VINGT-HUITIÈME INSTRUCTION
JÉSUS PERSÉCUTÉ.
«Cet enfant est au monde pour être un objet de
contradiction.»
Plan
Remarque. (L’amour de Dieu. Ses causes: (La haine de Satan. (Jésus persécuté par les Juifs. (L’indifférence des hommes: (Nos Philosophes! (De Dieu: Satan, les hommes, les
créatures. (De Satan: Les hommes et les
créatures. (Des hommes: Les créatures. Les moyens: Même persécution pour tout
chrétien.
REMARQUE. C’est inutile de nous arrêter aux causes
immédiates de la persécution contre Jésus puisqu’en proportion que nous sommes
les membres de son corps mystique nous devons être traités comme lui. Mieux vaut alors étudier la persécution en
général et tout s’appliquera aux cas particulier comme celui de Jésus et à
chacun de nous. Nous nous trouvons à
être mis en cause dans cette méditation entière et par suite elle devra nous
intéresser davantage. Comme nous le
verrons à la fin, la persécution n’est pas le fait de Jésus seulement comme
tant de prêtres et de fidèles le croient, mais elle est le fait de tout homme
qui veut arriver au ciel. Donc tout ce
qui se passe pour Jésus, se passera aussi pour chacun de nous dans la mesure
que nous en valons la peine devant Dieu.
Par conséquent c’est notre propre persécution que nous allons méditer en
celle de Jésus. Voilà pourquoi il est
mieux d’étudier tout de suite le, causes générales et les moyens de toute
persécution pour les élus de Dieu.
Jésus prend la peine de nous avertir clairement:
«Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: le serviteur n’est pas plus
grand que le Maître; s’ils ont persécute le Maître, ils vous persécuteront
aussi.» Jo. 15-20. Ce n’est pas seulement aux Apôtres, car
St-Paul dit à tout le monde: «Nous régnerons avec lui en proportion que nous
souffrons avec lui.» En effet, notre sanctification n’est que la continuation
de celle de Jésus pour les mêmes raisons et par les mêmes moyens.
Voyons
donc… ses causes
L’amour
de Dieu. Si Dieu ne nous avait pas tant
aimés et s’il nous avait laissés dans l’ordre naturel avec les limbes comme fin
dernière, nous n’aurions pas besoin d’être persécutés ni par les démons ni par
les hommes. Comme un homme ne bat pas
son chien qui ne va pas à l’école, mais punit son fils parce qu’il l’aime et le
veut instruit, ainsi Dieu ne punirait ou beaucoup moins des païens dans l’ordre
naturel et qui sont destinés aux limbes, tandis qu’il punit ses enfants élevés
à l’ordre surnaturel qui veulent agir comme des païens, quoique par
participation créée. Nous ne sommes pas
seulement destinés à voir Dieu dans le ciel, cette idée est imparfaite et
n’indique pas assez les exigences de notre vie au ciel. Car les gens pensent qu’on peut rester
pratiquement païen et voir Dieu là-haut.
Sur la terre on peut bien regarder un roi tout en restant pauvre journalier. Eh bien, il n’en est pas ainsi pour le
ciel. Au ciel c’est une participation
intime à la vie de la Trinité, par Jésus-Christ. Pour cela nous devons faire une seule chose
avec les trois Personnes en J.C. Nous
devons donc agir comme Dieu, être parfait comme Lui, avoir le même principe
actif que Lui. Or sa gloire exige que
nous commencions cette vie divine tout de suite sur la terre dans la foi et par
sa grâce. Or Dieu est amour et pour
vivre en Dieu et de Dieu il faut vivre d’amour de Dieu. Or dans tout homme il y a trois sérieux
obstacles à l’amour de Dieu en lui: le péché originel et actuel, l’amour des
créatures et l’amour-propre, ou de soi.
D’abord
il faut que la justice divine punisse l’homme pour ses péchés. Il se sert des démons, des hommes et des
choses pour nous faire expier nos péchés de toutes sortes, par des
souffrances. Dans le cas de Jésus, comme
Il a pris sur Lui tous nos péchés, c’est la justice divine qui l’abandonne à la
fureur des démons, des pharisiens et des éléments ou des choses: la croix, les
fouets, les clous, etc. Donc, à cause de
nos péchés, nous avons tous à souffrir de toutes les créatures du bon Dieu sur
la terre et des démons qui viennent sur la terre. Tous ceux qui souffrent, à part Jésus et
Marie, peuvent bien dire que c’est pour leurs péchés: c’est vrai. Mais ce n’est pas l’unique cause. Il ne faut donc pas croire que c’est toujours
seulement pour nos péchés que nous sommes persécutés ou que nous
souffrons. On pourrait se décourager et
croire que Dieu est bien sévère pour de pauvres hommes, pétris de chair. Dieu nous fait souffrir aussi pour… Nous
enlever notre amour des créatures. Notre
coeur est limité et l’amour qu’il donne aux choses créées par nature est autant
d’enlevé à l’amour de Dieu par grâce. Il
se sert donc des créatures pour nous dépouiller de nos biens et de l’affection
à ces biens terrestres; il veut vider notre coeur de cet amour naturel pour
nous donner son amour surnaturel… C’est la pauvreté, les infirmités qui nous
empêchent de gagner de l’argent pour jouir des créatures, c’est la maladie qui
nous empêche de jouir, même quand on a des biens; ce sont les vols qui nous les
enlèvent, les complots des méchants qui nous les détruisent, le feu, la guerre,
etc. etc. Tous les fléaux de la Providence qui nous
dépouillent de nos biens, sont des effets de l’amour de Dieu pour nous, qui
nous débarrasse de ses rivaux dans notre coeur, afin que nous n’aimions que
Dieu comme nous le ferons au ciel.
Ensuite il veut nous enlever notre deuxième amour naturel; notre
amour-propre; cet amour de soi est directement opposé à l’amour de Dieu. Il réclame pour Lui les adorations et le
service qui ne sont dus qu’à Dieu. Dieu
nous la donne comme échantillon de son amour ou comme la semence de son
amour. Il faut donc s’en défaire pour
récolter l’amour divin. Or la masse des
hommes ne veut pas s’en dépouiller.
Cependant Jésus dit que c’est une condition essentielle pour avancer
vers Dieu. «Si quelqu’un veut venir
après moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.»
Les hommes recherchent les louanges, les honneurs et le service des autres
comme s’ils étaient des dieux. Eh bien,
Dieu est obligé de massacrer tout cela, d’humilier les hommes, de les faire
mépriser, de les châtier, etc. Eh bien,
pour cela il va se servir de toutes ses créatures qui vont faire la guerre à
cet amour de soi que tout homme porte en ce monde. Il faut là surtout le genre d’humiliations,
les outrages et les opprobres, tout ce qui est de nature à faire perdre cette
estime que chacun se porte lui-même. Ces
épreuves surtout intérieures sont extrêmement pénibles et l’homme les repousse
de toutes ses forces. Il va falloir des
années de misères pour enfin sacrifier son amour-propre et se tourner vers
l’amour de Dieu. Enfin, même sans péché,
sans amour pour les créatures et sans amour-propre, toute créature serait
obligée de s’effacer ou de s’anéantir sinon réellement, du moins mystiquement
ou par la volonté afin d’entrer dans le surnaturel qui dépasse toute nature créée
sans exception. Il faut que tout ce qui
entre là soit l’oeuvre de Dieu seul; voilà pourquoi il exige de toute créature
le sacrifice total de tout son être afin qu’il n’ait aucune part effective pour
se mettre là. La cause efficiente de
notre transformation en divin doit être Dieu seul; il faut donc que tout le
reste disparaisse devant le divin. Dieu
nous a donné un exemple frappant, dans le grain de blé qui doit pourrir et
mourir pour que la récolte soit l’oeuvre de Dieu seul. Voilà aussi pourquoi Dieu a soumis l’homme à
la mort réelle. Adam n’a pas voulu
pratiquer la mort mystique en se soumettant à Dieu. Eh bien, Dieu condamne tous les hommes à la
mort réelle afin que lorsqu’ils se trouveront dans le ciel, ils soient obligés
d’avouer que Dieu seul les a mis là.
Voilà
donc quatre solides raisons pour que nous soyons «massacrés» par les créatures
du bon Dieu qui lui servent d’instruments aveugles. Ce n’est donc pas seulement à cause de la
nature déchue, ni à cause de la Passion de Jésus seulement, ni de notre amour
pour les créatures ni pour nous-mêmes; c’est tout cela avec en plus notre
destinée d’être transformé en divin pour jouir de Dieu au ciel non pas
seulement en le regardant, mais en participant à sa propre activité
trinitaire. Voilà ce que tout prêtre et
tout chrétien devrait savoir à fond et l’avoir toujours devant l’esprit et
profondément dans le coeur! Le fond de
tout cela est l’amour incompréhensible de Dieu pour nous tous par lequel il
tient à nous faire partager sa propre vie intime au sein de la Trinité en union
avec Jésus-Christ. Si l’on veut une idée
de cet amour, qu’on pense que Dieu nous a livré son propre Fils unique pour
nous remettre dans son plan divin d’où nous étions sortis par le péché
originel. Qu’on n’oublie jamais que même
avant tout péché originel nous devions nous renoncer complètement pour arriver
au ciel, donc renoncer à nos deux amours naturels que nous avons et pour les
créatures et pour nous-mêmes, et que même après cela il nous reste à nous
anéantir parfaitement devant Dieu pour que dans le surnaturel tout soit
l’oeuvre de Dieu seul. Voilà ce que
l’amour de Dieu exige de toute créature qui veut entrer en partage avec la vie
intime de la Trinité. Qu’on fixe les
yeux sur cette fin dernière: La Trinité pas seulement à voir, mais pour y
entrer et partager sa propre vie intime.
Voilà le terme que nous devrions garder devant l’esprit en toutes choses
et surtout dans les épreuves de toutes sortes qui nous arrivent de la part de
Dieu.
Voilà donc une première cause de persécution. Dieu nous fait souffrir parce qu’alors pour
l’accepter en union avec Dieu, il faut cesser d’agir comme un homme et agir
comme dieu. Comme lorsqu’il veut que
nous aimions nos ennemis, c’est contre nature; si donc nous le faisons, c’est
uniquement pour agir comme Dieu et non comme les hommes. Comme nous n’avons pas le courage de nous
dépaganiser seuls, Dieu est obligé de nous venir en aide par toutes les
créatures comme ses instruments aveugles dans ses mains. Les créatures sont les scalpels et Dieu est
le chirurgien divin qui enlève le pourri, le naturel: en un mot tout ce qui
n’est pas divin afin de tout diviniser, l’homme ou l’ange pour les disposer à
entrer dans la vision béatifique. Dieu a
bien éprouvé les anges avant de les admettre dans la vision béatifique; et ils
n’avaient pas encore péché d’aucune façon.
Cessons donc de regarder le péché pour voir surtout notre destinée
surnaturelle au ciel dans la Trinité.
C’est elle qui nous encouragera le plus à accepter les
épreuves de toutes sortes que Dieu dans son amour cour nous nous enverra. La haine de Satan contre Jésus et tous les
membres du corps mystique date évidemment de son péché. St-Thomas dit que les Anges ne peuvent pas
changer leur décision parce qu’ils ne raisonnent pas comme nous; ils voient ou
ne voient pas, ils veulent ou ne veulent pas; et c’est pour toujours. Or il est certain que Satan hait Jésus; c’est
donc depuis le premier instant de son péché.
Avant d’aller plus loin disons que notre façon d’expliquer la haine de
Satan est basée sur une opinion dans l’Eglise.
Tout de suite plusieurs prêtres sont portés à rejeter toute opinion
contestée dans l’Eglise. Mais l’Eglise
permet celle-ci et elle est défendue par St-François de Sales et bien d’autres. Personne n’a donc le droit de dire que nous
n’avons pas le droit de nous en servir.
Elle gagne de plus en plus du terrain parmi les
théologiens et c’est la seule qui explique plusieurs textes de l’Ecriture. Elle est établie si solidement qu’elle
devrait être acceptée par tous les prêtres.
En Jo. 8. Jésus lui-même donne l’origine des
persécutions des Juifs contre lui. Dans
une grande discussion avec lui, il leur dit: «Vous cherchez à me faire mourir,
moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de mon Père; vous faites les
oeuvres de votre père, vous avez le diable pour père et vous voulez accomplir
les désirs de votre père. Il a été
homicide dès le commencement et il n’est point demeuré dans la vérité, parce
que la vérité n’est pas en lui.» Satan a été homicide dès le commencement de sa
vie évidemment. Or qui pouvait-il
tuer? Dieu? les anges?
impossible. Les adversaires
disent qu’il s’agit du meurtre d’Abel par Caïn.
C’est absurde puisque Jésus donne cet homicide comme cause de sa chute:
il n’est pas demeuré dans la vérité. Il
n’y avait donc que Jésus que Satan pouvait tuer; dans ce sens qu’il n’a pas
voulu adorer le Verbe incarné que Dieu présentait aux anges pour être adoré. Saint
Thomas dit que Dieu a fait connaître l’Incarnation aux anges. Il est dit que Satan pécha par envie; que
pouvait-il envier de plus parfait que lui si ce n’est l’homme-Dieu. il aurait voulu l’union du Verbe avec les
anges ou avec lui-même. Il est dit aussi
que son péché fut l’orgueil. De qui
pouvait-il se trouver supérieur sinon à l’humanité du Verbe qui lui était
présentée pour être adorée? Quand
St-Paul aux Héb. 1-6 dit: «Quand il
introduit de nouveau dans le monde le premier-né il dit: «que tous les anges
l’adorent. Si Dieu a dit cela aux anges
quand Jésus est né sur la terre, c’est donc qu’il leur avait dit depuis leur
origine, autrement dans leur éternité et dans leur Vision béatifique aurait
commencé du nouveau pour les anges, ce qui est inadmissible. St-Paul dit aussi que Dieu «récapitule dans
le Christ tout ce qu’il y a dans le ciel et sur la terre.» Jésus incarné est
donc la tête ou le chef des anges comme des hommes.
Comment
le serait-il si les anges ne lui doivent rien en tant que Verbe incarné? S’ils n’ont rien mérité librement pendant
qu’ils pouvaient faire le contraire et donc en dehors de la vision béatifique
au temps de leur épreuve. Autrement le
Christ recevrait plus de gloire des hommes que des anges, ce qui est impossible
à admettre. Et dans le ciel le
Christ-Roi ne le serait des anges que comme Verbe divin seulement et l’humanité
de Jésus ne serait rien pour eux excepté qu’ils l’admireraient pour sa propre
perfection, mais ils ne lui devraient rien.
Cela n’est pas une hypothèse, cela contredit les deux textes de St-Paul
cités plus haut. Il n’y aurait pas
d’unité dans le ciel, ce qui est inadmissible.
Tandis que lorsqu’on
prend pour leur épreuve l’Incarnation du Verbe
Incarné en conformité du texte de Saint Paul: «Que tous les anges l’adorent»,
tout s’explique parfaitement comme nous allons le voir, et en parfaite
conformité avec ce que Jésus dit aux Juifs que Satan a été homicide dès le
commencement de sa vie. Prenons le cas
des bons anges d’abord. Ils ont dû voir
comme Lucifer que c’était difficile pour eux d’adorer un animal raisonnable,
même uni au Verbe. Mais ils se sont
arrêtés surtout à la volonté divine: ils ont vu Dieu surtout et alors, ils se
sont renoncés comme cette adoration l’exigeait d’eux: ils ont sacrifié et leur
intelligence et leur volonté, donc anéantis parfaitement au point de vue
mystique. Ils ont préféré la sagesse
divine et la volonté divine à leur propre excellence et ils ont adoré le Verbe
incarné que Dieu leur présentait comme devant venir plus tard. Ils avaient la grâce sanctifiante et ils ont
été divinisés dans leurs facultés spirituelles; donc ils étaient totalement
divinisés et Dieu les a admis dans la vision béatifique où ils voyaient dans la
Trinité ce Verbe incarné dans le temps mais qui était déjà dans la volonté du
Père de toute éternité. Alors, ils
continuent dans le ciel ce qu’ils ont fait avant d’y entrer: ils adorent
Jésus-Christ comme Roi du ciel et de la terre.
S’ils n’ont pas été rachetés par lui, ils lui doivent tout de même leur
salut éternel au ciel ou leur divinisation complète pour aller au ciel. Lucifer avec ses anges ont surtout vu
l’animal-raisonnable ou inhumain dans le Verbe incarné; de là, leur répugnance
à l’adorer, leur envie pour que le Verbe s’unisse à eux, et leur orgueil blessé
de voir l’humanité préférée aux anges dans cette union. Alors, ils se sont révoltés et ont refusé
d’adorer Jésus-Christ qui était déjà décrété dans la Trinité et donc qui était
visible aux Trois Personnes divines et devait l’être aussi à ceux qui étaient
admis là ou devaient l’être. Ce n’est pas
l’humain que Lucifer détesta, ni le divin, mais l’union des cieux. Il n’en voulait pas de celle-là! C’était donc tuer Jésus puisqu’il voulait
empêcher l’union hypostatique du Verbe avec l’humanité. Voilà son homicide dès le commencement et
pour lequel il n’est pas demeuré dans la vérité. Comment Jésus pourrait-il être plus clair:
«homicide dès le commencement!» Homicide comme il l’est actuellement. Or, actuellement il veut tuer Jésus; donc il
a voulu le tuer dès le commencement de sa vie et cela quand il pouvait demeurer
dans la vérité puisque Jésus dit que c’est pour cela qu’il n’est pas demeuré
dans la vérité.
Autrement
comment expliquer la haine de Satan pour Jésus?
Dès que Jésus apparaît sur la terre, voilà du grand nouveau dans tout
l’enfer: tous les démons se jettent contre Jésus, comment? En tant que Dieu? La haine de Dieu n’a pas pu être leur péché,
et elle commencerait avec la naissance de Jésus? Or pourquoi cet acharnement contre la nature
humaine comme telle? C’est l’union des
deux que les démons haïssent.
L’expérience montre cela. Qu’on
fasse une chose pour un motif humain; personne ne l’attaque, pas un démon ne
bouge!
Mais
qu’on manifeste un motif surnaturel, tout de suite les démons soulèvent une
tempête contre cette personne. Par
exemple, une fille refuse d’aller danser parce qu’elle a mal à la tête; tout le
monde approuve. Elle refuse d’y aller
pour l’amour de Dieu, les gens la traitent de folle et la disputent. Elle passe une nuit blanche à danser, aucune
critique. Elle va faire une heure sainte
un peu tard, tous ses parents protestent; elle va ruiner sa santé! Un homme abandonne de fumer à cause du tort
que cela faisait à sa vue, tout le monde approuve; il abandonne de fumer pour avoir
plus de mérite, les gens rient de lui et le disputent. Ce n’est donc pas la nature comme telle que
le démon déteste, mais l’union des motifs surnaturels avec l’humain le
brûle! De même un prêtre prêche du
naturel, personne ne proteste; mais s’il prêche du surnaturel, tout de suite
c’est une tempête autour de lui, soulevée évidemment par les démons. C’est donc évident que sa haine date de
l’union au divin avec l’humain telle que connue par lui et au temps de son
épreuve quand il était encore libre de rester dans la vérité. Le péché de Satan a donc été de vouloir tuer
Jésus en ce sens qu’il n’a pas voulu l’adorer comme Verbe Incarné: Voilà la
note caractéristique de Satan et de tous les démons avec lui. C’est l’union du divin avec l’humain qu’ils
n’ont pas voulu et qu’ils continuent de ne pas vouloir. Ils ne peuvent pas changer leur détermination
qui fut leur péché. Or, actuellement en
face de Jésus, ils veulent le tuer, donc on peut remonter à leur péché et dire:
ils n’ont pas voulu de l’union du divin avec l’humain.
Voilà
donc uniquement ce qui fait enrager les démons: quand un membre de Jésus-Christ
veut diviniser sa vie, avec la grâce, évidemment, tout l’enfer est sur pied
comme au jour de son péché. En résumé
les démons attaquent furieusement tout surnaturel; pas «in se», car il ne leur
fait aucun tort, mais «in nobis» ou en nous.
Voilà pourquoi il attaque tout prédicateur qui enseigne aux fidèles
comment se surnaturaliser davantage dans le concret, tandis qu’il ne dit rien
quand un prédicateur parle du surnaturel «en soi» ou d’une façon
abstraite. Sa façon d’agir montre donc
clairement que c’est bien le Verbe en tant qu’incarné que les démons rejettent
dans leur péché. Comme l’Incarnation se
continue dans les membres mystiques de Jésus, les démons poursuivent donc tous
les chrétiens qui se laissent envahir par le divin, tandis qu’ils laissent bien
tranquilles ceux qui ne travaillent pas à leur divinisation progressive. A voir la paix dans laquelle vivent tant de
chrétiens il est clair qu’ils ne travaillent pas sérieusement à leur sanctification.
L’indifférence des hommes.
Entre l’amour de Dieu et la haine de Satan il y a
l’indifférence des hommes par rapport au divin.
Par nature les hommes sont portés aux choses sensibles de ce monde:
facilement ils y mettent leur bonheur et donc comme leur fin dernière de fait
sinon de droit. Les trois concupiscences
absorbent leur activité humaine: ils s’y plongent corps et âme. Même s’il n’y a pas de péché là, le cœur est
tout là, la vie est toute là et d’une façon qui les satisfait parfaitement
d’après leur manière de voir. Quand Dieu
vient leur présenter le surnaturel, ils ne sont pas intéressés à cette chose
immatérielle qui les dépasse tant et qui non seulement ne leur apporte pas de
jouissances en ce monde, mais leur enseigne à faire la guerre à la vie sensible
qui est la seule qu’ils connaissent et qu’ils aiment. Ils résistent donc à la vie surnaturelle, pas
par haine comme les démons, mais par insouciance ou indifférence, ce qui
revient à rejeter la vie surnaturelle.
«Celui qui n’est pas avec moi, dit Jésus, est contre moi.» Les hommes,
par leur indifférence envers les choses surnaturelles, sont donc contre Jésus
et par suite, sont les compagnons des démons dans la lutte que ces derniers
font à Jésus; les deux vont bien ensemble, même si c’est à l’insu des
hommes. Les Juifs se sont montrés tout
particulièrement réfractaires au surnaturel.
C’est qu’ils étaient tellement matérialistes que seules les choses de ce
monde les intéressaient. Par le fait
même ils étaient les ennemis de Jésus qui méprisait souverainement ce que les
Juifs adoraient: le monde. Les prêtres
juifs ont fait de même: ils étaient tout aux choses de la terre et se servaient
de leur ministère pour exploiter le peuple le plus possible. Ils ont transféré cet esprit païen dans
l’interprétation de la Loi de Moïse et du culte religieux. Leur coeur n’était pas là du tout, mais
seulement la tête avec une science purement abstraite: Ils sont les inventeurs
des «in se»! Ils parlaient de la loi en
elle-même et comparaient les différents points entre eux.
Jésus persécuté.
Ils
avaient des discussions savantes sur des points d’aucune importance pour la
sainteté, mais où ils se perdaient dans une érudition orgueilleuse et toute
abstraite.
En
Saint Matthieu, Jésus les condamne publiquement. On remarquera qu’il leur
reproche une foule de choses qui ne sont pas péché, mais simplement naturelles:
leur esprit était païen et ils agissaient pour des motifs naturels. «Ils font leurs actions pour être vus des hommes;
ils aiment les premières places; ils veulent être salués comme maîtres; ils
allongent leurs franges.» Jésus leur reproche leurs distinctions subtiles,
comme par exemple: on pouvait jurer par le temple, mais pas par l’or du temple,
ou encore, celui qui jure par l’autel est tenu à son serment, etc. Il les traite d’hypocrites et d’insensés pour
ces distinctions subtiles. Que de choses
semblables dans nos moralistes ou plutôt nos casuistes! Les scribes et les pharisiens avec les Juifs
n’avaient pas de haine contre le Messie comme tel. Mais les démons aidant la mentalité païenne
des juifs les ont formés de façon à ce qu’ils ne reconnaissent pas le vrai
Messie et qu’ils le tuent. A cause de
leur paganisme mental ils ont pris dans les textes ce qui favorisait leur point
de vue matérialiste et ont simplement négligé le reste. Ainsi, dans les prophéties, ils faisaient
attention à celles qui promettaient un règne glorieux au Messie parce que cela
cadrait avec leur propre orgueil et celles qui parlaient de son mépris pour les
choses du monde avec leur gloire et de la folie de la croix, ils les laissaient
de côté parce que leur coeur cherchait tout le contraire. Après des siècles de cette formation les
prêtres et le peuple juif devenaient les ennemis mortels du véritable Messie
qui était bien décrit dans les textes qu’ils avaient négligé de prendre. Jésus avait beau leur rappeler ces textes,
ils n’en voulaient plus; ils ne connaissaient pas la doctrine de l’amour de
Dieu qui exige le mépris des créatures et de soi-même. Voilà pourquoi ils étaient les ennemis-nés de
Jésus et ils lui ont fait la guerre jusqu’à la mort. Plus Jésus prêchait le renoncement, la
pauvreté, l’humilité, la vertu de foi, d’espérance en les biens célestes et
l’amour de Dieu, plus ils enrageaient.
Ils ne comprenaient rien à cette doctrine divine si contraire à la leur
et à leur genre de vie patente et toute aux choses de la terre. Avec leur formation toute abstraite et
orgueilleuse comme tout ce qui vient de la raison seule, ils étaient justement
les ancêtres de nos philosophes de la théologie catholique. Parlons maintenant de nos… Philosophes! Puisque nous avons le même Jésus-Christ à
faire entrer dans notre vie pour la même fin dernière dans la vision
béatifique, avec la même foi, les mêmes moyens de salut, avec les mêmes démons
contre notre Jésus qui se donne à son Eglise, quoique invisiblement, on peut
s’attendre à avoir les mêmes scribes, les mêmes pharisiens contre le Jésus
d’aujourd’hui comme les pharisiens l’étaient contre le Jésus de leur temps. La mentalité naturelle et païenne de tout
homme, laïque, prêtre ou religieux, reste en lui tant que quelqu’un ne lui a
pas montré la nécessité de surnaturaliser sa mentalité selon la foi, comme il a
surnaturalisé son être par la grâce sanctifiante. Les deux sont absolument nécessaires pour
satisfaire Dieu. Saint Paul dit aux
Rom. 8-14 que seuls sont enfants de Dieu
qui sont conduits par l’Esprit Saint. Si
la grâce sanctifiante nous fait enfants de Dieu, pour continuer de l’être, il
faut se laisser guider par l’esprit de foi et le St-Esprit; donc se faire une
mentalité surnaturelle. Dieu nous donne
la grâce sanctifiante précisément pour que nous agissions en enfants de
Dieu. L’agir suit donc notre nouvelle
nature dans la grâce et par la Grâce. Or
cette divinisation de la mentalité est très peu enseignée dans les maisons de
formation des prêtres et des religieux; on comprend qu’ils ne puissent pas la
donner à leur tour aux fidèles. Personne
ne donne ce qu’il n’a pas!
La
philosophie considère les choses en elle-même ou «in se» et donc sans aucun
rapport avec quoi que ce soit, comme si on parlait d’un jambon sur la
table. La théologie considère les choses
en Dieu et selon le rapport qu’elles ont avec le salut de notre âme, comme on
considère le jambon dans l’estomac: il peut donner la vie. Les vérités révélées donnent la vie, pas en
elles-mêmes, mais une fois rendues dans le coeur de l’homme, pas seulement dans
la tête. Comme tous les prêtres étudient
la philosophie avant d’entrer en théologie, ils sont portés à considérer les
vérités de la foi en elles-mêmes comme de simples philosophes. Ce point de vue est de fait utile et
nécessaire. Il faut bien comprendre ce
qu’est une chose avant de s’en servir.
Mais le mal commence quand les prêtres se contentent de ce seul point de
vue… comme la très grande majorité le font.
Ils arrivent à connaître en elles-mêmes toutes les vérités de la
religion, ce qui les satisfait, leur donne de l’orgueil, mais les laisse
simplement dans l’ordre naturel de la philosophie. Or cette philosophie de la religion ne
nourrit pas du tout l’âme ni l’amour.
elle laisse les vérités comme suspendues en l’air; on peut les admirer,
les cataloguer, les analyser et en parler fort savamment… mais toujours rien
pour nourrir l’âme tant qu’elles restent accrochées en l’air dans leur «in se»
abstrait. Eh bien, cette science
théorique, comme on l’a montré souvent, est vraie, mais très souvent pour ne
pas dire toujours contraire aux conclusions de la théologie. Elle s’accorde avec la théologie sur l’usage
des choses défendues, comme sur les commandements négatifs. Mais sur tout le reste à peu près, les
conclusions de la philosophie de la religion sont contraires aux conclusions de
la théologie. On l’a montré sur l’usage
des créatures; pour les philosophes, elles sont du dessert, pour les
théologiens, du fumier. Elles sont
contraires parce que la philosophie n’entre pas du tout dans l’attaque de
l’amour des choses créées permises, dans l’amour de soi, dans l’amour de
Dieu. Or, c’est dans ces trois derniers
champs d’action que se trouve la nourriture de l’âme chrétienne au point de vue
surnaturel. Comme la philosophie de nos
prêtres ne va pas là, ils se trouvent automatiquement contraires à toutes ces
conclusions. C’est là que se donne Jésus
et nos philosophes n’ont jamais rencontré ces conclusions. Pour eux donc ce sont des nouveautés,
contraires à leurs traditions ancestrales!
Et naturellement ils les attaquent de toutes leurs forces aidés par tous
les démons pour les mêmes raisons. Eh
bien, un prêtre selon le coeur de Jésus doit attaquer l’amour des créatures
même permises et l’amour propre afin de mettre à la place l’amour de Dieu. Or tout ce monde de considérations
nécessaires pour donner cette doctrine dépasse le monde de la philosophie. Voilà pourquoi les prêtres-philosophes sont
les ennemis-nés de tout prédicateur de l’amour de Dieu en fonction de la guerre
à nos deux amours naturels, justement ce qui donne la vie de Jésus au coeur des
fidèles. On voit donc que nos
philosophes sont exactement la réplique des scribes et des pharisiens qui ont
persécuté Jésus. Tous ces philosophes
sont aussi acharnés contre n’importe quel prédicateur ou professeur ou chrétien
qui prêche Jésus-Christ à vivre comme une vie et donc qui donne le point de vue
théologique de la religion. Ces
prêtres-philosophes, aidés des démons, font faire la même guerre avec les mêmes
instruments, les mêmes calomnies, les mêmes arguments, avec la même fureur
contre tout ceux qui donnent Jésus dans le concret et comme une vie à vivre. Eux se contentent d’en parler «in se» ce qui
n’a pas d’âme ni vie.
les moyens Dieu.
Il
est facile de voir maintenant comment Dieu peut se servir des démons, des
hommes et des choses pour les diriger chacun selon sa nature contre l’homme
pour le punir de ses péchés et le diviniser en plus. Il n’a qu’à donner la permission aux démons
de faire souffrir les hommes et ils vont y mettre toute la rage qu’ils ont
contre les membres du corps mystique de Jésus.
Les hommes avec leur formation philosophique vont regarder tout chrétien
qui veut se sanctifier comme un hérétique, un fou, et une nuisance dont il faut
débarrasser la terre et au nom du bon sens humain et des traditions ancestrales
des philosophes à mentalité païenne, ils vont soulever une vraie persécution
contre lui. Alors ils se serviront de
toutes les créatures qui peuvent leur être utile dans cette persécution. Cela ne veut pas dire que tous ces prêtres ou
ces chrétiens qui persécutent sont des méchants. La plupart sont très zélés. Jésus dit qu’un jour on sera mis à mort par
ceux qui croient rendre service à Dieu, donc qui sont consciencieux comme Saül,
Nicodème, Gamaliel et bien d’autres étaient sincères. De même pour les prêtres philosophes de nos
jours qui persécutent les prédicateurs de la vraie théologie; ils le font
souvent parce qu’ils croient être dans le vrai, par ignorance, ils croient
hérétique ce qu’ils ignorent du point de vue théologique.
Pourquoi Dieu permet-il que les prêtres philosophes pervertissent l’esprit des autres prêtres et de
tant de fidèles? Sans vouloir sonder les
jugements de Dieu, je crois qu’on peut dire que Dieu le permet pour punir ceux
qui préfèrent les créatures au Créateur et tout de même voudraient jouer au
plus fin avec Dieu et arriver à se sauver tout en jouissant de ce monde. Le premier commandement est bien clair et une
foule d’autres recommandations d’aimer Dieu.
Cela devrait suffire. Eh bien,
ceux qui ferment les yeux à ces recommandations à l’amour seront aveuglés; ils
veulent des raisons pour justifier leur manque ou leur peu d’amour de Dieu, eh
bien, ils vont être bien servis! Les
philosophes arrivent avec leurs «in se» qui permettent toutes leurs attaches
aux choses permises, qui ne sont pas péché ou ne paraissent pas péché et qui
vont les conduire là sûrement un jour.
Ils auront des conducteurs aveugles puisqu’ils ne veulent pas voir ce
qui est bien clair dans la doctrine chrétienne de l’amour de Dieu et du mépris
des créatures.
Les
saints et les bonnes âmes ne se font pas prendre; ils ont une espèce d’instinct
surnaturel qui leur fait découvrir l’ivraie du démon dans cette
philosophie. Que chacun prie souvent le
St-Esprit pour ne pas être trompé par les démons. Seul le St-Esprit peut nous préserver de
l’ivraie du diable.
Les moyens du diable sont les hommes et les choses. Dieu a laissé à Satan le monde naturel où il
peut opérer comme il veut, évidemment avec la permission de Dieu, en tout. Il est le dieu de ce siècle, le prince de ce
monde; en un mot tout ce qui est naturel tombe sous son empire. C’est parce que les maris de Sara étaient
poussés à se marier seulement par ces motifs naturels que le démon pouvait les
tuer. Pourtant ils ne péchaient pas en
la prenant pour épouse. Ainsi tous les
hommes, prêtres et religieux qui sont pourris par des motifs naturels sont les
instruments des démons pour leur oeuvre diabolique, pas parce qu’il y aurait
péché, mais simplement parce que c’est du naturel. Les démons peuvent donc se servir de tous ces
gens pour persécuter les amis de Jésus.
Le rôle des démons n’est pas compliqué; ils n’ont qu’à pousser dans le
même sens que le naturel chez tout homme; ils n’ont qu’à accentuer les
tendances naturelles et pour l’amour des créatures et pour l’amour-propre, cela
suffit pour empêcher l’amour de Dieu d’entrer dans les coeurs et donc pour les
perdre. Ils travaillent surtout sur les
prêtres et les religieux; s’ils peuvent pervertir ces sources du surnaturel,
ils ont réussi à en perdre un grand nombre par le fait même. Pour eux, le démon fait comme pour les
tentations de Jésus au désert; le diable leur fournit des textes pour les
pousser vers les deux amours naturels.
Comme pour Jésus ces textes sont vrais, mais pas dans le sens que le
diable suggère. Il leur présente des
demivérités et leur fait porter leur attention sur la partie vraie pour leur
faire avaler la partie fausse. Par
exemple, les créatures manifestent les perfections de Dieu, donc on peut en
jouir. Il y a un peu de vrai et beaucoup
de faux, comme ceux qui nous ont suivi jusqu’à présent le savent bien! «Il n’y a pas d’action indifférent dans le
concret» et ils concluent du moment qu’elle n’est pas péché elle est méritoire
pour le ciel. La conclusion est fausse
et la première partie n’est vraie que dans l’ordre naturel, mais pas vraie dans
l’ordre surnaturel. C’est inutile d’en
citer plus, nous en voyons tout le cours de nos séries de retraites. Le fait est que la plupart des prêtres et des
religieux sont bien loin du plan de l’amour de Dieu et sans aucun remords de
conscience. Ils s’appuient donc sur des
textes de l’Ecriture pour vivre une vie à l’envers de celle de Jésus et cela en
parfaite tranquillité d’esprit. C’est
donc que les démons les ont chloroformés pour de bon! Ils sont tellement ancrés dans leurs erreurs
de ce qu’ils ne savent pas que même quand on a le courage d’essayer de les
sortir de leur pétrin, c’est une vraie guerre qu’ils déclarent contre cet
audacieux «novateur», cet effronté qui veut faire la loi au clergé! qui ose «dénigrer» les prêtres et les
religieux. Dès que ces cris arrivent aux
oreilles des supérieurs, ils prennent pour eux aussi. Comment!
un prédicateur qui veut en montrer aux prêtres; quelle insolence! Il est évident qu’il faut le coffrer tout de
suite et on le coffre! Avec le même
argument que Caïphe; il vaut mieux qu’un prêtre meure que tout le clergé!… et
c’est dans le plan divin que celui qui donne Jésus, même aux prêtres s’en aille
à son Calvaire comme son Maître et là il fait encore plus de bien, étant élevé
comme Jésus!
Les
hommes se serviront des choses créées à leur portée pour persécuter ceux qui
veulent leur donner Jésus comme vie à vivre tout de suite. Toutes leurs facultés seront mises à ce
service; leur science, leurs amis, leurs positions, leur rang social, leur
argent, leur autorité, leur langue par les calomnies, les médisances, les
mensonges, les critiques, les dénonciations.
En Palestine, les routes sont couvertes de roches et de cailloux, voilà
pourquoi les Juifs lapidaient ceux qu’ils voulaient tuer. Les hommes se serviront de tous les moyens à
leur disposition pour persécuter ceux qui donnent Jésus d’une façon concrète ou
qui le vivent en pratique. Toutes les
passions des hommes seront employées comme l’envie, l’orgueil, la jalousie,
l’ambition, etc. La victime des
persécutions ne doit pas s’arrêter à l’instrument immédiat ou aveugle du bon
Dieu, même quand c’est le démon ou des méchants sur terre. C’est certainement le démon qui prépare la
passion de Jésus: «Voici l’heure de Satan» dit Jésus à ses disciples. Puis une fois que son calice est plein de
cruauté, d’injustice, de folie, Jésus dit à Pierre: «Est-ce que je ne dois pas
boire le calice que mon père me présente?» Il passe par-dessus les instruments
aveugles de Dieu pour ne voir que son Père et non les instruments. «Pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils
font!» même persécution pour tout chrétien.
C’est incompréhensible que le clergé dans tout le monde, à part quelques
exceptions, ne voit pas que tout chrétien et à plus forte raison tout prêtre,
tout religieux et tout évêque doit être persécuté en proportion qu’il vit de
Jésus ou qu’il donne Jésus à vivre.
Quand est-ce qu’on entend des prêtres préparer le peuple à la
persécution individuelle pour chaque chrétien en particulier? Les prêtres pensent sottement que les
persécutions n’étaient que pour les premiers siècles de l’Eglise ou qu’elles
passeraient comme une tempête sur certains pays comme au Japon, au Mexique,
etc. Il y a de ces persécutions générales,
mais il y a aussi la persécution pour chacun en particulier, pour tout chrétien
dans la mesure qu’il vit Jésus. Notre
vie divine est la continuation de Jésus dans ses membres mystiques; c’est donc
le même plan que Dieu va suivre pour nous que pour Jésus; nous aurons donc nos
pharisiens, nos scribes et nos grands-prêtres qui nous persécuteront avec le
même zèle et les mêmes raisons que les persécuteurs de Jésus en personne. Jésus le dit aussi clairement que possible:
«Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous; si vous étiez du
monde, le monde aimerait ce qui est à lui, mais parce que vous n’êtes pas du
monde, le monde vous hait comme il m’a haï.
S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi!» Et il dit qu’il
sera avec ses amis jusqu’à la fin des temps; c’est donc qu’il y aura des
persécutions jusqu’à la fin des temps, ce n’est donc pas dit seulement pour les
Apôtres et les premiers disciples. La
dernière béatitude doit être vraie jusqu’à la fin des temps. Les prêtres ont perdu l’idée de la
persécution évidemment parce qu’avec leur philosophie qu’ils pratiquent
eux-mêmes et qu’ils donnent au monde, ils enlèvent la raison des
persécutions. Jésus dit que nous serons
persécutés en proportion que nous lui appartenons et que nous vivons sa vie
dans le concret, qui est tout le contraire de la vie du monde et de la vie
naturelle que tant de prêtres suivent.
Mais quand on se contente de parler seulement de Jésus, de faire des
expositions des dogmes «in se» et qu’on vit soi-même selon les conclusions
philosophiques de ces «in se» abstraits et vides pour le coeur, il n’y a pas un
démon en enfer qui bouge contre cette doctrine qui ne lui fait aucun tort parce
qu’il voit bien qu’elle ne donne pas Jésus à vivre. Comme en général les prêtres sont des
philosophes seulement de la théologie, c’est tout ce qu’ils donnent au
peuple. Les fidèles finissent eux aussi
par se contenter de savoir ce qu’ils doivent faire et ils mettent là leur
religion. Elle ne descend pas dans le
coeur où ils gardent leur amour pour les choses créées et pour eux-mêmes sans
aucun scrupule ni sans être dérangés par aucun prêtre ou religieux. Voilà pourquoi les démons sont tous au
chômage! Ils n’ont pratiquement rien à
faire; le clergé fait leur oeuvre parfaitement.
Jamais de la vie les démons vont se monter contre un pareil clergé ou un
peuple chrétien de nom seulement. Où est
le chrétien qui choque les idées du monde… comme il le ferait, s’il vivait
selon Jésus? Où est le prêtre qui gémit
d’avoir à vivre parmi le monde si différent de lui? qui le contredit en tout… comme il le ferait
si Jésus vivait en lui et lui en Jésus?
Où est le religieux qui contredit la mentalité du monde? dont la conversation est toute
différente? dont la vie est une
condamnation des maximes du monde? comme
cela devrait être si ce religieux vivait la vie de Jésus?… Où est le fidèle qui
met le mondain mal à l’aise par sa seule présence, qui les oblige à changer de
conversation quand il arrive? Ce qui
devrait être s’il était un vrai chrétien avec le coeur plein de l’amour de
Dieu. Nos catholiques en général sont
parfaitement à l’aise avec les méchants, les protestants, les Juifs et
n’importe quel païen. Je ne veux pas
dire qu’un chrétien veut attaquer ceux qui ne sont pas comme lui, mais je dis
que si Jésus vivait au fond du coeur et si son amour était tout en Dieu, comme
il devrait l’être, ce chrétien verrait intérieurement l’abîme qui les
sépare. De plus les autres verraient
Jésus en lui et eux-mêmes s’éloigneraient de celui qu’ils reconnaissent comme
vivant dans un autre monde qu’eux. Ils
seraient mal à l’aise avec un homme qui ne fume pas avec eux, qui ne va pas aux
sports avec eux, ne parle pas des plaisirs sensibles, n’est pas intéressé aux
amusements, mais au contraire qui montre son mépris pour tout ce qu’ils
estiment, etc. Tout de suite ils
l’attaqueraient et le persécuteraient comme Jésus l’a été. Evidemment s’il ne manifeste pas du tout sa
religion et s’il fait comme les autres extérieurement, ils le laisseront
tranquille comme les Juifs laissaient Jésus tranquille quand il se cachait au
désert ou qu’il ne se faisait pas connaître.
Dans les premiers siècles du christianisme il y avait une séparation
bien tranchée entre les chrétiens et les païens. Les païens tuaient les chrétiens, nous dit un
Père, parce que les chrétiens avaient abjuré tous les plaisirs. (Mathètes.) C’est que les Apôtres n’avaient
pas donné les «in se» de nos philosophes.
Cette philosophie n’avait pas cours pour ceux qui vivaient de la foi et
d’amour de Dieu. Quel revirement dans le
clergé d’avec les premiers siècles!
Jésus donne la persécution comme signe qu’on lui appartient, de même les
premiers disciples. Mais de nos jours on
fait tout le contraire: si on est persécuté, les prêtres et les supérieurs
disent qu’on est évidemment dans le mauvais chemin puisqu’on soulève une
tempête d’opposition. Je sais bien que
l’erreur doit susciter l’opposition du clergé, mais il y a aussi la vraie
doctrine de Jésus, qui va soulever une tempête même dans le clergé et surtout
dans le clergé pour les raisons qu’on vient de donner plus haut. Au moins les prêtres et les supérieurs
devraient prendre la peine d’étudier la doctrine qui soulève tant d’opposition,
voir si elle vient des meilleurs prêtres ou des mondains! Voir de quel côté se rangent les prêtres
mondains et les moins fervents. Mais ce
qui est intolérable c’est qu’on dise à priori: vous suscitez de
l’opposition. donc vous êtes hérétique! Jésus et tous les saints ont suscité de
l’opposition… et Jésus dit que tous ses amis qui ne sont pas du monde
susciteront de l’opposition. Donc
personne n’a le droit de dire: vous suscitez de l’opposition, donc vous êtes
hérétiques! Il faut être aveugle pour
parler de la sorte; il faut être un philosophe.
Comme ils sont nombreux dans le clergé et donc de travers avec Jésus et
les saints!
Aussi
sûrement que Jésus a été persécuté, tous ceux qui vivent sa vie dans le concret
le seront aussi. La persécution devrait
être aussi générale que la vie de Jésus dans le concret l’est ou qu’on la
prêche comme une vie à vivre. Car cette
doctrine et cette vie divine est aussi opposée aux démons de nos jours que
Jésus l’était puisque c’est la continuation de la vie de Jésus et de sa
doctrine. Que les philosophes de la
théologie qui sont par milliers dans le clergé du monde entier tirent la
conclusion à leur propre sujet: ils ne sont jamais persécutés par le monde,
donc c’est qu’ils appartiennent au monde, ou pas du tout ou peu à
Jésus-Christ. Ils sont donc bien à
plaindre ceux que les démons ne jugent pas dignes d’être persécutés, c’est donc
qu’ils sont bien loin de la vie de Jésus.
Que Dieu éclaire les prêtres du monde entier et que le St-Esprit les
conduise à la vraie théologie qui ramène tout à Dieu et au salut des âmes!
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