demandent reçoivent. Voici un beau texte en St Math., 7-9: «Lequel d’entre
vous, si son fils lui demande du pain, lui donne une pierre, ou s’il lui
demande un œuf, lui donne un scorpion! Si donc vous, tout méchants que vous
êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père
céleste vous donnera-t-il les biens du ciel que vous lui demandez». Dieu est
fidèle; il gardera sa parole si nous remplissons les conditions qu’il exige
dans nos demandes ou dans notre vie.
Nous
pouvons le faire manquer à sa promesse par notre faute. Il avait promis aux
Juifs de les conduire de l’Egypte en terre promise, mais tous périrent en
chemin excepté deux hommes. Les autres par leurs péchés furent punis de Dieu et
n’arrivèrent pas au terme promis. Il avait promis à Jonas de détruire Ninive,
mais comme les habitants firent pénitence, Dieu les épargna.
En
tout cas, du côté de Dieu, il est absolument fidèle à ses promesses: nous
pouvons donc nous y fier. Si nous pratiquons sa doctrine comme il nous le
demande, nous aurons sûrement ses bénédictions qu’il nous promet. Quand il dit,
par exemple: «Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu», il est bien
certain que celui qui garde son cœur pur de tout péché ou qui le répare
parfaitement, verra Dieu au ciel.
LA
PUISSANCE DE DIEU. Nous avons besoin de méditer ce point parce que nous sommes
toujours portés à mesurer la puissance de Dieu sur la nôtre, qui ne vaut rien
du tout. Par exemple, prenons le cas d’Abraham. Quand Dieu lui demande
d’immoler Isaac après lui avoir promis qu’Isaac serait l’ancêtre du Messie, la
promesse de Dieu ne pouvait plus s’accomplir selon la sagesse humaine. Combien
d’hommes auraient refusé d’obéir à Dieu en se disant: cela ne se peut faire par
les hommes et donc ni par Dieu! Mais Abraham par la grâce de Dieu n’a pas tiré
cette conclusion sotte: je ne puis pas, donc Dieu ne peut pas non plus!
De
même, quand Dieu demanda à Marie de devenir Mère de son Fils sans l’homme,
c’était physiquement impossible et combien auraient dit à Dieu: cela ne peut se
faire; donc je ne veux pas! Mais Marie a eu la sagesse de croire en Dieu plus
puissant qu’elle et elle a cru en sa parole et a espéré son accomplissement en
s’abandonnant à la puissance de Dieu.
Nous
devrions tous savoir que Dieu nous demandera tôt ou tard dans la vie des
épreuves de ce genre-là; des choses qui nous paraîtront absolument
irréalisables humainement parlant et pourtant nous devrions lui obéir en
comptant sur sa puissance. Par exemple, Dieu nous prêche le détachement de
toutes les créatures. Alors, comment l’homme peut-il être heureux sans ces
jouissances naturelles et humaines? Comme la vie va être insipide, se dit-on!
Mais nous devrions nous dire: si Dieu a pu me rendre heureux avec de simples
échantillons de ses perfections, combien plus le pourra-t-il avec ses
perfections divines elles-mêmes, qu’il peut me communiquer par sa grâce dès ce
monde dans une très grande mesure?
SA
FIDÉLITÉ suit les deux autres notes ou motifs. Si Dieu nus fait des promesses
et qu’il est capable de les accomplir, il est bien certain qu’il va bien le
faire si nous n’y mettons pas d’obstacles. Il y a une foule de textes de
l’Ecriture qui affirme la fidélité de Dieu dans ses promesses. C’est tellement
évident qu’il est inutile d’insister.
SES
EFFETS
ELLE
NOUS UNIT À DIEU qui est l’objet propre de cette espérance surnaturelle. C’est
lui que nous désirons posséder un jour au ciel pour participer à sa vie
trinitaire par J.-C. Evidemment, ce n’est que pour ceux qui pratiquent ce que
nous avons dit de la foi. Ceux qui continuent de chercher leur bonheur dans les
plaisirs de la terre sont incapables de se porter sérieusement vers Dieu de
tout leur cœur comme ces vertus théologales l’exigent. Pour tendre vers Dieu
par l’espérance et vivre dans l’attente du ciel, il faut mépriser les
échantillons.
ELLE
NOUS ATTIRE SES FAVEURS. Dieu veut se donner à nous complètement, mais nos deux
amours naturels l’empêchent. Mais celui qui, par la foi et l’espérance s’est
dépouillé des biens terrestres et surtout de leur affection, est apte à
recevoir les faveurs divines de Dieu.
ELLE
NOUS DONNE DU COURAGE. Ce qui nous affaiblit est le sentiment de nos faiblesses
morales et de nos défauts. Mais quand on considère que justement, à cause de
nos misères, nous devons espérer quand même en la miséricorde divine, cela nous
donne du courage et une grande force morale pour endurer les épreuves de la vie
et les humiliations de nos péchés.
«
Ceux qui se confient en Yahveh renouvellent leurs forces; ils élèvent leur vol
comme l’aigle, ils courent et ne se fatiguent point; ils marcheront et ne se
lasseront point». Is. 40-31.
«
C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, mais quoiqu’en nous l’homme
extérieur se détruise, néanmoins l’homme extérieur se renouvelle de jour en
jour. Car nos tribulations présentes qui ne durent qu’un moment et qui sont si
légères, nous produisent un poids éternel de sublime et incomparable gloire».
II Cor. 4-16.
Elle
nous donne aussi la patience dans les sacrifices. Puisque l’espérance nous
montre les biens célestes qui en sont la récompense. Saint Paul aux Heb. 10-35:
«Ne perdez donc pas la confiance que vous avez et qui sera suivie d’une si
grande récompense. Car la patience vous est nécessaire, afin que, faisant la
volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis».
Un
exemple: un médecin qui veut de la gloire va-t-il en trouver à soigner des cas
faciles! Au contraire, plus ses patients sont désespérés et plus il a de gloire
à les guérir. Eh bien! Dieu est notre Médecin et il a le droit à la plus grande
gloire possible. Il la trouve en guérissant et sauvant les pires malades moraux
et en purifiant d’abominables péchés. Sa gloire est plus grande ainsi que s’il
nous avait empêché de tomber. Que plusieurs en abusent pour se damner, ne vient
pas de Dieu; ils ne l’ont pas voulu et c’est malgré Dieu qu’ils se sont perdus.
Or la gloire de Dieu vaut plus que leur bonheur qu’ils n’ont pas voulu.
Avec
ces idées, qui peut se plaindre de ne pas pouvoir espérer en la miséricorde de
Dieu? Qu’ils espèrent contre toute espérance! «C’est leur ancre de salut», dit
Saint Paul.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire