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TRENTE-TROISIÈME
INSTRUCTION LA MORT.
«Car tu es poussière et
tu retourneras en poussière.» Gen. 3-19.
Plan (Elle est contre
nature Difficulté d’y penser: (L’ensorcellement des créatures (Elle gâte la vie
du monde (Elle est ordonnée par Dieu Nécessité d’y penser: (Cet ordre s’exécute
tous les jours (Pour s’y préparer (N’est qu’un sommeil Devant la foi, la mort:
(Est enviable (Est l’entrée dans l’éternité La mort mystique.
DIFFICULTÉ D’Y
PENSER Voici un sujet qui n’est pas
intéressant pour les hommes en général.
Les missionnaires ont beau disputer les gens de n’y pas penser, ils n’y
pensent pas plus la mission finie qu’avant.
C’est aussi bien d’envisager le problème de plein front pour ainsi dire
et voir pourquoi les fidèles n’y pensent pas plus. Le mieux est à mon avis, de séparer ce qui
vient de la nature et ce qui vient de la foi; alors on saura où frapper juste,
pour impressionner les fidèles.
Commençons par repasser les causes qui nous empêchent d’y penser afin de
ne pas perdre notre temps à lutter contre l’inévitable.
Elle est contre nature.
Elle n’existait pas dans
le plan primitif de Dieu qui avait créé l’homme pour vivre éternellement. Elle n’est donc pas dans notre nature; ce
n’est donc pas naturel d’y penser!
Est-ce que nous pensons à manger de l’herbe? à voler dans les airs? Jamais!
Puisque ce n’est pas de notre nature.
On dira que les gens meurent autour de nous; nous devrions donc y
penser. Pas plus! Quand une chose est contre nature, le fait
d’en voir ne change rien en nous. Que de
gens se font couper une jambe ou un bras et pourtant je ne pense pas que cela
va m’arriver! Pourquoi? Parce que je ne suis pas né pour me faire
opérer!!!… C’est donc parfaitement inutile d’essayer de se convaincre que la
pensée de la mort est naturelle à l’homme.
Elle ne l’est pas et ne le sera jamais!
À quoi bon alors vouloir la sortir de la nature? Ne perdons plus de temps sur cette idée.
L’ensorcellement des
créatures s’ajoute pour nous empêcher de penser à la mort. Elles alimentent notre activité de toute
sorte et entretiennent notre vie; elles nous empêchent donc de penser à la
mort. Elles sont toujours devant nous
pour nous occuper l’esprit et le coeur par leurs jouissances ou leur nécessité
et se succèdent les unes les autres sans interruption. Comme elles renouvellent nos forces par le
boire et le manger! Qui pense à la mort
devant une bonne table bien garnie? en
buvant du bon vin qui renouvelle sa jeunesse?
en assistant à une partie de plaisir captivant?… Elle gâte la vie du monde. Pour les chrétiens à mentalité plus ou moins
païenne, qui sont attachés aux plaisirs de la terre la pensée de la mort est
comme une douche froide sur leur enthousiasme pour la vie actuelle. Mourir?
Ce n’est pas le temps! Comment
abandonner toutes ces bonnes choses pour un cercueil? Ne m’en parlez pas; c’est impossible! Mais surtout ce qui effraie ces chrétiens
mondains, c’est le jugement avec ses conséquences éternelles! Ils ont peur de Dieu qu’ils n’ont pas bien
servi la plupart du temps. Pour toutes
ces raisons beaucoup de chrétiens de fait ne pensent pas à la mort ou
superficiellement.
Il y a une corde bien
naturelle que des missionnaires aiment à faire jouer pour faire pleurer les
gens en leur parlant de la mort. Ils
décrivent une belle famille avec un bonheur idéal selon le monde. Puis un jour ils font venir la grande
faucheuse qui prend une épouse bien-aimée ou un père de ses enfants. Avec une voix tremblotante ils énumèrent les
belles et bonnes choses qu’il faut quitter: cette belle demeure qu’on avait
bâtie à son goût; ces beaux meubles qui ornaient leur jolie maison; finies les
belles réunions d’amis si heureux ensemble; il faut dire adieu à des enfants
chéris, à des parents bien-aimés: tout ce bonheur finit dans la tombe! Il est rare qu’on ne voie pas quelques femmes
sortir leurs mouchoirs pour essuyer les larmes de tendresse! Et le prédicateur pense avoir fait
merveille! C’est du paganisme tout
pur! C’est tout le contraire qu’on
devrait prêcher selon la foi.
Exemple: Baptiste,
éloigné de sa femme depuis quelque temps, n’a que son portrait et ses lettres
pour se consoler durant son absence.
Supposons que j’arrive chez Baptiste de la part de sa femme qui lui fait
dire de retourner avec elle tel jour, et je lui parle comme un
missionnaire! Pauvre Baptiste, vois-tu
ce beau portrait qui faisait tes délices, il faut le quitter; ces lettres que
tu lisais avec tant d’amour, finies! Il
faut que tu retournes chez ta femme!… et il sort son mouchoir pour essuyer ses
larmes qui coulent abondantes sur cette séparation de ses souvenirs
chéris!
N’est-ce pas du plus
parfait ridicule! Pas un imbécile au
monde n’agirait de la sorte! Eh
bien! N’est-ce pas encore bien plus ridicule
de faire pleurer les gens parce qu’à la mort ils devront quitter les
échantillons pour aller voir Dieu dans la vision béatifique? C’est les confirmer dans leur attitude
mentale bien païenne et dans leur amour du monde. Ces échantillons sont la cause de leurs
péchés, de leur insouciance pour le ciel et c’est tout cela que l’on fait
miroiter devant leurs yeux pour les préparer à aller voir Dieu? C’est tout le contraire qu’il faut faire. C’est aussi absurde que si, en convertissant
une pécheresse, je vantais son amant et la faisais pleurer parce qu’elle doit
le quitter! Or les créatures sont les
rivales de Dieu dans notre affection pour Dieu: les faire valoir tant soit peu,
est contre l’amour que l’on doit à Dieu.
Qu’on laisse cette corde de côté à tout jamais! Ce serait autre chose si on parlait de cette
séparation inévitable un jour pour exhorter les fidèles à s’en détacher tout de
suite de bon coeur, afin d’en avoir du mérite devant Dieu et pour commencer
d’agir avec les choses créées comme si nous étions sur le point de mourir: ne
pas plus pécher avec elles maintenant que sur le point de mourir; puisque nous
sommes toujours sur le point de mourir!
Qu’on prêche cette séparation, donc, en vue de faire mépriser tous les
biens qu’il faudra quitter à la mort.
Quant aux personnes aimées, qu’on insiste sur la brièveté de cette
séparation; que ceux qui servent Dieu se reverront sûrement en paradis. Voilà qui est plus selon la foi et plus
efficace à tout point de vue. nécessité
d’y penser. Voici maintenant des raisons
d’y penser fournies par la foi et par l’expérience: tout chrétien doit les
prendre en sérieuses considérations.
Elle est ordonnée par
Dieu comme châtiment du péché originel.
Dieu avait menacé nos premiers parents de la mort le jour où ils
mangeraient du fruit défendu. D’abord ce
jour-là, ils perdirent la grâce sanctifiante et donc la vie divine; c’était
bien une mort. De plus ils furent
condamnés à la mort physique avec toute leur descendance. La mort vient donc de l’extérieur; elle ne
vient pas de la nature. Nous sommes
exactement dans le cas d’un condamné à être pendu. Il ne sent pas dans sa nature ce genre de
mort, mais il l’a devant les yeux quand même parce qu’elle lui est imposée de
l’extérieur par le juge et qu’il sait qu’elle va s’exécuter un jour. Comme notre sentence de mort vient de Dieu,
nous n’avons absolument aucune chance de l’éviter, quand même nous n’en savons
pas le jour ni l’heure; nous sommes certains qu’elle s’en vient inexorablement. Ici, s’ajoute à la foi l’expérience. Cet ordre s’exécute tous les jours autour de
nous, nous devons donc nous dire: mon tour s’en vient sûrement. Dieu nous cache ce jour afin que nous
prenions toute notre vie à nous y préparer.
Si nous le connaissions, nous pourrions attendre vers la fin pour nous y
préparer. Comme nous devons reproduire
sa sainteté, nous n’avons pas trop de toute la vie pour nous y préparer. Jésus prend la peine de nous avertir qu’il
viendra comme un voleur, qu’il nous surprendra!
C’est pour que nous soyons toujours prêts. Il insiste souvent sur cette idée non pas de
nous préparer, mais d’être prêts.
Luc, 12-35: «Ayez les
reins ceints et vos lampes allumées.
Soyez semblables à ces hommes qui attendent le moment où leur maître
reviendra des noces, afin que dès qu’il arrivera et frappera à la porte, ils
lui ouvrent aussitôt. Heureux ces
serviteurs que le maître, à son retour, trouvera veillant. Je vous le dis en vérité, il se ceindra, il
les fera asseoir à sa table et s’approchera pour les servir. Qu’il arrive à la deuxième veille, qu’il
arrive à la troisième veille, s’il les trouve ainsi, heureux ces
serviteurs! Mais sachez bien que si le
maître savait à quelle heure le voleur va venir, il veillerait et ne laisserait
point percer sa maison. Vous aussi,
soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas.»
Dans la parabole des dix vierges, l’époux n’a pas voulu accepter la préparation
hâtive que les folles ont faites à la dernière heure. Pourtant elles étaient bonnes, elles avaient
veillé avec les bonnes, elles avaient leurs lampes, mais il leur manquait de
l’huile dans leurs lampes. Puisqu’elles
ont pris un risque, c’est donc qu’elles n’aimaient pas assez! Que tous les retardataires prennent leur
leçon!… Pour s’y préparer.
Comme nous ne sentons pas
la mort en nous et que la foi n’est pas de ce monde, il nous faut user d’une
certaine violence sur nous-mêmes pour penser à la mort. La conséquence de ce que nous avons dit plus
haut est que nous n’avons aucune probabilité de vivre encore une heure! Que nous soyons jeunes, forts, pleins de vie,
avec des désirs immenses de travailler encore, absolument rien de ce qui vient
de nous ne peut nous laisser la vie. La
sentence de mort est portée et elle peut s’exécuter à n’importe quelle minute
de notre vie; donc, tout de suite, à l’instant même, aujourd’hui, donc
n’importe quand! Nous sommes comme ce
condamné à être pendu aujourd’hui, mais qui ne sait pas l’heure. Est-ce qu’il n’aurait pas toujours une
oreille tendue pour entendre le bruit du geôlier qui vient le chercher? Ce serait fou pour lui de dire: J’ai du
temps pour me préparer! Je me préparerai
ce soir! Par conséquent personne n’a
aucune probabilité qu’il va vivre encore une heure. Il le veut bien, il le désire, mais il n’en
sait rien! Cela seul devrait être assez
pour qu’on se mette sérieusement à se préparer tout de suite pour la mort, tout
de suite! On peut compter comme une
exception si l’on a encore une heure de passée sans être mort. Chaque heure ainsi passée rend l’heure qui
vient beaucoup plus probable. Il ne
s’agit pas simplement de faire un exercice de préparation à la mort, comme on
fait dans les retraites. C’est bon mais
bien insuffisant. C’est toute la vie qui
reste qui doit être une longue préparation à la mort. Le mieux est de commencer tout de suite à
pratiquer toute la doctrine du plan divin que nous expliquons dans cette
retraite-ci, selon les 4 grands principes fondamentaux. Hâtons-nous de monter vite dans le
surnaturel, pour glorifier Dieu en reconnaissant son souverain domaine et en
pratiquant la folie de la croix, dans tous les détails tels que donnés
ici. Nous nous trouvons à entrer ainsi
dans les idées divines pour le salut du monde et par suite c’est la meilleure
préparation à la mort. En plus il faut
faire toutes nos actions avec cette vue bien claire que nous sommes arrivés à
la fin de notre vie; puisque c’est possible pour chacun de nous, il faut agir
comme si de fait cet instant était le dernier de ma vie. Ne prenons aucun risque, comme les vierges
folles ont fait; c’est un signe de manque d’amour de Dieu très dangereux. Or tous ceux qui remettent à plus tard pour
se bien préparer à mourir prennent ce risque et donc, ils n’aiment pas Dieu
assez pour être sauvés, logiquement parlant.
Pour aller au ciel, il faut préférer Dieu à tout au monde. Si on laisse Dieu de côté pour s’amuser avec
ses créatures, c’est donc que nous préférons ces choses à Dieu même; ce n’est
pas là la voie du ciel. Ne risquons donc
rien!…
DEVANT LA FOI
La mort n’est qu’un
sommeil, d’après J. C. et les Apôtres. En parlant de Lazare Jésus dit qu’il va le
réveiller parce qu’il dort. Puis voyant
que les Apôtres ne comprennent pas, il leur dit clairement que Lazare est mort
et qu’il va le ressusciter. St Paul
écrit aux Thess. 1, 4-12: «Nous ne
voulons pas que vous ignoriez, mes frères, ce qui regarde ceux qui dorment,
afin que vous ne vous attristiez pas, comme font les autres hommes qui n’ont
pas l’espérance.» La mort est comparée
au sommeil, parce que plus tard l’âme reviendra dans son corps à la
résurrection et le corps reprendra vie comme au réveil.
C’est donc que tout ne
finit pas à la mort. Ce monde est fini,
mais il y en a un autre autrement enviable que celui-ci au ciel ou un autre
affreusement pénible en enfer. C’est en
vue de ces deux alternatives que tout chrétien doit organiser sa vie actuelle;
il sait ce qu’il doit faire; qu’il demande la grâce de le faire selon la
volonté de Dieu. Ceux qui fixent les
yeux sur ce qu’ils perdent en ce monde, regardent la mort comme
l’anéantissement de toute leur vie puisqu’ils vivaient seulement pour les
échantillons qui disparaissent alors.
Aussi ceux qui les fixent sur l’enfer qu’ils sentent bien avoir mérité
tant de fois, sont horrifiés par la pensée de la mort. Que ces deux groupes changent leur mentalité
pendant qu’il en est encore temps, et qu’ils se mettent à transférer leur
bonheur des échantillons aux perfections divines et alors la mort perdra de son
angoisse. Pour ceux qui ont compris le
plan divin de notre salut et qui ont commencé sérieusement à acheter le ciel
aux dépens des échantillons, la mort n’est que le passage des échantillons aux
perfections divines qu’ils ont achetées.
Ils ont hâte d’aller voir le château céleste qu’ils ont payé de leurs
sacrifices des plaisirs même permis de la terre. Pour ceux-là la mort est vraiment un sommeil;
ils savent qu’ils vont se réveiller dans un monde incomparablement supérieur à
celui-ci et les amertumes de ce passage sont en grande partie adoucies par
cette perspective céleste. On comprend
que pour envisager la mort comme un sommeil, il faut la voir selon la foi qui
nous jette en plein surnaturel. Car
envisagée selon le point de vue humain, c’est une fin et une vraie mort pour le
chrétien à mentalité païenne. Cette idée
de sommeil ramène celle de résurrection de J-C.
et donc aussi de la nôtre. Nous
savons qu’à cause de la résurrection de J-C.
nous aussi nous ressusciterons un jour, donc la descente dans la tombe
n’est que pour un temps, nous nous réveillerons un jour pour voir notre corps
uni encore une fois à son âme pour vivre éternellement dans l’autre monde. Fasse le ciel que ce soit pour une éternité
bienheureuse!
Elle est enviable pour
tout chrétien qui vit de foi habituellement.
Il se dit que si les échantillons de Dieu sont si attrayants pour nous
en ce monde, que doivent être les perfections divines en l’autre monde? Quelle joie éternelle devant ces sources
infinies de jouissances célestes autrement sublimes que les plaisirs sensibles
avec les échantillons sur la terre! La
mort est la fin des semailles! La
dernière poignée de grains pour l’éternelle moisson! Le dernier lambeau de naturel que nous semons
pour un vêtement d’incorruptibilité au paradis!
C’est la fin du danger d’offenser Dieu, la fin des risques sur notre
ciel. Elle ferme la porte des ténèbres
de la terre pour l’ouvrir sur les splendeurs de la vision béatifique. Adieu les souffrances et les ennuis de cette
vie! C’est pourquoi plusieurs martyres
sont allés à la mort en chantant des cantiques de joie. Un jour que Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus eut
une hémorragie, elle dit qu’elle faillit mourir de joie de voir qu’elle était
enfin pour mourir! Évidemment il faut
déjà vivre dans l’autre monde par la foi pour être heureux d’y aller de
fait. Chacun envisage la mort selon
qu’il s’arrête aux semailles ou aux récoltes ou encore aux échantillons plutôt
qu’à leurs sources célestes. Ceux qui
jugent selon les sens évidemment ne voient que les créatures; ceux-là sont
angoissés à la pensée de les quitter.
Mais ceux qui fixent surtout les perfections divines, ce qui ne peut se
faire que selon la foi d’une façon méritoire, ceux-là regardent la mort comme
réellement enviable.
Il y a des chrétiens qui
n’ont aucune peur de la mort.
C’est un signe qu’ils
n’ont aucune foi ou qu’ils sont de grands saints… s’il s’en trouve de cette
sorte! On voit les vrais païens aller à
la mort sans aucune crainte. Comme ils
ne connaissent pas Dieu ni les alternatives de l’éternité, ils n’appréhendent
rien pour l’autre vie et ils meurent comme quelqu’un qui va simplement se
coucher pour dormir. Par conséquent ces
catholiques sont bien à plaindre parce qu’une grande surprise les attend en
l’éternité… Ils n’ont pas grand’chance d’aller au ciel, puisqu’ils ne le désirent
pas, ni aucune chance d’aller aux limbes parce qu’ils sont baptisés et qu’ils
ont été instruits un peu de la religion.
Il ne leur reste donc que le chemin de l’enfer!… Elle est l’entrée dans
l’éternité. Nous savons par la foi que
cette vie n’est qu’un échantillon d’une autre vie immortelle dans l’autre
monde. Celui qui aime les plaisirs de ce
monde et qui a le courage de les mépriser pour s’assurer le ciel, qui s’en sert
selon le plan divin comme monnaie pour acheter le ciel, celui-là regarde la mort
comme un grand bien.
Elle va le mettre en
possession des richesses immortelles au sein d’un bonheur non pas humain, mais
divin. Il sait qu’il va aller participer
au bonheur de la Trinité par les mérites de J-C. dans la même proportion qu’il a méprisé les
plaisirs de la terre, et cette perspective lui fait envisager la mort comme un
simple passage de la pauvreté à la richesse céleste, du temps à l’éternité.
La plupart des chrétiens
n’osent pas s’arrêter à l’idée de l’éternité, évidemment parce qu’ils ne font
pas assez pour mériter le ciel et qu’ils ont peur de l’enfer. Dans ce cas ils ont bien raison d’avoir peur,
car s’ils n’arrivent pas au bonheur du ciel, ils auront le malheur de l’enfer. Mais c’est une attitude insensée que de
préférer les jouissances sensibles à celles du ciel. S’ils aiment tant celles-ci ils devraient se
dire: une raison de plus de vouloir jouir éternellement. Or il est impossible de jouir dans les deux
mondes, comme il est impossible pour un cultivateur de garder ses grains de
semence et d’espérer une récolte de ces mêmes grains. Nous devrions nous arrêter souvent à la
pensée de l’éternité! Quand même elle
est difficile à saisir, elle vaut la peine d’être considérée au moins dans ce
que nous en savons. Nous aimons tant la
vie dans ce monde et comme nous craignons de la perdre! Pourtant il est sûr qu’elle va finir. Eh bien!
Puisque nous aimons tant la vie si courte en ce monde, arrangeons-nous
pour mériter la vie du ciel qui ne finira jamais. Imaginez un bonheur, non des hommes, mais de
Dieu, qui n’aura jamais de fin! Voilà
justement ce que nous voulons tous. Eh
bien! est-ce trop l’acheter par les
courtes jouissances de cette vie?
Sûrement non. Eh bien! faisons donc le plus de sacrifices possibles
à l’avenir afin de nous assurer ce bonheur.
Cessons toute attache, comme de fumer, etc. Tout ce qui n’est pas absolument nécessaire,
retranchons-le sans pitié en pensant aux jouissances éternelles que Dieu nous
donnera au ciel à la place de celles-ci.
Commençons et l’amour viendra avec le nombre de sacrifices faits pour
l’amour de Dieu. la mort mystique…
Nous avons tous entendu
cette parole de St Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en
moi.» et cette autre: «À mesure que le vieil homme dépérit le nouvel homme créé
dans le Christ se renouvelle.» Il y a donc une mort réelle avant la mort
physique qui sépare l’âme du corps.
C’est celle que les auteurs spirituels appellent mystique. Elle consiste à se dépouiller de tout ce qui
n’entre pas au ciel et donc qui ne plaît pas à Dieu. C’est une purgation de l’âme de tout ce qui
l’empêche d’entrer au ciel. Or nous
savons maintenant qu’il n’y a pas que les péchés qui nous éloignent de Dieu,
mais aussi nos attaches aux plaisirs terrestres, nos attaches à l’amour-propre
et à nous-mêmes; en un mot c’est le renoncement voulu par Jésus qu’il nous faut
pratiquer pour être tout à fait à Dieu.
Eh bien! en proportion qu’on rejette les plaisirs de
la terre, dans la même proportion c’est une espèce de mort qui s’impose. Quand une personne est malade et finalement
qu’elle meurt, quels sont les signes qu’elle est morte? C’est quand elle n’a aucune réaction à nos
paroles, à nos actes; en un mot quand elle ne voit plus, n’entend plus, ne
mange plus, ne boit plus; tout lien avec ce monde est alors brisé; on dit
qu’elle est morte.
Eh bien! pour celui qui meurt mystiquement, il se
passe quelque chose de semblable. Par
exemple, notre ami Baptiste a fait une retraite fermée et voilà qu’il se met à
sacrifier une foule de plaisirs qu’il prenait auparavant. On en parle parmi les amis qui s’énervent sur
son cas. Les uns disent qu’il est tout
changé, d’autres qu’il doit troubler parce qu’il ne vient plus les voir, qu’il
ne fume plus, ne boit plus et ne va plus aux vues, etc. Ils décident d’essayer de le sortir de ses
«bleus» et de le sauver s’il est encore temps!
Un ami vient le voir un jour, et en le dévisageant comme un mourant lui
demande comment va la santé. Très bien,
dit Baptiste! Grand Dieu! dit l’ami en luimême, il va mal puisqu’il ne
réalise pas son état! Il lui offre une
cigarette, Baptiste refuse; un verre de bière, il refuse encore. Il veut l’amener aux vues, Baptiste refuse
toujours, il n’a plus le temps d’y aller.
Alors il se décide de lui dire ce qu’il a sur le coeur à son sujet. Mon ami, tu sembles mener une vie bien
curieuse, tu te singularises trop! Fais
donc comme les autres! Tu vas nuire à ta
santé! Fais attention à l’orgueil! Tu veux te faire passer pour plus saint que
les autres. Sois donc plus humble et
fais comme les autres pour ne pas attirer les regards sur toi. Je n’aime pas à me faire remarquer parmi les
autres!… Mais Baptiste sourit tout bonnement et demeure inébranlable dans sa
résolution de ne plus travailler que pour le ciel. L’ami dit aux autres: C’est un cas
désespéré! Le résultat c’est que tous
ses amis l’abandonnent puisque Baptiste n’aime plus ce qu’ils aiment.
C’est un premier pas dans
la mort mystique: l’isolement. On n’a
plus d’amis et Dieu le fait exprès pour les éloigner. Son amour est exclusif! Ensuite il faut renoncer à soi-même! à son jugement et à sa volonté, ce qui est
encore plus difficile que de renoncer aux plaisirs du monde. Alors, comme à mesure qu’on avance dans
l’amour de Dieu, on méprise les créatures, de même on arrive à se mépriser
soi-même… On sent alors quelque chose de la répugnance qu’on éprouve pour un
cadavre. C’est une grande grâce, mais en
même temps il y a un danger sérieux si on n’a pas quelqu’un pour expliquer ce
phénomène. C’est alors que le dégoût de
soi peut aller jusqu’à l’envie de se suicider.
C’est dire combien pénible est ce dégoût de soi et, naturellement, de
tout le monde. Si ces gens pouvaient
savoir que ce n’est que la conclusion logique des sacrifices de toutes sortes
qu’ils ont faits et que Dieu leur demande le sacrifice de l’amour-propre. On n’aime plus un être si répugnant pour
soi! La mort mystique nous rend donc
insensibles aux plaisirs dans ce sens que le coeur n’en veut plus. Physiquement par exemple, quand on mange
quelque chose de bon, il goûte bon! Mais
on rejette tout ce qu’on peut de ces plaisirs.
On ne veut plus fumer, ni boire, etc….
C’est comme si on était mort à ces choses ou ces choses mortes pour
nous. Plus on meurt au monde de la sorte
et plus on vit en Dieu et Dieu en nous.
Ceux qui se contentent d’éviter le péché, mais qui jouissent des
plaisirs sensibles, qui ont des attaches, comme les fumeurs, etc., ne sont pas
morts mystiquement, et dans la même mesure Jésus ne vit pas en eux, par
l’amour. Quel dommage que tous les
fidèles ne sachent pas cette loi divine!
Que chaque coup de mort qu’ils se portent par le sacrifice, c’est une
augmentation de vie de Jésus dans leur coeur.
Les philosophes du clergé font un immense tort aux âmes en les privant
des sacrifices aux choses permises qu’ils ne prêchent jamais. Ils les tiennent bien en vie avec toutes ces
choses permises et dans la même proportion ils éloignent la vie de Dieu en eux.
Il faut mourir à
soi-même, il ne suffit pas de mourir au péché, comme ces philosophes le
prêchent partout. Que Dieu fasse la
grâce au monde qu’il y ait plus de prêtres à prêcher le renoncement à soi car
Jésus n’entre qu’en proportion que le moi sort de mon être, évidemment au point
de vue moral, comme nous l’avons si souvent expliqué!…
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