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TRENTE-DEUXIÈME
INSTRUCTION LES AFFLICTIONS.
«Les
afflictions momentanées et légères du présent nous produisent un poids éternel
de sublime et incomparable gloire.» 2 Cor.
4-17.
Plan
Remarque (de l’estime du monde Les afflictions détachent… (de l’amour-propre
(des biens spirituels (la puissance de Dieu Les afflictions glorifient (la
sagesse de Dieu (la miséricorde de Dieu Les afflictions sanctifient!
REMARQUE
Dans la méditation précédente, nous avons médité sur la mortification ou la
pénitence que le chrétien s’impose librement pour expier ses péchés et gagner
le ciel. Dans celle-ci, nous allons
méditer sur la pénitence que Dieu inflige par sa Providence aux hommes sans les
consulter. C’est que pas un homme ne
saurait se mortifier assez pour se détacher de tout ce qui peut déplaire à Dieu
pour l’admettre dans la vision béatifique.
Dieu seul connaît tout ce qu’il faut nous enlever pour cette préparation
si importante; comme sont les racines profondes de l’amour-propre et de la
sensualité. Il faut des secousses
terribles qui ébranlent comme les fondements de l’être tout entier et des
angoisses de coeur qui bouleversent l’intérieur de l’âme. Quand on se sent comme immergé dans un océan
de misères et d’opprobres, on réalise mieux son absolue impuissance et son
néant devant Dieu. Personne ne peut
imaginer combien notre païen a la vie dure!
Nous consentons bien parfois à faire des courbettes devant Dieu, mais
combien passagères! Nous reprenons vite
notre conduite comme si nous étions nos propres maîtres. Nous consentons à faire comme une génuflexion
devant Dieu, mais pour nous relever et continuer d’orienter notre vie à notre
guise; même les meilleurs font cela.
Mais dans la vie spirituelle, Dieu exige de nous tous non pas quelques
actes de soumission, mais il veut une soumission entière, constante, éternelle,
exactement comme dans le ciel. Quand les
Philistins mirent l’arche d’alliance qu’ils avaient capturée devant leur idole,
Dagon, ils trouvèrent leur idole par terre devant l’arche. Ils remirent l’idole sur son piédestal, et le
lendemain matin ils la trouvèrent encore par terre en face de l’arche avec la
tête coupée ainsi que les mains. Voilà
un échantillon de ce que Dieu veut de nous.
Il permet bien que les premières fois nous gardions notre tête et notre
activité naturelle dans nos courbettes devant lui, mais il veut que nous
arrivions à rester là éternellement! Il
ne veut pas que le païen reprenne son jugement et sa volonté signifiés par la
tête de Dagon, ni son activité signifiée par les deux mains de Dagon. Il faut pouvoir dire avant de mourir
réellement: Ce n’est plus moi qui vis, c’est J-C. qui vit en moi, comme St
Paul. C’est pour arriver là que Dieu est
obligé de nous envoyer toutes sortes d’afflictions plus ou moins pénibles et
longues selon le degré de sainteté qu’il nous destine au ciel.
LES
AFFLICTIONS NOUS DÉTACHENT…
De
l’estime du monde que nous avons tous ancrée au fond de l’âme même à notre
insu. Or il est impossible de réaliser
qu’on a cette estime quand tout va bien, qu’on a du succès et les
applaudissements des autres. On a beau
faire des actes intérieurs pour désavouer cette estime, elle reste là quand
même. On ressent un grand plaisir à
s’entendre féliciter, à savoir le monde content de ce que nous disons ou que
nous faisons. Pour nous enlever cet
amour de l’estime des hommes Dieu prend un moyen bien radical; il nous fait
mépriser par le monde. Il a tant de
façons de faire, qu’il peut en le disant disposer toutes choses pour que les
hommes nous critiquent, nous blâment sévèrement, nous attribuent de mauvaises
intentions et nous calomnient. Comme on
est blessé les premières fois! Comme on
trouve cela injuste! C’est donc que nous
avons conscience d’avoir de grandes qualités puisque nous sommes choqués contre
ceux qui les nient par leurs critiques!
On essaie de les mépriser en se disant: ce sont des ignorants! ou des gens qui manquent de jugement,
etc. Mais quand ils se multiplient
tellement qu’on voit tout le monde tourné contre soi, il faut bien le
reconnaître; c’est un fameux coup à notre amour pour cette estime que nous
n’avons plus du tout. On continuera de
croire qu’on a raison contre tout le monde, mais on est moins sûr! On doute assez souvent, mais on tient bon
quand même, tant on a confiance en soi!
Notre Dagon est à terre, mais il garde encore son jugement et sa
tête. Il va falloir que Dieu l’attaque
d’autres façons pour en venir à bout…
Cette attache pour l’estime du monde est pour ainsi dire le péché des
bons, des fervents. Surtout dans les
débuts il se trouve toujours des bonnes gens pour nous féliciter de notre bonne
vie, de nos bons sentiments et de nos bonnes actions. L’amour-propre les étend vite à toute la
vie. On a conscience d’avoir une bonne
réputation de fervent chrétien. Combien
se pensent obligés de la garder en faisant des efforts pour soutenir leur
réputation de personne spirituelle! C’est
possible qu’on ait une bonne intention surnaturelle, comme pour édifier le
prochain, pour glorifier le bon Dieu; mais combien dangereux aussi! Comme ça peut bien être pour sauver son
amour-propre!… Le signe que tout est bien
surnaturel sera quand on accepte avec joie de perdre cette estime quand Dieu le
veut qu’on est indifférent aux louanges ou aux reproches. Comme ils sont rares! Combien font leur religion sans s’occuper du
tout de ce que les gens pensent! Comme
ils sont peu nombreux.
Pour
les gens du monde toutes celles qui suivent la mode en toutes ses sottises, qui
parlent des vanités pour faire comme les autres, tous les hommes qui courent
les sports pour faire comme les autres, qui écoutent la radio, qui parlent des
amusements, qui s’éloignent des choses de Dieu, tous ces gens qui ont une peur
bleue de se faire critiquer par le monde sont des gens qui cherchent l’estime
du monde et qui l’aiment plus qu’ils aiment Dieu. Chez les prêtres et les religieux combien
prêchent justement ce qui va plaire au monde, ce qui ne changera rien à leur
vie, ni à leur mentalité de païens. Ils
évitent de prêcher le mépris des choses créées et la folie de la croix; tout ce
qui contredirait leur vie naturelle. Ils
ne veulent pas être des signes de contradiction pour le monde, ils cachent donc
J-C. aux foules pour sauver leur propre
peau, leur propre réputation, pour garder l’estime du monde dont ils ont plus
souci que de l’affection de Dieu. Comme
il y en a de ces païens partout!… Comment le bon Dieu peut-il ouvrir les yeux
de ces amants de l’estime du monde?
C’est par toutes sortes d’humiliations et de contradictions qu’ils
craignent tant. Il va leur en donner
assez pour les sevrer de cette soif des louanges du monde. Aigris contre le monde qui leur procure ces
épreuves, ils finiront par le mépriser et n’en plus faire cas.
D’un
autre côté le prêtre qui a le courage de prêcher J-C. crucifié avec le mépris du monde va se faire
critiquer par les autres prêtres et les supérieurs dont les principaux
arguments se tirent de cette estime qu’ils ont tous de l’esprit du monde. On les entend dire: J’accepte cette doctrine,
mais je crains pour les autres! Ils vont
se plaindre! Ils vont trouver cela trop
sévère. C’est toujours au fond:
qu’est-ce que les gens vont dire? Au
lieu de se demander: Qu’est-ce que Jésus va en dire? Comment Dieu peut-il habiter à l’aise dans
des cœurs si épris de l’amour de son rival, le monde? Pour aider à ses amis à se défaire de cette
estime du monde, Dieu les humilie de toutes les façons pour que les gens du
monde cessent de les estimer naturellement.
Par des infirmités, des tentations, même des chutes dans le péché, des
faux pas humiliants, des sottises répétées, des défauts qui les rendent désagréables
aux autres, etc. Même il les retire pour
ainsi dire de la circulation, les envoie dans des solitudes loin du monde avec
lequel ils n’ont aucun contact afin qu’ils comprennent que l’estime du monde ne
vaut rien devant Dieu. Quand même la
victime est déjà détachée de l’estime du monde, Dieu l’afflige de toutes sortes
de maux pour montrer aux autres que Dieu n’estime en rien ce que le monde pense
des amis de Dieu, que leur mérite n’est pas là du tout, puisqu’il le leur fait
perdre à mesure qu’ils avancent en sainteté.
Voilà pourquoi Dieu déchaîne des persécutions contre ses amis. La conclusion s’impose: ce que pense le monde
de nous ne vaut absolument rien devant Dieu, ni pour nous. Plutôt c’est un obstacle à l’entrée de Dieu
en notre coeur. Tant qu’on estime les
louanges du monde, on prouve qu’on l’aime et qu’on le préfère même à Dieu
puisqu’on a plus souci de lui plaire qu’à Dieu.
Cessons donc d’avoir une oreille toujours tendue du côté du monde pour
voir ce qu’il pense de nous. Ayons cette
oreille tendue du côté de Dieu seul, puisque c’est uniquement pour lui que nous
devons travailler. Comme c’est
simple! Comme c’est difficile! C’est une grâce à demander à deux genoux tous
les jours de notre vie!
On
devrait savoir que vouloir plaire au monde, c’est se rendre ennemi de Dieu comme
les Apôtres l’enseignent après Jésus C.
St Ignace veut que nous ayons une aversion entière pour tout ce que le
monde aime. Or cette estime du monde est
sûrement fort aimée par le monde. Pour
nous Dieu seul est notre Maître, donc c’est le seul à qui nous devons vouloir
plaire dans toutes les actions de notre vie.
Fini le monde! Je suis mort au
monde et le monde est mort pour moi! Quand
allons-nous pouvoir dire cela en toute vérité?
Hâtons-nous avec la grâce de Dieu!
De l’amour-propre qui est encore incomparablement plus tenace que
l’amour de l’estime du monde, qui n’est qu’une manifestation de
l’amour-propre. C’est tout ce qu’il y a
de plus fort dans l’homme et Dieu l’a voulu!
Cet amour-propre est le meilleur échantillon de la sainteté de Dieu en
nous! En Dieu la sainteté consiste dans
l’adhésion de sa volonté divine pour ses perfections divines; c’est son
amour-propre, mais en lui parfaitement légitime parce qu’il est comme l’auteur
de ses perfections; en lui elles ne viennent pas d’un autre comme pour
nous. Dans l’ordre naturel cet amour ne
serait pas contre Dieu, mais dans l’ordre surnaturel, il est contre Dieu parce
que naturel; en Dieu, tout doit être divin; donc en nous aussi, appelés à être
divins par grâce. Tout chrétien doit
être transformé en divin: donc il doit rejeter son amour-propre, ou semer sa
sainteté naturelle, pour ainsi dire, afin d’y substituer la sainteté de
Dieu. Donc, cesser de vouloir ses
propres perfections pour vouloir celles de Dieu. Il doit céder sa vie humaine pour vivre la
vie divine du Père, sacrifier son jugement pour suivre la sagesse du Verbe,
rejeter son amour pour lui-même afin de mettre à sa place l’amour du St
Esprit. Puis à la place de sa raison,
suivre la foi, retirer son espérance des biens caducs de la terre pour la
mettre uniquement dans les biens célestes et changer son amour naturel pour
Dieu et le prochain en amour surnaturel.
Si
on veut mieux comprendre la profondeur de cet amour-propre, on peut la mesurer
par les demandes du Pater que nous disons par nos actes pour notre petit dieu,
le «païen» en nous. Comme chacun cherche
pour lui-même la gloire dans le monde: Que mon nom soit en bénédiction
partout! Que mon règne arrive! Chacun veut mener partout et que tous les
autres lui soient soumis! Que ma volonté
soit faite sur la terre! Si on examine
bien les ambitions de chacun, on les trouve résumées dans ces trois demandes
que l’échantillon de Dieu dit pour lui-même au lieu de les dire pour son
Maître, le Créateur. Comment le règne de
Dieu peut-il s’établir dans un coeur qui vole à Dieu sa gloire, son règne, sa
volonté? Quel changement à opérer dans
un chrétien qui veut arriver au ciel!!!
Il faut qu’il vide son coeur de toute cette ambition folle de faire pour
lui-même ce qu’il doit faire pour Dieu.
Pas un homme n’est capable de le faire même quand il en voit la
nécessité. Il faut qu’il agisse contre
toutes les fibres de son coeur, contre toute l’activité libre de son esprit et
contre toutes les tendances naturelles de son être. C’est une véritable création que Dieu seul
peut faire, comme la première.
Au
moins, c’est un grand avantage déjà que le chrétien sache ce qu’il lui reste à
faire et qu’il s’abandonne à Dieu pour qu’il le fasse en lui. Voilà un objet de prière bien peu connu et
d’une extrême importance pour la sainteté.
Il faudrait demander cette grâce de tout son coeur. Un bon moyen est de dire les trois premières
demandes du Pater en comprenant bien que nous demandons là tout le contraire de
ce que notre personne désire pour elle-même.
Faisons un acte de renoncement pour notre gloire quand nous disons: Que
votre nom soit sanctifié! un acte de
renoncement à vouloir dominer le monde quand on dit: Que votre règne
arrive! et enfin un acte de renoncement
à notre volonté propre quand on dit: Que votre volonté soit faite sur la terre
comme au ciel. Qu’on se rappelle que
cela revient à demander que nous soyons devant Dieu comme Dagon devant l’arche:
la tête coupée avec les deux mains! Il
ne reste que le tronc ou notre humanité seule sans notre personnalité. C’est justement ce que Jésus veut de nous
quand il dit: «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même…»
C’est la mort de notre personnalité pour ne plus vivre que de celle de J-C. C’est donc une transformation radicale, une
vraie nouvelle création dans le surnaturel.
«Envoyez votre Esprit St et ils seront créés de nouveau!» On voit donc
que cela dépasse absolument les forces humaines. Donc il ne faut compter que sur Dieu. Or il est obligé d’user de violence parce que
tout notre être se révolte contre cet anéantissement. De plus quel est le chrétien qui sait même
que Dieu exige cette transformation fondamentale? Les prêtres eux-mêmes l’ignorent en général;
même les religieux qui font profession de perfection plus stricte, l’ignorent
aussi et n’en parlent à peu près pas ou jamais.
Parfois ils disent bien les mots: se renoncer, mais qui en voit la
profondeur du sens que Dieu y voit? Ces
questions n’entrent jamais dans les considérations spéculatives de nos
philosophes. Comme il n’y a pas de péché
en soi dans ces attaches à soi-même, ils n’y voient rien de répréhensible et
n’en parlent jamais parce qu’ils ignorent toute cette question.
Voici
une preuve de cette ignorance épouvantable même dans les têtes dirigeantes du clergé. Est-ce que le Chan. Labrecque, rédacteur de
la Semaine religieuse de Québec, n’a pas écrit le 13 mai 1943, que tout ce que
J-C. demandait dans son «qu’il se
renonce lui-même» était d’éviter le péché mortel? «Essentiellement» et donc selon la raison des
philosophes il a raison. Mais quelle
abomination moralement ou devant l’amour de Dieu! Que ferait-on à un prêtre qui dirait aux gens
mariés que «essentiellement parlant» le seul amour qu’ils doivent à leurs
femmes est de ne pas les tuer? D’ailleurs
pareil fou ne se trouverait pas au monde.
Il faut aller dans le clergé pour en trouver de cette espèce quand ces
prêtres parlent de notre amour pour Dieu.
Il suffit de ne pas le tuer! Et
des articles de ce genre se multiplient, leur auteur est félicité par ses
supérieurs et pas un prêtre à notre connaissance ne proteste contre pareille
horreur! Est-ce surprenant que le bon
Dieu suscite les communistes pour se débarrasser d’un clergé si païen? si bête pour les choses de Dieu?
Des
biens spirituels, quelque surprenante que soit cette affirmation! Car même quand on s’est détaché de l’estime
du monde et de soi-même, on est porté à s’attacher aux biens surnaturels, dans
ce sens, de les vouloir pour en jouir; le païen se rattrape là quand il
peut. Tous ceux qui passent dans le
monde surnaturel sont exposés à les vouloir comme ils ont voulu les biens
naturels: pour les consolations et les plaisirs qu’ils nous apportent. Les bons auteurs spirituels disent que nous sommes
exposés à passer dans ce domaine par les sept péchés capitaux comme dans le
monde naturel. Mais Dieu ne le veut
pas. Ces biens sont créés comme les
autres quoique d’un ordre supérieur; ils ne sont pas Dieu, mais seulement des
moyens pour arriver à Dieu. Il ne faut
pas chercher notre bonheur en eux, mais uniquement en Dieu. Nous savons la phrase fameuse de St Frs de
Sales: «Il ne faut pas chercher les consolations de Dieu, mais le Dieu des
consolations.» Toute la doctrine est renfermée dans cette phrase. Comme l’âme est surtout créée pour ces biens,
encore plus que pour les biens terrestres, elle peut s’y attacher encore plus
fortement. Comme il est difficile de
détacher les bonnes âmes de la paix, des consolations et du bonheur qu’elles
goûtent en général dans le service de Dieu!
Mais devant Dieu, il y a là un désordre; elles mettent leur bonheur dans
les moyens au lieu de le mettre dans la fin qui est Dieu… Alors le bon Dieu se
voit obligé de leur retrancher ces consolations, cette paix et cette sécurité,
en leur envoyant des sécheresses, des dégoûts, des répugnances, etc. Il veut leur montrer qu’elles ont agi comme
des enfants qui lèchent le miel sur leur morceau de pain et ensuite jettent le
pain! Alors Dieu leur enlève le miel et
leur donne de la foi pure qui n’a rien de consolant pour la nature. Les directeurs savent que la plupart des
difficultés de leurs dirigés viennent de ces épreuves que Dieu leur envoie pour
les sevrer des jouissances spirituelles auxquelles elles s’attachent plus ou
moins inconsciemment. On le voit à leurs
gémissements de ne plus goûter de bonheur dans leur vie spirituelle. Elles se lamentent à tous les saints de voir
que ce matin elles n’ont pas eu les consolations qu’elles avaient coutume
d’avoir! Elles ont perdu l’objet de leur
bonheur! Donc ce n’était pas Dieu!… On
ne perd pas Dieu sans péché mortel! Même
quand elles croient que Dieu les punit pour quelque faute, il y a de l’humain
encore. Si ce n’était que Dieu ou la volonté
de Dieu qui faisait leur bonheur, elles ne le perdraient jamais. Je dois savoir que Dieu
existe dans mon âme même quand je ne le goûte pas.
Comme
il est rare de servir Dieu selon la foi pure, sans s’occuper de ce qu’on
ressent ou ne ressent pas!…
Les
prêtres philosophes vont rire de ces considérations; ils n’ont jamais ces
difficultés dans leur vie spirituelle!
C’est bien vrai, mais c’est parce qu’ils ne vivent que dans la tête avec
leur science abstraite des «in se», où il n’y a aucun amour surnaturel pour
Dieu, mais seulement l’amour naturel de Dieu, où l’on aime et les bonnes
créatures et le Créateur, donc comme si on était sur le chemin des limbes. Ces efforts de Dieu pour détacher les âmes de
l’affection des choses créées ne se font que pour ceux qui essaient de vivre
d’amour surnaturel de Dieu, qui s’acquiert aux dépens de l’affection des bonnes
créatures, ce que les philosophes ignorent absolument. Que d’ignorance dans tout le clergé sur ces
questions! Comme les bonnes âmes qui
sont un peu avancées se plaignent avec raison de ne trouver aucun bon Directeur
pour leur expliquer ces voies de Dieu!
Où sont les prêtres séculiers capables de prêcher des retraites aux
contemplatives? ou même aux religieuses
en général? Même, que de religieux les
ennuient cordialement pendant toute la retraite avec des histoires de ma grand’mère! Ils signalent les défauts d’un groupe, puis
les défauts d’un autre groupe, ou leur donnent un traité des vertus en soi
comme dans une classe de théologie. Les
pauvres Soeurs sortent de là pas plus avancées qu’avant, excepté le mérite de
s’être embêtées pendant huit jours.
seuls les prêtres qui pratiquent le renoncement aux choses permises sont
capables de faire avancer les âmes dans la perfection. Tous ceux qui mettent le renoncement dans les
choses défendues sont de travers avec le plan divin et avec tous les Saints de
sorte qu’ils ne sont pas capables de donner ce qu’ils n’ont pas.
Tous les prédicateurs ennuient leurs
auditeurs comme on peut le voir dans les retraites sacerdotales diocésaines. Comme les prêtres ont hâte d’en sortir! Comme les instructions de quelques minutes
paraissent longues! Pas un de ces
prédicateurs n’oserait parler une heure: les prêtres s’en iraient tous! Tous ces prédicateurs ne savent rien de ce
que nous disons ici; ils ne l’ont jamais expérimenté parce qu’ils ne sont pas
rendus là dans leur vie spirituelle et jamais ils n’y arriveront avec leur
philosophie «in se». De même tous ceux
qui ont des attaches, comme les fumeurs, les amateurs de sports pour le plaisir
qu’ils y trouvent, qui suivent les grands clubs qui jouent dans le pays, qui
s’intéressent aux cinémas, etc., tous ceux-là ne connaîtront jamais rien de ce
que nous expliquons ici. Comment Dieu
peut-il leur demander de renoncer à eux-mêmes, quand ils ne sont pas capables
de renoncer à une petite cigarette? ou à
leur passion pour suivre les différentes joutes dans le pays? Jamais de la vie! Alors, ces gens, prêtres ou religieux,
garderont en eux-mêmes tout ce monde des attaches à l’estime du monde, à
soi-même, qui ferment à Dieu l’entrée de notre coeur. Quand même ils ne seraient pas damnés ils
seront dans les demeures extrêmement loin de Dieu. Comme ils ne s’occupent pas ou peu de Dieu,
ce sera la même chose dans l’éternité.
Ce serait absurde de croire qu’ils seront avec ceux qui ont fui le monde
et eux-mêmes pour ne vivre que pour Dieu, tandis que ces philosophes ont aimé
ardemment les rivales de Dieu, les choses créées, rivales de Dieu pas «in se»
mais «in nobis» ou, dans notre coeur.
Ces philosophes ne veulent jamais parler de Dieu ni des choses spirituelles;
cela les ennuie énormément. Comment
seraient-ils avec ceux qui ont trouvé leurs délices à parler des choses de
Dieu? Il faut se rappeler que la vie
dans la gloire est une espèce de continuation de notre vie dans la foi. Or Jésus dit que la bouche parle de
l’abondance du coeur. Puisque les
philosophes ne veulent jamais parler des choses spirituelles comme on le sait
par expérience, c’est donc qu’ils n’ont pas grand amour pour Dieu, et c’est
parce qu’ils ne trouvent aucun inconvénient de garder leurs attaches aux choses
permises dont le monde est plein. Aussi
il ne leur vient jamais à l’idée d’attaquer la poursuite de l’estime du monde
et l’amour de soi, bons en soi. Aussi
ils ne comprennent rien à cette doctrine.
Les
afflictions glorifient…
La
puissance de Dieu, comme on peut le montrer par l’exemple de St Paul, 2
Cor. 12-8. Il avait demandé à Dieu de le délivrer de
l’aiguillon de la chair avec lequel Satan le persécutait. Alors N.S.
lui répondit: «Ma grâce te suffit car ma puissance éclate surtout dans
la faiblesse.» C’est dans ce sens qu’il dit ailleurs: C’est quand je suis
faible que je suis fort. Quand l’Apôtre
souffre la persécution, qu’il est affaibli par les infirmités, ou qu’il est
emprisonné, en un mot qu’il ne peut rien et pourtant que tout marche quand
même, que la prédication de la doctrine de J-C.
se propage; il est évident que Dieu seul est capable de faire cela et
lui seul en a toute la gloire. Ainsi
quand St Paul était en prison, les mains et les pieds liés et qu’au milieu de
la nuit, la prison s’ébranle et les portes s’ouvrent et les chaînes tombent
d’elles-mêmes, il est évident que c’est Dieu qui a opéré ce miracle; les
prisonniers libérés par un homme enchaîné!
Cette façon d’agir de Dieu se retrouve des milliers de fois dans la vie
des Saints. Par exemple, pourquoi Dieu
suscite-t-il tant de contrariétés et de véritables catastrophes à ceux qui
fondent des oeuvres importantes pour le bien des âmes? Que de feux ont détruit des couvents, des
hospices, des orphelinats, des collèges, des séminaires, etc. destinés à faire tant de bien! Leurs auteurs s’étaient morfondus pour
collecter l’argent pour ces constructions et en le disant tout est réduit en
cendres! Quelle épreuve pour eux! Tout leur travail anéanti en quelques
heures! Dieu voulait montrer que lui
seul serait l’auteur de ces constructions!
Il ne voulait pas que les auteurs lui volent sa gloire ni les autres qui
seraient portés à la donner à ces constructeurs. Dieu montre à tout le monde que ces oeuvres sont
faites par lui seul et que les hommes ne sont que les instruments
aveugles. Voilà ce qui explique souvent
toutes ces destructions de bonnes oeuvres.
La conclusion est que tout chrétien qui entreprend quoi que ce soit pour
la gloire de Dieu, devrait s’arranger pour le crier au quatre coins du monde et
le montrer clairement par sa manière d’agir qu’il ne compte que sur Dieu
seul. Comme la Soeur qui voulait bâtir
une église à Cariathiarim où l’arche d’alliance avait reposé quelque temps,
commença par donner aux pauvres les deux seuls mille francs qu’elle avait,
quand elle avait besoin d’un million.
Aussi elle n’a pas eu d’opposition après ce geste désintéressé et Dieu
lui donna son million bien vite! Peu
importe les causes immédiates qui ont présidé à la suppression de la Cie de
Jésus, Dieu l’a voulue afin que nous soyons obligés de dire maintenant que
c’est lui seul qui l’a ressuscitée. De
même les tribulations et les revers de fortune de toutes sortes qui s’abattirent
sur la colonie du Canada et son passage de la France catholique à la
protestante Angleterre, tout cela c’était pour montrer la puissance de
Dieu. C’est ni la France qui a sauvé le
Canada, ni l’Angleterre protestante; c’est Dieu seul évidemment! Et les angoisses affreuses des colons, Dieu
les faisait servir à expier leurs péchés et à mériter plus de grâces
divines. En proportion de leur esprit de
foi ils auront leur mérite et dans l’ensemble Dieu aura sa gloire de la
conservation de la religion au Canada.
On
n’a qu’à parcourir la vie des Saints pour trouver une confirmation de ce point
important pour la gloire de Dieu. Que de
traverses Ste Thérèse d’Avila a eues dans les fondations de ses nombreux
couvents partout! Quelle débâcle dans
les commencements surtout! Dieu veut
montrer que c’est lui seul qui les a gardées à travers ces catastrophes.
La
sagesse de Dieu veut nous montrer que ses voies ne sont pas nos voies afin
d’amener les hommes à réfléchir sur Dieu et sur son plan divin. Il est l’Être infini qui vit dans un monde
infini qui nous dépasse infiniment. Il
veut surtout nous impressionner par son infinie pureté et notre
incompréhensible corruption causée par nos péchés. Il veut nous faire comme sentir
expérimentalement la sublime destinée à laquelle il nous destine malgré tout. Quand on le voit massacrer tellement ses
meilleurs amis qui le recherchent, qui l’aiment et qui veulent être tout à lui,
on doit se dire: il faut donc que le péché ait affreusement ruiné la nature
humaine pour que Dieu tienne tant à le lui faire expier. Plus que cela, si ses meilleurs amis, par
conséquent qui l’ont moins offensé, sont traités si durement c’est donc que
Dieu veut leur faire expier les péchés des autres qui ne l’aiment pas ou qui
l’aiment moins. Il n’y a pas d’injustice
là puisque dans son ciel il a tout ce qu’il faut pour les dédommager d’avoir
servi de victimes pour satisfaire sa justice offensée par les autres. C’est donc qu’il veut leur faire imiter
J-C. qui a expié pour nous tous; il en
fait donc comme des corédempteurs d’une certaine façon, évidemment par les
mérites du seul Sauveur.
Les
afflictions des saints font ressortir la sagesse de Dieu en nous montrant que
le surnaturel s’achète aux dépens du naturel, le divin aux dépens de l’humain,
l’éternel… du temporel. Après tout que
vaut tout ce terrestre comparé au céleste?
Pour nous qui n’avons connu et apprécié que les choses matérielles de ce
monde, ces catastrophes sont épouvantables précisément parce que nous avons
vécu toute notre vie dans ces choses éphémères.
Mais quand nous voyons Dieu nous les enlever par un coup de vent, ou par
le feu, ou autrement, nous devrions conclure qu’il ne les estime pas du
tout. Quand on voit une mère balayer
toutes sortes de saletés dehors, on sait qu’elle les méprise absolument. Eh bien!
à force de voir Dieu balayer dehors tant d’oeuvres que nous estimons
énormément, nous devrions réfléchir et nous dire: le salut du monde et de mon
âme ne se trouve donc pas là! Nous
avions donc mis notre coeur là où Dieu ne veut pas que nous le mettions! Alors, où allons-nous le mettre? Évidemment dans ce qui persiste à travers
tous ces bouleversements, qui les régit, qui les édifie et les détruit. Qu’est-ce que cela? C’est la volonté de dieu. Voilà où nous devrions uniquement mettre la
nôtre avec notre coeur.
Malheureusement
même les meilleurs sont exposés à mettre leur coeur, leur espoir et leur vie
dans les œuvres extérieures qui ne sont pas Dieu, ni la volonté de Dieu,
quelque bonnes qu’elles soient. Il n’y a
que la dure expérience de tout voir s’écrouler pour en voir la vanité. Même quand on en veut que la volonté de Dieu
dans une oeuvre, Dieu peut nous demander son sacrifice pour nous faire
pratiquer dans le concret ce que nous avons dans le coeur. L’expérience vaut mieux que la science. Car que de fois on pense faire quelque chose
uniquement pour Dieu et il peut se glisser beaucoup d’humain malgré soi. La preuve que nous faisions une oeuvre rien
que pour Dieu sera dans notre attitude mentale devant les ruines de cette
oeuvre. S’il y a la moindre amertume
dans le coeur, le moindre découragement ou le moindre dépit, ces choses
viennent du naturel que nous avions dans cette oeuvre sans le savoir. Il faudra donc nous exercer plusieurs fois
dans les fiascos à ne nous attacher qu’à la seule volonté de Dieu pour arriver
ensuite à sincèrement ne vouloir qu’elle dans toutes nos entreprises. Ces vertus solides pratiquées par les amis de
Dieu valent incomparablement plus que les oeuvres matérielles que Dieu peut
nous redonner sans aucune difficulté surtout quand on compte sur lui pour les
avoir. Dieu fait donc brûler un couvent
par exemple, pour que les religieuses fassent toutes sortes d’actes de vertus
surnaturelles qui demeureront éternellement et ensuite, Dieu donnera quand même
les matériaux pour en rebâtir un autre.
Enfin la sagesse de Dieu est glorifiée par ses amis surtout quand ils
arrivent à cause des afflictions à ne plus compter du tout sur l’estime du
monde ou sur leur amour-propre. Comme
Dieu alors les remplit en proportion qu’ils se sont vidés d’eux-mêmes! Ils comprennent bien mieux sa divine sagesse
et l’en remercient de tout coeur. Ils
sont peu nombreux ceux qui arrivent à ce parfait détachement, mais la gloire
qu’ils donnent à Dieu est très grande et très appréciée de Dieu. De plus les afflictions manifestent les
vertus de ces victimes. Leur esprit de
foi, leur patience, leur bonheur même dans les épreuves contiennent de bonnes
leçons pour ceux qui en sont témoins et ils en glorifient Dieu. Elles encouragent les autres à les
imiter. Ils voient que les amis de Dieu
sont de chair et d’os comme eux et pourtant ils endurent leurs misères sans
broncher et même avec joie. Cela est de
nature à leur montrer où sont les vrais biens et qu’ils ne sont pas dans les
jouissances qu’ils recherchent tant.
Quand on lit que les Apôtres surabondaient de joie d’avoir été jugés
dignes d’être fouettés pour l’amour de Dieu, et que tant de chrétiens ont
enduré le martyre quand ils auraient pu jouir des biens de ce monde, on voit
que le bonheur n’est donc pas dans les plaisirs passagers de cette vie, mais
dans l’espérance des biens éternels.
la
miséricorde de dieu se manifeste dans ce fait que Dieu nous purifie de nos
péchés et de notre naturel qui empêcheraient notre union avec Dieu. Il veut donc nous pardonner puisqu’il nous
punit en ce monde. S’il nous laissait
damner, il ne s’acharnerait pas à nous faire payer nos dettes en ce monde. C’est donc un effet de sa grande bonté de se
payer en ce monde pour nous récompenser en l’autre. Nous avons pris comme au hasard ces
perfections divines que les afflictions glorifient, car il est clair qu’elles
les glorifient toutes et qu’en réalité, elles ne sont pas tranchées comme cela
en Dieu. Mais pour notre esprit si borné
il faut diviser un peu pour mieux comprendre.
Cela devrait suffire pour amorcer cette façon de réfléchir sur le but
des afflictions que Dieu nous envoie.
Les hommes sont portés à ne voir que ce qu’ils perdent dans les épreuves
au lieu de regarder surtout ce qu’elles produisent dans l’âme en vue de notre
bonheur éternel. C’est le côté que Dieu
voit surtout et nous devrons à l’avenir essayer de ne voir que de ce côté le
seul qui est utile pour l’éternité où nous nous en allons. Pourquoi mettre tant d’importance dans la
perte de simples échantillons que sont tous les biens terrestres de cette vie
passagère? Prenons donc toujours le seul
point de vue éternel dans toutes ces contrariétés qui nous arrivent de la part
de Dieu. Nous avons là une idée comment
réfléchir sur ces afflictions qui nous sont envoyées par le bon dieu! les afflictions sanctifient Ce n’est qu’une
conclusion pratique de tout ce qui précède.
Comme elles sont de nature à expier nos péchés et à détruire notre
orgueil naturel et tout cet esprit de suffisance si contraires à notre union avec
Dieu, elles se trouvent à purifier l’âme merveilleusement de tous les obstacles
à notre union divine. Puis, en plus, en
développant toutes sortes de vertus solides et parfaites, elles nous disposent
positivement à cette union avec Dieu.
Elles nous donnent l’humilité surtout en nous dépouillant de tout appui
en nous-mêmes et en nous faisant attribuer tout le bien que l’on fait à Dieu
seul. Elles développent aussi l’esprit
de foi en détruisant tout ce sur quoi la raison pouvait compter de sorte qu’il
ne reste que Dieu. Ne trouvant plus rien
qui fasse notre bonheur en ce monde, nous nous jetons davantage dans les bras
de Dieu et nous lui sacrifions tout en ce monde pour le posséder seul.
N.S. nous l’enseigne quand il dit: «Vous serez
heureux lorsque les hommes vous maudiront, qu’ils vous persécuteront et qu’ils
diront faussement toutes sortes de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous alors et tressaillez de joie
parce qu’une grande récompense vous est réservée dans les cieux!» Elles donnent
donc la sainteté quand on les accepte en esprit de foi et de soumission à
Dieu. St Paul parle de même, Rom. 5-3: «L’affliction produit la patience, la
patience l’épreuve, l’épreuve l’espérance et cette espérance ne trompe pas.»
Donc elles conduisent au ciel. En
parlant de Lazare, Dieu fait dire à Abraham: «Lazare n’a eu que des maux sur la
terre, il n’avait rien, maintenant il a tout!» Il a donc le ciel à cause de ses
nombreuses afflictions; elles l’ont donc sanctifié. Enfin, dans le texte que nous avons mis en
tête de cette instruction, St Paul dit que nos afflictions légères et
momentanées du présent produisent un poids éternel de sublime et incomparable
gloire au ciel… Rappelons-nous cette autre parole de St Paul: «Le Seigneur
châtie tous ceux qu’il aime et il frappe de verges tous ceux qu’il reçoit au
nombre de ses enfants.» Toutes ces afflictions sont de l’amour de Dieu pour
nous; il faut donc l’en bénir et lui donner des actions de grâces et bien se
garder de ne jamais murmurer le moindrement à cause d’elles. En résumé: Dieu nous enlève nos biens
temporels pour nous donner de l’éternel.
Même si on faisait beaucoup de bien aux autres, on en fait encore bien
plus par notre résignation et même notre joie dans les épreuves que Dieu nous
envoie. Job faisait de grandes aumônes
avec les richesses de ses troupeaux; Dieu les lui enlève tous… pour sanctifier
Job lui-même, justement pour le récompenser de sa charité envers les
autres. Dieu lui donne l’occasion de
pratiquer de très grandes vertus pour lui redonner en biens spirituels ce qu’il
donnait en biens temporels. De plus, son
union avec Dieu va mériter que Dieu soulage les pauvres par d’autres moyens.
Il
a bien arrêté la prédication de St Paul en l’envoyant en prison les deux
dernières années de sa vie, quand il aurait fait tant de bien encore par sa
prédication. Mais ses afflictions en
prison lui valent plus de grâces et pour lui et pour le prochain que lorsqu’il
prêchait l’Évangile par la parole; là il la vit en sa personne et les vertus
qu’il pratique méritent encore plus de grâces aux chrétiens que sa
prédication. Ayons donc confiance en la
sagesse de Dieu et en sa bonté; il connaît ce qu’il y a de meilleur pour nous;
puisqu’il envoie tant d’afflictions à ses amis les meilleurs, c’est donc qu’il
y trouve un plus grand bien pour les âmes et une plus grande gloire pour
lui-même. Par conséquent, que jamais de
la vie le moindre murmure ne passe nos lèvres ou même n’effleure notre âme
contre les afflictions qui s’abattent sur nous ou sur les autres. Puisque Dieu va nous donner en échange des
biens éternels, donnons-lui donc uniquement des louanges et des actions de
grâces pour toutes ces afflictions, gages certains de l’immense amour de Dieu
pour nous. Demandons bien à la Ste
Vierge qui a tant souffert sans aucun péché de nous obtenir cette sagesse
divine de voir le point de vue divin dans les afflictions et de les juger comme
Dieu les juge lui-même.
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