À tous Nos vénérables
Frères les Patriarches, Primats, Archevêques et Evêques du monde catholique, en
grâce et communion avec le Siège Apostolique.
Vénérables Frères, Salut
et Bénédiction Apostolique.
La très noble nation
française, par les grandes choses qu'elle a accomplies dans la paix et dans la
guerre, s'est acquis envers l'Eglise catholique des mérites et des titres à une
reconnaissance immortelle et à une gloire qui ne s'éteindra pas. Embrassant de
bonne heure le christianisme à la suite de son roi Clovis, elle eut l'honneur
d'être appelée la fille aînée de l'Eglise, témoignage et récompense tout
ensemble de sa foi et de sa piété. Souvent, dès ces temps reculés, Vénérables
Frères, Vos ancêtres, dans de grandes et salutaires entreprises, ont p a r u
comme les aides de la divine Providence elle-même. Mais ils ont surtout signalé
leur vertu en défendant par toute la terre le nom catholique, en propageant la
foi chrétienne parmi les nations barbares, en délivrant et protégeant les
saints lieux de la Palestine, au point de r e n d r e à bon droit proverbial ce
mot des vieux temps : Gesta Dei per Francos. Aussi leur est-il arrivé, grâce à
leur fidèle dévouement à l'Eglise catholique, d'entrer comme en partage de ses
gloires et de fonder des œuvres publiques et privées où se manifeste un
admirable génie de religion, de bienfaisance, de magnanimité.
Les Pontifes romains, Nos
prédécesseurs, se sont plu à louer ces vertus de Vos pères, et, en récompense
de leurs mérites, à relever le nom français par de fréquents éloges. Très
honorables sont pour Votre nation les témoignages que lui ont rendus Innocent
III et Grégoire IX, ces lumières éclatantes de l'Eglise : le premier, dans une
lettre adressée à l'archevêque de Reims, disait : Nous avons pour le royaume de
France une amitié particulière ; parce que, plus que tous les royaumes de la
terre, il a été de tous temps attentif et dévoué au Siège Apostolique et à
Nous. Le second, dans son épître à saint Louis, affirmait que, dans le royaume
de France, dont aucun malheur n'a pu ébranler le dévouement à Dieu et à
l'Eglise, jamais n'a péri la liberté ecclésiastique, jamais la foi chrétienne
n'a perdu sa vigueur. Pour conserver ces biens, les rois et les peuples de ce pays
n'ont même pas hésité à verser leur sang et s'exposer aux derniers périls. Et
comme Dieu, Père des peuples, rend dès ce monde aux nations la récompense de
leurs vertus et de leurs belles actions, ainsi a-t-il largement départi aux
Français la prospérité, l'honneur des armes, les arts de la paix, un nom
glorieux, un empire puissant. Si la France, parfois oublieuse de ses traditions
et de sa mission, a conçu envers l'Eglise des sentiments hostiles, cependant,
par un grand bienfait de Dieu, elle ne s'est égarée ni longtemps, ni tout
entière. Et plût à Dieu qu'elle eût échappé saine et sauve aux calamités
enfantées, pour le malheur de la religion et de l'Etat, en des temps voisins
des nôtres! Mais, dès que l'esprit humain, empoisonné par les opinions nouvelles,
se prit a rejeter peu à peu l'autorité de l'Eglise, enivré d'une liberté sans
frein, on le vit choir là où l'entraînait sa pente naturelle. A mesure, en
effet, que le venin mortel des mauvaises doctrines pénétra dans les mœurs, la
société en vint à un tel point d'hostilité, qu'elle sembla vouloir rompre
entièrement avec les institutions chrétiennes. Les philosophes du dernier
siècle contribuèrent grandement à déchaîner ce fléau sur la France, quand,
infatués d'une fausse sagesse, ils entreprirent de renverser les fondements de
la vérité chrétienne et inventèrent un système bien propre à développer encore
l'amour déjà si ardent pour une liberté sans règle. Ce travail fut poursuivi
par ces hommes, qu'une violente haine des choses divines retient enrôlés dans
des sociétés criminelles et rend chaque jour plus ardemment désireux d'écraser
le nom chrétien. Poursuivent-ils ce dessein en France avec plus d'acharnement
qu'en d'autres contrées? Nul ne peut mieux que Vous en juger, Vénérables
Frères.
C'est pourquoi la charité
paternelle dont Nous entourons toutes les nations, de même qu'elle Nous a poussés
naguère à exhorter, par des lettres que Nous leur avons adressées, les évêques
d'Irlande, d'Espagne et d'Italie, à rappeler leurs peuples à leur devoir; ainsi
à l'heure présente. Nous sommes déterminés, mû par le même sentiment, à dire à
la France Notre pensée et à lui ouvrir Notre cœur.
En effet, les complots
précités ne nuisent pas seulement à la religion, mais ils sont encore funestes
et pernicieux à l'Etat. Il est impossible, en effet, que la prospérité règne
dans une nation où la religion ne garde pas son influence. L'homme perd-il le
respect de Dieu? Aussitôt croule le plus ferme appui de la justice sans
laquelle on ne peut bien gérer la chose publique, au jugement même des sages du
paganisme. L'autorité des princes n'aura plus dès lors son prestige nécessaire;
les lois seront sans force suffisante. Chacun préférera l'utile à l'honnête,
les droits perdront leurs forces, s'ils n'ont d'autre sauvegarde que la crainte
des châtiments. Ceux qui commandent se laisseront emporter facilement à la
tyrannie, et ceux qui obéissent à la révolte et à l a sédition. D'ailleurs,
comme il n'y a aucun bien dans les choses, qu'elles ne l'aient reçu de la bonté
divine, toute société humaine qui prétend exclure Dieu de sa constitution et de
son gouvernement refuse, autant qu'il est en elle, le secours des bienfaits
divins, et se r e n d absolument indigne de la protection du ciel. Aussi,
quelles que soient en apparence ses forces et ses richesses, elle porte dans
ses entrailles un principe secret de mort et ne peut espérer une longue durée.
C'est que, pour les individus, autant il est salutaire de servir les desseins
de Dieu, autant il est dangereux de s'en écarter; et d'ordinaire, on voit les
Etats, à mesure qu'ils se montrent plus fidèles à Dieu et à l'Eglise, monter
comme naturellement au sommet de la prospérité, et pencher vers la décadence
quand ils s'éloignent de cette conduite. L'histoire Nous montre dans la suite
des siècles ces alternatives et Nous pourrions en citer des exemples récents
dans Votre pays lui-même, si Nous prenions le temps de rappeler ce qui s'est vu
au siècle passé, alors que les foules, emportées par l'audace de la révolte,
ébranlaient jusque dans ses fondements la France terrifiée, et enveloppaient
les choses sacrées et profanes dans une même catastrophe.
Au contraire, il est
facile d'éloigner ces causes de ruine en observant les préceptes de la religion
catholique dans la constitution et dans le gouvernement, soit de la famille,
soit de l'Etat; car ils sont admirablement propres au maintien de l'ordre
public et à la conservation des sociétés.
Et d'abord, en ce qui
regarde la famille, il importe souverainement que les enfants nés de parents
chrétiens soient, de bonne heure, instruits des préceptes de la foi, et que
l'instruction religieuse s'unisse à l'éducation, par laquelle on a coutume de
préparer l'homme et de le former dans le premier âge. Séparer l'une de l'autre,
c'est vouloir, en réalité, que, lorsqu'il s'agit des devoirs envers Dieu,
l'enfance reste neutre ; système mensonger, système par-dessus tout désastreux
dans un âge aussi tendre, puisqu'il ouvre, dans les âmes, la porte de
l'athéisme et la ferme à la religion. Il faut absolument que les pères et mères
dignes de ce nom veillent à ce que leurs enfants, parvenus à l'âge d'apprendre,
reçoivent l'enseignement religieux, et ne rencontrent dans l'école rien qui
blesse la foi ou la pureté des mœurs. Cette sollicitude pour l'éducation de
leurs enfants, c'est la loi divine, de concert avec la loi naturelle, qui
l'impose aux parents ; et rien ne saurait les en dispenser. L'Eglise gardienne
et vengeresse de l'intégrité de la foi, et qui, en vertu de la mission qu'elle
a reçue de Dieu, son auteur, doit appeler à la vérité chrétienne toutes les
nations et surveiller avec soin les enseignements donnés à la jeunesse placée
sous son autorité, l'Eglise a toujours condamné ouvertement les éc les appelées
mixtes ou neutres, et a maintes fois averti les pères de famille, afin que, sur
ce point si important, ils demeurassent toujours vigilants, toujours sur leurs
gardes. Obéir ici à l'Eglise, c'est faire œuvre d'intérêt social, et pourvoir
excellemment au salut commun. En effet, ceux dont la première éducation n'a pas
ressenti l'influence de la religion grandissent sans avoir aucune notion des
plus hautes vérités, de celles qui peuvent seules entretenir dans l'homme
l'amour de la vertu et l'aider à dominer ses passions mauvaises. Telles sont
les notions qui affirment un Dieu créateur, juge et vengeur, les récompenses et
les châtiments de la vie future, les secours célestes que Jésus-Christ Nous
offre pour l'accomplissement consciencieux et saint de tous Nos devoirs. Sans
cet enseignement, toute culture des intelligences restera une culture malsaine.
Des jeunes gens, auxquels on n'aura point inspiré la crainte de Dieu, ne
pourront supporter aucune des règles desquelles dépend l'honnêteté de la vie ;
ne sachant rien refuser à leurs passions, ils se laisseront facilement entraîner
à jeter le trouble dans l'Etat.
Considérons maintenant
les vrais et salutaires rapports établis entre l'autorité spirituelle et
l'autorité temporelle par un échange réciproque des droits et des devoirs. De
même qu'il y a ici-bas deux grandes sociétés : la société civile, qui a pour
fin prochaine de procurer au genre humain les biens de l'ordre temporel et
terrestre, et la société religieuse, dont le but est de conduire les hommes au
vrai bonheur, à cette éternelle félicité du ciel pour laquelle ils ont été
créés, de même il y a deux puissances, soumises l'une et l'autre à la loi
naturelle et éternelle, et chargées de pourvoir, chacune dans sa sphère, aux
choses soumises à leur empire. Mais toutes les fois qu'il s'agit de régler ce
qui, à des titres divers et pour des motifs divers aussi, intéresse les deux
pouvoirs, le bien public demande et exige qu'un accord s'établisse entre eux.
Que cet accord vienne à disparaître, aussitôt se produit une sorte d'inquiétude
et d'instabilité qui ne peut se concilier avec la sécurité de l'Eglise, ni avec
celle de l'Etat, et voilà pourquoi, lorsqu'un ordre de choses a été
publiquement établi au moyen de conventions entre la puissance ecclésiastique
et la puissance civile, l'intérêt public, non moins que l'équité, exige que
l'accord demeure entier; car si des deux côtés on se rend de mutuels services,
des deux côtés aussi on recueille le bénéfice de cette entente réciproque.
En France, au
commencement de ce siècle, au sortir des grandes agitations et du régime de la Terreur,
les chefs du gouvernement eux-mêmes comprirent que le meilleur moyen de relever
la société fatiguée de tant de ruines était de rétablir la religion catholique.
En prévision des avantages futurs, Pie VII, Notre prédécesseur, se prêta aux
désirs du premier consul, poussant la condescendance et l'indulgence aussi loin
que le devoir de sa charge le lui permit. On convint des points principaux, on
posa des fondements et on ouvrit une voie sûre au rétablissement de la religion
et à son affermissement progressif. Et, en effet, de cette époque et dans la
suite, plusieurs mesures que conseillait la prudence furent adoptées pour la
sûreté et l'honneur de l'Eglise. Il en résulta de grands avantages, d'autant
plus appréciables qu'en France, les intérêts religieux étaient auparavant plus
compromis et presque désespérés. La dignité de la religion fut de nouveau
publiquement honorée, et les institutions chrétiennes reprirent vie. Mais, en
même temps, la patrie recueillit de ce fait seul de merveilleux avantages. Sortant
à peine des agitations de la tempête, dans son ardent désir de fonder
solidement la tranquillité et l'ordre de l'Etat, elle comprit que la religion
catholique lui offrait heureusement ces avantages, et la pensée d'un Concordat
fut alors celle d'un sage politique, habile à pourvoir au bien public. A défaut
donc d'autres raisons, il suffirait aujourd'hui, pour maintenir la paix, des
motifs qui l'ont autrefois fait conclure. Car, dans cette ardeur générale qui
pousse aux nouveautés de toute sorte, dans cette attente inquiète d'un avenir
inconnu, c'est commettre une capitale imprudence que de semer les germes de
discorde entre les deux pouvoirs et de mettre obstacle à la bienfaisante action
de l'Eglise.
Et pourtant, en ces
derniers temps, Nous voyons avec anxiété apparaître ce péril ; car il y a déjà
des actes et d'autres se préparent, opposés au bien de l'Eglise, tandis que des
ennemis de la religion s'acharnent à rendre le catholicisme suspect et odieux,
en le signalant comme l'ennemi de l'Etat. Le dessein de ceux qui aspirent à la
séparation de l'Eglise et de l'Etat, et veulent rompre tôt ou tard l'accord
salutaire et légalement conclu avec le Siège Apostolique, ne Nous cause pas
moins de sollicitude et d'angoisse.
Dans ces circonstances.
Nous n'avons, de Notre côté, rien omis de ce que les temps semblaient réclamer.
Nous avons ordonné, aussi souvent qu'il le parût nécessaire à Notre Nonce
apostolique, de porter des réclamations et ceux qui gouvernent la chose
publique ont attesté les recevoir avec des dispositions équitables. Nous-même,
quand fut porté le décret de suppression des communautés religieuses, Nous
avons exprimé nos sentiments dans une lettre adressée à Notre cher fils le
cardinal de la Sainte Eglise Romaine, archevêque de Paris. De plus, au mois de
juin dernier, écrivant au Président de la République, Nous avons déploré toutes
les autres entreprises nuisibles au salut des âmes et lésant les droits de
l'Eglise, Nous l'avons fait, pressé autant par la sainteté et la grandeur des
obligations de Notre charge apostolique, que par Notre ardent désir de
conserver en France saint et inviolable l'antique héritage de la religion. Dans
cette pensée, et avec la même constance, Nous sommes résolus à défendre
toujours à l'avenir les intérêts catholiques en France. Dans l'accomplissement
de ce devoir que la justice Nous impose, Vous avez toujours été, Vénérables
Frères, Nos courageux coopérateurs. Car, réduits à déplorer le sort des
religieux, Vous avez fait du moins ce qui était en Votre pouvoir; Vous n'avez
pas abandonné à leur épreuve, sans les défendre, ces hommes qui avaient aussi
bien mérité de l'Etat et de l'Eglise. Et maintenant, autant que les lois le
permettent, Vos plus grandes sollicitudes et toutes Vos pensées se portent à
procurer à la jeunesse une bonne éducation; et quant aux projets formés par
plusieurs contre l'Eglise, Vous n'avez pas omis de montrer combien ils sont
pernicieux à l'Etat lui-même. Aussi, personne ne pourra-t-il Vous accuser
d'être inspirés par des considérations humaines, ou d'être hostiles au
gouvernement établi. Quand il s'agit, en effet, de l'honneur de Dieu, quand le
salut des âmes est en péril, c'est Votre devoir de prendre en main la
protection et la défense de toutes ces causes.
Continuez donc à remplir
avec prudence et fermeté les devoirs de l'épiscopat, à enseigner les préceptes
de la doctrine céleste et à indiquer à Votre peuple, en ces temps si troublés,
la voie qu'il doit suivre. Il est nécessaire que Vous ayez tous les mêmes vues
et les mêmes desseins; et là où l'intérêt est commun, unanime aussi doit être
la manière d'agir. Veillez à ce qu'il y ait partout des écoles où les enfants
soient avec le plus grand soin instruits des vérités saintes et des devoirs
envers Dieu, où ils apprennent à connaître parfaitement l'Eglise, à écouter ses
enseignements et à se persuader qu'il faut être prêt à souffrir pour sa cause.
Ils sont nombreux en France les hommes éminents qui ont donné le grand exemple
d'affronter tous les dangers et même d'exposer leur vie pour la foi chrétienne.
En ces temps de bouleversement que Nous avons rappelés, on vit des hommes d'une
foi invincible qui, par leurs vertus et au prix de leur sang, soutinrent
l'honneur de leur nation. — Or, de nos jours aussi, Nous voyons en France la
vertu demeurer ferme, avec l'aide de Dieu, au milieu de mille embûches et de
mille périls. Le clergé s'applique à tous ses devoirs et avec cette charité qui
est l'apanage du sacerdoce, il se montre toujours empressé et toujours
ingénieux à se dévouer au service du prochain. Les fidèles en grand nombre
professent la foi catholique ouvertement et avec courage; ils témoignent
souvent et de toutes manières, en rivalisant de zèle, leur attachement au
Saint-Siège ; au prix de grands sacrifices et de grands efforts, ils pourvoient
à l'éducation de la jeunesse, et c'est avec une admirable générosité qu'ils
viennent au secours de toutes les nécessités publiques.
Or, tous ces biens, qui
sont d'un heureux présage pour la France, il importe, non seulement de les
conserver, mais de les accroître encore à l'aide d'une commune émulation et
d'une persévérante activité. Avant tout, il faut pourvoir à ce que le clergé
s'enrichisse de plus en plus d'hommes capables. Que l'autorité des évêques soit
sacrée pour les prêtres et qu'ils sachent bien que le ministère sacerdotal,
s'il n'est exercé sous la direction des évêques, ne sera ni saint, ni
pleinement utile, ni honoré. Il faut ensuite que les laïques d'élite qui aiment
l'Eglise, Notre Mère commune, et qui, par leurs paroles et leurs écrits,
peuvent utilement soutenir les droits de la religion catholique, multiplient
leurs travaux pour sa défense.
Mais, pour obtenir ces
résultats, il faut de toute nécessité l'accord des volontés et la conformité
d'action. Nos ennemis, en effet, ne désirent r i e n tant que les dissensions
entre les catholiques ; à ceux-ci de bien comprendre combien il leur importe
souverainement d'éviter les dissentiments et de se souvenir de la divine parole
: Tout royaume divisé contre lui-même sera désolé. Si, pour conserver l'union,
il est parfois nécessaire de renoncer à son sentiment et à son jugement
particulier, qu'on le fasse volontiers en vue du bien commun. Que les écrivains
n'épargnent aucun effort pour conserver en toutes choses cette concorde des
esprits; que chacun préfère l'intérêt de tous à son propre avantage ; qu'ils
soutiennent les oeuvres commencées pour le bien commun; que leur règle soit de
se soumettre avec piété filiale aux évêques que l'Esprit-Saint a posés pour
régir l'Eglise de Dieu; qu'ils respectent leur autorité, et qu'ils
n'entreprennent rien sans leur volonté; car, dans les combats pour la
religion, ils sont les chefs qu'il faut suivre.
Enfin, selon la coutume
toujours suivie par l'Eglise dans les circonstances difficiles, que tout le
peuple fidèle, excité par vos soins, ne cesse d'adresser à Dieu des prières, de
le conjurer d'abaisser ses regards sur la France et de laisser sa miséricorde
l'emporter sur son courroux. La licence de la parole et de la presse a outragé
bien des fois la majesté divine. Il est des hommes qui, non seulement se
montrent ingrats envers le Sauveur du monde Jésus-Christ et répudient ses
bienfaits, mais aussi qui vont se faire gloire de ne plus croire même à
l'existence de Dieu. C'est aux catholiques surtout qu'il convient de réparer
par un grand esprit de foi et de piété ces égarements de l'esprit et de
l'action, et d'attester publiquement qu'ils n'ont rien plus à coeur que l a
gloire de Dieu, rien de plus cher que la religion de leurs ancêtres. Que
ceux-là surtout qui sont plus étroitement liés à Dieu, dont la vie s'écoule
dans les cloîtres, s'excitent à une charité toujours grandissante et
s'efforcent par leur humble prière, leurs sacrifices volontaires et l'offrande
d'eux-mêmes, de nous rendre le Seigneur favorable. Il arrivera ainsi, Nous en
avons la confiance, que par le secours de la divine miséricorde, les égarés
reviendront de leurs erreurs, et que le nom français reprendra son antique
grandeur.
En tout ce que Nous avons
dit jusqu' ici, Vénérables Frères, reconnaissez l'amour paternel et l'affection
profonde dont Nous entourons la France tout entière. Aussi, Nous ne doutons pas
que ce témoignage de Notre très vif intérêt pour Vous ne soit propre à
fortifier et à resserrer les liens de la salutaire union qui existe entre la
France et le Siège Apostolique, union qui, en tous les temps, a été pour l'une
et l’autre la source d'avantages nombreux et considérables. Dans cette pensée,
et avec joie, Vénérables Frères, Nous souhaitons à Vous et à Vos fidèles la
plus grande abondance des biens célestes, et comme gage de témoignage de Notre
particulière bienveillance pour Vous et la France entière, Nous Vous accordons volontiers
la Bénédiction apostolique.
Donné à Rome, près
Saint-Pierre, le 8 février de l'année 1884, sixième année de Notre Pontificat.
LÉON XIII, Pape
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