DIXIÈME
INSTRUCTION
LA
PENTECÔTE.
«Et
ils virent paraître comme des langues de feu qui se partagèrent et s’arrêtèrent
sur chacun d’eux. Aussitôt ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils
commencèrent à parler diverses langues, selon que le Saint-Esprit leur donnait
de parler». Actes, 2.
En
partant pour le ciel, Jésus dit à ses disciples qu’il leur enverrait le
Saint-Esprit qui leur rappellerait tout ce qu’il leur avait dit. Sans bien
comprendre, ils obéissent à Jésus et s’en vont au cénacle pour prier en
l’attendant. Ils sont dociles comme des orphelins qui ont tout perdu et qui se
cramponnent à tout espoir qui leur promet une amélioration de leur sort.
Dans
cette méditation, nous allons nous arrêter à l’action extérieure du
Saint-Esprit telle que décrite dans l’Ecriture. Etudions comment le
Saint-Esprit s’est donné ouvertement aux disciples et les conditions qu’il a
exigées pour se donner. Quand il voudra se donner à nous mystiquement et
invisiblement, il exigera les mêmes conditions en proportion qu’il veut se
donner à nous. Etudions-les.
COMMENT
LES APÔTRES S’Y PRÉPARENT
PAR
L’ÉTUDE DE JÉSUS. Le Saint-Esprit est descendu sur les disciples qui avaient
été avec Jésus pendant sa vie publique et qui avaient entendu sa doctrine, vu
ses miracles et sa sainte vie. Ils mangeaient avec lui, voyageaient en sa
compagnie et ne vivaient que pour lui. Il est vrai qu’ils ne comprenaient pas
au point de vue surnaturel, mais cela montre qu’ils aimaient Jésus et qu’ils
voulaient être tout à lui.
Essayons
de faire de même avec les moyens que Dieu nous a laissés pour cultiver la
familiarité avec Jésus et vivre sa vie en nous. Le Saint-Esprit ne nous viendra
que par Jésus comme pour les Apôtres. Il s’agit donc pour chacun de nous de
reproduire le plus possible la vie de Jésus en nous est c’est Jésus en nous qui
nous donnera le Saint-Esprit. On peut objecter que c’est le Saint-Esprit qui
reproduit en nous la vie de Jésus. C’est vrai, c’est par sa grâce que Jésus est
formé en nous, mais ensuite il reste à vivre divinement avec le divin qui est
en nous et ainsi l’augmenter: l’un aide l’autre et réciproquement.
C’est
le Saint-Esprit qui va mettre en branle cette vie divine de Jésus que nous
aurons en nous; c’est lui qui nous fera agir divinement dans notre activité
libre des intentions et des motifs. Par exemple, les Apôtres vivaient pour
ainsi dire matériellement la vie de Jésus; mais ils n’y comprenaient rien et ne
pouvaient pas agir divinement dans leur mentalité ou activité libre. Le
Saint-Esprit leur à ouvert l’intelligence à tout ce que Jésus avait mis en eux.
Nous
devons faire quelque chose de semblable. Qu’on en ait le goût ou non, qu’on
cultive la vie et la familiarité de Jésus, je dirais matériellement: agissons
comme si nous aimions Jésus, cultivons-le de toutes les façons qui sont à notre
disposition… et après un certain temps le Saint-Esprit viendra en nous comme
pour les Apôtres, mais d’une façon invisible.
En
d’autres termes, travaillons pour avoir une connaissance acquise par notre
industrie et après un certain temps, le Saint-Esprit nous donnera une
connaissance infuse de Jésus. Il récompense ainsi notre travail personnel, même
s’il est fait avec sa grâce, comme il doit l’être. C’était une grande grâce
pour les Apôtres d’avoir vécu trois ans en compagnie de Jésus, mais c’est une
autre grâce autrement précieuse que celle que le Saint-Esprit donne dans la
mentalité pour comprendre cette vie divine.
Voici
quelques moyens à notre disposition et pour tout le monde sans exception: ce
n’est pas seulement pour les religieux et les prêtres, c’est aussi pour les
laïques.
1.—LE
PLUS IMPORTANT EST DE LIRE LA BIBLE ASSIDÛMENT. C’est là qu’on apprend ce que
Dieu a fait pour préparer les Juifs à recevoir le Messie. Quand même que par
leur faute ils l’ont mal reçu, ce n’est pas la faute de Dieu; il avait fait sa
part pour cette préparation. Dans le Nouveau Testament, on trouve les paroles
de Jésus que les Apôtres ont entendues pendant trois ans. Quand même nous ne
comprendrions rien ou peu, ce contact matériel avec la doctrine de Jésus nous
attirera un jour les lumières du Saint-Esprit pour les comprendre. Ce n’est que
lorsque le Saint-Esprit verra que nous aimons Jésus, que nous voulons le
connaître et le vivre, et que notre bonheur est dans l’Ecriture sainte, qu’il
nous donnera notre petite Pentecôte, qu’il échelonnera sur tout le cours de
notre vie.
Chaque
famille catholique devrait avoir une Bible, la mettre à la portée de tout le
monde et en lire très souvent et en parler entre eux. Les prêtres sont
grandement responsables de cette négligence des fidèles à lire la Bible.
Eux-mêmes n’en ont pas le goût en général. Comment pourraient-ils le donner aux
fidèles?
Que
ni les prêtres ni les fidèles ne disent qu’ils n’ont pas le temps; qu’ils le
prennent! Qu’ils sabrent tous dans cinquante niaiseries qui occupent leurs
loisirs! Qu’ils cessent la lecture des journaux, remplis de nouvelles
parfaitement inutiles pour nous et si souvent contredites le lendemain. On
commence par lire les grandes lignes de la première page, puis à peu des autres
et finalement on lit tout d’un bout à l’autre. Toutes les sottises sont
publiées et prennent une importance capitale parce que tous ces liseurs en
parlent partout et constamment. On tombe facilement dans ce piège de Satan pour
perdre son temps dans des bagatelles.
Qu’ils
cessent tous de se passionner pour les parties, les vues, la télévision, etc.,
etc.! Pas seulement les prêtres et les religieux, mais même les laïques aussi
doivent avoir une aversion entière pour tout ce que le monde aime et embrasse
pour mettre tout leur amour uniquement dans les choses de Dieu comme l’Evangile
l’enjoint à tout le monde.
2.—LE
DEUXIÈME MOYEN AUSSI IMPORTANT QUE LE PREMIER EST DE VIVRE UNE VIE
EUCHARISTIQUE AVEC JÉSUS réellement présent dans le Tabernacle, comme il l’était
pour les Apôtres, excepté qu’ils voyaient son Humanité et nous ne la voyons pas
dans l’Hostie consacrée. Ce n’est que par la foi que nous pouvons développer
une certaine familiarité avec Jésus dans l’Eucharistie, et c’est justement là
notre mérite: de croire qu’il est là sans le voir. Saint Paul dit que ce n’est
que par la foi que nous pouvons approcher de Dieu: c’est la même foi pour
approcher Jésus dans l’Eucharistie que la foi pour l’approcher dans le ciel.
Par
conséquent, que tout catholique: prêtre, religieux ou laïque cultive cette
présence de Jésus le plus qu’il peut. Quand même ce contact ne lui dirait rien,
qu’il le laisserait aussi froid que les Apôtres avant d’avoir reçu le
Saint-Esprit, qu’il persiste à le visiter, à le recevoir dans la communion, et
après des années de cette fréquentation froide, le Saint-Esprit finira par se
donner à eux en proportion de leur persévérance. Qu’on ne s’occupe pas du tout
des sentiments, mais qu’on agisse envers Jésus comme si on était tout feu pour
lui. Un jour il allumera le feu de l’amour divin dans le cœur et alors on
comprendra la vie divine comme les Apôtres après la Pentecôte. Il faut du
courage et de la volonté; eh bien! Dieu peut nous donner les deux; servons-nous
en… et prions pour recevoir le Saint-Esprit. En plus de leur vie avec Jésus, il
a exigé d’eux dix jours de prières. Ajoutons donc nous aussi à nos études de
Jésus la prière, comme dans notre vie de société avec lui.
Tout
chrétien, surtout les prêtres et les religieux, devrait tenir compagnie à Jésus
au Tabernacle au moins une bonne heure par jour, en dehors de la messe, de la
communion et de leurs autres exercices spirituels. Moins on a de temps et plus
on devrait semer cette heure pour en récolter plus; c’est le plan divin, quand
un cultivateur veut plus d’avoine, il en jette en terre et Dieu lui donne
beaucoup plus. C’est exactement le même plan pour le temps, cela se récolte
comme de l’avoine à condition d’en semer pour l’amour de Dieu. Ceux qui ne
veulent pas faire leur heure d’adoration en perdent plusieurs à fumer, à
badiner sur les vanités du monde, à suivre les sports, etc. Ces gens n’aiment
pas Jésus dans l’Eucharistie ou très peu et alors ils ne recevront pas ou très
peu le Saint-Esprit. On remarque que ces égoïstes ne comprennent pas grand-chose
aux vérités surnaturelles et les aiment encore moins. Si une heure passée avec
Jésus les ennuie sur la terre, il les ennuiera dans l’éternité… et ce ne sera
pas au ciel!
Encore
une fois qu’on fasse comme les Apôtres qui ne comprenaient rien aux choses
divines, mais parce qu’ils ont persisté dans la prière et à rester avec Jésus,
il leur a envoyé l’Esprit Saint pour les éclairer sur ce qu’ils avaient entendu
dire par Jésus. Restons matériellement avec Jésus et il finira par nous éclairer
de son Esprit et alors tout sera intéressant et sanctifiant.
3.—ENFIN,
UN AUTRE MOYEN DE FRÉQUENTER JÉSUS EST DE LIRE LA VIE DES SAINTS. Ils ont été
spécialistes dans l’union avec Jésus et à force de les lire, on prend leur
mentalité qui est justement celle de Jésus. Combien de ces Saints le sont
devenus par la lecture de la vie des Saints! Ils finissent par être éclairés
par le Saint-Esprit sur les voies de Dieu et par les pratiquer.
Qu’on
fasse l’expérience de ces moyens et l’on sera surpris de voir comme on
s’intéresse vite aux choses de Dieu. Si les échantillons sont si captivants,
combien plus les perfections divines le seront! En tout cas, rappelons-nous ce
principe pratique: que la mort ne donne rien, mais ne fait qu’immortaliser ce
qu’elle trouve en nous. Si donc nous voulons jouir de la société de J.-C. au
ciel, il faut commencer tout de suite sur la terre. Qu’on pratique donc ce que
nous venons de dire!
L’ISOLEMENT
est une condition ordinaire pour que le Saint-Esprit se donne à une âme. Il est
l’amour divin et il ne veut aucun amour naturel avec le sien. C’est pourquoi il
éloigne ses amis des créatures pour les empêcher de leur donner leur amour.
C’est ainsi que Dieu éloigna de son pays et de ses amis, Abraham, Joseph,
Moïse, Judith et les prophètes. Ainsi c’est pendant qu’Ezéchiel se promenait
sur les bords du fleuve Chobar que le Saint-Esprit s’empara de lui pour en
faire son prophète. De même, c’est pendant que Daniel méditait sur les bords du
fleuve Tigre qu’il eut ses plus belles visions.
De
même Jésus appelle à lui ses Apôtres et les sépare du monde et de leurs
familles pour les garder avec lui tout le temps. Puis il leur recommande de se
retirer à l’écart et de prier, afin de recevoir le Saint-Esprit.
Voilà
une condition de sanctification que les prêtres devraient prêcher aux fidèles…
en commençant par leur donner l’exemple. Avec leur philosophisme, ils n’ont
dans la tête que de faire éviter le péché; alors ils les poussent même à se
livrer aux amusements simplement pour s’amuser. Quand même ce serait un moyen
d’éviter le péché, ce qui est très contestable, un chrétien doit se diviniser.
Or, l’affection pour ces plaisirs terrestres empêche le Saint-Esprit de les
diviniser. C’est aussi important de reproduire la vie de Jésus que d’éviter le
péché.
Les
Apôtres prêchaient la fuite du monde le plus possible, des bonnes choses comme
des mauvaises, en ce sens, de ne leur donner aucun amour, mais de les prendre
par nécessité ou utilité, mais jamais par affection. On sait que Jésus
s’isolait souvent des foules pour aller prier dans la solitude. Voilà ce que
les prêtres devraient commencer par faire eux-mêmes, puis ensuite le prêcher
aux fidèles.
Non
seulement nous devons nous séparer des foules physiquement, mais aussi
mentalement, en ce sens, de ne même pas penser aux plaisirs du monde, mais ne
rechercher que les choses d’en haut et non celles de la terre, comme dit Saint
Paul. N’allons donc pas nous remplir l’esprit et le cœur des vanités de la
terre en lisant les journaux et les revues, les magazines de toutes sortes que
le monde et les démons répandent partout. Occupons-nous des choses de Dieu et
le Saint-Esprit nous en donnera l’amour, alors nous aurons le dégoût des folies
de la terre. Saint Thomas (Ia, IIæ, q. 108, 4) dit que Dieu a placé notre cœur
entre les créatures et le Créateur; en proportion qu’il va d’un côté il
s’éloigne de l’autre. Allons donc du côté des choses de Dieu, puisque nous
voulons aller en jouir un jour au ciel!
La
familiarité avec Jésus est donc impossible pour ceux qui goûtent les plaisirs
de la terre et qui ont des attaches même aux choses permises, comme à un chien,
à un chat, aux sports, aux cinémas, au tabac fumé ou prisé, à la radio, etc.
Tout l’amour gaspillé là suffit pour empêcher le Saint-Esprit de donner son
amour divin. Saint Jean de la C. dit qu’une seule attache met un mur
infranchissable entre l’âme et Dieu et empêche l’intelligence des choses
divines. Ca devrait suffire pour que les prêtres et les fidèles fassent une
guerre à mort à toutes leurs attaches. Ils n’auront jamais l’intimité avec
Jésus tant qu’ils cultiveront une seule attache et alors jamais le Saint-Esprit
ne leur ouvrira l’intelligence des choses de Dieu.
LA
PRIÈRE devient facile dans la mesure qu’on pratique les deux points précédents.
Dégagés de l’amour des créatures et connaissant bien J.-C., nous avons tout ce
qu’il faut pour bien prier. Le cœur s’élèvera facilement vers Dieu quand il ne
sera plus pris par l’amour des créatures.
Ne
perdons pas de temps à demander des choses terrestres, mais uniquement celles
du ciel selon l’enseignement clair de Jésus: «Cherchez d’abord le royaume de
Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît». Ne manquons
pas de prier souvent pour recevoir le Saint-Esprit avec ses dons. C’est ce que
Jésus recommande aux disciples de faire en l’attendant.
Une
bonne manière de prier est de demander les mêmes grâces que Jésus et la Sainte
Vierge demandaient dans leurs prières. Quand même on ne sait pas ce qu’ils
demandaient, Dieu le sait lui et il sera content de nous voir demander
justement ce que les deux personnes les plus aimées par lui, lui demandaient.
Tous les jours les catholiques devraient demander le Saint-Esprit, il y en a
trop qui n’y pensent jamais ou trop peu. Les fidèles ne s’occupent pratiquement
pas de lui. Est-ce surprenant qu’ils n’avancent pas ou si peu en vertu? Si
Jésus nous a rachetés, c’est le Saint-Esprit qui nous sanctifie: prions-le donc
souvent et ardemment!
LA
SIGNIFICATION DES SIGNES
Puisque
Dieu a manifesté son opération d’une façon visible en donnant le Saint-Esprit
aux disciples, il est évident qu’il voulait nous enseigner les voies du
Saint-Esprit et ses propriétés par ces signes visibles. Saint Paul dit que Dieu
a créé les choses visibles, pour nous faire connaître les invisibles.
Servons-nous donc de cette idée pour mieux comprendre ce qu’est le
Saint-Esprit.
UN
VENT IMPÉTUEUX.
L’ancienne
Loi avait été donnée sur le Sinaï au milieu des éclairs et des tonnerres pour montrer
aux Juifs dans la plaine la puissance et la majesté de Dieu. La nouvelle Loi
devait aussi indiquer la puissance et la majesté de Dieu, quoique d’une façon
moins terrible que la première parce que celle-ci est la loi de l’amour
surtout.
Ce
grand coup de vent soudain attirait l’attention sur une intervention divine
spéciale et les disposait ainsi à recevoir le divin, qui allait suivre. Mais
pourquoi un coup de vent?…
Ce
coup de vent souligne les caractères de l’amour qui est prompt, ardent, même
violent et ne souffre pas d’opposition. On voit ces notes de l’amour des gens
pour les choses du monde. Quelle fièvre! Quelle ardeur pour se les procurer!
Combien plus devrions-nous rechercher les biens célestes qui durent
éternellement! Notre amour des choses de Dieu devrait balayer toutes les
vanités de la terre de notre cœur comme le vent fait pour la paille.
Avis
aux paresseux dans les choses de Dieu: ils ne sont pas poussés par le
Saint-Esprit. Ceux qui communient rarement, qui arrivent en retard à la messe,
qui sortent les premiers de l’église, qui ne s’intéressent pas à la lecture de
la Bible et des livres spirituels quand ils pourraient le faire, ne sont pas
poussés par le souffle du Saint-Esprit; de même ceux qui ne vont pas à la messe
sur semaine quand ils le pourraient!
Mais
comme ces gens sont actifs pour les choses du monde! Ils prennent tout ce
qu’ils peuvent des plaisirs qui sont à leur portée. Ils ne recevront pas le
souffle de l’esprit Saint, comme les disciples qui étaient en prière et séparés
du monde dans le Cénacle.
Il
est dit que le vent venait du ciel parce que c’était le plus grand don que Dieu
devait faire aux hommes. Saint Jacques dit que tout don parfait vient d’en haut
et descend du Père des lumières. Il vint tout d’un coup pour signifier que la
grâce ne dépend en rien de la terre; Dieu la donne comme il veut et quand il
veut. Quand les trois jeunes gens furent jetés dans la fournaise de Babylone,
le Saint-Esprit descendit avec eux comme un vent rafraîchissant pour empêcher
que les flammes ne leur fassent du mal. Il fera de même pour éteindre dans les
hommes les feux des passions… s’ils ont rempli les conditions que Jésus a
posées pour nous envoyer le Saint-Esprit.
LES
LANGUES évidemment signifient la prédication qui serait la fonction principale
des Apôtres et de leurs successeurs. «Allez, enseignez toutes les nations». Ils
vont prêcher toute leur vie et le plus possible, comme on peut voir d’après les
Actes; ils prêchent dans le Temple, dans les synagogues, sur les places
publiques et dans les maisons privées: partout ils parlent constamment de Jésus
et de sa doctrine. Ils en ont le cœur plein et ils parlent de l’abondance du
cœur. Aussi le Saint-Esprit coopère avec eux et il se fait un grand bien. C’est
qu’ils donnent J.-C. à manger comme une nourriture et une vie à vivre tout de
suite. Dans ce cas, les fidèles écoutent volontiers la parole de leurs
pasteurs. Comme ils sont tout aux choses de Dieu, elles constituent leur vie et
leur bonheur: alors ils prêchent ce qu’ils vivent et ce qu’ils aiment; ils sont
donc très intéressants et les gens les écoutent bien.
A
un moment donné, ils sont tellement débordés par les œuvres de charité que le
Saint-Esprit les éclaire pour confier la distribution des aumônes aux diacres
et ils se réservent la prière pour se remplir de divin, et la prédication pour
la déverser sur les fidèles.
Quel
dommage que les prêtres de nos jours ne les imitent pas mieux! Puisqu’ils
trouvaient indigne d’eux de distribuer des aumônes aux pauvres, combien plus
ils repousseraient les organisations païennes de nos prêtres, comme les bingos,
etc., et toutes ces organisations des loisirs de païens pour nos fidèles où les
prêtres perdent tant de temps qu’ils devraient donner aux choses de Dieu.
Comme
nos prêtres philosophes sont tout aux choses de la terre avec leur fameux
principe: Qu’il n’y a pas de mal à cela! Leur vie, leur amour et leur bonheur
sont dans les vanités de la terre; ils sont bien exposés à parler de ces
niaiseries ou bien à parler des choses de Dieu purement de tête, puisqu’ils ne
les ont pas dans le cœur. Alors ils étalent leur science théologique purement
spéculative et abstraite, qui ne vient pas du cœur et qui ne peut pas aller au
cœur. Ils l’exposent comme en l’air et elle reste là! Le Saint-Esprit n’a rien
à faire là: aussi les gens s’ennuient et les prêtres eux-mêmes s’ennuient
d’ennuyer les autres. Les prêtres n’aiment pas à prêcher et les fidèles
n’aiment pas à les entendre parce qu’ils ne leur donnent que de la paille à
manger!
Voilà
pourquoi on abrège les sermons et qu’on les supprime même le plus possible. Aux
Etats-Unis et ailleurs de plus en plus on ne prêche plus pendant trois ou
quatre mois de l’été à cause de la chaleur. Quelle honte pour le clergé! A
Jérusalem et dans toute l’Asie mineure, il fait terriblement chaud en été, mais
cela n’a pas empêché les Apôtres de prêcher partout et toujours tant qu’ils le
pouvaient. Est-ce que les théâtres et les cinémas sont fermés en été? Est-ce
que les jeux cessent en été? Des milliers passent des heures et des heures en
plein soleil à se faire rôtir pour voir du sport! Des milliers vont exprès sur
les plages ou ailleurs pour s’exposer au soleil tout nu pour se faire chauffer
et griller comme de vrais pourceaux! C’est bien le même démon de l’impureté qui
tenait son homme nu au temps de Jésus. Il chassa ces deux mille démons qui
étaient en lui et ils s’en allèrent dans des pourceaux près de là et tous
allèrent se précipiter dans le lac. Ceux qui se mettent nus en public méritent
donc bien le nom de pourceaux! Et dire que les prêtres ont supprimé les sermons
à cause de la chaleur dans l’église, à l’ombre! Tas de païens!…
Un
prêtre me disait un jour qu’après avoir fait ma retraite il voulut expérimenter
ma façon de prêcher. Il avait coutume d’ennuyer son monde pendant un quart
d’heure de sermon. Le dimanche suivant, il prêche comme de coutume un sermon
spéculatif sur ses «in se» païens et les gens étaient nerveux, agités et
n’écoutaient pas bien. Après un quart d’heure, au lieu de descendre de chaire,
il aiguille son sermon sur la nécessité de vivre la doctrine de Jésus. Il se
fit un calme si subit et si grand qu’il entendait le tic tac de sa montre sur
la chaire. Il faillit éclater en larmes en constatant ce grand changement. Il
prêcha un autre quart d’heure et il me dit qu’il aurait pu les tenir encore
plus longtemps, s’il avait voulu! Voilà la différence de parler de Jésus et de
le donner comme une vie à vivre tout de suite. Pour réussir là, il faut
commencer par le vivre soimême pour en parler du cœur!
LE
FEU est le signe de l’amour. Jésus dit qu’il est venu apporter le feu sur la
terre et que son ardent désir est qu’il s’allume. Le voici le feu qui doit
embraser les cœurs de la charité divine. Or le feu vit aux dépens de la matière
qu’il consume. Le feu de l’amour divin a besoin aussi de matière pour
l’activer. Cette matière est tout ce qui est humain dans notre personne libre,
et donc nos affections et nos motifs dans l’ordre naturel qui alimentent
l’amour divin en nous, mais en se consumant. Le surnaturel vit aux dépens du
naturel libre.
On
ne peut pas augmenter en amour de Dieu sans sacrifier quelque chose de notre
amour naturel. Chacun peut donc savoir d’une certaine façon s’il augmente en
amour de Dieu en surveillant les sacrifices qu’il fait des plaisirs terrestres.
Défions-nous de l’amour de parole; c’est facile à dire à Dieu: je vous aime,
mais cela ne vaut rien s’il n’est pas accompagné de quelque privation d’un
plaisir quelconque.
Les
langues de feu signifient que la prédication des prêtres doit être saturée et
pénétrée de l’amour de Dieu et de l’amour surnaturel de Dieu qui consiste comme
on sait dans l’amour de Dieu qu’on a acheté aux dépens de nos deux amours
naturels. Or, la plupart des prêtres se contentent de prêcher le bien de préférence
au mal. Cela suffirait sur le chemin des limbes, mais dans l’ordre surnaturel,
c’est l’amour de Dieu de préférence pas au péché, mais au bien naturel qu’il
faut prêcher… et la masse des prêtres ne le fait pas! Toute leur prédication
consiste à faire éviter le péché et pratiquer les vertus morales naturelles.
C’est du paganisme tout pur! Voilà pourquoi nos gens restent païens avec la
prédication qu’ils entendent en général. Evidemment, les philosophes qui se
contentent des motifs naturels et de la bonté naturelle vont trouver cette
assertion exagérée, mais elle ne l’est pas quand on se met au seul point de vue
surnaturel accepté de Dieu.
Pour
prêcher l’amour de Dieu surnaturel, il ne suffit pas d’attaquer les péchés; il
faut attaquer toute notre activité naturelle des intentions, ce que les prêtres
ne font pas. Ils prêchent la bonté naturelle de préférence aux péchés: ce n’est
pas du christianisme, mais du paganisme. Le christianisme exige qu’on préfère
Dieu à ses bonnes créatures! Voilà ce qui serait de l’amour de Dieu! Voilà ce
que les langues de feu signifient.
QUELQUES
EFFETS DANS LES DISCIPLES
ILS
REÇOIVENT L’INTELLIGENCE DU DIVIN, avec les dons en pleine activité. Comme ils
n’ont aucune attache, les dons agissent librement en eux et efficacement. Ils
comprennent tout de suite le plan de Dieu dans l’ordre surnaturel et toutes ses
exigences pratiques pour nous. Ils jugent tout en fonction de l’amour de Dieu
et du salut des âmes. Ils disent que leur conversation, c’est-à-dire leur
manière de vivre est dans le ciel. Ils agissent comme s’ils étaient déjà là.
Ils disent aux chrétiens: «Soyez saints parce que Dieu est saint».
Jamais
il n’ont parlé d’une vérité «en soi», comme nos prêtres, mais toujours «en
nous», comme Jésus faisait et donc en vue du salut. Qui veut un poulet «en
soi»? Il le veut pour en manger et en vivre. Ayons donc cette sagesse
élémentaire dans les choses de Dieu. Aussi jamais ils n’ont divisé les
créatures en permises et défendues: dans le plan surnaturel, cette distinction
n’est pas nécessaire ni utile. Là, on oppose l’amour de Dieu à l’amour des
créatures, de toutes sans distinction, elles sont toutes du fumier par rapport
à l’amour de Dieu, comme dit Saint Paul. Mais les philosophes permettent de
faire ses délices avec les créatures permises, ce qui contredit l’Evangile et
Saint Paul.
Les
Apôtres prêchent l’absolue nécessité de reproduire la vie de J.-C. dans la
nôtre et cela jusque dans sa passion inclusivement. Ils n’ont pas peur
d’insister sur la nécessité de souffrir avec J.-C. pour régner avec lui au
ciel.
Cette
compréhension du divin est un pur don de Dieu. Pas un homme avec sa seule
lumière de la raison n’est capable de pénétrer dans les voies de la sagesse
divine dans l’ordre surnaturel. Car la raison ne pourrait jamais découvrir les
trois personnes en Dieu, ni leur activité réciproque qui entre dans le plan
divin. Or, cette sagesse dépasse la raison comme le ciel dépasse la terre, et
Dieu, l’homme.
Quelle
pitié que les hommes se privent de cette sublime connaissance des choses de
Dieu pour l’amour d’un échantillon si insignifiant comme la cigarette, le
cinéma, le sport, etc.! Quel aveuglement! Pour l’amour de Dieu que tous
essaient sérieusement de se défaire de toutes ces attaches. Quelle bêtise que
d’être affectionné à un chien! Combien de prêtres le sont? Ce n’est pas mieux
pour des laïques non plus. En tout cas, tous ceux qui liront ces lignes sauront
qu’une seule attache leur ferme l’intelligence des choses de Dieu. Ils vont
rester comme de vrais païens devant Dieu. Ils parleront de ces choses, mais «en
soi», jamais en eux-mêmes. Ils n’en auront jamais le goût.
L’AMOUR
DE DIEU que les Apôtres ont reçu dans les Evangiles et dans les Epîtres qu’ils
ont laissés. D’abord, on sait qu’ils sont morts martyrs pour l’amour de Dieu et
pour attester leur foi en la divinité de J.-C. Pas un d’eux n’est philosophe!
Ils sont tous bien pratiques et parlent de Jésus et de sa doctrine comme d’une
vie à vivre tout de suite.
Saint
Jean surtout parle beaucoup de l’amour de Dieu qu’il a pour nous et que nous
devons avoir en retour pour lui. «Mes petits enfants, n’aimons ni de parole ni
de langue, mais par les œuvres et en vérité. C’est par là que nous connaissons
que nous sommes enfants de la vérité.» 1 Jo. 3-17.
Les
Apôtres veulent que nous montrions notre amour pour Dieu en gardant ses
commandements, en aimant nos frères en actes, en leur faisant du bien, en
supportant leurs défauts et en voyant J.-C. en eux. «Si quelqu’un n’aime pas
son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas?», dit Saint
Jean, 1, 14-20. Il va jusqu’à dire que nous devons être prêts à mourir pour nos
frères comme Jésus est mort pour nous.
Tous
ceux qui travaillent contre la charité fraternelle, qui ont l’esprit de
contention, qui murmurent et critiquent, etc. sont du diable et ils n’aiment
pas Dieu.
Ils
[les Apôtres] sont tellement remplis de l’amour de Dieu que leurs écrits en
sont pleins comme leur cœur. Que d’exhortations à aimer Dieu! Surtout ils veulent
des œuvres d’amour de Dieu. Ils veulent que toute la vie suinte le surnaturel,
que les chrétiens soient des images parfaites de J.-C., afin que les autres
glorifient Dieu dans le ciel. Quels beaux modèles pour nous! Ils sont
débordants de l’amour de Dieu et en parlent constamment.
Cet
amour n’est pas seulement dans les joies spirituelles, mais aussi dans les
pires épreuves, dans les souffrances de la part des hommes et des démons. Ils
aiment Dieu quand il les châtie comme lorsqu’il les bénit. Saint Paul énumère
toutes les misères possibles et il fuit en disant que rien au monde ne pourra
le séparer jamais de la charité de Dieu. Tous évidemment ont ces mêmes
dispositions Ils sacrifieront absolument tout au monde jusqu’à leur vie pour ne
pas offenser Dieu et pour le glorifier, pour lui gagner des âmes. Leur vie,
c’est Jésus; c’est l’amour de Dieu!
LE
MÉPRIS DU MONDE est la contrepartie du point précédent. Comme les Apôtres sont
remplis d’amour de Dieu, ils n’en ont pas du tout pour les créatures. Ils
comprennent si bien maintenant les grandeurs des perfections divines, qu’ils
n’ont que le mépris le plus souverain pour les créatures. Saint Paul dit
qu’elles ne sont que fumier en comparaison de l’amour de Jésus. Il résume là le
sentiment des autres Apôtres comme on peut le voir par l’effet de leur
prédication. Les premiers chrétiens se dépouillaient de leurs biens pour en
distribuer le prix aux pauvres. Les Apôtres ne connaissaient pas le truc de nos
prêtres philosophes pour jouir de leurs biens et en accaparer le plus possible,
se disant «strictement parlant», ce n’est pas mal en soi! Ou bien, notre
renoncement est affectif sinon effectif! Ils ignoraient ces distinctions vraies
mais païennes dans l’usage que nos philosophes en font!
Le
Saint-Esprit leur a fait comprendre la pauvreté de Jésus et donc son mépris
pour les créatures. En les refusant toutes, il les condamne toutes! «Il n’a pas
où reposer sa tête!». Or ce n’est pas parce qu’il ne pouvait pas s’en procurer,
mais simplement pour nous montrer que tout notre cœur doit aller à Dieu et pas
du tout aux créatures… Les Apôtres ont imité leur Maître dans leur grande
pauvreté et donc dans leur mépris des choses créées.
A
mesure qu’une âme se sanctifie, elle s’éloigne instinctivement des plaisirs de
la terre. Elle garde tout son cœur pour Dieu seul. C’est ce que Dieu veut pour
nous tous. Par l’ardeur que tous les gens mettent en général à rechercher les
plaisirs du monde, on peut bien conclure qu’il y a très peu d’amour de Dieu
parmi les chrétiens. La faute est aux prêtres philosophes avec leurs «in se»
diaboliques par l’usage qu’ils en font, comme on l’a montré plusieurs fois.
Le
Saint-Esprit vient nous enseigner à vivre sur terre comme dans le ciel. Or là
tout notre amour sera sûrement pour Dieu seul: commençons tout de suite sur
terre à ne vivre que pour Dieu et les choses de Dieu. Voilà ce que font ceux
qui ont reçu la Pentecôte privée! Que le Saint-Esprit vienne nous éclairer et
nous embraser de son amour! Que la Sainte Vierge Médiatrice de toute grâce nous
obtienne celle de recevoir le Saint-Esprit avec l’abondance de ses dons en
activité pour nous mieux guider dans le chemin de la perfection!
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